L’enfant et la mort dans l’Antiquité III. Le matériel
associé aux tombes d’enfants
Actes de la table ronde internationale organisée à la Maison méditerranéenne des sciences de
l’homme (MMSH) d’Aix-en-Provence, 20-22 janvier 2011
Antoine Hermary et Céline Dubois (dir.)
DOI : 10.4000/books.pccj.1355
Éditeur : Publications du Centre Camille Jullian
Année d'édition : 2012
Date de mise en ligne : 13 février 2020
Collection : Bibliothèque d’archéologie méditerranéenne et africaine
ISBN électronique : 9782491788018
http://books.openedition.org
Édition imprimée
Date de publication : 15 novembre 2012
ISBN : 9782877725224
Nombre de pages : 461
Référence électronique
HERMARY, Antoine (dir.) ; DUBOIS, Céline (dir.). L’enfant et la mort dans l’Antiquité III. Le matériel associé
aux tombes d’enfants : Actes de la table ronde internationale organisée à la Maison méditerranéenne des
sciences de l’homme (MMSH) d’Aix-en-Provence, 20-22 janvier 2011. Nouvelle édition [en ligne].
Publications du Centre Camille Jullian, 2012 (généré le 02 avril 2020). Disponible sur Internet : <http://
books.openedition.org/pccj/1355>. ISBN : 9782491788018. DOI : https://doi.org/10.4000/books.pccj.
1355.
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12
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L’ENFANT ET LA MORT
DANS L’ANTIQUITÉ
III
LE MATÉRIEL ASSOCIÉ AUX TOMBES
D’ENFANTS
Actes de la table ronde internationale organisée
à la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme
(MMSH) d’Aix-en-Provence,
20-22 janvier 2011
Textes réunis et édités par Antoine Hermary et Céline Dubois
2012
Sommaire
Introduction : Antoine HERMARY ..................................................................................................................
7
Conférence inaugurale
Cherchez l’enfant ! La question de l’identité à partir du matériel funéraire
Véronique DASEN .............................................................................................................................................
9
ÉTUDES LoCALES ET RÉGIoNALES
Grèce, Italie du Sud, Sicile
Mobilier funéraire et classes d’âge dans les cités grecques d’Égée orientale à l’époque archaïque
Olivier MARIAUD ........................................................................................................................................ 23
Le traitement funéraire des immatures dans la nécropole archaïque de Vari
Alexandra ALEXANDRIDOU ...................................................................................................................... 39
Grave Gifts in Child Burials in the Athenian Kerameikos: The Evidence of Sea Shells
Jutta STROSZECK ........................................................................................................................................ 57
Tombes d’enfants du IVe s. av. J.-C. à Pydna
Zoé KOTITSA ............................................................................................................................................... 77
Sepolture di pre-adulti nelle necropoli greche dell’Italia meridionale:
osservazioni sulle strategie di rappresentazione tra periodo tardo arcaico ed età classica
Diego ELIA .................................................................................................................................................... 97
Les terres cuites dans les sépultures d’individus immatures en Grèce d’Occident, de l’époque archaïque
au milieu du IVe s. av. J.-C. : types, contextes, significations
Valeria MEIRANO ........................................................................................................................................ 111
Mobilier funéraire et statut social des enfants dans les nécropoles grecques de Sicile
Sophie BOUFFIER ........................................................................................................................................ 131
Gaule
Mobilier funéraire et statut des enfants dans le monde indigène protohistorique du Sud de la France
Bernard DEDET ............................................................................................................................................ 149
Le mobilier déposé dans les tombes d’enfants des colonies grecques de Marseille, Agde et Ampurias
Manuel MOLINER ........................................................................................................................................ 171
Les dépôts de mobilier dans les tombes d’enfants et d’adolescents en Gaule Narbonnaise au Haut-Empire
Valérie BEL ................................................................................................................................................... 193
Tavaux (Jura) : un matériel associé aux tombes d’enfants
Gérald BARBET............................................................................................................................................ 217
Le « cimetière de bébés » d’Alésia : un mobilier funéraire inédit
Sandra JAEGGI ............................................................................................................................................. 225
4
Afrique
Le mobilier d’accompagnement des enfants en Égypte ancienne, à l’époque pharaonique
Amandine MARSHALL................................................................................................................................ 243
Le statut de l’enfant punique et les objets funéraires
Hélène BÉNICHOU-SAFAR ........................................................................................................................ 263
Remarques sur le mobilier des tombes d’enfants dans l’Égypte gréco-romaine :
mobilier associé et mobilier représenté
Marie-Dominique NENNA............................................................................................................................ 273
Le mobilier déposé dans les sépultures d’enfants en Afrique du Nord à l’époque romaine
Solenn de LARMINAT .............................................................................................................................................................. 293
ÉTUDES ThÉMATIqUES
Les restes animaux dans les tombes d’enfants à la période romaine :
l’exemple de trois grandes nécropoles d’Italie, de Tunisie et du Nord de la France
Sébastien LEPETZ ........................................................................................................................................ 313
Des objets pour les bébés ? Le dépôt de matériel dans les sépultures d’enfants en bas âge
du monde grec (VIIIe-IVe s. av. notre ère)
Céline DUBOIS ............................................................................................................................................. 329
Les figurines en terre cuite dans les sépultures d’enfants en Grèce ancienne :
le cas des jeunes filles nues assises
Stéphanie HUYSECOM-HAXHI, Irini-Despina PAPAIKONOMOU, Stratis PAPADOPOULOS ............ 343
Iconografia e funzione delle terrecotte figurate nelle sepolture ellenistiche d’infanti e di adolescenti
della necropoli nord-orientale di Tebe
Marcella PISANI ........................................................................................................................................... 367
Veneri pupa negata. Giocattoli in tomba: casi di studio dall’Occidente greco
Carla SCILABRA .......................................................................................................................................... 387
L’astragalo in tomba nel mondo greco: un indicatore infantile?
Vecchi problemi e nuove osservazioni a proposito di un aspetto del costume funerario
Barbara CARÈ ............................................................................................................................................... 403
L’amour des jeunes garçons dans la Grèce classique : à propos d’un astragale inscrit d’Apollonia du Pont
Antoine HERMARY...................................................................................................................................... 417
NoUVEAUTÉS, VARIA
La fouille du Boubasteion d’Alexandrie : présentation préliminaire
Mohamed ABD EL-MAKSOUD, Ahmed ABD EL-FATTAH, Mervat SEIF EL-DIN................................. 427
Marqueurs de tombes d’enfants à Alexandrie : de nouveaux documents peints
Anne-Marie GUIMIER-SORBETS ............................................................................................................... 447
Liste des auteurs ............................................................................................................................................... 460
5
Introduction
Antoine Hermary
Ce volume rassemble les communications présentées à la troisième réunion scientifique organisée dans le cadre du
programme « L’Enfant et la mort dans l’Antiquité : des pratiques funéraires à l’identité sociale » (EMA), financé par
l’Agence nationale de la Recherche (ANR) de novembre 2007 à novembre 2011. J’ai présenté dans la publication de
la première table ronde 1 les objectifs et les méthodes de cette recherche, menée par trois partenaires scientifiques, le
Centre Camille Jullian (CCJ) à Aix, le laboratoire Archéologies et Sciences de l’Antiquité (ArScAn) à l’Université de
Paris Ouest Nanterre La Défense et le Centre d’Études Alexandrines (CEAlex), avec l’appui d’un réseau international
qui nous a permis de constituer une base de données sur les tombes d’enfants dans le monde méditerranéen antique,
désormais accessible sur Internet. Je rappelle que le terme d’« enfant » s’applique pour nous à des individus dont
l’âge s’étale entre la naissance et 14 ans environ, et que le champ chrono-culturel de la recherche couvre le monde
grec et le monde romain, du début du Ier millénaire av. J.-C. à la fin de l’Antiquité.
Il avait été convenu que chaque partenaire organiserait, entre 2008 et 2011, une réunion scientifique permettant
à la fois de présenter des découvertes récentes dans le domaine concerné et de traiter un des principaux thèmes du
programme. Ainsi, la première table ronde organisée par Anne-Marie Guimier-Sorbets et Yvette Morizot, qui s’est
tenue à l’École française d’Athènes les 29 et 30 mai 2008, a permis de faire le bilan de recherches récentes en Grèce
et en mer Noire, puis de présenter des études consacrées à la question du signalement des sépultures d’enfants. La
seconde, organisée à Alexandrie par Marie-Dominique Nenna et Jean-Yves Empereur, du 12 au 14 novembre 2009,
était centrée sur les questions d’anthropologie biologique, mais a permis de faire connaître des découvertes ou des
recherches récentes concernant les tombes d’enfants de différents sites égyptiens, de l’époque pharaonique à la fin de
l’Antiquité (EMA II, sous presse).
Il revenait à l’équipe aixoise d’inviter pour la troisième réunion des spécialistes de la question particulièrement
complexe du « matériel » associé aux tombes d’enfants. Le choix d’un terme pour désigner les objets retrouvés dans
les tombes des immatures, ou à l’extérieur mais en relation avec la sépulture, n’allait pas de soi et reflète certains
débats en cours sur l’archéologie funéraire. Au premier abord, le mot « offrandes » pouvait paraître plus satisfaisant,
mais il oriente vers des conceptions religieuses, des systèmes de croyances ou de relations affectives qui, précisément, attendent d’être mises en évidence dans un programme comme le nôtre. D’autre part, ce terme ne prend pas en
compte les objets qui font partie de l’équipement vestimentaire et ornemental du défunt au moment de son inhumation – ou de sa mise en place sur le bûcher –, comme les fibules, les ceintures et, quand on peut montrer qu’ils étaient
directement portés sur le corps, les bracelets, les boucles d’oreilles, etc. Le mot « mobilier » a été également écarté,
bien qu’il soit souvent utilisé dans les publications d’archéologie funéraire – et ici même dans le titre de plusieurs
articles ! –, dans un sens proche de celui d’« artefact », c’est-à-dire tout objet issu d’une fabrication artisanale : en
effet, ce terme ne prend pas en compte des objets naturels (« écofacts ») déposés dans la sépulture, comme des galets,
des éléments végétaux et, surtout, des restes osseux d’animaux ou des coquillages. Par défaut, le mot « matériel » a
donc paru le plus approprié pour désigner ce qui était associé à la mise en terre du corps ou des restes incinérés d’un
enfant, et pour tenter d’en déterminer les éventuelles spécificités face aux pratiques attestées pour des individus plus
âgés. Les principales questions posées ne sont pas nouvelles : dépose-t-on autant d’objets auprès des tout-petits, des
enfants de 6-7 ans et de 12-13 ans ? La nature de ce matériel varie-t-elle en fonction du sexe ? Dans quelle mesure
certains objets – « biberons », vases miniatures, astragales, figurines en terre cuite, etc. – sont-ils caractéristiques des
sépultures d’immatures ? Enfin, ces questions se posent-elles de la même façon dans les différentes régions du monde
1 EMA I : GUIMIER-SORBETS (A.-M.), MORIZOT (Y.) dir., L’Enfant et la mort dans l’Antiquité I. Nouvelles recherches dans les nécropoles
grecques. Le signalement des tombes d’enfants. Actes de la table ronde internationale organisée à Athènes. École Française d’Athènes, 29-30
mai 2008. Paris, De Boccard, 2010.
7
méditerranéen et tout au long des douze siècles environ que couvre notre enquête ? Comme il est normal dans notre
discipline, cette réunion scientifique et les Actes publiés ici ne prétendent pas apporter des réponses définitives à ces
problèmes. Notre objectif était de faire connaître les résultats de fouilles plus ou moins récentes, de présenter des
bilans sur des situations locales ou régionales et, de façon plus large, sur différents types de matériel. Pour situer ces
réflexions dans un cadre plus large, il a paru intéressant de dépasser les exemples fournis par le monde méditerranéen
classique – Grèce et Rome – et d’intégrer des contributions relatives à l’Égypte pré-hellénistique, à Carthage, au
monde celtique du Midi et à la Gaule non méditerranéenne.
Comme lors de la table ronde d’Athènes, la publication s’ouvre sur un article de synthèse de Véronique Dasen,
puis elle est divisée en deux chapitres principaux : les études locales et régionales concernent la Grèce (et l’Asie
Mineure), la Grande Grèce et la Sicile, puis la Gaule et l’Afrique du Nord ; les études thématiques sont centrées sur
les restes animaux, les objets associés aux sépultures des tout-petits, le dépôt de figurines en terre cuite et d’astragales,
enfin, à propos d’un askos inscrit, sur la place des enfants les plus âgés dans l’éducation « pédérastique » en Grèce.
Comme lors des deux précédentes réunions, le volume est enrichi par des articles présentant des découvertes
récentes.
La réunion d’Aix-en-Provence a été financée par les trois partenaires du programme sur les crédits accordés par
l’ANR, avec des contributions de l’Université de Provence (Aix-Marseille I, aujourd’hui intégrée dans l’Université
d’Aix-Marseille) et du Centre Camille Jullian (CNRS / Université de Provence) dont, depuis 2008, les infrastructures
ont été mises au service de nos recherches. Je tiens à remercier pour leur aide Dominique Garcia, qui dirigeait alors
le laboratoire, Cristel Lanata, sa gestionnaire financière, ainsi que mes principales collaboratrices scientifiques :
Stéphanie Satre, responsable de la gestion du programme pendant trois ans, Solenn de Larminat, qui a revu les illustrations de ce volume, Anne-Sophie Koeller et, pour la publication des Actes, Céline Dubois, doctorante en co-tutelle
à Aix et à Fribourg, qui a joué un rôle essentiel dans la révision des textes et qui, à ce titre, est co-éditeur de l’ouvrage.
8
Cherchez l’enfant ! La question de l’identité
à partir du matériel funéraire
Véronique Dasen
Abstract. In the absence of anthropological analysis,
archaeologists often have to identify children from
the typology of the objects found in their tombs. Can
their age and sex be distinguished from such material
alone, and are there any objects or contexts that are
unambiguous? This paper examines objects that it may
be possible to interpret as toys for boys or girls. Wheeled
objects and dolls are best evidenced in iconography as
well as in funerary and religious contexts. However,
their identification as actual toys is much debated, and
is revisited in the light of new sources.
D
ans quelle mesure le matériel funéraire peutil permettre de déterminer l’âge et l’identité
sexuée des enfants ? Nous examinerons ici
des objets qui ont pu constituer des jouets, en particulier des jouets dits de simulacre où l’enfant imite une
activité d’adulte, anticipant son destin social d’homme
ou de femme 1. Les mieux documentés sont les chariots
à roulettes et les poupées avec leur nécessaire, conventionnellement associés les uns aux garçons, les autres
aux filles 2. Les deux types d’objets offrent l’intérêt
d’être retrouvés en contexte funéraire et de sanctuaire ;
ils sont aussi des attributs de l’enfance dans l’iconographie, notamment dans la céramique peinte et sur les
marqueurs de tombes de l’époque classique, ce qui peut
nous aider à comprendre les occasions de leur don et leur
contexte d’utilisation.
Le sujet pose de nombreuses questions méthodologiques : qu’est-ce qu’un jouet ? Quels sont les critères
qui permettent d’identifier ces objets parmi le matériel
archéologique ? Peut-on les associer à des classes d’âge
particulières ? Dans quelle mesure se rapportent-ils à
des rôles sexués ? Les ressemblances formelles avec
les jouets modernes constituent autant de pièges qui
amènent à revisiter les critères usuels d’identification.
1 Sur le caractère sexué du matériel funéraire, Polignac 2007 ;
Delamard, Mariaud 2007.
2 Voir dans ce volume le choix analogue, pour les mêmes raisons,
de Carla Scilabra à propos de la Grande Grèce.
Depuis le catalogue Jouer dans l’Antiquité de
l’exposition de Marseille en 1991, peu de publications
ont abordé la thématique. La synthèse bienvenue de
Stefano De’ Siena, Il gioco e i giocattoli nel mondo
classico (2009) 3 s’inscrit dans un mouvement de regain
d’intérêt dont témoigne le catalogue Des jouets et des
hommes qui accompagne l’exposition du même nom au
Musée des arts décoratifs à Paris (2011-2012).
Les objets conservés doivent être étudiés avec
précaution, car ils ne constituent qu’une toute petite
partie des jouets qui ont existé. D’une part, à cause de
leur matière : la majorité est en terre cuite ou en métal,
plus rarement en bois, os, ivoire ou ambre, une prédominance trompeuse qui ne doit pas faire oublier tous
ceux qui ont disparu à cause de leur nature périssable
(bois, chiffon, cire, cuir...). D’autre part, il s’agit principalement d’objets manufacturés par des adultes, non
par des enfants 4. On ne sait presque rien des objets que,
hier comme aujourd’hui, l’enfant se réappropriait pour
jouer 5. La culture matérielle directe des enfants nous
échappe archéologiquement, tout comme leur imaginaire créé avec des chiffons ou des bouts de bois. Seules
de rares sources écrites évoquent l’existence des jouets
modestes à jamais perdus que les enfants aimaient
fabriquer. Strepsiade énumère fièrement les bricolages
de son fils Phidippide dans Les Nuées d’Aristophane
(423 av. J.-C.) :
3 Voir aussi deux ouvrages destinés à un public élargi : Salza Prina
Ricotti 1995 et Fittà 1997.
4 Seule la facture grossière de certains objets permet de soupçonner
que l’auteur est un enfant. Mais ce critère n’est que partiellement
pertinent, un enfant peut être habile, un adulte maladroit…
5 Cf. les jeux d’imitation décrits par Plutarque, Préceptes
politiques, 814 A : « Car, lorsque nous voyons les petits enfants
essayer par jeu de chausser les souliers de leur père et de se coiffer de
leurs couronnes, nous en rions. » (trad. J.-Cl. Carrière, CUF).
9
VÉRONIQUE DASEN
« Il était encore tout mioche, pas plus haut que
cela, qu’il modelait chez nous des maisons,
sculptait des bateaux, construisait de petits
chariots de cuir, et, avec l’écorce de grenades,
faisait des grenouilles à merveille 6. »
Il nous manque aussi toute trace archéologique de la
tige de roseau ou du simple bâton que l’enfant enfourchait en s’imaginant chevaucher un coursier rapide,
un jeu absent de l’iconographie, mais dont les textes
parlent 7. Il s’agit toujours de garçons, et parfois de papas
qui se prêtent au jeu :
« Agésilas avait effectivement pour ses enfants
une extrême tendresse : on raconte que lorsqu’ils
étaient tout petits, il partageait leurs jeux dans
la maison, montant comme eux à cheval sur un
bâton (kalamon peribainein) 8.»
Le jeu traverse les siècles. Les petits Romains s’y
adonnent aussi :
« Construire de petites maisons, atteler des souris
à un petit chariot, jouer à pair ou impair, monter à
cheval sur un long roseau (equitare in harundine
longa). » (Horace, Satires, II, 3, 248 [trad. F.
Villeneuve, CUF]).
Apprendre en imitant
L’enfance est indissociable de la notion de jeu défini
comme une activité insouciante, adaptée à la nature
turbulente des enfants, détachée des contraintes et des
enjeux de la vie réelle 9. Le terme pais, l’enfant, appartient à la même famille que paizo, je joue, to paignion,
6 Aristophane, Les Nuées, 878-884 (trad. H. van Daele, CUF).
Voir aussi Plutarque, Propos de tables, V, 1, 2 (673 E), mie de
pain ; Lucien, Alcyon, 4 (cire). Cf. les petits objets en bois (chariots,
sièges, tables, lampes…) que Denys le Jeune fabrique alors qu’il est
emprisonné par son père : Plutarque, Dion, 9, 2. Sur les châteaux de
sable : Sénèque, De la constance du sage, XII, 2.
7 Un vase italiote montre toutefois un enfant qui chevauche un
bâton. Il n’est malheureusement connu que par un dessin ancien sans
indication de provenance ni de lieu de conservation : Deubner 1930,
p. 169, fig. 16 ; Scilabra 2004, p. 147, fig. 11.
8 Plutarque, Agésilas, 25, 11 (trad. R. Flacelière et E. Chambry,
CUF). Voir aussi, du même auteur, Apophtegmes des Laconiens 213
E (70) ; Elien, Histoires variées, 12, 15.
9 Platon, Les Lois, II, 653d-e : « Tous les êtres jeunes, ou à peu près,
sont incapables de tenir en repos leur corps et leur voix ; ils cherchent
sans cesse à remuer et à parler, les uns en sautant et bondissant, comme
s’ils dansaient de plaisir et jouaient entre eux, les autres en émettant
tous les sons de voix possibles. » (trad. E. Des Places, CUF).
10
l’objet de jeu, au sens large, tandis que paidia désigne le
divertissement (Golden 1990, p. 53).
Plusieurs auteurs anciens ont abordé la question du
jeu et des jouets et livré des noms, des usages et des
règles 10. Quelques traités permettent de connaître les
valeurs morales que les jeux devaient aussi inculquer aux
enfants. Platon et Aristote livrent un discours normatif
sur leur valeur éducative qui traverse toute l’Antiquité.
Dans Les Lois, La République et le Politique, le jeu ne
doit pas répondre aux besoins affectifs des enfants, mais
favoriser le développement de leurs compétences et leur
formation de futur citoyen.
Platon préconise que garçons et filles jouent ensemble
jusqu’à l’âge de six ans, puis soient séparés, sans donner
de détails sur la nature de leurs occupations communes
(Platon, Les Lois, VII, 794c). Il consacre plusieurs
passages à l’importance du jeu qui doit permettre aux
garçons de faire l’apprentissage d’un futur métier :
« Je déclare que quiconque veut exceller un jour
en quoi que ce soit, doit s’appliquer à cet objet
dès l’enfance en trouvant à la fois son amusement
et son occupation dans tout ce qui s’y rapporte.
Par exemple, ceux qui veulent devenir un bon
agriculteur ou encore un architecte doivent
s’amuser soit à bâtir quelqu’une de ces maisons
que construisent les enfants, soit à travailler la
terre, et leur éducateur à tous deux doit fournir
à chacun et à l’autre de petits outils qui imitent
les vrais ; ils doivent faire l’apprentissage de
toutes les sciences dont l’étude préalable leur sera
nécessaire, comme le charpentier s’exercer à se
servir du mètre ou du cordeau, l’homme de guerre
à monter à cheval en jouant et ainsi du reste ; et
par l’usage des jeux l’on s’efforcera de tourner les
goûts et les désirs des enfants vers le but qu’ils
doivent avoir atteint à l’âge adulte. » (Platon, Les
Lois, I, 643b-d [trad. E. des Places, CUF]).
On notera que le fils de l’Athénien Strepsiade a aussi
six ans quand son père lui achète son premier chariot,
tandis que Pindare place à l’âge de six ans les premiers
rêves d’exploit du petit Achille jouant à combattre des
bêtes fauves avec un vrai javelot, comme il se doit
pour un héros (Pindare, Néméennes, III, 43-50). Des
talents naturels peuvent se révéler en jouant. Lucien de
Samosate (IIe s. apr. J.-C.) raconte comment il fut destiné
au métier de sculpteur par son père à cause de son goût et
de son habileté à façonner des figurines d’animaux et des
personnages en cire (Lucien, Le songe, 2).
10 Sur les noms et règles de certains jeux, voir par exemple Ovide,
Elégie du noyer et Pollux, Onomasticon.
CHERCHEZ L’ENFANT ! LA QUESTION DE L’IDENTITÉ À PARTIR DU MATÉRIEL FUNÉRAIRE
Aux vertus de l’imitation s’ajoute l’enseignement de
l’observation des règles. Tout jeu doit avoir des consignes
dont le respect inculque celui des lois et de la tradition :
« En conséquence, il faut, comme nous le disions
en commençant, assujettir dès le début les jeux de
nos enfants à une discipline plus rigoureuse, parce
que, si le jeu et les enfants échappent à la règle, il est
impossible qu’en grandissant les enfants deviennent
des hommes de devoir et de vertu solide 11. »
À l’inverse, il faut réprouver l’envie d’inventer de
nouvelles règles qui témoigne d’un mauvais esprit susceptible de remettre en question l’ordre de la société
toute entière (Platon, Les Lois, VII, 793e). Les bons jeux
de rôles reproduisent la hiérarchie sociale du monde
des adultes 12.
Nous relèverons qu’aucun auteur ne décrit la formation souhaitée pour les filles, mais quelques-uns font
référence de manière indirecte à l’importance qu’occupent les jouets dans leur existence, notamment les
poupées qui se rapportent à leur futur rôle d’épouse et
de mère. Elles inspirent des jeux maternels qu’évoque la
poétesse Erinna (fin du IVe ou début du IIIe s. av. J.-C.) :
« Devenues fillettes, nous nous attachions dans nos
chambres à nos poupées (numphè), semblables à
de jeunes mamans, sans l’ombre d’un souci 13. »
La fille de Plutarque, âgée de deux ans, se préoccupait de faire allaiter ses jouets :
« Ainsi elle demandait à sa nourrice de présenter
et de donner le sein non seulement aux autres
enfants, mais encore aux objets personnels et aux
jouets (paignia) qu’elle aimait. » (Consolations à
sa femme, 2 [trad. J. Hani, CUF]).
Identifier les jouets
En contexte funéraire, l’identification pose plusieurs
problèmes méthodologiques. Les objets doivent en effet
répondre à différents critères afin de pouvoir être considérés comme des jouets. Du point de vue ergonomique,
leur taille et leur poids devraient en principe correspondre aux compétences d’un enfant qui doit pouvoir
11 Platon, La République, IV, 424e-425a (trad. E. Chambry, CUF).
Voir aussi Aristote, Politique, VII,1336a, 29-34 ; Chambliss 1982.
12 Cf. les jeux décrits par Hérodote, I, 114.
13 Erinna, La Quenouille, trad. Collart (P.) – La poétesse Erinna.
CRAI, 1944, p. 183-199.
les manipuler sans peine. Ce critère n’est cependant
pas toujours pertinent. Tout objet miniature n’est pas
nécessairement un jouet. Dans la nécropole de Sindos,
par exemple, des tombes d’adultes des deux sexes ont
livré des modèles réduits d’objets de la vie quotidienne
(table, chaise, chariot) dont la fonction est symbolique 14.
En contexte de sanctuaire, les miniatures ne constituent
pas automatiquement des jouets ; ce sont d’ordinaire des
substituts moins coûteux de l’objet réel, souvent transposés dans un autre matériau et offerts par des adultes 15.
Les dînettes constituent un autre exemple ambigu. Des
récipients de petite taille sont souvent présents dans les
tombes d’enfant 16, mais pas exclusivement. Des adultes
en possèdent aussi 17. Comment déterminer s’il s’agit de
jouets ou d’objets de taille réduite à valeur symbolique ?
Dans le monde grec, l’usage de dînette est attesté dans
la tombe dite de « la fillette d’Érétrie » d’époque hellénistique (vers 325-300 av. J.-C.), conservée au musée
du Louvre. Des examens récents ont permis d’observer que les petites assiettes en bois portaient des traces
d’utilisation (Hasselin Rous, Huguenot 2010). Plusieurs
autres objets miniatures, notamment un lit et une table
en plomb, de la vaisselle en terre cuite, deux pyxides et
une boîte à fard en bois ainsi qu’un miroir en bronze,
complètent ce matériel qui semble désigner l’identité
féminine de la personne défunte 18.
L’ensemble d’Érétrie est pour le moment unique 19.
Les dînettes d’enfants sont par contre bien attestées dans
le monde romain. La vaisselle et le mobilier en plomb
provenant de la tombe Iulia Graphide à Brescello (en
Italie du Nord ; milieu du IIe s. apr. J.-C.), morte selon
l’inscription à l’âge de 15 ans, 2 mois et 11 jours, constituent un parallèle bien documenté 20. La présence d’objets
similaires, également en plomb, dans le dépôt votif du
14 Les deux tombes de Sindos datent d’environ 510-500 av. J.-C. :
Sindos 1985, p. 184-185 nos 295-297 (tombe féminine), et p. 240-241
nos 391-3 (tombe masculine). Sur le matériel de Grèce du Nord,
voir Andrianou 2007 ; Luce, à paraître, fig. 12-13. Concernant les
miniatures découvertes dans la nécropole de Pydna voir également la
contribution de Zoé Kotitsa dans ce volume.
15 Cf. Ekroth 2003, p. 35-37; Luce, à paraître.
16 À titre d’exemple : Neils, Oakley 2003, cat. 118 et 119,
p. 302-303 (Italie du Sud).
17 Sur les trouvailles de céramiques miniatures dans les nécropoles
de Métaponte, Apollonia et Corinthe (enfants et adultes), voir l’article
de Céline Dubois dans ce volume.
18 Voir aussi la toupie en os, le peigne et le diadème de taille normale.
19 Pausanias, V, 20, 1, dit avoir vu un petit lit d’ivoire à Olympie
dans le temple d’Héra, patronne des mariages ; on lui aurait rapporté
qu’il s’agissait d’un des jouets (paignia) d’Hippodamie.
20 CIL XI, 1209 ; Degani 1951-1952 ; Barbera 1991, p. 11-33 ;
De’ Siena 2009, p. 198-199. Voir aussi la dînette de la tombe de
Pesaro : Mercando 1965-1966.
11
VÉRONIQUE DASEN
temple de Jupiter (ou Vénus) à Anxur (Terracina) 21
semble témoigner de l’existence d’une production spécialisée en Italie romaine.
Une fois l’objet identifié comme appartenant spécifiquement à la sphère enfantine, comment l’interpréter
dans son contexte archéologique ? De quelle réalité
témoigne un jouet provenant d’une tombe ? Le dépôt
funéraire transforme sa signification en l’isolant de son
usage quotidien. Son sens doit être déchiffré en fonction
des autres choix opérés parmi les objets personnels du
défunt ou achetés pour la circonstance ; ils ne correspondent pas nécessairement à ses préférences, mais se
rapportent à l’identité sociale que ses proches souhaitaient conserver. Notre regard sur l’enfant et ses jeux dans
l’Antiquité est donc presque toujours médiatisé par celui
des adultes. De plus, certains objets n’ont peut-être pas
été utilisés de son vivant et ne seraient que des témoins
indirects de ses jeux. Le sujet est régulièrement soulevé
au sujet des objets en terre cuite : s’agit-il de véritables
jouets ou de modèles non fonctionnels à destination
funéraire 22 ? Si la question est discutée concernant les
yoyos en terre cuite provenant de tombes, la découverte
de balles en terre cuite en contexte votif pourrait étayer
cette hypothèse 23.
Les bâtons et chariots à roulettes : des jeux de
garçons ?
En Grèce, le jouet favori des garçons est le chariot à
timon, hamax. Sur les vases peints et les stèles funéraires
de l’époque classique, il figure comme leur attribut par
excellence. Grâce à l’iconographie, principalement
attique, on en connaît de différentes sortes. Le modèle
le plus simple est composé d’un long bâton se terminant parfois avec une poignée en forme de T, fixé à un
axe avec deux roues (fig. 1 ; 440-430 av. J.-C.) 24, tiré ou
poussé par le garçonnet, en cela très proche, pour ne pas
dire identique à celui qu’utilisent les enfants Masaï au
Kenya (fig. 2) 25. De rares vues de l’objet en perspectives
21 Barbera 1991 (31 objets miniatures comprenant de la vaisselle,
du mobilier, mais aussi des boucliers miniatures).
22 Pour Williams 2000, p. 391, les chariots en terre cuite seraient la
copie des véritables jouets en bois.
23 Une balle en terre cuite provient du sanctuaire de Perséphone à
Locres ; voir dans ce volume l’article de Carla Scilabra, fig. 7. Sur
l’ambiguïté des yoyos en terre cuite provenant de tombes béotiennes
du début du Ve s., voir Weiss, Buhl 1990.
24 Londres, British Museum, 1910.6-15.4 (Neils, Oakley 2003,
p. 239-240, cat. 41). Voir aussi les enfants qui rampent vers le jouet
comme sur l’exemplaire de Munich : Munich, Antikensammlungen
2459 (van Hoorn 1951, cat. 694, fig. 267).
25 Le même type est figuré sur les stèles funéraires attiques classiques ;
voir, à titre d’exemple, Woysch-Méautis 1982, pl. 27, nos 112-194a.
12
Fig. 1. Chous attique (H. 11 cm). Londres, British Museum, 1910.615-4
(© Trustees of the British Museum).
montrent qu’une planchette pouvait relier les deux roues
(fig. 3 ; vers 410-400 av. J.-C.) 26. Des scènes suggèrent
que le jouet était offert à un très jeune âge, comme le
montre le chous où l’enfant, assis sur une chaise percée,
s’amuse à agiter un hochet (fig. 1).
On notera qu’aucun bâton à roulettes ne se termine en tête de cheval comme les jouets à roulettes
modernes 27. Si les textes suggèrent que l’imagination de
l’enfant a pu transformer son bâton en monture fictive,
les imagiers n’ont pas choisi d’évoquer cette métamorphose de l’objet.
Les types plus élaborés de chariots, attestés en Grèce
uniquement dans la peinture de vase, possèdent une
plateforme ou une caisse assez grande pour y placer un
objet ou un animal, voire un petit siège pour y transporter un camarade de jeu 28. Les garçons plus grands y
sont tirés par d’autres enfants ou un véritable attelage
26 Bellinzona, Museo Civico ; CVA, Ostschweiz Ticino, 1, 40,
pl. 232, 30. 1-2.
27 Bâton à roulette se terminant en tête de cheval, Mexico, vers
1980 (Londres, British Museum Am1990, 08.245).
28 Enfant tiré par d’autres enfants : Bruxelles, Musée Royaux d’Art
et d’Histoire, A 2319 (van Hoorn 1951, cat. 405, fig. 260) ; Athènes,
Musée National 17286 (van Hoorn 1951, cat. 115, fig. 35).
CHERCHEZ L’ENFANT ! LA QUESTION DE L’IDENTITÉ À PARTIR DU MATÉRIEL FUNÉRAIRE
Fig. 3. Chous attique (H. 6,7 cm). Bellinzona, Museo Civico (CVA,
Ostschweiz Ticino, 1, pl. 232, 30. 1-2).
Fig. 2. Enfant Masaï, Kenya
(photo Yvette Morizot [2008]).
avec des animaux (chiens, oiseau, chèvres, biche…) 29.
Ces jeux de simulacre n’étaient pas réservés exclusivement aux garçons. En Grèce, des filles aussi ont tiré
des jouets à roulettes et conduit des chariots, comme le
montrent quelques choés (fig. 4 ; fin Ve s. av. J.-C.) 30 et
une terre cuite corinthienne 31. On notera cependant que
le chariot devient l’attribut exclusif des garçons dans les
Fig. 4. Chous (H. 8,7 cm). Athènes, Musée National 1267
(dessin V. Dasen).
29 Tiré par des animaux : Boston, Museum of Fine Arts 95.51
(van Hoorn 1951, cat. 366, fig. 130), chiens ; Cambridge, Fitzwilliam
Museum GR5.1929 (van Hoorn 1951, cat. 435, fig. 92), oiseau ;
Paris, Louvre CA16 (van Hoorn 1951, cat. 835, fig. 451), chèvres.
Sur le chous conservé à New York, le garçon porte la xystis, la longue
tunique d’un véritable aurige, mais adaptée à sa taille : New York,
The Metropolitan Museum of arts, Rogers Fund 1921, 21.88.80 (van
Hoorn 1951, cat. 755 ; Neils, Oakley 2003, p. 147 et p. 286, cat. 99).
30 Athènes, Musée National 1267 (van Hoorn 1951, cat. 37 ;
Green 1971, pl. 33b).
31 Autres fillettes avec bâton à roulettes : Munich,
Antikensammlungen 3148 (van Hoorn 1951, cat. 708, fig. 227) ;
Oxford, Pitt Rivers Museum (van Hoorn 1951, cat. 803, fig. 271) ;
Worcester, Art Museum 1931. 56 (van Hoorn 1951, cat. 994,
fig. 272 ; Neils, Oakley 2003, p. 147 et p. 280, cat. 92). Terre cuite :
Paris, Louvre CA 1323 (H. 11 cm), IVe-IIIe s. av. J.-C. Fillette tirée par
une biche : chous, Athènes, Musée National 14534 (van Hoorn 1951,
cat. 105, fig. 311). Athènes, Musée du Céramique, tombe XX 66 (van
Hoorn 1951, cat. 156, fig. 512).
représentations funéraires qui ne montrent que le modèle
simplifié du bâton à roulettes 32.
La similarité de ces modèles suggère l’existence
d’un artisanat spécialisé dans l’Athènes du Ve s. Dans
Les Nuées d’Aristophane, Strepsiade s’arrête ainsi chez
un marchand pour acheter un hamax à son fils lors des
Diasies, la grande fête athénienne de fin d’année en
l’honneur de Zeus Meilichios. Il répond aux souhaits du
petit qui semble avoir été insistant :
32 Sur les lécythes à fond blanc, cependant, les types sont plus
élaborés, avec une plateforme ou un siège. Voir l’exemple de
New York, The Metropolitan Museum of Art, Rogers Fund, 1909,
09.221.44 (Neils, Oakley 2003, p. 162 et 300-301, cat. 115) ; voir
également l’article de Scilabra dans ce volume, fig. 1.
13
VÉRONIQUE DASEN
« Moi aussi, il m’en souvient, quand tu avais six
ans et que tu balbutiais, je t’ai obéi. La première
obole que je reçus comme héliaste, je l’employai à
t’acheter, aux Diasies, un petit chariot 33. »
Les enfants devaient en recevoir à d’autres occasions, comme lors de la fête athénienne des Anthestéries
en l’honneur de Dionysos. Les rites qui se déroulaient
pendant la fête agrégeaient à la cité les enfants âgés
d’environ trois ans. Les garçons, et peut-être aussi les
filles, recevaient des choés miniatures pour boire avec
les adultes le vin nouveau ouvert le deuxième jour de
la fête. L’iconographie de ces petits vases livre de nombreuses scènes de jeux qui se déroulent souvent dans un
cadre à connotation dionysiaque 34.
À quoi ressemble la réalité matérielle du bâton ou
chariot à roulettes ? Compagnon familier de l’enfant, l’at-il suivi dans la mort ? Probablement en bois, aucun ne
nous est parvenu, mais des exemplaires en métal ont été
conservés. Il s’agit de modèles miniatures de charrette
ou chariot en fer ou en bronze dont l’interprétation prête
toutefois à discussion. Un exemplaire en bronze et en fer,
illustré dans tous les livres sur les jouets, provient effectivement d’une tombe à ciste d’enfant à Michalitsi dans
la région de Prévéza (Épire) (fig. 5 ; Ve-IVe s. av. J.-C.) 35.
Les parallèles cités proviennent tous de Grèce du Nord.
À Sindos, dans la région de Thessalonique (fin du VIe s.
av. J.-C.), charrettes et chariots miniatures, avec deux
ou quatre roues, sont associés à du mobilier miniature
en bronze ou en fer dans des tombes d’adultes des deux
sexes 36. Le véhicule pourrait avoir une signification
funéraire en relation avec le rite de l’ekphora ou se rapporter aux travaux agricoles 37. À Michalitsi, la taille et
le matériel de la tombe peuvent laisser supposer qu’il
s’agit d’un jouet, mais on ne saurait exclure une autre
interprétation. Il faudrait pouvoir vérifier si ce type d’objet se retrouve aussi dans des tombes d’adultes dans le
contexte élargi de cette nécropole. Les objets qui composent le matériel funéraire, notamment quatre terres
cuites d’animaux (cheval, coq, cerf, lion) et une pyxide,
ne permettent pas de définir l’identité sexuée de l’enfant.
33 Aristophane, Les Nuées, 861-864 (trad. H. van Daele CUF).
34 Sur les choés, voir en dernier lieu Neils, Oakley 2003,
p. 145-147 ; Crelier 2008, p. 152-168.
35 Vokotopoulou 1973, p. 221-222, fig. 14 et 15 (124 x 62 cm) ;
Rühfel 1984, p. 117, fig. 47b ; Neils, Oakley, p. 182, fig. 21.
36 Sindos 1985, p. 184-185 et 240-241. Voir aussi les chariots en fer
de la nécropole d’Aiani : Karamitrou-Mentessidi 2008, p. 110 fig. 175.
37 Cf. le modèle de char de Vari entouré de pleureuses (première
moitié du VIIe s. av. J.-C.) : Athènes, Musée National (Kurtz,
Boardman, 1985, p. 92-93, fig. 22). Voir aussi le char tiré par
deux chevaux d’une tombe à chambre de Mega Monastirion (vers
1300-1200 av. J.-C.) : Guggisberg 1996, cat. 277, p. 88, pl. 20, 6.
14
Fig. 5. Nécropole de Michalitsi, tombe avec chariot (L. 24 cm)
(Vokotopoulou 1973, p. 223, fig. 14)
Les animaux à roulettes
La problématique se complique avec les animaux à
roulettes qui constituent un groupe à part et posent des
problèmes méthodologiques spécifiques. Le seul corpus
réuni se compose de terres cuites de la fin de l’âge du
bronze et de l’époque géométrique (Xe-VIIIe s. av. J.-C.).
Martin Guggisberg a répertorié 683 exemplaires d’animaux en terre cuite, principalement des récipients, dont
environ une dizaine d’animaux à roulettes. Alors que les
askoi zoomorphes sont composés d’une grande variété
d’espèces animales (bœuf, cheval, cerf, mouton, chèvre,
cochon, chien, hérisson, poisson, serpent, oiseau et
quelques créatures hybrides), la typologie se réduit quand
l’objet devient mobile. Les animaux à roulettes sont des
équidés et principalement des chevaux. Plusieurs équidés
transportent des amphores (deux, quatre, cinq ou six) dont
le fond communique avec le corps de l’animal (fig. 6 ;
deuxième moitié du VIIIe s. av. J.-C.) 38.
38 La mule est conduite par un homme qui la chevauche
(Guggisberg 1996, p. 81, cat. 254, pl. 19, 2 voir également, cat. 289,
pl. 22, 1 [avec 2 amphores] ; cat. 244, pl. 18, 1 [avec 4 amphores] et
cat. 291, p. 22, 2 [avec 6 amphores]).
CHERCHEZ L’ENFANT ! LA QUESTION DE L’IDENTITÉ À PARTIR DU MATÉRIEL FUNÉRAIRE
Quels sont les arguments en faveur de jouets ? Les
objets sont techniquement fonctionnels : les pattes
sont percées de trous par lesquels passe l’essieu des
roues, et le museau, quand il est conservé, est troué
pour permettre le passage d’une ficelle servant à tirer
l’animal. Certains exemplaires proviennent de tombes
d’enfants, mais aussi de tombes féminines, comme
d’ailleurs la majorité des askoi zoomorphes 39; le cheval
de la nécropole de l’Eridanos semble porter des traces
de réparation (trous d’agrafe pour la queue et patte
arrière brisée) 40, et quelques exemplaires proviennent
de contextes domestiques 41. Tous, cependant, n’ont pas
le museau troué 42.
S’il s’agit de jouets, les compagnons familiers des
jeunes enfants sont curieusement invisibles (chien,
oiseau, lièvre…). Une autre absence nous interpelle :
aux époques plus récentes, alors qu’abondent les images
d’enfants avec des bâtons à roue, des chariots ou des
animaux réels, parfois véhiculés sur un chariot, comme
le lièvre d’un chous conservé à Tübingen 43, aucune ne
montre un enfant tirant un animal à roulettes. L’imagier
préférait-il montrer l’animal vivant plutôt que son
substitut ?
L’absence des animaux à roulettes dans l’iconographie nous invite à la prudence. Une série d’éléments
éloignent les équidés sur roues de la sphère enfantine.
L’objet ne pourrait-il pas reproduire des offrandes véhiculées en procession, comme l’ont proposé N. Yalouris,
puis M. Guggisberg 44 ? Il ne s’agirait donc pas de l’évocation miniaturisée du cheval de Troie à des fins ludiques,
même si le récit de la ruse d’Ulysse a dû certainement
fasciner de nombreuses générations d’enfants. Les roues
et la mobilité ne sont pas nécessairement synonymes de
jeu. N. Yalouris a montré que le cheval légendaire sur
roues s’inscrit dans la tradition des offrandes transportées
sur des chars. Des groupes plus élaborés font référence à
des processions. Quatre petits chevaux sont ainsi posés
sur une plateforme à roues surmontée d’une caisse où se
39 Guggisberg 1996, p. 295, tableau 21. Voir le cheval (H. 10, 6 cm)
d’une tombe d’enfant d’Athènes, terrain Kasimati ; Archaiologikon
Deltion, 22, 1967, B’1, p. 49, fig. 70 a-b. Un cheval sur roues
provient d’une tombe féminine d’époque géométrique à Tursi Santa
Maria d’Anglona (Sport e Giochi 2002, p. 67-68, fig. a ; je remercie
Carla Scilabra de cette référence et renvoie à son commentaire dans
ce volume).
40 Nécropole de l’Eridanos, tombe d’enfant (L. 29 cm) : Guggisberg
1996, cat. 225, pl. 16, 4 (avec 4 amphores).
41 Guggisberg 1996, cat. 119, pl. 9, 1 (Tirynthe, ville basse).
42 Zurich, coll. Mildenberg M 73 (L. 19, 1, H. 20,2 cm) : Guggisberg
1996, cat. 253, pl. 19, 1 ; Neils, Oakley 2003, cat. 70, p. 266.
43 Lièvre posé sur un chariot : chous, Tübingen, Eberhard-KarlsUniv., Arch. Inst. E 129 (Rühfel 1984b, p. 139, fig. 77).
44 Yalouris 1950, p. 74-75 ; Guggisberg 1996, p. 346. Voir aussi
Sparkes 1971.
trouvait un personnage aujourd’hui disparu 45. On connaît
le bateau sur roues transportant le péplos d’Athéna, tiré
lors des Grandes Panathénées, ainsi que celui qui véhiculait Dionysos lors des Anthestéries ou des Grandes
Dionysies 46. Des offrandes peuvent aussi être munies
de roues, comme les trépieds à roulettes de l’époque
géométrique 47. Les Mirabilia attribués à Antigone de
Carystos (IIIe s. av. J.-C.) rapportent que les habitants de
la cité de Krannon en Thessalie conservaient un char en
bronze qui était sorti lors de sécheresses et déplacé afin
de faire venir la pluie ; le monnayage de la cité (IVe s.
av. J.-C.) pourrait le représenter, chargé d’une amphore
entourée d’un ou deux oiseaux 48.
Des fragments de chevaux à roulettes géométriques
proviennent de l’Acropole 49 où, quelques siècles plus
tard, le sculpteur Strongylion aurait réalisé une statue en
bronze du cheval de Troie (vers 414 av. J.-C.) 50. La taille
de certains exemplaires n’est d’ailleurs pas compatible
avec un jeu d’enfant ; un cheval d’un mètre de long, également monté sur roues, provient de l’hérôon de Lefkandi 51.
Les animaux à roulettes disparaissent à la fin
de l’époque géométrique. Une nouvelle production
s’amorce au IVe s. av. J.-C., principalement en Italie du
Sud. Le sens et la fonction des objets semblent alors différer, même si la forme est inchangée. Les trouvailles
restent rares et essentiellement funéraires. Le cheval
(fig. 7), parfois avec son cavalier 52 est le type favori,
mais une plus grande variété d’espèces est représentée : buffle, oiseau, lion 53. Aucune représentation figurée
45 Londres, British Museum GR 1972.2-4.4 (coll. Elgin,
probablement d’Athènes) : Sarian 1969, p. 668-669, fig. 24 ; Williams
2000, p. 388-390, fig. 1, 2. Un groupe similaire provient de l’Agora :
Guggisberg 1996, cat. 217, pl. 15, 7.
46 Deubner (L.) – Attische Feste. Berlin, Heinrich Keller, 1932,
p. 102, pl. 11,1 et 14, 1 (Dionysos) ; True et al. 2004, p. 13, cat. 75
(bateau d’Athéna), et p. 14, cat. 81, pl. 3 (bateau de Dionysos).
47 Trépied à roulettes (H. 91 cm) ; Benton (S.) – Excavations in
Ithaca, III. ABSA, 35, 1935, 58-59 n° 3, pl. 11a, fig. 15 ; Boardman et
al. 2004, p. 304, n. 154.
48 Mirabilia 15 : Keller (O.) éd. – Rerum naturalium scriptores
graeci minores, I. Leipzig 1877 ; voir Harrisson (J.) – Themis. A
Study in the Social Origins of Greek Religion. Londres, Merlin Press,
1963 (réimpr. de la 2e éd. 1927), p. 81, fig. 13.
49 Guggisberg 1996, cat. 214, pl. 15, 5 (fragment de l’arrière-train
et fragment de base percé de trous pour les essieux des roues).
50 Pausanias, I, 23, 8. La base inscrite a été retrouvée sur
l’Acropole : IG I3, 895 (consacré par Chairédémos).
51 Guggisberg 1996, p. 94, cat. 290.
52 Chr. Kontochristos, in Parlama, Stampolidis, 2000, p. 79,
cat. 53, avec parallèles. Les chevaux, en bois, os ou argile,
parfois avec des cavaliers, dominent en Égypte romaine et
copte (Pitarakis 2009, p. 222-228, fig. 20-23).
53 Andres 2000, p. 132-133, cat. 90-91 (colombes, d’Italie du
Sud, IVe s. av. J.-C. ?) ; p. 203, cat. 126 (lion, d’Asie Mineure, IerIIe s. apr. J.-C. ?). Sur le buffle : Paris, Louvre Cp 4699 (Italie du
Sud ?) ; Dasen 2011a, p. 106. Voir aussi l’âne (d’Asie Mineure,
15
VÉRONIQUE DASEN
Fig. 6. Terre cuite (H. 19 cm, L. 28 cm). Londres, British Museum 1921.11-29.2
(© Trustees of the British Museum).
du jeu n’est connue, mais quelques textes en parlent.
Jean Chrysostome (IVe s. apr. J.-C.) évoque le goût des
enfants pour les chevaux, mules et chariots en argile 54.
La sélection des coroplathes reste à expliquer, comme
l’absence de chiens, lièvres, coqs, tortues et autres animaux proches des enfants.
Ier-IIIe s. apr. J.-C.) du Hessisches Puppenmuseum (Andres 2000,
p. 204, cat. 127). Le catalogue Jouer dans l’Antiquité 1991 mêle
des objets de différentes périodes, p. 26, fig. 4 (cheval et cavalier
d’époque romaine) ; p. 68, fig. 46 et p. 71 fig. 48 (bélier à roulettes,
lion et hérisson de Suse, fin du IIe millénaire) ; p. 67, fig. 43-44 et
p.70 fig. 51 (chevaux en bois d’Égypte romaine ou copte).
54 Jean Chrysostome, In Joannem Homilia 81, Patrologia Graeca
59, col. 440 : « Ils (oi paides oi mikroi) regardent avec un œil avide
et plein de joie un char, des chevaux, un cocher, des roues (trochos
peut aussi désigner la toupie et tout objet qui tourne), le tout en
terre cuite. » (trad. Jeannin [M.] – Saint Jean Chrysostome, Œuvres
complètes, VIII. Bar-le-Duc, 1865) ; Pitarakis 2009, p. 222-223. Cf.
le petit chariot tiré par des souris décrit par Horace, Satires, II, 3, 248.
16
Enfance et animalité
Une prudence similaire est de mise pour les petits
animaux en terre cuite, sans roulettes cette fois, dont la
signification est polysémique. Sans développer le sujet
qui engage de plus larges questionnements, il faut relever que ces miniatures sont d’ordinaire trop rapidement
classées dans la catégorie des jouets.
La proximité de l’enfance et de l’animalité a été
souvent soulignée 55. Expliquerait-elle la présence des
substituts en terre cuite de leurs compagnons en contexte
funéraire ? La réponse ne saurait se réduire à un seul
type d’explication. La gamme des animaux en terre cuite
déposés dans les tombes est très large. L’inventaire établi pour les époques archaïque et classique par Stéphanie
Huysecom 56 comprend les animaux utilitaires de la ferme
55 À titre d’exemple voir Woysch-Méautis 1982. Elle est très
présente dans le discours biologique des Anciens (Dasen 2008).
56 Huysecom 2003, spéc. p. 96 (tableau récapitulatif).
CHERCHEZ L’ENFANT ! LA QUESTION DE L’IDENTITÉ À PARTIR DU MATÉRIEL FUNÉRAIRE
Fig. 7. Terre cuite (H. 10,7 cm, L. 18,8 cm) du puits M 2535
(Parlama, Stampolidis 2000, p. 79, cat 53).
(lapin, canard, porcelet, chèvre, bélier, âne, bœuf, cheval…), de compagnie (chien, oiseau, tortue, singe) ou de
sacrifice (taureau, bélier, cochon, coq), ainsi que ceux qui
pourraient se rapporter à la chasse (lion, cerf, sanglier…).
On peut trouver des correspondances métaphoriques
entres les qualités de l’enfance et celles des animaux, qui
pourraient rendre compte de leurs associations (la capacité d’apprentissage du singe, la délicatesse des oiseaux,
le dressage du poulain…) 57. Leur présence n’est cependant pas spécifique aux tombes d’enfants, même s’ils y
sont relativement plus nombreux. Pour aller plus avant,
ces animaux devraient être replacés dans les ensembles
qu’ils composent pour être interprétés, et peu de nécropoles ont déjà été analysées sous cet angle.
La poupée
Nous rappellerons brièvement combien notre compréhension de la poupée grecque s’est approfondie ces
dernières années. Toute une génération de chercheurs
provenant d’horizons différents est arrivée aux mêmes
conclusions, en se distançant de notre conception
57 Huysecom 2003, p. 97-101.
moderne 58. Les termes qui désignent cette catégorie
d’objets révèlent leur association étroite avec la vie religieuse des filles : korè et numphè signifient à la fois la
poupée, la jeune fille (et plus précisément l’épousée,
numphè) ainsi que les figurines féminines déposées
en offrandes dans les sanctuaires. Plangon, la poupée
en cire, est aussi un nom propre de fille 59. Cette ambiguïté traduit l’intimité de la fillette avec une poupée qui
n’est pas un véritable jouet mais un double qui inspire
à l’enfant le désir de grandir et de devenir une femme
accomplie. Si le terme de poupée peut être conservé, il
a perdu un sens exclusivement profane et intègre une
dimension religieuse.
Une grande variété de poupées nous est parvenue de
l’Antiquité. Les plus modestes, en tissu de lin, bourrées de
chiffons et de feuilles de papyrus, se sont conservées dans
le climat sec de l’Égypte romaine et copte 60. En Grèce,
le modèle le plus répandu de poupées, en terre cuite, est
produit en série dès le début du Ve s. av. J.-C. dans des
ateliers corinthiens et béotiens. Elles ont des membres
articulés et tiennent souvent dans les mains des crotales
58 Dörig 1958 ; Reilly 1997 ; Langdon 2008, p. 126-129 ;
Schwarzmaier 2006 ; Papaikonomou 2008.
59 En latin, pupa désigne aussi bien la fillette que sa poupée.
Cf. Bettini 1999, p. 213-227.
60 Janssen 1996 ; Pitarakis 2006, p. 242-250.
17
VÉRONIQUE DASEN
Fig. 8a-b. Nécropole de Michalitsi, tombe avec poupée et biberon
(Vokotopoulou 1973, p. 223, fig. 14).
ou des tambourins qui évoquent le service religieux des
jeunes filles ; le sommet de leur tête, souvent coiffé d’un
pôlos, est troué afin de permettre de les suspendre. Leur
succèdent des modèles attiques, plus raffinés, issus de
moules bivalves, des figurines aux membres tronqués
et des figurines aux bras articulés assises où la limite
entre poupée et figurine de divinité se brouille 61. Quels
que soient le matériau et la période, le type de la poupée
antique reproduit toujours le corps d’une femme adulte,
aux seins, hanches et sexe bien marqués.
Leur fonction a longtemps été débattue. S’agit-il de
véritables jouets ou d’objets à destination religieuse,
offerts à l’enfant pour être consacrés à une divinité
à la veille du mariage ? Ou ont-elles eu successivement les deux fonctions ? Les poses et les accessoires
des « poupées » antiques suggèrent qu’elles servaient
aussi à instruire la fillette. Les unes jouent des crotales
comme une participante aux fêtes religieuses, d’autres
trônent comme une fiancée le jour de ses épousailles
(Dasen 2010, p. 25-30, fig. 8). Plus important, en Grèce
comme à Rome leur aspect sexué familiarise les fillettes
avec les transformations de leur corps et les aide à grandir afin d’atteindre l’hébè, ce moment suspendu où la
fille atteint « la fleur de l’âge », le sommet de sa beauté
qui la rend bonne à marier (Pirenne-Delforge 2010).
Cette fonction est confirmée par la trouvaille d’exemplaires fabriqués en série, ainsi que de moules, dans les
sanctuaires de divinités protectrices des passages de la
vie féminine, en particulier du mariage 62. Leur fonction
61 Ces différents types, « debout », « tronqué », « assis », sont
représentés sur les stèles funéraires de jeunes filles des Ve et IVe s. :
Cavalier 1988 ; Reilly 1997 ; Dasen 2010.
62 Dasen 2010, p. 26 (à titre d’exemple voir Aphrodite à Naxos,
Déméter à Morgantina, Thasos et Corinthe, Héra et Athéna à Géla,
Perséphone et les Nymphes à Locres). Cf. l’épigramme de Timarète,
dans l’Anthologie palatine, VI, 280.
18
religieuse explique leur absence des scènes de la vie quotidienne ; dans l’iconographie, elles n’apparaissent qu’en
contexte funéraire, quand le rite n’a pas été accompli en
raison du décès prématuré de la jeune fille 63.
Le matériel funéraire pourrait nous permettre de préciser le moment et les circonstances de leur don, qui n’ont
pas été abordés jusqu’ici. Quelques individus très jeunes
ont été découverts avec une poupée, tous âgés de deux
ou trois ans à peine. Un biberon, évoquant peut-être la
période du sevrage ou les soins du tout petit, était associé
à l’enfant d’une tombe à ciste d’Ampurias 64 ainsi qu’à
l’enfant d’une autre tombe à ciste de Michalitsi (Épire),
sans doute une fille comme le suggère son bracelet en
argent en forme de serpents (fig. 8) 65. La troisième,
d’une sépulture à enchytrisme d’Abdère, portait un
collier d’amulettes 66. Le jeune âge de ces enfants peut
surprendre. Pourrait-il correspondre à une circonstance
particulière de la vie ? Il s’agit peut-être du moment où
l’identité sexuée de la fille reçoit une reconnaissance
sociale. Le cadeau a pu se faire lors d’une première fête
d’introduction dans la communauté. À Athènes, la fête
des Apatouries marquait la présentation de l’enfant par
le père à la phratrie ; il était âgé d’un à trois ans selon
les auteurs 67. À l’âge de trois ans, les Anthesthéries marquaient aussi une première participation active dans la
vie religieuse de la communauté. Des fêtes similaires
avaient lieu dans les autres régions du monde grec.
Cette coutume rappelle celle de la poupée Koutsouna
de l’époque moderne (XVIe-XIXe s.), offerte par la marraine, et qui faisait partie de la dot de la jeune fille 68.
Vêtue en mariée, elle portait parfois des pièces de
monnaies cousues en amulettes (fig. 9). Sous ses vêtements, les seins ont des mamelons en relief afin de
familiariser très tôt la fillette avec sa fonction maternelle
(Argyriadi 1991, p. 23, fig. 14).
De manière similaire, en Grèce ancienne déjà la
poupée a pu être offerte très tôt, au premier anniversaire déjà, ou lors d’une fête, vers deux ou trois ans. La
poupée représenterait le double de la jeune fille ; elle
63 Sur les poupées sur les stèles, voir Cavalier 1988 et Schwarzmeier
2006. Sur la stèle du musée Calvet d’Avignon, Dasen 2011a, p. 276
(fig.). Lécythe avec une jeune fille apportant une poupée : Oakley
2004, p. 175, fig. 131-132.
64 Papaikonomou, 2008, p. 692-696, fig. 9-10 (vers 400-375 d’après
le matériel céramique). Sur la question de l’usage des biberons,
aujourd’hui nuancée et plus exclusivement associée au sevrage, voir
Quevedo Sánchez 2010 et l’article de C. Dubois dans ce volume.
65 Vokotopoulou 1973-1974, p. 221-222, fig. 11-13 (taille de la
tombe : 98 x 48 cm).
66 Papaikonomou 2008, p. 687-688, fig. 6-7 et p. 691-692
(sépulture à enchytrisme de la fin du IVe s.).
67 Sur les Apatouries, Dasen 2011b, p. 6 avec bibliographie.
68 Argyriadi 1991, p. 23-24, fig. 14 et fig. 59-60, qui précise qu’elle
aurait été offerte vers l’âge de trois ans.
CHERCHEZ L’ENFANT ! LA QUESTION DE L’IDENTITÉ À PARTIR DU MATÉRIEL FUNÉRAIRE
Fig. 9. Poupée Koutsouna (H. 22 cm) (Argyriadi 1991, fig. 60).
était associée à un apprentissage, non de la sexualité,
mais d’un devenir de femme, de la maternité et de la
procréation 69. Le bon état de conservation des poupées
démontre qu’elles furent manipulées avec soin, sous le
contrôle d’adultes, afin de durer jusqu’au moment de
leur don lors des fêtes de mariage 70.
La présence d’une forme masculine de la poupée articulée assise, trouvée en nombre au sanctuaire d’Artémis
à Brauron, suggère l’existence d’un rite effectué par les
jeunes gens ; le corps androgyne des garçons, qui semble
être obtenu à partir du même moule que les filles, correspond bien au moment de passage qui doit s’opérer sous
le patronage d’Artémis 71.
69 Cf. les « Aphrodites orientales » de Myrina (IIe s. av. J.-C.) au
ventre rempli d’un bébé qui se rapporte à cette fonction éducatrice
(Dasen 2004).
70 Cf. Perse, Satires, II, 70 sur l’offrande à Vénus d’une pupa à la
veille du mariage.
71 Les poupées masculines sont visibles dans les nouvelles vitrines
du musée de Brauron. Un couple pourrait provenir d’une tombe de
la région de Thèbes: New York, Metropolitan Museum of Art, GR
1338 et 1339 (Elderkin 1930, p. 470-471, fig. 22a et b) ; aussi des
« Statuettes of seated youths with articulated arms [Greek, Boeotian;
19
VÉRONIQUE DASEN
bras, fixés par des tenons au torse, étaient articulés. Ses
vêtements, cousus à grands points de manière sommaire,
pourraient avoir été fabriqués par sa détentrice. Son abondante chevelure est ornée d’une tresse. Les lèvres, le bout
des seins, le nombril et le pubis sont brodés avec de la
laine rouge qui souligne ces parties du corps (Janssen
1996, p. 231-232). Autant de détails qui renvoient à une
manière de familiariser les jeunes filles aux transformations de leur corps, vers un apprentissage de la procréation
et de la maternité, mais pas de la sexualité.
Les luxueuses poupées romaines en ivoire et en
ambre, très élégantes, représentaient aussi une valeur,
offertes à la divinité au moment du mariage afin de se
concilier leur bienveillance 73.
La poupée constituerait-elle enfin l’objet apte à désigner sans ambiguïté le sexe de la personne défunte ? Une
anecdote rapportée par un auteur de l’époque byzantine,
Michel Psellos (XIe s. apr. J.-C.), révèle combien cet
espoir est trompeur. Dans son récit, la poupée (numphè)
utilisée est en tissu, mais l’acteur principal est un garçon atypique qui attire l’attention du philosophe par son
hydrocéphalie et son comportement féminin 74 :
Fig. 10. Lin bourré de papyrus (H. 13 cm). Londres, Petrie Museum,
UC 28024 (Janssen 1996, p. 232, fig. 1).
20
« Car il a pris en haine les appartements des
hommes et les gymnases, les chasses et les lieux
de réunion de la jeunesse ; il ne souhaite pas jouer
à la balle avec les autres, ni jouer aux dés, ni
participer à des efforts qui font transpirer. Ainsi,
il aime faire tourner le fuseau et le tissage ne
l’attire pas moins. Et lorsqu’il s’agit de jouer, il
ne prend aucun plaisir aux astragales, ne joue pas
au cottabe, méprise la table de jeux et rechigne à
s’amuser avec la toupie ; et lancer des noix sur
une cible ne lui plaît pas. Avec des figurines et
des objets ressemblants, il fabrique une chambre
nuptiale, il représente un jeune marié (numphios)
et couche aux côtés de celui-ci une jeune épouse
(numphè). Et ayant rempli le ventre de la statuette
de la jeune fille avec du rembourrage, il imagine
qu’elle est enceinte, et là-dessus, les douleurs de
l’accouchement, l’enfantement, la sage-femme et
son salaire. » (trad. Chr. Zubler)
Où sont les poupées bébés ? S’agirait-il d’une invention
du XIXe s. (Girveau, Charles 2011, p. 164-193) ? Les poupées retrouvées en Égypte ne représentent pas de bébés,
mais sont au contraire très sexuées. Les exemplaires en
lin bourrés de feuilles de papyrus, publiés par Rosalind
Janssen, proviennent de tombes d’enfants d’Hawara et
s’échelonnent du Ier au IVe s. apr. J.-C. Toutes les poupées
insistent sur la séduction physique 72. La plus ancienne de
la série, découverte par Petrie en 1888, date du Ier s. apr.
