"Tout le monde en Israël est choqué par l'acte terroriste condamnable qui a visé la famille Dawabcheh".
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a appelé vendredi le président palestinien Mahmoud Abbas. Lors de cet entretien, il a, selon son bureau, prononcé ces mots, dont celui, peu commun dans la bouche de "Bibi" lorsqu'on évoque des actes de citoyens israéliens, de "terroriste".
Un terme également employé par le président de l'État d'Israël, Reuven Rivlin : "Plus que de la honte, je ressens de la douleur. La douleur du meurtre d'un petit bébé, la douleur de voir mon peuple choisir le chemin du terrorisme et perdre son humanité", a-t-il écrit sur sa page Facebook. Cette publication lui a d'ailleurs valu d'être menacé sur les réseaux sociaux.
"Le terrorisme juif traité comme le terrorisme arabe"
"Terrorisme", le mot est lâché. Et il est cette fois dirigé contre des extrémistes juifs. Après qu'un incendie criminel par deux colons cagoulés a coûté vendredi la vie à un bébé palestinien de 18 mois.
Dimanche, le ministre israélien de la Défense, Moshé Yaalon, a d'ailleurs autorisé la "détention administrative" de ces extrémistes. Cette mesure, habituellement réservée aux Palestiniens, permet un emprisonnement sans inculpation ni jugement pour des périodes de six mois renouvelables indéfiniment.
"Le terrorisme juif doit être traité avec les mêmes moyens que le terrorisme arabe, y compris en utilisant les méthodes d'interrogatoire appropriées et des détentions administratives", affirmait le ministre.
Un "djihadisme juif" dès les années 80
Les autorités sont raccord. Et s'engagent de façon inédite contre cet extrémisme juif face auquel elles se montraient bien laxistes jusque-là. Car, comme le rappelle le Huffington Post, "Benjamin Netanyahu, obligé de gouverner avec une partie de l'extrême droite, se retrouve dans une sorte d'impasse politique".
Incarné par quelques organisations et autres réseaux anti-arabes, le "djihadisme juif", comme les journaux israéliens n'hésitent pas à le qualifier depuis vendredi, n'a pourtant rien de nouveau. Visant à servir les "intérêts du peuple juif", il apparaît en 1980 avec une série d'attentats ciblant des maires palestiniens liés à l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Derrière ces attaques, une organisation terroriste appelée Hamakhteret, autrement dit "le réseau", que le Service de sécurité intérieure israélien, le Shabak, parviendra finalement à démanteler en 1984. Mais le TNT (Terror Neged Terror, "Terreur contre terreur") prendra rapidement la relève en menant plusieurs attaques, avant d'être interdit à son tour.