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Sénégal: le Lac Rose... n'est plus rose! (et les humains en sont responsables)

Plusieurs phénomènes liés à l'activité humaine ont fait perdre au Lac Rose sa teinte caractéristique. Des experts craignent que ce changement ne devienne définitif.

Lac Rose au Sénégal

Les rives du Lac Rose, qui ont pris une teinte verdâtre, le 17 janvier 2023 ©BelgaImage

C'est l'un des bijoux du Sénégal. Inscrit sur la liste indicative des sites de l'UNESCO en attente d'une inscription officielle, le Lac Rose (ou lac Rëtba) est un des grands sites touristiques du pays. Comme l'indique son nom, sa particularité est due à sa teinte rosâtre, liée à la présence d'une algue. Mais ces derniers temps, l'étendue d'eau a plutôt pris une couleur verdâtre bien moins attrayante. La cause immédiate est liée en bonne partie aux précipitations diluviennes qui ont provoqué des inondations. Mais si on retourne aux racines du problème, l'impact des humains sur l'environnement apparaît clairement.

La manifestation du réchauffement climatique

Il y a plusieurs mois, le Sénégal a été frappé par d'intenses précipitations et des coulées verdâtres ont dévasté la région. Une partie de ces dernières se sont déversées dans le Lac Rose et le résultat est clair et net. Sa couleur a changé et encore aujourd'hui, bien que la saison des pluies soit terminée, son niveau reste trois mètres au-dessus de la normale, fait savoir France Info. Les commerces situés sur le rivage sont tout simplement sous eau. Les producteurs de sel ont perdu une bonne partie de leurs stocks et ne peuvent récolter l'or blanc aussi bien que d'habitude.

En été dernier, lorsque ces orages ont frappé Dakar (située à 35 km du Lac Rose), le président Macky Sall avait déclaré que le caractère exceptionnel de ces précipitations était clairement lié au «dérèglement climatique». Il s'agissait en effet d'un épisode «exceptionnel en vitesse et en intensité», confirmait à RFI Ousmane Ndiaye, le directeur de la météorologie à l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météo (ANACIM). Lui aussi pointait le changement climatique, en rappelant qu'il «y aura de fortes pluies dans les années à venir, c’est sûr, d’après le rapport du GIEC».

À lire: Climat: le réchauffement s'accélère, avertit un rapport de l'ONU

Quand l'urbanisation et la pollution aussi pointés du doigt

Mais la météo n'est pas le seul danger qui menace le Lac Rose. Celui-ci est située à la limite de la banlieue de Dakar et petit à petit, l'urbanisation finit par l'atteindre. Une bétonisation de l'environnement qui n'est pas sans conséquence selon France Info. Les sols artificiels ne peuvent plus absorber efficacement les pluies qui ruissellent donc pour former ces fortes inondations qui ont frappé le Sénégal. Un phénomène qui favorise aussi l'apparition de ces coulées verdâtres.

La télévision française a enfin constaté que cette urbanisation s'accompagne aussi d'un déversement de plus en plus important de déchets dans le Lac Rose. Elle a ainsi suivi le président d'une association écologiste, Ibrahima Mbaye, récoltant toute sorte de débris, ce qui va des sacs et bouteilles en plastique jusqu'à des restes de lampadaires. De quoi menacer l'écosystème local, en ce compris non seulement les poissons mais aussi les fameuses algues qui donnent cette teinte rosée au lac.

«Si on a encore le même problème l'année prochaine, ça va être très compliqué. Cela risque de faire disparaître le Lac Rose», prévient Ibrahima Mbaye. Même son de cloche pour l'hydrologue Cheikh Youm, interrogé par l'agence de presse Reuters. «Les organismes qui y vivent et qui sont responsables de la couleur rose sont liés à cet écosystème. Si l'environnement devient pollué, ces organismes disparaîtront. Ce serait une condamnation à mort pour le lac».