J.-C. ; elle a de grands yeux peints en noir, un collier, des
seins en relief marqués par des points rouges (Janssen
1996, p. 234, fig. 4). Une autre poupée, plus récente
(fig. 10 ; IVe s. apr. J.-C.), possédait une garde-robe avec
un nécessaire composé d’un miroir miniature rangé dans
une boîte, d’un panier avec un couvercle, d’un fuseau
en verre et d’un lot de cinq petits flacons en verre. Les
Un texte qui révèle combien le désir de s’approprier
cette expérience en la jouant était fort, et qui nous amène
à reconsidérer ce que l’on pouvait bien faire aussi avec
une poupée garçon…
Said to be from Thebes] (01.13.1,2) », Heilbrunn Timeline of Art
History. New York, The Metropolitan Museum of Art, 2000 <http://
www.metmuseum.org/toah/works-of-art/01.13.1,2 (October 2006)>.
72 Janssen 1996. Le même accent est mis sur les exemplaires de
l’époque copte et fatimide : Pitarakis 2009, p. 242-250, fig. 28-30.
73 Degen 1997 ; De’ Siena 2009, p. 53-58 et 192-197.
74 Michael Psellos, Philosophica minora, éd. D. J. O’Meara, II.
Leipzig, Teubner, 1989, texte n° 19, p. 93, l. 17-21. Je remercie
Dominic J. O’Meara de m’avoir signalé ce texte et Christian Zubler
pour sa traduction.
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Mobilier funéraire et classe d’âge dans les cités grecques
d’Égée orientale à l’époque archaïque 1
Olivier Mariaud
Abstract. The aim of the present contribution is to
investigate the assemblages of grave-goods found in
child-burials in the poleis of Eastern Greece during the
archaic period. It is argued that the selection of objects
placed with dead children does not fundamentally differ
in quality and quantity from that found in adult graves.
Moreover, grave-goods are only one of the many criteria used to express age differentiation within the burial
population. Only in specific periods and places can
some objects, mainly terracottas, be seen as indicative
of a new wish to express age ritual in burial language;
this can be interpreted as a probable consequence of
the preeminent role played by age classes in the social
structure of late archaic city-states.
D
ans son analyse des nécropoles de Sicile
archaïque, G. Shepherd a récemment souligné que les principes qui président au
traitement funéraire des enfants tels que le choix du
mobilier accompagnant, de la localisation, du type de
rituel ou encore du marquage extérieur, relèvent de la
volonté des parents. A ce titre, les tombes d’enfants participent pleinement au « système funéraire » global (burial
system ; Shepherd 2007, p. 93). Nos propres recherches
portant sur les cités d’Ionie archaïque nous ont conduit à
une conclusion similaire (Mariaud 2006 ; Mariaud 2007,
p. 306-314). D’un point de vue archéologique donc,
même si les tombes d’enfants possèdent parfois d’évidentes spécificités, ces dernières ne suffisent pas à faire
des enfants une catégorie à part des autres morts, une
special death (Garland 2001) et leurs sépultures doivent
être examinées avec la même méthode et les mêmes problématiques que celles des adultes.
L’étude des pratiques funéraires liées aux enfants ne
peut donc se résumer à la seule question, longtemps prédominante (Golden 1988), de la place de ceux-ci dans
1 Je tiens à remercier chaleureusement A. Hermary et les
porteurs du programme ANR eMa pour m’avoir invité à participer
à ce colloque. Merci également à Maia Pomadère pour sa relecture
attentive et critique, m’évitant ainsi erreurs et facilités. Celles qui
restent sont bien sûr de ma responsabilité. Toutes les dates sont
comprises avant notre ère.
la société. Elle amène également une série de réflexions
relatives à la structure familiale des sociétés anciennes,
à l’intégration des individus dans divers groupements
sociaux, à l’expression ritualisée de hiérarchies sociales
préexistantes, bref, à toute une série d’analyses des
structures collectives propres aux sociétés antiques
(Morris 1987 ; Houby-Nielsen 1996). En dernier lieu,
il s’agit d’appréhender la (ou les) manière(s) dont une
société envisage sa pérennité démographique et son
renouvellement sociopolitique.
Une telle enquête, même limitée aux seules cités de
Grèce orientale archaïque, dépasse évidemment le cadre
nécessairement restreint de cette contribution. Mon objectif n’est ici que d’offrir quelques éléments de comparaison
et certaines remarques de fond à propos de cités qui présentent un matériel souvent très riche d’informations mais
peu exploité pour cause d’éparpillement des données.
La question qui toutefois demeure en toile de fond de la
présente étude est celle des structures d’appartenance,
et plus particulièrement du rôle de l’âge dans leur mise
en place. D’autant que les sociétés grecques archaïques
sont traversées par d’importantes remises en causes et de
violents conflits sur les principes qui régissent ces structures (Duplouy, Mariaud, Polignac 2010). S’agissant des
tombes d’enfants, la question centrale est évidemment
celle de l’âge. L’âge du défunt impose-t-il des objets ou
des assemblages funéraires distincts ? Comment fonctionnent ces choix de mobilier parmi l’ensemble des
pratiques funéraires des pré-adultes ? Que traduisent ces
éventuelles spécificités de la place du critère d’âge dans
la structure sociale ? Est-il un critère essentiel ou secondaire par rapport à d’autres critères comme le genre, le
rang social ou la richesse ? En d’autres termes, si nul ne
doute de l’importance de l’âge dans la société grecque
archaïque, peut-on aller plus loin et déterminer si nous
avons affaire à une société de classe d’âge (parfois aussi
appelée société d’ordre générationnel), c’est-à-dire une
société où l’âge prime sur tout autre critère pour définir la
place de chacun dans la société, ou bien à une société où
l’âge n’est qu’un critère parmi d’autres ?
Pour examiner ces questions, nous présenterons dans
un premier temps les aspects quantitatifs et qualitatifs
des mobiliers funéraires des tombes d’enfants dans les
23
OLIVIER MARIAUD
cités grecques de Grèce orientale. Bien que les données
disponibles soient loin d’être parfaites 2, nous disposons d’un certain nombre de nécropoles ou de groupes
de tombes relativement bien publiés (Assos, Smyrne,
Clazomènes, Samos, Rhodes 3) ainsi que d’une synthèse récente sur l’Ionie (Mariaud 2007). Ces travaux
permettent de replacer les caractéristiques des mobiliers
des tombes d’enfants dans leur contexte funéraire global
avant de discuter, dans un troisième temps, la pertinence
du concept d’« objet marqueur ». Si l’existence d’une
société d’ordre générationnel au sens plein du terme
semble peu probable, l’examen des données disponibles
indique une importance croissante au cours de l’époque
archaïque du besoin de matérialiser l’expression rituelle
de l’âge en tant que rite de passage.
du style « Chèvre Sauvage récent » (tombe 21A) et
un askos à bandes local (tombe 21B ; Tzannes 2004).
Généralement, dans ces cités, la présence de mobilier
accompagnant semble aller de pair avec l’âge (vases les
plus grands) et une certaine élaboration (vases décorés) 5.
Ailleurs, le critère de l’âge semble beaucoup moins
important puisque tombes d’enfants et d’adultes suivent
le même schéma. Ainsi, à Samos au VIe s., sur la centaine
de tombes mises au jour par J. Boehlau dans la nécropole Ouest, seule la moitié était pourvue de matériel
(Boehlau 1898 ; Löwe 1996). Cette proportion est la
même chez les enfants : sur les neuf tombes d’enfants,
quatre possédaient un mobilier composé de cinq à dix
objets (sur un total de onze tombes de cette catégorie), et
une seule, la tombe 40, possédait plus de dix objets (sur
un total de trois tombes de cette catégorie) 6.
Mobiliers funéraires des cités de Grèce
orientale : aspects quantitatifs et qualitatifs
Les cas de Smyrne et de Samos invitent à tenir compte
du facteur chronologique car de manière générale, au
VIe s., les assemblages semblent plus fournis. On observe
ainsi les cas de tombes d’enfants parfois très richement
dotées. Pour reprendre l’exemple de Smyrne, les tombes
à sarcophage dallé qui suivent la ligne de la muraille dans
la première moitié du VIe s. ont livré des bijoux en or
(boucles d’oreilles, astragales) de facture exceptionnelle
(Akurgal 1999). À Assos (Eolide), dans la nécropole
des VIIe-VIe s. étudiée en détail par F. Utili (1999), les
adultes sont incinérés (crémations secondaires) tandis
que les enfants ou adolescents sont inhumés en enchytrismes ou en tombes à cistes. La tombe B-VIII GR7 est
un enchytrisme en pithos de la seconde moitié du VIe s.
(fig. 1). En tout, trente-neuf objets divers composent son
mobilier funéraire, allant de l’aryballe au scarabée en
faïence, en passant par de nombreux éléments de parure
(fibules, perles de collier, bracelets, boucles d’oreilles
et anneaux). Même en considérant la présence de deux
défunts (un enfant de dix ans et un bébé d’un an / un an
et demi), cette tombe est sans doute la plus riche, à la
fois en nombre d’objets et par la diversité de leur typologie. Sur les vingt-trois enchytrismes de la nécropole,
seuls quelques-uns sont aussi largement fournis, mais
ce sont ceux des plus jeunes (Utili 1999, annexe III,
p. 358-360). Il y a là une opposition assez nette avec les
tombes du VIIe s. où c’étaient au contraire les enfants
les plus âgés qui disposaient de mobilier. Dans le même
sens, nous pouvons noter une remarque des fouilleurs
Aspects quantitatifs
Une première remarque s’impose : les tombes d’enfants ne sont pas systématiquement accompagnées de
mobilier. Ainsi, à Smyrne au cours des VIIIe-VIIe s., sur
trente-deux tombes d’enfants (généralement des inhumations en enchytrisme), seuls cinq cas possédaient du
mobilier accompagnant, en l’occurrence une ou plusieurs tasses simples. Le cas de la tombe B1 (nécropole
de la Fontaine) avec ses deux « coupes à oiseaux » datant
du milieu du VIIe s. et dont le pithos funéraire était fermé
par un grand cratère portant une décoration élaborée
figure donc comme une exception à la règle de frugalité
du mobilier accompagnant 4. Ceci est également le cas à
Clazomènes-Monastirakia où seuls les deux plus grands
pithoi, les tombes 21A et 21B, datés de la fin du VIIe s.,
possèdent du mobilier céramique, en l’occurrence une
coupe « à rosette » et les fragments d’une œnochoé
2 La nécropole de Smyrne, explorée dans les années 1950, est
aujourd’hui totalement inaccessible sous les quartiers de la ville
moderne d’Izmir, de même que Priène archaïque sous les limons du
Méandre. Bon nombre de sites attendent encore d’être, du point de vue
funéraire des hautes époques, systématiquement explorés : Erythrées,
Téos, Colophon, Ephèse ou encore Milet, Halicarnasse et Cnide.
3 Et ce malgré l’ancienneté de la fouille (Samos, Rhodes), le
caractère partiel de la publication (Clazomènes) ou les doutes parfois
jetés sur la validité de l’enregistrement des ensembles funéraires lors
de la fouille (Rhodes). Les recherches récentes à Clazomènes sont
celles qui apporteront sans doute l’information la plus riche.
4 Akurgal 1998. Notons qu’un nombre indéterminé de tombes
archaïques ont été (et continuent d’être) mises au jour par les fouilles
récentes de M. Akurgal dans la partie Est de la muraille de SmyrneBayraklı, entre la zone de la Fontaine et les zones A et B. Pour la
nomenclature des zones funéraires de pré-adultes à Smyrne, nous
renvoyons à Mariaud 2006, fig.1.
24
5 Pour Smyrne, cf. tableau 1 p. 178-179 dans Mariaud 2006.
6 Tombes 36, 40 et 45 ; la tombe 45 est attribuée, à tort selon
nous, à « une jeune fille » par l’archéologue allemand alors que la
longueur du sarcophage, un mètre quatre-vingt-cinq, marque très
probablement une tombe d’adulte : Boehlau 1898. Voir également
Löwe 1996 et Mariaud 2007 pour le comptage statistique.
MOBILIER FUNÉRAIRE ET CLASSE D’ÂGE DANS LES CITÉS GRECQUES D’ÉGÉE ORIENTALE À L’ÉPOQUE ARCHAÏQUE
Fig. 1. Assos, mobilier de la tombe B-VIII GR7.
(Utili 1999, p. 132, fig. XVII et p. 336, fig. 51).
de Clazomènes qui signalent que, dans la dernière partie de l’époque archaïque, à partir du dernier tiers du
VIe s., les tombes d’enfants sont plus richement dotées
que les tombes d’adultes qui s’appauvrissent considérablement, se limitant à quelques céramiques simples
(Hürmüzlü 2004, p. 87). Toutefois, la remarque n’est
fondée sur aucune présentation de données statistiques ;
on doit donc s’en remettre au jugement des fouilleurs 7.
Dans l’ensemble donc, du point de vue quantitatif,
deux tendances semblent se dessiner. La première voit
une augmentation de la quantité d’objets déposés dans
les tombes d’enfants entre le VIIe et le VIe s. Comme
nous le verrons ci-après, cette augmentation va de pair
avec une diversification des types de mobilier. On peut
donc parler d’un enrichissement global des mobiliers
funéraires des tombes d’enfants au cours de l’époque
archaïque. Pour autant, cet enrichissement ne concerne
qu’une minorité de tombes. Comme pour les adultes,
environ la moitié des sépultures d’enfants sont, au VIe s.,
généralement dépourvues d’objets, ce qui rend d’ailleurs d’autant plus marquantes les tombes très riches.
En revanche, si au VIIe s. le nombre d’objets accompagnant est proportionnel à l’âge du défunt, cette « règle »
ne semble plus respectée dans la seconde moitié de
l’époque archaïque où les tombes pauvres ne sont plus
systématiquement des tombes d’enfants.
7 C’est le cas également pour les nécropoles archaïques de
Rhodes, notamment celle de Macrì Langoni à Camiros ; cf. Gates
1983, n.131 p. 69.
Aspects qualitatifs
Au VIIIe s. et jusqu’au milieu du VIIe s., on observe
dans les cités de Grèce orientale une nette prédominance
des vases à boire/à verser dans la composition des mobiliers funéraires 8. Sans surprise, durant cette période, les
tombes d’enfants possèdent elles aussi un mobilier funéraire limité à de simples coupes ou tasses 9. A partir du
milieu du VIIe s., on note l’apparition des vases à parfum
parmi ces assemblages. D’abord timide, cette tendance
devient, au fil du temps, de plus en plus marquée, et
ce jusqu’à la fin de l’époque archaïque où les vases à
parfum constituent parfois l’essentiel du mobilier funéraire aussi bien pour les adultes que pour les enfants.
Ainsi, tandis qu’à Clazomènes - Akpınar, la tombe 175
datée des années 650 montre un relatif équilibre entre
vases à boire et vases à parfum (Hürmüzlü 2004, p. 82),
les assemblages des tombes de la nécropole de Samos
- Klima sont en grande majorité composés de vases à
parfum, essentiellement des aryballes (fig. 2a-e) 10.
Cette introduction du parfum parmi les mobiliers
funéraires de Grèce orientale à partir du milieu du
VIIe s. participe d’un mouvement de diversification
8 Mariaud 2007. La tendance prévaut également aux époques
antérieures (PG-GM), mais elle s’accompagne d’une présence rare
mais notable d’éléments de parure très riches (boucles d’oreille
ou anneaux en or par exemple) qui sont quasi absents par la suite
jusqu’au VIe s.
9 Cf. l’exemple de Smyrne évoqué ci-dessus.
10 AD 37 (1982) Chron. B’2, p. 351, fig. 232β-ε et 233 α-β.
25
OLIVIER MARIAUD
a
b
c
d
e
f
Fig. 2. Samos, nécropole de Klima. Aryballes corinthiens (a-c) et laconien (d), aryballe en frome de coquillage (e) et skyphos (f)
trouvés dans les tombes d’enfants (fin VIIe-VIe s.) (AD 37 (1982) Chron. B’2, fig. 232β-ε et 233 α-β).
26
MOBILIER FUNÉRAIRE ET CLASSE D’ÂGE DANS LES CITÉS GRECQUES D’ÉGÉE ORIENTALE À L’ÉPOQUE ARCHAÏQUE
Fig. 3a. Ialysos. Terres cuites de la tombe CLXXXIX. (Jacopi 1929, p. 200, fig. 194).
Fig. 3b. Ialysos. Boucle d’oreille de la tombe CLXXXIX.
(Jacopi 1929, p. 200, fig. 195).
typologique des objets présents dans la tombe commun
aux sépultures d’adultes et d’enfants de cette région
jusqu’aux débuts de l’époque classique. A Clazomènes,
une inhumation d’enfant en sarcophage de terre cuite
datant du dernier quart du VIIe s. contenait une coupe
ionienne à rosette et « de nombreux effets personnels en
bronze parmi lesquels des boucles d’oreilles et un bracelet » (Hürmüzlü 2004, p. 85), alors que la tombe 192
contemporaine, dans la même nécropole mais une crémation d’adulte cette fois, a livré un rhyton-askos ionien,
trois aryballes et un alabastre corinthien et deux boucles
d’oreilles en argent (Hürmüzlü 2004, p. 84).
Cette diversification s’intensifie à partir du milieu
du VIe s. avec la multiplication de terres cuites, d’exotica, et de manière générale de petits éléments de parure
(boucles d’oreilles, bracelets, anneaux, fibules). Aussi
la tombe 44 de la nécropole Ouest à Samos (inhumation en sarcophage 1,77m) possède-t-elle un mobilier
composé d’un aryballe glaçuré, d’un petit vase à parfum
plastique en forme du dieu égyptien Bès, d’une tasse et
d’une coupe plate miniatures et d’une terre cuite figurant un couple assis (Boehlau 1898, p. 45 et pl. VIII.1,
Löwe 1996, p. 58-60 et pl. 9). A Ialysos (Rhodes), un
enchytrisme d’enfant en stamnos placé dans une tombe
à fosse couverte par des dalles placées en double pente
était accompagné d’un riche matériel comprenant plusieurs statuettes en terre cuite (fig. 3a), une protomé
féminine (fig. 3a), un anneau d’or, une paire de boucles
d’oreilles ouvragées en or (fig. 3b) et un pendentif en
forme d’amphorisque (Tombe CLXXXIX : Jacopi 1929,
p. 198-199 et fig.194-195 p. 200). A la même époque,
des tombes d’adulte contenaient également un matériel
riche et varié (Tombe CLII : Jacopi 1929, p. 153-156
et fig.148-149). Par ailleurs, comme nous l’avons vu
précédemment, cette diversification ne concerne que la
minorité de tombes possédant beaucoup de matériel, les
deux mouvements étant concomitants.
Il semble donc qu’en Grèce orientale, si l’on se place
d’un point de vue global, le mobilier des tombes d’enfants
suit de près l’évolution qualitative de celui des tombes
d’adultes par l’intégration puis la prédominance des vases
à parfum, par la diversification des types et des champs
culturels des objets accompagnants, en même temps
qu’une différenciation plus forte entre une minorité de
tombes riches, voire très riches (métaux précieux), et une
large majorité de tombes sans ou avec très peu de matériel.
27
OLIVIER MARIAUD
Les mobiliers et leurs contextes
Types de traitement funéraires des enfants
À ce jour, il n’existe pratiquement aucun cas de
crémation de pré-adultes attestée en Grèce orientale à
l’époque archaïque 11. Les enfants semblent toujours
inhumés, même lorsque chez les adultes la crémation est
le rite exclusif 12. En revanche, les types d’inhumation
sont variés. L’enchytrisme domine largement les pratiques usuelles, mais on trouve également des tombes à
fosse simples, des tombes à ciste et des inhumations en
sarcophage (en terre cuite ou en pierre).
Si l’enchytrisme est très présent, est-il exclusif aux
enfants ? Il existe quelques cas d’inhumations en pithos
de grande taille (plus d’1,90 m), ce qui, si l’on suit le
principe d’adéquation entre taille du défunt et taille du
contenant 13, laisse penser à un adolescent parvenu à
maturité osseuse ou à un adulte. Plusieurs cas sont documentés pour la Grèce de l’Est, notamment celui de Smyrne
(Tombe B1, nécropole de la Fontaine ; Akurgal 1998,
1999) et celui de Clazomènes-Monastirakia (Pithoi
21/A et 21/B ; Tzannes 2004). A Rhodes, Ch. Gates
relève quatre cas d’adultes inhumés (généralement en
position recroquevillée) dans des pithoi monumentaux à
décors à relief 14. Mais des pithoi similaires de plus petite
taille sont utilisés pour des adolescents ou des adultes
(Gates 1985, p. 35 et n. 90, avec références). Dans l’en11 Deux tombes de Vroulia (Rhodes) sont considérées comme des
incinérations d’enfants : tombe 3 et 29 (Kinch 1914, p. 53, 65-66
[t. 3] et p. 49, 85 [t. 29] ; Morris 1992 ; Sørensen 2002). Mais il
s’agit de fouilles anciennes et les remarques du fouilleur ne sont pas
toujours claires. Même avérées, ces incinérations seraient dans tous
les cas statistiquement peu significatives sur l’ensemble des tombes
archaïques de Grèce orientale.
12 Dans les nécropoles sans solution de continuité, le passage de la
crémation à l’inhumation se produit entre le dernier tiers du VIIe s.
(Clazomènes : Hürmüzlü 2004) et le milieu du VIe s. (Rhodes : Gates
1983).
13 Principe qui vaut à la fois lorsque les corps sont en position
allongée, comme c’est le cas dans la plupart des nécropoles
considérées ici, mais aussi lorsque les individus sont placés en position
recroquevillée, comme à Cos au premier Âge du Fer (Morricone
1978), où des sépultures d’adultes ne font pas plus d’1,60 m tandis que
des sépultures d’enfants mesurent environ 0,50-0,70 m. Comme tout
principe, celui de la proportionnalité entre taille du défunt et dimension
de la sépulture connaît ses exceptions. Pour ne citer qu’un exemple
dans le cas de Grèce orientale archaïque, nous pouvons mentionner
celui de la tombe 29 à Vroulia (Rhodes), qui est une fosse de 2,17 m
dans laquelle a été déposée l’urne cinéraire de l’une des deux seules
crémations d’enfants de la nécropole. Il faut dire que la tombe 29 est
exceptionnelle à plus d’un titre. Cf. Morris 1992, p. 178-180.
14 Gates 1983, p. 35 : Ialysos, tombe LVIII (ASAtene 6/7, p. 314316 et fig. 210 ; long. pithos = 1,91 m) ; Ialysos-Drakidis, tombe
LXXIX (Jacopi 1929, p. 116-117 ; long. pithos = 2,05 m) ; CamirosMacrì Langoni, tombes CLXXI et CLXXV (Jacopi 1931, p. 295-297
et 304-305 ; long. pithoi = 2,05 m et 1,90 m).
28
semble de ces cas, il est important de relever que l’âge
n’est pas fixé par étude ostéologique.
Le seul type de contenant funéraire qui, à l’époque
archaïque, semble réservé aux enfants est la tombe
à ciste. Les exemples les plus significatifs sont ceux
bien datés de Samos - Klima (fin VIIe-VIe s.) et de
Clazomènes-Akpınar (tombe 175 ; dernier tiers du
VIIe s.) 15. Il est possible que la tombe à ciste soit l’apanage des enfants depuis les débuts du Ier millénaire,
même s’il reste difficile, compte tenu de l’inégale qualité
de la documentation, d’être totalement affirmatif en la
matière 16. Quant à déterminer si ce caractère recèle une
quelconque distinction valorisante, à l’instar de l’Argolide géométrique où les tombes à cistes (d’adultes) sont
parfois associées aux agathoi doriens 17, la plupart des
cas de Grèce orientale, isolés, numériquement peu nombreux et surtout sans caractère distinctif majeur autre
que celui de la structure de la tombe, ne permettent pas
de répondre à cette question.
D’autre part, la fréquente déposition des enfants
en vases plus ou moins communs a pu laisser penser à
un moindre investissement pour ces tombes. Plusieurs
exemples des nécropoles grecques d’Egée orientale
prouvent le contraire. Aussi l’amphore de la tombe α à
Smyrne (aire D ; fin VIIIe-début VIIe s.) possède-t-elle
une iconographie relativement élaborée (scène de
pêche ?) à une époque où celle-ci est rare dans les
tombes (Mariaud 2006). Autre exemple, celui des sarcophages peints de Clazomènes. Si ces cercueils richement
décorés sont principalement réservés aux adultes, on
compte un certain nombre de petits sarcophages sans
nul doute destinés à de jeunes, voire très jeunes sujets 18.
L’étude de M.-C. Tzannes (Tzannes 2004) montre une
répartition par taille des sarcophages de la nécropole de
Monastirakia (Clazomènes) avec une majorité située
entre 55 et 90 cm d’un côté et 1,80 m et 2,15 m de l’autre.
Selon le principe de la proportionnalité taille/âge déjà
évoqué, les tailles des sarcophages indiquent que non
15 Mariaud 2007, p. 69-70. D’autres exemplaires de tombes à
cistes préclassiques sont documentés (Smyrne, Chios), mais l’état de
la documentation ne permet pas de déterminer précisément ni la date
de la sépulture ni la tranche d’âge du défunt.
16 Tombes à ciste PG/GA de Samos (AD, 32, 1977, p. 303 et pl. 1
p. 302), PG récent de Clazomènes-Limantepe (Hümüzlü 2005, fig.3
p. 64 et KST 25.2 [2003], fig. 3 p. 108), GR de Samos - Gymnase
(Vigliaki-Sophianou 2004, fig. 10 et 11) et surtout GM/R d’Iasos
(Berti 2007 mentionne vingt-neuf tombes à cistes, toutes comprises
entre 0,30 m et 1,32 m).
17 Hägg 1983, suivi par Foley 1998 pour la valeur ethnique et
Morris 1987, p. 183-184 pour l’aspect social.
18 La possibilité que les plus petits sarcophages aient eut une
fonction d’ostothèque, si elle n’est pas à exclure a priori, demanderait
à être vérifiée par des données précises. En attendant, l’hypothèse du
sarcophage pour enfant est encore la plus simple.
MOBILIER FUNÉRAIRE ET CLASSE D’ÂGE DANS LES CITÉS GRECQUES D’ÉGÉE ORIENTALE À L’ÉPOQUE ARCHAÏQUE
seulement des enfants, mais aussi au moins un adolescent
et surtout plusieurs nouveau-nés (0-1 an), pouvaient
recevoir une sépulture en sarcophages clazoméniens
puisque les tailles allant de cinquante à quatre-vingt-dix
centimètres correspondent à des individus avant leur
première année de vie. Cela montre que l’investissement
consenti par l’octroi d’une tombe en sarcophage peint
n’est pas réservé aux seuls adultes, ni même à une catégorie d’enfants particulière, par exemple les plus âgés.
Ce phénomène est très intéressant car il souligne
que le choix du contenant ne suit pas nécessairement
une progression par âge. A partir du VIe s. au moins, et
peut-être sans doute déjà avant, l’âge ne constitue donc
pas un critère primordial universel. Si certains groupes
semblent en faire un facteur important, d’autres en
revanche tendent à en diminuer la portée, et ce d’autant
plus aisément que le passage des adultes à l’inhumation dans le courant de l’époque archaïque 19 a levé un
obstacle majeur en rapprochant les modes de traitement
funéraire des deux classes d’âge. Il montre aussi que
l’investissement funéraire peut éventuellement s’exprimer ailleurs que dans le mobilier.
Matérialisation
À notre connaissance, aucune trace de monumentalisation attachée à une tombe d’enfant n’a été mise au
jour. La présence de pierres plus grosses dans le calage
de certaines fosses où sont déposés des enchytrismes
peut éventuellement s’interpréter comme un marquage
extérieur, mais celui-ci demeure anonyme et probablement simplement à vocation de signalement, pour éviter
le recoupement de sépultures. Par ailleurs, parmi les
nombreuses inscriptions funéraires du VIe s. 20, aucune
ne peut être attachée à une sépulture de pré-adulte. Dans
l’état actuel de la documentation, l’anonymat est donc
de mise dans les pratiques funéraires liées aux enfants,
ce qui correspond aux pratiques de l’époque archaïque
ailleurs en Grèce, au moins jusqu’aux dernières décennies du VIe s. (Oakley 2003, p. 180).
Localisation
Pour les cités de Grèce orientale, la règle en matière
de topographie des tombes d’enfants veut que cellesci soient plus ou moins proches des tombes d’adultes,
en tous cas dans les mêmes aires funéraires. L’exemple
19 Supra n. 12.
20 Il n’existe pas d’inscription funéraire datable du VIIe s. en Ionie
ni dans les grandes métropoles de Grèce orientale. Sur la place de
l’écrit et l’alphabétisation des nécropoles d’Ionie, voir Mariaud
2007, p. 286-298.
le plus abouti est sans doute celui de la nécropole de
Clazomènes-Akpınar pour laquelle les fouilles ont mis
en évidence l’existence d’au moins douze enclos funéraires où tombes d’adultes et d’enfants contemporaines
voisinent les unes avec les autres (Hürmüzlü 2005).
Autre exemple, celui de la nécropole de Macrì Langoni
à Camiros (Rhodes) où sépultures d’adultes et d’enfants
sont étroitement enchevêtrées (Jacopi 1931, plan hors
texte ). À Vroulia (Rhodes), parmi les sept groupes funéraires délimités par K. Kinch, seul un groupe (groupe
VI) ne contient aucune tombe d’enfant tandis qu’un
autre (groupe IV) contient dix-huit sépultures d’enfants
pour seulement sept d’adultes 21. Mais sur l’ensemble de
la nécropole, l’équilibre adultes/enfants domine, avec un
âge moyen au décès de 25-30 ans (Morris 1992, p. 183).
Dans les cas où les aires funéraires sont moins claires,
surtout lorsque les fouilles ont une emprise au sol limitée, la présence d’enfants est souvent attestée, même si
les proportions sont parfois inégales. Par exemple, sur
les vingt-deux tombes archaïques (VIe s.) découvertes
sous l’agora supérieure (Staatsmarkt) à Ephèse, seules
deux sont des tombes d’enfants ou d’adolescents 22.
Dans l’ensemble, les cités de Grèce orientale
connaissent assez peu d’exemples d’aires funéraires spécialisées. Si nous laissons de côté la (trop ?) remarquable
découverte d’Astypalaia (Michalaki-Kollia 2010), les
seules aires funéraires spécialisées, c’est-à-dire exclusivement ou majoritairement composées de sujets
pré-adultes 23, sont celles de Samos-Klima et du périmètre
urbain de Smyrne. La première, déjà évoquée, regroupe
trente-trois sépultures datant des années 650-530, dont
vingt-et-une tombes à ciste et douze enchytrismes. La
plupart sont des tombes d’enfant ou d’adolescent pour
seulement deux tombes possiblement adultes 24. Cette
21 Kinch 1914, repris dans Morris 1992, p. 180 fig. 41. Ces groupes
sont contestés par Sørensen 2002, mais certains de ses arguments
ne sont eux-mêmes pas exempts d’erreurs. Dans tous les cas,
l’hypothèse la plus probable est que ce sont les tombes d’adultes, des
crémations primaires nécessitant une mise en place topographique
très contraignante, qui constituent les noyaux de groupements
funéraires plus ou moins formels, et que les enchytrismes d’enfants
s’intègrent dans les espaces interstitiels entre ces groupes. Ceci
explique certaines difficultés d’attribution ou d’analyse de la
composition des groupes.
22 Tombes 8 (long. : 1,28 m) et 11 (long. :1,59 m) ; voir Mariaud
2007 annexe 3 avec référence à Langmann 1967 et aux rapports de
fouilles intermédiaires.
23 Morris 1987 considère une aire funéraire de type A (adulte)
lorsque le ratio adulte/enfant est supérieur ou égal à 3/2, ceci
pour atténuer les éventuelles distorsions dues à la qualité de la
documentation.
24 Tombes 14 et 15 : environ 1,90 m de longueur. Ces dimensions
peu précises ont été calculées à partir de l’échelle du plan et sont
donc sujettes à caution, d’où notre prudence quand à leur attribution
à des sujets adultes.
29
OLIVIER MARIAUD
petite nécropole est située tout près de l’Héraion, le long
de la route qui mène à la ville. Concernant les tombes
du périmètre urbain à Smyrne (tombes de la Muraille,
tombes de la Fontaine), nous manquons de détails sur
leur répartition topographique. Si certaines semblent
groupées (tombes de la Muraille), formant peut-être une
petite aire funéraire spécialisée, d’autres (tombes du
temple d’Athéna, de la Fontaine,…) paraissent dispersées dans les espaces interstitiels entre les maisons à des
époques où le maillage urbain de Smyrne est plus lâche
(Mariaud 2006 ; Mazarakis Ainian 2010). Dans tous les
cas, ces tombes se situent à l’écart des tombes d’adultes
de la nécropole formelle près du fleuve 25.
L’examen rapide de ces autres critères liés aux tombes
d’enfants (le rituel, les marqueurs ou la topographie)
permet de mettre en relief le rôle de l’âge dans les pratiques funéraires et le poids relatif des mobiliers dans
l’expression ritualisée de celui-ci. L’âge apparaît comme
un facteur discriminant important, surtout dans le choix
du mode de traitement rituel (crémation-inhumation) ou
dans celui de la présence ou non d’un marqueur de tombe.
Mais il n’est pas le seul. D’autres facteurs sont à l’œuvre,
probablement liés au statut social de la famille.
Il n’empêche, l’expérience montre qu’un objet,
même isolé, peut parfois modifier l’interprétation d’un
ensemble funéraire. Ce sont généralement des objets
porteurs d’une symbolique forte, mais dont l’analyse
se révèle parfois périlleuse. Pourtant, par leur puissance
évocatrice, ces objets-marqueurs doivent également
retenir notre attention. De tels objets-marqueurs existet-ils dans les mobiliers funéraires des cités de Grèce
orientale archaïque ?
Des objets marqueurs ?
Parmi les objets qui peuvent être perçus comme des
marqueurs d’âge, nous considérerons successivement les
vases « miniatures », les vases à bec dits « biberons », les
masques et protomés de terre cuite, et certaines figurines
de terre cuite.
La question des vases miniatures et des vases à bec
Qu’ils soient de formes ouvertes ou fermées, les
vases de petites, voire très petites dimensions ont été
découverts en quantité notable dans les tombes de Grèce
orientale, mais ils sont généralement concentrés dans un
25 Explorée de manière extensive et jamais publiée intégralement,
cette nécropole ne semble pas avoir contenu de tombes d’enfants en
enchytrisme. Mais nous ne disposons pas de détails suffisants pour
conclure à une répartition topographique stricte entre adultes et enfants.
30
petit nombre de tombes. À Samos, sur la cinquantaine de
tombes de la nécropole Ouest qui contiennent du matériel, seules cinq tombes ont livré de tels vases 26. Sur ces
cinq tombes, trois sont des tombes d’enfants ou d’adolescents (Tombes 22, 40 et 44) et deux sont des tombes
d’adultes 27. Les six autres tombes de pré-adultes en sont
dépourvues. Un autre exemple provient de la nécropole
de Marmaro, à Ialysos (Rhodes). Il s’agit de la tombe 42
qui est la seule des quatre-vingt-trois tombes composant
cette nécropole ayant livré des vases de petites dimensions, notamment une olpé, un cratérisque et un lécythe
(respectivement 7 cm, 8 cm et 9 cm) dans un ensemble
mobilier particulièrement riche. Or la taille de la tombe
(2,20 m) en fait assurément une tombe d’adulte (Laurenzi
1936, p. 160-161 et fig. 147-148). Ces quelques exemples
suffisent à montrer qu’à elle seule, la dimension réduite
des objets ne suffit pas à caractériser une tombe comme
étant celle d’un enfant. Difficile également de soutenir
l’idée que ces vases puissent représenter des éléments
de mobilier intrinsèquement liés au monde de l’enfance,
comme cela est parfois avancé, notamment par l’emploi
du qualificatif de « dînette », laissant penser à des jouets
dont on voit mal l’utilité (symbolique ou non) dans des
tombes d’adultes.
Le cas des vases à bec, souvent qualifiés de « biberons », est très proche de celui des vases miniatures. A
ce jour, le plus ancien exemplaire de vase à bec dans une
tombe de Grèce orientale provient d’Ephèse, où un enchytrisme d’Ayasoluk datant de la première moitié du VIIIe s.
ne contenait qu’une tasse et une petite cruche pourvue
d’un bec verseur (fig. 4a ; Içten, Evren 1998). De nombreux autres exemplaires ont été mis au jour, aussi bien du
VIIe s. (fig. 4b, 4c) que du VIe s. (fig. 4d) 28. Sur les cinq
sépultures retenues ici comme exemple, il s’avère que
trois (Ephèse, Chios et Samos) sont des tombes d’adultes,
une (Clazomènes) 29 est une tombe d’enfant, la dernière
(Smyrne) n’étant identifiée comme tombe d’enfant que
sur la foi de la dimension réduite des objets et de la présence du bec sur l’œnochoé.
26 Tombe 22 : un dinos ; tombe 36 : deux œnochoés (5,4 et
6 cm), un petit lydion (5,5 cm), un amphoriskos, un hydriskos et un
aryballe ; tombe 40, l’une des plus riches de la nécropole, contenait
deux kotyles-skyphoi (3,5-4 cm), un hydriskos (8,8 cm), deux dinoi
(2 cm), une tasse et quatre œnochoés (3,8-6,6 cm) ; tombe 44 : deux
coupes (3,8-9 cm) et deux plats (4,5 cm de diam.) ; tombe 41 : un
cratère (14 cm). Cf. Löwe 1996 et Mariaud 2007, annexe 2.
27 Tombes 36 (sarcophage dallé long. : 1,95 m) et 41 (sarcophage
monolithe long. : 1,90 m).
28 Clazomènes-Yıldıztepe : Tombe 82/9 : http://www.klazomeniaka.
com/11-45resim.html ; chôra de Smyrne : Schiering 1968 ; ChiosRizari (tombe à crémation, fin VIIe s.) : Lemos 1997, fig. 14 p.81 ;
Samos, nécropole Ouest, tombe 48 : Boehlau 1898 et Löwe 1996.
29 Un sarcophage d’enfant en terre cuite ; cf. Hürmüzlü 2004 et 2005.
MOBILIER FUNÉRAIRE ET CLASSE D’ÂGE DANS LES CITÉS GRECQUES D’ÉGÉE ORIENTALE À L’ÉPOQUE ARCHAÏQUE
a
b
c
d
Fig. 4. Vases à bec de Grèce de l’Est :
a) Ephèse (Ayasoluk) première moitié du VIIIe s. (Içten, Evren 1998, p. 100, fig. 10a).
b) Smyrne (VIIe s.), Staat.Mus. Berlin, Inv. 1966.25 (Schiering 1968, fig. 4).
c) Chios-Rizari (fin du VIIe s.), Chios Mus. Inv. 3275 (Lemos 1997, p. 81, fig. 14).
d) Samos, nécropole Ouest, tombe 48 (seconde moitié du VIe s.) (Boehlau 1898, pl. VIII-14).
31
OLIVIER MARIAUD
Cet aperçu montre que, pour ce qui est des cités
grecques orientales à l’époque archaïque, ces objets
(vases de petite dimension, vases à bec) ne sont pas exclusifs aux tombes d’enfants. On en trouve indistinctement
dans les tombes de petites ou de grandes dimensions qui
doivent correspondre aux tombes d’enfants et d’adultes.
La notion même d’objet marqueur doit donc être amendée si l’on souhaite en conserver l’usage. Par exemple,
en l’absence d’autres données, il n’est pas raisonnable
d’inférer le caractère immature du défunt sur la seule foi
de la présence d’un vase miniature ou d’un vase à bec,
comme le fait par exemple W. Schiering dans le cas des
vases funéraires de la chôra de Smyrne 30.
Toutefois, la notion de marqueur d’âge peut se révéler
utile dans certains cas lorsque l’on accepte d’abandonner
l’ambition de vouloir faire correspondre l’identité biologique du défunt avec les objets qui l’accompagnent sur le
seul critère de la forme de ces derniers. Car les exemples
choisis dans les mobiliers archaïques de Grèce orientale montrent que la présence d’objets marqueurs d’un
statut lié à l’âge peut être liée au caractère immature du
défunt, mais peut aussi en être indépendante. Ils nous en
apprennent tout autant sur le rôle de l’âge dans la société.
Les protomés, les masques et autres terres cuites :
le rite de passage
Le cas des protomés, masques et autres figurines de
terre cuite est plus ambigu car il n’est pas immédiatement associé aux tombes d’enfants. C’est pourtant là,
nous semble-t-il, que la notion d’objet-marqueur prend
le plus de sens.
Il existe de nombreuses tombes dont le mobilier funéraire contient des protomés et masques de terre cuite, sans
pour autant que cela suffise à en faire des objets courants.
Leur répartition semble suivre une progression du Sud au
Nord. A Ialysos (Rhodes), au moins six tombes ont livré
des protomés féminines datées de la fin du VIe s., dont
au moins trois sont des tombes d’enfants 31. Toujours à
Rhodes, dans la nécropole de Macrì Langoni à Camiros,
au moins six tombes également possédaient un ou deux
exemplaires, trois seulement étant identifiées comme
des tombes d’enfants 32. À Samos, sur une cinquantaine
30 Schiering 1968. Les trois vases que l’auteur publie sont en
fait des découvertes semi-clandestines de provenance funéraire, et
que l’auteur attribue, à partir du caractère des objets (l’œnochoé à
bec présentée fig. 4b, à laquelle s’ajoute un plat miniature et une
œnochoé de petite dimension).
31 Jacopi 1929 : tombes XCI (enfant), CLXXXIX (enfant), CICIV
(adulte). Laurenzi 1936 : Sans Giorgio - tombe 7 (enfant), Marmaro
- tombes 8 (long. non précisée) et 78 (adulte).
32 Jacopi 1931 : tombes XXIV (enfant), XXV (adulte), XXXIII
(adulte), LXXV (adulte), CXXXII (enfant), CXXXIII (enfant). La
32
Fig. 5. Samos, nécropole Ouest, tombe 48. Masques en terre cuite, fin du
VIe s. (Kassel Mus. Inv. 52 [Silène] et 51 [démon]), respectivement 17,7 et
20 cm (Löwe 1996, p. 19 , fig. 12).
de tombes avec mobilier de la nécropole Ouest, seules
deux sépultures comprenaient masques ou protomés
(tombes 48 et 50), l’une d’entre elles (tombe 50) étant
d’une identification peu assurée, la seconde étant un
sarcophage en poros de 2,10 m de longueur appartenant
certainement à un sujet adulte (fig. 5 ; Boehlau 1898,
Löwe 1996, Mariaud 2007, Mariaud 2012). En remontant vers le Nord, les traces de cette pratique sont encore
plus incertaines 33. Il semble donc que, dans l’état actuel
des connaissances, la présence de masques et/ou de protomés dans les tombes soit plus particulièrement propre
aux cités de Grèce de l’Est méridionale 34.
Mais surtout, outre la présence conjointe de tombes
d’adultes et d’enfants dans l’échantillon concerné, on
peut constater que la proportion de sépultures possédant
de tels objets demeure très faible. Pour ne reprendre que
les exemples de Rhodes et de Samos, pour la première,
à peine une douzaine de tombes sur plusieurs centaines,
tandis que pour la seconde, la proportion tombe à 2 %.
Protomés et masques funéraires sont donc un phénomène limité à la fois dans le temps (VIe s.), dans l’espace
(Grèce orientale méridionale) et dans le nombre de
sépultures concernées.
liste n’est pas exhaustive ; cf. aussi les tombes publiées par Salzmann
1875, pl. 12-13.
33 Clazomènes : Croissant 1983, p.161 et suiv., n° 99 et p. 136
n° 72 (les protomés de Clazomènes ont été retrouvées dans une zone
funéraire mais hors contexte) ; Chios : R.M. Cook mentionne bien
l’existence à Chios d’un masque retrouvé dans une des tombes à
tumulus fouillées par J. Kourouniotès et daté v. 500, mais celui-ci
n’est pas publié ni mentionné dans le rapport de fouilles de 1915.
Cook 1981, p.163
34 L’absence de ces masques et protomés à Milet n’est pas
nécessairement significatif compte tenu du très faible nombre de
tombes archaïques découvertes (six tombes). Mariaud 2007, annexe 1.
MOBILIER FUNÉRAIRE ET CLASSE D’ÂGE DANS LES CITÉS GRECQUES D’ÉGÉE ORIENTALE À L’ÉPOQUE ARCHAÏQUE
Fig. 6. Ialysos, tombe CXCIV.
Pinax de terre cuite représentant
une femme accouchant (?)
(Jacopi 1929, p. 204, fig. 200).
Il est vrai que ces pièces sont plus fréquemment
découvertes dans les dépôts votifs des sanctuaires.
De nombreuses études, à commencer par celle de
Fr. Croissant (1983), ont montré l’importance de la diffusion et de l’évolution stylistique de ces objets, tandis que
d’autres ont insisté sur leur rôle dans les rites de passages
liés aux classes d’âges (Vernant 1984 ; Polignac 1995).
Le parallèle qui peut être fait entre les deux contextes
offre peut-être la clé de lecture expliquant la présence de
ces objets en milieu funéraire. Que ce soient en effet les
protomés de Sélinonte (Wiederkher Schuler 2004) ou les
masques d’Orthia (Sparte : Dickins 1929 ; Vernant 1984),
tous marquent l’idée d’un abandon d’un statut antérieur
pour en gagner un nouveau. Cette classe d’objet s’intègre
dans des rituels initiatiques marquant généralement le
passage de l’âge de l’enfance à celui de l’adulte.
Évidemment, il est délicat de chercher à plaquer
telle quelle cette interprétation au contexte funéraire.
L’exemple de Sélinonte, où les rares protomés trouvées
en contexte funéraire ne semblent pas correspondre
aux types retrouvés en grand nombre au sanctuaire
de Déméter Malophoros (Wiederkehr Schuler 2004,
p. 256), engage effectivement à la prudence, encore
que la différence typologique n’implique pas nécessairement un rituel sous-jacent fondamentalement distinct.
De même, le fait que nombre de ces masques et protomés soit retrouvés dans des tombes dont la taille semble
indiquer des tombes d’adultes ou d’adolescents âgés
montre que le but n’est pas nécessairement, même si la
chose n’est pas exclue, de vouloir compléter une initiation qui aurait été interrompue par la mort. Les données
anthropologiques précises font ici cruellement défaut car
elles pourraient nous permettre de déterminer avec plus
de précision si ces objets sont attachés à une catégorie
d’âge plus précise, par exemple celle des adolescents.
Fig. 7. Samos, nécropole Ouest, tombe
21. Figurine de terre cuite
(‘petit démon ventru’) (Löwe 1996, fig. 1).
Néanmoins, il faut souligner que, dans les deux cas,
il s’agit d’un rituel à vocation transitionnelle (rite de
passage), ce qui tendrait à faciliter le glissement de la
sphère cultuelle à la sphère funéraire. S’agissant des
masques samiens et spartiates, le glissement est d’autant plus probable que les deux cités ont tissé des liens
étroits au cours du VIe s. qui s’affirment dans plusieurs
domaines de la vie politique et sociale (Cartledge 1982).
Et sans doute dans le domaine rituel également. J’ai
proposé dans une précédente étude (Mariaud 2012) de
comprendre la présence des masques dans certaines
tombes samiennes par la volonté de quelques familles
de marquer, d’une manière ou d’une autre, l’appartenance du défunt à la sphère de ceux qui pratiquent ce
genre d’initiation généralement réservée à l’élite sociale
et culturelle de la cité, à l’instar de l’agôgè spartiate. Le
fait que cette « influence » spartiate soit limitée à la fois
dans le temps et dans le spectre social de la cité explique
sans doute pourquoi on a retrouvé si peu de ces masques
dans les tombes ou dans les dépôts votifs 35.
De manière plus générale, on remarque que les mobiliers funéraires de la fin de l’époque archaïque regorgent
de petits objets ayant de près ou de loin trait à cette notion
de rite de passage. L’un des exemples le plus explicite
35 Il faut également noter ici la possibilité d’une explication d’ordre
démographique : si les masques sont associés à la catégorie d’âge
des adolescents, leur taux naturel de mortalité relativement bas par
rapport à d’autres catégories d’âges (notamment les deux extrêmes
du spectre démographique, les très jeunes et les plus âgés) explique
sans doute une faible représentativité dans le recrutement des
nécropoles, et donc participerait à la rareté objective de la possibilité
de présence des masques dans les mobiliers. Cependant, le fait que de
nombreux masques ou protomés sont associés à des tombes de jeunes
enfants exclut d’en faire l’argument principal. Par ailleurs, les deux
explications peuvent tout à fait se combiner sans s’exclure.
33
OLIVIER MARIAUD
est celui de la tombe CXCIV d’Ialysos (Jacopi 1929,
p. 204-206), datant probablement de la fin du VIe s. Cette
tombe d’adulte (long. 1,90m) contenait un mobilier
comprenant notamment un masque en terre cuite et un
pinax figurant une femme accouchant (? fig. 6). Un autre
pinax de même type à été découvert dans une tombe de
Camiros cette fois (Salzmann 1875, pl. 22). Bien sûr, la
symbolique rituelle n’est plus strictement celle de l’âge
puisqu’elle relève aussi de la fécondité. Mais la volonté
de faire référence, par les objets déposés, à un rite de
passage important lié au monde de l’enfance demeure
très nette. Autre exemple, celui des petits personnages
ventrus (fig. 7) dont les identifications, aussi variées que
le permet l’anthropomorphisme et le caractère ouvert
et perméable (du moins dans ses manifestations matérielles) de la religion grecque, semblent relier au monde
de l’enfance et de la protection de l’enfant 36. Là encore,
le fait que ces figurines de terre cuite n’aient pas été
découvertes nécessairement dans des tombes d’enfants
laisse à penser à une évocation plus large du phénomène
de rite de passage et des classes d’âge. Tout comme les
masques samiens, elles sont le marqueur nouveau d’une
volonté de distinguer un stade d’âge à travers le choix du
mobilier funéraire.
D’autres petits objets pourraient être évoqués ici
comme les petits kouroi en terre cuite, les astragales ou
bien encore des vases en faïence égyptisants en forme
de divinité apotropaïque. Avec les objets précédemment
évoqués, ils participent d’un mouvement de fond de
diversification des mobiliers funéraires de Grèce orientale
à partir du début du VIe s. Aucun d’eux ne peut résumer à
lui seul le sens que l’on donne aux assemblages funéraires.
Pris ensembles, ils soulignent cette volonté de marquer de
manière aussi constante que variée la notion de passage
et de rite de passage. Or tout le rituel funéraire en est déjà
imprégné puisque c’est là sa vocation première. Cette
redondance peut, selon moi, s’expliquer par la référence à
la symbolique de l’âge, qui viendrait en quelque sorte se
surajouter aux autres symboliques rituelles qui traversent
tout geste funéraire. Et le fait que les tombes qui en
sont pourvues ne soient pas toutes des tombes d’enfants
importe finalement moins que le mode de fonctionnement, la dynamique rituelle qu’elles sous-tendent, et dans
lesquelles l’âge semble prendre une nouvelle place.
36 Mariaud 2007 avec références. Je remercie V. Dasen des
discussions que nous avons eues à propos de ces figurines lors
du colloque, même si les interprétations ici rapidement évoquées
n’engagent que leur auteur.
34
Conclusion
Ces quelques remarques n’ont évidemment pas
prétention à épuiser le sujet. « Lire » l’âge dans les
mobiliers funéraires est moins aisé qu’on ne le pense a
priori. Car d’une part, tout comme les divisions par sexe
ou par richesse, la division par âge n’est pas une donnée brute de nos sources ; elle est un fait social dont la
traduction en termes de rituels et de pratiques varie tant
dans ses manifestations que dans ses causes 37. Il semble
donc vain de vouloir trouver des marqueurs universels et
objectifs de l’âge dans les objets accompagnant. D’autre
part parce qu’en aucun cas les mobiliers funéraires ne
peuvent se comprendre seuls, isolément du reste des
gestes pratiqués autour du défunt et des manifestations
matérielles de sa sépulture. Ce caractère polysémique et
contextuel, propre finalement à toute analyse des pratiques funéraires, rend délicate l’interprétation d’objets
souvent banals et diffusés d’un bout à l’autre de la
Méditerranée, ou au contraire d’objets uniques et très
suggestifs sur le plan symbolique.
Quelques enseignements peuvent toutefois être
tirés de la situation des cités grecques d’Égée orientale
à l’époque archaïque. En premier lieu, il apparaît que
les types d’objets présents dans les tombes d’enfants
paraissent peu différenciés de ceux des adultes. Ce n’est
pas vraiment une surprise, considérant l’aspect coutumier
et je dirai presque standardisé des pratiques funéraires (à
une époque et en un lieu donné s’entend). Ce qui peut
varier, c’est la quantité ou la qualité des objets déposés.
Mais les cas étudiés ont montré qu’il existait d’un site à
l’autre une grande diversité de situations qui ne trouvaient
leur explication que dans l’analyse contextuelle locale.
Ceci, à mon sens, traduit donc une relativité du statut de
l’enfant, en fonction des circonstances et des rapports
de forces aux seins des divers groupes qui composent la
société civique, mettant en avant ou au contraire délaissant l’occasion de la mort d’un enfant pour recomposer
les liens qui soudent ce groupe, et non l’existence d’un
statut unique de l’Enfant en Grèce archaïque. Il semble
important de souligner que les objets déposés dans les
tombes d’enfants ne sont pas là pour marquer une différence biologique et intangible, l’âge du défunt, et donc
une altérité fondamentale de l’attitude des adultes face
à la mort de leur progéniture. Ils sont là pour remplir
une fonction rituelle (accompagner le défunt dans l’audelà) qui, par nature, est la même pour tous, et qui ne
varie dans ses manifestations qu’en fonction de critères
extérieurs, par exemple la volonté de marquer un statut
social, généralement familial mais pas seulement.
37 Pomeroy 1997, p. 116 ; Buchet, Seguy 2008 p. 36-37 (à propos
des divisions par âge).
MOBILIER FUNÉRAIRE ET CLASSE D’ÂGE DANS LES CITÉS GRECQUES D’ÉGÉE ORIENTALE À L’ÉPOQUE ARCHAÏQUE
Le changement principal qui affecte le choix des
mobiliers accompagnants à partir de la fin du VIIe-début
du VIe s. voit la multiplication des objets liés à la symbolique de l’âge et plus généralement, à celle du rite de
passage. Les masques de Samos en sont la manifestation
la plus saillante, mais peut-être l’idée vaut-elle la peine
d’être appliquée à d’autres catégories de matériel. Et si
ces signes se retrouvent finalement indifféremment dans
les tombes d’enfants ou d’adultes sans qu’aucun schéma
lié à l’âge biologique du défunt ne se dégage clairement,
ceci n’amende pas, selon moi, l’importance nouvelle du
rôle de l’âge dans la société dans son ensemble, comme
on pourrait le croire dans un premier temps. Car finalement, la redondance avec la symbolique du rite de passage
montre que l’âge devient non pas un handicap (immaturité, etc.) ou un état biologique ou familial (héritier) mais
une promesse, une reconnaissance par la communauté
entière du devenir (interrompu) du jeune être.
Toutefois, cette dynamique symbolique semble en
quelque sorte extérieure au domaine funéraire proprement dit, ne s’y retrouvant associée que par intermittence.
Il me semble que c’est surtout le regard extérieur de la
société sur l’âge qui change, passant de la perception
de l’âge comme état biologique à celui d’une véritable
classe identitaire. Il est regrettable que, par manque de
données plus exhaustives et solides, nous ne soyons pas
(encore ?) en mesure de déterminer si ce mouvement
est largement diffusé au sein du corps social civique
ou si, là encore, il est un moyen de distinguer une ou
des élites. Par ailleurs, l’idée selon laquelle des nouvelles barrières, entre citoyens et non citoyens, adultes
et jeunes ou encore hommes - femmes, deviendraient
plus rigide avec l’avènement du modèle classique de la
polis (Morris 2000) est séduisante et pourrait expliquer
en partie les situations que nous venons de décrire. Mais
là encore, il faut reconnaître que nous manquons de précisions dans les données pour véritablement pouvoir
souscrire sans nuance à une telle interprétation.
De fait, l’étude des mobiliers funéraires montre,
certes de manière modeste, des groupes familiaux de
plus en plus concernés par la reconnaissance de l’identité sociale de leurs enfants, y compris dans la mort. Et
ce non plus en tant qu’héritier mais bien en tant que
participant à l’ordre collectif. C’est dans cette optique
que la notion de classe d’âge, et la manipulation inédite de la symbolique de l’âge prend toute sa valeur.
Car dès lors, il me semble que nous pourrions voir dans
ces modifications concernant les tombes d’enfants,
parmi d’autres critères qu’il conviendrait bien entendu
de mettre en relation les uns avec les autres 38, l’un des
signes de la mise en place et de l’affermissement des
sociétés civiques à l’époque archaïque, société où, on
le sait, les rapports entre les générations sont largement
codifiés 39. Bien sûr, avec les sociétés de Grèce orientale
archaïque, nous sommes encore loin de l’encadrement
et de la prise en charge des jeunes tels qu’ils seront mis
en place dans l’Athènes démocratique par exemple. De
même, il me paraît excessif d’en conclure à l’existence
d’une société d’ordre générationnel dans le sens d’une
exclusion nette et totale entre adultes et enfants et qui
serait visible dans les pratiques rituelles comme dans
d’autres sphères. Si une telle société existe, il est clair
qu’elle ne trouve pas à s’exprimer dans le domaine funéraire. Mais en l’état actuel des choses, si les pratiques
funéraires destinées aux pré-adultes ne peuvent être perçues à elles seules comme le signe de la « naissance de la
cité », elles en distinguent me semble-t-il cependant l’un
des développements essentiels.
38 Je pense ici tout particulièrement au rôle et à la place des femmes
dans ces rituels et, de manière générale à la question du genre.
39 Sur les rapports entre sociétés de classe d’âge et systèmes
politiques dans l’Antiquité et dans les sociétés actuelles, voir Le Bras
2003, notamment p. 27-30 pour des exemples antiques. Ces liens sont
biens connus depuis les études de P. Vidal-Naquet ou J.-P. Vernant.
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Le traitement funéraire des immatures
dans la nécropole archaïque de Vari*
Alexandra Alexandridou
Abstract. Based on information extracted from the diary
of excavations conducted in the late 1930s, the present article discusses for the first time the child-burials
of the archaic north necropolis of Vari, dating from the
late 7th to 6th century BC. The spatial organization of the
cemetery shows that children are buried together with
adults and not separately in necropoleis reserved for
pre-adults, as is the case in contemporary attika. More
importantly, a number of child-burials attracted special
attention, and were venerated like those of adults, indicating that despite their age, young members of the local
elite were treated as deserving of respect as heirs of their
high status.
Introduction
Le septième siècle est une période de transformations
sociales importantes en Attique, qui se reflètent aussi sur
les pratiques funéraires 1. Au cours de ce siècle, le nombre
des sépultures a diminué ; en dehors de la nécropole du
Céramique, la documentation funéraire est très pauvre
à Athènes, mais un peu plus riche en Attique. Les deux
nécropoles de Vari, qui ont servi à la même communauté
(Mersch 1997, p. 53), situées dans la partie méridionale
de l’Attique et associées avec le dème classique d’Anagyronte, sont considérées comme les plus importantes de
la période (Mersch 1997 ; Alexandridou, à paraître).
La nécropole Sud-Ouest a été fouillée en 1962 et
1964. Les plus anciennes sépultures – quatre d’adultes et
trois enchytrismes – datent de la fin du VIIIe s. av. J.-C.,
marquant la transition entre l’époque géométrique et le
Protoattique. Elle est restée en usage jusqu’au cinquième
siècle 2. La nécropole Nord a été fouillée systématiquement par l’archéologue Phoivos Stavropoullos entre 1936
et 1939, mais les résultats n’ont été présentés que dans
* Je voudrais tout d'abord remercier les organisateurs pour leur
invitation à cette table ronde et leur hospitalité.
1 Houby-Nielsen 1992, p. 343-374 ; Morris 1987, p. 61-69 ; 1995,
p. 45-74 ; D’Onofrio 1993, p. 143-169.
2 Kallipolitis 1963 et 1965 ; Callipolitis-Feytmans 1984 et 1985 ;
Mersch 1996, p. 209-212.
Fig. 1. Plan publié de la nécropole Nord de Vari
(Karouzou 1963, p. 47, fig. 40).
de brefs comptes rendus (fig. 1) 3. Le journal de fouille
se trouve dans les archives de la Société Archéologique
d’Athènes 4, ainsi qu’un manuscrit inédit, intitulé
Αναγυράσιοι Νεκροί, dans lequel Stavropoullos présente en détail les résultats des fouilles et ses conclusions.
Ces documents peuvent servir de base pour l’étude de
la nécropole qui, jusqu’à aujourd’hui, est bien connue
grâce à un grand nombre des vases à figures noires
monumentaux de qualité exceptionnelle, de la fin du septième siècle, mis au jour au début des années 30 dans les
fouilles clandestines d’un des tumuli de la nécropole 5.
3 Karo 1936, p. 123-125 ; Lemerle 1936, p. 460 ; 1937, p. 451 ; 1939,
p. 287-288 ; Riemann 1937, p. 121-124 ; Walter 1940, p. 175-178.
4 Je voudrais remercier vivement Dr. Vasileios Petrakos, Secrétaire
Général de la Société Archéologique d’ Athènes, de m’avoir accordé
l’autorisation d’étudier les archives de Stavropoullos.
5 Karouzou 1963, 1982 et 1985 ; pour une première tentative de
décrire les pratiques funéraires de la nécropole, basée sur les données
de la céramique à figures noires, voir Alexandridou 2008, 2009 et
2011, p. 34-38.
39
ALEXANDRA ALEXANDRIDOU
Fig. 2. Plan de la nécropole Nord de Vari contenant tous les tumuli et enclos funéraires (A. Alexandridou).
40
LE TRAITEMENT FUNÉRAIRE DES IMMATURES DANS LA NÉCROPOLE ARCHAÏQUE DE VARI
Cinq tumuli ont été découverts pendant les fouilles,
mais seulement quatre ont été systématiquement explorés (fig. 2) 6. La majorité des sépultures appartiennent à
des adultes, mais un bon nombre d’enchytrismes, ainsi
que des tombes d’enfants plus âgés, ont été fouillés.
Selon les informations du journal, les premières tombes
de la nécropole datent de la fin du huitième siècle ou,
plus probablement, du début du septième. Les tombes
couvrent tout le sixième siècle, et la majorité date de la
fin de ce siècle et du début du cinquième. Les sépultures
les plus tardives datent de la fin du cinquième siècle.
Le tumulus 1 est le plus grand et le plus important
de la nécropole. Il contenait une inhumation d’un adulte
masculin de la fin du septième siècle, une longue tranchée à offrandes et un dépôt qui contenaient un grand
nombre de vases attiques à figures noires de formes
diverses et de qualité exceptionnelle. Le tumulus 2
recouvrait cinq sépultures d’adultes, probablement
du sixième siècle, toutes trouvées pillées. Sept enchytrismes et sept tombes d’adultes ont été révélées au Sud
de ce tumulus. Trente-trois sépultures ont été trouvées
dans le tumulus 3, dont trois sont des enchytrismes
et huit des sépultures d’enfants, dont quelques-unes
dans des bassins en terre cuite. Le tumulus 5 est situé
presque au contact du tumulus 1. Il recouvrait un petit
enclos familial (fig. 2 : enclos funéraire II) et un enclos
avec vingt-quatre tombes rectangulaires (fig. 2 : enclos
funéraire I), dont cinq étaient recouvertes par une structure funéraire. La majorité consistait en crémations
d’adultes, bien qu’on ait trouvé aussi quelques inhumations, deux enchytrismes et une crémation d’enfant à
l’intérieur d’une tombe. Tous datent de la fin du sixième
ou de la première moitié du cinquième siècle. Les sépultures d’enfants explorées dans l’enclos funéraire à l’Est
du tumulus 5 (fig. 2 : enclos funéraire III) sont contemporaines. L’enclos contenait vingt et une sépultures ;
parmi elles une très riche inhumation d’une jeune fille
et un enchytrisme. Le mobilier date du dernier quart du
sixième ou de la première moitié du cinquième siècle.
La nécropole a livré un grand nombre de pyrai sacrificielles, qui ne peuvent pas être associées avec une
tombe particulière, mais plus souvent avec un groupe de
sépultures. Le mobilier associé suggère que les défunts
6 Les plans ont été réalisés à partir de ceux du journal de fouille.
Toutefois, seuls le tumulus 2 et les sépultures au Sud sont placés
correctement en relation avec les enclos funéraires recouverts par
le tumulus 5. La position des tumuli 1 et 3 et de l’enclos III suivent
les descriptions de Stavropoullos et le plan du terrain exproprié tel
qu’il est donné dans le journal. Je voudrais remercier le Professeur
A. Mazarakis Ainian pour son aide dans la réalisation du plan final
de la nécropole.
étaient membres de l’élite locale ou même de la classe
dirigeante 7.
En raison du manque de données pour cette époque,
l’étude détaillée de cette nécropole offre des informations importantes concernant le traitement funéraire
des enfants en Attique pendant la période archaïque.
L’organisation spatiale de la nécropole montre que les
immatures n’étaient pas exclus de la nécropole des
adultes, et même qu’en certains cas ils ont reçu une
attention particulière et des honneurs comparables à ceux
réservés aux adultes. Cette observation pose des questions concernant l’attitude de la communauté archaïque
de Vari envers les enfants et leur intégration dans la
société, notamment dans la classe de l’élite locale.
Les premiers enchytrismes de la nécropole
Un certain nombre d’enchytrismes ont été explorés
dans la nécropole. Sept urnes ont été fouillées au Sud du
tumulus 2, trois (5, 13 et 26) ont été recouvertes par le
tumulus 3, deux (10 et 14) ont été trouvées à l’intérieur de
l’enclos I, six dans le petit enclos familial (32 et 34-38) et
une (21) dans l’enclos funéraire III. Leur datation est souvent difficile à établir, en raison de l’absence de mobilier
funéraire. Selon les descriptions du journal de fouilles, les
urnes les plus anciennes de la nécropole ont été détectées
au Sud du tumulus 2 et dans le petit enclos familial.
Les enchytrismes au Sud du tumulus 2 ont été découverts à côté de sept tombes d’adultes postérieures, datant
du sixième siècle (fig. 3). Les urnes, fixées par de petites
pierres, étaient placées dans des puits creusés dans la
terre. Stavropoullos mentionne dans quelques cas des
restes d’ossements. En dehors d’un pithos à décor en
relief et une amphore avec une décoration à bandes,
toutes les urnes étaient des amphores non décorées. Il est
intéressant de noter que les vases décorés ont été scellés
par une pierre, indiquant un soin particulier de la part de
la famille à l’égard de ces défunts.
Seules quelques urnes étaient accompagnées d’offrandes funéraires, parmi lesquelles on trouve en
majorité des vases à boire de taille miniature – tasses et
skyphoi –, ainsi que de petites œnochoés. Les données
provenant des urnes au Sud du tumulus 2 confirment
les résultats d’une étude détaillée des enchytrismes
d’époque géométrique, selon laquelle des assemblages
particuliers s’observent pour ce qui concerne les formes
des vases miniatures offerts respectivement aux garçons
et aux filles (Haentjens 1999, p. 183). Dans deux cas,
les offrandes témoignent du sexe des défunts immatures.
7 Pour une présentation détaillée des sépultures de la nécropole,
voir Alexandridou, à paraître.
41
ALEXANDRA ALEXANDRIDOU
Fig. 3. Plan du tumulus 2 et des sépultures au Sud (P. Stavropoullos).
42
LE TRAITEMENT FUNÉRAIRE DES IMMATURES DANS LA NÉCROPOLE ARCHAÏQUE DE VARI
Les enchytrismes 3 et 6 devaient contenir des garçons,
puisqu’ils ont été exclusivement accompagnés de gobelets et de skyphoi, alors que la découverte d’une tasse
avec une pyxide miniature dans l’enchytrisme 1 indique
probablement une fille.
Bien que les objets funéraires ne soient pas illustrés
dans le journal de fouille, l’amphore à bandes 8 et la mention par Stavropoullos d’une tasse du type du Phalère 9
permettent de proposer une datation à la fin du huitième
ou plus probablement au début du septième siècle.
Un grand nombre de fragments de vases a été découvert autour de ces urnes, qui ont été interprétées par
le fouilleur comme des restes des pyrai sacrificielles,
bien que ni cendres, ni ossements ne soient mentionnés. Malgré la présence des tranchées à offrandes, les
vases cassés détectés au Sud du tumulus 2 constituent le
seul cas d’une cérémonie funéraire associée aux défunts
immatures de la nécropole.
Au cours du septième siècle, les tranchées à offrandes
ne sont jamais associées à des sépultures d’enfants 10, et
les indications sur des cérémonies funéraires dédiées aux
petits enfants ne sont pas homogènes. Mylonas a interprété les restes des pyrai détectés autour de différentes
tombes d’Eleusis comme des « enagismoi » (Mylonas
1975, p. 261 et 283). À Oropos, les fragments de vases,
les cendres et les os d’animaux trouvés dans des puits
de la fin du huitième et du début du septième siècle
contenant des sépultures d’enfants ont été interprétés
comme des restes de banquets funéraires auxquels participait la famille (Vlachou 2007, p. 222). En dehors de
l’Attique, des pyrai en association avec des sépultures
d’enfants, probablement à caractère rituel, sont connues
en Macédoine et dans les nécropoles de Mendé et de
Polychrono (Moschonissioti 2010, p. 211-212).
À Vari les ossements d’animaux font défaut, empêchant ainsi de faire l’hypothèse de banquets funéraires,
comme à Oropos. La question est de savoir si les vases
étaient intentionnellement cassés après avoir servi aux
libations, ou s’il s’agit des restes des cérémonies rituelles
comparables à celles qui sont associées aux tranchées et
aux pyrai plus récentes de la nécropole. La référence de
Stavropoullos à des thysiai, terme qu’il emploie pour les
restes de toutes les autres cérémonies de la nécropole,
paraît recouvrir des pratiques comparables. Le nombre
8 Pour la forme : Brann 1961, p. 99 et 115-116 ; 1962, p. 34 ;
Kourou 2002, p. 15-16.
9 Pour cette forme, voir Young 1942, p. 46 ; Brann 1962, p. 53.
10 Houby-Nielsen 1996b, p. 251. C’est seulement pendant le
dernier quart du cinquième et le début du quatrième siècle que
tranchées et aires d’offrandes sont associées aux sépultures d’enfants
au Céramique (Houby-Nielsen 1996a, p. 48-51, et 1998).
et les formes des vases mis au jour dans ces tranchées 11
et ces pyrai, combinés à l’absence de restes d’ossements
animaux – trouvés très rarement à Vari et au Céramique
(Houby-Nielsen 1996a, p. 46-47, n. 22) – excluent un
banquet funéraire réel. Les vases ont donc été considérés
comme des symboles du caractère « symposial » de la
cérémonie 12.
Un enterrement double : mère et bébé ?
Le tumulus 5 recouvrait deux enclos funéraires.
Le plus grand (enclos funéraire I) contenait des tombes
datant du début du sixième siècle, appartenant probablement aux membres de plusieurs familles qui partageaient
le même statut social (d’après Houby-Nielsen 1995,
p. 142-146). Dans ces cas-là, bébés et enfants sont enterrés avec les adultes. Deux enchytrismes (10, 14) et une
incinération d’un enfant plus âgé ont été fouillés (fig. 4).
L’enclos contenait une sépulture « inhabituelle ». La
tombe Γ(8), datée au début du sixième siècle, contenait
un grand pithos et une incinération d’adulte. Le dessin
de Stavropoullos montre un squelette, indiquant peutêtre un corps non complètement incinéré, à moins qu’il
s’agisse d’une convention du fouilleur pour montrer le
corps schématiquement (fig. 5). La tombe était signalée
par une structure funéraire. Deux louteria, dont l’un peut
être attribué à Sophilos ou à son cercle 13, ont été offerts
au défunt. Un lécythe a été trouvé à côté des jambes du
défunt. Le pithos à décor en relief était placé contre la
tête. Il contenait deux aryballes corinthiens et des vases
miniatures – une pyxide, deux cotyles et une œnochoé –,
ainsi qu’un support (fig. 6), deux louteria et une lékané
du Groupe de Raguse 14. Bien qu’aucun reste d’ossements n’ait été trouvé dans le pithos, les vases miniatures
suggèrent que le grand vase a servi comme urne pour un
bébé ; les vases qui composent le mobilier funéraire, une
combinaison de formes à boire et à verser, ainsi que la
pyxide indiquent une petite fille.
Il est donc possible que le défunt adulte soit une mère
morte en fin de grossesse ou pendant l’accouchement,
ensuite enterrée avec son enfant dans la même tombe.
Si cette hypothèse est juste, la sépulture de Vari est
unique, car on ne connaît pas en Attique de double enterrement de ce type. La sépulture de la « Rich Lady », datée
11 Sur leur présence en Attique, voir Kurtz, Boardman 1971, p. 75
et 145 ; Houby-Nielsen 1992, 1995 et 1996a ; Kistler 1998, p. 31-77
et 147-171.
12 Les vases associés au tumulus 1 de Vari constituent la seule
exception. Leur forme et leur éventail chronologique impliquent une
cérémonie à caractéristiques cultuelles : Alexandridou 2009.
13 Athènes, Musée National 19168.
14 Athènes, Musée National 19054.
43
ALEXANDRA ALEXANDRIDOU
du début du Géométrique Moyen, où les restes incinérés
d’une mère et d’un fœtus ont été placés dans une urne
funéraire (Liston, Papadopoulos 2004), pourrait être
considérée comme le seul cas comparable. En dehors de
l’Attique, à Vronda, près de Kavousi en Crète, des fœtus
et des nouveau-nés incinérés, datant du Géométrique
Récent, ont été trouvés associés à des inhumations de
jeunes femmes (Liston 1993, p. 137-140). D’autre part,
dans la nécropole de l’Âge du Fer de Toroné en Grèce
du Nord, un nouveau-né a été trouvé incinéré avec sa
jeune mère et placé à l’intérieur d’une urne (Tombe 123 :
Papadopoulos 2005, p. 227-228, fig. 23b, pl. 24).
Le sexe du défunt adulte de la tombe Γ(8) ne peut
pas être facilement déterminé. Au cours du septième
siècle, et jusqu’à 560 environ, l’incinération primaire
remplace l’inhumation et devient le rite funéraire dominant pour les adultes en Attique (Morris 1995). Durant
la même période des offrandes cassées et brûlées sont
déposées dans des tranchées creusées à cet effet (HoubyNielsen 1992). Malgré l’absence d’analyse ostéologique,
les incinérations primaires ont été associées aux hommes
sur la base du caractère de la cérémonie funéraire, dotée
de connotations homériques (Houby-Nielsen 1992), et de
la forme des vases marquant les tumuli – le plus souvent
un cratère –, ou des scènes figurées sur les vases trouvés
dans les tranchées à offrandes. Même les incinérations
primaires, non accompagnées de tranchées, ont été associées à des défunts masculins (Houby-Nielsen 1992,
p. 357-359 ; Whitley 1994). Bien qu’il n’y ait aucun
élément distinguant les tombes féminines contemporaines 15, les données funéraires existantes ne doivent pas
être considérées comme un signe de l’absence de défuntes
dans les nécropoles attiques, mais doivent plutôt être
associées au symbolisme mortuaire adopté, qui concerne
seulement les hommes et les enfants. Il est possible que
sur les tombes des femmes on ait adopté des pratiques du
même type que celles des hommes et des enfants. Cette
distinction entre hommes/enfants d’une part et femmes de
l’autre, qui n’est pas fondée sur le sexe mais plutôt sur le
rôle social, caractérise également l’Âge du Fer et semble
réapparaître en Attique pendant le septième siècle et au
début du sixième (Whitley 1994, p. 220-231).
Si nous acceptons les points de vue précédents,
l’incinération primaire pour la personne décédée de la
tombe Γ(8) devrait se rapporter à un défunt masculin. En
effet, dans un certain nombre de cas de doubles enterrements d’époque protohistorique, l’adulte est un homme,
probablement le père de l’enfant, mort peu de temps
après lui (Pomadère 2009, p. 200-202 et tableau 1). Dans
15 Même si une inhumation du début du sixième siècle, marquée
par une amphore, est associée à une femme : Kübler 1970, cat. 116;
Houby-Nielsen 1992, p. 358.
44
le cas de Vari, le mobilier funéraire, contentant deux louteria et un lécythe, ne peut pas servir d’indication pour
le sexe. En l’absence d’analyses anthropologiques, c’est
sur la base des interprétations proposées pour les enterrements comparables de l’Âge du Fer 16 que la présence
de la sépulture infantile dans la tombe peut être utilisée
comme argument en faveur d’une femme, la mère de
l’enfant enterrée à ses côtés. Dans ce cas, l’incinération,
indice d’un défunt masculin, aurait donc été également
appliquée à une femme.
La présence de louteria, offerts à la femme mais
également placés à l’intérieur de l’urne, souligne le
caractère spécial de la tombe et de ses occupants. Cette
forme n’est pas inconnue dans la nécropole Nord de
Vari : bien qu’ils soient rares en Attique, un certain
nombre d’exemplaires ont été trouvés dans la tranchée
à offrandes associée à l’inhumation d’un homme dans
le tumulus 1 17. Les exemples contemporains sont rares
dans le Céramique, où l’on ne connaît qu’un loutérion
employé comme marqueur de la tombe 18, mais deux ont
été découverts dans la nécropole d’enfants du septième
siècle au Phalère : un enchytrisme a livré un loutérion
miniature 19, alors qu’un deuxième exemplaire était
employé comme couvercle d’une amphore-urne du premier quart du septième siècle 20.
La forme est associée au bain funéraire appliqué aux morts, qui implique probablement des
libations nécessaires pour la purification après le décès 21.
Le regroupement de quatre louteria dans ce double
enterrement peut être interprété comme signe d’une
volonté forte de la part de la famille pour une purification sans doute exigée par les circonstances spéciales de
la mort de la femme et de l’enfant. Ce pourrait être aussi
la raison de la présence du riche mobilier dans l’urne,
alors que les autres enchytrismes de la nécropole sont
relativement pauvres.
Comme dans le cas de la « Rich Lady », la question
est de savoir si c’est la femme ou l’enfant qui a suscité
ce traitement funéraire spécial (Liston, Papadopoulos
2004, p. 29-30). Il semble que la visibilité archéologique
16 Même à l’époque protohistorique, quand les résultats des études
anthropologiques sont disponibles, 75 % des adultes enterrés avec
enfants sont des femmes : Pomadère 2009, p. 200.
17 Athènes, Musée National 16386 (Alexandridou 2011, fig. 8) ;
Athènes, Musée National 16387 (ibid., fig. 9) ; Athènes, Musée
National 16385 (ABV 40, 19 ; Bakir 1981, pl. 85-86).
18 Athènes, Musée du Céramique 1295 (Kübler 1970, pl. 76, 90).
19 Athènes, Musée National 2341 (Callipolitis-Feytmans 1965,
pl. IVa-c).
20 Young 1942, p. 32, n° 29-5, fig. 11.
21 Ginouvès 1962, p. 244 ; Callipolitis-Feytmans 1965, p. 42-43 ;
Andronikos 1968, p. 2-4 ; Kurtz, Boardman 1971, p. 150-151 ; Parker
1983, p. 35 ; Rodhe 2000, p. 162-166.
LE TRAITEMENT FUNÉRAIRE DES IMMATURES DANS LA NÉCROPOLE ARCHAÏQUE DE VARI
Fig. 4. Plan de l’enclos funéraire couvert par le tumulus 5
(P. Stavropoullos).
Fig. 5. Plan de la tombe Γ(8) (P. Stavropoullos).
Fig. 6. Dessin du support trouvé en association avec le pithos
de la tombe Γ(8) (P. Stavropoullos).
45
ALEXANDRA ALEXANDRIDOU
de cette sépulture féminine, la construction d’un bâtiment funéraire et le riche mobilier, marquant la tombe
comme la plus riche de l’enclos, doivent être liés aux
conditions de la mort de la mère et à la présence du bébé.
La mère est sans aucune doute un cas spécial de défunt,
mais l’urne et son mobilier sont aussi des indices forts
que le bébé décédé était considéré comme un aôros qui
méritait la même attention que la mère adulte.
Les sépultures d’enfants du petit enclos familial
Neuf tombes (27-31, 33, 39-41) et six enchytrismes
(32, 34-38) ont été fouillés dans un enclos familial
(enclos funéraire II) qui était recouvert par le tumulus 5
(fig. 7). Les tombes 27 et 33, une incinération primaire
et une inhumation, appartiennent à des adultes. Les
enchytrismes (sauf le n° 32), qui contenaient tous des
vases miniatures, ont été placés très près les uns des
autres, vers le Sud de l’enclos. D’après leur dimensions,
les tombes 28, 29, 30 et 31, également trouvées l’une
à côté de l’autre, contenaient des enfants âgés de 3/4
à 8/10 ans : ils appartiennent donc à la troisième catégorie de Houby-Nielsen, les plus âgés étant proches de
l’adolescence (Houby-Nielsen 1995, p. 137, Catalogue
1 and n. 348). Seules les tombes 29 et 30 contenaient
du mobilier, notamment un aryballe chacune. En dépit
de l’absence des offrandes funéraires, toutes les tombes
d’enfants avaient conservé des cendres et des os, restes
d’incinérations primaires.
Le rite de l’incinération est très rarement attesté
en Attique pour les enfants, bien qu’il ne soit pas tout
à fait inconnu. Au cours de l’Âge du Fer et à l’époque
archaïque, l’inhumation est le rite choisi pour les immatures, et l’incinération est réservée aux adultes, bien qu’il
existe des exceptions. Les enfants commencent à être
incinérés quand ils ont atteint un âge auquel ils sont considérés comme des membres à part entière de la société.
Cet âge varie d’une région à l’autre. En Attique il a été
situé autour de 7 ans, ou plus communément autour de
9 ans (Pomadère 2005, p. 159). On ne connaît pas d’incinérations d’enfants contemporaines de celles de Vari.
Deux crémations d’enfants, âgés de 5-10 et 11-16 ans,
datées de l’époque protogéométrique, ont été trouvées
avec deux sépultures d’adolescents au Sud de l’Acropole
(Brouskari 1980 : graves G, Z and I). Quelques cas d’enfants plus âgés ou d’adolescents incinérés sont connus
dans la nécropole de l’Eridanos, mais ils sont plus tardifs
(sixième et cinquième siècles) 22.
22 Schlörb-Vierneisel 1966-1967, p. 14 n° 23, hS 181 (deuxième
quart du sixième siècle), p. 32 n° 54, hS 170 (milieu du cinquième
siècle), et 40 n° 79, hS 151 (vers 420).
46
Selon le journal de fouille, une tombe avec des restes
d’incinération primaire, appartenant aussi à un enfant, a
été fouillée dans le grand enclos de la nécropole rattaché
au Nord de l’enclos familial. Le nombre des crémations
attestées à Vari suggère qu’il s’agit du choix conscient
d’un rite réservé aux enfants plus âgés et aux adolescents, comme il ressort des dimensions de ces tombes.
Les enfants incinérés ont été donc considérés d’un
âge assez avancé pour être traités comme des adultes.
Malheureusement, seules les tombes 29 et 30 contenaient
des offrandes, en particulier des aryballes, qui permettent
de faire quelques hypothèses sur le sexe des jeunes
défunts. Depuis le milieu du sixième siècle, cette forme
apparaît, sur les vases attiques à figures noires et rouges,
ainsi que sur stèles funéraires, en association avec les
hommes, comme un attribut nécessaire pour la palestre
ou comme une offrande de l’éraste à son jeune éromène
(Gericke 1970, p. 75-77; Koch-Harnach 1983, p. 155).
Toutefois, certaines scènes à figures rouges montrent
l’aryballe dans les mains de femmes (Houby-Nielsen
1995, p. 141). Les données de sépultures du Céramique
datées des septième et sixième siècles indiquent que le
choix de l’aryballe comme offrande funéraire, associé
à l’usage de la crémation, concerne probablement de
jeunes défunts de sexe masculin (Houby-Nielsen 1995,
p. 165-166). Bien qu’il ne soit pas possible de conclure
que ce rite n’était utilisé que pour des adolescents de sexe
masculin, il semble que, à Vari, l’usage de l’incinération
pour les enfants plus âgés témoigne de leur rang social et
de leur intégration dans la société locale. Contrairement
au témoignage postérieur de l’Eridanos, la nécropole de
Vari est le seul cas en Attique où un traitement funéraire
spécial est systématiquement appliqué pour des défunts
d’un âge particulier.
Presque tous les enchytrismes sont concentrés au
Sud de l’enclos. Selon Stavropoullos, cette concentration signifie que les urnes ont été enlevées de leur
contexte original avant d’être placées à cet endroit
(Journal de fouille, p. 66). Toutefois une re-déposition
ne semble pas probable. Selon le journal de fouille, les
urnes, dont certaines étaient scellées avec des pierres,
étaient déposées avec une grande attention dans la terre ;
dans quelques cas, elles étaient soutenues par de petites
pierres et certaines contenaient également du mobilier
funéraire. Les re-dépositions connues concernent les
restes d’urnes de nouveau-nés ou de bébés morts, placés dans des puits, mais ces exemples sont postérieurs :
ainsi, les restes de 450 fœtus, de nouveau-nés et de petits
enfants ont été découverts dans un puits hellénistique
de l’Agora athénienne (Well G 5:3), avec un homme
adulte et un enfant d’environ onze ans. Plusieurs explications ont été avancées pour expliquer le nombre de ces
défunts, entre autres des infanticides, une épidémie ou
LE TRAITEMENT FUNÉRAIRE DES IMMATURES DANS LA NÉCROPOLE ARCHAÏQUE DE VARI
Fig. 7. Plan du petit enclos funéraire familial (P. Stavropoullos).
47
ALEXANDRA ALEXANDRIDOU
une famine ; cependant, le dépôt semble plutôt orienter vers des membres de la société considérés comme
peu aptes à recevoir une sépulture normale 23, comme
les enfants morts nés 24. Un puits hellénistique, fouillé
sur l’agora de Messène, contenait des fragments d’amphores, les restes d’ossements animaux, mais aussi
humains qui appartenaient à un grand nombre d’immatures (Bourbou, Themelis 2010, avec la bibliographie).
Un grand nombre d’amphores funéraires, mises au jour
dans deux fosses profondes à proximité de la « Maison
Sacrée » du site de l’Académie de Platon à Athènes, sont
contemporaines de la nécropole de Vari (Stavropoullos
1958, p. 8, n. 1 ; Mazarakis Ainian, Livieratou 2010) :
ces amphores, retrouvées vides, étaient placées dans des
couches superposées, clairement séparées entre elles.
La déposition peut être placée au début du septième
siècle (Mazarakis Ainian, Alexandridou, 2011). Malgré
le rapprochement chronologique, tous ces dépôts sont
très différents du groupe des urnes de l’enclos de Vari et
leurs caractéristiques ne peuvent pas étayer l’hypothèse
de Stavropoullos.
Comme leur emplacement l’indique, les tombes
d’adultes (27 et 33), celles des enfants (28-31), de même
que l’enchytrisme 32 rassemblent un groupe de défunts
particulièrement honorés ; une couche sacrificielle étendue, contenant un grand nombre d’offrandes – des vases,
mais aussi des figurines –, recouvrait ces sépultures. Les
vases de cette couche datent du deuxième ou du troisième quart du septième siècle, ils sont donc parmi les
plus anciens de la nécropole, un peu postérieurs aux
vases miniatures des enchytrismes au Sud du tumulus 2.
Un char d’ekphora en terre cuite constitue la découverte la plus impressionnante 25, mais le bûcher contenait
aussi un grand nombre d’aryballes et d’alabastres corinthiens, des œnochoés et quelques supports miniatures 26,
un dinos miniature avec un décor plastique de pleureuses
sur l’embouchure (fig. 8) 27, un loutérion, ainsi que
quelques plats, skyphoi et coupes. Un grand nombre de
figurines en terre cuite de types variés ont également été
découvertes : deux mulets portant des vases (l’un a aussi
son cavalier 28), des chiens, des chevaux avec leurs cavaliers, trois roues de chars et quelques boucliers ronds.
Parmi ces objets, seuls les supports et le dinos miniatures, un des mulets et le chariot ont été publiés ou sont
aujourd’hui exposés dans le Musée National d’Athènes.
23 Voir, par exemple, le cas d’un « social outcast » du Géométrique
Récent (Little, Papadopoulos 1998).
24 Little 1999 ; Rotroff et al. 1999 ; Papadopoulos 2000, p. 110-111.
25 Athènes, Musée National 26747.
26 Athènes, Musée National 19157 (Alexandridou 2011, fig. 54).
27 Athènes, Musée National 19159a (Alexandridou 2011, fig. 55).
28 Athènes, Musée National 19165 et 19190.
48
Fig. 8. Dinos miniature, Athènes, Musée National 19159a
(photo A. Alexandridou).
Leur argile et leur décor en peinture rouge brun montrent
qu’il s’agit des productions d’un atelier local 29, commandées spécialement pour cette cérémonie.
Le contenu de cette pyra sacrificielle présente un
intérêt particulier et soulève certaines questions concernant l’identité des défunts de l’enclos. Le char de
l’ekphora n’est pas seulement fortement indicatif du
caractère funéraire du dépôt, il doit aussi avoir servi à
exprimer la richesse et le statut des défunts et des donateurs. Les figurines de chevaux avec leurs cavaliers 30,
ainsi que les roues de chars comportent aussi un symbolisme social (Xagorari 1996, p. 55). Les mulets de
l’enclos de Vari peuvent être considérés comme des
indicateurs de classe, dans la mesure où les vases qu’ils
portent étaient censés être remplis de produits agricoles.
Les exemples attiques comparables ne sont pas nombreux et datent du Géométrique Récent et du septième
29 Pour la définition de l’argile locale, voir Kallipolitis 1965, p. 115.
30 Exemples comparables : Athènes, 3e Ephorie des Antiquités
Préhistoriques et Classiques E131 (Xagorari 1996, pl. 24, 2) ; Musée
de Brauron M.76 (Xagorari 1996, pl. 26).
LE TRAITEMENT FUNÉRAIRE DES IMMATURES DANS LA NÉCROPOLE ARCHAÏQUE DE VARI
siècle 31. Contrairement au cas de Vari, ils ont été interprétés comme jouets d’enfants, en raison de leur contexte
archéologique (Xagorari 1996, p. 55).
Les formes des vases retrouvés et, en particulier,
la présence des figurines et des boucliers d’argile sont
comparables au contenu des pyrai sacrificielles du
Géométrique Récent et du début de l’époque archaïque
que l’on connaît à l’Agora d’Athènes et au Céramique.
Plus précisément, des vases et des figurines similaires
ont été découverts dans deux pyrai sacrificielles du
Géométrique Récent IIb, dans un enclos funéraire familial de l’Agora, au Sud de la tholos 32. Des figurines sont
aussi présentes dans les aires d’offrandes du Céramique 33.
Le contenu du bûcher de Vari peut aussi être comparé
à celui d’un dépôt votif du septième siècle qui recouvrait
les ruines d’un bâtiment ovale de la fin du neuvième
siècle fouillé sur les flancs Nord de l’Aréopage : sous
son sol ont été mises au jour une tombe d’enfant et, peutêtre, deux autres tombes perturbées 34. Le dépôt contenait
des cratères, des louteria, des œnochoés, des skyphoi et
des canthares protoattiques, de la vaisselle commune,
ainsi qu’un grand nombre de figurines, dont plusieurs
trouvent des parallèles parmi les objets de la couche
sacrificielle de Vari (Burr 1933, p. 568-640).
Le bâtiment a été abandonné au cours du troisième
quart du huitième siècle. Sa fonction fait l’objet de débats
(Burr 1933 ; Mazarakis Ainian 1997, p. 86-87). Au départ
il a été interprété comme une maison (Burr 1933, p. 636640), mais le dépôt postérieur et l’existence de tombes
du Géométrique Ancien et Moyen à proximité suggèrent
qu’il a été transformé en un bâtiment de culte associé aux
défunts (D’Onofrio 2001, p. 257-320, avec la bibliographie). En outre, le matériel de l’enclos de Vari peut être
comparé avec les trouvailles provenant du dromos de la
tombe à tholos mycénienne de Menidi, qui s’échelonnent
de la fin du huitième siècle au cinquième siècle 35.
Les données précédentes nous conduisent à penser que
les vases et les figurines de la pyra sacrificielle de Vari
représentent les restes d’une cérémonie funéraire avec
31 Musée d’Érétrie 16685 (Xagorari 1996, pl. 23, 1) ; Musée du
Céramique 1311 (Xagorari 1996, pl. 22, 2-3) ; Musée Archéologique
du Pirée 4256 (Callipolitis-Feytmans 1963, p. 429, fig. 17). Deux
autres sont sans provenance : Athènes, Musée National 14481
(Xagorari 1996, pl. 22, 1) ; British Museum 1921.11-29.22 (Xagorari
1996, pl. 23, 2).
32 Groupe des tombes XI et XII : Young 1939, p. 44-67.
33 Par exemple les figurines de l’aire d’offrande α, associée à la
crémation d’un adulte masculin datée de 690-680 environ : Kübler
1959, p. 14-15.
34 Burr 1933 ; Brann 1962, p. 109-110 ; Antonaccio 1995, p. 121126 ; Mazarakis Ainian 1997, p. 86-87 ; Deoudi 1999, p. 68-70 ;
Boehringer 2001, p. 68-72.
35 Wolters 1899, p. 118-121 ; Hägg 1987 ; Antonaccio 1995, p.
104-109 ; Boehringer 2001, p. 48-54.
des caractéristiques qui orientent vers un culte : tous les
détails indiquent que ces cérémonies étaient adressées à
des défunts particulièrement honorés. Cette couche recouvrait les tombes d’adultes 27 et 33, la tombe d’enfant 31,
l’urne 32, contenant un bébé, et une partie des crémations
28, 29, 30, appartenant probablement toutes à une même
famille. Les défunts des urnes au Sud de l’enclos et des
tombes 39, 40, 41, qui n’ont pas été intégrées dans le plan
de l’enclos par le fouilleur, leur étaient vraisemblablement
associés par des liens familiaux.
La question est de savoir pourquoi ces défunts ont été
spécialement honorés après leur mort. Quelle était l’importance de cette famille pour la communauté ? Durant
l’Âge du Fer on observe certains cas de vénération envers
des familles de fondateurs de communautés (Mazarakis
Ainian 2007-2008, p. 385), notamment à Vitsa Zagoriou
en Epire (Vokotopoulou 1986, p. 208-210 et 327) et à
Minoa sur l’île d’Amorgos (Marangou 2001 et 2002, p.
207-224). À Vari les défunts de l’enclos étaient très probablement membres de la classe dirigeante locale. La date
des trouvailles ne permet pas de suggérer qu’ils étaient les
fondateurs de la communauté locale, puisque la fondation
de l’habitat doit être placée à une période antérieure, si
l’on tient compte de la datation de huit inhumations fouillées 500 m au Nord de la nécropole Nord au Géométrique
Récent Ia-Ιb (BCH, 82, 1958, p. 672-673, fig. 7-8).
Ce groupe familial et son traitement sont plutôt
comparables aux tombes des membres de l’élite de la
nécropole de la porte Ouest d’Érétrie 36. La tombe la plus
ancienne est datée vers 720, mais les actes de vénération commencent vers 680 et durent jusqu’au milieu du
septième siècle, comme l’indique le bothros fouillé au
Sud-Ouest du secteur. Bien que les défunts de la nécropole d’Érétrie aient été interprétés comme les fondateurs
de la communauté (Altherr-Charon, Bérard 1980, p. 238 ;
Bérard 1982, p. 101, n. 59-60), les données disponibles
contredisent cette hypothèse, puisque la fondation du site
est antérieure 37. On a associé certains adultes, membres
de l’élite d’Érétrie, à une bataille héroïque de l’histoire
locale (Hall 2006, p. 7). On ne possède pas de données
comparables pour Vari, mais il semble fort probable que
l’importance de ces défunts peut être liée à leur rôle dans
la communauté locale. Cette cérémonie montre une tendance à distinguer cette classe sociale en utilisant des
pratiques mortuaires spéciales, mais elle peut être également perçue comme une indication de la concurrence
entre les familles aristocratiques puissantes de la région.
36 Bérard 1970, 1972 et 1982 ; Antonaccio 1995, p. 228-232 ;
Blandin 1998 ; Crielaard 2007.
37 Mazarakis Ainian 1987 ; Charalambidou 2006 ; Crielaard 2007,
p. 184-188.
49
ALEXANDRA ALEXANDRIDOU
Les offrandes trouvées dans l’enclos de la nécropole
de Vari n’étaient pas seulement adressées aux défunts
d’âge adulte de la famille. La majorité des tombes qui ont
été recouvertes par la couche sacrificielle appartiennent
en effet à des adolescents et on note aussi la présence d’un
bébé. Les jeunes membres de cette famille ont été non
seulement intégrés dans l’enclos funéraire, mais ils ont été
en plus l’objet d’actes de vénération, puisque leur identité
comme membres du même groupe de l’élite était, semblet-il, acceptée. Il est probable qu’aussi bien leur âge que
leur statut social explique le choix de l’incinération pour
les enfants plus âgés : c’est plus clair dans le cas du défunt
de la tombe 31, dont les dimensions sont plus petites (1 m
de long), ce qui indique un enfant plutôt qu’un adolescent.
Une sépulture d’enfant dans un bassin d’argile
Le tumulus 3 recouvrait trente-trois sépultures, dont
la majorité appartiennent à des adultes et contenaient
les restes de crémations primaires, bien que quelques
inhumations aient aussi été découvertes. Il contenait
cependant un nombre important de sépultures d’enfants :
trois enchytrismes, dont deux datent du début du sixième
siècle, ainsi que sept sépultures d’enfants, dont quatre
placées dans des bassins d’argile. Les sépultures les plus
anciennes du tumulus datent des premières décennies du
sixième siècle, mais, d’après les offrandes funéraires, la
majorité des tombes appartiennent à la fin du sixième et
surtout au début du cinquième siècle, certaines enfin à la
fin du cinquième siècle.
Une sépulture d’enfant (14) présente des particularités
notables. Bien qu’elle soit postérieure à celles du septième siècle, elle présente également le cas, à l’époque
archaïque, d’un enfant dont la mort a attiré une attention
particulière. L’enfant a en effet été placé à l’intérieur d’un
bassin d’argile (fig. 9), percé d’un trou qui indique une
précédente utilisation comme baignoire. La moitié du
bassin a été insérée dans un stamnos cassé, qui couvrait la
tête du défunt. Trois lécythes ont été trouvés en dehors du
bassin, dont l’un peut être attribué au Groupe du Coq 38.
Les lécythes ont été placés du côté gauche, et deux skyphoi du côté droit. La partie percée du bassin a été enlevée
et déposée dans une fosse circulaire, à 25 cm du bassin.
La taille de ce bassin oriente vers un enfant âgé de
1 à 3/4 ans. L’utilisation de ce type d’objet pour les
jeunes défunts commence au début du cinquième siècle
et devient particulièrement courante pendant les cinquième et quatrième siècles (Knigge 1976, p. 29-30 ;
38 Athènes, Musée National 18994 (Para 211). Comparer Moore,
Philippides 1986, pl. 78, 862 ; CVA Genève, Musée d’Art et d’Histoire
2, pl. 72, 9-11.
50
Houby-Nielsen 1995, p. 137). À Vari, les lécythes à
décor floral, ainsi que les figurines, la plupart du temps
d’animaux, constituaient les offrandes funéraires les
plus fréquentes.
Les caractéristiques de cette sépulture indiquent un traitement spécial de l’enfant mort. Un scénario possible est
que le fragment du bassin a été enlevé afin de servir à une
libation en l’honneur du défunt et qu’il a dû ensuite rester
enterré. L’utilisation du stamnos d’une manière qui évoque
un enchytrisme ne peut pas être facilement expliquée, mais
elle indique certainement la volonté des parents d’offrir
des soins et une protection supplémentaires pour l’enterrement de leur enfant. Malheureusement, les offrandes
ne peuvent pas déterminer le sexe de cet immature dont
la mort constituait une perte importante pour la famille.
Il est possible que les circonstances de son décès aient exigé
une pratique funéraire de caractère différent, de même que
l’offrande de libations. L’utilisation de la partie du bassin
percée d’un trou peut être comparée avec celle des louteria
qui ont été offerts à la mère et à son bébé enterrés dans
le grand enclos funéraire. Ce petit enfant n’apparaît pas
simplement comme un « aôros » : les causes de sa mort,
peut-être une grave maladie, demandaient une attention
supplémentaire et des rites de purification. La comparaison
avec les sépultures infantiles dans des bassins du même
tumulus souligne le caractère particulier de la sépulture 14.
Le traitement funéraire des enfants à Vari à
l’époque archaïque
Depuis le début du septième siècle, on ne trouve plus,
en Attique, les sépultures dans les limites de l’espace
civique 39, en même temps que le nombre des sépultures
diminue considérablement et que les données funéraires
restent limitées (Morris 1987, p. 65-67). Contrairement
au neuvième et à une grande partie du huitième siècle, à
partir du Géométrique Récent les enfants commencent à
être représentés dans les nécropoles attiques, acquérant
des sépultures formelles et archéologiquement visibles.
La faible présence des enfants dans les nécropoles a été
interprétée comme un signe d’exclusion délibérée de ces
défunts en raison de leur âge (Morris 1987, p. 62-69 et
93-94) 40.
Pendant le Géométrique Récent II, les sépultures
de nouveau-nés et de petits enfants sont représentées
39 Pour le cas exceptionnel de la « nécropole archaïque » de
l’Agora, voir Young 1951 ; Morris 1987, p. 67-68.
40 La représentation des enfants dans les nécropoles a été associée
à la naissance de la cité grecque (Morris 1987), mais elle a aussi
été envisagée en relation avec le rôle de la femme dans la société
contemporaine (Houby-Nielsen 1996).
LE TRAITEMENT FUNÉRAIRE DES IMMATURES DANS LA NÉCROPOLE ARCHAÏQUE DE VARI
Fig. 9.
Dessin du bassin d’argile de la sépulture
d’enfant 14 (P. Stavropoullos).
dans les nécropoles et dans quelques cas, comme on le
constate dans les nécropoles d’Anavyssos, Merenda
et Eleusis, elles remplacent graduellement celles des
adultes (Morris 1987, p. 85) 41. Depuis cette époque, des
lieux particuliers, réservés exclusivement à l’enterrement
des nouveau-nés, apparaissent en Attique, tandis qu’on
observe en même temps un accroissement important du
nombre de sépultures de jeunes enfants à Athènes 42. Des
nécropoles spéciales ou des espaces réservés pour les
nouveau-nés existent au septième siècle : on en a trouvé
des exemples au Phalère (Young 1942), à Marathon
(Soteriades 1934, p. 37-38) et à Éleusis (Mylonas 1975,
p. 279-281 ; Papangeli 2001). Même lorsqu’ils étaient
enterrés dans le même cimetière que les adultes, comme
41 Une séparation comparable des tombes d’adultes et d’enfants
est aussi attestée à Érétrie, dans le secteur de l’Hygeionomeion qui,
après environ 700, n’était plus utilisé pour des sépultures d’adultes,
mais seulement pour des inhumations de jeunes enfants (Crielaard
2007, p. 178).
42 Morris 1987, p. 65 ; Houby-Nielsen 1996b, p. 244-247, et 2002,
p. 152-153 et 156-161. Pour la relation entre les sépultures d’enfants
et d’adultes aux époques antérieures, voir Morris 1987, p. 62-65.
au Céramique, les enfants étaient séparés d’eux, formant
des ensembles à la périphérie des groupes de tumuli ou
des bâtiments funéraires, de 700 jusqu’à 560 environ,
alors qu’au cours du cinquième siècle, on les trouve à
une plus grande distance (Houby-Nielsen 1995, p. 132133). Trois enchytrismes du septième siècle découverts
dans la région du Céramique, lors de la construction du
métro, semblent confirmer cette réalité, car ils ne sont pas
liés à des sépultures d’adultes (Baziotopoulou-Valavani,
Tsirigoti-Drakotou 2000, p. 270).
L’organisation spatiale de la nécropole Nord de Vari
montre clairement que la communauté locale a choisi
d’inclure ces jeunes membres, indépendamment de leur
âge, dans la même nécropole que les adultes, continuant
la tradition du Géométrique Récent (Cavanagh 1977,
p. 347), période pendant laquelle les immatures étaient
enterrés avec les adultes dans les nécropoles attiques,
comme à Merenda (Xagorari-Gleissner 2002, p. 32-33)
et à Thorikos (Mussche et al. 1969, p. 93-99, et 1984,
p. 81, 88-98, 101, 107, 111, 113, 115, 117, 127). Cette
même pratique est observée dans les enclos familiaux,
notamment celui fouillé sur l’Agora, au Sud de la tholos
51
ALEXANDRA ALEXANDRIDOU
classique (Young 1939 ; Brann 1962, p. 111-112), qui est
très comparable à l’enclos familial fouillé à Vari. Il est
intéressant de noter que tous deux ont conservé des traces
de cérémonies funéraires à caractère cultuel. Les activités
attestées dans l’enclos de Vari sont immédiatement postérieures à l’abandon de la nécropole de l’Agora.
Bien que les sépultures infantiles soient intégrées
dans la nécropole, on peut détecter une intention de
les organiser en groupes : en particulier, trois des urnes
trouvées au Sud du tumulus 2 forment un petit groupe
séparé du reste des enterrements par un petit mur. Une
attitude comparable est observée dans le cas des enchytrismes du petit enclos funéraire, où presque toutes les
urnes sont placées au Sud de l’enclos. Cette pratique
n’a pas été poursuivie, car les enchytrismes postérieurs,
trouvés sous les tumuli, sont placés isolément parmi des
tombes d’adultes. La concentration des urnes dans une
zone particulière de l’enclos indique une intention de
regrouper les défunts selon leur âge et, ce qui est plus
important, le désir de réserver des endroits particuliers
pour les nouveau-nés. Les enchytrismes qui apparaissent
en petits groupes sont les sépultures les plus anciennes
de la nécropole et semblent avoir formé le noyau de son
développement futur. Malheureusement, l’ordre chronologique des tombes n’est pas clair, en raison du manque
de mobilier funéraire et des descriptions succinctes du
journal de fouille. Nous ne pouvons pas dire s’il existait des tombes d’adultes contemporaines, datant du
début du septième siècle. Le témoignage dont on dispose ensuite provient de la couche sacrificielle couvrant
les deux tombes d’adultes et celles des enfants du petit
enclos familial, qui datent du deuxième ou du troisième
quart du septième siècle. L’ordre chronologique de la
succession des tombes ne peut pas plus être déterminé.
Dans tous les cas, l’apparition des sépultures d’adultes
à proximité des enchytrismes suggère que la nécropole
n’était pas seulement réservée aux défunts immatures.
La différence de traitement des jeunes membres de
la communauté de Vari n’est pas limitée à l’intégration
de leurs sépultures dans la nécropole, elle s’affirme plus
encore par l’attention particulière qu’ils partageaient
avec les défunts adultes. L’idée que la mort des enfants
avait un impact social très faible, affectant principalement la famille, a été exprimée depuis longtemps (Hertz
1905-1906, p. 94 ; Sourvinou-Inwood 1983, p. 44-45),
mais certaines sépultures d’enfants de l’Âge du Fer
peuvent aussi être exceptionnelles, reflétant le statut de
la famille et de son groupe social, ainsi que l’attitude
des élites contemporaines envers la mort des enfants
(Pomadère, 2011) 43.
43 Pour les différences chronologiques et régionales dans le
traitement de la mort des enfants, voir Lagia 2007.
52
À Vari, ni le mobilier ni l’architecture des sépultures d’enfants ne peuvent être comparés avec les riches
exemples de l’Âge du Fer. Pourtant, des preuves incontestables attestant un traitement spécial soulignent que,
malgré leur jeunesse, ces défunts ont été considérés
comme participant également à un statut social élevé.
Les fragments de vases, restes des cérémonies funéraires
adressées aux nouveau-nés des enchytrismes au Sud du
tumulus 2 – très probablement comparables à celles qui
étaient associées aux sépultures d’adultes –, constituent
un exemple caractéristique.
La couche sacrificielle, qui recouvrait les tombes
d’une famille, avec ses membres représentant différents
groupes d’âge et intégrant des nouveau-nés et des adolescents, montre clairement une intention de vénérer les
défunts, sans que les immatures soient exclus. Nous pouvons supposer que les membres adultes de cette famille
ont joué un rôle essentiel dans la vie et le développement
de la communauté locale, nouvellement établie, mais
leurs héritiers – le bébé de l’enchytrisme, comme les
enfants plus âgés incinérés – étaient également considérés comme importants et ont reçu les mêmes honneurs.
Le double enterrement et la sépulture archaïque dans
le bassin nous informent sur l’impact qu’un mort prématuré pouvait avoir sur la famille, voire même sur la
société. Ils indiquent une sensibilité envers les circonstances particulières qui ont pu mener à la mort. Dans
le premier cas, il est clair que non seulement la femme
adulte, mais aussi le fœtus ou le nouveau-né ont mérité
un traitement funéraire spécial, qui doit être associé avec
la mort pendant la grossesse ou l’accouchement 44. Cette
sépulture était la plus riche de l’enclos, et marquée par
une construction funéraire entourant les deux défunts.
En outre, les louteria offerts à la mère et à l’enfant soulignent que la mort des deux personnages a exigé une
purification. L’enchytrisme, placé dans une amphore à
décor en relief, était très richement doté, contrairement
aux autres exemples de la nécropole qui, quand ils contenaient du mobilier, ne bénéficiaient que de quelques
vases miniatures. Comme on l’a montré plus haut, la
personne décédée était probablement une petite fille, si
l’on en juge par le mobilier funéraire. Il est intéressant
de noter que, pendant l’Âge du Fer, les riches tombes
féminines sont comparables à celles des enfants, ce qui
amène à se demander si la richesse des sépultures d’enfants oriente vers des filles (Pomadère, 2011, p. 574) :
bien que postérieur, l’exemple de Vari semble conforter
cette hypothèse.
44 La même opinion a été exprimée pour le traitement funéraire
différent des défunts de la tombe 123 à Toroné (Liston, Papadopoulos
2004, p. 28).
LE TRAITEMENT FUNÉRAIRE DES IMMATURES DANS LA NÉCROPOLE ARCHAÏQUE DE VARI
L’étude de la sépulture de la « Rich Lady » de l’Agora
ne permet pas de savoir si la présence du fœtus a influencé
le traitement des défunts et la richesse de la sépulture :
à Vronda, le fœtus n’a aucun impact sur le type de la
sépulture, ce qui pourrait avoir été également le cas
pour la tombe athénienne. Toutefois, si des questions
de transmission de propriété sont prises en considération, la richesse de la tombe peut refléter le statut du
bébé comme héritier potentiel (Liston, Papadopoulos
2004, p. 29-30). Dans le cas de Vari, la situation est plus
claire : le traitement des défunts est significatif de l’importance de leur rôle social (Liston, Papadopoulos 2004,
p. 28, n. 88), qui n’était pas limité seulement à la mère.
La communauté a montré une sensibilité particulière,
plaçant l’adulte et le bébé dans la catégorie des morts
spéciaux, qui peuvent être caractérisés comme « aôroi »,
comme d’ailleurs les défunts comparables de la tombe
H 16 :6 de l’Agora (Liston, Papadopoulos 2004, p. 30).
Autrement dit, l’attention spéciale envers la petite fille
ne semble pas être liée à son sexe.
L’« aôros » d’un des bassins d’argile trouvés sous le
tumulus 3 a suscité une attention spéciale. Contrairement
aux enfants de l’enclos familial et du bébé de la double
sépulture, cas où les immatures bénéficient des mêmes
honneurs en raison de leur lien avec les adultes, ce sont
ici sans doute les circonstances de sa mort qui exigeaient
un traitement différent, plus soigné et nécessitant une
purification. La particularité de la sépulture montre non
seulement le chagrin de la famille, mais aussi le choc
causé par une mort dans des circonstances inhabituelles.
La nécropole Nord de Vari était destinée aux défunts
de statut élevé, indéniablement des membres de l’élite
locale, comme l’indiquent la qualité des objets mis au
jour, l’utilisation de grands tumuli ou de bâtiments funéraires bien construits, ainsi que les pyrai sacrificielles et
les tranchées à offrandes, deux moyens de vénérer des
individus ou des groupes de défunts. Ces structures et
pratiques funéraires ne sont pas attestées dans la nécropole Sud-Ouest, qui a servi à la même communauté. Les
données de ces nécropoles suggèrent l’existence d’une
communauté fortement hiérarchisée, celle du Nord étant
le lieu d’enterrement des membres de l’élite dirigeante,
qui essayaient de renforcer et de légitimer leur pouvoir, et
probablement leurs actions politiques, par des pratiques
funéraires particulières (Alexandridou 2009 et à paraître).
Les bébés, les jeunes enfants et les adolescents n’ont pas
été exclus de ce processus, mais ont été traités comme les
héritiers respectueux de la puissante élite locale.
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Grave Gifts in Child Burials in the Athenian Kerameikos:
The Evidence of Sea Shells
Jutta Stroszeck
Résumé. Depuis l’Âge du Bronze jusqu’à la période
romaine, des coquillages ont été déposés auprès d’enfants décédés. Dans la nécropole du Céramique à
Athènes ils ne sont présents que dans 2% des sépultures
d’enfants, mais concentrés à la fin du VIe et surtout au
Ve s. en comparant avec d’autres nécropoles de Grèce,
il apparaît que les coquillages sont, au Ve s., le plus souvent déposés dans des sépultures de très jeunes enfants.
Cet article cherche ainsi à déterminer la signification
de la présence des coquillages dans ces sépultures en
les rattachant au monde de la naissance et de la petite
enfance.
F
unerary practices and burial customs are based
on the religious ideas of specific social groups
and constitute elements of local tradition. They
are subject to change over time, generally as a reflexion
of corresponding social changes. Grave goods are to be
seen within this framework as keyed to gender, age and
social status of the deceased, but further factors may
come into play. For instance, the availability of certain
objects can be related to economic or regional conditions.
If one follows a specific phenomenon over an extensive time span and in various regions of the ancient
world, it becomes necessary to keep an eye on the possible structural, social and chronological developments,
as these may lead to consequences for the interpretation
of the phenomenon.
Against this background, the deposition of sea shells
in child burials will be examined here. 1 Departing
point for the analysis are the graves of children in the
Kerameikos cemetery, but the practice itself was widely
prevalent and may be followed over a long period. The
present study begins with when, where and in what context sea shells appear, followed by the analysis of the sea
shell species, and considerations regarding the use of sea
shells in the Greek world during Antiquity.
1 In a contribution to Classical child burials in the Kerameikos,
S. Houby-Nielsen connects sea shells as gifts with the age groups 1
(newborn), 2 (older babies) and 4 (ʻadultsʼ): Houby-Nielsen 1995,
p. 182f. (Appendix 4).
Some 2000 graves from the Kerameikos cemetery
have been published to date, 827 of which can be identified as child burials. The high number of child graves
here is the result of full excavation and publication of two
substantial areas, in which cemeteries for children were
situated in the Late Archaic and Classical periods: first,
Tumulus G to the south of the Eridanos 2 and second, the
so-called South Tumulus to the south of the Street of the
Tombs 3. In the classical period, both tumuli constituted
optical markers for the transitional zone between polis
and nekropolis and vice versa. Both children’s cemeteries
were placed in this ‘liminal zone’ (Stroszeck 2010, esp.
p. 57). Part of the children’s cemetery covering the South
Tumulus and continuing to the west towards the burial
plots of the Messenians and the burial plot of Demetria
and Pamphile were later covered over by the South Road
(Brueckner 1909, p. 30-34; Eilmann 1932, esp. p. 197).
This could mean that the area may already have been the
property of the polis, that is, the children’s cemetery was
situated in an area of shared citizen use 4.
In the rarest of cases the children are laid directly
in the earth or cremated; they are almost always buried
in a recipient. As a rule, this recipient is understood as
a protection for the corpse, deposited first in the earth,
and into which the child was then placed. It cannot be
excluded, though, that the corpse was transported to the
burial ground in the recipient. The choice of an amphora
or a closed vase as funerary vessel for neonates has 5, no
doubt rightly, been associated with the conception of the
uterus as a protecting recipient. Therefore, the choice of a
container for the burial was connected to a meaning, even
if it was a commonly available shape, which in secondary
or after multiple uses finally ended up as a child coffin.
Of the child burials in the Kerameikos, 328, that is, more
2 Kerameikos 7.1, p. 5-9 and passim, as well as beil. 3.
3 Kerameikos 9, p. 13, plan 1.3 and passim.
4 The establishment of the ambassador graves, using public funds,
at the foot of the South Tumulus supports this view: Kerameikos,
Inv. I 18; I 241; I 242. IG II2 no. 5220, 5224; IG I3 no. 1178:
Hoepfner 1973; Stroszeck 2002/2003.
5 On the interpretation of pots used for child burials as uterus:
Michalaki-Kollia 2010, p. 164.
57
JUTTA STROSZECK
than a third, are amphora burials, while the remaining
employ other containers (chytra, hydria, pithos, or water
pipe) and, in particular, clay tubs, probably produced
exclusively for this purpose 6. For the reception of the
burial, an opening was created in the belly of an amphora,
through which the corpse –with any gifts– was introduced, whereupon the hole was closed with the fragment
cut or hewn out previously, or with a stone. In addition, in
the course of the burial, the amphora mouth was usually
blocked with a stone, with mud bricks, or with a pottery
sherd 7. The inside of the amphora can be painted red or
black for the purpose of the burial (Kerameikos 7.1, no.
216). In most cases, the amphorae are deposited in a pit
without further protection, either lying on the side or in
upright position, but there are exceptions 8.
The orientation of the child in the amphora coffin seems to follow predetermined rules, for example
the geographic direction, or the line of vision of the
deceased appears to have played a role: the head of the
child is mostly positioned at the mouth of the amphora 9
and to the east, looking to the west, seldom at the bottom/foot of the amphora (Kerameikos 7.1, no. 119, 209,
566, 77, 44, 30). Karl Kübler assumed that the reason for
the differing positioning of the skeletons with the head
at the foot end, occurring sometimes, may be due to the
east-west orientation of the amphora (Kerameikos 7.1, p.
190). The head would then have been placed at the foot
end so that it was orientated again to the east, looking
west. In the case of north-south oriented graves along
the Sacred Road, the head is placed to the south, looking towards the Sacred Street, and when in these cases
the foot of the amphora was placed at the south end, the
head of the child was placed in the foot.
The choice of a specific shape of burial recipient
obviously didn’t take place merely by chance, rather it
was undertaken with regard to the size and thus the age
of the child to be buried. It is clear that neonates and
young babies were predominantly interred in amphorae
6 To date, no other use, for example in a settlement context, is
documented. Kerameikos 7.1, p. 179 with n. 39; Ursula Knigge did
consider a use as container for kneading dough: Kerameikos 9, p. 29f.
n. 50.
7 Kerameikos 7.1, no. 68 with clay; no. 526, 487, 165, 32 with a
sherd; no. 76 with a bowl sherd painted reddish-black on the inside;
no. 466 and 441 with a covering bowl; 67 with the base of a vase;
no. 66 with the base of a bowl; no. 241 with a poros fragment; no.
181 with a piece of micaceous slate. Kerameikos 7.1, no. 240 had its
opening closed by brick fragments.
8 The amphora fragment Kerameikos 7.1, no. 198 was covered
with a clay tub fragment and a 10 cm thick stone slab; in the case of
no. 47 the amphora was surrounded and covered with field stones.
9 Kerameikos 7.1, no. 567, 468, 441, 417, 245, 241, 240, 216, 207,
164, 117, 116, 79, 68, 52, 47, 32 ʻin the mouthʼ.
58
and other vessels, whereas for older babies and younger
children clay tubs were employed.
Children are often buried without gifts, their graves
contain, if anything, perishable organic goods, which
have not been preserved (e.g. Kerameikos 7.1, no. 574,
607, 607a, 611). The gifts are generally found within the
recipient next to the skeleton, but it does occur that they
were placed in the pit itself 10. These instances seem to
reflect two different types of dedications.
It is conspicuous that in the child burials of the late 6th
and the entire 5th century B.C., and mainly in enchytrismoi, a particular combination of vessels is re-occurring
several times: so-called lidded bowls, that is, pyxides 11
or lekanides, 12 covered with a lid, are accompanied by
small juglets (olpai) and small-sized skyphoi, sometimes
also small plates. The lidded bowls constitute –together
with miniature drinking cups (kotylai) and small juglets (olpai), more rarely with other shapes– a type of
standard equipment for child graves, to which lekythoi
or other vases may be added. Whereas the juglets and
the drinking cups have an obvious use as recipients for
libations, the use of the lidded bowls, almost always of
‘normal’ size and showing signs of wear, is not as readily
understood. 13 A connection with the pyxides used in the
Athenian wedding ritual appears likely.
Child graves with sea shells in the Kerameikos
Over the entire time span covered by the burials in
the Kerameikos cemetery, sea shells appear as gifts in
32 graves, 17 of which belong to children. Since the
Hellenistic and Roman cemeteries remain hitherto unpublished, this total will very probably rise. Nevertheless,
on the whole, the number of burials containing sea shells
remains comparatively small.
The oldest child burial from the Kerameikos that
contains a sea shell is a cremation of the late 10th c. B.C.
(Cat. 1). It is interpreted as child burial because the grave
gifts comprise a set of miniature vessels (Kerameikos 5,
10 Kerameikos 7.1, no. 187; no. 181 small bowl; no. 112 two small
bowls; in the case of no. 76 the gifts are placed outside on both sides
of the Black-figure amphora. In no. 33 part of the gifts were placed
inside and part outside, next to the amphora.
11 Rutherfurd Roberts 1978, p. 2, 4f. and 177-187 (on the pyxis in
the female sphere as a container for make-up and jewelry and with
special connection to the wedding).
12 Occasionally also termed ʻlidded bowlʼ cf. Breitfeld-von
Eickstedt 1997 and the announced dissertation p. 60 n. 2.
13 Blegen et al. 1964, p. 70: ‘The pyxis, which is usually considered
to indicate a woman’s grave, has a different significance at Korinthos;
it occurs regularly in children’s burials, and, furthermore, often in
graves which also contain strigils, the conclusion is that the pyxis
was dedicated primarily to children, both male and female’.
GRAVE GIFTS IN CHILD BURIALS IN THE ATHENIAN KERAMEIKOS
p. 24, 212f., no. 3, pl. 14). In the excavation report, the
sea shell is mentioned, but neither described nor illustrated. Among the graves of this period, this appears to
be the only case of a sea shell in the Kerameikos. The
hitherto latest child burial containing a sea shell is the
inhumation of a 3-6 year old child that can be dated to
the Augustan period (Cat. 17).
Exception made of the oldest and the latest examples,
all other child burials with sea shells are inhumations of
very small infants, buried in the late 6th and during the 5th
c. B.C. The infants in these cases were very young. This is
indicated by the small size of the containers used in their
burial. For example, the Cat. 12 amphora has a total height
of 52 cm, while the available space in the belly, into which
the child was introduced, amounts to no more than 40 cm.
The table of child growth rates, quoted by Daniel Gräpler
in a study of child burials at Taranto, indicates that an average one-year old already attains a height of 80 cm 14. The
babies in Cat. 2-16 are predominantly interred in amphorae; the few other cases comprise a hydria burial (Cat. 2),
as well as two burials in "clay tubs", so-called larnakes
(Cat. 11, 13). The distribution in the area of the children’s
cemeteries in the Kerameikos is relatively uniform: five
graves are located in the sector of Tumulus G (Cat. 2, 3, 5,
6, 13), six to the south of the Sacred Road (Cat. 8, 9, 10,
11, 14, 15, 16), and three in the cemetery on the west slope
of the South Tumulus (Cat. 4, 7, 12).
Among the child burials in the Kerameikos containing the above-mentioned standard pottery set, a small
group stands out through the additional deposition of the
sea shell (Cat. 2 to Cat. 16). The funerary set consists
here of the lidded bowl (lekanis or pyxis), a skyphos and/
or a small olpe.
The sea shell is always of a bivalve type, of which
one shell only is placed in one of the vessels, that is,
in child burials the sea shell is always placed carefully
inside a protecting vessel. Sometimes the sea shell is
placed together with further gifts in a larger vessel: in
Cat. 3 with a kotyle (fig. 1), in Cat. 5 with a miniature
skyphos (fig. 3), in Cat. 9 with a juglet (fig. 7). In Cat. 7,
the sea shell has been found inside a small bowl, placed
within a lidded bowl (fig. 5). In Cat. 16 the sea shell,
placed in a pyxis, was covered by a small plate.
The reoccurring combination of a dish containing a
sea shell obviously reflects an established ritual. Further
gifts could be added, for example astragals (Cat. 3), 15
14 Graepler 1997, p. 53 n. 118: Table with sizes for children 1-14
years of age. 1 year: 80 cm; 6 years: 118 cm; 14 years: 163 cm.
15 E.g. Korinthos, North Cemetery: child burial in sarcophagus
Blegen et al. 1964, p. 225, no. 286; Olynthos, Grave 462 (450-400
B.C.) and Grave 327 (ca. 420 B.C.): Robinson 1942, p. 67, 94. This
find combination is also to be observed among the dedications in the
Korykian Cave at Delphi: Amandry 1984, p. 378.
an exaleiptron (Cat. 5), or, as in Cat. 12, a make-up tablet (fig. 10, 13.4). The complete ‘gift set’ is most often
placed in the funerary container itself, in some cases by
the head of the corpse. Only in the case of Cat. 14, the
shell was found together with a second set of grave gifts
outside the tub, and not among the gifts within.
The vessels, in which the sea shells are deposited, are
not miniatures but the common utilitarian sizes. Besides,
they often exhibit traces of use. The lekanis in Cat. 15,
for example, has scratches in the bottom, on the inside
of the lid, and on the underside. The slip in these places
is worn off down to the clay. It is notable that these wear
patches are found on one side only of the vessel.
The grave contexts described above reflect a firmly
established dedication ritual performed at the interment
of infants, in which the sea shells had their definite place.
The sea shells are, moreover, always found in graves
containing further gifts, often several, and in some cases
more than ten.
It is also notable what does not appear in association with sea shells: most obvious is that none of the
amphora burials with sea shells among the gifts in the
Kerameikos has produced a feeding bottle. Feeding bottles are attested in Athens since the Mycenaean period 16,
and in the child burials in the Kerameikos they constitute a quite common gift. It has already been noted that
feeding bottles are repeatedly found in graves of taller,
i.e. older, children. Could then the sea shells in infant
contexts fulfill the function of the feeding bottle used for
older children?
Sea shells in Athenian child burials are, of course,
not restricted to the Kerameikos site. The child burial no.
1010, uncovered in the area of the Kerameikos metro station at a short distance outside the archaeological site, may
be referred to as an example for the evidence elsewhere
(Baziotopoulou-Valavani et al. 2000, p. 271, 304 with
fig. 303). On the basis of the pottery, the richly furnished
grave can be dated to the first quarter of the 5th c. B.C.
On the one hand, in relation to other child burials of
the 5th c. B.C., the group of graves with sea shell gifts
is numerically very small, constituting less than 2% of
children’s graves of the period. On the other hand, the
graves of this group extend over more than three generations, that is, they appear in the late 6th c. and during
the entire 5th c. The group comes to an end concurrently
with the 5th c. B.C.; thereafter the custom appears to
have changed. In the same period the child burials in
the two cemeteries by the South Tumulus and above
Tumulus G cease to continue.
16 Immerwahr 1971, p. 138f. A feeding bottle was found in a Late
Mycenaean child burial in the Agora (LH IIIA2 and IIIB). She notes
that this gift was clearly intended for older children.
59
JUTTA STROSZECK
60
Fig. 1. Grave context Cat. 3.
Fig. 2. Grave context Cat. 4.
Fig. 3. Grave context Cat. 5.
Fig. 4. Grave context Cat. 6.
Fig. 5. Grave context Cat. 7.
Fig. 6. Grave context Cat. 8.
GRAVE GIFTS IN CHILD BURIALS IN THE ATHENIAN KERAMEIKOS
Fig. 7. Grave context Cat. 9.
Fig. 8. Grave context Cat.10.
Fig. 9. Grave context Cat. 11.
Fig. 10. Grave context Cat. 12.
Fig. 12. Grave context Cat. 15.
Fig. 11. Grave context Cat. 13.
61
JUTTA STROSZECK
The deposition of a sea shell in the grave of newborns
and infants buried in a clay recipient seems to reflect a
continuously performed burial rite, carried out with
respect for certain rules, and endowed with a specific basic
meaning. Since the graves of this group were established
in a time when the burial of adults and the subsequent
grave cult were also subject to a standard, referred to as
‘Ta Nomizomena’ 17, it does not appear incorrect to assume
that also during the burial of infants and small children
there existed a more or less established custom, and
that the requirements of the standardized ritual changed
according to the age group of the deceased.
The question arises, then, which indications are available for an elucidation of the sea shell-ritual: to approach
an interpretation, first child burials in other regions were
compared, then the species of sea shells found in the
Kerameikos child burials were investigated. These are
presented in the catalog (Cat. 1-17, fig. 13). To round the
picture, the appearance of sea shells in adult burials was
examined.
Sea shells in child burials at other sites
As gifts of comestibles, sea shells appear in graves
already in the Bronze Age, for example oysters have
been found as delicacies (
, homeric
)
among the gifts in Mycenaean shaft graves (Hünemörder
2000). Parallels for gifts of mollusks in infant burials
are found over a wide time span outside the Kerameikos
in Athens and Attica, as well as in many other Greek
cemeteries. Sea shells as gifts are attested in Athens in
the Mycenaean period in three child burials in chamber
tombs in the Agora 18.
A context in the children’s cemetery at Astypalaia
has been dated to between 850 and 830 B.C. (MichalakiKollia 2010, p. 181). There, among the remains of a
Geometric offering pit, which contained burnt bones
and ‘white mass’, sea shells were also discovered. If the
‘white mass’ proves to be ‘soap’ or even psimmithion,
that is, make-up, then this would be the earliest attested
connection between marine sea shells, cleansing ceremonies and beauty utensils, and the burial of infants.
In Northern Greek Akanthos, sea shells have been
found in many child burials, especially those of neonates
and small children, often they were the only grave gift
(Kaltsas 1998, p. 302). The same manner of deposition as
17 Hame 1999. The non-observation of the Nomizomena at the
burial of parents could lead to a charge of kakosis goneon: Aischines
1 (contra Timarchos) 13f.
18 Immerwahr 1971, p. 208, burial number XVI, pl. 47.14.
Immerwahr interprets them as toys.
62
in the Classical Kerameikos graves is attested in all child
burials with sea shells in the West Cemetery at Korinthos
(Blegen et al. 1964, see below). In a child burial dating to
around 400 B.C. at Olynthos (Robinson 1942, grave 514
p. 102), the sea shell lay in a lidded bowl together with
a feeding bottle and an egg shell. The custom has also
been observed on the islands of Astypalaia and Rhodos.
The comparison with the North Cemetery at Korinthos is
very instructive 19: in a total of five graves sea shells were
found, all five being child burials 20. The graves stretch
in time from the middle of the 6th c. into the 5th c. B.C.
In the 4th c. sea shells appear increasingly in the
graves of young adults, sometimes in cases of the simultaneous burial of an adult and an infant 21. Additional
gifts may mirror regional particularities, for example,
the eggs found in Korinthos 22. Sea shells are also found
in amphora burials of the Hellenistic period. One such
burial from Tanagra, dating to the 2nd c. B.C., contained
eight other gifts and six sea shells (Andreiomenou 2007,
p. 55 Grave B / 1).
The deposition of marine sea shells in child burials is
thus a custom practiced over a large geographic area and
a wide time span. It is necessary to examine whether the
custom changes over time, how it changes, where else it
is also attested, and if it is possible to establish or at least
suggest the reasons for this custom.
Sea shells as gifts in child burials: the species
It is necessary to stress that to date it is without
exception marine sea shells with two shells (bivalvae)
that have been discovered in the child burials in the
Kerameikos. As so often the case with organic gifts, they
are rarely illustrated, not even in the customary context
19 Blegen et al. 1964, p. 70, 84, 204, no. 225, pl. 33 (Blue edible
mussel ca. 550 B.C.); 280 no. 448, pl. 72 (grave of a mother and
child, as judged by the authors according to the gifts, to the child a
large Scallop is assigned, 350-325 B.C.).
20 Blegen et al. 1964, p. 188, no. 165 (sea shell and skyphos
together in a pyxis, ca. 575 B.C.); 204f., no. 224 (Blue edible mussel
in skyphos, ca. 550 B.C.); 208, no. 239 (sea shell in pyxis, 550-525
B.C.); 225, no. 286 (Blue edible mussel and skyphos in pyxis, 500475 B.C.); 226, no. 291 (sea shell in a lekanis, ca. 475 B.C.).
21 Blegen et al. 1964, p. 84 n. 108; Graves 279, no. 444 (Grave
L: 1,78; sea shell and bowl in lekanis, 375-350 B.C.); 280, no. 448
(Grave of mother and child? 350-325 B.C.); 285, no. 464 (Grave of
an adult, sea shell next to oinochoe, ca. 300 B.C.); 292f., no. 496
(richly furnished adult grave with child, with 6 sea shells, 300-350
B.C.); as well as the ‘deposits’ 304, no. D 14 (sea shell in lekanis,
450-425 B.C.); 308, no. D 36 g (sea shell in pyxis, 4th c. B.C.).
22 Blegen et al. 1964, p. 70 ‘The eggs would seem to be symbols of
growth and fertility’.
GRAVE GIFTS IN CHILD BURIALS IN THE ATHENIAN KERAMEIKOS
photos which round off the Kerameikos volumes 23, and
in some cases they are no longer extant. Moreover, apart
from the indication that a sea shell was found in this or
that context, there is as a rule no information concerning
the species or qualities of the sea shell, even though this
is important for the interpretation of the gift.
In 11 instances the sea shells 24 from Kerameikos child
burials are preserved, while in six cases they are lost but
recorded in the publications (Cat. 1, 2, 8, 9, 11, and 14).
The preserved sea shells are all of edible species. Only
one shell of the mollusk was deposited while the other
is missing. The following species have been identified
(fig. 13): the majority are Blue edible mussels 25 (Cat. 3,
6, 10, 12, 16; fig. 13.1-5), while the Cockle is represented twice 26 (Cat. 13, 15; fig. 13.6, 7), and there is one
example each of the Dog cockle 27 (Cat. 4; fig. 13.9), the
Rayed through shell 28 (Cat. 5; fig. 13.10), the Scallop 29
(Cat. 7; fig. 13.8), and the Noah’s ark shell (Arca noae
Linné: Dance 2003, p. 211; Cat. 17; fig. 13.11).
The state of preservation of the sea shells varies:
the thinner shells of the Blue edible mussel are partly
broken, while the thicker shells of the other species
are better preserved, although the surface may in some
cases be worn, suggesting that the shells were collected
on the sea shore and not taken from kitchen refuse (Cf.
Rogalla, Amler 2003 and 2007). Only in the case of
Cat. 13 (fig. 13.6) damage along the edge is observed, as
if from a forced opening, but this piece also has a small
hole in the middle, which could be due to an assault by
an Assassin snail (Anentome helena), a natural predator
of sea shells. In other words, this shell may also have
been collected.
23 Exceptions are the sea shells in the adult burials in Kerameikos
14, p. 36-38, no. 24, pl. 34,7 and p. 59f., no. 59 (Eck 45), pl. 45.1.
24 On sea shells in Antiquity: Steier 1933; on species identification:
Delamotte, Bardala-Theodôrou 1994, passim; Dance 2003, passim.
25 Μytilus edulis linné, Greek: ὁ μύς. Cf. belonging to the same
genus, the Choro sea shell, choromytilus chorus molina: Delamotte,
Bardala-Theodôrou1994, p. 148.
26 Acanthocardia tuberculata Linné: Delamotte, BardalaTheodôrou 1994, p. 176, 254, 294; Dance 2003, p. 228f.
27 Glycimeris glycimeris Linné: Delamotte, Bardala-Theodôrou
1994, p. 146, 244; or a Venus cockle (venus casina Linné): Delamotte,
Bardala-Theodôrou 1994, p. 188, 190, 262 (matching shape,
transverse striation, teeth on inner edge, muscle attachment inside).
28 Mactra corallina linné: Delamotte, Bardala-Theodôrou 1994,
p. 178, 255; Dance 2003, p. 232.
29 Greek κτείς. Here chlamys varia Linné: Delamotte, BardalaTheodôrou 1994, p. 161, no. 6; p. 156, no. 1a; Dance 2003, p. 219.
Scallops served not only as a votive offering to Aphrodite, they also
appear ca. 500 B.C. as symbol on the coinage of Tarento, as well
as on the coins of Syracuse: Delamotte, Bardala-Theodôrou 1994,
p. 35, fig. β. γ.
The work traces on Cat. 4 (fig. 13.9) indicate that this
sea shell was once used as the bowl of a spoon, or as the
container of a creamy or liquid substance 30.
Sea shells as gifts in adult burials
A glance at graves of adults, in which sea shells have
been noted, will also contribute to an understanding of
the phenomenon 31. In the Kerameikos, the first sea shells
in adult burials appear in the second half of the 5th c.
B.C., they increase in numbers during the 4th c., and are
still present in Hellenistic burials. In total, to date there
are 15 graves containing a sea shell. Two of these burials are securely identified as female, the one through
anthropological analysis 32, the other through the name
Mnesistrate on the extant grave marker (the unpublished
Grave HL 39 of the early 1st c. B.C.). One further grave is
linked to an actor, a profession which in terms of gendergrouping is evidently equated with the female sex 33.
In the –frequently very richly endowed– adult graves,
the sea shells are usually associated with a series of
gifts belonging to the female world: there are almost
always pyxides, moreover mirrors, alabastra, jewelry,
combs, small boxes, and elsewhere also funerary wreaths
(Andreiomenou 2007, p. 75, 252, 266, no. H/9 [275-250
B.C.]). The lidded vessels and sea shells in child burials
seem to hint at an abbreviated version of this gift set. The
make-up tablet in Cat. 12, as well as the exaleiptron in
Cat. 5 seem to confirm this impression. There is however,
a difference between the adult and the child graves containing sea shells and it is related to the species occurring:
the species of sea shells in burials of adults are often Great
scallops 34 and Cockles, whereas Blue mussels (fig. 13.15) do not seem to occur in adult burials. In Argos, Murex
shells 35 are attested as burial gifts or dedications for adults.
30 Cf. a piece from the adult burial hS 34 on the Sacred Road:
Vierneisel-Schlörb 1966, 98 no. 176 Beil. 60, 1.2.
31 In some of the cases, they are characterized as ‘young adults’ by
anthropologists, in others the identification is uncertain, because the
skeleton has not been studied by anthropologists and the length (over 1,
40 m) suggests to the archaeologist that the deceased was fully grown.
32 Kerameikos 14, p. 10f., fig. 9; p. 13f., no. 8, pl. 7.1; pl. 28.7-10;
pl. 29.1.
33 Kerameikos 14, p. 36-38, no. 24, pl. 9.2; pl. 34.1-9; pl. 35.1-7,
esp. pl. 24.18 (Grave of the actor Makareus, ca. 370 B.C.).
34 Pecten maximus: Keller 1913, p. 560; Kerameikos 14, p. 10f.,
fig. 9; p. 13f., no. 8, pl. 7.1; pl. 28.7-10; pl. 29.1; Blegen et al.1964, p.
280, no. 448, pl. 72 (mother and child, 350-325 B.C.); Andreiomenou
2007, p. 75, 252, 266, no. H/9 (275-250 B.C.).
35 Murex murex: Bruneau 1970, p. 467f., no. 59, fig. 83 (end 2nd c.
B.C.) and p. 512, no. 188, fig. 207 (150-100 B.C.).
63
JUTTA STROSZECK
Fig. 13.1. Cat. 3 Grave HTR 63 Blue edible mussel.
Fig. 13.2. Cat. 6 Grave HTR 3 Blue edible mussel.
Fig. 13.3. Cat. 10 Grave 39 HTR 2 Blue edible mussel.
Fig. 13.1-13: Overview of sea shell species in child burials in the Kerameikos.
64
GRAVE GIFTS IN CHILD BURIALS IN THE ATHENIAN KERAMEIKOS
Fig. 13.4. Cat. 12 Grave SW 113 Blue edible mussel.
Fig. 13.5. Cat. 16 Grave NNO. 96 = P 52 Blue edible mussel.
Fig. 13.4-5: Overview of sea shell species in child burials in the Kerameikos.
65
JUTTA STROSZECK
Nor have Cowrie shells 36, which occasionally are included
in adult graves, to date been verified in child burials, at
least in the Kerameikos. Into late- and post-antiquity they
were regarded upon as a symbol of the female genitalia
due to the curved and denticulate opening on the underside. In various cultures, over a large chronological period
and in many topographical areas, they have been used as
amulets for women, protecting fertility and childbirth. An
exotic species in Greece, imported from afar, in classical
Greece they are often drilled or mounted to serve as jewelry amulets.
Seashells as grave gifts are attested well into the
Roman Imperial period, as far as the Northern provinces.
For instance, they have been found in Roman burials in
the Province Germania: Heike Kappes and Bernd Liesen
have shown that the sea shells in this area are always
placed in richly endowed graves (Kappes, Liesen 1996).
Apart from imported sea shells, these graves also contain
fresh water mollusks. In three out of 21 examined cases,
the mollusks were placed in a recipient, by the head or
next to the hand of the deceased. The fact that the Blue
mussels and snails frequently discovered in contemporary settlements in the Northern provinces do not appear
at all, underlines the symbolic value of the grave gift.
Sea shells in everyday life in Classical times
Sea shells in Antiquity, as today, had both practical
and symbolic meaning. The material value of the sea
shell was next to nothing, for ‘κόγχης ἄξιον’ meant
‘worthless’ (Suda, s.v. κόγχη). In what follows, we will
discuss first some of the practical uses of sea shells, then
their symbolic meaning.
Many species of sea shells constituted a choice dish,
served either boiled or fried 37, but they also had other
practical 38 and medical uses, for example, certain species were consumed for their diuretic or laxative effect
(Compare Athenaios III 86 c; III 120 d and Steier 1933).
Blue mussels were placed on ulcers to aid in the healing
process (Plinius, Nat. hist. 32, 95-98).
In addition, sea shells and in particular Pearl oysters were farmed and the shells themselves or parts of
them were employed in the creation of jewelry. For this
purpose, the shells were worked by cutting, drilling or
36 Cypraea: Keller 1913, p. 541-544; Kerameikos 9, p. 189, E 124,
pl. 98.7. Cf. Lennartz 2004.
37 For example in the Iron Age settlement at Kastanas: Becker
1986, p. 232f., fig. 77, 80. See Athenaios ΙΙΙ 90b, 94b and III 120d.
38 Thread (‘sea silkʼ) from the Giant Mediterranean Pen shell (pina
nobilis), which is not present in graves, were used in the production
of cloth: Alciphron 1,2; Tertullian, de pallio 3.
66
polishing them. In pieces of jewelry, sea shells and imitations in other materials probably served a protective
function as apotropaic amulets (Bratschkova 1939, p. 5),
having thus partly practical and partly symbolic value.
Since sea shell jewelry is rarely found in child burials,
already David Robinson excluded a primary function as
jewelry for these mollusks (Robinson 1942, p. 198).
The sea shells can also be reworked to serve as
parts of utensils, for example as the bowl of a spoon 39.
Probably because spoon bowls were often made from
mussel shells, in Greek the word μύστρον, derived from
the Blue mussel (μύς), also was used as a synonym for
the word “spoon” 40. As make-up, soap or cosmetics containers, as well as dedications, sea shells were imitated
in other materials 41.
A particular function of sea shells should be mentioned, previously unnoted in this context: some bivalve
sea shells counted as a unit for small amounts of liquid.
One of them is the χήμη, named after the venus cockle
(venus casina) (RE III 2, 2232 s.v. Χήμη [Friedrich
Hultsch]). The contents of this measure were a 1/24 of
the Attic kotyle, being thus a ¼ kyathos. Also, the Blue
mussel was used as a unit of measure: the mystron
(μύστρον). It too amounted to a 1/24 of an Attic kotyle.
These measure units occur for example in the preparation of medicines and cosmetics quoted by Galenus
in a collection of recipes for cosmetics called ‘ἐκ τῶν
Κλεοπάτρας κοσμητικῶνʼ (Lüring 1888, p. 123-139;
Fabricius 2010, p. 201f). There we also find a further subdivision: the χήμη is distinguished from a small χήμη.
Certain species of sea shells had at specific times a concrete function in cult. A triton shell served, for example,
in Minoan cult as a conch shell trumpet, with which the
goddess was called to the altar (Bratschkova 1939, p. 6,
fig. 1). Also, the masses of sea shells found in the so-called
Shrine of the Snake Goddess (the Temple Repositories)
in Knossos have been assigned a cultic function (Evans
1903, esp. p. 43 fig. 21; Bratschkova 1939, p. 6).
Several cities employed sea shells as symbols on
their coinage, and occasionally they occur as auxiliary
39 Knigge suspected that the sea shell Inv. 7523, found in the
so-called Bau Z in Room P 1 on Floor 13, was used as a spoon:
Kerameikos 17, p. 136, no. 220, pl. 74. In comparison Jacopi 1929,
p. 72 fig. 62: bronze bowl of a spoon in the form of a cockle.
40 Liddell (H. G.), Scott (R.) – A Greek-English Lexicon. Oxford,
1968, p. 1157, s.v. μύστρον.
41 Anderson 1953, p. 165-167, pl. 7a; 1-3 (copies of a cockle in
bronze and lead); Papapostolou 1977, p. 326f. silver sea shell as
make-up container by the right shoulder of the skeleton; crystal sea
shell in a female burial of the 1st c. B.C. in the Peiraios: Segall 1938,
no. 94, pl. 26; on the copying of sea shells in other materials, cf. also
Amandry 1984, p. 379.
GRAVE GIFTS IN CHILD BURIALS IN THE ATHENIAN KERAMEIKOS
device 42. Given that there were well known local varieties of sea shells praised as the best of their kind, like the
blue mussels from Ephesos or Ainos or the scallops form
Mytilene (Athenaios III 87 c; III 90 d, 92 d), this may
well have to do with a local product. In some cases, they
were attributes of a local deity or nymph. The species of
the sea shell plays an important role in theses contexts:
a Blue mussel is, for example, the symbol of Grynion in
Aeolia 43, and a Blue mussel also occurs as an auxiliary
device on the coinage of Kyme-Cumae in Campania 44.
The Great scallop occurs as symbol or auxiliary device
of several cities, among them Kroton (Attianese 2005,
p. 110f., no. 3; p. 426f., no. 141) and Tarentum 45. It is
depicted also as auxiliary device on coins from Syracuse,
where the obverse is decorated with the head of the local
nymph Arethousa (SNG Copenhagen 697ff.).
A sea shell, usually a scallop or a cockle, served as
an attribute for the goddess Aphrodite or Isis-Aphrodite
in Mother Goddess. In particular, the sea shells symbolized the protector of pregnant women, birthing women
and women in childbed (Isis Lochia: Coche de la Ferté
1974, p. 275, 280-282, 285, pl. 17) In this function, scallops or cockles were depicted on amulet jewelry made
from precious materials, for example on a golden bracelet bearing the inscription EYTOKIA (Coche de la Ferté
1974, p. 266, 275f., 280, pl. 17).
As dedications, sea shells played a role in Greek classical antiquity both in the cult of Aphrodite 46 and in that
of the Nymphs. A cockle is depicted among the dedications on the relief stele of the priestess Claudia Ageta
from Amyklai, today in London 47. From the 4th c. B.C.
onwards, the connection of the cockle and the Great
scallop shells with the cult of Aphrodite is demonstrated
by terracotta statuettes, vase paintings and figurative
vessels, later also jewelry, in which the goddess is represented in an open sea shell 48. According to this version
of the Aphrodite myth, the goddess was born from a sea
42 Imhoof-Blumer (F.), Keller (O.) – Tier- und Pflanzenbilder
auf Münzen und Gemmen des Klassischen altertums. Leipzig 1889,
p. 147. 148 pl. 24.
43 Others interpret the sea shell represented as pinna nobilis:
Grynion: SNG von Aulock 1619, 1620; SNG Copenhagen 205-207.
44 Kyme-Cumae: Rutter 2001, p. 66f. no. 514, 526 pl. 9 (in
combination with head of the nymph Kyme).
45 SNG München no. 798-800, pl. 29; Fischer-Bossert 1999, p.
219, 249; Rutter 2001, p. 840.
46 Anthologia Palatina, VI, 224; Athenaios, VII, 318 B: in the
5th epigram of Kallimachos the daughter of Kleinias from Smyrna
dedicates to Aphrodite-Arsinoe a sea shell that she had found on the
beach on Keos.
47 The relief is dated to the 1st c. A.D.: Zahlhaas 1975, p. 530, pl. 14.
48 E.g. Keller 1913, p. 560; Delamotte, Bardala-Theodôrou 1994,
p. 333f. with fig.; Coche de la Ferté 1974, pl. 19; St. Petersburg,
Eremitage: Bratschkova 1939, p. 8f. fig. 2.
shell. This idea appears in literature in the 2nd c. B.C. in
Plautus 49 and then in Roman times in Sextus Pompeius
Faustus (Sextus Pompeius Faustus, Paul. Diac. 36).
The importance of sea shells as dedications in the cult
of the Nymphs is easily proven by the massive appearance
of sea shells in the Korykian Cave near Delphi 50. The fact
that here, they appear together with a large number of
astragals, which occasionally also occur together with sea
shells in child burials (Cat. 3, 17) could be significant.
On the interpretation of sea shells in child
burials
To date, sea shells in child burials have been interpreted as toys, or as payment for the ferryman Charon.
Other interpretations have understood them as a symbol of the afterlife, as remedy, as symbol of fertility,
rebirth or immortality, others emphasized the decorative
character, or stressed an importance as food dedication
(Kappes, Liesen 1996, p. 129 n. 3 and Bruneau 1970,
p. 529). An apotropaic value has been attributed to the
sea shells by several authors, merely based on the fact
that they were deposited as grave gifts, but this view is
hardly supported by other data.
The interpretation as toys is commonly assumed 51,
but an ancient example for this, independent of finds of
sea shells in child burials, is lacking so far. An actual use
as toys for babies appears possible at the most in symbolic terms, as even with older children, there is serious
danger of injury or of choking on parts (for example
with Blue mussel).
The combination together with make-up and objects
connected to beauty care is attested in both adult and
child burials. These finds indicate a gender-specific
meaning for the sea shells in adult graves, that is, the
deceased were either female, or men who were gendered
as feminine, for example actors. In a child burial from
the South Tumulus it was observed, that next to a blue
mussel there lay the remains of a ‘fatty substance’ in
the lidded bowl, which has been interpreted, no doubt
correctly, as make-up tablet (psimmithion, Cat. 12).
49 Marx 1928, p. 26 line 704; 149f. (Plautus, Rudens III, 3, 42: ‘Te
ex concha natam esse autumant: caue tu harum conchas spernasʼ).
50 In the Korykian Cave ca. 400 sea shells were found. Pierre
Amandry interpreted them as votive offerings. Some species also
appear in graves, but not all. Amandry 1984, p. 347-380; on the sea
shells esp. p. 378-380, fig. 43, 44.
51 Blegen et al.1964, p. 70 succinctly: ‘The shells no doubt are
toys’; also p. 84. Cf. also Houby-Nielsen 1995, p. 182 f. Appendix 4
places the sea shells in burial gift group 6, that is, the toys.
67
JUTTA STROSZECK
Fig. 13.6. Cat. 13 Grave HTR 20 Cockle.
Fig. 13.7. Cat. 15 Grave 32 XX 1 Cockle.
Fig. 13.8. Cat. 7 Grave HW 173 Scallop.
Fig. 13.6-8: Overview of sea shell species in child burials in the Kerameikos.
68
GRAVE GIFTS IN CHILD BURIALS IN THE ATHENIAN KERAMEIKOS
Fig. 13.9. Cat. 4 Grave HW 167 Dog cockle.
Fig. 13.10. Cat. 5 Grave HTR 96 Venus cockle.
Fig. 13.11. Cat. 17 Grave ZD 2 Noah’s ark shell
Fig. 13.9-11: Overview of sea shell species in child burials in the Kerameikos.
69
JUTTA STROSZECK
In my opinion, an interpretation, taking into account
the find circumstances, must be based on the following
premises, which ensue from the reviewed contexts:
1. The deposition of sea shells is –given the hundreds
of published child burials– a rare, but spatially and temporally widely spread phenomenon, which is attested in
Greece especially from the late 6th to the late 5th c. B.C.
2. The sea shells are found primarily in graves of newborns and very young children. In Athens, they appear
mainly in the recipient burials employed for these age
groups (enchytrismoi).
3. Sea shells in child burials are usually found together
with other gifts 52; sometimes there are more than 10 and,
more rarely, more than 20 objects in one such grave.
4. In Athenian child burials, sea shells are very rarely
found together with feeding bottles, which obviously
constitute a gift for older children.
5. The species of the sea shells are easily available, edible and bivalve mollusks.
6. Only one shell of these bivalves is deposited.
7. During the 5th century B.C., the shell is always placed
in a vessel. The vessel has ‘normal’ size, not miniature
format. In most cases it is a lidded bowl or pyxis. In the
same vessel, another pot may be placed; usually it is a
miniature dish. In one case (Cat. 12) a make-up tablet
was placed in the same pyxis.
8. A comparison with adult burials in which sea shells
were found is instructive: Sea shells appear in adult
graves since the Classical period together with make-up,
mirrors, and jewelry, and are thus generally interpreted
as a characteristic grave gift for female deceased 53.
Apart from that, in exceptional cases, the sea shell lay
in the mouth of the deceased, obviously replacing the
Charon’s obol. In these cases, the shell has completely
different function; it is the slightest value available for
this purpose (compare above, note 57).
9. The deposition of sea shells in child burials is attested
into Imperial times, in Rome and the Roman provinces.
The one Roman burial in the Kerameikos, however,
belongs to an older child (Cat. 17). Child burials of that
period, containing sea shells or imitations of sea shells
in other materials (silver, lead, amber, etc), are usually equipped with overall richer gifts. For example,
the burial of a girl uncovered in Vetralla (Lazio, Italy)
52 In the northern Greek necropolis of Akanthos, sea shells
obviously do occur as the only grave gift: Kaltsas 1998, p. 302.
53 Blegen et al.1964, p. 70 on eggs and marine sea shells: ‘Most of
these occur in children’s graves, the rest probably indicate women’s
burialsʼ.
70
contained costly gold jewelry and among many other
grave gifts, a sea shell imitation in amber 54.
Given the above, it is possible to distinguish three
fields of use:
Food for the deceased
Sea shells can only be interpreted as gifts of comestibles where the complete mollusk with both shells intact,
was found 55. This reading can be eliminated, in my opinion, because in the child burials in the Kerameikos, as a
rule only one shell is deposited.
Object of use and jewellery
Worked, pierced or mounted sea shells or Cowrie
shells can be used as parts of jewelry or amulets. The
use as tools, for example as the bowl of a spoon, or as a
make-up or jewelry container, can sometimes be determined from the work traces on the sea shell. In the child
burials, the majority of the sea shell shows no traces of
working, but they may have been used as spoons without
being worked over.
Symbol
The deposition of sea shells in the Kerameikos child
burials of the classical period follows a certain pattern: a
single sea shell is placed in a vessel, usually covered by
a lid. Where such observations are available, the shells
were placed with the opening pointing upwards. This
makes it possible, and even probable, that they contained a substance.
A connection, on the other hand, to the realm of
beauty–wedding–Aphrodite is established by the pyxides and the lidded bowls found with the shells, and
even hinted at by the finds of a make-up tablet in one
child burial and of an exaleiptron in another 56. The massive dedication of mollusks in the cave of the Korykian
nymphs (connected to childbirth and fertility) at Delphi
argues for a symbolic use of the sea shells 57. As a gender
symbol, the mollusks can stand for the feminine sphere.
As, for example, Graepler has noted in Taranto, gender
54 Bordenache-Battaglia 1995, p. 49-78 grave context no. VI, 62
fig. 14 (sea shell imitation made in amber).
55 Sea shells as edible offerings were found in graves in Troy and
Mycenae: Bratschkova 1939, p. 5 n. 3; Keller 1913, p. 563.
56 Exaleiptra belong to the feminine sphere: Schiering 1983,
p. 142f.
57 Amandry 1984, p. 378 on the find combination of astragali and
sea shells; p. 379 on the copying of sea shells in other materials.
GRAVE GIFTS IN CHILD BURIALS IN THE ATHENIAN KERAMEIKOS
specific gifts appear well before the sexual maturity of
the children (Graepler 1997, p. 173). A connection with
make-up paraphernalia or medicinal utensils may indicate a relationship with marriage, pregnancy and birth.
Within these possibilities, the sea shells may have
been used as a spoon, that is a feeding tool for the neonates and young babies, as indicated by the lack of
feeding bottles in most graves with sea shells. Equally
probable is their use as measure and container for a very
small amount of liquid, perhaps a small serving of wine
or milk (a small libation), honey or a dose of medicine
or cosmetics.
Sea shells are found either in graves of neonates or
of very young infants, or in graves of women, or persons who are gendered female (actors) 58. Sea shells are
thus – based on their presence in child and adult burials – both an age- as well as a gender-specific gift. The
sea shells are connected to the female sphere, to the cult
of Aphrodite and the Nymphs, and in particular to the
paraphernalia of the bride. Aphrodite and the Nymphs
had a protective function in the wedding of a girl and
they played an important role at birth: EYTOKIA is the
wish of every pregnant woman.
Catalog of child burials with sea shell
in the Kerameikos
The graves are arranged chronologically in the catalog. The position in the grave, the number and the types
of other gifts are indicated. Where possible, the species
of the sea shell is given. The measurements of the mollusks were taken in the following manner: the length was
measured from hinge to edge, the width across to the
edge at the widest point.
Cat. 1 Cremation burial of a child on the southern
bank of the Eridanos
Total of 23 grave gifts lay on the west and east sides of
the grave pit: 18 miniature vessels and 5 clay balls, as
well as a sea shell. On the basis of the nature of the gifts
determined to be a child burial. The sea shell is now lost.
950-900 B.C.
Kerameikos 5, p. 24, 212f., no. 3, pl. 14.
58 Houby-Nielsen 1995, on the so-called Makareus grave; in
addition, the grave of the 40 year old actor Hieronymos, likewise on
the Eckterrasse: Kerameikos 14, p. 56. 62-63 burial no. 69 pl. 26.
Cat. 2 Child burial in amphora by Tumulus G south
of Sacred Road (HTR 111)
Two further gifts: two Black-figure kylikes.
The sea shell is now lost.
525-500 B.C.
Kerameikos 7.1, p. 26, no. 21a, Beil. 3 (sea shell not mentioned); Kerameikos 7.2, p. 15f., no. 21a, pl. 10.9; 11.7.
Cat. 3 Child burial in hydria by Tumulus G south of
Sacred Road (HTR 63). Fig. 1; 13.1
Ten further gifts: a Black-figure lekythos, a chytra, a
one-handled cup, a small bowl, a miniature kotyle as
well as five astragali. The sea shell lay in the unpainted
chytra, together with the kotyle.
Fragment of Blue edible mussel. L. 3.3 cm; W. 2.2 cm.
500-490 B.C.
Kerameikos 7.1, p. 37, no. 81, pl. 14.2, 3, Beil. 3;
Kerameikos 7.2, p. 33, no. 81, pl. 21.4.
Cat. 4 Child burial in amphora in South Tumulus
(HW 167). Fig. 2; 13.9
Amphora placed upright.
Three further gifts: a lidded pyxis, a small olpe, and a
small bowl. The sea shell lay in the lidded pyxis.
Dog cockle, white, the back with yellowish coloration. Heavy, porcelain-like shell with signs of
working (spoon?): hinge rounded for reception of
wooden handle.
Edge of shell worn. L. 5 cm; B. 4.8 cm.
500-490 B.C.
Kerameikos 9, p. 88, no. 16, pl. 44.3-6.
Cat. 5 Child burial in amphora by Tumulus G south
of Sacred Road (HTR 96). Fig. 3; 13.10
Ten further gifts: two Black-figure lekythoi, a lidded
bowl, a skyphos, an exaleiptron, five miniature skyphoi. The sea shell lay together with the skyphos in one
of the lidded bowls.
Venus Cockle. Light, thin shell with transversal ribbing.
L. 4.5 cm; W. 4.9 cm.
Around 490 B.C.
Kerameikos 7.1, p. 33, no. 62, Beil. 3; Kerameikos 7.2,
p. 25, no. 62, pl. 16.1.
Cat. 6 Child burial in amphora by Tumulus G south
of Sacred Road (HTR 3). Fig. 4; 13.2
Three further gifts: a black-glaze lidded pyxis, an
olpe, and a small bowl. The sea shell lay in the lidded
bowl.
Blue edible mussel. L. 8 cm; W. max. 3.7 cm.
480-470 B.C.
Kerameikos 7.1, p. 32, no. 52, Beil. 3; Kerameikos 7.2,
p. 23, no. 52, pl. 14.8.
71
JUTTA STROSZECK
Cat. 7 Child burial in amphora by South Tumulus
(HW 173). Fig. 5; 13.8
Nine further gifts: six Black-figure lekythoi, an olpe, a
pyxis, and a small bowl. The sea shell lay in small bowl
inside the lidded pyxis.
Scallop. L. 3.7 cm; W. 3.3 cm.
480-470 B.C.
Kerameikos 9, p. 110f., no. 92, pl. 51.1, 2, 4.
Cat. 8 Child burial in amphora south of Sacred Road
(35 HTR 30 I). Fig. 6
Five further gifts: a lekythos, a juglet, the lower half of a
one-handled lidded bowl, a one-handled small bowl, and
a bowl. The sea shell lay in the lidded bowl.
The sea shell is now lost.
475-450 B.C.
Kerameikos 7.1, p. 54, no. 184a, pl. 17.1, Beil. 3;
Kerameikos 7.2, p. 54, no. 184, pl. 31.7.
Cat. 9 Child burial in amphora south of Sacred Road
(HTR 108). Fig. 7
Three further gifts: a skyphos, a lidded lekanis, a jug.
The sea shell lay together with the jug in the lekanis.
The sea shell is now lost.
470-460 B.C.
Kerameikos 7.1, p. 36, no. 79, Beil. 3; Kerameikos 7.2,
p. 32, no. 79, pl. 21.6.
Cat. 10 Child burial in amphora south of Sacred Road
(39 HTR 2). Fig. 8; 13.3
Three further gifts: a lekythos, a skyphos, a bowl. The
sea shell lay in the bowl.
Large Blue edible mussel. L. 5 cm; W. 2.5 cm.
470-450 B.C.
Kerameikos 7.1, p. 58, no. 209, Beil. 3; Kerameikos 7.2,
p. 57, no. 209, pl. 32.1.
Cat. 11 Child burial in square clay tub south of Sacred
Road (HTR 67). Fig. 9
At least six further gifts: a lidded bowl, four Black-figure
lekythoi, fragments of terracottas. The sea shell lay in the
one-handled pyxis (‘lidded bowl’).
The sea shell is now lost.
450-430 B.C.
Kerameikos 7.1, p. 59, no. 213, Beil. 3; Kerameikos 7.2,
p. 58, no. 213, pl. 32.8.
Cat. 12 Child burial in amphora by South Tumulus
(SW 113). Fig. 10; 13.4
Five further gifts in the amphora: a lekythos, a lidded
bowl, two skyphoi, probable make-up tablet.
The sea shell lay in the lidded bowl together with the
remains of a make-up tablet.
72
Blue edible mussel. Conserved L. 4.5; W. 4.8 cm.
450-425 B.C.
Kerameikos 9, p. 153, no. 297, pl. 66.5, 6.
Cat. 13 Child burial in clay tub in Tumulus G south of
Sacred Road (HTR 20). Fig. 11; 13.6
Three further gifts: a Black-figured lekythos, a skyphos,
a bowl.
The sea shell lay in the bowl at the northern end of the
grave.
White cockle. L. 4.5 cm; W. 4.8 cm.
Kerameikos 7.1, p. 38, no. 86, pl. 3.2, 15.1, 3, Beil. 3;
Kerameikos 7.2, p. 35f., no. 86, pl. 22.2.
Cat. 14 Child burial in square clay tub north of Street
of the Tombs (NNO. 37 = WP 15 außen). Unpublished
Sixteen further gifts: nine Black-figure lekythoi (two
outside tub), a lekanis, four juglets, a tumbler, a bolsal.
The sea shell lay with the gifts outside the tub, in the
lekanis, at the head end (to the east).
450-425 B.C.
Kerameikos 7.1, p. 150 no. 489, pl. 62.1, Beil. 51, 52,
54.2 (sea shell not mentioned); Kerameikos 7.2, p. 129f.
no. 48, pl. 88.1, 2, 6.
Cat. 15 Child burial in amphora north of Street of the
Tombs (NNO. 149 = 32 XX 1). Fig. 12; 13.7
One further gift: a lidded lekanis. Slip inside black to
medium brown. The edge band of the lid inside covered
with red Miltos. Wear on lid: at inside center and along
edge on one side, with matching wear on outside. Traces
of use on the bowl: inside on one side and inside in foot
rounded surfaces, as if ground by pestle.
The sea shell lay in the lidded lekanis.
Cockle, edges slightly damaged. L. 4.8 cm; W. 5 cm.
End of 5th c. B.C.
Kerameikos 7.1, p. 163f., no. 567, pl. 67.2, 71.1, Beil. 51,
53; Kerameikos 7.2, p. 142f., no. 567, pl. 94.2, 7, Beil. 4.
Cat. 16 Child burial in amphora north of Street of the
Tombs ( NNO. 96 = P 52). Fig. 13.5
Amphora mouth and head to east. Belly of amphora broken. 1935 together with finds from Cremation burial 50
conserved.
Two further gifts: at head a black-glazed pyxis, a small
plate.
The sea shell lay in the pyxis, covered by inverted small
plate.
Blue edible mussel. L. 4.8 cm; W. 2.5 cm. Interior edge
flattened, from use as spoon?
Around 400 B.C.
Kerameikos 7.1, p.125, no. 417, Beil. 51, 52; Kerameikos
7.2, p. 106, no. 417.
GRAVE GIFTS IN CHILD BURIALS IN THE ATHENIAN KERAMEIKOS
Cat. 17 Child burial, covered by a drain tile, in front of
the Dipylon (ZD 2). Fig. 13.11
Twenty-three further gifts: a round shield, a balsamarium, four iron stili, a small ship model, and 16 astragali.
The sea shell lay inside up next to the left shinbone of the
three to six year old child, underneath a terracotta round
shield, together with the balsamarium, an astragalus, and
the four iron stili. By the right shinbone a small terracotta
ship model, by the feet a small bag with 15 astragali.
One shell of a Noah’s ark shell. L. 7.2 cm; W. 2.7 cm.
Collected. The edge of the shell is rounded by grinding.
Inside in one spot red discoloration (pigment?).
1st quarter 1st c. A.D. (Augustan).
Stroszeck 2000, esp. p. 464-470, no. 6, fig. 15.
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Tombes d’enfants du IVe s. av. J.-C. à Pydna 1
Zoé Kotitsa
Abstract. This paper deals with burial customs concerning children during the 4th century BC in the northern
cemetery of Pydna in central Macedonia. It examines
the distribution and typology of the child-graves within the cemetery, and focuses on the repertoire and
meaning of the offerings found, comparing them with
those deposited in adult graves in the same cemetery and
with corresponding data from other Macedonian sites.
It is characteristic of Pydna for children to be buried
with considerably more jewellery and terracottas than
adults.1
L
’ancienne ville de Pydna a été localisée à
presque deux kilomètres au Sud du village
moderne de Makrygialos, dans la région de
Piérie en Macédoine centrale, sur la côte occidentale du
Golfe Thermaïque, à environ 50 kilomètres au Sud de
Thessalonique 2. La ville, bien connue dans l’histoire par
la bataille de 168 av. J.-C. entre l’armée du roi macédonien
Persée et celle que commandait le général romain Lucius
Aemilius Paulus, qui entraîna la fin de la monarchie antigonide, avait commencé à exister à l’Âge du Bronze final
comme une petite agglomération sur une colline, une
« toumba », maintenant érodée par la mer 3. Dès le Ve s.
av. J.-C. la ville est devenue une des plus importantes du
royaume macédonien, avec une surface impressionnante
de 25 hectares. Son importance est étroitement liée à sa
fonction de port, indispensable pour l’exportation du bois
macédonien – renommé pour la construction des navires
–, et il est probable que, dans la première moitié du Ve s.,
le roi Alexandre Ier de Macédoine lui avait accordé des
1 Je tiens à remercier le professeur A. Hermary et les organisateurs
du 3e Colloque International sur « l’Enfant et la mort dans l’Antiquité »
de m’avoir invitée à y participer. Cette communication se base en
partie sur les résultats d’un projet mené à l’Université de Marburg,
grâce au généreux soutien de la Deutsche Forschungsgemeinschaft
(DFG), sur la céramique de la nécropole Nord de Pydna, de Philippe
II à la conquête romaine (publication en préparation). En outre, je
voudrais exprimer mes remerciements à Fanny Lecamus pour son
aide sur les questions linguistiques.
2 Sur l’histoire de la recherche concernant la localisation de Pydna,
voir Hatzopoulos (M.), Knoepfler (D.), Marigo-Papadopoulos (V.) –
Deux sites pour Méthone de Macédoine. BCH, 114, 1990, p. 644-646.
3 Bessios 1985, p. 51; Bessios 1993, p. 1111.
privilèges particuliers 4. À la fin du Ve s., en 410, la ville
s’est révoltée contre le roi Archélaos, probablement parce
que celui-ci a voulu réduire les privilèges du port 5. Après
l’échec de la révolte, Archélaos a soumis la ville et a puni
la population en la déplaçant de 20 stades vers l’intérieur
des terres (Diodore, XIII, 49, 2), c’est-à-dire à peu près de
quatre kilomètres 6. On n’a pas pu déterminer précisément
quand les habitants de Pydna étaient retournés dans leur
ville, mais les découvertes des fouilles effectuées dans les
nécropoles amènent à penser que l’événement a eu lieu
sous le règne d’Amyntas III (393-vers 370/69), dès le premier quart du IVe s. 7. En 364 av. J.-C. les Athéniens se sont
emparés de Pydna et l’ont occupée jusqu’en 357 av. J.-C.,
l’année où Philippe II de Macédoine l’a prise, peut-être
par trahison, après un court siège 8. Dès ce moment Pydna
est entrée de nouveau dans une période de prospérité et
a gardé son rôle exceptionnel de port du royaume macédonien jusqu’à la conquête romaine de 168. À propos du
IVe s. av. J.-C., qui nous intéresse ici, il convient aussi de
mentionner que, vers l’année 316, la ville a été témoin de
la mise à mort de la reine-mère Olympias par Cassandre,
qui l’a fait exécuter par les parents de ses victimes, après
un long siège (Diodore, XIX, 35-36 et 49-51) 9.
4 Bessios 1993, p. 1113-1114 ; Bessios, Pappa s. d., p. 5-6 ;
Bessios 1997, p. 59.
5 Bessios, Pappa s. d., p. 7-8 ; Bessios 1997, p. 59.
6 La population a été probablement transférée sur le site moderne
de Kitros : Bessios 1997, p. 60. Auparavant, le fouilleur, M.
Bessios, avait proposé le lieu-dit « Dodekaria», juste à l’Ouest de
Makrygialos : Bessios 1993, p. 1115.
7 Bessios, Pappa s. d., p. 8 ; Bessios 1996, p. 237 ; Bessios 1997,
p. 60. Une même opinion a aussi été exprimée récemment par Chr.
Gatzolis lors de sa recherche sur les monnaies de Pydna, dans le
cadre de sa thèse de doctorat soutenue en 2010 à l’Université de
Thessalonique, encore inédite : Η κυκλοφορία του χάλκινου
νομίσματος στη Μακεδονία (5ος – 1ος αι. π.Χ.).
8 Hatzopoulos (M. B.) – Makedonia. In : Hansen (M. H.), Nielsen
(T. H.) dir., An Inventory of Archaic and Classical Poleis. Oxford
University Press, 2004, p. 806 s. v. Pydna. Sur la prise de la ville par
Philippe II, voir Hammond (N. G. L.), Griffith (G. T.) – A History of
Macedonia 2. Oxford, Clarendon Press, 1979, p. 356-357.
9 Sur la date exacte de l’assassinat d’Olympias (317/6 ou 316/5),
voir Landucci Gattinotti (F.) – l’arte del potere: vita e opere di
Cassandro di Macedonia. Stuttgart, Steiner, 2003, p. 18-19.
77
ZOÉ KOTITSA
Fig. 1. Tombe d’enfant (t. 32/réseau d’irrigation) avec
quatre creusements sur le fond pour les pieds du lit.
Archives des fouilles de Pydna.
Fig. 3. Amphore commerciale de Péparethos (Inv. Py 8850)
découpée à hauteur de l’épaule pour recevoir un nourrisson,
vers 350-325. Archives des fouilles de Pydna.
Fig. 2. Tombe couverte de tuiles en bâtière ; une tuile
est déposée aussi au fond de la fosse pour le corps de
l’enfant (t. 1010/951). Archives des fouilles de Pydna.
78
TOMBES D’ENFANTS DU IVE SIÈCLE AVANT JÉSUS-CHRIST À PYDNA
Des fouilles d’urgence ont commencé dans la région
de Pydna en 1975, mais c’est dans les années 1980
qu’elles se sont multipliées, en raison de l’intensification des constructions et de l’accroissement des fouilles
illégales. On a surtout dégagé les parties des nécropoles
qui entouraient la ville au Nord, au Sud et à l’Ouest 10.
La nécropole la plus importante était située immédiatement au Nord de la ville, sur une surface estimée à 20
hectares, où on a exploré jusqu’en 2002 presque 2.700
tombes, datées entre la fin de l’Âge du Bronze et l’époque
romaine 11. La majorité des tombes d’époque classique et
hellénistique contenaient des sépultures individuelles,
intactes et souvent accompagnées de monnaies des rois
macédoniens, fournissant ainsi des contextes clos, précieux pour déterminer une datation précise des mobiliers
funéraires et pour étudier les pratiques funéraires de la
société locale.
Les tombes d’enfants du IVe s. ont été identifiées par
les fouilleurs sur la base de la taille des squelettes ou des
fosses où ils ont été enterrés. Quand on parle dans ce cas
d’un enfant, on pense à un individu âgé jusqu’à 12 ans à
peu près, mais comme on n’a pas eu la possibilité de faire
des examens anthropologiques, on ne peut pas encore
présenter d’observations sur l’âge précis ou le sexe des
enfants ensevelis dans la nécropole. Dans certains cas,
c’est l’absence des restes de squelettes qui a amené les
fouilleurs de Pydna, comme d’autres ailleurs, à attribuer
une sépulture à un enfant, dans l’idée que ses os fragiles
n’ont pas été conservés dans le sol 12. Cependant, dans
le cas d’une grande tombe (17/937) sans restes d’ossements et avec un mobilier funéraire vraiment riche, on
se demande s’il s’agissait d’une sépulture d’enfant ou
d’une incinération dans un récipient précieux qui a été
emporté par des pilleurs. D’autre part, pour deux incinérations (788/480 et 84/951) c’est le mobilier funéraire,
notamment les protomés en terre cuite et les lécythes
miniatures, qui a amené le fouilleur à supposer qu’il
s’agissait de tombes d’enfants.
Les données que l’on va présenter ici sont fondées sur
les résultats de l’étude de 147 tombes d’enfants du IVe s.
contenant de la céramique, qui ont été fouillées dans la
nécropole Nord de Pydna – y compris les trois cas douteux mentionnés ci-dessus. Seules cinq tombes, une de
la première moitié et quatre de la deuxième moitié du
IVe s., avaient été pillées. Aucune information ne peut
être donnée sur des tombes d’enfants dépourvues d’offrandes ou de céramique, mais le fouilleur M. Bessios
10 Bessios, Pappa s. d., p. 10-14 ; Bessios 1996.
11 Bessios 1996, p. 235 ; Bessios 2007, p. 645 ; Bessios,
Athanassiadou 2001, p. 363-364.
12 Voir aussi, par exemple, Robinson 1942, p. 165-166 ; Vatin
1969, p. 75 et 77.
m’a assuré qu’on n’avait pas détecté un nombre suffisant
de sépultures de ce type pour changer fondamentalement
les résultats de mon étude 13.
Considérons les chiffres : 44 tombes appartiennent à
la première moitié et 103 à la deuxième moitié du IVe s.,
ce qui constitue respectivement presque un tiers et un cinquième de la totalité des sépultures pour chaque période
(Graphique 1a-b). Vu les réserves exprimées ci-dessus
sur le choix des tombes dans cette recherche, je tendrais à
penser que les deux périodes ne doivent pas présenter une
différence considérable en ce qui concerne la proportion
entre les tombes d’enfants et d’adultes. La différence dans
le nombre global des tombes attestées suggère cependant
que la population de la ville avait considérablement augmenté après la conquête de Philippe II.
Les tombes d’enfants pouvaient être diversement orientées, contrairement à la pratique constatée
habituellement pour les tombes d’adultes à Pydna, habituellement orientées la tête à l’Ouest pour les défunts de
sexe masculin et à l’Est pour les femmes, constatation
valable, également, pour la plupart des nécropoles macédoniennes du IVe s. 14.
Les sépultures d’enfants étaient dispersées, dans
la nécropole pydnéenne, parmi les tombes d’adultes.
Quelques-unes, datées de la deuxième moitié du IVe s.,
faisaient partie de groupes de tombes au mobilier funéraire riche situées à une distance considérable de la
ville, près de 800 mètres 15. Elles devaient appartenir
aux familles des couches moyennes ou supérieures de
la société locale, qui avaient évidemment voulu, même
après leur mort, se séparer du peuple (Bessios 1996,
p. 233-234).
13 Je tiens à exprimer ici mes remerciements à M. Bessios pour toutes
les informations qu’il m’a données et pour nos discussions précieuses
au cours du programme de recherche sur la céramique tardo-classique
et hellénistique de la nécropole Nord de Pydna (voir n. 1).
14 Kottaridi (A.) – Βεργίνα 1997. aeMTh, 10A, 1996, p. 82 et
n. 13 ; Noulas (K. V.) – Ταφικά έθιμα στη Μακεδονία τον 4ο αι.
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held in Thessaloniki, 14-18 October 2002. Thessalonique, Institute
for Balkan Studies, 2007, p. 678 ; Tsimbidou-Avloniti (M.)
– Ανασκαφικές έρευνες στον Φοίκικα Ν. Θεσσαλονίκης, 19872006. Μια εικοσαετία εκπλήξεων. In : Adam-Veleni (P.), Tzanavari
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Πολιτισμού και Τουρισμού / Αριστοτέλειο Πανεπιστήμιο
Θεσσαλονίκης, 2009, p. 439.
15 Bessios 1988, p. 181 ; Bessios (M.) – aeMTh, 1989, p. 155-163.
79
ZOÉ KOTITSA
350-300 av. J-C.
400-350 av. J-C
Tombes
d'enfants
20%
Tombes
d'enfants
29%
Tombes
d'adultes
71%
Tombes
d'adultes
80%
Graphique 1 a-b. Tombes d’enfants et d’adultes dans la nécropole Nord de Pydna au IVe s.
50
45
40
Tombes en %
35
30
25
20
15
Tombes d'enfants:
400-350
10
Tombes d'enfants:
350-300
5
m
ent a
riu
Ungu
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Ala b
as tre
0
Graphique 3. Formes céramiques dans les tombes d’enfants de la nécropole Nord de Pydna au IVe s.
80
TOMBES D’ENFANTS DU IVE SIÈCLE AVANT JÉSUS-CHRIST À PYDNA
Tombes d'enfants 400-350 av. J.-C.
2%
9%
30%
Tombe à enchytrisme
Tombe à fosse / couverture
de poutres en bois
Tombe à couverture de tuiles
en bâtière
59%
Fosse de forme indéterminée
Tombes d'enfants 350-300 av. J.-C.
1%
1%
7%
12%
Tombe à enchytrisme
Tombe à fosse / couverture
de poutres en bois
Tombe à couverture des tuiles
en bâtière
Tombe à ciste
79%
Récipient d'incinération
Graphique 2 a-b. Types de tombes d’enfants dans la nécropole Nord de Pydna au IVe s.
81
ZOÉ KOTITSA
Fig. 6. T. 263/951. incinération d’enfant dans une hydrie, vers 350.
Photo de l’auteur.
Fig. 4-5. Lébès (Inv. Py 11154, photo de l’auteur) utilisé probablement pour
un enchytrisme, avec une lékanè (Inv. Py 5979, photo des archives des
fouilles de Pydna) comme couvercle.
La majorité des tombes d’enfants du IVe s. consistent
en inhumations dans une fosse rectangulaire creusée
dans le sol, qui avait quelquefois, dans la deuxième
moitié du siècle, un ou plusieurs bords taillés sur un ou
l’ensemble des côtés, ce qui pouvait faciliter la descente
du corps dans la tombe (Bessios 1988, p. 184 fig. 3).
En même temps, ces bords servaient de bases pour les
poutres en bois qui, habituellement, recouvraient les
tombes à fosse, quelquefois renforcées par des tuiles ou
des pierres. Les parois de quelques-unes de ces tombes
ont été, dans la deuxième moitié du IVe s., enduites de
blanc ou de rouge, copiant évidemment une pratique
d’habitude associée aux riches tombes à ciste 16. Dans ces
tombes, les offrandes étaient habituellement abondantes
16 Une liste de tombes à ciste est donnée par TsimbidouAvloniti 2005, p. 181-184 ; ajouter Lilimbaki-Akamati (M.)
– Κιβωτιόσχημος τάφος με ζωγραφική διακόσμηση από την
Πέλλα. Thessalonique, ΥΠ.ΠΟ ΙΖ΄ ΕΠΚΑ, 2007.
82
et luxueuses, ce qui indique qu’il s’agissait probablement d’un membre d’une famille fortunée.
Les corps des enfants étaient déposés dans des tombes
à fosses, allongés sur une civière ou un lit en bois, comme
le suggère souvent l’état des squelettes, qui montre qu’ils
étaient tombés d’une certaine hauteur, évidemment après
la disparition de la civière ou du lit. Mais, contrairement à
ce qui se passe dans les tombes d’adultes, pour les tombes
d’enfants on ne creusait que rarement des emplacements
pour les pieds du lit sur le fond des tombes, évidemment
à cause de leur petite taille (fig. 1; Bessios 1988, p. 186
fig. 7). En revanche, la position des clous trouvés dans
quelques tombes permet de supposer qu’on avait utilisé
des cercueils en bois, une coutume qui semble être plus
courante pour l’inhumation de petits enfants (Bessios
1988, p. 183 fig. 10).
Dans certains cas la couverture des tombes à fosses
était seulement constituée de tuiles en bâtière. Cette
manière d’enterrer les enfants semble devenir populaire
pendant la deuxième moitié du IVe s. et continue au IIIe s.
Dans ces tombes les corps des jeunes défunts pouvaient
être déposés sur des tuiles placées au fond de la fosse
(fig. 2). Une seule sépulture d’enfant était couverte d’un
fragment d’amphore commerciale (t. 928/951). Pour le
reste, on a mis au jour des tombes à enchytrisme et une
tombe à ciste (Graphique 2a-b).
Le type de la tombe à enchytrisme a été à Pydna,
comme ailleurs, un mode d’inhumation propre aux
sépultures des enfants les plus jeunes, probablement
des nourrissons et des périnataux 17. Cependant il avait
considérablement perdu de son importance au IVe s. par
rapport au Ve s., et il est devenu véritablement rare dans
la seconde moitié du IVe s. Les corps de petits défunts
17 Comparer Robinson 1942, p. 165-173.
TOMBES D’ENFANTS DU IVE SIÈCLE AVANT JÉSUS-CHRIST À PYDNA
Fig. 7-8. Céramiques brisées, avec les traces de feu de deux incinérations (t. 35/937, t. 30/937), vers 330-320. Photos de l’auteur.
83
ZOÉ KOTITSA
Tombes d'enfants: 400-350 av. J.-C.
7%
2%
Céramiques à verser
8%
Biberons
8%
2%
2%
Céramiques de toilette
Céramiques de stockage
Céramiques à parfums
Céramiques à mets et/ou boissons
45%
26%
Céramiques à boire
Autres
Tombes d'enfants: 350-300 av. J-C.
4%
15%
8%
Céramiques à verser
1%
4%
Biberons
Céramiques de stockage
Céramiques à parfums
Céramiques à mets et/ou boissons
35%
33%
Céramiques à boire
Autres
Graphique 4a-b. Répartition des céramiques dans les tombes d’enfants du IVe s. dans la nécropole Nord de Pydna, selon leur fonction.
84
TOMBES D’ENFANTS DU IVE SIÈCLE AVANT JÉSUS-CHRIST À PYDNA
ont été surtout placés dans des amphores commerciales qu’on découpait de manière appropriée (fig. 3).
L’orientation des amphores variait, mais, dans le cas où
les restes osseux sont conservés, la tête des bébés est
toujours tournée vers leur embouchure. Ces inhumations
étaient quelquefois accompagnées d’une seule offrande
– habituellement une coupelle –, avec une exception
qui date de la première moitié du IVe s. (t. 257/480) : la
sépulture contenait quatre vases et une bague en bronze,
répartis à l’intérieur et à l’extérieur de l’amphore.
Une sépulture d’enfant du troisième quart du IVe s.
était peut-être contenue aussi dans un lébès couvert
d’une lékanè (fig. 4-5), mais aucun reste d’ossement n’a
été repéré.
L’unique tombe d’enfant à ciste de la nécropole Nord
de Pydna appartenait probablement à une jeune fille, à
en juger par le grand nombre de bijoux qui l’accompagnait 18. Les os avaient été déposés dans un cercueil
en bois posé sur une plate-forme d’argile enduite de
blanc. La construction soignée de la tombe en blocs
de pierre (eux aussi enduits de blanc), l’abondance des
bijoux, ainsi que sa position sous un tumulus, près d’une
tombe de type macédonien et d’une autre tombe à ciste
peinte 19, ne laissent aucun doute sur l’appartenance de la
jeune défunte à l’aristocratie de la ville. Ce point de vue
vient d’être d’ailleurs renforcé par le fait que le tumulus
avait été érigé à un carrefour, à une distance considérable de la ville, pour attirer l’attention du plus de gens
possible 20. En outre, le type de la tombe à ciste semble
être beaucoup plus courant dans la deuxième moitié du
IVe s. pour les enterrements d’enfants dans la nécropole
Sud de Pydna, où sont justement concentrées la plupart
des tombes des familles appartenant aux classes sociales
supérieures (Bessios 2010, p. 212-213).
Avant de procéder à une analyse plus détaillée du
mobilier funéraire, il convient de mentionner qu’on a
découvert seulement cinq incinérations d’enfants dans la
nécropole Nord de Pydna 21, dont une dans une hydrie de
fabrication locale ou régionale du milieu du IVe s., accompagnée de deux petits bols à bord arrondi trouvés sur son
épaule (fig. 6). Dans les quatre autres, trouvées dans des
fosses, l’état de la vaisselle, brisée avec des traces de feu
(fig. 7-8), implique qu’on brûlait les offrandes avec le
défunt en dehors de la tombe et qu’on les jetait dans ou
sur la tombe après avoir placé les os dans un coffret en
matériau périssable ou dans un vase, coutume courante
aussi pour les incinérations d’adultes 22. Deux de ces
quatre incinérations ont été retrouvées dans la partie de
la nécropole réservée aux tombes des familles fortunées,
mentionnée plus haut.
Dans le mobilier funéraire des sépultures étudiées
la vaisselle céramique joue un rôle important, autant
pour la datation que pour la compréhension des rites
funéraires (Graphique 3). On constate dès la première
moitié du siècle une variété considérable de formes, dont
peu sont attestées en grand nombre. La deuxième moitié
du IVe s. témoigne d’un élargissement considérable du
répertoire des formes céramiques, qui comporte d’une
part presque toutes les formes anciennes – mis à part
les olpès –, d’autre part des formes nouvelles telles que
l’alabastre, le bol « achéménide », le canthare, l’hydrie,
la pélikè, la salière en forme de bobine, la tasse et l’unguentarium, ainsi que d’autres types de lécythes.
Si on étudie la répartition des ces céramiques d’après
leur fonction (Graphique 4a-b), on constate qu’on
déposait, pendant tout le IVe s., surtout de la vaisselle
destinée à recevoir aliments ou boissons, sans qu’on
puisse exclure une utilisation de ces vases pendant la
cérémonie funéraire, comme c’était le cas pour les parfums, qui servaient sans doute également dans les rites
funéraires. En ce sens les vases choisis pour être déposés
dans les tombes d’enfants ne diffèrent pas de ceux des
tombes d’adultes.
On ne saura probablement jamais si les récipients
pour les aliments ou les boissons étaient placés remplis
dans les tombes, pour servir aux enfants dans leur vie
dans l’au-delà, s’ils leur appartenaient quand ils étaient
en vie ou s’ils n’étaient que de simples offrandes. La présence dans quelques tombes, d’adultes ou d’enfants, de
coquillages dans des bols de divers types permet de supposer qu’on utilisait ces formes céramiques pour offrir
de la nourriture au défunt 23. En revanche, le jeune âge
des défunts amène plutôt à exclure la possibilité que
ces objets aient été la propriété des défunts. Ce point
de vue peut également être soutenu pour les vases à
boire déposés dans les tombes d’enfants. Ces vases sont
d’habitude interprétés dans les riches tombes d’adultes,
spécialement en Macédoine, comme la vaisselle que le
défunt utilisait dans le symposion et qui était destiné
aussi à lui servir dans le monde des morts 24. Vu qu’un
18 Vokotopoulou 1983, p. 276, pl. 116c ; Bessios 1985, p. 54.
19 Vokotopoulou 1983, p. 276, pl. 116a-b ; Bessios 1985, p. 54
fig. 5-7, pl. 4 b-c. Voir aussi les illustrations en couleur dans Bessios,
Pappa s.d., p. 46 fig. A. D, p. 81, p. 92 fig. A. B, p. 93 et p. 105 ;
Bessios 2010, p. 193-196 et 197-200.
20 Comparer Bessios 2001, p. 371 pour la nécropole Sud de Pydna.
21 Comparer le petit nombre d’incinérations d’enfants à Olynthe :
Robinson 1942, p. 145-146.
22 Pour une description détaillée du processus de l’incinération,
voir Vokotopoulou 1990, p. 79-81.
23 Kurtz, Boardman 1971, p. 215 ; Rhomiopoulou (Aik.),
Touratsoglou (I.) – Εκ της αρχαίας Βεροίας. Makedonika, 14,
1974, p. 173.
24 Rhomiopoulou (K.) – An outline of Macedonian History and
Art. In: Childs (B.) dir., The Search for Alexander. An Exhibition.
New York, Graphic Society, 1980, p. 25 ; Völcker-Janssen 1993,
85
ZOÉ KOTITSA
Fig. 9. Flacon médical
(Inv. Py 4458), 2e moitié
du IVe s.
Archives des fouilles de
Pydna.
Fig. 10. Biberon, 2e moitié du IVe s. (Inv. Py 7137).
Archives des fouilles de Pydna.
Fig. 11. T. 241/947, vers 325-300. Photo de l’auteur.
enfant n’avait pas eu la possibilité de prendre part aux
symposia, ces céramiques doivent être comprises exclusivement comme des cadeaux de la famille pour l’au-delà
et peuvent révéler dans cette fonction l’importance du
symposion pour la société macédonienne, connue par les
auteurs antiques 25. On ne peut naturellement pas exclure
un usage de ces vases aussi pour des libations pendant la
cérémonie funéraire.
p. 198-202 ; Drougou 2000, p. 312-313 ; Tsimbidou-Avloniti 2005,
p. 170.
25 Tomlinson (R. A.) – Ancient Macedonian Symposia. In :
Laourdas (B.), Makaronas (Ch.), ancient Macedonia 1. Papers read
at the first international symposium held in Thessaloniki, 26-29 août
1968. Thessalonique, Institute for Balkan Studies 1970, p. 308 ; Borza
(E.) –The Symposium at Alexanders Court. In : ancient Macedonia
II,1. Papers read at the third international symposium held in
Thessaloniki, 21-25 septembre 1977. Thessalonique, Institute for
Balkan Studies, 1983, p. 45-55 ; Völcker-Janssen 1993, p. 184-185.
86
La multiplication des vases à boire constatée dans la
deuxième moitié du IVe s. est due aux nouvelles formes
qui apparaissent à cette époque, comme on l’a vu plus
haut. On s’interroge en même temps sur l’augmentation
du pourcentage des vases à parfums : on pourrait peutêtre lier cette utilisation plus vaste des parfums dans les
sépultures de cette période avec la tendance au luxe,
générale en Macédoine à cette époque, alors qu’elle
n’est pas encore tellement attestée pendant la première
moitié du siècle 26.
Les autres formes, retrouvées en un plus petit nombre
d’exemplaires, comportaient des lampes, des vases
à verser tels que des œnochoés, des hydries, des olpès
et des chytrai, des céramiques de stockage tels que des
lébétes et des pélikès, et seulement deux vases de toilette,
26 Völcker-Janssen 1993, p. 187-211 ; Drougou 2000, p. 312 ;
Graikos 2006, p. 828-829.
TOMBES D’ENFANTS DU IVE SIÈCLE AVANT JÉSUS-CHRIST À PYDNA
Fig. 12. T. 136/486, vers 375-355. Photo de l’auteur.
Fig. 13. T. 10a/480, vers 320-300. Photo de l’auteur.
deux pyxides de type attique D. Il ne vaut pas la peine de
distinguer les vases miniatures, car leur répertoire correspond à celui des formes de taille commune (lécythes
aryballisques, canthares, bolsals, hydrie), mis à part un
flacon médical (fig. 9) 27. On ne les trouve d’ailleurs pas
en un grand nombre, et pas uniquement dans des tombes
d’enfants, ce qui empêche d’y voir un rite caractéristique
lié aux sépultures des jeunes défunts. On peut les interpréter comme une forme simple d’offrandes, car ils ne
possèdent aucune valeur fonctionnelle. Ils mettent d’ailleurs au premier plan la forme d’un vase, c’est-à-dire
l’objet lui-même et non la fonction qui lui est associée 28.
On ne constate en général pas de différences substantielles entre les offrandes céramiques choisies pour être
déposées dans les tombes d’enfants et celles destinées
aux tombes d’adultes. Une seule exception est constituée
par les biberons, réalisés selon deux types (fig. 10-11) :
on les trouve dans des positions diverses, uniquement
27 Sur ces vases voir les exemples rassemblés par Rotroff (S. I.)
– The Athenian Agora XXIX. Hellenistic Pottery. Athenian and
Imported Wheelmade Table Ware and Related Material. Princeton,
American School of Classical Studies, 1997, p. 198 n. 5.
28 Tournavitou (I.) – Does Size Matter? Miniature Pottery Vessels
in Minoan Peak Sancuaries. In : D’Agata (A. L.), Van de Moortel
(A.) dir., Archaeologies of Cult. Essays on Ritual and Cult in Crete in
Honour of G. C. Gesell. Hesperia Suppl. 42, 2009, p. 213 n. 3.
dans les sépultures d’enfants, seuls ou associés à d’autres
formes 29. Leur usage restreint pendant la deuxième moitié
du IVe s. – s’il n’est pas fortuit – suggère que cette forme
n’avait pas de fonction particulière et aurait pu être remplacée par une autre, peut-être par un vase à boire.
Le répertoire de la vaisselle destinée aux aliments
et aux boissons est dominé par les coupelles et les bols
(fig. 6, 11-14 et 23). Il s’agit surtout de productions
locales ou régionales de types divers qui imitent plus ou
moins bien les types attestés dans la céramique attique.
Pendant la première moitié du IVe s. sont attestées des
coupelles à pied large, qui sont pour la plupart déposées
seules dans la tombe, mais qui peuvent être aussi associées à d’autres formes, sans qu’on puisse déterminer un
schéma standardisé pour ces assemblages (fig. 12). Dans
la deuxième moitié du siècle, mis à part les coupelles
qui peuvent avoir une paroi angulaire (fig. 13), ce sont
les petits et grands bols à bords arrondis qui apparaissent
très souvent dans les tombes d’enfants. On les retrouve
quelquefois par paires et dans des contextes différents,
comme par exemple avec un vase à verser ou un vase à
boire, avec un vase à verser et un vase à parfum, ou avec
un vase à boire et quelques vases à parfums (fig. 14). Ces
29 Comparer Robinson 1942, p. 191 ; Garland (R.) – The Greek
Way of Death. Londres, Duckworth, 1985, p. 84.
87
ZOÉ KOTITSA
14
Tombes en %
12
10
8
6
4
2
0
Tombes d'enfants
Tombes de femmes
Tombes d'hommes
Graphique 5. Tombes avec céramiques couvertes d’étain dans la nécropole Nord de Pydna (vers 330-310).
60
Tombes en %
50
40
30
20
Tombes d'enfants:
400-350 av. J-C.
10
Tombes d'enfants:
350-300 av. J-C.
0
Bijoux
Astragales
Strigiles
Figurines
en terre
cuite
Monnaies
Graphique 6. Trouvailles différentes des céramiques dans les tombes d’enfants de la nécropole Nord de Pydna au IVe s.
88
TOMBES D’ENFANTS DU IVE SIÈCLE AVANT JÉSUS-CHRIST À PYDNA
récipients étaient déposés habituellement dans les mains
des défunts, sans que cela soit une règle obligatoire.
À la même catégorie de céramiques destinées aux
aliments ou aux boissons appartiennent aussi les coupes
basses à une anse et les bolsals, retrouvés aussi bien dans
les mains que près des pieds des défunts, et associés aussi à
divers autres vases, comme les bols. Alors qu’on reconnaît
parmi les bolsals des imitations des productions attiques
(fig. 7), les coupes à une anse ont surtout été fabriquées
dans les ateliers locaux ou régionaux et présentent une
diversité de types et d’exécution (fig. 12 et 15). Ces deux
formes semblent être plus fréquentes dans les mobiliers
funéraires d’enfants pendant la première moitié du IVe s.,
de même que le skyphos de type attique, la seule forme de
vase à boire attestée dans les sépultures d’enfants pendant
la première moitié du IVe s. (fig. 16-18) ; il est le plus souvent à vernis noir, mais on a aussi trouvé un exemplaire à
figures rouges (fig. 18), catégorie de céramique plutôt rare
dans la nécropole Nord de Pydna au cours du IVe s. Dans
la deuxième moitié du siècle on trouve aussi quelques
skyphoi de type corinthien, mais ce vase va céder progressivement sa place aux canthares à bord mouluré et à
bord lisse (fig. 13-15), comme c’est le cas aussi dans les
tombes d’adultes.
Les vases à parfum, la seconde catégorie de céramique
qui a été retrouvée dans les tombes d’enfants en plusieurs
exemplaires, comportent surtout des lécythes aryballisques à palmette ou à décor réticulé (fig. 12, 14, 16, 17) 30,
ainsi que des alabastres, des unguentaria et un aryballe en
forme de coquillage (fig. 19). Les lécythes n’avaient pas
d’emplacement déterminé dans les tombes, alors que les
alabastres ont été habituellement trouvés à proximité des
mains des défunts. L’aryballe en forme de coquillage a
même été déposé dans la main gauche du défunt. Parmi
les lécythes aryballisques il convient de mentionner un
seul exemplaire appartenant au vaste groupe des lécythes
du « style de Kertch », trouvé dans une tombe du milieu
du IVe s. avec un lécythe à palmette et un skyphos (fig. 17)
et caractérisé par la représentation de deux bustes féminins de profil, tournés l’un vers l’autre et séparés par un
objet ovale, d’ordinaire interprété comme un tumulus,
une tombe ou un autel en forme d’omphalos 31. Ce vase
fait partie d’un groupe de trois exemplaires mis au jour
dans la nécropole Nord de Pydna, les deux autres étant
30 La proportion plus faible des lécythes à décor réticulé dans la
deuxième moitié du IVe s., visible sur le graphique 3, ne correspond
pas à la situation dans les tombes d’adultes de la nécropole, où ces
lécythes se multiplient à la même époque.
31 Sur ces représentations et leur interprétation voir Sgouropoulou
(Chr.) – Ο κόσμος της Ανατολής στην ελληνική εικονογραφία
της ύστερης κλασικής εποχής. Egnatia, 8, 2004, p. 223-226, et en
dernier lieu Hermary et al. 2010, p. 183-185.
déposés respectivement dans la sépulture d’une femme et
d’un homme.
Le petit aryballe en forme de coquillage (fig. 19) est,
au contraire, unique dans la nécropole. À cause de l’association bien connue de la coquille avec Aphrodite 32,
cet objet pouvait être un récipient pour des substances
odorantes et, en ce sens, une offrande funéraire probablement appropriée à une jeune fille. D’autre part, des
coquillages réels, et leurs imitations en matériaux divers,
font partie, de la Préhistoire à l’époque romaine, aux
ustensiles cosmétiques féminins, car ils contenaient souvent des produits de maquillage 33.
Une catégorie spéciale de céramique est constituée,
dans les sépultures d’enfants, par les lécythes et les alabastres recouverts d’étain (fig. 14 et 20). Cette couverte
métallique est aujourd’hui, quand elle est conservée ou
n’a pas été retirée au moment de la « restauration »,
d’une couleur grisâtre, en raison de l’oxydation due au
séjour dans la terre pendant des siècles, mais à l’origine
elle brillait comme de l’argent, donnant l’impression
d’une vaisselle métallique (Kotitsa, Schüssler 2002).
Ce type de céramique est également attesté dans des
tombes d’adultes, mais, dans notre nécropole, il apparaît beaucoup plus souvent dans les tombes d’enfants
(Graphique 5), plus précisément, à une exception
près, dans des tombes qui contenaient un riche mobilier
funéraire. Cette donnée amène à interpréter cette céramique comme un symbole du statut social supérieur des
familles de ces enfants, qui pouvait être imité par des
familles moins fortunées (Kotitsa 2003, p. 71).
Les autres vases à parfum de nos tombes d’enfants
sont les unguentaria, qui apparaissent dans des positions diverses pendant les 15 dernières années du IVe s.,
sans que les lécythes aryballisques aient complètement
disparu. Il s’agit de productions locales ou régionales,
dotés d’une base plutôt large, d’une panse globulaire
ou ovale et d’un col relativement court (fig. 21-22). Le
décor se compose de bandes vernissées de couleur foncée, peintes sur la panse, le col et la lèvre des vases,
mais on a aussi trouvé, dans une tombe datant d’un peu
avant 300 av. J.-C., un unguentarium avec de fausses
anses à hauteur de l’épaule, décoré de motifs végétaux
qui amènent à le comparer directement à la catégorie
32 Burr Thompson (D.) – Three Centuries of Hellenistic Terracottas.
Hesperia, 21, 1952, p. 149.
33 Robinson 1942, p. 199 ; Papapostolou 1977, p. 326-327,
avec des exemples ; voir aussi Karapanou (S.), Katakouta (St.)
– Αγγεία με ειδική χρήση από τη Φάραλο. In : Kypraiou (E.)
dir., Ελληνιστική Κεραμική από τη Θεσσαλία. Volos, Ταμείο
αρχαιολογικών πόρων και απαλλοτριώσεων, 2000, p. 124.
89
ZOÉ KOTITSA
Fig. 14. T. 129/480, vers 325-315. Photo de l’auteur.
Fig. 15. T. 40/486, vers 340-325. Photo de l’auteur.
des amphores dites « pseudo-chypriotes » souvent
découvertes en Macédoine (fig. 23) 34.
Mis à part la vaisselle céramique, les tombes d’enfants
de la nécropole Nord de Pydna comportaient également,
surtout dans la deuxième moitié du IVe s., des bijoux,
des figurines en terre cuite, des astragales, des strigiles et
des monnaies (Graphique 6). Comme ce matériel vient
d’être étudié par des collègues grecs, je me contente de
présenter ici quelques commentaires qui me paraissent
importants pour notre sujet.
Il est caractéristique, à Pydna, que les enfants morts
aient été accompagnés de beaucoup plus d’objets de
parure et de figurines en terre cuite que les défunts
adultes, surtout les hommes 35. Les figurines en terre
34 Sur cette catégorie céramique voir en dernier lieu Rotroff
(S. I.) – The Athenian Agora XXXIII. Hellenistic Pottery. The Plain
Wares. Princeton, American School of Classical Studies, 2006,
p. 142-145. Une thèse de doctorat sur ce sujet a été soutenue en 2009
à l’Université de Thessalonique par L. Trakatelli. Sur les unguentaria
de ce type voir Kotitsa 2007, p. 63-65.
35 Comparer Kaltsas 1998, p. 302 ; voir aussi, dans le même sens,
Rhomiopoulou, Touratsoglou 2002, p. 22 n. 11 ; Kallintzi (K.) – Les
nécropoles d’Abdère : organisation de l’espace et rites funéraires.
In : Guimier-Sorbets (A-M.), Hatzopoulos (M. B.), Morizot (Y.)
dir., Rois, cités, nécropoles. Institutions, rites et monuments en
Macédoine, actes des colloques de Nanterre (décembre 2002)
et d’Athènes (janvier 2004), Athènes, De Boccard, 2006, p. 149
90
cuite appartiennent à divers types et leur nombre n’est
pas du tout affecté par la présence ou non de riches
offrandes, c’est-à-dire qu’elles ne peuvent pas être liées
au statut social des jeunes défunts 36. Elles étaient placées dans les tombes ou jetées avec d’autres offrandes
sur les cercueils en bois. On constate, comme dans
d’autres tombes de Macédoine à l’époque considérée,
la même présence dominante de figurines féminines.
Elles représentent principalement des jeunes femmes
dans des postures variées, qui, n’ayant pas de caractéristiques particulières, ne peuvent pas être identifiées
comme des divinités spécifiques : elles doivent plutôt
être comprises comme des personnages humains actifs
dans la vie quotidienne et symbolisant probablement
les donatrices (Tsakalou-Tzanavari 2002, p. 218-219).
Des figurines d’enfants, souvent en train de jouer avec
un animal (chien, coq) ou un oiseau (pigeon), pourraient
d’autre part être directement associées aux défunts prématurés, comme évocation de leurs activités préférées.
(Μελετήματα 45). Pour les terres cuites, voir Tsakalou-Tzanavari
2002, p. 52 et 217-218.
36 Les figurines en terre cuites de Pydna font l’objet d’une thèse
de doctorat de K. Noulas à l’Université de Thessalonique. Pour un
rapport préliminaire voir Noulas, sous presse. Je tiens à remercier
chaleureusement K. Noulas pour toutes les informations qu’il m’a
données sur ce sujet et toutes nos discussions constructives.
TOMBES D’ENFANTS DU IVE SIÈCLE AVANT JÉSUS-CHRIST À PYDNA
Fig. 16. T 835/951, vers 385-365. Photo de l’auteur.
Fig. 17. T. 622/951, vers 350. Photo de l’auteur.
Fig. 18. Skyphos attique à figures rouges, vers 400-375 (Inv. Py 1407).
Archives des fouilles de Pydna.
Fig. 19. Aryballe en forme de coquille, 2e moitié du IVe s. (Inv. Py 8272).
Archives des fouilles de Pydna.
Leurs jouets les accompagnaient d’ailleurs assez souvent dans la tombe, sous forme de figurines d’animaux
ou d’oiseaux (pigeons, coqs ou béliers).
Un type caractéristique de figurines, très significatif
de la sensibilité que montrait la société ancienne envers
la mort prématurée des enfants, est celui des kourotrophes, c’est-à-dire de femmes debout ou assises portant
des bébés. Ces figurines exprimaient peut-être la conviction de la communauté que la protection perdue de la
mère était transférée à une déesse chtonienne majeure,
comme Perséphone ou Aphrodite, car c’était une opinion
très répandue que la conception et la naissance étaient
déterminées par les puissances chthoniennes (TsakalouTzanavari 2002, p. 220).
Les tombes d’enfants de la nécropole Nord de Pydna
ont aussi livré un grand nombre de protomés-bustes de
femmes, type fréquemment mentionné dans les rapports de fouilles d’autres nécropoles macédoniennes du
IVe s., où elles accompagnent surtout des femmes et des
enfants défunts, et auxquelles on attribut un caractère
protecteur et apotropaïque (Chryssanthaki-Nagle 2006a,
p. 18-21). Leur identification habituelle à une divinité
féminine spécifique, surtout à Déméter et Perséphone/
Koré, ne repose cependant pas sur des arguments solides
et on doit plutôt les interpréter comme des offrandes à
une divinité probablement chthonienne (ibid., p. 24-28).
D’autre part, la présence de Satyres et de Silènes dans
les tombes d’enfants peut s’expliquer par une fonction
de ces objets comme d’anciens jouets des petits défunts
(Robinson 1942, p. 196).
Il convient de mentionner ici plus explicitement une
figurine d’Athéna (fig. 24) trouvée près du pied droit
d’un squelette d’enfant, dans une tombe du troisième
quart du IVe s. (t. 959/951) qui contenait six autres figurines, trois lécythes aryballisques et une monnaie en
bronze de Philippe II. La déesse est représentée dans
une position archaïsante, debout sur une base, portant
un casque attique et l’égide, soulevant un bouclier et
tenant sur son côté droit, en un geste de protection, une
Niké qui porte une œnochoé dans sa main. Cette figurine
originale pourrait constituer une contribution exceptionnelle de la part des parents du jeune défunt, suscitée par
l’importance de la déesse dans la communauté locale.
En effet, une inscription de 336/335 av. J.-C. trouvée sur
91
ZOÉ KOTITSA
25
Tombes en %
20
15
10
Tombes d'enfants:
400-350 av. J-C.
5
Tombes d'enfants:
350-300 av. J-C.
Co
uro
nn
es
ac
ele
ts
Co
ll ie
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Ba
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es
Br
Bo
uc
le s
d 'o
rei
lle
s
0
Graphique 7. Objets de parure dans les tombes d’enfants de la nécropole Nord de Pydna au IVe s.
l’acropole d’Athènes conduit notamment à penser que
cette déesse disposait d’un sanctuaire à Pydna et jouait
un rôle particulier comme déesse protectrice de la ville
(Noulas, sous presse).
Des bijoux 37, toujours déposés sur la partie du corps
appropriée, ont été retrouvés dans la moitié des tombes
(50) de la deuxième moitié du IVe s., mais seulement
dans 10 des 44 tombes de la première moitié du siècle
(Graphique 6) 38. Les tombes d’enfants les plus riches
en bijoux, comme celles qui contiennent les vases à
couverte d’étain, se concentrent dans les 30 dernières
années du IVe s., c’est-à-dire à l’époque qui a fourni
quelques-unes de plus riches tombes de Macédoine,
comme celles de Derveni et de Nikisiani. Les bijoux
de cette époque comprennent surtout des boucles
d’oreilles en or, en argent ou en bronze, des colliers en
perles de verre, en or, en argent ou en argile doré, des
bagues en or, en argent, en bronze ou en fer et des couronnes en bronze doré, quelquefois avec des éléments
en argile coloré ou doré (Graphique 7). Les bracelets
étaient au contraire rares, comme c’est le cas aussi dans
la première moitié du siècle, où on constate une répar37 Les bijoux de Pydna seront étudiés par B. Tsigarida.
38 Voir, pour quelques exemples de bijoux d’une tombe d’enfant,
Bessios 2010, p. 189.
92
tition comparable des types de bijoux : les tombes de
cette période ont surtout livré des bagues en argent,
en bronze et en fer, ainsi que des boucles d’oreilles en
argent et en bronze. L’absence d’or, vraiment frappante,
n’est sûrement pas fortuite.
Les monnaies témoignent, dans les tombes d’enfants comme dans les tombes d’adultes de Pydna, d’un
usage certainement lié aux rites funéraires, car elles ne
peuvent s’interpréter que comme l’obole due à Charon,
dans la mesure où elles ont été placées dans la bouche
ou dans une des mains des enfants 39. Le nombre de
tombes comportant des monnaies, surtout en bronze,
est particulièrement abondant à Pydna en comparaison avec d’autres nécropoles de Macédoine, surtout
dans la deuxième moitié du IVe s. On ne connaît une
situation comparable qu’à Aigéai, l’ancienne capitale
macédonienne (Chryssanthaki-Nagle 2006b, p. 93-95).
Il convient de mentionner, sur ce point, que l’étude des
contextes funéraires de Pydna suggère que les monnaies
utilisées comme oboles à Charon dans les tombes de
Pydna étaient, pour la plupart, encore en circulation.
39 Sur l’obole de Charon et la monnaie funéraire en Macédoine en
général, voir Chryssanthaki-Nagle 2006b, ainsi que Bruneau 1970,
p. 528. Les monnaies de Pydna viennent d’être étudiées par Chr.
Gatzolis.
TOMBES D’ENFANTS DU IVE SIÈCLE AVANT JÉSUS-CHRIST À PYDNA
Fig. 20. T. 162.951 : lécythe à décor réticulé et vases couverts d’étain. Photo de l’auteur.
Une autre trouvaille intéressante dans les tombes
d’enfants est le strigile, toujours en fer, qui peut être
interprété soit comme un objet de toilette, s’il s’agit
d’une fille défunte, soit comme un objet probablement
associé aux activités athlétiques dans l’au-delà, s’il
s’agit d’un garçon 40.
La présence fréquente d’astragales dans les sépultures d’enfants à Pydna, en nombre et positions variés,
montre la popularité particulière du jeu des osselets chez
les enfants, constatée aussi sur d’autres sites. On en a
repéré par exemple un millier dans 41 tombes à Olynthe
et 144 dans la tombe d’une jeune fille à Miéza 41.
Pour le reste, on a relevé dans quelques tombes
d’enfants des éléments relatifs à l’habillement qui correspondent à ceux des adultes, à savoir des fibules en bronze
et des épingles en fer, et, dans des sépultures isolées de la
deuxième moitié du IVe s., des objets en verre (t. 882/951,
t. 1/937, t. 30/937), des bivalves (t. 230/480, t. 241/947),
40 Robinson 1942, p. 182 et 202 ; Kurtz-Boardman 1971, p. 208 ;
Papapostolou 1977, p. 334; Themelis, Touratsoglou 1997, p. 166-167
et n. 165-166, avec d’autres exemples ; Kaltsas 1998, p. 302.
41 Robinson 1942, p. 198 ; Missailidou-Despotidou 1990, p. 128 ;
sur les astragales, voir aussi Bruneau 1970, p. 527; Themelis,
Touratsoglou 1997, p. 167-168 ; Kaltsas 1998, p. 302.
des escargots (t. 882/951), un œuf (t. 622/951), des pointes
de flèches en bronze (t. 1/937), un fragment de bâtonnet
de maquillage en argent doré (t. 42/937), un fragment de
miroir en bronze (t. 30/937) et un petit couteau en fer (t.
483/951), alors qu’on ne trouve dans les sépultures de la
première moitié du siècle qu’une spatule en bronze (t.
784/951), la moitié d’une perle (t. 558/480) et, dans une
tombe riche (t. 64/486), deux vases en verre.
Les objets en verre 42, les pointes de flèches et le
bâtonnet de maquillage ont enrichi des tombes remplies, de toute façon, d’un mobilier funéraire précieux.
Trois d’entre elles se trouvaient même dans la partie de
la nécropole « réservée » aux couches sociales les plus
élevées, déjà mentionnée. En particulier, les pointes de
flèches amènent à penser que la famille avait voulu faire
allusion aux futures activités du jeune défunt, notamment la chasse et/ou la guerre, activités si fortement
estimées par l’aristocratie macédonienne (Themelis,
Touratsoglou 1997, p. 166).
La rareté des bivalves (ou autres coquillages) et des
escargots dans les sépultures pydnéennes permet d’y
voir seulement de simples cadeaux pour les défunts, sans
qu’on puisse exclure pour les deux premiers un rôle de
42 Les objets en verre de Pydna seront étudiés par D. Ignatiadou.
93
ZOÉ KOTITSA
Fig. 21-22. Unguentaria Py 2077 et Py 2398, vers 315-305. Archives des fouilles de Pydna.
Fig. 23. T. 219/951, vers 310-300. Photo de l’auteur.
Fig. 24. Figurine en terre cuite d’Athéna, vers 350-325.
Photo K. Noulas.
94
TOMBES D’ENFANTS DU IVE SIÈCLE AVANT JÉSUS-CHRIST À PYDNA
jouets pour enfants (Bruneau 1970, p. 529-530 ; Kurtz,
Boardman 1971, p. 215). D’autre part, le symbolisme
funéraire de l’œuf est bien connu, mais le fait qu’on en
dépose rarement dans les tombes à Pydna démontre qu’il
n’avait pas un usage rituel constant 43.
Des trouvailles spéciales proviennent, enfin, d’une
tombe à fosse contenant un riche mobilier funéraire,
souligné par des bijoux et des vases à couverte d’étain (t.
162/951 ; fig. 20). Il s’agit de reproductions en miniature
de meubles et de grilles en plomb (Bessios 2010, p. 188),
dont la présence s’explique par les croyances des vivants
en une vie dans l’au-delà 44.
Pour conclure, après cet aperçu rapide des tombes d’enfants de la nécropole Nord de Pydna au IVe s. av. J.-C.,
on peut retenir les points suivants:
- Une prédominance d’inhumations, notamment dans
des tombes à fosses.
- Un usage plus fréquent pour les enfants que pour les
adultes des tombes couvertes par des tuiles en bâtière.
43 Bruneau 1970, p. 529 ; voir aussi Kaltsas 1998, p. 302.
44 Voir les commentaires de Tomlinson (R. A.) – Furniture in the
Macedonian Tombs. In : ancient Macedonia 5, 3. Papers read at the
fifth international symposium held in Thessaloniki, 10-15 October
1989, Manolis andronikos in memoriam. Thessalonique, Institute for
Balkan Studies, 1993, p. 1496-1499 (à propos de miniatures de ce
type dans des tombes archaïques de Sindos).
- Un usage plus fréquent des cercueils en bois pour les
enfants.
- Un arrêt progressif de l’usage des tombes à enchytrisme.
- Une relation étroite entre le statut social de l’enfant et
la forme, le mobilier funéraire et la position de la tombe
dans la nécropole.
- La multiplication des formes céramiques utilisées
comme offrandes dans la deuxième moitié du IVe s.
- Une prédominance de la vaisselle céramique destinée
aux parfums, aux aliments et aux boissons, comme dans
les tombes d’adultes.
- Le dépôt exclusif des biberons dans les tombes d’enfants.
- Un usage relativement fréquent de la céramique à couverte d’étain, habituellement dans des sépultures riches.
- Pas de rapport obligatoire entre la quantité des bijoux
ou des figurines en terre cuite et le statut social.
- La similitude entre les tombes d’enfants et les tombes de
femmes, surtout en ce qui concerne le dépôt préférentiel
de bijoux et de figurines en terre cuite.
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Sepolture di pre-adulti nelle necropoli greche dell’Italia
meridionale: osservazioni sulle strategie di rappresentazione
tra periodo tardo-arcaico ed età classica
Diego Elia
Résumé. Si, en général, l’accès limité au formal burial et
les dépenses modestes pour les obsèques et la construction de la tombe ont été souvent évoqués pour témoigner
le rôle marginal attribué traditionellement à l’enfance
dans le monde grec, en revanche, en Italie du sud, certaines sépultures d’individus morts jeunes montrent
des offrandes riches, comportant des objets reliés à la
sphère des adultes. Ces contextes constituent un reflet
significatif des relations socio-culturelles dans les communautés d’appartenance des défunts, au sein desquelles
les immatures semblent jouer un rôle stratégique.
C
om’è stato ripetutamente asserito, gli oggetti
deposti all’interno della tomba detengono
uno statuto ambiguo e costituiscono soltanto una delle numerose componenti che concorrono
al rituale funebre. Cionondimeno, è innegabile che
tali offerte partecipano alla definizione dell’identità
e dello status del defunto, in quanto espressione di un
atto intenzionale: esse costruiscono infatti una sorta di
messaggio in codice sulla sua condizione (d’Agostino,
Schnapp 1982). Occorre tuttavia che il processo di analisi e valutazione della composizione del corredo tenga
in debita considerazione la sua pertinenza ad un complesso strutturato quale è da intendersi una necropoli,
senza trascurare alcuno dei fattori coinvolti.
Sulla base di queste premesse, i corredi deposti nelle
tombe di pre-adulto costituiscono un osservatorio privilegiato per rintracciare elementi utili a definire il ruolo
sociale dei membri più giovani delle comunità.
Nel dibattito sulle necropoli greche dell’Italia meridionale, invero, l’attenzione rivolta ai corredi deposti
nelle tombe di individui morti prematuramente si è
spesso concentrata sulla presenza/assenza di determinate
classi di oggetti ritenuti – spesso piuttosto aleatoriamente
– peculiari e caratteristici della condizione giovanile,
riconoscendovi veri e propri indicatori di età (statuette,
astragali, oggetti miniaturistici, manufatti identificati
come “giocattoli”, ecc.). Rimandando alle analisi dedicate ad alcune di queste classi in contributi inseriti in
questo volume 1, intendo piuttosto porre l’attenzione
sulla presenza in Magna Grecia di sepolture pertinenti a
individui defunti in giovane età che si segnalano per la
particolare cura e l’attenta selezione operata nella composizione dei corredi. Se, in generale, l’accesso ridotto
al formal burial e le limitate spese per le esequie e la
tomba sono stati spesso evocati per testimoniare il ruolo
marginale tradizionalmente attribuito all’infanzia e alla
fanciullezza nel mondo greco 2, le tombe su cui intendo
soffermarmi emergono al contrario per la deposizione
di corredi ricchi ed articolati, nei quali ricorrono oggetti
riconducibili ad attività peculiari degli adulti per dimensioni, funzione e valore. In queste sepolture sembra di
riconoscere specifici sistemi di segni allusivi dell’appartenenza ad élites.
Tali contesti costituiscono un significativo riflesso
di dinamiche socio-culturali in atto nelle comunità di
appartenenza, in cui le tombe di pre-adulti sembrano
rivestire un ruolo importante e strategico. In questo
senso, proprio sulla diffusione nelle sepolture infantili
d’Occidente di oggetti selezionati in quanto portatori di
specifici valori simbolici e culturali, si è soffermata pochi
anni fa Gillian Shepherd, analizzando in particolare la
realtà coloniale siciliana nelle prime fasi di vita delle
nuove comunità 3. L’autrice ha rilevato come in molti
siti (Pithecusa, Siracusa, Megara Hyblaea, Gela) alcune
sepolture di individui pre-adulti costituiscano la spia di
atteggiamenti di ostentazione del possesso di oggetti di
pregio che si accompagnano alla volontà di annullare le
distinzioni rispetto al rito riservato agli adulti. Tuttavia,
1 Mi riferisco in particolare ai contributi inerenti la Grecia
d’Occidente a cura di Valeria Meirano, Carla Scilabra, Barbara Carè,
cui rimando anche per la bibliografia specifica.
2 Da ultimi Garland 1985, p. 78-80; Hall 1998, p. 586; Oakley
2003, p. 174. Sull’argomento v. le considerazioni in SourvinouInwood 1995, p. 430-431; Houby-Nielsen 2000, p. 151; Muggia
2004, p. 178; Dasen 2010, p. 20-21; Lambrugo c.s. nota 18.
3 Shepherd 2006; Eadem 2007. Analoghe considerazioni
emergono dall’analisi condotta da Claudia Lambrugo (2005) per le
necropoli arcaiche geloe.
97
DIEGO ELIA
il fenomeno è stato ritenuto peculiare solo delle fasi più
antiche: la standardizzazione dei comportamenti funerari in atto dal VI secolo 4 avrebbe in tal senso operato
un livellamento esteso anche alle tombe degli individui
defunti in giovane età.
Ritengo invece che questo fenomeno sia percepibile
anche nel periodo compreso tra la fine dell’epoca arcaica
e l’età classica, momento in cui unanimemente si riconosce una tendenza isonomica volta alla riduzione drastica
del numero degli elementi del corredo: per quanto tale
processo segni in modo rilevante la documentazione
funeraria, infatti, l’interesse per la realizzazione di
alcune sepolture ricercate destinate ad individui morti in
giovane età non viene meno 5.
Se si guarda all’orizzonte più antico, in Magna Grecia
risultano emblematiche le tombe 168 e 483 di Pithecusa,
entrambe databili al Tardo-Geometrico II, pertinenti
rispettivamente ad un fanciullo di 12-14 anni 6 e ad una
bambina 7.
Si tratta di contesti sotto vari aspetti eccezionali,
all’interno di una necropoli in cui il rituale è strettamente legato alle classi d’età 8. Nel caso della sepoltura
168 (Buchner, Ridgway 1993, p. 212-223), il trattamento del corpo cremato, il tipo di tomba e la presenza
del tumulo, riprendono eccezionalmente modalità proprie delle sepolture riservate agli adulti. Le anomalie si
estendono anche agli oggetti deposti: in un periodo in
cui il 38% delle tombe è privo di corredo e la media di
vasi per sepoltura si aggira intorno a 3,5, questa deposizione ha infatti restituito un lotto di 27 ceramiche di
importazione e locali: tra queste, oltre alla celebre coppa
4 Tutte le date menzionate nel contributo sono da intendersi avanti
Cristo, ad eccezione di quelle relative agli studi e alle esplorazioni
acheologiche.
5 Ricordo che per la maggioranza dei siti in esame non si dispone
di analisi osteologiche, salvo rare eccezioni (Pithecusa, MetapontoPantanello, Poseidonia-Santa Venera, Crotone-Isola Capo Rizzuto:
v. Elia, Meirano c.s.). Pertanto nei restanti casi le informazioni si
basano necessariamente sulle osservazioni formulate dagli scavatori
al momento della scoperta. Un limite intrinseco della documentazione
disponibile risiede dunque nell’impossibilità – pressoché costante –
di procedere ad un’analisi per fasce d’età ristrette: questo implica
la necessità di trattare le tombe di pre-adulti come un gruppo
omogeneo, impedendo evidentemente di cogliere significativi scarti
nei comportamenti rituali attestati invece in altri contesti meglio
documentati (ad es. per Atene: Houby-Nielsen 1995; Eadem 2000;
per Abdera: Kallintzi, Papaikonomou 2010, con valutazioni critiche
circa l’importanza – quando possibile – di suddividere analiticamente
la documentazione per fasce d’età).
6 L’età del defunto, inizialmente indicata intorno ai 10 anni, è stata
successivamente meglio precisata (Buchner, Ridgway 1993, p. 212
nota 1; Becker 1995, p. 277 tab. 1, p. 279).
7 Buchner, Ridgway 1993, p. 482.
8 Buchner 1982; d’Agostino 2000, p. 105-107; Nizzo 2007,
p. 35-36; una sintesi è anche in Elia, Meirano c.s.
98
iscritta “di Nestore”, si segnalano 4 crateri, 3 oinochoai,
uno skyphos, un kantharos, 4 lekythoi, 11 aryballoi;
completa il corredo una fibula in argento 9. In aggiunta
alla volontà di caratterizzare in senso “adulto” il defunto
attraverso il rito e la forma del sepolcro, è manifesto
l’intento di evocare la sfera maschile ed elitaria della
commensalità attraverso un ricco set di vasi per il simposio; oltre alla coppa iscritta che celebra in esametri le
virtù “potorie” del vaso, risulta eccezionale la presenza
dei crateri, altrimenti utilizzati solo nel corso di cerimonie rituali. Sono dunque pienamente condivisibili le
proposte avanzate da Murray (1994, p. 48) che ha riconosciuto un’affermazione intenzionale del “life-style”
cui era destinato l’individuo. Il codice rituale sotteso a
questa deposizione sembra rispondere alle aspettative
del gruppo di appartenenza, risultando funzionale alla
rappresentazione della sua elevata condizione sociale.
Analoghe considerazioni possono essere formulate per la tomba 483, appartenente ad un “bambino, di
sesso femminile”, coeva alla precedente e pertinente allo
stesso plot (Buchner, Ridgway 1993, p. 482-488). Anche
in questo caso il particolare status individuale della
defunta è segnalato dalla forma del sepolcro, del tutto
peculiare: il rito utilizzato è infatti quello dell’inumazione, consueto per la classe d’età, ma l’aspetto esteriore
del sepolcro richiama eccezionalmente i tumuli di pietre emergenti che connotano di norma le cremazioni
riservate agli adulti. Non appare dunque casuale che
questa sepoltura presenti uno dei corredi più rilevanti
della necropoli 10, con 26 forme ceramiche (tra cui 18
aryballoi) e una ricca parure di ornamenti per lo più in
argento (quattro fibule, un’armilla, due fermatrecce, due
pendenti di collana, un castone con scarabeo in faïence)
con rari elementi in bronzo (2 fibule).
Per la Magna Grecia, la documentazione disponibile
per l’orizzonte più antico è piuttosto limitata, ma i confronti con altre realtà funerarie d’Occidente mostrano
l’ampia diffusione del fenomeno descritto (Lambrugo
2005; Shepherd 2006; Eadem 2007). Esso si inserisce
in un quadro in cui le comunità coloniali sembrano consentire un ampio accesso dei membri più giovani alle
necropoli cittadine come attesta l’elevata incidenza delle
tombe infantili, corrispondente – e talvolta superiore
9 Qualche anno fa, V. Nizzo ha proposto di riconoscere nella
tomba 168 il risultato dell’agglutinazione di due o tre cremazioni
distinte, riconfermando per altro l’eccezionalità del contesto (Nizzo
2007, p. 33-36). L’ipotesi è stata tuttavia rifiutata da D. Ridgway
(Pithekoussai I again. JRA, 22, 2009, p. 444-446), e da L. Cerchiai
(2011, p. 483-484, nota 1).
10 In questo senso v. anche d’Agostino 2000, p. 107 e Nizzo 2007,
p. 33 nota 120.
SEPOLTURE DI PRE-ADULTI NELLE NECROPOLI GRECHE DELL’ITALIA MERIDIONALE
– alla mortalità attesa in una società preindustriale 11: in
molti casi tale valore oscilla infatti tra il 40 e il 50%, e
talvolta – proprio come a Pithecusa – supera il 60% 12.
Se la situazione brevemente richiamata caratterizza
le fasi iniziali dei nuovi insediamenti coloniali, nel corso
dell’età arcaica si registrano rilevanti cambiamenti, ad
esempio nei criteri di ammissione alle aree funerarie
comunitarie. La tendenza mostra infatti un’inversione
e l’accesso al formal burial per gli individui morti prematuramente conosce ora una progressiva regressione.
Il fenomeno permane e diventa particolarmente evidente
nel periodo compreso tra la fine del VI e il IV secolo.
Per questa fase in Magna Grecia disponiamo di una
significativa messe di dati pertinenti alle necropoli di
alcuni centri coloniali che permettono di analizzare più
in dettaglio i processi in atto.
Particolarmente significativa è, ad esempio, la documentazione proveniente dalla necropoli di Pantanello
e da nuclei funerari contigui, collocati nella chora di
Metaponto a ca 3,5 km dal centro urbano; qui, solo 66
delle 311 deposizioni per cui è risultato possibile determinare l’età dei defunti (su 340), sono risultate pertinenti
a giovani individui, vale a dire il 21,2% delle tombe.
Nel periodo di frequentazione dell’area funeraria, compreso tra il secondo quarto del VI e il primo quarto del
III secolo, la percentuale di bambini varia inoltre in modo
significativo: si attesta infatti intorno al 10% nelle fasi
iniziale e finale della necropoli, mentre oscilla tra il 23,5 e
il 25,3% tra il 460 e il 325 (Carter 1998c, p. 180, tab. 6.4).
Fenomeni paragonabili a quelli registrati nel territorio di Metaponto si possono riconoscere a Locri
Epizefiri, nella necropoli di Lucifero, utilizzata a partire dalla seconda metà del VI fino al terzo quarto del
IV secolo, quando si registra un repentino abbandono
dell’area; dopo questo periodo essa fu infatti utilizzata
11 Le proposte avanzate circa la mortalità infantile attesa per il
mondo greco oscillano intorno al valore del 50%: ad esempio, Weiss
(1973) ha indicato per una popolazione pre-industriale sedentaria la
percentuale del 42,27% di individui defunti prima di raggiungere i
15 anni, mentre Morris (1987, p. 58) ha ritenuto che l’incidenza di
tombe pertinenti a individui defunti prima dell’undicesimo anno d’età
attesa in una necropoli demograficamente rappresentativa dell’intero
corpo sociale oscilli tra il 45,2 e il 51,8%; per M. Henneberg e R.J.
Henneberg (1998, p. 510-512 tav. 11.4) il tasso stimato di morti di
età inferiore ai 15 anni è del 50,8%. V. anche Chamberlain 2000,
p. 207-208; Kallintzi, Papaikonomou 2010, p. 131 nota 14.
12 Un’analisi dettagliata è in Shepherd 2006, p. 311-314; per Gela,
v. anche Lambrugo 2005, p. 82. A Pithecusa, tra la metà dell’VIII
e l’inizio del VI secolo – fase cui sono riconducibili ca 600 tombe
(Nizzo 2007, p. 13 note 10-11) – le sepolture di pre-adulti ammontano
al 64% (Elia, Meirano c.s.); Shepherd indica una percentuale appena
maggiore (2006, p. 311; Eadem 2007, p. 94: 66%).
solo episodicamente tra III e II secolo 13. In questa necropoli Paolo Orsi indagò oltre 1670 sepolcri; all’interno del
nucleo di 924 tombe finora studiato sistematicamente 14,
le sepolture di individui morti prematuramente raggiungono il 22,5%: sulla base delle osservazioni formulate
nel corso delle esplorazioni, gli scavatori attribuiscono
il 17% delle tombe esplorate a “bambini”, “infanti” o
“feti”, il 5,5% a “giovani” o “giovanetti” (Elia, Meirano
2010, p. 306) 15. Sulla base dei dati disponibili e limitatamente ai contesti per cui si può proporre una datazione 16,
è possibile osservare anche in questo caso una sensibile
variazione di tale incidenza nei diversi periodi di utilizzo
della necropoli: mentre nella seconda metà del VI la percentuale di tombe di pre-adulto supera appena il 20%,
nel corso della prima metà del secolo successivo sale
repentinamente al 40%, per scendere progressivamente
al 32% nella seconda metà del V secolo e al 26,3% nella
prima metà del IV. I rari sepolcri che si collocano dopo
tale data corrispondono invece ad un picco anomalo
che supera l’84%: in questo caso, l’improvvisa e quasi
completa scomparsa delle sepolture di adulto sembra
preludere alla già citata destrutturazione dell’area funeraria che avverrà pochi anni dopo.
13 Elia 2010a, p. 342-344; solo 9 sepolcri su 924 sono riconducibili
alla fase di utilizzo più recente.
14 Analogamente a quanto riportato in precedenti contributi
dedicati alla necropoli di Lucifero (ad. es. Elia 2010b; Elia, Cavallo
2002; Elia, Meirano c.s.), i dati statistici si riferiscono ai contesti
esplorati nelle campagne 1913-1914 corrispondenti ad oltre la
metà delle tombe rinvenute (55%); questa porzione della necropoli,
l’unica sottoposta ad un riesame recente e per cui al momento si
disponga di una documentazione d’archivio completa, si è rivelata
ampiamente rappresentativa dell’intera area funeraria (Elia 2001;
Idem 2010a, p. 15).
15 Purtroppo non si dispone di analisi antropometriche, tuttavia
è noto come Orsi osservasse con particolare minuzia ed attenzione
le caratteristiche degli scheletri (dentizione, dimensioni delle ossa
lunghe e del cranio) e le sue valutazioni appaiano affidabili, anche se
non permettono ovviamente una scansione precisa in fasce d’età; a
Siracusa e a Gela Orsi si avvalse anche della collaborazione di medici
(Orsi 1906, col. 244). Sulla scrupolosa attenzione rivolta da Paolo Orsi
ai resti osteologici v. anche Elia, Meirano 2010, p. 306; Iidem c.s.
16 Mentre è possibile, sulla base delle indicazioni riportate dagli
scavatori, calcolare la ratio pre-adulti/adulti sulla totalità dei contesti
esaminati, le percentuali per fasi cronologiche risentono di numerosi
limiti intrinseci alla documentazione disponibile: si ricorda infatti che
quasi il 48% dei sepolcri è stato rinvenuto privo di qualsiasi oggetto
di corredo (Elia 2010a, p. 344-347) e che l’incidenza di tali sepolture
è assai maggiore tra le tombe di adulti. Inoltre, a causa delle vicende
occorse ai materiali successivamente allo scavo, alcuni corredi risultano
attualmente in parte o del tutto irreperibili (Idem 2001, p. 16-19). Tale
situazione rende dunque problematica una definizione cronologica per
oltre la metà delle tombe di Lucifero. Alla luce di tali considerazioni,
il valore percentuale assoluto delle sepolture di pre-adulti nelle diverse
fasi di utilizzo della necropoli appare solo parzialmente affidabile;
tuttavia, a mio avviso, le oscillazioni misurabili possono effettivamente
riflettere – almeno in parte – la variazione dei criteri di accesso alle
aree funerarie locresi nel corso del tempo.
99
DIEGO ELIA
Intorno al 30% si attestano invece le presenze di preadulti nella necropoli meridionale di Poseidonia, in loc.
S. Venera, frequentata nel corso del V secolo (Cipriani
1989, p. 77): in questo caso occorre tuttavia sottolineare
come delle 187 tombe per cui è stato possibile determinare l’età (su un totale di 231 deposizioni), solo 33 (pari
al 17,7%) sono riconducibili a “bambini” e “fanciulli”
morti prima dei 12/13 anni, mentre altre 23 deposizioni
sono attribuite a “giovani” tra 12/13 e 20 anni (pari
al 12,3%).
Anche per la necropoli meridionale di Eraclea, per la
fase di IV-III secolo, sulla base dei dati e delle osservazioni formulate dall’editore, fra le 278 tombe pubblicate
sarebbero 73 quelle pertinenti ad individui morti prematuramente, vale a dire il 25,9% (Pianu 1990). In questo
caso tuttavia, in assenza di analisi sui resti scheletrici,
l’aleatorietà di alcuni parametri adottati e – talora – l’asistematicità della loro applicazione induce ad una certa
cautela, lasciando aperta la possibilità che la presenza di
pre-adulti possa essere stata sottostimata 17.
Anche nel caso di limitati nuclei di sepolture, la tendenza appare quella segnalata per le necropoli finora
prese in esame: nel gruppo di 24 tombe in loc. Ronzino a
Isola Capo Rizzuto nella chora meridionale di Crotone,
databili nei primi 60 anni del V secolo, solo 4 sono riferibili a bambini ed una ad un giovane (quasi il 21%: Ruga
et al. 2005). Così, nel limitato lotto di epoca classica
scavato da Orsi a Medma in loc. Nolio Carrozzo (108
sepolture: Orsi 1917b), solo 17 tombe sono con certezza
riconducibili ad individui pre-adulti (pari al 15,7%).
Nel panorama generale che si viene a delineare,
eccezioni sembrano invece rappresentate da Caulonia
e Pithecusa. Nel primo caso tra le 130 tombe edite,
databili tra l’età arcaica e il periodo ellenistico (Orsi
1914; Palomba 2007), la percentuale della componente
pre-adulta (76 tombe pari al 58,5% ca) appare infatti
addirittura superiore all’indice previsto per la mortalità infantile 18. Analogamente a Pithecusa, all’interno
del limitato nucleo di sepolture edite databili alla fase
compresa tra V e III secolo (93 tombe), circa il 50%
è riconducibile a individui morti prima del raggiungimento dell’età adulta (Buchner, Ridgway 1993; Elia,
Meirano c.s.). Se in quest’ultimo caso sembra di poter
richiamare una continuità con la tendenza registrata sin
dalle fasi più antiche, occorre tuttavia anche sottolineare
come la limitatezza del campione imponga particolare
prudenza nella valutazione.
Dal quadro presentato sembra dunque emergere la
ridotta rappresentatività demografica delle necropoli di
17 V. ad esempio le osservazioni in Elia, Meirano c.s. nota 3.
18 Traggo i dati su Medma e Caulonia dalle schede effettuate da
Barbara Carè per il database del progetto EMA.
100
Magna Grecia in età tardo-arcaica e classica, almeno
sulla base della ratio pre-adulti/adulti; i dati desumibili
evidenziano infatti un’incidenza di tombe pertinenti ad
individui defunti in età prematura costantemente al di
sotto del previsto tasso di mortalità infantile 19. Dove la
documentazione lo consente (Metaponto, Locri), inoltre, appare evidente come tale dato fluttui sensibilmente
nelle diverse fasi di frequentazione delle singole aree
funerarie 20.
A partire dalla fine dell’età arcaica, dunque, la diffusa
sottorappresentazione degli individui più giovani del
corpo sociale costituisce certamente il riflesso del carattere più nettamente discriminante assunto dal formal
burial, cui poteva ormai avere accesso solo una parte
ridotta della popolazione infantile e giovanile. Il cambiamento sembra da imputare a motivazioni ideologiche,
ma dovrà essere correttamente definito di volta in volta,
attraverso uno studio pluridisciplinare della ritualità
funeraria nella sua variabilità, procedendo per singoli
siti e singole aree, in prospettiva sincronica e diacronica.
A fronte di questo fenomeno, anche altre espressioni
del rito funerario rivelano mutamenti significativi, in
particolare nei criteri di selezione del corredo. In Magna
Grecia, la tendenza generale, a partire dalla fine del VI
secolo, vede un diffuso superamento dell’idea di enfatizzare il ruolo sociale del morto tramite la suppellettile
funebre, accompagnato da una standardizzazione della
tipologia dei sepolcri 21. Ora, occorrerà appurare se e in
quale misura tale fenomeno coinvolga anche le tombe
degli individui morti in giovane età.
Il quadro delle testimonianze risulta invero piuttosto
differenziato: è opportuno dunque procedere attraverso
l’analisi di alcuni casi di studio.
19 Il fenomeno è per altro evidente in tutto l’Occidente, come
attestano numerose aree funerarie siceliote; oltre ai casi citati in
Shepherd 2006, ricordo a titolo esemplificativo la testimonianza delle
necropoli liparote dove solo il 6,8% dei sepolcri editi è riconducibile
ad individui pre-adulti (anche in questo caso rimando alle schede
compilate da Barbara Carè per il data base EMA).
20 Mentre il primo dato sembra contrastare con la tendenza generale
riscontrata ad Atene e in altre aree del mondo greco che vedono nel
periodo tardo-arcaico e nella prima età classica un’alta frequenza di
sepolture di pre-adulti (compatibile con l’indice di mortalità attesa),
l’accentuata oscillazione di tale percentuale nelle diverse fasi di
frequentazione è invece accertata in molti siti (Morris 1987, p. 57-71;
Houby-Nielsen 1995, p. 132-133; Eadem 2000, p. 152-153, 162;
Lagia 2007, p. 305-306).
21 Il fenomeno, è da tempo sottolineato da numerosi autori è
manifesto soprattutto a partire dal V secolo: Pontrandolfo 1988,
p. 180; Cipriani 1989, p. 91; Ruga et al. 2005, p. 171. A Taranto
questo cambiamento, particolarmente repentino e improvviso, si
colloca nel decennio 480-470, ed è stato messo in connessione con
la “rivoluzione democratica” avvenuta a seguito della grave sconfitta
dei Tarantini ad opera degli Iapigi nel 473 (Lippolis 1994, p. 49-52).
SEPOLTURE DI PRE-ADULTI NELLE NECROPOLI GRECHE DELL’ITALIA MERIDIONALE
A Poseidonia, la necropoli meridionale di S. Venera
è caratterizzata da un rigoroso spirito isonomico, come
appare anche dalla disposizione paratattica e dalla tipologia uniforme dei sepolcri; qui, nel corso dei primi
due terzi del V secolo, tale uniformità coinvolge anche
la composizione dei corredi: il gruppo che utilizza
quest’area, per usare le parole di Marina Cipriani, “sembra riconoscersi in una immagine di sobrietà comune
che si traduce proprio nella rigorosa omogeneità della
tomba e nella rarefazione del corredo o, addirittura, si
estremizza nella completa rinuncia alla suppellettile
funebre” (Cipriani 1994, p. 178-179). La tendenza coinvolge però soltanto in parte la componente non adulta:
solo un quarto sono i sepolcri privi corredo (14 su 56
pari al 25%), soprattutto nella fascia d’età fra 0 e 6 anni,
mentre nei restanti di norma si registra comunque la presenza di un numero ridotto di oggetti; solamente in rare
eccezioni, pertinenti in particolare a ragazzine tra i 7 e
i 13 anni, emergono invece corredi con un numero più
consistente di elementi, per lo più forme ceramiche tra
cui prevalgono i contenitori per unguenti (lekythoi e alabastra), come nelle tombe 262 e 306. Considerazioni in
parte simili possono essere formulate per alcune tombe
di giovani di sesso maschile, d’età compresa tra i 7 anni
e la fine dell’adolescenza, dove ricorre l’associazione
strigile/aryballos con imboccatura bronzea/alabastron
in alabastro, talvolta insieme a pregevoli vasi figurati,
come nelle tombe 309 e 165 (Cipriani 1989).
Un fenomeno confrontabile è riconoscibile nella necropoli metapontina di Pantanello, per cui gli editori hanno
sottolineato l’uniformità del rituale funerario: per quanto
il numero di casi in cui sono assenti oggetti di corredo sia
piuttosto limitato rispetto a sepolcreti coevi (12%) 22, le
offerte sono comunque presenti in numero molto ridotto.
Le sepolture degli individui più giovani non si distaccano
dalla norma, anzi come sottolinea Hall “burials of young
children regularly contain fewer grave goods than those of
adults”; l’autore afferma inoltre che “this differentiation
probably reflects the marginal status of infants in Greek
society” (Hall 1998, p. 586). In particolare gli individui
fino all’età di 12 anni presentano una media di 1,6 vasi
per tomba, sensibilmente inferiore agli adulti, per i quali il
valore si attesta a 2,8; analogo è il fenomeno relativo agli
altri reperti, con una media di 0,7 per tomba, meno della
metà del valore di 1,5 attestato nelle sepolture degli adulti.
Tuttavia, se si può concordare con gli editori circa
il quadro generale, alcune eccezioni appaiono meritevoli di approfondimento. Per quanto la variabilità
funeraria sia ridotta, infatti, si riconoscono forme sottili
22 Per un quadro della diffusione nel mondo greco, soprattutto tra VI
e IV secolo, della pratica rituale di non deporre oggetti non deperibili
all’interno delle tombe: Elia 2010, p. 344-347, in particolare alla nota 97.
di differenziazione che non appaiono casuali; tra i rari
sepolcri metapontini con corredo particolarmente ricco
rientrano proprio le tombe T 95, T 126, T 330, databili
tra la seconde metà del V e i primi decenni del IV secolo:
le analisi osteologiche hanno consentito di attribuire la
tomba 330 ad un individuo di 1-2 anni, la tomba 95 ad un
bambino di 10-14 anni (Carter, Hall 1998, p. 275, 355);
la cremazione primaria 126 è stata infine riferita genericamente ad un infante sulla base delle dimensioni della
fossa, in quanto i resti osteologici non sono risultati sufficienti per l’identificazione dell’età del defunto (Ibidem, p.
241). Si tratta di contesti accomunati dalla presenza di un
cospicuo gruppo di oggetti afferenti alla sfera femminile,
cui è associato un articolato set di vasi (rispettivamente 6,
8 e 10 esemplari).
Con tutta evidenza per queste sepolture non è possibile richiamare la condizione marginale propria dei
giovani defunti evocata dagli editori, in quanto i corredi
rivelano un’attenta e consapevole selezione dei reperti
deposti nella tomba, il cui ricco vocabolario forma un
discorso sulla personalità dell’individuo 23. Comune ai
tre casi menzionati è infatti la presenza di fibule in più
esemplari (2 in T 126; 6 in T 95; 7 in T 330), associate
allo specchio (in T 126; due esemplari in T 95) 24 o a
monili (orecchini in T 330; collana o diadema in elementi d’argilla dorata in T 95). È evidente la volontà di
richiamare un universo simbolico comune agli adulti, in
particolare attraverso la sfera della kosmesis e dell’ornamento del corpo, evocanti bellezza e seduzione. La
pregnanza della scelta è testimoniata da oggetti rari, in
assoluto poco diffusi nella necropoli, oppure – con l’isolata eccezione delle tombe in esame – esclusivi delle
deposizioni di adulti, come gli specchi 25.
In queste tombe “speciali” emerge dunque la volontà
di anticipare lo status che gli individui defunti prematuramente avrebbero detenuto all’interno della società:
in questi casi è evidente l’intenzionale evocazione del
ruolo sociale che la giovane nubile non ha raggiunto. E’
da sottolineare come tale proiezione accomuni una bambina giovanissima (1-2 anni: T 330) e una fanciulla assai
più cresciuta (10-14 anni: T 95), seppur con il ricorso
23 Contra Hall 1998, p. 587-590, dove tuttavia viene preso in
considerazione esclusivamente il valore economico delle offerte
funerarie.
24 L’iterazione dello specchio appare scelta del tutto eccezionale:
nel caso di T 95 sono associati un semplice esemplare in lamina
con impugnatura ed uno più raffinato con impugnatura a palmetta e
volute associata ad un disco con elementi plastici applicati (Prohászka
1998, M12, M23, p. 794, 796). Solo in un altro caso è testimoniata la
presenza di due specchi, T 71 (Carter, Hall 1998, p. 265), ma si tratta di
piccoli dischi privi di impugnatura (Prohászka 1998, M2, M3, p. 794).
25 Oltre ai contesti in questione, l’unica tomba con specchio
pertinente ad un individuo defunto in età giovanile è la T 212, relativa
ad una ragazza di 15-19 anni (Carter, Hall 1998, p. 353).
101
DIEGO ELIA
ad un differente insieme di oggetti: lo specchio è infatti
destinato solo alla seconda, più avanti in età. La dimensione simbolica e la volontà rappresentativa assumono
una valenza dominante, in parte indipendente dal reale
status dalla defunta al momento della morte.
Anche tra i vasi, si nota il ricorrere di forme che
richiamano il rispetto di un comune codice funerario:
vasi potori (coppe associate ad un singolo boccale) e
contenitori per unguenti (lekythos, per lo più iterata);
costante risulta anche la presenza del lebes gamikos
che potrebbe alludere ai riti matrimoniali non espletati,
anche se, secondo gli editori, a Pantanello il vaso non è
legato a specifiche fasce d’età né risulta prevalentemente
connesso al genere femminile (Carter 1998c, p. 187189; Hall 1998, p. 585-586).
Una presenza significativa, a dimostrazione della consapevole attenzione rivolta alla composizione dei corredi
in esame, è infine rappresentata dalla deposizione di tipi
coroplastici specifici che a Metaponto risultano esclusivi dell’età pre-adulta; particolarmente significativi in
tal senso sono il busto femminile, tipico delle tombe
infantili anche in altri centri greci (T 126, T 330), e il
modellino fittile di piedi (T 126) 26.
L’accesso al formal burial e la selezione accurata
del ricco corredo, non costituiscono le uniche peculiarità delle tombe analizzate, in quanto anche la scelta del
contenitore funerario sembra partecipare significativamente del sistema di segni che sviluppano il discorso
sull’identità del defunto. A Pantanello infatti, il quadro
generale evidenzia per gli individui morti prematuramente il ricorso sia a tipi sepolcrali comuni agli adulti,
ma di dimensioni minori, sia a tipi peculiari 27; tuttavia,
di rado si riscontrano contenitori che si segnalano per
una particolare cura. Un’eccezione – verosimilmente
non casuale – è costituita proprio da una delle sepolture
esaminate, T 95, che appare unica nel suo genere. Si
tratta di una fossa scavata nel terreno, rivestita internamente di gesso dipinto con bande di colore rosso e blu;
la copertura è realizzata in lastre di pietra inzeppate con
frammenti di laterizi (Carter 1998b, p. 67-68; Carter,
Hall 1998, p. 275). Anche la T 126 rivela una scelta
peculiare: il ricorso alla cremazione è infatti assai raramente testimoniato a Pantanello per gli individui morti
in giovane età (Carter 1998b, p. 106-107; Carter, Hall
1998, p. 241).
Anche a Taranto, per quanto attualmente non siano
disponibili dati statisticamente significativi per le
sepolture infantili, alcuni casi sono particolarmente
emblematici. Ricordo ad esempio la tomba 12, scavata
26 Su questi tipi coroplastici in contesti funerari infantili e, in
particolare, nelle tombe in questione v. Meirano, in questo volume.
27 Per un quadro dettagliato: Elia, Meirano c.s.
102
nell’area dell’Ospedale Civile: si tratta di una sepoltura
deposta in un sarcofago di terracotta coperto da un coppo,
databile al primo ventennio del V secolo (Dell’Aglio
1991, p. 26-33; V. Meirano, in questo volume). Il corredo, collocato in parte all’interno, in parte all’esterno,
annovera un ricchissimo set di vasi potori per lo più di
importazione (sette skyphoi a figure nere e due a vernice nera, due coppe a figure nere ed una a vernice
nera, una coppetta monoansata a fasce, un kantharos
plastico a testa femminile), tre lekythoi decorate, tre terrecotte raffiguranti animali (cinghiale, ariete, tartaruga),
93 astragali, un pendente in pietra, un anello bronzeo,
due chiodi. In questo caso il nucleo di reperti vascolari
celebra l’adesione simbolica al mondo del banchetto e
del consumo del vino, secondo un codice funerario che
anche a Taranto è stato riconosciuto come pertinente a
membri dell’aristocrazia 28. Analoghe considerazioni si
possono formulare per la tomba 283, a fossa scavata nella
roccia, rinvenuta in c.da Vaccarella il 20 ottobre 1915
(Lippolis 1997). Anche questa deposizione, attribuita ad
un adolescente (forse di sesso femminile) e databile al
decennio 520-510, ha restituito un ricchissimo corredo
ceramico: due hydriai calcidesi erano poste ai lati della
testa, due anfore a vernice nera presso i piedi, mentre sul
corpo erano sparse dodici kylikes a figure nere oltre ad
uno skyphos, anch’esso figurato.
Il fenomeno della presenza di tombe di pre-adulti
che si distinguono dal quadro generale di sobrietà dei
costumi funerari trova testimonianze evidenti anche
nella necropoli di Lucifero a Locri. In questo sepolcreto,
come già segnalato, la presenza di tombe riconducibili ad individui defunti in giovane età è sensibilmente
inferiore alla percentuale attesa, seppur con variazioni
apprezzabili nel corso del tempo.
Soffermando l’attenzione sulle caratteristiche del corredo, un dato imprescindibile riguarda le tombe risultate
al momento dello scavo completamente prive di suppellettile: tale comportamento a Lucifero risulta infatti assai
diffuso, dacché rientrano in questo gruppo quasi la metà
dei sepolcri (48%) 29; tuttavia, esaminando il fenomeno
per classi d’età emerge come esso interessi solo il 32,6%
delle tombe attribuite ad individui pre-adulti, mentre
tra gli adulti superi il 51%. A fronte della maggiore diffusione di offerte, tuttavia, le tombe infantili – come a
Metaponto – presentano di norma corredi composti da
28 Masiello 1997, dove si segnala come anche gli individui di sesso
femminile mostrano di partecipare ad un comune codice attraverso
segni (forme funzionali al consumo del vino, spesso iterate in
numerosi esemplari) che manifestano “l’appartenenza della defunta
ad un rango sociale privilegiato, la sua posizione preminente nel
sociale” (Ibidem, p. 69).
29 Elia 2010a, p. 345; nella quasi totalità dei casi l’assenza di
corredo è imputabile al rito funerario e non ad interventi successivi.
SEPOLTURE DI PRE-ADULTI NELLE NECROPOLI GRECHE DELL’ITALIA MERIDIONALE
oggetti poco numerosi e variati: la media si attesta infatti
appena a 3,5 reperti per tomba (2,5 vasi, 1 reperto non
ceramico), mentre per gli adulti tale valore sale quasi
fino a 5 (3 vasi, 1,7 reperti non ceramici); gli indici quantitativi variano leggermente nelle diverse fasi di utilizzo
della necropoli, anche se non in maniera significativa. 30
Anche a Locri, dunque, come in altri centri magnogreci già esaminati, nelle tombe dei più giovani prevale
l’assenza di corredo o comunque la deposizione di un
ridotto numero di oggetti (da 1 a 4). E’ un comportamento che ben corrisponde al generale quadro di diffusa
sobrietà che segna l’intera necropoli: anche i tipi tombali
risultano piuttosto uniformi, senza soluzioni ricercate o
monumentali 31.
Tuttavia, come ho già segnalato in altre occasioni, a
Lucifero è presente anche un limitato gruppo di tombe
caratterizzato dalla concentrazione di oggetti di prestigio
– talvolta d’importazione o comunque realizzati in materiali preziosi –, fortemente evocativi di pratiche esclusive
e caratterizzati da un’ampia dimensione polisemantica;
tali corredi possono presentare un elevato numero di
offerte, fino a 15-30 oggetti (Elia, Cavallo 2002; Elia
2010b). Il fenomeno non è esclusivo degli adulti, ma
coinvolge anche un limitato numero di sepolture di individui defunti in giovane età, che rappresentano evidenti
eccezioni rispetto al più diffuso e dominante comportamento rituale improntato ad una tendenza isonomica.
Tra gli esempi più antichi segnalo la tomba 259, ad
inumazione entro fossa con accurata copertura in tegole
e coppi; all’interno si rinvenne uno “scheletro di fanciullo” (Orsi 1911, p. 17-18, fig. 15-16). La sepoltura
è databile nella seconda metà del VI secolo, vale a dire
in un periodo durante il quale fra le tombe munite di
corredo il numero medio di oggetti sfiora i 3 esemplari
(1,6 vasi, 1,3 non ceramici), a testimonianza della diffusione precoce nella necropoli del fenomeno in esame
(Elia 2001, p. 145). La sepoltura – “una delle tombe più
riccamente corredata” per usare le parole di Orsi – restituì infatti 19 oggetti disposti a corona intorno al corpo:
tra gli altri si annoverano un articolato set di preziosi
e ricercati vasi per unguenti che trova rari confronti a
Locri (un alabastron fittile superiormente configurato a
figura femminile e di dimensioni insolitamente sviluppate, un vaso plastico configurato ad arpia, un aryballos
corinzio, una lekythos a figure nere, un lydion), due
30 Si ricorda che i dati quantitativi sono relativi alle 924 sepolture
scavate nelle campagne 1913-1914 (supra, nota 14).
31 Anche a Locri le forme di sepolcro adottate corrispondono in
parte alla versione sottodimensionata di tipi utilizzati per gli adulti,
in parte a tipi esclusivi dei pre-adulti; in generale, l’intera necropoli
ha restituito quasi esclusivamente sepolture a fossa terragna o entro
struttura realizzata con elementi fittili. Per un quadro dettagliato:
Elia, Meirano c.s.
phialai mesomphaloi fittili, una protome femminile, un
raro anello d’argento con castone inciso, un tintinnabulum e due dischetti in bronzo, due piccole conchiglie, un
uovo.
In questo caso l’eccezionalità del corredo risiede
non solo nel numero di reperti insolitamente elevato,
ma anche nell’attenta selezione degli oggetti deposti a
segnalare il prestigio del defunto: la presenza del set di
vasi per profumi, in parte prodotti dalle botteghe locali,
in parte importati da varie aree del Mediterraneo, rende
evidente la volontà di evocare l’uso e la disponibilità
di unguenti raffinati; si tratta di beni che costituiscono
un’eloquente espressione di potere e disponibilità economica e che al tempo stesso alludono all’offerta di aromi,
sostanze imputrescibili, auspicio di eterna giovinezza e
di un’esistenza luminosa nell’oltretomba, secondo un
modello caro alle élites arcaiche (Elia, Cavallo 2002;
Frère 2006; Lambrugo 2008, p. 192). La deposizione
dell’anello in argento e di altri manufatti metallici – assai
rari in quest’epoca – concorre ulteriormente alla definizione di uno status sociale elevato.
Ritornando ai caratteri generali della necropoli
locrese di Lucifero, sulla base delle associazioni riscontrate all’interno dei corredi, è possibile delineare una
distribuzione oppositiva cui partecipano numerose
classi di manufatti e che delinea un sistema di rappresentazione del genere maschile e di quello femminile
nettamente contrapposti, in virtù anche della frequenza
di indicatori di attività 32. Al gruppo di reperti caratterizzanti la sfera maschile sono riconducibili strigili ed in
genere oggetti pertinenti alla palestra, strumenti musicali, manufatti metallici per lavori agricoli/artigianali,
morsi equini e speroni; risultano invece esclusivi della
sfera femminile specchi, strumenti da toeletta, monili,
fusi, oltre a oggetti frequenti a Locri, quali sets di biglie
in bronzo, elementi di arredi, impugnature in osso lavorato, ecc. 33. La validità del codice funerario che appare
desumibile sulla base di questa suddivisione è confermata dall’assenza di contesti dove siano compresenti
oggetti pertinenti ai due gruppi.
Risulta particolarmente indicativo il fatto che
tale sistema operi anche nelle tombe dei più giovani,
32 Questa differenziazione di genere deve essere ovviamente
intesa come risultato di un processo culturale: in assenza di analisi
osteologiche non è infatti possibile verificarne la relazione con il
sesso biologico dei defunti.
33 Elia 2001. Una prima, sintetica indicazione della distribuzione
di queste classi di oggetti rispetto alla caratterizzazione di genere è
in Elia, Cavallo 2002 e in Elia 2010b; rimando al secondo contributo
(p. 408, nota 20) per la discussione critica relativa alla tradizionale
caratterizzazione di genere dello strigile. Una suddivisione basata
su criteri metodologicamente analoghi a quelli utilizzati per Locri è
stata proposta dalla Houby-Nielsen (1995, p. 140-141, 170 tav. 16)
per le tombe ateniesi nel periodo 500-350.
103
DIEGO ELIA
soprattutto all’interno del ridotto gruppo di sepolcri che
presentano corredi distintivi per elevato numero e ampia
varietà di oggetti. A titolo esemplificativo, scegliendo tra
i casi nei quali il fenomeno risulta evidente, segnalo in
particolare le tombe inedite 938 e 1240, entrambe databili
al secondo quarto del V secolo e attribuite dagli scavatori
a bambini (in particolare, la prima ad un soggetto “di 7-8
anni”) 34. In entrambi i casi il corredo presenta un numero
di reperti insolitamente alto (rispettivamente 21 e 16),
ancora una volta con un’elevata presenza di oggetti in
metallo e osso. Proprio questi ultimi, di norma assai rari
nelle tombe di bambino, evocano esplicitamente la sfera
femminile: in entrambe le tombe è presente lo specchio,
associato in un caso a monili (sep. 1240: anello in bronzo,
pendente in osso), nell’altro ad un fuso in osso (sep. 938);
quest’ultimo rimanda alla filatura e in generale alle attività della futura sposa, ma anche alle operazioni che le
giovani apprendevano nella casa di origine, testimonianza della loro virtù e laboriosità. A Lucifero la valenza
assunta dal fuso è resa evidente dalla ricorrenza prevalente in tombe di pre-adulti: 3 su 4 casi accertati 35.
Attraverso la scelta e la deposizione di oggetti peculiari, poco numerosi ma di pregnante valore simbolico,
si definisce così l’identità delle giovani defunte, operando una trascrizione metaforica del ruolo sociale che
avrebbero assunto una volte diventate adulte: la cura del
corpo, l’esercizio della seduzione, la capacità nelle attività domestiche. L’assimilazione a valori propri dell’età
adulta è resa evidente dal confronto con la composizione
di alcuni corredi pertinenti ad individui adulti, caratterizzati in senso femminile attraverso la deposizione di un
articolato set di oggetti di accompagnamento 36.
All’interno del corredo vascolare è comune ai
due contesti in esame la presenza di un piccolo lebes
gamikos: anche a Locri come in altri centri magnogreci
34 Elia 2001, sep. 938 (“Era un fanciullo di 7-8 a., così afferma
il Ricca...”; Taccuino Sic. 95, p. 83); sep. 1240 (Taccuino Sic. 103,
p. 27bis).
35 Oltre che nel sep. 938, la presenza del fuso è stata finora accertata
nelle tombe 289 (“scheletrino di 4 in 5 anni”: Orsi 1912, p. 7 fig. 5),
330 (“giovane scheletro”: Ibidem, p. 9-10), 704 (scheletro di adulto:
Orsi 1913, p. 23-25 fig. 26).
36 Esclusivamente a titolo esemplificativo segnalo alcuni sepolcri
databili tra gli ultimi decenni del VI e il V secolo, in cui gli oggetti
di corredo per numero, valore intrinseco e prestigio riflettono con
evidenza lo status sociale elevato delle proprietarie (Elia, Cavallo
2002, p. 22-23); si tratta infatti di tombe in cui raffinati specchi in
bronzo (con impugnatura plastica a figura umana, oppure a capitello
ionico o con motivo “a lira”) sono prevalentemente associati a monili
personali in metallo o vetro, ceramiche figurate importate (per lo più
lekythoi), alabastra in alabastro, vasellame metallico miniaturistico,
elementi in metallo ed osso pertinenti a cassettine o ad arredi di altro
genere (sep. 130: Orsi 1911, p. 10-12; sep. 281: Idem 1912, p. 6-7;
sepolcri 677, 704, 737, 739, 865: Idem 1913, p. 20-21, 23-30, 38-40,
ecc.). A questo proposito v. anche Cerchiai 1982, p. 293.
104
già ricordati, questa forma non costituisce un’offerta
funeraria esclusiva delle sepolture pre-adulte, tuttavia il
ricorrere in esse di esemplari di piccole dimensioni non
appare casuale e potrebbe detenere un significato simbolico, ancora una volta in relazione allo status di sposa,
non raggiunto 37. Particolarmente ricco è inoltre il corredo di vasi per unguenti, nel caso del sep. 938 composto
da sei esemplari d’importazione: due preziosi alabastra
in alabastro 38, un alabastron e due lekythoi attici, tutti
figurati. Entrambi i corredi includono infine un set di
vasi per bere e contenere liquidi, talvolta miniaturistici
o comunque di piccole dimensioni (sep. 938: tre coppe,
due boccali, una piccola anfora; sep. 1240: tre coppe,
due boccali, un’anfora, un cratere e un piatto minituristici), oltre ad oggetti di frequente ricondotti all’ambito
infantile, anche se invero non esclusivi delle classi d’età
pre-adulte, come astragali (sep. 938: 27 esemplari; sep.
1240: 54 esemplari), statuette in terracotta (sep. 1240:
due esemplari), una conchiglia (sep. 1240).
Come per la sfera femminile, anche per quella maschile a Locri sono riconoscibili tombe di defunti in
giovane età assimilabili sulla base della composizione
del corredo a tombe di adulti: in talune è riconoscibile il
riflesso di un comune codice funerario che allude ad una
condizione elitaria. A questo proposito, tra gli esempi più
significativi, segnalo un gruppo di 14 sepolture accomunate dalla deposizione di una lira, pertinenti a defunti di
varia età 39: l’eccezionale frequenza di questo manufatto,
considerata la rarità e la preziosità nel mondo greco, ne
fa un indicatore privilegiato nella necropoli. Alcuni di
questi sepolcri (754, 996), pertinenti ad adulti, rivelano
un manifesto atteggiamento di ostentazione attraverso
la presenza di numerosi oggetti di pregio che alludono
– anche attraverso la selezione delle immagini vascolari –
ad un mondo raffinato e colto, dominato da un’ideologia
elitaria: vengono così evocati la sfera simposiale (cratere,
vasi per contenere e versare, coppe iterate in numerosi
esemplari; iconografie vascolari) dove al piacere del
vino sono associati quello del canto e della musica (lira
e flauto), la partecipazione all’attività atletica (strigile
bronzeo e alabastron in alabastro, talvolta iterati), il ruolo
37 A Locri questa forma presenta una frequenza assai limitata
(12 casi accertati su 924 tombe; di queste almeno 5 sono sicuramente
pertinenti ad adulti). Anche nella necropoli metapontina di
Pantanello, dove il lebes gamikos non appare connesso ad una
specifica classe d’età, gli esemplari di dimensioni ridotte sembrano
ricorrere in sepolture di bambini (Carter 1998c, p. 187-188). A titolo
esemplificativo, ricordo inoltre il lebes gamikos miniaturistico da
una tomba d’età classica di Atene, ritenuto da V. Dasen “le cadeau de
mariage par excellence” (Dasen 2010, p. 28 fig. 8).
38 Sul valore assunto dall’alabastron in alabastro nei corredi
funerari dei centri greci d’Occidente: Elia, Cavallo 2002.
39 Per una trattazione analitica di tali sepolcri: Elia 2010b.
SEPOLTURE DI PRE-ADULTI NELLE NECROPOLI GRECHE DELL’ITALIA MERIDIONALE
militare (iconografie vascolari), il possesso del cavallo
(morso, sperone). Si tratta di una strategia rappresentativa
dell’eccellenza dove gli strumenti musicali alludono non
solo al possesso e all’uso dell’oggetto, ma richiamano
anche la formazione culturale del defunto, distintiva del
gruppo sociale di appartenenza. La manifestazione del
potere e del prestigio, che a Lucifero non vuole (o non
può) proiettarsi nella struttura della tomba (Cerchiai
1982, p. 290; Elia 2001, p. 77-109), si concentra nella
selezione degli oggetti di corredo, dove si rappresentano
attività esclusive e si afferma un complesso sistema di
valori nel quale si identificano gli esponenti dell’élite
aristocratica della città.
All’interno di questo gruppo rientrano alcune sepolture di pre-adulti (730, 1011, 1101, 1149) attribuite
dagli scavatori a due bambini – in un caso è indicata
l’età approssimativa di 7 anni – e a due giovanetti, di cui
uno di 15 anni. Esse rivelano un comportamento rituale
insolito, poiché altrove in Occidente la lira è deposta
costantemente in tombe di adulto (ad es. Metaponto,
Poseidonia, Crotone, ecc.) 40. Un ulteriore tratto peculiare dei corredi in esame, datati tra V e inizi del IV
secolo, risiede nella presenza, accanto alla lira, di strigili (sep. 1011, sep. 1101, due esemplari nel sep. 730) e
pregiati contenitori per unguenti, quali alabastra di alabastro (sep. 1011, sep. 1101), in un caso un aryballos con
bocchello in bronzo (sep.1011).
Accanto al complesso sistema simbolico rappresentato
dagli strumenti musicali (partecipazione all’edonismo
conviviale, occasione di esibizione, elevata formazione
poetica e musicale, ecc.), il denominatore comune risulta
dunque costituito dall’evocazione del mondo della palestra: si ha così la rappresentazione della qualificata ed
esclusiva formazione culturale di alcuni membri della
comunità locale che si richiamano a pratiche elitarie.
Non credo che l’insolita deposizione di questi oggetti
in tombe di defunti in giovane età sia semplicemente
da interpretare come la volontà di fornire allestimenti
funerari affini a quelle degli adulti per funzione e valore.
Ritengo semmai che l’estensione delle valenze proprie di
tali oggetti ad individui non ancora inseriti a pieno titolo
nella struttura sociale segnali la volontà di rafforzarne e
contrassegnarne l’appartenenza ad un ceto ristretto; l’accento è posto sulla pregnanza didattica che tali strumenti
sottendono in relazione all’atletismo e all’esercizio poetico e musicale. In questo caso la scelta della lira e degli
attrezzi della palestra costituisce un richiamo ad attività
40 Tra i contesti di cui è stata accertata l’età del defunto ricordo
a titolo esemplificativo la tomba 326 di Pantanello (oltre 50 anni:
Carter, Hall 1998, p. 382), la sepoltura poseidoniate 341 di Santa
Venera (oltre 60 anni: Cipriani 1989, p. 87), la tomba 7 del piccolo
nucleo nella chora crotoniate (25-30 anni: Ruga et al. 2005, p. 179).
caratterizzanti o esclusive di una limitata fascia sociale
al vertice della comunità; questa si rappresenta nella
sfera funeraria mediante segni materiali che rimandano
ad una raffinata e completa paideia, cui partecipano l’educazione musicale, la formazione letteraria e poetica e
l’attività fisica. Questo modello, ben noto per le élites
arcaiche, risulta a Locri perpetuato ancora nel corso del
V secolo e oltre, ma il fenomeno non sorprende se si
considera il conservatorismo sociale e politico dettato
dalla nobiltà locale, che verrà meno solo con la caduta
del regime aristocratico a seguito degli eventi che coinvolgono Dionigi II.
Un' elevata e distinta condizione sociale espressa
attraverso la selezione di un corredo modellato su un
codice funerario affine a quello espresso dalle sepolture locresi sembra manifestato anche altrove. La tomba
tarantina 16, scavata nel 1989 presso l’Ospedale Civile
(Dell’Aglio 1991, p. 21-24), databile al primo ventennio
del V secolo, presenta un corredo incentrato sull’associazione fra strigile e strumento musicale, se è corretto il
riconoscimento della presenza di una cordiera in ferro 41.
In questo caso la pertinenza ad un contesto sociale elevato è espressa tramite la deposizione di un raro diadema
in argento dorato, tipo documentato in altre due deposizioni infantili tarantine (Dell’Aglio 1991, p. 20).
L’evocazione del mondo della palestra per maschi
defunti in giovane età, come già segnalato, ricorre peraltro anche in alcune tombe databili al V secolo della
necropoli poseidoniate di S. Venera.
Un’ulteriore testimonianza in tal senso è rappresentata dalla tomba 93 di Pithecusa, datata alla seconda
metà del V secolo e pertinente ad un bambino defunto
all’età di 10 anni (Becker 1995, p. 277, tab. 1, p. 279).
All’interno del limitato lotto di sepolture edito pertinenti
al periodo classico ed ellenistico, risulta essere l’unico
sepolcro di individuo pre-adulto con strigile, in questo
caso associato ad un aryballos in cuoio con bocchello
in bronzo 42. Come per le fasi cronologiche più antiche
della necropoli di San Montano, il carattere eccezionale
di questa deposizione è testimoniato dall’insolito utilizzo della cremazione per un bambino; in questo caso,
inoltre, si ha il ricorso ad una tipologia tombale esclu41 Elia 2010a, p. 296 nota 86. Il reperto metallico, che conserva
tracce residue di materiale organico (cuoio?), è stato originariamente
interpretato come “manico” in connessione allo strigile (Dell’Aglio
1991, p. 22, scheda 2.2); a mio avviso, tuttavia, appare assai
verosimile l’identificazione con un chordotonon, per quanto nella
tomba non siano segnalati elementi riconducibili alle altre parti dello
strumento musicale, quali ad esempio la cassa di risonanza.
42 Buchner, Ridgway 1993, p. 114-115. Solo altri 9 sepolcri hanno
restituito strigili (tombe 25, 29, 42, 49, 62, 71, 78, 86, 92), ma
solamente in un caso è testimoniata l’associazione con l’aryballos in
cuoio (tomba 71; Ibidem, p. 87).
105
DIEGO ELIA
siva: le ceneri erano state infatti avvolte in un drappo e
collocate in un cratere a colonnette attico a figure rosse,
a sua volta deposto all’interno di un cubo monolitico di
tufo tenero. Si tratta evidentemente della sopravvivenza
del rito destinato al ceto aristocratico, attestato a Cuma
tra la fine dell’VIII e l’inizio del VII secolo, altrimenti
ignoto a Pithecusa; il ricorso al cratere-cinerario si allinea per altro alla pratica elitaria diffusa in Occidente a
partire dalla fine del VI secolo 43.
Ritornando a Locri, un ultimo fenomeno conferma
ulteriormente il prestigio attribuito ad alcuni giovani
membri della società e la cura rivolta alle loro sepolture.
All’interno di alcune tombe di pre-adulti è infatti testimoniato il rinvenimento di porzioni di crateri figurati,
interpretabili come tracce residue di complessi rituali
che prevedevano spondai di vino in occasione della
cerimonia di seppellimento. Tali testimonianze rientrano in forme di offerta ben note dalle fonti letterarie
ed epigrafiche, che trovano significative conferme nella
documentazione raccolta da Paolo Orsi nell’area funeraria di Lucifero 44. A titolo esemplificativo segnalo due casi
che restituiscono una documentazione particolarmente
eloquente. Nel sep. 860, una piccola fossa “protetta in
qualche modo da un frammento di tegola e da ciottoloni”
attribuita dagli scavatori ad un bambino, si rinvenne
un ricco corredo databile al secondo quarto-metà del
V secolo 45, composto da sei reperti coroplastici (arule
miniaturistiche e modellini di mobili) 46, otto lekythoi attiche figurate o decorate, una lucerna e frammenti di un set
di vasi potori incompleti (due skyphoi, due coppe, due
boccali). Si recuperarono inoltre frammenti pertinenti a
due crateri (a campana) a figure rosse attici: secondo un
costume rituale ben attestato a Locri i due grandi vasi,
dopo essere stati utilizzati per le offerte, furono spezzati
e deposti solo in parte assieme al restante corredo.
Un contesto ancora più affidabile, in quanto rinvenuto
sigillato, è il sepolcro 661, databile al decennio 460-450,
che ho già avuto modo di pubblicare (Elia 2003, p. 148
fig. 2; Idem 2010a, p. 354-355). La tomba, una fossa con
pareti foderate d’argilla e copertura in tegole, è stata ritenuta pertinente ad un “giovanetto” 47. Oltre agli oggetti
43 Per un quadro di sintesi sulla diffusione in Magna Grecia e
Sicilia della pratica dell’incinerazione entro cratere: Elia 2006.
44 Sulle testimonianze di questa pratica rituale: Elia 2003; Idem
2010a, p. 352-364. Anche a ipari è attestata la presenza del cratere
connesso a pratiche rituali in relazione a tonibe di ìndividui morti in
giovane età (tombe 1986, 1550, 1552: Elia 2003, p. 150).
45 Orsi 1913, p. 37-38. Per la ricostruzione completa del corredo:
Elia 2001, sep. 860 (Taccuino Sic. 95, p. 60bis-61).
46 Per un’analisi dettagliata di questi rinvenimenti: Meirano, in
questo volume.
47 Elia 2001, sep. 661 (Taccuino Sic. 94, p. 104bis).
106
del corredo rinvenuti integri o comunque interamente
ricomponibili (una pelike a vernice nera, una pisside
acroma, un alabastron in alabastro, una piccola maniglia
in bronzo probabilmente pertinente ad una cassettina in
materiale deperibile), furono infatti raccolti all’interno
della sepoltura vari frammenti pertinenti ai due lati di
un cratere a campana a figure rosse attico che ricompongono però in misura assai parziale la forma originaria:
come nel caso precedente, dopo essere stato utilizzato
come strumento rituale, il vaso deve essere stato spezzato e solo alcune porzioni furono collocate nella tomba,
le rimanenti disperse altrove.
In conclusione, l’analisi condotta evidenzia come,
ancora negli ultimi decenni del VI e almeno fino alla
prima metà del IV secolo – diversamente da quanto
in genere sostenuto – in numerose necropoli greche
dell’Italia meridionale, un ridotto numero di sepolcri di
individui defunti in giovane età si segnala nel panorama
di crescente sobrietà e di standardizzazione dei costumi
funerari generato da una diffusa tendenza isonomica. Tali
presenze risultano tanto più significative, se si considera
che in questa fase cronologica e per tutta l’epoca classica
solo una parte dei membri più giovani è accolta nelle
necropoli comunitarie. Nei casi esaminati, infatti, al prestigio dell’ammissione al formal burial, si aggiungono il
numero, il valore e la varietà delle offerte. Ovviamente,
all’interno di un fenomeno che appare diffuso e generalizzato, la specificità dei singoli sepolcri deve essere
contestualizzata – come ho brevemente tentato di fare
in questo contributo – in relazione ai codici che regolano il rituale funerario nelle diverse aree e alle strutture
sociali delle diverse comunità, per quanto non sempre
la documentazione disponibile permetta tale operazione.
Tuttavia i casi evidenziati rivelano chiaramente come,
analogamente a quanto registrato per le fasi più antiche,
si conservi traccia della volontà di caratterizzare sepolture di individui non adulti con atteggiamenti volti ad
ostentare ricchezza e status elevato, nonostante il mutato
quadro dei modi di rappresentazione in ambito funerario.
Nella composizione del corredo di accompagnamento, questa scelta comporta talora l’adozione di un
universo simbolico condiviso con gli adulti (o almeno
alcuni di essi). La condivisione di elementi del rito destinato alle fasce d’età più avanzata è evidenziata non solo
dalla presenza di oggetti identificabili come indicatori
di genere e di attività (specchi, monili, strigili, fusi,
strumenti musicali, ecc.) 48, ma anche dalla manifesta48 Sull’incidenza dell’indicazione del genere all’interno della
strategia di rappresentazione, fin da età molto precoce: Papaikonomou
2008; Dasen 2010. Contra: Oakley 2003, p. 177; Houby-Nielsen
1995, p. 150; Eadem 2000, p. 155.
SEPOLTURE DI PRE-ADULTI NELLE NECROPOLI GRECHE DELL’ITALIA MERIDIONALE
zione dell’aderenza ad attività esclusive. Attraverso tale
codice rituale sembra dunque manifestarsi un interesse
a sottolineare le prerogative di un ristretto gruppo di
giovani defunti, indipendentemente dalla loro età: l’evocazione del ruolo che avrebbero detenuto all’interno del
nucleo famigliare e della comunità si accompagna alla
volontà di celebrarne la posizione sociale (reale o attesa).
Il rito loro deputato, lungi dall’avvalorare l’ipotesi del
confinamento in una posizione secondaria e marginale
dell’infanzia e della fanciullezza, sembra costituire uno
strumento utilizzato dai membri del gruppo di appartenenza per rappresentare determinate condizioni sociali.
Tale comportamento appare essere la spia di complessi
processi in atto nella società, che superano un più diffuso fenomeno di categorizzazione per fasce d’età; a
fronte della diffusione di tali atteggiamenti, la rarità e
l’eccezionalità di questi contesti nelle singole necropoli
testimoniano uno statuto del tutto particolare detenuto
da questi individui, forse in virtù del ruolo all’interno
di famiglie aristocratiche o comunque al vertice delle
relative comunità, dove essi potrebbero aver costituito
la garanzia della continuità del gruppo o della stirpe 49.
Non si intende avvalorare in questa sede una lettura
degli oggetti di corredo nell’ottica di un rapporto proporzionale diretto fra articolazione sociale e forma del
rituale 50; tuttavia, in un periodo nel quale in Occidente
non si registrano comportamenti distintivi né rispetto
alla localizzazione delle tombe dei pre-adulti all’interno
delle aree funerarie, né per quanto riguarda la forma del
contenitore (salvo rarissime eccezioni: v. Elia, Meirano
c.s.), è certamente da sottolineare la rilevanza assunta
dall’elevata selettività nel formal burial e dalla composizione, nel sepolcro, di articolati messaggi sullo status
elitario del defunto, come nei casi di Taranto, Locri e
– verosimilmente – Pithecusa.
Anche l’ammissione a complessi e prestigiosi riti
di offerta officiati durante le cerimonie funebri, sembra
indicare una conferma in tal senso.
Purtroppo, a causa dei limiti della documentazione
disponibile, non è invece possibile in Magna Grecia
valutare in che misura il fenomeno si differenzi rispetto
alle diverse categorie di non adulti, dall’età perinatale
fino agli anni che precedono la maturità: i dati certi
sono infatti pertinenti a poche realtà funerarie e risultano difficilmente generalizzabili 51. Tuttavia, è possibile
notare come in alcuni dei contesti esaminati la selezione
di manufatti volti a rappresentare l’elevata condizione
del defunto attraverso il corredo di accompagnamento
potesse comunque essere messa in atto fin dai primissimi anni di vita, come attestano la sepoltura T 330 di
Pantanello, pertinente ad un bambina morta all’età di 1-2
anni, e le tombe “infantili” di Taranto 52.
49 In questo senso è la rilettura proposta per la tomba della “rich
Athenian lady” sulla base dell’identificazione della presenza di un
feto di 8-9 mesi (Liston, Papadopoulos 2004; Shepherd 2007, p. 104;
Dasen 2010, p. 23).
50 Morris 1992, p. 103-127; Lippolis 1994, p. 50; Cuozzo 2003,
p. 15-35.
51 Tra i pochi casi accertabili è quello di Pantanello, dove in effetti, tra
le tombe esaminate, l’unica priva di specchio è quella pertinente ad una
bambina di 1-2 anni: potrebbe trattarsi dell’indizio di un’articolazione
dei comportamenti rituali sulla base delle diverse classi d’età.
52 Si tratta di una testimonianza che contrasta con la tendenza,
altrove registrata per le tombe relative alle fasce d’età più giovani, a
risultare “gender-less” (Houby-Nielsen 1995, p. 140).
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Les terres cuites dans les sépultures d’individus immatures
en Grèce d’Occident, de l’époque archaïque
au milieu du IVe s. av. J.-C. : types, contextes, significations 1
Valeria Meirano
Abstract. In general, the occurrence of terracottas in
funerary contexts in Magna Graecia is limited, especially before the Hellenistic period. Nevertheless, the
review of the evidence concerning children and adolescents allows us to illustrate at least some of the factors
that determined the selection of this type of grave-goods.
Some case-studies from a variety of sites (Tarentum,
Metapontum, epizephyrian locri and its secondary colonies, etc.) are examined in more detail.
P
ar rapport aux cadres de synthèse proposés
par D. Graepler il y a une quinzaine d’années,
concernant nos connaissances sur la coroplathie funéraire en Grande Grèce (Graepler 1996 ; 1997,
p. 17), la situation n’a pas évolué de façon sensible. En
effet, le nombre des nécropoles publiées de manière
systématique demeure limité (voir Elia, Meirano, sous
presse), ainsi que l’échantillon statistique sur lequel
se fondent nos considérations. Outre les contributions
d’Orsi sur Kaulonia (Orsi 1915 ; voir aussi Palomba
2004) et Medma (Orsi 1917a), je rappelle les publications concernant la nécropole de Pithécusses (Buchner,
Ridgway 1993 ; voir aussi Nizzo 2007), de l’aire funéraire méridionale d’Héraclée (sépultures du IVe et
du IIIe s. : Pianu 1990) et des tombes de la chôra de
Métaponte (Carter 1998), publications auxquelles
s’est ajouté dernièrement le premier volume consacré à l’édition systématique des nécropoles de Locres
Épizéphyrienne (Elia 2010) 2.
Pour d’autres contextes, nous disposons de synthèses
et/ou de contributions partielles (par exemple, pour
1 Sauf mention contraire, toutes les dates citées s’entendent avant
notre ère, à l’exception de celles qui se réfèrent à la chronologie des
études et des explorations archéologiques.
2 Orsi n’a publié qu’une sélection des tombes explorées en
1910-1915 (Orsi 1911 ; 1912, p. 5-18 ; 1913, p. 4-54 ; 1917b) ; une
relecture globale des contextes fouillées en 1913-1914 se trouve chez
Elia 2001.
Poséidonia) 3, tandis que les rassegne présentées chaque
année au Colloque de Tarente n’offrent évidemment
qu’une sélection des découvertes effectuées pendant
les dernières décennies (par exemple sur les nécropoles
urbaines de Métaponte 4 et d’Héraclée 5). En général, la
documentation est plutôt dispersée, ce qui n’a pas encouragé le développement d’études de synthèse sur des
aspects spécifiques, tels que la diffusion des terres cuites
et leur valeur sémantique : une exception est toutefois
représentée par Tarente.
L’intérêt pour les terres cuites trouvées en contexte
funéraire est pourtant assez ancien, comme nous le rappelle à juste titre Graepler (1996, p. 229), en citant les
ouvrages du collectionneur français Prosper Biardot,
défenseur de l’existence d’un lien étroit entre la coroplathie et les croyances mystériques dionysiaques 6.
Cependant, cet intérêt était sans rapport avec la contextualisation des pièces, car il était alimenté par les
collections des musées italiens et étrangers comportant
des exemplaires remarquables, mais dépourvus d’informations concernant les circonstances et parfois même
les lieux de trouvaille.
La tendance eschatologique qui a dominé tout le
XIXe s. dans l’exégèse des terres cuites trouvées en
contexte funéraire a été suivie dans la littérature scientifique par une longue période pendant laquelle la
3 Avagliano 1985 ; Cipriani 1989 et 1994 ; Pontrandolfo 1992 ;
G. Avagliano et M. Cipriani, interventions au sein du débat, In:
Poseidonia-Paestum. Atti del Ventisettesimo Convegno di Studi
sulla Magna Grecia, Taranto, 9-15 ottobre 1987. Naples, 1992,
p. 319-330.
4 Voir par exemple Nava 2001, p. 946-949 ; 2002, p. 740-742 ;
2003, p. 664-667 ; 2004, p. 958-963 ; 2005, p. 327-330 ; Tagliente
2006, p. 731-734 ; De Siena 2007, p. 438 ; Osanna 2008, p. 927-929 ;
Greco 2010, p. 799-802 ; De Siena 2011, p. 650-653.
5 Voir par exemple Nava 2002, p. 730-731 ; 2003, p. 661-662 ;
2004, p. 968 ; De Siena 2011, p. 643-644.
6 Biardot (E. P.) – Explication du symbolisme des terres cuites
grecques de destination funéraire. Paris, Librairie Humbert, 1864,
et Les terres cuites grecques funèbres dans leur rapport avec les
mystères de Bacchus. Paris, Librairie Firmin Didot Frères, 1872.
111
VALERIA MEIRANO
lecture profane, sécularisée, a prévalu, en considérant
ces éléments du mobilier comme des « sujets de la vie
familière » ou « réelle », des documents relevant d’un
« art de genre », caractérisés par une valeur éminemment
décorative. De nos jours encore, on constate parfois dans
la bibliographie des interprétations qui risquent de sousestimer la complexité des significations symboliques des
terres cuites, par exemple en les considérant indifféremment comme des jouets 7.
En revanche, le travail fondateur de Graepler (1997)
sur la coroplathie de Tarente à l’époque hellénistique
a eu le mérite d’indiquer une nouvelle approche pour
l’étude des terres cuites en milieu funéraire et de montrer les modalités selon lesquelles ces objets participent
de la définition du rôle social du défunt. En considérant
in primis les contextes et les associations préférentielles,
il a su reconnaître les valeurs symboliques des figurines,
en mettant en évidence les stratégies de sélection mises
en place au moment de la déposition dans la sépulture.
Fig. 1. Temple-boy, Locres, nécropole de Lucifero,
tombe 885 (d’après Elia 2001).
7 Voir, par exemple, l’interprétation avancée pour les terres cuites
des nécropoles hellénistiques de Rhègion (« statuette di terracotta di
piccole dimensioni […] riproducenti figure femminili con le quali le
bambine giocavano » : Petrolino (I.) – Le necropoli reggine : aspetti
generali e problematiche. In : Andronico 2006a, p. 23), et d’Héraclée
(« oggetti-giocattolo, che avevano il compito di allietare, idealmente,
la vita ultraterrena dei poveri bambini morti in tenera età » : Pianu
1990, p. 231 ; voir aussi p. 241, où l’auteur fait allusion à une valeur
symbolique possible, sans avancer d’interprétations spécifiques) : au
contraire, les iconographies attestées dans cette aire funéraire semblent
plutôt être étrangères au milieu ludique. À propos du problème débattu
de l’identification des « jouets » dans les mobiliers funéraires, je
renvoie, du point de vue méthodologique, à Quirke 1998 ; Wilkie 2000 ;
Papaikonomou 2006 ; Shepherd 2007, p. 103 ; Ingvarsson-Sundström
2008, p. 107-110 ; Crawford 2009 ; ainsi qu’aux contributions de V.
Dasen et de C. Scilabra dans ce même volume.
112
Fig. 2. Temple-boy, Medma,
nécropole de NolioCarrozzo, tombe 39 (d’après
Orsi 1917a, fig. 13).
Graepler (1996, p. 231) insiste à juste titre sur le fait
qu’il s’agit de terres cuites « trouvées dans les tombes » et
non « créées pour les tombes », donc d'une production qui
n'est pas liée de façon spécifique au domaine funéraire,
aspect dont il faut tenir compte dans l’interprétation, et
surtout dans l’évaluation de la documentation des nécropoles par rapport à celle provenant des contextes sacrés.
Cependant, quelques indices (figurines de mauvaise
qualité, mal cuites) récoltés sur des sites d’Italie du
Sud, notamment à Hipponion (Arslan 1986, p. 1043) et
à Héraclée (infra, note 22), ont conduit les fouilleurs à
imaginer qu’une production à destination funéraire (ou
une sélection de certaines pièces dans ce but) avait pu
parfois exister 8.
À Tarente, la plupart des figurines sont rattachées
à deux contextes thématiques prédominants qui se
rapportent de façon spécifique au genre et à la classe
d’âge du défunt : les rituels prénuptiaux qui concernaient les jeunes filles à l’approche du passage de status
déterminé par le mariage, ainsi que la dimension courotrophique, reliée à la protection des enfants au moment
de leur passage périlleux vers l’au-delà.
Tarente à l’époque hellénistique constitue par ailleurs un point de référence incontournable grâce aussi
à l’abondance des terres cuites, un corpus qui n’a pas
de parallèles en Grèce d’Occident, sauf à Lipari, où la
variété iconographique est cependant moins ample,
la plupart des types étant associés au théâtre (voir par
exemple Bernabò Brea 1981).
Dans les tombes de la colonie laconienne, la coroplathie commence à se diffuser de façon sensible à partir du
8 Orsi insiste lui aussi à plusieurs reprises, surtout dans ses cahiers
manuscrits, sur la « cattivissima cottura » des statuettes retrouvées
dans les tombes.
LES TERRES CUITES DANS LES SÉPULTURES D’INDIVIDUS IMMATURES EN GRÈCE D’OCCIDENT
Fig. 3. Pieds en terre cuite, chôra de Métaponte, nécropole de Pantanello, tombe 126 (d’après Link-Malone 1998, fig. 19.2 et p. 781).
milieu du IVe s. Toutefois, parmi les 10.000 sépultures
connues environ, échelonnées entre le IVe et le Ier s. 9,
moins de 200 contiennent des terres cuites, ce qui correspond, pour toute la période, à un pourcentage plutôt
bas (moins de 5 %, vraisemblablement 2 à 3 %). Grâce
à son excellente base statistique, le cas d’étude tarentin nous permet donc d’affirmer que les terres cuites,
même durant les époques où elles sont bien représentées,
constituent un signe de distinction du défunt.
À Tarente, parmi les tombes contenant des terres
cuites, 60 % appartenaient à des enfants ou à des adolescents ; pour ce qui est du sexe du défunt, la plupart
concernaient des sépultures féminines (41,8 à 48,1 %,
ou 55 à 56,6 %, par rapport à 10,1 % de contextes
masculins) 10. Sur la base des occurrences attestées,
il semble, en outre, que chez les individus de sexe
masculin la coroplathie soit presque réservée aux enfants
(Graepler 1997, p. 238-239).
À la lumière du caractère hétérogène de la documentation concernant plusieurs sites de Grande Grèce, que
j’évoquais au début, il est difficile de tracer un bilan
fiable des occurrences. Je crois, toutefois, qu’il n’est pas
sans intérêt de chercher à mettre en évidence brièvement,
dans les cas où cela est possible, des données quantitatives générales, par exemple, à propos de la diffusion des
9 Le nombre total des sépultures mises au jour, y compris celles
datant d’époque romaine, dépasse les 12.000 unités : Graepler 2002,
p. 195.
10 En considérant les critères disponibles à Tarente pour la
définition de l’âge des défunts, parmi lesquels la longueur de la fosse
ou du sarcophage (Graepler 1994, p. 284 ; 1997, p. 238), il se peut
que le nombre total des tombes de préadultes ait été sous-estimé (voir
aussi, à ce propos, Elia, Meirano, sous presse, note 3).
terres cuites dans les nécropoles et de leur présence dans
les tombes d’enfant par rapport aux sépultures d’adultes.
Comme on l’a constaté pour Tarente, la présence
de terres cuites dans les mobiliers funéraires constitue un phénomène nettement minoritaire en Grande
Grèce. À Hipponion, dans la nécropole occidentale (fin
du VIIe-IIIe s.), elles concernent seulement 2,25 % des
tombes 11 ; il en est à peu près de même dans la chôra de
Métaponte (2,18 % : Link-Malone 1998, p. 771) 12, tandis
que pour les nécropoles urbaines de la colonie achéenne
on ne compte que quelques exemplaires, bien que des
centaines de tombes explorées soient encore inédites 13.
11 Les données quantitatives se réfèrent aux sépultures du chantier
INAM, fouillées entre 1969 et 1974 (Arslan 1986, p. 1029 ; pour
les tombes présentant des figurines, datant des Ve-IVe s., ibidem,
p. 1039, 1042-1043, 1047 ; voir aussi Iannelli 2000, p. 73 ; Iannelli,
Ammendolia 2000, p. 155-156, tombes 44, 50, 190, 218, 246, 249,
262, 275). Au cours des explorations suivantes, le nombre total des
tombes mises au jour a dépassé les 1.000 unités (Iannelli 2000, p. 70 ;
Iannelli, Ammendolia 2000, p. 73 et 156, tombes 120/Barbuto, 187/
Muschella, accompagnées de figurines ; voir aussi Iannelli, Givigliano
1989, p. 650-656 et 676-677 ; D’Andrea 1989, en particulier p. 771,
772, 781-782, tombe 187 et 224/Muschella ; Crimaco, Proietti 1989,
en particulier p. 797, tombe 494/Piercastello, datable du IIe s. ; Rotella
1990). Malheureusement, à quelques exceptions près, les publications
ne permettent pas de tirer des informations détaillées concernant
l’association entre les terres cuites et les tranches d’âge des défunts.
12 Une tombe féminine accompagnée de figurines et d’une colombe
s’est ajoutée récemment aux sépultures de la chôra : De Siena 2007,
p. 439, pl. XIIa (tombe 166, milieu du IIIe s.).
13 Le dossier, publié de façon analytique, se limite aux pièces
récupérées dans une tombe perturbée et dans deux hypogées multiples,
ce qui empêche de les attribuer à des dépositions spécifiques : Lo
Porto 1966, p. 201-202 n° 1 (tombe 8 de Contrada Ricotta : une
figurine féminine nue assise, datant du milieu du IIIe s.) ; Idem 1981,
p. 351-352, fig. 65-66 (tombe 5 de Contrada Ricotta, hellénistique :
une statuette féminine, une figurine d’Aphrodite avec Éros, un
fragment de relief avec banquet couché) ; Sestieri 1940, p. 68-70,
113
VALERIA MEIRANO
À Locres, le réexamen des tombes fouillées par Orsi
entre 1910 et 1915 a permis de disposer pour la première fois d’une base documentaire suffisamment large
et fiable, qui témoigne que le pourcentage reste plutôt
bas, inférieur à 4 % (Elia 2010, p. 254 n. 14) 14. Pour les
nécropoles hellénistiques de Rhègion et de ses alentours,
malgré l’absence de données statistiques, la présence de
terres cuites semble modeste par rapport au nombre des
sépultures explorées 15.
À une exception près, la coroplathie est absente dans les
sépultures de Pithécusses 16. Il en est à peu près de même
pour d’autres sites, où la documentation disponible, bien
que peu systématique et par disiecta membra, permet toutefois de mettre en évidence les tendances prédominantes,
fig. 17 (plusieurs fragments de statuettes féminines de l’hypogée
hellénistique). Une grenade en terre cuite est en outre signalée dans
une tombe datant de la deuxième moitié du IVe s. (Longo 1988, p. 46).
Des figurines sont en outre attestées dans des tombes hellénistiques
considérées comme appartenant à des enfants et à des individus
adultes de sexe féminin, mises au jour à plusieurs reprises près des
routes nationales 106 et 175, ainsi qu’au lieu-dit Pizzica Pantanello
(Scarano 1992, p. 23 ; Tagliente 2006, p. 732-733). Malheureusement,
le caractère de la documentation fournie ne permet pas d’exploiter
ces données.
14 Voir, en général : Orsi 1913, p. 50 et 53 ; 1917b, p. 149-153 et
164 ; Elia 2010, p. 253-276 et 364-367.
15 Une recension récente a permis de rassembler environ 200
tombes hellénistiques, auxquelles s’ajoute un nombre non précisé
de sépultures, fouillées au cours du XIXe s. et des premières
décennies du XXe s., dont la plupart du mobilier est documentée
de façon collective, étant donné l’impossibilité de reconstituer les
contextes (voir Andronico 2006a, passim). Pour plusieurs terres
cuites funéraires, en outre, le manque d’informations concernant les
provenances précises des pièces empêche de savoir si à l’origine elles
étaient errantes ou associées à des tombes (voir par exemple Galli
1942, p. 218-223 ; Andronico 2006a, passim).
Le nombre des sépultures présentant de façon certaine des terres
cuites est plutôt limité : pour la nécropole septentrionale (aire du
Musée National), voir Galli 1942, p. 173, a-b (tombe 6) ; p. 173
(tombes d’enfants 7-8) ; p. 174 (tombe 11) ; p. 176 (tombe 17,
enfant) ; p. 196 (tombe 72, enfant) ; S. Accardo, fiches du catalogue.
In : Andronico 2006a, p. 68 nos 12-13, fig. 26 ; de la nécropole de
Contrada Borrace : Orsi 1909a, p. 316 (tombe 1) ; de la nécropole
de Santa Caterina-Porto : Orsi 1922, p. 186 (tombe 8) ; I. Petrolino,
fiche du catalogue. In : Andronico 2006a, p. 77 n° 77, fig. 74 ; de la
nécropole de San Giorgio Extra : S. Accardo, fiches du catalogue.
In : Andronico 2006a, p. 43, 82 n° 138, fig. 95 (tombe 3) ; p. 45
(tombe 13) ; p. 49 et 87 n° 198, fig. 107 (tombe 28) ; p. 49 et 87-88
n° 207, fig. 108, g (tombe 30).
Typiques de Reggio sont en outre les petits chapiteaux corinthiens
en terre cuite, trouvés souvent en groupes de quatre exemplaires à
l’intérieur des tombes ou sur la surface des aires funéraires. Bien qu’une
fonction symbolique ait été évoquée dans le passé, la proposition la
plus convaincante consiste à les interpréter comme des éléments de
la décoration du tombeau ou de la klinè funéraire (voir Putortì 1912,
p. 151 n. 2 ; 1913, p. 160 n. 2 ; Orsi 1922, p. 186 ; Andronico (E.)
- Appendice. I capitelli fittili. In : Andronico 2006a, p. 15).
16 Des terres cuites proviennent de la tombe collective 85, datant de
l’époque hellénistique, utilisée jusqu’à la période romaine (Buchner,
Ridgway 1993, p. 105-106 nos 76-79).
114
qui semblent attester la rareté ou, parfois, l’absence
de terres cuites (Siris : Berlingò 1986, p. 117-127 ;
Kaulonia 17, Cumes 18, Poséidonia 19, Néapolis 20).
Face à cette uniformité, il faut tout de même souligner que certaines situations se distinguent en montrant
17 L’unique aire funéraire publiée de façon systématique est celle
de Vallone Bernardo, où Orsi mit au jour 130 tombes (Orsi 1915 ;
voir aussi Palomba 2004), remontant aux Ve-IVe s. Des fouilles furent
effectuées en suite par B. Chiartano, qui explora probablement une
trentaine de contextes (ibidem, p. 355). Une seule sépulture, dont
l’âge du défunt est indéterminé, a restitué un fragment de figurine
(ibidem, p. 357 et 407 n° 4, fig. 147,5 : tombe 23/Chiartano). Les
terres cuites errantes sont limitées (pour les fragments de petits autels
voir Orsi 1915, col. 908-909 ; Palomba 2004, p. 358-359 n. 56-57,
p. 397-398 et 420, nos 12 et 38, fig. 147,4 et 147,6 ; voir aussi infra,
p. 119). Aucune indication sur la présence de coroplathie ne provient
des autres aires funéraires de la cité (exceptions chez Iannelli 2001 :
phase bruttienne).
18 Malheureusement, la provenance de la plupart des terres
cuites funéraires datant des périodes archaïque et classique est très
incertaine (une dizaine d’exemplaires est présentée par Gabrici 1913,
col. 543-549, pl. LXXI-L XXIII ; voir aussi, col. 21-31 et 545, pour
les circonstances des anciennes explorations). Des exceptions sont
représentées par les tombes archaïques XCVIII et C qui contenaient
respectivement trois fruits en terre cuite et un petit oiseau (ibidem,
col. 460-461 ; Valenza-Mele 1981, pl. IV). Pour la phase samnite de
la cité, des terres cuites sont connues notamment dans deux groupes
de tombes (voir Fiorelli 1883, p. 283 ; Gabrici 1913, col. 677 et 706,
pl. CXI-CXII), mais la documentation ne permet pas de les relier aux
contextes d’origine.
19 Voir la bibliographie générale sur les nécropoles supra, note 3.
Je signale notamment la tombe 33 de Santa Venera, dont le riche
mobilier comportait deux statuettes ioniennes, un œuf, une colombe
et un phormiskos en terre cuite (Pontrandolfo 1980, p. 800 : 510).
En revanche, la coroplathie est attestée sur ce site dans des tombes
lucaniennes attribuables à des enfants ou à des femmes adultes
(Pontrandolfo 1992, p. 258-259 ; F. Longo, fiches du catalogue.
In : Cipriani (M.), Longo (F.) dir., I Greci in Occidente. Poseidonia
e i Lucani. Naples, Electa Napoli, 1996, p. 293-295 nos 306-307).
Caractéristiques des sépultures féminines de la deuxième moitié du
IVe s. sont, à Paestum comme sur d’autres sites de la région, les fruits
et les modèles d’aliments en terre cuite (Pontrandolfo, Rouveret
1992, p. 438 ; pour l’identification de ces mets, voir Meirano (V.)
– Frutti, dolci e focacce in area metapontina: la documentazione
coroplastica. BBasil, 12, 1996, p. 67-102, et Offerte alimentari ed
iconografie gastronomiche: documenti dai santuari della Magna
Grecia. In : Palermo (D.) et al. dir., Cibo per gli uomini, cibo per
gli dei. Archeologia del pasto rituale, Atti della riunione scientifica,
Piazza Armerina, 4-8 maggio 2005. Padoue, sous presse).
20 Les documents connus se réfèrent à la période où la cité a
désormais perdu son indépendance. Des terres cuites datables
des dernières années du IVe-début du IIIe s. ont été trouvées sur
les consoles d’une tombe de Via San Giovanni à Carbonara et
de l’hypogée mis au jour en 1790 près de la Porta San Gennaro
(Pontrandolfo 1988, p. 268 ; 1985, p. 284 et 288 nos 78.1-3). Des
sépultures de la nécropole de Castelcapuano (Pesce 1935, p. 278,
fig. 22 ; p. 287, fig. 23 ; avec des corrections par M.R. Borriello,
fiches du catalogue. In : Napoli Antica. Naples, Gaetano Macchiaroli
Editore, 1985, p. 257 nos 61.8-10), ainsi que des tombes des alentours
de la cité (Ponticelli, Casoria, Qualiano : Giglioli 1922, p. 259 n° 1,
fig. 3 ; p. 270 n° 1, fig. 13 ; p. 274 nos 1-2, fig. 15 ; Giampaola 1985a,
p. 302 ; Bedello-Tata 1985, p. 313 et 315 nos 94.13-14; Giampaola
1985b, p. 321 nos 97.9-10) contenaient aussi des figurines.
LES TERRES CUITES DANS LES SÉPULTURES D’INDIVIDUS IMMATURES EN GRÈCE D’OCCIDENT
Fig. 4. Pieds en terre cuite, Tarente, tombe 66, découverte Via Mezzacapo le 18 avril 1934 (d’après Graepler 1996, p. 243).
des occurrences plus élevées. À Medma, par exemple,
où les 86 tombes fouillées par Orsi, datant des Ve-IVe s.,
présentaient de la coroplathie dans presque 20 % des
contextes (Orsi 1917a) 21 ; dans la nécropole méridionale
d’Héraclée (IVe-IIIe s.), le phénomène concerne environ
12 % des 278 sépultures 22.
Si, dans le passé, les terres cuites figurées ont été souvent considérées comme des indicateurs infantiles tout
court, l’analyse systématique des données met cependant
en évidence la présence de ces offrandes également dans
des tombes d’adultes, comme on l’observe à Tarente. Il
s’agit en tout cas d’un phénomène discontinu, avec des
variations remarquables selon les sites et les périodes
chronologiques.
21 L’exploration de la nécropole de Nolio-Carrozzo a été reprise
après la fouille d’Orsi (Arias 1946 ; Lattanzi 1991, p. 591-592 ;
1993, p. 595-596 ; 1998a, p. 681-682 ; 1998b, p. 506), en mettant au
jour de nombreuses sépultures, contenant parfois des terres cuites.
Malheureusement, à deux exceptions près (Arias 1946, p. 133-134,
tombes 1 et 15), les publications ne détaillent pas la composition des
assemblages funéraires.
22 Aux tombes publiées par Pianu, concernant les fouilles de
1978 et 1979 dans la nécropole méridionale (1990, p. 231-232), il
faudrait ajouter les résultats des explorations plus anciennes (voir par
exemple Lo Porto 1961b, p. 144-146, tombe 2, site n° 9 ; tombes 1 et
3, site n° 10) et de celles menées récemment dans la même nécropole
(mentions chez Nava 2002, p. 731 ; 2003, p. 661 ; 2004, p. 968 ;
De Siena 2011, p. 643-644), où d’autres sépultures hellénistiques
– parmi lesquelles aussi des tombes d’enfants et d’adolescents –
comportent des statuettes, des bustes, des sujets grotesques ainsi que
des figurines mal cuites. Ce phénomène continue par ailleurs aux
IIe et Ier s. (voir par exemple L. Giardino, fiche du catalogue. In :
Da Leukania a Lucania. La Lucania centro-orientale fra Pirro e i
Giulio-Claudii. Venosa, Castello Pirro del Balzo, 8 novembre 199231 marzo 1993. Rome, Istituto Poligrafico e Zecca dello Stato, 1993,
p. 182-185, tombe 119 de Via Umbria ; Eadem 1990, p. 80, pl. IV,
2, tombe Umbria/84 ; p. 84, pl. XI,1, XII,1, tombes Umbria/60 et
Umbria/65). Dans la nécropole occidentale, des terres cuites sont
attestées dans des sépultures datant des IVe-IIIe s. (Bianco 1993,
p. 194 ; voir aussi Berlingò 1992, p. 11).
En limitant l’analyse aux contextes où la qualité de la
documentation permet de tirer des données quantitatives
fiables 23, on note que, dans la chôra de Métaponte, seules
trois des sept tombes qui ont livré des terres cuites sont
associées à des individus morts jeunes ; dans les autres
cas il s’agit d’adultes, dont au moins deux femmes,
parmi lesquelles l’une est âgée de plus de 70 ans 24. Il
en est à peu près de même dans la nécropole occidentale
d’Hipponion, où seules quatre des dix sépultures comportant des terres cuites sont attribuables de façon sûre à
des enfants (dans trois cas, il s’agit d’individus de sexe
féminin : Arslan 1986, p. 1043), et à Medma, où environ
la moitié des tombes pourvues de figurines appartient
vraisemblablement à des immatures (Orsi 1917a).
Les sépultures de Lucifero à Locres confirment cette
tendance, car presque un tiers des dépositions contenant
des terres cuites ont été attribuées à des adultes (Elia
2001).
En revanche, toutes les tombes de la nécropole méridionale d’Héraclée présentant de la coroplathie sont
identifiées comme des sépultures d’enfants (Pianu 1990,
p. 231), mais dans ce cas la lecture proposée semble parfois prévaloir sur le fait archéologique. 25
Le dossier tarentin, si riche, que nous avons rapidement évoqué, offre l’exemple unique, en Italie du Sud,
23 Malheureusement, la plupart des informations non analytiques
rassemblées dans les notes ci-dessus, concernant plusieurs sites, sont
inutilisables à cet égard.
24 Carter, Hall 1998, p. 256, 265, 320, 324-345, tombes 12, 71,
253, 270. Il est en outre fort probable que toutes les terres cuites
accompagnaient des défunts de sexe féminin (Link-Malone 1998,
p. 772-773).
25 Je cite par exemple, à ce propos, la tombe 106 (Pianu 1990,
p. 111) où, bien que le squelette soit compatible avec la taille d’un
adulte (ou d’un adolescent), l’auteur suppose qu’un mélange des
objets explique la présence de terres cuites dans la sépulture, qu’il
attribue à un enfant.
115
VALERIA MEIRANO
d’une étude de longue haleine sur le sujet, mais il concerne
de façon exclusive l’époque hellénistique. Et, en effet, la
présence de terres cuites dans les tombes constitue un
phénomène caractéristique de cette époque en Grande
Grèce. Non seulement à Tarente et à Métaponte 26, mais
aussi à Héraclée (Pianu 1990 ; voir aussi supra, n. 22),
la diffusion commence au milieu du IVe s., et même plus
tard à Rhègion (Andronico 2006b, p. 61). Les maigres
documents provenant des sites de l’ancienne Campanie
(v. supra, notes 16 ; 18-20) remontent presque tous à la
période hellénistique.
Dans sa synthèse sur la Grande Grèce, Graepler
(1996 ; voir aussi Abruzzese-Calabrese 1996, p. 189)
soulignait la pauvreté des documents pour l’époque
archaïque et classique, en citant seulement comme
exemples de coroplathie funéraire quelques protomés
(voir infra, n. 35), un Silène 27, un thymiatérion avec
une figure féminine 28 – tous provenant de Tarente –,
ainsi que le célèbre vase plastique en forme de Ménade,
découvert à Locres. 29
Or, même en excluant l’instrumentum en terre cuite
et les vases plastiques 30, le dossier est en peu plus riche
que cela, à Tarente et ailleurs.
Je chercherai à contribuer au sujet en mettant en
évidence les maigres données et quelques-unes des tendances qui caractérisent la présence des terres cuites dans
les contextes funéraires d’individus immatures avant
l’époque hellénistique. En privilégiant une approche
contextuelle, je traiterai en suite quelques cas d’étude
Fig. 5. Pied en terre cuite, Locres, nécropole de Lucifero, tombe n° 868
(d’après Elia 2001).
Fig. 6. Sarcophage en terre cuite en forme de pied chaussé,
Rhègion, nécropole septentrionale, tombe 6
(d’après Andronico 2006a, fig. 18 et 60).
26 Dans les nécropoles urbaines, la coroplathie se répand à partir
du milieu du IVe s. (voir supra, n. 13) ; en revanche, dans la chôra,
les terres cuites sont attestées entre 325 et 275, mais aussi de 420 à
380 (Link-Malone 1998, p. 771).
27 Graepler 1996, p. 230, 241, 248 n° 172. À l’extérieur de la
même tombe, découverte le 8 novembre 1884 Contrada Montedoro,
Strada Santa Lucia, a été également mise au jour une statuette de
démon ventru (pour ces deux objets voir Lo Porto 1962, p. 166-168
n° 10, fig. 21g et 24 ; n° 11, fig. 21f et 25).
28 Lo Porto 1961a, p. 274-275 n° 3, fig. 10a et 11 ; Graepler 1996,
p. 230 et 241 n° 171 (tombe 11 de via Argentina-Corso Italia, «forse
di una giovinetta», découverte en mai 1959).
29 Orsi 1913, p. 46, fig. 60 : tombe 934 de Lucifero, « forse di
giovane donna »; Graepler 1996, p. 230 et 241 n° 173 ; Elia 2001.
30 Je ne traiterai pas de la présence des vases plastiques dans les
tombes. Bien qu’apparentés du point de vue technique et stylistique,
et donc considérés à juste titre comme appartenant à une classe unique
dans les études de coroplathie (voir par exemple Gasparri 2008,
p. 327 n. 1), les vases plastiques et les terres cuites se différencient
manifestement par leur fonction et leur valeur sémantique, aspect
crucial dans l’interprétation des contextes funéraires. Dans le cas
d’un vase plastique, la fonction de « contenant » remplie par l’objet
risque de prévaloir sur l’iconographie dans la stratégie de sélection
mise en place pour la composition de l’assemblage funéraire.
116
spécifiques et j’essaierai de décrypter le message originel véhiculé par le mobilier de la tombe 31.
En Italie du Sud, certains sujets constituent des unica
dans les tombes d’enfant avant 350. Contrairement à ce
que l’on observe ailleurs dans le monde grec, la présence
de statuettes d’animaux est rare. Je citerai trois exemplaires – une tortue, un sanglier, un bélier – qui faisaient
partie du mobilier d’une sépulture très riche de Tarente,
datant du début du Ve s. 32.
31 À propos de la complexité sémantique intrinsèque des
assemblages funéraires qui connotent les individus immatures, voir
par exemple Cuozzo 2003, p. 203-211 (Pontecagnano) ; Muggia 2004,
p. 177-222 (Spina).
32 Dell’Aglio 1990, p. 413 ; 1991, p. 30 no 3.14-3.16, tombe 12
de l’Ospedale SS. Annunziata (8-9 novembre 1989) ; voir aussi
D. Elia dans ce volume. Pour l’interprétation de l’iconographie de
la tortue en contexte funéraire, voir Elia 2010, p. 262-263 ; Muggia
2004, p. 181-182, 195 et 220 (tombes d’immatures de Spina). Pour
l’évocation des animaux à propos de la sphère de l’enfance, dans
LES TERRES CUITES DANS LES SÉPULTURES D’INDIVIDUS IMMATURES EN GRÈCE D’OCCIDENT
Fig. 7. Meubles miniatures en terre cuite, Locres, nécropole de Lucifero, tombes 844, 1102 et 564
(d’après Orsi 1913, fig. 6 et 43, et Elia 2001).
Il en est de même pour une figurine d’enfant dans ses
langes33, ainsi que pour un relief au banquet couché 34,
qui proviennent de tombes de Nolio-Carrozzo à Medma.
En revanche, les protomés et les bustes féminins sont
nettement plus fréquents au cours des VIe et Ve s., dans
plusieurs nécropoles : à Tarente 35, Locres 36, Medma 37,
Hipponion 38, ainsi qu’à Pantanello, dans la chôra de
l’iconographie, les offrandes et le rituel funéraire en Grèce, voir en
général Oakley 2003, p. 167, 175-176, 180-181, 183 ; Papaikonomou
2006, p. 244 et 247 ; Kallintzi, Papaikonomou 2006, p. 483.
33 Orsi 1917a, p. 42, fig. 6, tombe 27, probablement un enfant sur
la base de l’examen du mobilier (un askos, un petit bocal, une lampe,
deux fragments de figurines).
34 Orsi 1917a, p. 42, tombe 33 : voir aussi, infra, n. 55.
35 E. Lippolis, fiches du catalogue. In : D’Amicis et al. 1997,
p. 151-152 n° 7.3 (tombe découverte Via Santa Lucia, Villa Ramellini,
le 18 avril 1885 : vers 500 ; le lien avec un individu pré-adulte est
supposé) ; p. 286 nos 78.7,8 (tombe d’enfant 322, découverte le
20 avril 1909 à l’Arsenale Militare : vers 500. Les protomés étaient
associées à une « figura cinocefala ») ; Graepler 1996, p. 230
n. 39 (deux exemplaires inédits, découverts dans des tombes pour
lesquelles l’âge des défunts n’est pas indiqué) ; voir aussi infra, n. 56.
36 Orsi 1911, p. 17-18 ; Elia 2001, tombes 259 (520-500 ; voir aussi,
D. Elia dans volume) et 747 (Ve s.). À Locres, les protomés sont aussi
attestées dans des tombes d’adultes (Orsi 1917b, p. 118, tombe 1308 :
deux exemplaires). Je rappelle en outre la découverte, dans la même
nécropole, d’un « singolare deposito » comportant un buste féminin
inséré dans une marmite dont la tête était protégée par deux couvercles
faisant fonction de couvre-chef (Orsi 1913, p. 8-9, fig. 8).
37 Orsi 1917a, p. 46-48, fig. 17 (tombe 46, datée du Ve s. : le
mobilier comprenait aussi une figurine féminine nue assise : voir
ci-dessous, p. 118).
38 Trois exemplaires font partie du mobilier de la tombe 120/Barbuto
de la nécropole occidentale, qui contenait aussi un temple-boy, une
statuette de kourotrophe, un petit skyphos, un bolsal et trois vases
Métaponte 39. La valeur chtonienne et funéraire de ces
représentations « abrégées » du corps humain a été
mainte fois soulignée dans la bibliographie, en particulier pour la Grèce d’Occident. 40
Un copieux dossier concerne les statuettes féminines,
surtout à Locres. En effet, comme l’indiquent les données
disponibles, ce site présente le contexte funéraire le plus
riche en terres cuites de Grande Grèce, avant le milieu
du IVe s.
Les statuettes drapées, trônant ou debout, qui
renvoient à la sphère du mariage (Graepler 1996, p. 232 ;
miniatures (Iannelli, Ammendolia 2000, p. 156 ; Iannelli 2000, p. 53).
Bien que l’âge du défunt ne soit pas précisé, l’assemblage funéraire
permet de proposer l’attribution à un immature ; voir aussi, infra, p. 120.
39 Link-Malone 1998, p. 780, T126-1; Carter, Hall 1998, p. 241
(tombe 126 : riche crémation, vraisemblablement d’enfant, contenant
plusieurs offrandes, datant des premières décennies du IVe s.; voir
aussi, infra, p. 121); Link-Malone 1998, p. 784, fig. 19.1, T 330-11 ;
Carter, Hall 1998, p. 355 (tombe 330, datant des premières décennies
du IVe s., appartenant à un enfant âgé de 1 à 2 ans, accompagné
d’un mobilier sans parallèle parmi les tombes d’immatures en ce qui
concerne le nombre d’offrandes) ; voir aussi, D. Elia dans ce volume.
40 Voir Barra-Bagnasco 1986, p. 138-145 et 150-154 ; 2005 ;
2009, p. 135-136 et 319 ; Abruzzese-Calabrese 1996, p. 193 ; LinkMalone 1998, p. 772-773. Les protomés constituent par ailleurs
l’un des types coroplastiques grecs les plus attestés dans les tombes
indigènes et puniques de Sicile à l’époque archaïque : Gasparri 2009,
passim. Des bustes ont été trouvés aussi dans des tombes d’enfants
hellénistiques à Tarente (Quagliati 1931 ; Graepler 1997, p. 262
n° 17, tombe 49 : 175-125) et à Héraclée (Pianu 1990, p. 81 et 231
n° 66.3, pl. XXXIII,3 : pour cet exemplaire, l’auteur émet l’hypothèse
improbable d’une « idea del ritratto »: voir Barra-Bagnasco 1986,
p. 140 et passim).
117
VALERIA MEIRANO
1997, p. 239 et passim ; Abruzzese-Calabrese 1996,
p. 194), ne sont pas nombreuses 41. En revanche, les
figurines féminines à membres mobiles et nues assises
– dans les deux versions, soit avec les membres tronqués soit avec leurs bras, souvent déposées en couple
dans la tombe, entre les jambes de la défunte, ou à côté –
sont en nombre considérable 42. Bien documentées dans
les sanctuaires, notamment dans celui de Grotta Caruso
(infra, p. 125), les figurines nues assises représentent,
avec les arulae miniatures, les types coroplastiques les
mieux attestés dans les tombes d’immatures de Locres.
On connaît aussi un exemplaire dans une tombe d’enfant
de la colonie secondaire de Medma (supra, n. 37).
Je ne m’attarderai pas sur l’exégèse des figurines
féminines articulées ou nues assises, qui continuent à
faire débat et pour lesquelles il existe déjà une bibliographie imposante 43. Souvent identifiées indifféremment
dans la littérature archéologique comme des « poupées »,
ces statuettes polysémiques ont été plutôt interprétées récemment comme un « double de la jeune fille »
(Dasen 2010, p. 27), c’est-à-dire des représentations de
la nymphè, faisant allusion à la sexualité et au mariage,
sphère à laquelle se rattachent aussi d’autres sujets
qu’on examinera. Étant donné la diffusion de ces représentations et l’hétérogénéité des contextes, une lecture
plus nuancée est tout de même envisageable (voir par
exemple Graepler 1996, p. 231-232, 1997, p. 212-219).
41 Locres, nécropole de Lucifero : Elia 2001, tombe 705 (450-400),
tombe 821 (400-350 : deux exemplaires).
De la colonie locrienne de Medma, je signale une figurine drapée
debout (Orsi 1917a, p. 48, fig. 19, tombe 47), ainsi que des fragments
de statuettes féminines non identifiables : v. Ibidem, p. 42, tombe
32 (deux têtes de figurines); p. 43, tombe 34 (fragment de statuette
féminine assise).
42 Locres, nécropole de Lucifero, figurines articulées : Orsi 1912,
p. 6 (tombe 275, deuxième quart du Ve s. : deux exemplaires ;
v. aussi infra, p. 119). Ce type est documenté aussi dans des tombes
attribuées à des adultes (v. par ex., Orsi 1913, p. 39-40, fig. 50,
tombe 865 : deux exemplaires; Elia 2001, tombes 932, 945, 953).
Des exemplaires proviennent aussi de l’habitat de Locres : BarraBagnasco 2009, p. 288-289.
Figurines nues assises : Orsi 1911, p. 18-19, fig. 18 ; Elia 2001
(tombe 117 : 400-350; deux exemplaires) ; Orsi 1913, p. 35 (tombe
844) ; p. 11 (tombe 342 ; deux exemplaires) ; 1917b, p. 105, fig. 7
(tombe 1102) ; p. 118, (tombe 1345) ; Elia 2001, tombes 868, 520
(400-350), 1240 (475-450 ; v. aussi, D. Elia, dans ce même volume),
969 (400-330 ; deux exemplaires). V. aussi, pour les tombes 844, 868
et 1102, infra, dans cette page et p. 121-122, 123-124.
Pour des attestations dans les sépultures d’adultes, v. par ex. :
Orsi 1913, p. 34 (tombe 828) ; Elia 2001, tombes 882 et 883.
Des exemplaires proviennent aussi de l’habitat de Locres : BarraBagnasco 2009, p. 219-223.
43 On trouvera un historique, un aperçu critique du status
quaestionis, ainsi que des propositions d’interprétation chez :
Papaikonomou 2007 ; 2008b, p. 695-706 ; Dasen 2010, p. 25-30 ;
v. aussi les contributions de V. Dasen, d’I. Papaikonomou et
S. Huysecom-Haxhi, ainsi que de C. Scilabra, dans ce même volume.
118
Fig. 8. Kibotion miniature en terre cuite, Locres, nécropole de Lucifero,
tombe 860 (d’après Orsi 1913, fig. 47).
Les personnages liés au théâtre, ainsi que les sujets
grotesques et dionysiaques, occupent une place importante parmi les terres cuites destinées aux tombes
d’immatures. À Locres, quatre sépultures étaient accompagnées par ce genre de représentations : un Silène
(tombe 1091 : voir aussi infra, p. 119, 120), un Silène
et deux sujets caricaturaux (tombe 1345) 44, une statuette
d’Héraclès (Orsi 1912, p. 13, fig. 13, tombe 380 : Ve s. ;
Todisco 2005, p. 717, pl. II,d), ainsi qu’une représentation de Baubò (tombe 1102) 45. En revanche, ces terres
cuites sont plus rarement présentes dans les tombes
d’adultes 46.
Une figurine de Bès, ainsi que deux autres sujets grotesques, sont attestés à Hipponion. 47
La présence de ce type de représentations constitue un
phénomène bien attesté en Grèce d’Occident, surtout à
l’époque hellénistique. À Tarente ces types coroplastiques
sont répandus exclusivement dans des tombes d’enfant,
tandis qu’en Sicile, notamment à Lipari (Bernabò Brea
1981), ils sont plutôt associés à des adultes.
44 Orsi 1917b, p. 118-119, fig. 23 ; voir aussi supra, n. 42.
45 Orsi 1917b, p. 105-106, fig. 8 ; voir aussi supra, n. 42 et infra,
p. 124. Pour un commentaire sur les figurines de Baubò, voir Lentini
2005.
46 Voir par exemple Elia 2001, tombe 617. Des terres cuites de ce
genre proviennent aussi de la fouille de 1956 dans la même nécropole
(Elia 2010, p. 260-267, C017-22 ; sporadiques).
47 Le Bès appartient à la tombe 187/Muschella de la nécropole
occidentale, attribuée à un enfant âgé de 5 ans environ (voir, pour
les analyses anthropologiques, Ronco, Gaggini 1989, p. 812) ; il était
associé à une clef en fer, à une lampe et à quelques vases (une petite
olpé, un lécythe, deux skyphoi : D’Andrea 1989, p. 771 ; Iannelli,
Ammendolia 2000, p. 156). Pour l’iconographie de Bès en milieu
locrien : Barra-Bagnasco 2009, p. 252-253. Les deux autres pièces
proviennent des tombes 246 et 275/INAM, datant de la fin du Ve-début
du IVe s. (Todisco 2002, p. 61 ; voir aussi supra, n. 11 et infra, p. 123).
LES TERRES CUITES DANS LES SÉPULTURES D’INDIVIDUS IMMATURES EN GRÈCE D’OCCIDENT
Fig. 9. Pinakes locriens, types 5/1 et 5/2 (d’après Lissi-Caronna, Sabbione, Vlad-Borrelli 1996/2007).
Le rapport avec la sphère infantile est explicité par
une épigramme de l’Anthologie Palatine (VI, 308). Le
théâtre avait une fonction spécifique dans l’éducation
et les processus d’initiation à l’âge adulte et, donc, la
participation à la vie de la polis en tant que citoyen.
Comme pour les choés attiques, on a proposé de comprendre la déposition de ces terres cuites dans les tombes
d’immatures comme un moyen de caractériser la tranche
d’âge du défunt, correspondant, dans ce cas, au moment
de sa première approche du théâtre (Graepler 1997,
p. 231-234 et 242 ; Todisco 2005).
À Locres, les figurines de ce genre sont bien attestées
aussi dans l’habitat (Barra-Bagnasco 2009, p. 122-128 et
170-186), et surtout dans le sanctuaire de Grotta Caruso,
près du théâtre de la cité antique, où des rituels de passage
avaient lieu, sous l’égide des Nymphes (Costabile 1991,
passim ; Todisco 2005, p. 717).
Le dossier locrien documente un autre type réservé
aux dépositions d’immatures : il s’agit des arulae, les
autels en terre cuite, miniaturisées. Caractéristiques
du Ve s., mais parfois également attestés dans la première moitié du IVe s., ces objets sont présents dans
sept sépultures d’enfant. Le nombre d’exemplaires peut
varier : un (tombes 567, 800, 1091, 1242 : Orsi 1913,
p. 8 et 33, fig. 39 ; 1917b, p. 116-117 ; Elia 2001), deux
(tombes 275 et 330 : Orsi 1912, p. 6 et 9, fig. 2) ou quatre
(tombe 860 : Orsi 1913, p. 37-38 ; voir aussi D. Elia
dans ce volume) par tombe. Parfois ils sont associés à
d’autres terres cuites (tombes 275, 1242, 1091 : supra,
n. 42 et p. 118 ; infra, n. 54 et p. 120 ; tombe 330 : pinax
mélien), comme dans une tombe de Medma (infra,
n. 55), et, notamment, à des meubles ou des loutéria
miniatures (tombes 567, 860 : voir infra, p. 124, 125) 48.
Dans quelques cas, des arulae de grandes dimensions
faisaient partie de la structure de la sépulture (tombes
1501, 1224, 1347 : Orsi 1917b, p. 115, fig. 17 ; p. 119,
fig. 24 ; p. 134-135), ou bien elles en constituaient le
sèma (Elia 2010, p. 58 et 269-270, CO27-29, tombe B) 49.
La valeur funéraire d’une des scènes représentées sur
les petits autels – le combat entre Héraclès et Achéloos –,
en relation avec l’âge et la condition du défunt, a déjà été
mise en évidence (Elia 2010, p. 332-335 ; Elia, Meirano
2010, p. 306, et sous presse). Cette lecture, insistant
sur la valeur apotropaïque de la lutte, du triomphe sur
les dangers et de la puissance comme viatique pour le
voyage des petits défunts vers l’au-delà, pourrait s’adapter aussi à quelques autres représentations attestées (lion,
taureau ; scènes de lutte entre animaux). Le sphinx possède, lui, une valeur funéraire explicite 50.
Face à la diffusion des arulae dans la cité, soit dans
les contextes sacrés (notamment, à Mannella), soit dans
l’habitat (Rubinich, Origlia 1989 ; Barra-Bagnasco
2009, p. 119-122), il faut souligner que les exemplaires
miniatures constituent à Locres une production locale
48 Pour l’étude typologique je renvoie à Rubinich, Origlia 1989.
49 Un cas analogue est documenté dans une tombe d’enfant de
Matauros : Elia 2010, p. 335 n. 47.
50 La nécropole de Lucifero a restitué en outre plusieurs exemplaires
d’arulae sporadiques : Elia, Meirano 2010, p. 306 n. 168. Voir aussi
supra, n. 17 pour l’aire funéraire de Vallone Bernardo à Kaulonia ;
pour la nécropole de Nolio-Carrozzo à Medma : Orsi 1917a, p. 53.
119
VALERIA MEIRANO
destinée spécifiquement aux tombes d’enfants, donc un
des rares cas de « coroplathie funéraire » stricto sensu
(voir supra, p. 112) 51.
Après cet excursus général, passons à l’examen de
quelques cas d’études représentés par des types coroplastiques dont l’occurrence dans les contextes funéraires
d’immatures en Grande Grèce n’a pas été suffisamment
mise en évidence. Comme on le verra, la documentation
fournie par Locres se confirme comme incontournable.
Les statuettes d’enfants accroupis, dits traditionnellement temple-boys – type originaire d’Égypte,
introduit par l’intermédiaire des Phéniciens, d’abord à
Chypre et à Rhodes – sont fréquemment présents dans
les tombes grecques d’immatures, de la petite enfance à
l’adolescence. En Grèce propre (notamment à Rhodes,
en Crète, à Argos, à Éleusis, à Myrina, à Olynthe,
etc. : Hadzisteliou-Prize 1969) et en Sicile (Syracuse,
Mégara Hyblaea, Camarine) 52, elles sont bien attestées
à l’époque archaïque et surtout classique.
Sur la base de l’examen des occurrences dans les
contextes sacrés et les nécropoles, et de leur association fréquente avec des protomés et des sujets faisant
allusion à la maternité (figurines féminines assises,
images de kourotrophes, etc.), T. Hadzisteliou-Price
(1969 ; 1978) a proposé de considérer les temple boys en
milieu funéraire comme des représentations de l’enfant
placé sous (ou demandant) la protection d’une divinité
courotrophe (voir aussi Graepler 1997, p. 228-229 ;
Panayotova, Hermary 2010, p. 249-250) 53.
En Grande Grèce, les documents les plus anciens
proviennent de Locres, à partir du deuxième quart du
Ve s., et de tombes attribuables de façon sûre à des
enfants (885, 1091, 1328 : Elia 2001) (fig. 1) 54.
Dans la nécropole de Nolio-Carrozzo à Medma, quatre
tombes, datées des Ve-IVe s., ont livré un exemplaire
51 Voir Rubinich, Origlia 1989, p. 169 ; cependant, la lecture
proposée pour ces objets (« modesti giocattoli ») risque d’en sousestimer la portée sémantique.
52 Syracuse : voir par exemple Orsi 1925, p. 304-305, fig. 59
(tombe 121) ; M.T. Lanza, fiche du catalogue. In : Daix Wescoat (B.)
dir. – Syracuse, the fairest Greek City. ancient art from the Museo
Archeologico Regionale ‘Paolo Orsi’. Rome, De Luca Edizioni
d’Arte, 1989, p. 116-117 n° 43 (vers 500) ; Mégara Hyblaea : Orsi
1890, col. 817 (tombe XXIII) ; Camarine : Orsi 1899, col. 261,
fig. 53 (tombe 19).
53 Voir aussi l’interprétation proposée pour la statuette de femme
tenant un enfant dans ses bras de la tombe 192 de la chôra de
Métaponte : Link-Malone 1998, p. 774-775 n° 192-1 ; Carter, Hall
1998, p. 426, tombe 192 (305-275).
54 L’assemblage funéraire de la tombe 1091 comporte aussi une
statuette de Silène (supra, p. 118), un vase plastique en forme de porcépic, ainsi qu’une arula et des vases miniatures (Elia 2001). Pour
l’iconographie du temple-boy à Locres, voir Barra-Bagnasco 2009,
p. 289-290.
120
d’enfant accroupi, représenté avec une oie (tombe
33) ou caressant un lièvre (tombes 26, 39) (fig. 2) 55.
À Hipponion, la sépulture 120/Barbuto (voir supra,
n. 38) montre un temple boy associé à une kourotrophe.
À Tarente, le temple boy est présent dans trois sépultures, qui attestent sa diffusion dès le deuxième quart
du IVe s., mais la relation avec l’âge des défunts est
moins claire 56.
Une autre iconographie masculine, plus rare en
Grande Grèce, est attestée par un exemplaire isolé,
découvert à l’extérieur d’une sépulture archaïque de
Tarente : il s’agit d’une statuette de kouros drapé 57. Pour
ce type coroplastique, la présence en même temps de
caractéristiques associées soit aux images féminines,
soit aux représentations de sujets de sexe masculin 58, a
conduit à orienter l’interprétation vers une signification
particulière, notamment la volonté de marquer le statut
de l’adolescent et sa participation imminente à des rites
de passage (voir à ce propos, Gasparri 2008, p. 338-339).
Bien que la tombe tarentine ait été attribuée à un
adulte par les fouilleurs (probablement sur la base des
dimensions), je pense qu’il serait possible de l’associer
plutôt à un immature – un adolescent –, pour lequel on
évoquerait l’étape suivante de sa jeunesse manquée, un
pendant – pourrait-on dire – des « poupées » et des figurines apparentées dans les sépultures de jeunes filles.
La prudence est de mise, toutefois, parmi les rares documents de ce type en Grèce d’Occident, deux exemplaires,
provenant de sépultures de Mégara Hyblaea, montrent
manifestement l’association de cette iconographie
avec un « fanciullo » (tombe XXX) et un « bambino »
(tombe LXXII). Dans le deuxième cas, la statuette avait
55 Orsi 1917a, p. 42-43 et 50, tombes 33 et 64. La tombe 26
(ibidem, p. 41-42) était un ustrinum dont l’appartenance à un enfant
peut être proposée sur la base de l’examen du mobilier (outre la
statuette de temple boy et le relief supra, n. 34 : 8 têtes de figurines,
5 petits vases et une lampe). Il en est de même pour la sépulture 39
(ibidem, p. 45, fig. 12 et 13) dont le mobilier externe associé à la
déposition comportait aussi deux fragments de statuettes féminines,
deux fragments d’arula (cf. supra, p. 119), ainsi que cinq vases de
petite taille ou miniatures.
56 Graepler 1997, p. 242 n. 233; p. 259 n° 1, tombe 26 (= 182 de
Contrada Vaccarella : 375-325 ; parmi les offrandes est attesté un
buste féminin); p. 281 n° 1, fig. 258, tombe 191 (= 8 Via Calabria/Via
Umbria, Proprietà De Vita : 325-300, probable sépulture féminine) ;
p. 286 n° 1, tombe 231 (= tombe 4 Via Generale Messina 53, 15 avril
1966 : 375-325).
57 Tombe 1 de Via Dante Alighieri, Contrada Corti Vecchie
(10 octobre 1962) : Lo Porto 1962, p. 162-163 n° 21, fig. 18.
58 Les cheveux longs, l’absence de la barbe, la position des bras
et la façon de porter le vêtement caractérisent le sujet comme un
adolescent de sexe masculin ; toutefois, la coiffure et le fait même
d’être habillé de façon somptueuse font allusion à la sphère féminine :
Gasparri 2008, p. 338.
LES TERRES CUITES DANS LES SÉPULTURES D’INDIVIDUS IMMATURES EN GRÈCE D’OCCIDENT
Fig. 10. Mobilier partiel de la tombe 567 de Locres, nécropole de Lucifero (d’après Elia 2001).
été déposée directement sur la poitrine du défunt 59.
La sépulture tarentine était accompagnée par un mobilier riche et élaboré, qui rassemblait plus de vingt pièces
(des vases à boire, des phiales, une pyxide, et notamment
des vases à parfum, parmi lesquels des exemplaires
plastiques). La première tombe de Mégara Hyblaea
dépassait aussi les vingt offrandes, dont plusieurs vases
à parfum raffinés.
L’iconographie du kouros drapé évoque, comme
on l’a mis en évidence (Gasparri 2008, p. 339 et 341),
l’ensemble des valeurs et des idéaux propres des aristocraties archaïques : elle s’insère, à Tarente et à Mégara,
mais aussi ailleurs, en Sicile et en Grèce 60, dans des
assemblages funéraires qui sont significatifs de l’exhibition du statut et de la condition du défunt.
59 Orsi 1890, col. 820-821, pl. V, 8 (tombe XXX) ; col. 834 (tombe
LXXII, comportant un enfant et un adulte, peut-être la mère si l’on
considère les éléments du mobilier).
60 Une tombe de Giardino Spagna à Syracuse, contenant une
statuette de kouros vêtu (Cultrera 1943, p. 43-45 n° 2a, fig. 7, tombe
II), rassemblait aussi des vases à boire, des vases à parfum plastiques,
ainsi que quatre statuettes féminines et un petit oiseau en terre cuite.
La taille du squelette (ibidem, fig. 6) est compatible avec celle d’un
adulte, mais aussi d’un adolescent. Dans la sépulture 19 de GaleraBagliazzo à Sélinonte, le kouros (Gabrici 1941, p. 788, pl. VIII, 1,
corrigé par Gasparri 2008, p. 336 n. 95) était associé à une quinzaine
d’objets, parmi lesquels des vases à boire et à parfums raffinés
(l’âge du défunt est indéterminé). En Grèce, voir par exemple la
somptueuse tombe masculine 25 de la nécropole de Sindos, en
Macédoine, contenant elle aussi un kouros drapé : B. Misailidou,
fiche du catalogue. In : Vokotopoulou et al. 1997, p. 160-161 n° 251.
Un autre sujet, dont l’exégèse fait débat dans la
bibliographie, n’a pas encore reçu, pour ce qui est de la
Grande Grèce, l’attention qu’il mérite. Il s’agit des petits
modèles de pieds, toujours caractérisés par un rendu très
soigné, attestés dans quelques tombes d’individus préadultes au cours des premières décennies du IVe s.
Une terre cuite représentant deux pieds accolés (fig. 3)
a été déposée avant la crémation à côté du fémur droit de
l’individu incinéré, 126 de Pantanello, près de Métaponte,
tombe déjà évoquée à cause de la présence d’une protomé parmi les offrandes (supra, n. 39). M. Link-Malone
(1998, p. 774, 781, T 126-11, fig. 19, 2) souligne qu’il
s’agit de pieds nus : au contraire, je pense que la présence
des semelles, très bien modelées et adaptées au profil des
pieds, nous indique que ces pieds étaient probablement
chaussés de sandales, dont les lanières pouvaient être
suggérées par des bandes en couleur.
À Tarente, deux couples de pieds chaussés de sandales,
pourvues de hautes semelles, proviennent d’une tombe
datée du troisième quart du IVe s. (fig. 4) 61, tout à fait
exceptionnelle pour la phase A de la nécropole (375-325 :
Graepler 1994, p. 284-285), à cause de l’abondance des
terres cuites qui faisaient partie du mobilier (des figurines
debout et trônant, une acrobate, etc.).
À Locres, l’inhumation 868 de Lucifero, datant de la
première moitié du IVe s., appartenait à une jeune personne, que l’on peut proposer d’identifier comme une
61 Graepler 1996, p. 233 et 242 nos 180-181 ; Bartoccini
1936, p. 149, fig. 40b (tombe 66, découverte Via Mezzacapo le
18 avril 1934 : « scheletro infantile »). Voir aussi, infra, p. 125.
121
VALERIA MEIRANO
fillette 62 : un fragment de modèle de pied, superposé à
une semelle, a été retrouvé près du pied de la défunte
(fig. 5) 63.
Les modèles de bottes, éléments caractéristiques du
maiden kit (comme l’appelle S. Langdon, 2007) diffusés surtout en Attique à l’époque géométrique, et de
pieds chaussés de sandales, ainsi que les vases plastiques en forme de pieds déposés dans les tombes, ont
bien souvent été interprétés, à la suite de Poulsen (1905,
p. 30-31) et plus récemment de Kurtz et Boardman
(1971, p. 63, 211-212, 331) 64, comme un viatique pour
le long voyage que l’âme du défunt doit affronter pour
rejoindre l’au-delà. Cette interprétation semble toutefois
loin d’être convaincante 65, et il en est de même pour le
parallèle avec les ex-voto anatomiques, évoqué parfois
dans la bibliographie (voir par exemple Graepler 1996,
p. 233 ; Link-Malone 1998, p. 773-774). L’interprétation
reste problématique, mais les études de C. Weiß (1990 et
1995) sur les vases en forme de chaussures et de
A. Haentjens (2002) sur l’évocation des ces dernières
dans les tombes archaïques ont depuis quelques années
attiré l’attention sur le lien entre les pieds chaussés et le
mundus muliebris. Dans un travail récent, M. Cultraro
et M. Torelli (2009) ont réexaminé de façon exhaustive
le dossier, très abondant, concernant les contextes de
trouvaille et les représentations de chaussures féminines
en Grèce propre, de l’époque mycénienne à l’époque
classique, en décryptant les significations symboliques
des différents types de chaussures : bottes, sandales et
pantoufles. Les auteurs parviennent à proposer de façon
convaincante que les chaussures qualifient l’âge et le statut social, de façon proportionnelle – pourrait-on dire –,
à l’« ouverture » de la chaussure 66. Les bottes (peut-être
62 Orsi notait « giovanetto » dans son cahier de fouille.
L’identification avec un sujet féminin est proposée sur la base des
éléments du mobilier, surtout des deux lékanai. De plus, la tombe a
restitué une figurine nue assise (supra, n. 42), une autre statuette très
mal conservée, un fragment de bras de statuette, une petite base en os
et 20 astragales.
63 À cause de ses dimensions, le fragment ne peut pas appartenir à
une statuette.
64 Le status quaestionis est résumé chez Weiß 1990, p. 161; voir
aussi : Link-Malone 1998, p. 774 (« …it seems probable that the feet
were offered with a prayer that the fragile spirit be guided safely to
the Underworld ») ; P. Desantis, fiche du catalogue. In : Berti (F.),
Cornelio-Cassai (C.), Desantis (P.), Sani (S.) – La coroplastica di
Spina. Immagini di culto. Catalogo della mostra. Ferrare, Museo
Archeologico Nazionale, 1987, p. 20-21 n° 8, fig. 10 (à propos de
l’objet de la tombe 300 de Spina, fin du IVe s.).
65 Puisqu’il s’agit de reproductions de pieds et de chaussures
féminins, provenant de tombes de jeunes femmes, ou d’enfants
vraisemblablement de sexe féminin, il faudrait conclure que ce
viatique aurait été réservé à ces seules catégories de défunts.
66 Grapler (1997, p. 196-197) considère aussi le Fußekleidung
parmi les critères d’analyse.
122
les akrosphyra des sources anciennes), qui couvrent en
partie le mollet, correspondraient à la parthénos ; les
pantoufles, dépourvues de lacets et qui dévoilent le pied,
symbole érotique, à l’hétaira ; les sandales à la femme
mariée. Ces dernières chaussures, les nymphides, qu’on
recevait à l’occasion du mariage, représenteraient donc
une évocation de la séduction exercée dans le milieu
nuptial, mais aussi un symbole du passage des jeunes
épouses de la maison de leur père à celle du futur mari 67.
Aux modèles de pieds chaussés de sandales – parfois
associés à d’autres indicateurs, comme dans le cas de
la sépulture de Tarente (infra, p. 125) – pourrait donc
avoir été confiée la tâche d’évoquer ce moment fondamental de l’existence féminine, étape future d’un destin
non accompli.
Fig. 11. Statuette en terre
cuite : figure féminine
nue et loutérion ; Tarente,
tombe 66 découverte Via
Mezzacapo le 18 avril
1934 (d’après Graepler
1996, p. 123).
Au dossier que l’on vient d’examiner peut être
confronté un document extraordinaire, livré par la nécropole hellénistique de Rhègion : il s’agit d’un sarcophage
en forme de pied, fermé à la hauteur de la cheville par
une brique, datable du IIIe s. (fig. 6) 68. Ce pied droit est
chaussé d’une sandale munie d’une semelle très haute,
d’une ligula en forme de cœur et de lanières décorées
par des motifs en tresses, des astragales, des ondes, etc.
Le fouilleur citait comme parallèles les sarcophages
anthropomorphes et du type a bagno, bien attestés dans
l’aire de Reggio, mais, en considérant le fait qu’il s’agit
dans ce cas d’un unicum, il proposait de façon hypo67 Voir Dasen 2010, p. 28. Je rappelle en outre deux épigrammes de
l’Anthologie Palatine (VI, 206-207) qui mentionnent la consécration
de sandales à Aphrodite, désignée comme Ouranienne et comme la
divinité « qui préside aux noces ».
68 De Francisis 1957, p. 388-391, tombe 6 de la nécropole mise
au jour à l’occasion de la construction du bâtiment INPS, dans l’îlot
compris entre les rues Torrione, Tripepi et Romeo ; Accardo (S.) – Le
necropoli settentrionali dell’antica Rhegion, p. 28, fig. 18, et fiche du
catalogue. In : Andronico 2006a, p. 74-75, fig. 60 ; voir aussi Weiß
1990, p. 160-161.
LES TERRES CUITES DANS LES SÉPULTURES D’INDIVIDUS IMMATURES EN GRÈCE D’OCCIDENT
thétique de relier la pièce « all’ arte sutoria oppure al
teatro » (De Franciscis 1957, p. 390-391). Un lien avec
la tradition punique de Sicile a été aussi évoqué (Spadea
1987, p. 99), ainsi qu’une lecture insistant sur la signification symbolique du pied en tant qu’allusion au dernier
voyage du défunt (Guzzo 1987, p. 502), de manière analogue à ce qui a été proposé pour les petits modèles 69.
À l’intérieur du sarcophage (mesurant 1,21 m de long
et 0,59 de large au maximum) ont été récupérées seulement des « piccole ossa », permettant d’identifier la
sépulture comme celle d’un « fanciullo » de sexe indéterminé ; il n’y avait pas de mobilier. À la lumière du
dossier concernant la diffusion de l’« iconographie du
pied » en milieu funéraire, je pense que l’on peut proposer que cet objet énigmatique, bien qu’appartenant à
une catégorie différente par rapport aux offrandes (vases
plastiques, modèles de pieds chaussés et de chaussures),
participe du même univers symbolique.
Le mariage, passage fondateur dans la vie féminine,
est évoqué aussi par d’autres offrandes : les reproductions miniaturisées de meubles 70. Les attestations de ces
objets en Grèce propre sont nombreuses ; je me limite
à rappeler les exemplaires en terre cuite de Myrina
69 Une interprétation discutable a été avancée récemment chez
Andronico 2006b, p. 61-62, qui insiste sur la fonction symbolique du
pied chaussé, qui ferait allusion à la position élevée de l’homme par
rapport aux autres êtres vivants.
70 L’interprétation des objets miniaturisés dans les mobiliers
infantiles, où ils sont très fréquents, a fait l’objet d’études crosscultural portant sur différentes contextes et sur plusieurs époques,
avec des résultats contrastés. Je citerai les recherches sur la culture
Inuit, où ces objets semblent correspondre à des possessions
personnelles des enfants, dépourvues de valeurs rituelles ou votives
(Park 1998), ainsi que celles menées sur les communautés de l’Âge
du Bronze dans le Sud de la péninsule ibérique, où la présence de
vases miniatures spécifiques a conduit les chercheurs à les interpréter
comme des objets reliés à l’apprentissage (« not only for play but
as models that could be used in the learning process of both pottery
manufacture and food processing » : Sanchez-Romero 2008, p. 26-30 ;
voir aussi Ingvarsson-Sundström 2008, p. 108-110). Cependant, la
signification de ces objets dépend strictement du contexte, et chaque
élément peut être chargé d’une valeur différente/supplémentaire au
moment de la déposition dans la tombe. Comme S. Crawford l’a
mis justement en évidence, en analysant les sépultures d’enfant en
milieu anglo-saxon, les miniatures peuvent être conçues comme des
instruments d’éducation ou, en général, comme des objets déposés
dans les tombes en tant qu’éléments évoquant des valeurs strictement
reliées au milieu adulte : « adult tools rather than children toys »
(Crawford 2009, p. 60-61 et 63). Je soulignerai, par ailleurs, que la
tendance à considérer comme « miniatures » toute sorte d’objets de
taille inférieure à la taille naturelle (par exemple des personnages ou
des figurines d’animaux en terre cuite, ainsi que des reproductions
d’objets et d’outils, comme des armes, des peignes, des meubles,
etc.), que l’on trouve parfois dans la bibliographie, risque d’être
trompeuse. Bien que la distinction ne soit pas toujours facile à saisir,
les catégories du « petit » et du « miniaturisé » sont caractérisées par
des valeurs sémantiques très différentes.
(Jeammet 2001, p. 12-13 : IIe-Ier s.), mais aussi les
modèles en fer, plus rarement en bronze, provenant des
tombes archaïques de Sindos 71. En revanche, le mobilier
d’une célèbre tombe d’Érétrie attribuée à une jeune fille,
exposée au Louvre (325-300), montre, parmi ses nombreuses offrandes, plusieurs objets miniatures formant
une dînette en bois et un nécessaire de toilette, des éléments de parure, des fusaïoles, une toupie, ainsi qu’une
klinè et des tables miniatures en plomb. La dimension
intime de la maison, ainsi que les jeux de l’enfance et
le travail domestique y sont évoqués (Hasselin-Rous,
Huguenot 2010 ; Jeammet 2001, p. 36-37, et p. 12, pour
une maquette de lit en terre cuite d’Érétrie, datant de
350-300) 72.
En Grande Grèce ce type d’offrande est nettement
plus rare ; cependant, l’aire locrienne fait connaître un
dossier comparable, pour sa variété typologique, à ce
que l’on connaît sur quelques sites de Grèce. Un petit
tabouret en terre cuite a été récupéré parmi les offrandes
de la tombe 246/INAM d’Hipponion (v. supra, n. 11 et
47). À Locres, cinq sépultures de Lucifero, échelonnées
entre le Ve et le milieu du IVe s., présentent des maquettes
de meubles en terre cuite : une trapéza (ou un coffre) est
déposée dans les tombes 564 et 1102, tandis que dans le
cas de la sépulture 844, la trapéza est associée à un petit
modèle de klinè (fig. 7).
Dans le cas de la tombe d’enfant 564 (Orsi 1913, p. 7,
fig. 6 ; Elia 2001 ; première moitié du IVe s.), le petit
modèle est associé à un groupe de vases miniatures à vernis noir (un couvercle, des plats à poissons, une pyxide),
des astragales, trois coquillages et une cigale en ivoire
appartenant à l’origine à une fibule en fer. Ce dernier
objet « parlant », isolée dans ce contexte, semble étayer
la lecture proposée par K. Kallintzi et I. Papaikonomou
(2006, p. 481-482), qui expliquent la valeur symbolique
de l’insecte en relation avec le cycle vital de la femme.
Il s’agit donc d’un objet très approprié pour un mobilier
dont les éléments évoquent l’accomplissement manqué
d’un destin.
Le mobilier de la tombe 844 de Locres (Orsi 1913,
p. 35-37, fig. 43-46 ; additions chez Elia 2001 ; milieu
ou troisième quart du IVe s.) est impressionnant pour
l’abondance et la variété des offrandes. Outre les terres
cuites – une figurine féminine nue aux bras tronqués
71 Où ils sont attestés indifféremment dans des tombes masculines
et féminines : A. Despoini, fiches du catalogue. In :Vokotopoulou
et al.1997, p. 84-85 n° 124 (tombe 65) ; p. 94-95 n° 141 (tombe
20) ; p. 118 n° 177 (tombe 59) ; p. 141 n° 227 (tombe 115) ; p. 147
n° 238 (tombe 37) ; p. 171 n° 277 (tombe 25) ; p. 184-185 nos 296-297
(tombe 67) ; p. 241 nos 392-393 (tombe 52).
72 Des meubles miniatures ont été trouvés aussi dans des tombes
d’enfant de Thèbes (deux diphroi) et de Pydna (voir la contribution
de Z. Kotitsa dans ce volume).
123
VALERIA MEIRANO
Fig. 12. Statuette en terre cuite : figure féminine nue et loutérion ;Tarente,
tombe 1 de Rione Italia, Via Polibio, entre Via Oberdan et Via Dante,
17-19 août 1960 (d’après Forti, Stazio 1983, fig. 675).
Fig. 13. Pinax locrien, type 3/1
(d’après Lissi-Caronna, Sabbione, Vlad-Borrelli 1996/2007).
Fig. 14. Mobilier partiel de la tombe 191 d’Héraclée, nécropole de
Madonnelle (d’après S. Bianco, in Pugliese Carratelli (G.)
dir., I Greci in Occidente, Milan, Bompiani, 1996, p. 651).
(supra, n. 42) et les éléments constituant la trapéza et la
klinè miniatures – le mobilier présentait une douzaine de
vases à vernis noir, un cratère miniature achrome, des céramiques de cuisine, un askos plastique figuré, un fragment
d’amphoriskos en verre, ainsi qu’un miroir, une poignée,
une applique et deux strigiles en bronze. En revanche,
dans la sépulture 1102 (Orsi 1917b, p. 105-106, fig. 7-8 ;
additions chez Elia 2001), la trapéza était accompagnée
d’un miroir, de deux lékanai et d’une pyxide, ainsi que de
six statuettes, dont une figurine nue assise et une représentation de Baubò (v. supra, n. 42 et p. 118).
Dans le cas de Locres, comme à Éretrie, il est possible
de relier les maquettes de meubles à l’aménagement intérieur d’un foyer, à la dimension symbolique des tâches
domestiques auxquelles la jeune fille était destinée en
rentrant dans sa nouvelle maison, mais aussi, peut-être,
aux futures expériences liées au mariage (le lit conjugal) ; en général, l’assemblage funéraire correspondrait
124
donc à l’« univers familier que l’on souhaitait reconstituer auprès de la fillette » (Hasselin-Rous, Huguenot
2010, p. 275) 73.
À Locres, cette anticipation intentionnelle du rôle
destiné à la jeune fille correspond à la volonté de souligner, dans les tombes d’adultes, l’importance et les
prérogatives de la femme au sein de l’oikos, comme il
ressort clairement de l’examen de certains mobiliers
de Lucifero, contenant notamment des catégories spécifiques d’objets en métal (Cerchiai 1982, p. 291-293 ;
Meirano 2002).
Un autre type de meuble est évoqué par deux miniatures dans la tombe 860 (Orsi 1913, p. 38, fig. 47 ; voir
aussi, supra p. 119 ; D. Elia, dans ce volume) (fig. 8).
Il s’agit de kibotia, des coffres rectangulaires avec
des pieds terminés en patte de lion, apparentés aux
pièces d’ameublement représentées sur les pinakes du
Perséphoneion de Mannella à Locres même, sanctuaire
qui est lié de façon explicite aux rites de passage accomplis par la nymphè 74. Je présente à titre d’exemple des
scènes sur lesquelles une figure féminine range des
73 Cf. les éléments des « symbolic preparations for marriage » des
tombes de l’époque géométrique : Langdon 2007, p. 186-187.
74 À propos de l’exploration et des offrandes de ce célèbre
sanctuaire voir Orsi 1909b et c, 1911 ; p. 67-75 ; 1912, p. 21-22 ;
1913, p. 3-4. Les coffres sont représentés sur plusieurs types de
pinakes locriens, dans des scènes qui se rattachent à des aspects
différents du mythe et/ou du rite évoqués dans le sanctuaire de
Mannella (voir Lissi-Caronna, Sabbione, Vlad-Borrelli 1996/2007 :
types 1/18-22, 3/3, 5/1-2, 5/19, 5/21, 6/8-9, 9/1-4, passim, pour les
représentations et les interprétations proposées).
LES TERRES CUITES DANS LES SÉPULTURES D’INDIVIDUS IMMATURES EN GRÈCE D’OCCIDENT
vêtements repliés (fig. 9) : l’image évoque l’atmosphère
intime à laquelle nous avons fait allusion. Des modèles
de meubles en terre cuite faisaient aussi partie des
anathemata des sanctuaires de Locres, vraisemblablement de Mannella, ainsi que de l’aire sacrée de Grotta
Caruso qui, dès le milieu du IVe s., hérite en partie les
prérogatives du lieu de culte plus ancien 75.
Le loutérion semble participer aussi de cet univers
symbolique lié au passage du statut de nymphè à celui
d’épouse. La tombe 567 de Lucifero (Orsi 1913, p. 8,
fig. 6bis ; Elia 2001 : dernières décennies du Ve s.) en
comptait deux exemplaires (dont un est actuellement
introuvable ; fig. 10), avec une arula miniature (voir
supra, p. 119), de petits vases, un askos plastique, et
des objets réunis en groupes de cinq exemplaires (5
coquillages, 5 astragales et 5 dents animales) 76. Le mobilier d’une tombe féminine (considérée comme celle d’un
individu adulte) de la même nécropole contenait, parmi
d’autres offrandes, un petit modèle de loutérion et une
figurine nue assise (Orsi 1913, p. 34, fig. 42, tombe 828 ;
Elia 2001 : deuxième moitié du Ve s.).
Ces documents locriens ne sont pas isolés :
D. Graepler à Tarente et I. Papaikonomou à Abdère 77
ont souligné l’évocation du loutérion et de la baignoire
en tant qu’allusion au loutron nymphikon, le bain rituel
faisant partie des rites de protéléia (Ginouvès 1962,
p. 265-282 ; Gernet 1976, p. 25-45), et aux pratiques
qui avaient lieu dans les sanctuaires consacrés aux divinités qui protégeaient le mariage et qui réglaient les
passages d’un statut à un autre (Artémis, Aphrodite,
Héra, Perséphone, les Nymphes) 78. La tombe riche en
terres cuites découverte dans la colonie laconienne, déjà
75 Voir le petit coffre en terre cuite conservé au Musée de Naples :
Barra-Bagnasco, Elia 1996, p. 81-82 et 87-88 n° 8.7. Pour le
sanctuaire de Grotta Caruso, voir Costabile 1991 (en particulier,
pour un petit modèle de lit en terre cuite, p. 104-105, fig. 182a-b).
De la colonie locrienne de Medma proviennent en outre un relief
représentant un coffre, ainsi qu’une statuette de personnage
féminin assis sur un meuble (klinè ?): Barra-Bagnasco, Elia 1996,
p. 88 n° 8.23; Orsi 1917a, p. 43-44, fig. 11 (tombe 36 de NolioCarrozzo, défunt d’âge indéterminé). Je rappelle en outre un passage
de Pausanias (V, 20, 1) faisant allusion à la consécration de petits
meubles dans les sanctuaires : en décrivant les anathemata du temple
d’Hèra à Olympie, il mentionne un petit lit incrusté d’ivoire, censé
être un jouet ayant appartenu à Hippodamie.
76 Ces derniers pourraient se référer à des problèmes de dentition
de l’enfant : Dasen 2010, p. 25.
77 Papaikonomou 2007 et 2008a, p. 255-259 (maquettes de
baignoires en terre cuite déposées à l’extérieur d’une tombe
appartenant à jeune fille âgée de 10-14 ans, datée du Ve s.).
78 Le rapport métaphorique existant entre le bain rituel et le bain
funéraire, ainsi que l’ambiguïté de ces passages, ont déjà été mis en
évidence chez Ginouvès 1962. Sur les difficultés que la transition
vers le mariage représentait pour les jeunes filles, voir les remarques
générales de Foley 2003, p. 122-128.
mentionnée à propos des petits modèles de pieds (supra,
p. 121), contenait aussi une figurine féminine nue,
debout, appuyée à un loutérion (fig. 11) 79. Le type peut
être mieux apprécié grâce à un exemplaire plus tardif,
toujours de Tarente, provenant d’une autre sépulture très
riche en terres cuites (fig. 12) 80. Dans ce cas, une paire
de chaussures fermées se trouve en outre entre le bassin
et la jeune fille : si nous acceptons le code sémantique
proposé par Cultraro et Torelli, le statut évoqué ici sous
la forme des chaussures fermées, pour la jeune fille qui
prend son bain rituel, n’est justement pas encore celui de
la femme mariée.
Pour revenir à Locres, on observe que le loutérion
est largement utilisé dans l’imagerie locale, comme
le montrent les pinakes en terre cuite du sanctuaire de
Perséphone (fig. 13) 81.
J’ajouterai un dernier document au dossier que nous
venons d’examiner.
À Héraclée, la tombe 191 de la nécropole Ouest
de Madonnelle (deuxième moitié du IVe s.) abritait le
corps d’un enfant, probablement de sexe féminin, gisant
sur une surface qui a révélé des fragments de coquilles
d’œuf. La défunte, entourée par 13 statuettes disposées comme une couronne protectrice autour du corps
(12 exemplaires du type de Tanagra et une figurine nue),
était accompagnée par un petit vase en terre cuite, un
guttus portant l’inscription Hygieia, ainsi que par un
loutérion en terre cuite (fig. 14). L’éditeur a avancé
une interprétation séduisante, se rattachant à la dimension salvatrice du contexte ; cependant, je pense que
l’allusion à la sphère qu’on vient d’évoquer à propos de
Tarente et Locres pourrait aussi être proposée 82.
Le bilan sur les terres cuites funéraires en Grande
Grèce avant le milieu du IVe s. confirme donc la rareté
de ce type d’offrandes dans les tombes, même dans
celles des immatures. Cependant, elle met en évidence
79 Graepler 1996, p. 232 et 242 n° 179; Bartoccini 1936, p. 149,
fig. 40b.
80 Colivicchi 2001, p. 53, 101, 102 n° 8.31, fig. 35 (tombe 1 de
Rione Italia, Via Polibio entre Via Dante et Via Oberdan, fouillée
entre le 17 et le 19 août 1960 ; elle contenait deux dépositions
féminines ; la figurine est datée du IIe s.) ; Graepler 1996, p. 228 ;
Forti, Stazio 1983, fig. 675.
81 Pour l’interprétation de cet élément du symbolisme nuptial dans
les pinakes, voir Lissi-Caronna, Sabbione, Vlad-Borrelli 1996/2007 :
types 1/23, 3/1, 5/7, 6/1, passim. Le sanctuaire de Mannella a restitué
en outre de nombreux exemplaires de loutéria en marbre et en terre
cuite, parfois de grandes dimensions (voir par exemple Orsi 1909b,
p. 321-322, fig. 3 ; 1912, p. 21).
82 S. Bianco, fiche du catalogue. In: Pugliese Carratelli (G.) dir.,
I Greci in Occidente. Milan, Bompiani Editore, 1996, p. 650-652
n° 275. Le loutérion est interprété comme une « coppa su alto piede »
par l’auteur.
125
VALERIA MEIRANO
quelques types communs à plusieurs sites, comme les
protomés, les enfants accroupis, ainsi que les figurines
féminines, dont parfois l’iconographie est insaisissable à
cause de l’état de conservation au moment de la découverte (ou du caractère de la documentation).
En revanche, Locres et, en général, l’aire d’influence
locrienne révèlent un nombre d’occurrences beaucoup
plus élevé, permettant de reconnaître l’existence d’une
stratégie de sélection complexe mise en place au moment
de la déposition dans la tombe. Face aux types qui caractérisent aussi les sépultures d’adultes (par exemples les
protomés, les figurines articulées et nues assises), certaines statuettes constituent des « signes particuliers » au
sein du code sémantique de représentation funéraire, liés
aux immatures, tels que les sujets grotesques ou inspirés
du théâtre, ainsi que les arulae miniatures, aniconiques
ou figurées ; en particulier, certaines figurines – attestées
parfois aussi ailleurs, notamment quelques décennies plus
tard – semblent faire allusion à la symbolique nuptiale liée
à la condition de la jeune fille d’âge nubile (les meubles
et les loutéria miniaturisés, les modèles de pieds).
Je conclurai en citant un aspect fondamental pour
l’évaluation de l’importance de la coroplathie en milieu
funéraire. Il s’agit d’un phénomène bien attesté en
Grande Grèce (à Tarente comme à Locres, à Medma, etc.)
et aussi en Sicile (par exemple à Lipari et à Sélinonte),
à savoir l’existence de dépôts de terres cuites, ainsi que
de nombreux exemplaires erratiques 83 récupérés à la
surface des nécropoles. Souvent négligées, puisqu’elles
ne peuvent pas être reliées à des contextes déterminés,
ces figurines constituent un indice précieux des activités
rituelles qui avaient lieu en plusieurs occasions, durant
et après l’enterrement, comme on l’a aussi proposé
récemment pour certaines céramiques de la nécropole de
Lucifero à Locres 84. Il serait en outre séduisant de pouvoir vérifier, dans ce cas également, le rapport existant
entre la sélection des types et le statut du défunt (voir
Lippolis 1995, p. 46 ; Elia 2010, p. 367).
83 Je me réfère évidemment aux cas où la condition « d’objets
errants » est assurée et indépendante des circonstances de trouvaille
et des explorations ; voir par exemple, supra, note 15.
84 Pour Tarente et le problème des « stipi «funerarie» » : v. Lippolis
1995, p. 45-49 ; Abruzzese-Calabrese 1996, p. 189-190 ; Graepler
2002, p. 209 ; pour Locres, Medma et la Sicile : Elia 2010, p. 364-367.
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Mobilier funéraire et statut social des enfants
dans les nécropoles grecques de Sicile
Sophie Bouffier
Abstract. This paper presents a swift synthesis of the
grave-goods that were deposited in child-graves in Greek
Sicily during the Archaic and Classical periods and
attempts to draw meaningful deductions about the social
status of children from these funerary data. After some
indispensable methodological observations, the author
offers a serial analysis of offerings (personal ornaments,
pots, terracottas, foodstuffs) before re-contextualizing
some individual deposits and proposing some interpretative keys according to age or sex. In the cemeteries of
Syracuse, Megara Hyblaea, Gela, or Camarina, upon
which the paper focuses, child-graves are generally the
richest repositories of offerings, and particularly those
of girls, which underlines the interest that colonial societies took in their descent and the need they felt to affirm
their existence as new states in a foreign country.
L
orsque l’on observe les nécropoles des cités
grecques d’Occident, on se rend compte que
les sépultures les plus riches en mobilier sont
celles des enfants alors que l’histoire officielle ne juge
pas bon de s’intéresser à leur cas. Dans la tradition historiographique 1, qui n’a guère étudié la condition de
l’enfant avant les années quatre-vingts, le débat oppose
deux thèses : pour les uns, qui se fondent généralement
sur l’analyse des sources littéraires, les Anciens s’intéressaient à l’enfant en tant que futur citoyen et ne se
souciaient donc que de son éducation, et ce de manière
différente selon les cités : on trouve dans cet esprit les
ouvrages de Angelo Brelich (1969), Henri-Irénée Marrou
(1948) ou Henri Jeanmaire (1939). Les historiens se sont
interrogés également sur le phénomène de l’abandon des
enfants. Ainsi, l’exposition des enfants était une pratique
courante, que d’aucuns réprouvaient en s’étonnant de ce
qu’elle eût existé chez les Grecs. Elle était interprétée
comme frein régulateur à la natalité, mais justifiée également par des raisons d’eugénisme ou pour écarter des
enfants illégitimes (Patterson 1985), et l’idée la plus
répandue, à partir de l’interprétation de quelques textes
surexploités, était que l’exposition des filles étaient
1
En dernier lieu, Dasen 2010.
plus courante que celle des garçons (Gallo 1984). Pour
la Grèce métropolitaine, certains arguaient du faible
nombre de sépultures d’enfants dans une nécropole pour
suggérer que les enfants jugés en surnombre avaient déjà
été éliminés suivant le rite de l’abandon 2.
En revanche, certains historiens, plus rares, ont
cherché à exalter l’amour parental 3 ou à relativiser le
phénomène de l’abandon. Lorsque les Anciens évoquent
la mort de l’enfant, c’est pour déplorer ce départ prématuré et souligner la forte mortalité infantile. Le thème
de la mors immatura apparaît sur les stèles funéraires
dès l’époque classique (Clairmont 1970) et devient un
leitmotiv des épigrammes mortuaires à l’époque hellénistique et à l’époque romaine (Vatin 1986). Il semblerait
donc prouver un réel intérêt psychologique des Anciens
pour leur descendance.
Depuis quelques années, le renouveau des études est
venu de l’archéologie, grâce à l’essor de l’anthropologie biologique, qui a mené à la reconsidération de cette
documentation, jusque-là délaissée, que constituent
les tombes d’enfants. La recherche s’est d’abord développée dans le champ de la protohistoire en France et
a donné lieu à une synthèse récente pour le Midi de la
Gaule (Dedet 2008 ; voir déjà Duday et al. 1995).
Problèmes de méthode
Pour alimenter le débat et chercher à nuancer les deux
thèses généralement défendues, il est donc aujourd’hui
évident qu’il faut utiliser les données funéraires. Mais
l’étude des nécropoles pose, comme on l’a souligné à
plusieurs reprises (D’Agostino 1988 ; D’Agostino 1990),
des problèmes d’interprétation difficiles à résoudre. En
effet, utiliser le monde des morts pour comprendre la cité
des vivants, part du principe que celui-ci est organisé soit
comme reflet plus ou moins fidèle de celui des vivants,
soit comme révélateur des non-dits de cette société. On
2 Weselovsky 1973 ; Robinson 1942.
3 Cf. surtout Raepsaet 1971 et 1973 ; Raepsaet, Charlier 1971 ;
Raepsaet, Decocq 1987.
131
SOPHIE BOUFFIER
peut en proposer une lecture simple, dite « réaliste » ou
« matérialiste », en dégageant les différentes étapes du
rituel funéraire et en voyant dans la présence de tel ou
tel objet un témoignage de la vie quotidienne du défunt.
Dans ce cas, les jouets trouvés dans les tombes d’enfant
sont ceux qu’il manipulait de son vivant, les bijoux ou
ornements personnels, ceux qu’il portait au quotidien ou
dans des cérémonies officielles. Ou une lecture magicorituelle et eschatologique : le pendentif est également
une amulette, qui du vivant de l’enfant était destinée à
le protéger du mauvais œil et qu’on ensevelissait avec
le défunt pour le protéger dans l’au-delà ; les vases lui
assureraient sa nourriture et sa boisson dans l’autre
monde... On peut en donner une lecture sociologique : la
tombe est révélatrice d’un statut ou d’un non-statut dans
la société, d’une condition, voire d’une reconnaissance
sociale. L’interprétation des tombes d’enfants n’échappe
pas à cette difficulté de la triple lecture. Le discours
apparaît comme d’autant plus fragile que l’identification
des sépultures infantiles n’est pas chose aisée. Encore
aujourd’hui, malgré l’intervention fréquente des anthropologues de terrain, il est difficile de dresser le tableau
exact des tombes d’enfants dans une nécropole, en raison
de la spécificité taphonomique de ces artefacts, comme
nous l’a encore rappelé Henri Duday : les ossements
des nourrissons et enfants en bas âge se consument et
peuvent disparaître, ne laissant dans le contenant que
les éventuelles offrandes déposées avec le sujet immature, ce qui rend difficile l’attribution de la structure à
une tombe d’enfant. La difficulté s’aggrave en Sicile et
en Grande Grèce, où les nécropoles grecques les mieux
connues ont été fouillées à la fin du XIXe ou au début
du XXe s., à une époque où il s’agissait de limiter les
fouilles clandestines destinées au commerce d’antiquités
et où les études ostéologiques n’étaient pas pratiquées.
Même si leur inventeur, Paolo Orsi, était sensibilisé au
problème par ses compétences en paléontologie et guidé
par une intuition exceptionnelle, il n’a pu donner un
tableau avéré de la situation des enfants dans ces nécropoles. Les fouilles des années 60 et 70 à Agrigente ou
Sélinonte, réalisées dans l’urgence face au pillage des
clandestins, n’ont guère fait mieux, comme le montrent
les publications d’Ernesto De Miro (1989), d’Emma
Meola (1996-1998) ou d’Anne Kustermann Graf (2002).
Les tombes de sujets immatures ont généralement été
identifiées comme telles à partir de critères combinant la
typologie, les dimensions et le mobilier des sépultures :
un vase, de petits sarcophages ou fosses, ne contenant
pas de restes de crémation, ont été d’office associés à
une tombe d’enfant, et de manière encore plus systématique lorsqu’ils étaient associés à des objets miniaturisés,
interprétés comme des pièces de dînette. Des contenants
132
vides ou dotés de faibles traces d’ossements ont pu être
identifiés comme des sépultures infantiles. On donnera
pour exemple de cette situation paradoxale les interprétations divergentes sur les contenants de grandes
dimensions découverts dans les nécropoles siciliotes :
amphores, pithoi, stamnoi, hydries et autres gros vases.
Ceux-ci ont été majoritairement interprétés comme des
sépultures de nouveau-nés ou de nourrissons, dans le
cadre du rite intitulé par néologisme « enchytrismos ».
C’est le cas dans les nécropoles siciliotes anciennement
connues : Syracuse, Mégara Hyblaea, Géla ou Camarina.
Cette lecture a été confortée par les fouilles récentes
comme celles de la nécropole Pestavecchia d’Himère 4,
dont la durée s’étend de la fin du VIIe aux premières
décennies du Ve s., et où les sépultures en amphores et
pithoi caractérisent les enfants, notamment les nouveaunés, et représentent 65 % du total des tombes d’enfants.
À Sélinonte, en revanche, à l’exception de quatre cas,
la publication d’Emma Meola sur la nécropole de Buffa
attribuait les 495 sépultures en vases à des incinérations,
donc à des adultes (Meola 1996-1998, tab. 1, p. 512) !
Autre point délicat : la différence entre les ossements d’enfants et les ossements animaux. Un certain
nombre de tombes contient des restes fauniques qui
n’ont généralement été identifiés comme tels que s’ils
étaient placés dans des contenants trop petits pour avoir
accueilli le corps de nourrissons. Mais il faut également
se poser la question lorsqu’il s’agit d’une hydrie, d’un
stamnos ou d’une amphore dont les embouchures n’ont
pas un diamètre suffisant pour faire passer la tête d’un
enfant, à moins qu’on n’ait pratiqué une ouverture dans
la panse, comme l’a montré Henri Duday.
Pour ma part, et en l’absence d’analyse ostéologique,
j’ai adopté ici la règle d’identifier une tombe d’individu
immature en combinant plusieurs critères :
- la situation topographique de la tombe dans la nécropole, en particulier ses rapports avec les sépultures
voisines, ou sa profondeur. Dans certains cas, ce que
l’on a interprété comme une tombe d’enfant correspond
en réalité aux restes d’un sacrifice pour le défunt voisin, et l’on a confondu ossements d’individus immatures
avec des dépôts de restes fauniques ;
- les dimensions de la tombe. En ce qui concerne les
vases, j’ai systématiquement attribué les amphores ou
pithoi à de possibles tombes d’enfant si les autres critères étaient respectés ;
- la présence avérée d’ossements d’individus immatures,
l’absence ou la faible trace d’ossements ;
- l’absence de traces d’incinération. Étant donné les résultats encore peu connus sur la pratique de l’incinération
4 Vassallo 1993a-b. Cf. en dernier lieu, avec bibliographie
antérieure, Vassallo 2009.
MOBILIER FUNÉRAIRE ET STATUT SOCIAL DES ENFANTS DANS LES NÉCROPOLES GRECQUES DE SICILE
pour les enfants, j’ai par précaution écarté toutes les
tombes qui témoignaient de ce rite.
Je n’ai pas considéré la typologie du mobilier comme
un critère pertinent même s’il est parfois tentant – et justifié – d’identifier le sexe de l’individu en fonction de
la spécificité des offrandes. En effet, on a l’habitude de
différencier les tombes des garçons de celles des filles
selon des critères sociaux, et non selon des critères biologiques 5 : ainsi, un strigile, des armes, un rasoir ou
un couteau relèveraient des attributs masculins ; les
instruments liés à la toilette (fibules, bijoux, miroirs)
et au travail domestique sont naturellement rattachés
au féminin. Si cela peut se confirmer dans certains cas
(Cipriani 1994), les recherches récentes sur les nécropoles ont montré qu’un tel raisonnement ne pouvait
être systématique.
Par ailleurs, l’étude des sépultures d’enfants dans le
monde grec occidental 6 implique un questionnement
différent du fait de la spécificité de ses communautés.
Du point de vue démographique, il faut supposer que la
population immigrée en Sicile et en Grande Grèce était
jeune et en âge de procréer, comme le précisent les textes
antiques évoquant le choix des candidats au départ à propos de la colonisation de Cyrène en Libye (Hérodote,
IV, 150-152 ; SEG IX, 3). Ne serait-ce que du point de
vue démographique, les cités d’Occident ne devaient
pas offrir le même tableau que la Grèce égéenne. On a
noté, dans d’autres pays et pour d’autres époques, que
les fronts pionniers des Canadiens ou des Américains
connaissaient une fécondité exceptionnelle par rapport
à celle de la métropole (Bouchard, Lalou 1993 ; Landry
1992) et une poussée démographique nettement supérieure à celle qui est attestée en Europe aux mêmes
périodes. Indépendamment des conditions naturelles
qu’ils rencontrent 7, et qui peuvent favoriser une plus
grande natalité, les émigrants doivent assurer leur survie et affirmer leur identité ethnique et culturelle. Il est
donc raisonnable de supposer qu’en Sicile et en Grande
Grèce, la natalité était élevée. En ce qui concerne la
mortalité infantile, Aristote affirme qu’elle est importante 8, au moins dans la première semaine de vie.
D’ailleurs, la cérémonie athénienne des Amphidromies,
5 Voir l’article de V. Dasen dans ce volume.
6 Le sujet a déjà été abordé par Shepherd 2007.
7 Pour le Canada, on a pu expliquer la poussée démographique par
une meilleure nutrition et de meilleures conditions de vie.
8 Aristote, Histoire des Animaux, VII, 588: « La plupart des décès
de petits enfants se produisent avant le septième jour. C’est d’ailleurs
pourquoi les enfants ne reçoivent leur nom que le septième jour,
parce qu’on pense qu’ils ont désormais plus de chance de survie. »
(Collection des Universités de France, trad. P. Louis).
qui célébrait la reconnaissance officielle de l’enfant par
le père, n’avait lieu que sept à dix jours après la naissance (selon les auteurs), durée critique pour la survie
d’un nourrisson (Paradiso 1988). C’est une caractéristique bien connue de toute l’Antiquité (Gallo 1984) et
pendant toute l’époque pré-industrielle (Dedet 2008,
p.10-16) que ce fort pourcentage de décès dans les premiers mois, voire les premières années, les conditions
d’hygiène et les techniques médicales étant insuffisantes
pour permettre une longue espérance de vie. Hérodote
le souligne : à l’époque archaïque, l’homme le plus heureux pour Solon est « Tellos d’Athènes, parce que, [entre
autres bonheurs] citoyen d’une cité prospère, il a eu des
fils beaux et vertueux et a vu naître chez eux des fils, qui,
tous, ont vécu » (Hérodote, I, 30). Même si le nombre
de sépultures répertoriées est inférieur à celui des décès
d’enfants, vu les conditions de conservation évoquées
supra, les statistiques des cités grecques d’Occident ne
démentent pas les conclusions dressées pour la Grèce :
en Sicile archaïque, la mortalité infantile varie de 35 %
à Syracuse (sur environ 600 tombes), à plus de 45 %
à Mégara Hyblaea (sur plus 1000 sépultures), et plus
de 50 % à Géla (sur 550 tombes). En ce qui concerne
l’époque classique, on ne peut se fonder que sur les
chiffres de Camarina : environ 30 % (sur environ 2000
sépultures). On peut y voir notamment la conséquence
de maladies endémiques, telle la malaria dans sa forme
bénigne, comme le propose l’anthropologue italienne
Tiziana Doro Garetto (Collin Bouffier 1994).
L’étude du mobilier funéraire peut contribuer au
débat sur la place des enfants dans les sociétés grecques
d’Occident car, pour assurer la survie de la communauté,
celles-ci ont pu adopter des comportements différents de
ceux des Grecs égéens. Si l’on se rappelle Les Travaux et
les Jours, Hésiode conseillait de n’avoir qu’un fils pour
nourrir le bien paternel (v. 376-77) et on a pu arguer de la
nécessité de ne pas morceler des patrimoines modestes
pour suggérer une pratique courante de l’exposition et
de l’abandon des enfants en surnombre. Or en Sicile,
cela ne semble pas être le cas : les tombes d’enfants
ou d’adolescents sont souvent les plus riches en mobilier d’une nécropole 9, témoignage d’un lien familial
et social certain. Dans cette contribution, je considèrerai les cas de Syracuse 10 et de Camarina 11, de Mégara
9 C’est le cas de la nécropole de Viale Panagia à Syracuse
(Guzzardi 1993-94, p. 1303-1307) et de celle de Pezzino à Agrigente
(De Miro 1989).
10 Orsi 1893, 1895, 1897, 1925 ; Agnello 1949 ; Frederiksen 1999.
11 Orsi 1899 et 1904 ; Lanza 1990 ; Salibra 2003.
133
SOPHIE BOUFFIER
Hyblaea (la nécropole Ouest 12) et de sa colonie secondaire Sélinonte (nécropole de Buffa [Meola 1996-1998]
et de Manicalunga [Kustermann Graf 2002]), de Géla
(nécropole du Borgo : Orsi 1906) et de sa colonie secondaire Agrigente (nécropole Pezzino). La période traitée
ici s’échelonne entre les VIIIe et IVe s. av. J.-C., avec un
éclairage depuis la haute époque archaïque (VIIe-VIe s.)
à Syracuse, Mégara et Géla, plutôt sur les VIe-Ve s. à
Sélinonte et Agrigente et sur les Ve-IVe à Camarina. On
observera d’emblée que le mobilier des tombes d’époque
classique est beaucoup moins abondant que celui des
nécropoles archaïques, pour les enfants comme pour les
adultes, comme on l’a déjà étudié pour nombre de cités
grecques où la promulgation de lois somptuaires sur les
funérailles à partir du VIe s. et du début du Ve (Frisone
2000) standardise les mobiliers funéraires en les limitant
à un ou deux vases. Les tombes d’enfants n’échappent
pas à cette règle.
Que penser des tombes privées de mobilier ?
Préalable à l’étude des objets associés aux tombes :
il faut s’interroger sur la présence ou l’absence de mobilier, notamment dans le cas des inhumations dites à
« enchytrismos ». Pourquoi certaines tombes d’enfants
contiennent-elles des offrandes funéraires, d’autres non ?
Le dépôt de mobilier est-il lié à un contexte socio-économique ? Les enfants se voyant offrir des objets plus ou
moins nombreux ou coûteux du fait des moyens de leurs
familles ? Est-il lié à un statut social ? On n’attribuerait
de mobilier qu’à certaines catégories de la population et
les enfants pourraient représenter une de ces catégories
du fait de leur âge et de leur non-participation à la vie
politique, religieuse ou sociale de la cité.
Les travaux désormais anciens de Ian Morris nous ont
initiés à la notion de « droit à la sépulture ». Le modèle
qu’il propose ne fonctionne pas ici, car les nécropoles
siciliotes de l’époque archaïque et classique attestent
ce droit à la sépulture pour les enfants, même nouveaunés, et Henri Duday nous a rappelé, qu’au moins dans
le cas de la nécropole Sud de Mégara, était représentée
la population naturelle de la cité, ce qui semble éliminer
d’emblée la pratique de l’exposition et de l’abandon des
nouveau-nés 13. En revanche, la présence ou l’absence de
12 Plus de mille tombes ont été fouillées par Paolo Orsi à la fin
du XIXe s. Un peu plus de trois cents d’entre elles ont été publiées :
Orsi 1889 ; Caruso 1892. Les autres ne sont accessibles qu’à travers
la lecture des Taccuini Orsi et attendent la publication, confiée à
Françoise Fouilland (École française de Rome). Je me contenterai
donc d’y faire allusion.
13 Je ne partage pas l’avis pourtant stimulant de Gillian Shepherd
(2007) qui, dans la lignée des travaux de I. Morris, interprète
134
mobilier funéraire peut être signifiante de certains droits
ou non-droits des classes d’âge qui ne sont pas parvenues à l’âge adulte.
En ce qui concerne l’époque archaïque, on constate
qu’à Syracuse, dans les nécropoles du Fusco et de
Giardino Spagna, les sépultures d’enfants vides représentent un peu plus de 37 % de l’ensemble des tombes
d’enfants et environ 16 % des sépultures en enchytrismos. À Mégara Hyblaea, dans la nécropole Ouest
fouillée par Paolo Orsi, elles représentent moins de
28 % du total et 70 % des enchytrismos. À Sélinonte,
elles représentent environ 40 % des tombes d’enfants
de la nécropole de Buffa (40 % des enchytrismos), mais
à peine 16 % de celle de Manicalunga-Gaggera (où il
faut reconnaître toutefois que l’échantillonnage est trop
réduit pour que l’on puisse en conclure quoi que ce soit,
et où les enchytrismos représentent une part très minoritaire des typologies tombales – un peu plus de 15 %).
À Géla, dans la nécropole archaïque du Borgo, les
sépultures vides représentent plus de 47 % des sépultures d’enfants et sont à 45 % des enchytrismos (Orsi
1906). À Agrigente, dans la nécropole de Pezzino,
aucune sépulture en enchytrismos n’est vide de mobilier.
Le bilan est également à nuancer selon les périodes : on
peut observer que les nécropoles archaïques contiennent
davantage de tombes d’enfants (cela est particulièrement
clair à Sélinonte, à Géla et à Camarina, où l’on dispose
de cohortes de sépultures des VIe et Ve s. et où la mortalité paraît chuter au Ve s.). On peut s’interroger sur les
raisons d’une telle amélioration, ce n’est pas le lieu ici
(Kustermann Graf 2002, p. 57 ; Collin Bouffier 1994).
Mais, dans le cas présent, il est difficile de prendre en
compte les sépultures d’époque classique, insuffisamment représentatives.
Comment interpréter cette absence totale de mobilier ? J’avais suggéré en 1995 que les tombes dépourvues
de mobilier soient celles de nouveau-nés qui n’avaient
pas eu accès à la cérémonie de reconnaissance des
Amphidromies, sorte de « baptême » social des cités
grecques ; leur brève existence ne leur en ayant pas laissé
le temps, ils n’auraient pas été intégrés dans la sphère
de l’oikos. L’enfant non encore officiellement reconnu
n’aurait pas droit à une sépulture régulière, mais en tant
qu’être humain, il ne peut être laissé sans funérailles
sous peine d’attirer la souillure sur la famille, sinon la
communauté tout entière. En revanche, il m’avait paru
l’apparente baisse du nombre d’enchytrismos dans les nécropoles
siciliotes comme un changement des pratiques funéraires à l’égard
des nouveau-nés : ceux-ci seraient dès lors exclus du droit à la
sépulture, qui serait un des aspects de la stratification sociale en cours
de constitution au VIe s. Je crois qu’il faudrait prendre en compte les
données environnementales et sanitaires des populations siciliotes.
Mais ce n’est pas le lieu d’en discuter.
MOBILIER FUNÉRAIRE ET STATUT SOCIAL DES ENFANTS DANS LES NÉCROPOLES GRECQUES DE SICILE
difficile d’envisager que ces sépultures aient été celles
d’enfants abandonnés et livrés à la pratique de l’exposition, attestée par les textes ; car en refusant l’intégration
du nouveau-né à l’oikos, le père, voire la famille, affirmait l’exclusion de celui-ci du groupe civique et donc
son éviction de la nécropole commune. La typologie
de la déposition en pot, l’enchytrismos, qui apparaît
comme un des modes d’inhumation privilégiés des plus
jeunes défunts, renforce cette hypothèse. À l’exception
de Syracuse, grand nombre de ces sépultures vides sont
constituées de vases, essentiellement des amphores.
Le mobilier des tombes d’enfants :
de la sériation à l’analyse contextuelle
Lorsque les dépouilles d’individus pré-pubères
sont accompagnées de mobilier, il s’agit d’ornements
de vêtements aujourd’hui disparus, qui relèvent de la
parure du défunt, mais surtout de vases, presque toujours
présents, de statuettes, ou d’objets divers (dont certains
ont pu être interprétés comme des jouets), et d’offrandes
alimentaires.
On peut aborder l’étude de ce mobilier selon deux
méthodes différentes, mais complémentaires : d’une part,
on peut délimiter des séries typologiques à partir d’un
inventaire raisonné des différentes catégories d’objets,
catalogue susceptible de dégager des constantes dans
les choix adoptés par la société dans laquelle vivaient
les défunts. Pour aborder la pratique sociale et mettre en
lumière une éventuelle standardisation des rituels funéraires, il faut se demander d’abord si les mêmes objets
sont déposés de manière récurrente dans les sépultures.
Mais ce type d’analyse n’est pas suffisant car il revient
à extraire les offrandes de leur contexte, à gommer le
cadre global de la sépulture et donc l’expérience individuelle de l’entourage face au deuil de son enfant. Dans
cette étude, je procéderai donc selon les deux méthodes :
d’abord par un inventaire sérié du mobilier funéraire
et de ses récurrences, puis je m’attacherai à l’étude de
quelques mobiliers funéraires particuliers qui permettent
de tirer d’autres types de réflexion sur les mécanismes
du deuil individuel. Peut-on en effet mettre en lumière
des traitements différents selon les classes d’âge, comme
on l’a suggéré pour la Grèce égéenne (Houby-Nielsen
2000) ? Ou les mobiliers funéraires reflètent-ils, comme
d’autres artefacts, une différenciation politique ou
sociale (Shepherd 2007) ?
Les éléments de parure
Dans les nécropoles étudiées, un certain nombre
d’enfants sont parés d’ornements vestimentaires : en
bronze, en argent, voire en or dans quelques sépultures de Mégara Hyblaea ou de Syracuse. La plupart
du temps, il s’agit d’une épingle ou d’une aiguille qui
devait accrocher le linceul ou le vêtement de l’enfant.
Ce n’est pas un objet spécifique à cette classe d’âge, car
il accompagne également les adultes. À Sélinonte, et à
Agrigente d’ailleurs, ces attaches ne sont présentes dans
aucune des tombes d’enfants, mais sont également très
rares dans les sépultures d’adultes. Elles sont à peine
plus représentées dans la nécropole archaïque de Géla 14.
À Mégara Hyblaea, où elles sont relativement nombreuses, on ne trouve ni aiguille, ni épingle à vêtement
dans les sépultures à enchytrismos, ce qui incite à penser
que l’enfant était introduit nu ou dans ses langes à l’intérieur de l’urne. En revanche, elles sont pratiquement
systématiques à Syracuse. Les aiguilles et épingles (de
matériaux variés) ornent indifféremment les enfants des
deux sexes 15.
À l’exception de Syracuse, où elles sont nombreuses et
de typologies variées, les fibules sont plus rares, contrairement à Pithécusses où, aux VIIIe et VIIe s., on trouve
jusqu’à une dizaine de ces épingles amassées sur la poitrine du défunt, de formes et de tailles différentes, et où
la surabondance de fibules dans certaines tombes incite
à chercher une signification spécifique à cette pratique,
car il est difficile de penser que trois ou quatre fibules de
5 à 7 cm de longueur n’ont eu pour seule fonction que
de fermer le vêtement d’un nourrisson 16. À Syracuse,
les épingles ont généralement été découvertes au niveau
des épaules, ce qui souligne leur fonction d’attache du
vêtement. En revanche, les fibules, parfois de dimensions disproportionnées par rapport à la taille de l’enfant,
sont placées aussi bien au niveau des épaules que de la
poitrine, où elles peuvent s’amonceler, sans lien, semblet-il, avec le vêtement (Fusco, T. 308 ; 428) (fig. 1).
À Mégara Hyblaea, où les sépultures familiales
sont nombreuses, le mobilier métallique est généralement attribué à l’enfant et, en cas de réduction,
14 On trouve cinq épingles en bronze sur les 294 tombes publiées
par P. Orsi. Deux d’entre elles ont été déposées dans des sépultures
familiales, et l’on peut se demander si elles étaient destinées à
l’enfant ou à l’adulte qui l’accompagnait.
15 Par exemple, à Géla, cf. Orsi 1906 : Borgo, T. 12 ; 45 ; 49 ; Via
Salerno, T. 147 ; 393 ; 394 ; Via Cubba, T. 406 ; Leopardi, T. 11.
À Mégara Hyblaea, cf. Orsi 1889 : dans la nécropole Ouest, T. 16,
18, 21, 23, 68, 72, 103, 123, 124, 154, 165, 166, 179, 210, 304. À
Syracuse, nécropole du Fusco, T. 81, 107, 108, 109, 111, 114, 165,
206, 223, 224, 267, 271, 287, 302, 308, 314, 326, 341, 350 bis, 367,
391 ter, 400, 402, 407, 428, 436, 440, 441, 463, 465, 486 ; Giardino
Spagna, T. 70.
16 Buchner, Ridgway 1993, par exemple, T. 355, p. 401-404 ; T. 364,
p. 410-412. Sur le débat autour de ces fibules et les implications que
leur origine italique a suscitées dans le débat historiographique, cf.
Shepherd 1999.
135
SOPHIE BOUFFIER
Fig. 1. Fibules, Syracuse, Fusco (in Orsi 1895).
Fig. 2. Mégara Hyblaea, mobilier de la T.16 (cliché EFR n° MH 453, MH 793, Su concessione dell’Assessorato dei Beni Culturali e dell’Identità Siciliana
della Regione Siciliana – Palermo).
consciencieusement déposé avec les ossements amassés
dans un coin de la sépulture plutôt que d’être réutilisé
pour l’adulte. C’est le cas des épingles 17 et des spirales de
coiffure 18, qui constituent vraisemblablement la parure
des fillettes (fig. 2), tandis que colliers de perles d’ambre
ou de métal, boucles d’oreilles, bracelets, chaînes ou
pendentifs apparaissent plus rarement 19. À Syracuse, on
17 Mégara Hyblaea, nécropole Ouest, cf. Orsi 1889 : T 21, 103,
123, 154, 165, 166, 210, 304, 315.
18 Mégara Hyblaea, nécropole Ouest, cf. Orsi 1889 : T. 4, 12, 21,
112, 165, 240.
19 Essentiellement des anneaux ou des boucles d’oreilles circulaires,
en croissant de lune ou perlées, déposées par paires ou isolées. Voir
en particulier Orsi 1900. Ainsi à Mégara Hyblaea, Orsi 1889 : T.
16, 165, 166, 230 bis (l’un des deux enfants portait également un
bracelet en argent) et T. 240. Les quelque cinq cents tombes inédites
de la nécropole Ouest de Mégara Hyblaea contenaient en outre des
136
observe un nombre relativement important d’éléments
de pendentifs.
Comment interpréter la présence de ces éléments
de parure, notamment les bijoux dans les tombes
d’enfants ? À Argos, dans les tombes du Géométrique
Récent, Isabelle Ratinaud-Lachkar avait remarqué que
dépôts métalliques exceptionnels qui placent la sépulture hors de
l’ordinaire. À Géla, cf. Orsi 1906, Via Pecorari, T. 5 et 45 ; Via
Buscemi, T. 60 et 73 ; Via di Bartolo, T. 266 ; Via Granvillano, T.
318 et 345 ; Via dei Cappuccini, T. 416 et 476 ; La Paglia, T. 15.
À Syracuse, les pendentifs sont relativement nombreux : Orsi 1893 :
Fusco, T. 81, 105, 108, 115 ; Orsi 1895 : T. 136, 139, 165, 175, 179,
308, 314, 326, 338, 391, 404bis, 407, 411, 428, 436, 441, 453, 459,
488. À Camarina, Orsi 1904 et Lanza 1990 : les bijoux sont exclus
des tombes d’enfants de la nécropole classique de Passo Marinaro.
Seules quelques épingles pouvaient accompagner le défunt (Orsi
1904, T. 140, 281, 304 ; Salibra 2003, T. 34).
MOBILIER FUNÉRAIRE ET STATUT SOCIAL DES ENFANTS DANS LES NÉCROPOLES GRECQUES DE SICILE
Fig. 3. Mégara Hyblaea, mobilier de la T.16 (cliché EFR n° MH 260, MH 261, Su concessione
dell’Assessorato dei Beni Culturali e dell’Identità Siciliana della Regione Siciliana – Palermo).
les petits objets personnels n’apparaissaient que dans les
enchytrismos d’enfants. Seules des bagues susceptibles
de renvoyer à leur histoire personnelle étaient déposées
dans les tombes d’adultes, qui livraient essentiellement
des biens traduisant la « personne sociale » du mort et
la richesse de son patrimoine (Ratinaud-Lachkar 2005).
Je ne sais pas si l’on peut en dire autant des nécropoles
siciliotes, étant donné que l’attribution des ornements
métalliques de parure est loin d’être systématique. Assez
répandu à l’époque archaïque à Mégara Hyblaea ou à
Géla, l’usage de déposer des boucles d’oreilles dans
la sépulture de l’enfant se raréfie à l’époque classique,
comme les offrandes funéraires en général. À Géla, il ne
caractérise aucune typologie funéraire et probablement
aucune classe d’âge particulière : on peut les trouver dans
des amphores, des pithoi, des sarcophages ou des sépultures de tuiles en bâtière. C’est d’abord un choix familial
qui témoigne de l’aisance économique de l’oikos et vraisemblablement des liens affectifs tissés dans la parenté.
À Mégara Hyblaea, ces bijoux, des boucles d’oreilles
essentiellement, mais quelquefois aussi des colliers ou
des bracelets, apparaissent surtout dans des tombes longues de 1 m à 1,50 m, ce qui incite à penser qu’ils ont
orné la dépouille d’individus proches de la puberté, ou
qui venaient d’y accéder. Les objets ont pu être offerts
à l’occasion de cérémonies familiales, éventuellement
des rites qui scandent le passage à l’âge adulte et qui
sont mieux connus par la documentation littéraire dans
d’autres cités (à Athènes ou Sparte notamment). Mais
la parure de bijoux, si elle est destinée aux fillettes
nubiles, peut se référer au mariage prévu et non célébré. Les bijoux faisaient partie des cadeaux de mariage
et entraient dans la panoplie de la jeune épouse qui
devait en être ornée pour ses noces. La veillée funèbre
137
SOPHIE BOUFFIER
Fig. 4. Objets divers (T.179 et T.139 in P. Orsi 1895), boucle d’oreille
(T.404, in P. Orsi 1900) et scarabée, Syracuse, Fusco (T.81, in P. Orsi 1893).
de l’adolescent paré des ornements attestant la période
clef qu’il était en train de vivre devait être l’occasion
pour la famille de témoigner de l’ampleur du deuil vécu
et de mettre en lumière sa position dans la cité. La perte
de l’adolescent, c’est la perte de la succession et de la
descendance, donc de la continuation de la lignée, alors
que la perte d’un enfant petit peut être compensée par la
naissance d’un autre nouveau-né.
Parmi les ornements, il faut attribuer une place toute
particulière aux pendentifs dont certains devaient revêtir
une fonction apotropaïque. On a proposé cette interprétation pour les scarabées de Pithécusses en Grande
Grèce, fréquents dans les tombes des VIIIe-VIIe s., et
qui reflètent bien le caractère mixte de la population
installée dans l’île (De Salvia 1993, p. 767-809). Mais
ils sont rares en Sicile : dans l’état actuel des publications, deux pendentifs incluant un scarabée sont attestés
dans deux sépultures de Syracuse (Fusco, T. 81 [fig. 4] et
308, VIIe s. ) et l’un à Sélinonte (Kustermann Graf 2002,
T. 152, VIe s.) : comme à Pithécusses, il est intéressant
de noter qu’ils sont ornés de pseudo-hiéroglyphes. Il ne
s’agissait donc pas d’initiés à la religion égyptienne,
mais de familles qui adoptaient cette pratique comme
138
ultime recours à la mort de leur progéniture. En effet, le
Livre des Morts égyptien prescrivait de placer un scarabée de basalte sur la poitrine du mort pour le défendre des
éventuelles accusations du tribunal des morts 20. Placés
dans les sépultures depuis une haute époque, ces scarabées symbolisent le soleil et la naissance, mais aussi la
reproduction, et sont associés à la femme en couches et
au nouveau-né. L’insecte est alors utilisé dans des rites
et des produits médico-magiques pour favoriser la délivrance. Cette fonction du scarabée se diffuse pendant
toute l’époque pharaonique, jusqu’à l’époque romaine,
car on la retrouve chez Pline, lorsqu’il recommande la
suspension d’une amulette au cou de l’enfant, amulette
composée des grandes cornes dentelées d’un scarabée ou
d’un petit sachet rempli du corps sans tête des insectes
en question (Pline, Hist. Nat., XXX, 98-100), ce qui
semble prouver le passage du rite magique de l’Égypte à
l’Italie via la Grande Grèce et la Sicile.
20 Barguet (P.) – Le Livre des morts des anciens Égyptiens. Paris,
Ed. du Cerf, 1967, p. 75-76, ch. 30b : « Paroles à dire sur un scarabée
en néphrite monté en électrum, son anneau étant en argent, mis au
cou du mort ».
MOBILIER FUNÉRAIRE ET STATUT SOCIAL DES ENFANTS DANS LES NÉCROPOLES GRECQUES DE SICILE
De même, on observe la présence de pendentifs en
pierre dure, voire en ambre 21. À Syracuse, ce matériau
est relativement fréquent et peut être déposé soit sous
forme de perle ou de fragment non travaillé, soit associé à du métal et de l’os dans le montant des fibules. Il
est toujours déposé à proximité de la tête. Selon Pline
(Hist. Nat., XXXVII, 50-51), cette résine fossile passait pour protéger des crises de délire, des fièvres et des
maladies, maux d’oreille, de vue, d’estomac 22, selon les
recettes qu’on lui appliquait. On l’attachait au cou des
jeunes enfants en guise d’amulette pour les guérir des
fièvres et convulsions. Les paysannes transpadanes portaient en guise de colliers des morceaux d’ambre comme
ornements, mais aussi comme remèdes contre les amygdalites et les maux de gorge (Hist. Nat., XXXVII, 44).
L’ambre a continué d’être utilisé au Moyen Âge, notamment contre l’épilepsie, pathologie dont souffraient les
nourrissons 23. Un collier d’ambre possèderait ainsi le
pouvoir de renforcer le corps et soulagerait également
les douleurs des nourrissons lors de la poussée dentaire.
Ces amulettes et pendentifs étaient suspendus au
cou de l’enfant et le suivaient dans l’au-delà. Ils étaient
destinés à protéger l’enfant de maux qui l’avaient probablement touché pendant sa courte vie, voire conduit à la
mort. Ce rite était peut-être aussi un moyen propitiatoire
d’écarter des parents une nouvelle progéniture aôros,
c’est-à-dire condamnée à une mort précoce.
Les vases
Comme ailleurs, le mobilier le plus courant des tombes
d’enfants siciliotes consiste en vases. Les vases peuvent
présenter les mêmes formes et dimensions que ceux des
adultes. Mais ils sont souvent miniaturisés, ne serait-ce
que parce qu’ils doivent être intégrés dans des vasesossuaires. Ernesto De Miro avait ainsi souligné que, dans
la nécropole Pezzino d’Agrigente, le mobilier funéraire
était toujours placé dans la sépulture, sauf dans le cas
de vases-ossuaires, en raison des dimensions réduites de
la tombe 24. On a souvent attribué une fonction ludique
au mobilier miniaturisé (Di Stefano 2003), qualifié de
21 À Géla, nécropole archaïque de Borgo, via Pecorari, Orsi 1906,
T. 77 : pithos renfermant deux squelettes de nourrissons. À Mégara
Hyblaea, Orsi 1889, T. 212 et 240. À Syracuse, Fusco, Orsi 1893,
T. 105 et 108 ; Orsi 1895, T. 136, 206, 367, 391, 400, 404bis, 407,
428, 440, 441, 453.
22 Également Dioscoride, I, 81.
23 Ps. Bartholomaeus Mini de Senis, Tractatus de herbis (MS
Londres, British Library, Egerton 747). Florence, Sismel Edizioni
del Galluzzo, p. 243-245.
24 De Miro 1989. Ainsi c’est le cas à Géla, où lorsque les offrandes
sont abondantes, elles sont déposées à l’extérieur du vase : Orsi
1906 : Borgo, via Pecorari, T. 5 et 9 ; via Salerno, T. 132 ter et 184.
dînette. Mais on peut également suggérer qu’il symbolisait le statut futur de l’enfant dans la société, celui qui le
caractériserait après les rites de passage qui ne devaient
manquer d’exister en Sicile comme en Grèce métropolitaine, même si nous manquons de témoignages textuels
à ce sujet. On considère généralement que la présence de
pyxides évoque le monde féminin, tandis que les lécythes
à représentations de scènes guerrières ou sportives suggèrent la masculinité du défunt. Dans certains cas, c’est
probable. Ainsi, à Mégara Hyblaea, l’enfant déposé dans
le sarcophage T. 71 était peut-être un garçon, car il était
accompagné d’un strigile et de deux lécythes intacts,
outre des fragments de lécythes témoignant peut-être d’un
rite particulier au moment de l’ensevelissement : l’un des
lécythes porte une scène de gymnase, tandis que l’autre
est décoré d’une scène dionysiaque assez courante en
contexte funéraire. On pourrait faire une lecture analogue
pour trois exemplaires de Sélinonte où deux sépultures
en amphore et un sarcophage monumental du début du
VIe s. contenaient un aryballe présentant des combats
d’hoplites et de cavaliers (Meola 1996-1998, D. 367 et
D. 406 ; T. 701). De même la combinaison de bijoux et
de vases dits féminins comme les pyxides ou les hydries
peut inciter à identifier une tombe de fillette 25. Mais, dans
l’autre sens, certaines tombes d’enfants contiennent à la
fois des pyxides et des vases à représentations dites masculines, scènes de combat ou de sport (à Mégara Hyblaea,
Orsi 1889, T. 43 et 163).
On peut également se demander si le dépôt de telle
ou telle catégorie de vases se faisait en fonction des
classes d’âge. Ainsi, Marina Cipriani, pour les tombes de
Poseidonia, voyait une différence entre les tombes des
plus ou moins de six/sept ans. Avant l’âge de sept ans,
le mobilier ne présentait pas de spécificité apparente.
À partir de cet âge, et ce jusqu’à la fin de l’adolescence,
strigiles et objets liés à la palestre étaient destinés aux
garçons, associations de lécythes, pélikés, amphores et
hydries aux filles. Qu’en est-il pour la Sicile ?
Certains vases, comme les biberons, sont réservés aux jeunes enfants 26. Ces biberons apparaissent
rarement dans les tombes à enchytrismos de petites
dimensions, généralement réservées aux enfants morts
très rapidement après la naissance ; le biberon n’est en
effet utilisé que pendant ou après le sevrage, qui commençait quelques semaines, voire quelques mois après
25 À Géla, Orsi 1906, Via Salerno, T. 236. À Mégara Hyblaea, Orsi
1889, T. 4 (mobilier très abondant, manifestement offert à une enfant
proche de l’adolescence, avec une spirale pour cheveux et une pyxis) ;
T. 16 (outre de nombreux vases, une pyxis et des boucles d’oreilles,
ainsi qu’une aiguille à coudre). À Syracuse, Orsi 1895, T. 459 (à des
anneaux et boucles d’oreilles sont associées deux pyxides).
26 Collin Bouffier 1999 et bibliographie.
139
SOPHIE BOUFFIER
la naissance. Les biberons attestés dans les tombes sont
la plupart du temps de modèle réduit, et symbolisent
le statut de nourrisson plus qu’ils ne sont de véritables
objets fonctionnels (fig. 5).
On peut également observer la présence d’œnochoés à embouchure trilobée de petites dimensions
(h. 14/15 cm), voire miniaturisées (5,5 cm) dans un certain nombre de tombes d’enfants en Sicile dès l’époque
archaïque 27 (fig. 3 et 5). La plupart sont de facture locale,
en argile commune, mais certaines sont d’importation ou
d’imitation corinthienne. Il semble qu’il n’y ait pas de
différenciation sexuée, comme le suggère par exemple
la T. 108 de la nécropole syracusaine du Fusco, où la
présence de bijoux, d’une quenouille et d’une pyxis
semble faire référence à une tombe de petite fille, tandis
que d’autres tombes semblent appartenir à des garçons :
ainsi la T. 80 de Mégara Hyblaea contenait en outre un
lécythe à représentations d’éphèbes et un aryballe corinthien à rangée d’hoplites. Ces offrandes d’œnochoés à
embouchure trilobée concernent presque uniquement
des sépultures d’enfants, les rares tombes dites d’adultes
contenant ce type de vases étant des cas d’incinération
ou de sépulture collective. Or la question de l’incinération des enfants n’a guère avancé. On sait à partir de la
documentation textuelle et archéologique, qu’à Athènes,
lors de la fête des Anthestéries, on offrait aux enfants
de plus de trois ans un pot à vin, le chous, copie miniaturisée de celui des adultes. Outre le fait d’être une
cérémonie en hommage aux défunts, cette fête célébrait
aussi le vin nouveau et on utilisait des vases spécifiques
les choés. Selon Angelo Bottini et Marcello Tagliente
(1990), qui ont étudié cet usage à partir des tombes indigènes de Basilicate, cette pratique se serait diffusée en
Grande Grèce à partir de Thourioi. Mais elle aurait été
appliquée aux enfants qui n’avaient pas atteint cet âge de
trois ans. La typologie originale de ces vases déposés au
moins à Mégara Hyblaea et à Syracuse permet de suggérer l’existence de ce rite également en Sicile orientale.
Outre ces deux catégories spécifiques, les vases déposés avec le défunt ne se distinguent pas de ceux que l’on
offre aux adultes : ce sont des vases à verser le vin et à
boire (cruche, œnochoé, et coupe, cotyle et skyphos) qui
évoquent la libation funéraire attestée depuis l’épopée
homérique et dans l’ensemble des nécropoles du monde
grec. À Camarina, à l’époque classique, on a pu faire
27 À Mégara Hyblaea, Orsi 1889, T. 16, 21, 30, 66, 80, 91, 115,
123, 153 (œnochoé en bronze de 5 cm de hauteur), 160, 163, 210,
212, 276. On en compte également dans une vingtaine de tombes
inédites de la nécropole Orsi. Ces vases se trouvent indifféremment
dans les sépultures en enchytrismos et les sarcophages. À Syracuse,
dans la nécropole du Fusco, Orsi 1893, T. 108 ; Orsi 1895, T. 152,
210, 302, 428. À Sélinonte, Meola 1996-1998, T. 4.
140
observer qu’ils accompagnaient surtout les enfants ayant
quitté le premier âge, car ils sont déposés essentiellement
dans les tombes de tuiles en bâtière (alla cappuccina),
réservées aux enfants plus grands (Di Stefano, 2003).
S’ils ont probablement servi aux jeux de l’enfant
lorsqu’ils sont miniaturisés, ils commémorent également
les rites funéraires de consécration du défunt aux dieux
de l’au-delà. Il est d’autant plus important d’armer les
enfants pour le monde des morts que, dans la descente
aux Enfers d’Énée, donc à une époque ancienne pour
la tradition classique, les âmes des nouveau-nés et des
nourrissons errent à la porte des Champs Élysées sans y
être jamais admis (Virgile, Enéide, VI, 426-29).
On trouve également des vases à parfums (lécythes,
alabastres, aryballes selon les sites et les périodes
(fig. 3 et 5). Dans certaines nécropoles, le vase à parfum, alabastre ou aryballe à l’époque archaïque, lécythe
à l’époque classique, est presque systématiquement
déposé près de l’enfant: c’est le cas à Sélinonte. En
revanche, le dépôt de lampes est tout à fait exceptionnel
dans les sépultures d’enfants, alors qu’elles apparaissent
dès le VIIe s. dans les tombes d’adultes (Géla, Orsi
1906, col.159, T. 331). Ainsi à Sélinonte, alors qu’elles
deviennent l’un des objets du « kit » funéraire des adultes
à partir du second quart du Ve s., une seule a été mise au
jour dans une sépulture qui abritait vraisemblablement la
dépouille d’un enfant (Kustermann Graf 2002 , T. 219).
Dernière catégorie d’objets fréquemment représentés
dans les tombes d’enfants, voire de vraisemblables adolescents : les vases plastiques qui reprennent les formes
des statuettes en terre cuite (fig. 6-7). On les trouve
rarement dans les tombes d’adultes identifiées comme
telles. Leur présence dans des tombes à incinération
ou des bûchers funéraires, toujours interprétés comme
destinés aux adultes, reste difficile à interpréter. Il peut
s’agir de formes animales : poissons (Mégara Hyblaea :
Orsi 1889, T. 198), oiseaux 28, lièvres (Mégara Hyblaea :
Orsi 1889, T. 126), tête de bélier ou bélier couché 29, tête
de chien (Syracuse : Orsi 1895, T. 118, 409bis ) ou de taureau 30 ; poule (Géla : Orsi 1906, col. 107-109, T. 165) ;
ou fruits comme la grenade (Géla : Orsi 1906, T. 77).
S’il est évident que la grenade renvoie à Perséphone
et au champ funéraire, il serait vain de chercher une
28 Syracuse : Orsi 1895, T. 210 et 459 ; Mégara Hyblaea : Orsi
1889, T. 43 et 139 ; Géla : Orsi 1906, Borgo, T. 49, la Paglia, T. 5 ;
Camarina : Salibra 2003, T. 283.
29 Syracuse : Orsi 1893, T. 118, et Orsi 1925, T. 95 ; Mégara
Hyblaea : Orsi 1889, T. 98 ; Caruso 1892, T. 741.
30 Mégara Hyblaea : Orsi 1899, T. 21 ; Géla : Orsi 1906, col. 129,
T. 266.
MOBILIER FUNÉRAIRE ET STATUT SOCIAL DES ENFANTS DANS LES NÉCROPOLES GRECQUES DE SICILE
signification pour chacune des représentations, d’autant
que ces vases n’ont pas dû être fabriqués pour un usage
funéraire mais ont été enterrés avec l’enfant après avoir
été utilisés au quotidien. On note par exemple, dans les
sanctuaires des mêmes cités, la présence de vases plastiques analogues : ainsi dans le sanctuaire de Déméter
à Bitalemi, on retrouve le vase à forme d’oiseau de la
tombe d’enfant T. 49 de la nécropole archaïque de Borgo
(Orlandini 2008, fig. 47).
On trouve également de nombreuses figurines féminines portant une embouchure sur la tête : femme à polos
debout ou assise portant ou non un objet ou un animal31,
figurines féminines (Mégara Hyblaea : Orsi 1889, T. 153)
ou hermaphrodites nues, potelées, agenouillées sur un
socle et tenant leur ventre gonflé (Mégara Hyblaea : Orsi
1889, T. 4 et 86) ; personnages assimilés au Bès égyptien
(Syracuse : Orsi 1893, t. 118) ; sirènes (Géla : Orsi 1906,
T. 60).
On pourra suggérer que ce type de vase avait une
fonction à la fois utilitaire et ludique du vivant de l’enfant. On connaît aujourd’hui le type de biberon à forme
animale qui séduit notre progéniture. Mais dans la plupart des cas, et ce, même si l’on considère qu’il s’agit
d’un objet symbolique, le modèle n’est pas ergonomique
et devait être difficile à utiliser.
Il faut selon moi interpréter ces vases à représentation anthropomorphiques en relation avec les statuettes
en terre cuite qui les accompagnaient ou les remplaçaient
souvent dans la sépulture des jeunes défunts.
Les terres cuites
En effet, on observe fréquemment l’association de
ces vases plastiques aux statuettes en terre cuite (fig. 3,
5, 7). À Mégara Hyblaea, celles-ci apparaissent dans plus
de trente tombes sur quelque 170 sépultures d’enfants de
la nécropole. À Syracuse, quatorze des 250 sépultures
contiennent des statuettes en terre cuite, mais aucune n’est
du type enchytrismos. On retrouve les mêmes modèles
que sur les vases plastiques. Ainsi apparaissent des personnages à la fois féminins et masculins, identifiables ou
non : bustes féminins, ou type de la femme debout, assise
ou couchée 32 : également des cavaliers 33, des sirènes
31 Syracuse : Orsi 1895, T. 459, et Orsi 1925, T. 95 ; Mégara
Hyblaea : Orsi 1889, T. 16 (avec une colombe) et 86 ; Géla : Orsi
1906, T. 262 et 423.
32 Syracuse : Orsi 1893, T. 118 et 126 ; Orsi 1895, T. 210 et 350
bis ; Orsi 1925, T. 21 et 37 ; Mégara Hyblaea : Orsi 1889, T. 16, 30,
72, 86, 146, 163, 219 ; Caruso 1892, T. 636, 638 (joueuse de flûte),
710, 726, 739, 741, 799 ; Géla : Orsi 1906, T. 49. Camarina : Orsi
1904, T. 155 et 281 ; Lanza 1990, T. 651, 711, 1242.
33 Syracuse : Orsi 1925, T. 121 ; Orsi 1889, T. 71 et 687.
(Syracuse : Orsi 1925, T. 121), des masques 34, des sphinx
(Camarina : Orsi 1904, T. 166), des figures de Pan ou de
silène 35, des bébés joufflus à demi accroupis 36, des Bès 37.
La faune est également bien représentée : oiseaux 38,
animaux de basse-cour 39, tortue (Syracuse : Orsi 1895,
T. 210), bélier (Syracuse : Orsi 1895, T. 334, et Orsi 1925,
53), bovin 40, porcelet (Syracuse : Orsi 1925, T. 121), âne
(Syracuse : Orsi 1893, T. 115), chien 41, tête de cheval
(Mégara Hyblaea : Caruso 1892, T. 710). On sait que les
animaux accompagnent souvent les enfants dans l’iconographie 42, et semblent être des membres familiers de leur
existence, mais certains d’entre eux peuvent également
faire référence à des divinités, comme le coq ou le porcelet, traditionnellement attribués à Perséphone, maîtresse
de l’au-delà.
Il faut mettre en parallèle les statuettes découvertes dans les sanctuaires et celles qui sont apparues
en contexte funéraire. On l’a ainsi étudié à Athènes
pour l’époque classique où apparaissent également des
statuettes ou masques grotesques de théâtre 43 : on y a
proposé très pertinemment que, outre leur lien logique
avec le culte de Dionysos (bien qu’il n’apparaisse jamais
en tant que tel dans les types en terre cuite), ces objets
aient fait référence à d’autres cultes en connexion étroite
avec l’enfance et la progressive éducation vers les fonctions qui caractériseront le citoyen et son épouse : culte
d’Artémis, en particulier Brauronia, protectrice des
femmes en couche, des nouveau-nés et de toute l’activité autour de la naissance, mais patronne aussi des
34 Syracuse : Orsi 1895, T. 311; Orsi 1925, T. 37 et 53 ; Géla : Orsi
1906, T. 452.
35 Mégara Hyblaea : Orsi 1889, 120, et Caruso 1892, T. 687 ;
Camarina, Orsi T. 298 et 446.
36 Syracuse : Orsi 1925, T. 121 ; Mégara Hyblaea : Orsi 1889, T. 23.
37 Syracuse : Orsi 1893, T. 126 (quatre figurines identiques) ;
Mégara Hyblaea : Caruso 1892, T. 767.
38 Syracuse, Orsi 1895, T. 210, et Orsi 1925, T. 121 (chouette) ;
Géla : Orsi 1906, T. 416 ; Syracuse : Orsi 1895, T. 428 ; Camarina :
Orsi 1904, T. 714.
39 Poule, Syracuse (Orsi 1895, T. 210) ; coq, Syracuse (Orsi 1925,
T. 53 et 121) ; oie, Mégara Hyblaea (Caruso 1892, T. 710).
40 Syracuse : Orsi 1895, T. 334 ; Mégara Hyblaea : Orsi 1889,
T. 16 : dans cette tombe, associant un adulte et un enfant déposé sur
le corps de son aîné, le dépôt du bœuf en terre cuite, partiellement
conservé, fait écho à celui de l’os de bœuf découvert à proximité de
l’adulte, et probable offrande alimentaire.
41 Syracuse : Orsi 1895, T. 210, et Orsi 1925, T. 121 ; Camarina :
Salibra 2003, T. 3.
42 Voir l’article de V. Dasen dans ce volume. Une des tombes
syracusaines contient ainsi les ossements d’un petit animal que
le fouilleur ne définit pas (Orsi 1895, T. 465) et qui devait être un
animal de compagnie.
43 Voir l’étude de Lucchese 2005 qui fait un bilan de ce nouveau
modèle d’analyse, mais pour laquelle il est impossible de préciser
l’attribution de tel ou tel type iconographique à l’une ou l’autre des
catégories d’âge des défunts.
141
SOPHIE BOUFFIER
Fig. 5 – Mégara Hyblaea, mobilier de la T.163 (cliché EFR n° MH 599, MH 600, Su concessione
dell’Assessorato dei Beni Culturali e dell’Identità Siciliana della Regione Siciliana – Palermo).
petites filles jusqu’à la phase nubile à travers une série
de rites qui les préparent progressivement à passer sous
la protection de Déméter et Coré, tutélaires des femmes
mariées et mères légitimes ; culte d’Aphrodite, déesse de
la séduction et du désir sexuel ; présence des Cabires liés
aux initiations infantiles, en particulier masculines, par le
personnage de Papposilène. En Sicile, à partir du VIe s.,
les statuettes déposées dans les tombes, généralement
féminines, peuvent parfois être identifiées à Déméter ou
Perséphone 44 (fig. 5), inséparable couple des sanctuaires
44 Type de Déméter ou Perséphone à la corne d’abondance, à Géla
(Orsi 1906, T. 48) et en particulier les masques/protomés féminines
qui portent parfois un trou de suspension au sommet de la coiffure et
142
siciliotes, voire à Aphrodite 45 (fig. 3), et renvoyer à ces
cultes protecteurs de l’enfance, de la reproduction et de
la perpétuation du corps civique. Il faut y rattacher les
représentations d’enfants joufflus et dodus attestées à
Syracuse et Mégara Hyblaea (fig. 7). On peut interpréter
dans le même sens les masques 46 qui apparaissent sporadiquement à partir de la même période (fig. 3). On a pu
pouvaient donc servir de pendentif apotropaïque (à Mégara Hyblaea,
Orsi 1889, T. 16).
45 Type de la figure féminine debout à la colombe (Géla : Orsi
1906, Borgo T. 64 ; Mégara Hyblaea : Orsi 1889, T. 16 et 209) ; ou
sans colombe (Géla : Orsi 1906, Borgo, T. 423).
46 Mégara Hyblaea : Orsi 1889, T. 16, 23, 175 ; Caruso 1892,
T. 739, 745, 758, 768 ; Géla: Orsi 1906, T. 452 : masque de Silène.
MOBILIER FUNÉRAIRE ET STATUT SOCIAL DES ENFANTS DANS LES NÉCROPOLES GRECQUES DE SICILE
Fig. 6 – Vases plastiques, Syracuse (T.118, in P. Orsi 1893 ; T.30, in P. Orsi 1925).
mettre en évidence leur utilisation dans les cérémonies
d’initiation de certaines cités grecques, rites imposés aux
jeunes et destinés à les faire entrer dans la communauté.
Ainsi, à Sparte, les masques soit effrayants soit grotesques découverts dans sanctuaire d’Artémis Orthia 47
ont depuis longtemps éclairé la spécificité de l’une des
célèbres fêtes poliades en l’honneur d’Artémis Orthia,
qui marquait le passage de l’enfance à l’adolescence :
autour de l’autel de la déesse, les jeunes garçons dansaient nus, le visage masqué, danses de guerre effrayantes
ou danses lascives et obscènes qui insistaient sur les phénomènes d’inversion indispensables à toute construction
de l’individu adulte (Vernant 1987). La consécration de
ces masques à Artémis, déesse des marges, garante du
passage de l’état sauvage à la culture, souligne le lien
entre la divinité kourotrophe et l’éducatrice. Dans nos
sépultures d’enfants, il est probable que l’on ait cherché,
par le dépôt de ces masques, à marquer un moment clef,
voire un rite d’initiation, qu’avait – ou aurait dû – vivre
l’enfant enseveli. Tous ces masques ont été découverts
dans des sarcophages d’enfants ayant dépassé le stade
du nourrisson.
Enfin, parmi les terres cuites représentant des personnages, on trouve, mais plus rarement, le dieu égyptien
47 Dawkins (R. M.) – The Sanctuary of Artemis Orthia at Sparta,
excavated and described by members of the British School at Athens
1906-1910. Londres, Macmillan, 1929.
Bès. Nain grotesque, à la barbe hirsute et au corps difforme, il est en Égypte un dieu populaire, tutélaire de
la maison et du foyer domestique, mais aussi dieu de
l’initiation : bienfaisant, gardien des enfants, il étend
sa protection sur tous les cycles de la naissance, depuis
la fertilité et la conception jusqu’à l’accouchement et
l’allaitement (Velázquez Brieva 2007, p. 32-40). Il veille
en particulier sur le sommeil des enfants, pour écarter
leurs cauchemars mais aussi les maladies et la mort si
ressemblante. En Grande Grèce et en Sicile, le dieu a dû
être introduit par le biais des populations orientales résidentes ou de passage, et l’on aurait pu penser qu’elles en
étaient les fidèles, mais le fait que ces amulettes portent
de faux hiéroglyphes, gravés pour créer l’illusion et
donner l’impression qu’elles portaient des inscriptions
susceptibles de protéger le propriétaire de l’objet, incite
à les attribuer à des populations qui ne comprenaient pas
les langues orientales et pouvaient donc se laisser berner
par des faux, à savoir des Grecs ou des Sikèles.
Les jouets
Outre les statuettes en terre cuite, qui peuvent avoir
également une fonction ludique, on a tendance à classer dans cette catégorie tous les objets qui ne trouvent
pas leur place ailleurs. Ainsi les astragales-osselets
(Syracuse : Orsi 1895, T. 350bis), les jetons/billes
(Syracuse : Orsi 1895, T. 179), les pesons en terre cuite
143
SOPHIE BOUFFIER
Fig. 7. Statuettes en terre cuite, Syracuse (T. 428 et T. 459 in P. Orsi 1895 ; T.53 et T.121 in P. Orsi 1925).
(Syracuse : Orsi 1895, T. 383), quelques objets insolites
comme une hache miniaturisée 48 (Syracuse : Orsi 1895,
T. 179, fig. 8.1), un chariot en terre cuite (Syracuse : Orsi
1893, T. 20). On a insisté depuis longtemps sur le double
statut de ces artefacts, qui relèvent du sacré autant que
du jeu (Néraudau 1991). Offerts à l’occasion de cérémonies particulières, consacrés aux divinités kourotrophes
à l’occasion du mariage, ils scandent les étapes du développement de l’enfant et peuvent apparaître comme
des amulettes. Comme l’a souligné Véronique Dasen
48 Qui renvoie à une autre hache, déposée également dans une
tombe d’individu immature, mais de dimensions fonctionnelles
(Syracuse : Orsi 1895, T. 261).
144
(supra), la fonction symbolique des objets identifiés
comme jouets est d’autant plus forte qu’ils sont associés
à un défunt. Dans le registre funéraire, la poupée, même
articulée, peut devenir un instrument de malédiction,
les billes de jeu peuvent prendre un sens symbolique et
eschatologique. D’après Irini Papaikonomou, les jouets
associés aux tombes d’enfant auraient deux fonctions :
celle de symboliser des valeurs familiales en vigueur
dans la cité et celle de servir d’offrandes aux divinités
kourotrophes censées accueillir l’enfant dans l’au-delà
(Papaikonomou 2006). En Sicile, dans le domaine du
jeu, il ne semble pas y avoir de différenciation des sexes.
Si les bijoux font effectivement office de marqueur
sexué, les billes accompagnent aussi bien les petites
MOBILIER FUNÉRAIRE ET STATUT SOCIAL DES ENFANTS DANS LES NÉCROPOLES GRECQUES DE SICILE
filles que les petits garçons, tandis qu’on voit attribuer à
une fillette mégarienne une faucille miniature en fer, et il
n’est pas sûr que les trois haches inventoriées à Mégara
Hyblaea et à Syracuse aient appartenu à des garçons.
Les osselets/astragales sont rares, contrairement à ce
que l’on a pu observer en Grande Grèce, en particulier
à Locres Epizéphyrii (Carè dans ce volume). Il paraît
donc difficile d’y chercher une quelconque interprétation symbolique et sociale.
Les offrandes alimentaires
Dernier type d’offrande faite aux enfants : les denrées
alimentaires. Un certain nombre de tombes ont révélé
des restes de faune ou de mollusques, voire de grains de
céréales. À Mégara Hyblaea 49, le cas est assez courant ;
à Sélinonte 50, Géla 51, ou Camarina (Orsi 1904, T. 168
et 517 ; Lanza 1990, T. 611 et 652) beaucoup moins ;
à Syracuse, neuf tombes ont livré des coquillages sans
autre denrée 52. En raison des conditions de conservation, les ossements animaux sont plus nombreux, mais
il est probable que de manière générale, et pas seulement dans les sépultures d’enfants, il faille revoir à la
hausse la présence de restes alimentaires composés de
céréales, fruits ou préparations culinaires déposées par
la famille endeuillée. Tout doit dépendre probablement
de l’âge du défunt. Un nourrisson étant entièrement
nourri au lait maternel ou de substitution, on peut supposer que les autres types d’aliments accompagnaient
des enfants sevrés et interpréter donc la présence de
coquillages dans des tombes à enchytrismos non pas
comme des offrandes alimentaires, mais comme des
dons symboliques. En outre, la présence de coquillages
dans des amphores censées recueillir les dépouilles de
nouveau-nés ou de nourrissons incite à la prudence 53.
Faut-il parler ici d’un viatique pour l’au-delà ou d’une
49 Ossements dont certains sont brûlés et récoltés dans un vase :
Orsi 1889, T. 4, 21, 65, 105, 124, 128, 212, 282. Coquillages
comestibles : Orsi 1889, T. 16, 96, 105, 128, 135, 152, 159, 204,
222, 225, 237, 276, 300 ; Caruso 1892, T. 639, 681, 686, 687, 741,
768. Grains de froment ou d’orge : Orsi 1889, T. 36. Coquille d’œuf,
Caruso 1892, T. 768.
50 Kustermann Graf 2002, T. 41 (coquillages), T. 152 (coquillage)
et T. 219 (deux fragments de deux coquillages : huître ?). Aucune des
tombes d’adulte de la Gaggera publiées ne contenait de coquillage.
Voir dans ce volume l’article de Jutta Stroszeck.
51 Orsi 1906, Borgo T. 34 (matière blanchâtre, farineuse qui semble
être le résidu d’une pâte au miel ; quatre coquillages comestibles),
T. 162 (coquillages troués), T. 307 (coquillage) et T. 444 (deux
coquillages à l’extérieur de l’amphore).
52 Orsi 1895, T. 178 (seize coquillages), T. 336 (deux coquillages),
T. 210, 369, 411, 441, 464, 491 (un coquillage).
53 C’est le cas notamment des T. 336, 369, 411, 491 de Syracuse
(Orsi 1895).
consécration religieuse à intégrer dans les rites de conciliation des divinités chtoniennes ? Là encore la question
est ouverte.
Au terme de cette rapide présentation, quelles conclusions peut-on dresser des offrandes faites aux individus
morts prématurément en Sicile grecque ? L’étude de
quelques mobiliers spécifiques peut conforter certaines
observations.
Comment lire tout d’abord leur abondance et leur
richesse par rapport à celle de leurs aînés ? Les tombes
d’enfants révèlent un intérêt particulier de la communauté pour cette catégorie, qui était destinée à assurer la
perpétuation du groupe familial et civique. Si l’on veut
différencier les sexes en fonction des objets traditionnellement attribués aux uns et aux autres – ce que j’ai
néanmoins préféré éviter dans ce travail –, on observe
que les tombes les plus riches en mobilier semblent
souvent être celles de filles, éventuellement proches de
la puberté. Ainsi à Syracuse, au Fusco, un sarcophage
de la seconde moitié du VIIe s. accueillait la dépouille
d’une petite fille âgée de moins de dix ans croulant sous
les vases (au moins une dizaine de lécythes, oenochoés,
kylikes, stamnoi et pichets) et les éléments de parure
(quatre épingles, quatorze fibules diverses dont l’une
portait une perle en ambre, douze fibules miniaturisées,
un collier de perles en argent, et des spirales à cheveux
en argent), tandis qu’une chouette en terre cuite pourrait
bien faire référence à Athéna, divinité vierge protectrice des filles dans l’environnement civique et patronne
des tisseuses (Orsi 1895, T. 428). Il en est de même à
Mégara Hyblaea, où le sarcophage de la T. 16 abritait la
dépouille d’une probable fillette proche de l’adolescence
et couverte d’offrandes : au moins dix-sept skyphoi
miniaturisés, une dizaine de lécythes miniaturisés d’origine corinthienne ou attique, un aryballe, une pyxis
miniaturisée, une kylix miniaturisée, un masque féminin
de Déméter/Perséphone, un vase plastique à l’iconographie d’Aphrodite, deux bustes assis de Déméter/
Perséphone, deux paires de boucles d’oreilles en argent,
une aiguille à chas en bronze (fig. 2 et 3). On trouve là
aussi tout ce qui symbolisera les activités et le statut de
la femme adulte.
Cet intérêt pour les enfants, et peut-être pour les
filles, doit, à mon avis, être interprété en fonction des
structures de pensée coloniales. Dans un monde où les
femmes d’émigrés sont rares, où les nouveaux arrivants
ont dû solliciter les ressources humaines des communautés indigènes, la disparition d’une fille n’a pas la même
signification que dans un monde où il faut la doter.
Il faut assurer la continuité de la cité nouvellement créée,
et encourager la natalité pour enrayer en particulier la
forte mortalité infantile.
145
SOPHIE BOUFFIER
Pithécusses, un peu plus anciennes, suggère que le dépôt
de ces scarabées était peut-être réservé aux plus jeunes
défunts. Les objets de différenciation sont donc peut-être
plus nombreux qu’il n’apparaît aujourd’hui à la lumière
d’une documentation mal ou anciennement publiée.
Comment lire la spécificité de ce mobilier ? On a vu
qu’il était probable qu’à certains âges, et donc à certaines
étapes de sa croissance, l’enfant se soit vu attribuer des
objets particuliers correspondant soit à des rites de passage, soit à une identité qu’on voulait lui donner dans
la société. Absence totale d’offrande pour ceux qu’on
n’avait pas eu le temps d’intégrer dans l’oikos ; biberon
pour les plus jeunes ; chous pour les plus de trois ans.
De même la puberté semble un moment-clef, comme en
témoigne l’abondance du mobilier funéraire, qu’il faudrait examiner plus en détail. À Syracuse, la T. 139, datée
du début du VIe s. av. J.-C., devait abriter la dépouille
d’une fillette proche de la puberté, comme semble l’indiquer la plaquette en ivoire déposée sur sa poitrine,
et portant une iconographie de la Potnia Thérôn ailée,
accompagnée d’une chèvre, Artémis, déesse kourotrophe
protectrice des jeunes vierges avant le mariage 54 (fig. 4). Il
est probable également que l’amulette représentée par le
scarabée ne s’adressait pas à n’importe quel âge. En effet,
à Syracuse, une sépulture double accueillait deux enfants
et la famille a dissocié le type d’ornements offerts à l’un
et à l’autre : on a déposé sous le menton de l’un deux scarabées à pseudo-hiéroglyphes, tandis que l’autre se voyait
offrir à la jambe gauche une chaîne à doubles maillons
en bronze (Orsi 1895, T. 308). La publication ancienne
ne fait aucun commentaire sur la taille des enfants, mais
le parallèle qu’on peut dresser avec les sépultures de
Il est probable enfin qu’on ait cherché à différencier
garçons et filles dans la mort, comme on le faisait dans le
quotidien à partir d’un certain âge, probablement six-sept
ans comme le proposait Marina Cipriani, et s’il est avéré
qu’à partir de cet âge les enfants pouvaient être incinérés, il faudra accorder plus d’attention aux probables
changements dans le mobilier funéraire. La distinction
du sexe social par les objets pourra alors être effective 55 :
on trouve dans des sarcophages d’enfants siciliotes une
sorte de panoplie des attributions et devoirs féminins
ou masculins sans que l’on puisse en déduire la nécessaire identification du sexe du défunt : au « maiden kit »
de Susan Langdon (2008), constitué d’un miroir et/ou
des épingles ou bijoux et/ou un fuseau de métier à tisser miniaturisés, tous objets qui symbolisent la féminité
nécessaire 56, correspondrait un « boy kit » qui doterait
certains garçons de vases à iconographie sportive ou
d’un strigile (Lanza 1990, T. 721), attribut indispensable
de la palestre 57. Si tel est le cas, à leur mort, les enfants
sembleraient donc acquérir un statut qu’ils n’avaient pas
obtenu de leur vivant 58.
54 Orsi 1895, T. 139 : cette sépulture contenait en outre une boucle
d’oreille et un fin anneau en argent, ainsi que des fragments de grand
vase de fabrication locale. Cf. Morizot 1994, p. 208-212 ; Dowden
1989.
55 Sur les problèmes du genre dans les données funéraires, voir en
dernier lieu Péré-Noguès 2006.
56 À Syracuse, Orsi 1895, T. 165 (bijoux, peson de métier à tisser,
pyxis) et T. 428. À Mégara Hyblaea, Caruso 1892, T. 715.
57 À Syracuse, Orsi 1925, T. 121 : le sarcophage qui contenait un
garçon âgé de moins de dix ans était rempli de vases attiques de la
fin du VIe s. av. J.-C. et décorés de scènes de palestre, de combats, de
scènes dionysiaques, ainsi que de neuf statuettes en terre cuite dont
un cavalier et un coq dont on connaît le lien avec les adolescents de
sexe masculin.
58 Les objets des nécropoles de Syracuse et Mégara Hyblaea
reproduits dans cet article sont conservés au Museo Archeologico
Regionale Paolo Orsi di Siracusa.
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Mobilier funéraire et statut des enfants dans le monde indigène
protohistorique du Sud de la France
Bernard Dedet
Abstract. This study concerns the indigenous population of Languedoc and Provence, and is based on the
study of the mortal remains of more than 450 children
of less than 15 years, whose age at death can be anthropologically determined with reasonable confidence. The
funeral practices associated with them are not only distinguishable from those of adolescents and adults, but
also vary considerably between infantile age-classes.
These differences are particularly perceptible in gravegoods and in other aspects of deposition such as the
location and form of the burial, and allow different
stages in the role of children in society to be discerned.
Foetuses and neonates, as well as some infants and
1-6 month children, who have not yet been admitted
into village society, are buried without accompanying
objects. Infants of between 6 and 12 months are buried
with only a few objects, probably with prophylactic
connotations. Children aged 1-6 are treated more like
adults, but the items deposited are usually fewer, and
if they have a sexual connotation, they are related to
the female world; this probably reflects an initial stage
of education by women in households that did not differentiate between boys and girls. Burials of children
in the 7-14 age-group exhibit a consistent symbolic
transformation; almost as many of them contain items
considered masculine as feminine, indicative of specific education according to sex; in two cases, items in
burials of elder male children reflect aspects beyond the
scope of daily life, namely war and feasting. Childhood
seems to stop at around 15 years of age, after which
the material associated with adolescents is no different
from that found with adults.
D
ans le Sud de la France, du Toulousain et
des Pyrénées centrales aux Alpes méridionales en passant par le Languedoc, le Sud du
Massif central et la Provence, du Bronze final IIIb à la
fin du second Âge du Fer, soit en gros le dernier millénaire av. J.-C., la documentation issue de l’archéologie
funéraire est abondante. Pour le monde indigène de ce
vaste territoire, en excluant donc les colonies grecques
du littoral, environ 3300 tombes sont actuellement bien
connues, qu’il s’agisse du traitement du corps et de ses
restes, de la forme de la sépulture et de la composition
du matériel d’accompagnement, mais aussi, grâce aux
études d’anthropologie physique, l’âge au décès des
défunts et, pour les adultes, le sexe. Dans ce lot on
comptabilise plus de 540 enfants de moins de 15 ans qui
prennent place, selon l’âge au décès, dans les habitats ou
dans les nécropoles (fig. 1 et 3). Pour la grande majorité
d’entre eux cet âge peut être précisé et donc 451 à 456
de ces jeunes morts peuvent être regroupés en quatre
grandes catégories :
- fœtus, prématurés et sujets périnatals : 150 à 153
individus,
- nourrissons de 1 à 12 mois : 28 à 30 individus,
- jeunes enfants de 1 à 6 ans : 172 individus,
- grands enfants de 7 à 14 ans : 101 individus.
Dans les sépultures de cette région, les adolescents,
les 15-19 ans, sont traités de la même manière que les
adultes. L’enfance paraît donc cesser vers 15 ans si l’on
en croit les pratiques funéraires de ce monde indigène,
la maturité sociale ne correspondant pas à la maturité
biologique.
Notre propos est ici spécialement consacré aux
objets que l’on place, ou non, dans ces tombes d’enfants
– puisque tel est le sujet de ce colloque –, aux différences
que l’on perçoit en fonction de l’âge au décès et aux interprétations qui en découlent. Mais, bien entendu, d’autres
aspects des usages funéraires concourent à ces changements et on ne pourra pas ne pas les évoquer. Cette étude
repose sur un travail d’ensemble élaboré entre 2003 et
2006, dont le corpus documentaire a été arrêté à la fin de
2004 et dans lequel figurent le détail des données et les
références (Dedet 2008). Mais c’est aussi l’occasion de
compléter cette synthèse en y intégrant les découvertes
effectuées ou publiées depuis, concernant quatre nécropoles et deux habitats de cette région 1.
1 Il s’agit des nécropoles du Frau à Cazals, Tarn-et-Garonne),
du Grand-Bassin I à Mailhac, Aude (Lenorzer 2009), de Bel-Air
à Vendres, Hérault (Dominguez et al. 2009) et de Negabous à
Perpignan, Pyrénées-Orientales (Toledo i Mur 2010), ainsi que les
habitats des Barbes-et-Fon-Danis à Saint-Laurent-de-Carnols, Gard
(Renaud et al. 2009) et d’Entremont à Aix-en-Provence, Bouchesdu-Rhône (Dufraigne et al. 2006-2007).
149
BERNARD DEDET
Le plan adopté suivra naturellement la progression des
classes d’âges, mais auparavant il convient de préciser
quelques points de méthode 2.
Précisions méthodologiques
La détermination de l’âge au décès des enfants est
fondée sur le stade de maturation des dents et des os.
Pour les sujets les plus jeunes, fœtus et nouveau-nés,
deux types de critères sont utilisés. D’une part le degré
de calcification des germes dentaires, et sont habituellement retenues en ce domaine les données de référence
publiées par D.H. Ubelaker (Ubelaker 1978), qui tiennent
compte de la variabilité individuelle. De leur côté, les os
permettent l’estimation de la stature du corps. À l’aide
des dimensions prises sur la plupart des os mesurables,
on peut calculer la stature de chaque individu à partir
des équations établies par I. GY. Fazekas et F. Kósa, et, à
partir de celle-ci, l’âge au décès, calculé en mois lunaires
de 28 jours pour la période de vie intra-utérine et la naissance (Fazekas, Kósa 1978).
Au-delà des premières semaines de l’existence et
jusque vers 14 ans, c’est le développement de la dentition qui constitue le critère le plus important pour
estimer l’âge (éruption et minéralisation des différentes
dents, déciduales et définitives). Là encore on utilise
généralement les schémas fournis par Ubelaker (1978)
et ceux de C.F.A. Moorrees, E.A. Fanning et E.E. Hunt
(Moorrees, Fanning, Hunt 1963a ; 1963b). On fait également entrer en ligne de compte, surtout pour les enfants
les plus âgés, des critères d’ossification des os : l’apparition des points épiphysaires et complémentaires, et
la soudure de ces points à la diaphyse ou au corps de
l’os (Ferembach, Schwidetzky, Stloukal 1979). À partir
de 15 ans, si le développement des dents donne encore
quelques indices, c’est surtout le degré de soudure des
épiphyses à la diaphyse des os longs qui permet d’apprécier l’âge des individus.
La précision de l’appréciation de l’âge au décès n’est
évidemment pas la même depuis la gestation in utero
jusqu’à la fin de l’adolescence. Pour les fœtus, prématurés et nouveau-nés, elle est de l’ordre du demi-mois
lunaire. D’après le stade de calcification et d’éruption dentaires, Ubelaker propose une variation de 3
2 L’ampleur du corpus disponible dans cette région doit beaucoup à
l’action d’Henri Duday et à son enseignement auprès des archéologues
étudiant les nécropoles du Midi de la France dès les années 1970.
Par ailleurs on soulignera que ce sont les mêmes méthodes d’analyse
ostéologique qui sont utilisées dans ce travail et dans les deux autres
contributions concernant les tombes d’enfants du Midi de la France
présentées ici, celle de Manuel Moliner consacrée aux colonies
grecques et celle de Valérie Bel portant sur la Gaule Narbonnaise.
150
mois pour les nourrissons, 8 mois pour les enfants de
deux ans, 12 mois pour ceux de quatre ans, 24 mois pour
les six ans et 30 mois pour les dix ans. L’ossification
des os est moins précise, mais les croisements avec les
données fournies par la dentition peuvent se révéler
profitables. Par ailleurs, l’appréciation de l’âge ne peut
avoir souvent la même précision selon que le cadavre
a été incinéré ou non. Très fragmentés et déformés par
la chaleur, les os brûlés sont évidemment plus difficiles
à identifier que les os non incinérés et les critères permettant d’indiquer l’âge sont moins apparents ou moins
précis. Les dents en particulier, et notamment l’émail
des couronnes, résistent très mal au feu.
La détermination du sexe des jeunes individus à
partir de mesures ou de critères morphologiques a fait
l’objet de diverses tentatives, mais reste actuellement
un problème non résolu (Duday, Laubenheimer, Tillier
1995, p. 75-76). Pour cette raison, et malgré l’intérêt
qu’il y aurait sur le plan culturel à connaître le sexe
« biologique » de ces très jeunes morts et à savoir s’il
existait une sélection en ce domaine, nous avons préféré renoncer à tenter toute diagnose sexuelle. Et quand
nous évoquons la « consonance » ou la « symbolique »
sexuelle de certains objets, c’est par rapport à un
référentiel constitué à partir des adultes, et en particulier
de ceux, surtout des inhumés, dont le sexe « biologique »
a pu être déterminé (Dedet 2008, p. 371-381).
Les fœtus, prématurés et sujets périnatals
Quelques rares sujets prématurés ou périnatals ont été
découverts dans plusieurs nécropoles du Languedoc et
du Sud du Massif central : Gourjade (tombe 3), le Moulin
de Mailhac (tombes 74, 253 et peut-être 285) et Bel-Air
(tombe 19) au Bronze final IIIb et à la transition Bronze
- Fer, le Peyrou d’Agde (tombes 10 et 185), le tumulus 7
de Viols-le-Fort et le tumulus de Pomeyrol au VIIe s. av.
J.-C., le Frau (tombe 44 C) et las Peyros (tombe 3) au
VIe s. av. J.-C. 3. Les restes de ces défunts sont toujours
découverts dans la sépulture d’un adulte, sans doute
une femme morte enceinte ou en couches car les objets
présents ont le plus souvent une connotation féminine.
On ne peut dès lors considérer que ce mobilier ait été
déposé à l’intention de ces enfants en gestation.
En fait, la très grande majorité des 150 à 153 individus connus pour cette classe d’âge sont inhumés dans
les villages, à l’intérieur de la sphère domestique, dans
3 Ici comme dans la suite, la localisation des tombes signalées et
leurs références bibliographiques sont indiquées dans l’annexe en
fin d’article.
MOBILIER FUNÉRAIRE ET STATUT DES ENFANTS DANS LE MONDE INDIGÈNE PROTOHISTORIQUE DU SUD DE LA FRANCE
les habitations ou les cours dépendant de ces maisons 4
(fig. 1). Et le plus signifiant pour le sujet qui nous intéresse, c’est qu’ils ne sont accompagnés d’aucun objet
(fig. 2). Cette coutume est en usage durant tout l’Âge
du Fer en Provence (Baou de Saint-Marcel, Saint-Blaise,
Roquepertuse, Entremont), dans le Sud du Massif central (Puech de Mus, Roc de l’Aigle), en Languedoc
(Pech-Maho, Cayla de Mailhac, Montlaurès, Ensérune,
la Monédière, la Ramasse, les Gardies, Lattara, Gailhan,
la Jouffe, Plan de Lavol, Vié-Cioutat, Castelvielh, la
Liquière, Roque de Viou, Mauressip, Nages, le Marduel,
Nîmes, Mas Saint-Jean, les Barbes-et-Fon-Danis et
peut-être Ambrussum) et en Roussillon (Ruscino, Port
de Salses). Seuls y dérogent parfois les habitants de
Pech-Maho où, dans deux cas, un objet ou des restes
d’animaux prennent place dans la fosse du petit défunt.
Mais cette agglomération du sud de l’Aude est aux
confins du domaine ibérique où de tels dépôts sont parfois attestés.
Cette absence, quasi générale donc, de tout objet
personnel pouvant marquer l’individualité du défunt,
de toute pièce à valeur prophylactique, de tout élément
pouvant servir à une offrande ou à une libation à une
divinité, comme aussi l’absence d’emmaillotement et
l’ensevelissement dans la maison, montre que l’on a
affaire à des êtres sans importance, hors de l’humanité,
encore sauvages en quelque sorte, des êtres pas encore
admis dans la société villageoise et qu’il est inutile de
protéger. Ce manque de tout accompagnement prend
toute sa valeur par rapport à la classe suivante.
Les nourrissons de 1 à 12 mois
Les nourrissons actuellement attestés sont peu nombreux. Une douzaine pour les deux âges du Fer est
reconnue en habitat, dans les mêmes régions que les précédents, du Roussillon aux Préalpes (Ruscino, Lattara,
Gailhan, l’Ermitage d’Alès, le Marduel, le Puech de Mus,
Bourbousson et Sainte-Colombe) (fig. 1). Une quinzaine
figurent aussi dans des nécropoles, du Bronze final IIIb
au VIe s. av. J.-C., Negabous, Ruscino, Gourjade, le
Causse, Moulin de Mailhac, las Peyros, Saint-Julien,
Bel-Air, Viols 7 (fig. 3). Et cette rareté permet également de soupçonner, pour ces nourrissons, un autre type
de lieu de dépôt que l’on ne connaît pas, car, dans une
4 Le faible nombre de tels sujets, voire leur absence même, sur
plusieurs habitats fouillés cependant en extension et les très fortes
mortinatalité et mortalité périnatale que l’on est en droit d’attendre
d’une démographie préjennérienne laissent supposer d’autres lieux
de dépôt pour ces très jeunes morts, en dehors des cimetières et des
villages.
société préjennerienne, il meurt autant d’enfants autour
de la naissance que dans le reste de la première année
d’existence.
Au sein de ce lot de nourrissons reconnus, une
différence semble exister entre les plus jeunes et les
plus âgés : les 1-6 mois figurent essentiellement dans les
villages, tandis que dans les nécropoles prennent place
généralement les 6-12 mois.
Les quelques nourrissons de moins de 6 mois
ensevelis dans les habitats sont en fait traités exactement
comme les périnatals et, donc, dépourvus de tout accompagnement (fig. 4, A).
Les nourrissons qui ont accès au cimetière subissent
la plupart du temps le même traitement que les autres
morts. Ils sont inhumés là où est pratiquée l’inhumation
pour les adultes, notamment en Languedoc oriental au
début du premier Âge du Fer. Ils sont brûlés, et leurs
restes sont manipulés comme ceux de leurs aînés là
où règne l’incinération, c’est-à-dire le Languedoc à
l’Ouest du fleuve Hérault et le Roussillon durant toute
la période prise en compte, ainsi que, à partir du milieu
du VIe s. av. J.-C., le Languedoc oriental, les Grands
Causses et la Provence 5. Selon les lieux, ils sont placés directement dans le loculus ou bien mis dans un
vase. Généralement leur ossuaire est de même forme
que celui des défunts plus âgés, mais c’est souvent un
vase de petite dimension, soit une petite coupe comme
à las Peyros 23 (fig. 5, D), soit un modèle réduit d’urne
comme à Gourjade 246 et au Causse 301 (fig. 5, B-C) ou
encore à Negabous 8 et 328, Bel-Air 43, Saint-Julien 98
et le Causse 737. Parfois, cependant, l’urne-ossuaire ne
montre pas de différence de taille avec celle de leurs
aînés : ainsi à Negabous 208 et 221.
Hormis la présence d’un tel récipient, le fait marquant
concernant notre sujet est que seuls les nourrissons les
plus âgés, les 6-12 mois, préférentiellement déposés
dans les cimetières, sont presque toujours pourvus
d’objets (Tableau 1).
Le plus souvent, il s’agit d’un simple collier ou pendentif dont on retrouve des éléments tels qu’anneaux ou
perles en bronze, perles en ambre ou en corail et parfois
craches de cerf, autant de pièces à la valeur prophylactique reconnue (Dasen 2003) : nourrissons des nécropoles
du Moulin (tombe 146), de las Peyros (tombe 23), du
Causse (tombe 301) et de Ruscino (tombe 4) (fig. 5, A-C)
ou celui de l’habitat de Ruscino (tombe 5209) (fig. 4, B).
Cette amulette peut être portée autour du cou, comme le
collier comprenant crache de cerf, perles d’ambre et de
corail et anneaux en bronze pour le sujet inhumé dans
5 Sur la répartition incinérations/inhumations dans le Midi de la
France et l’évolution du Bronze final III à la fin de l’Âge du Fer, voir
Dedet 2004.
151
BERNARD DEDET
Fig. 1. Localisation des tombes de sujets périnatals et de nourrissons dans les habitats protohistoriques du Sud de la France.
Tableau 1. Répartition des nourrissons munis ou dépourvus d’objets d’accompagnement et classés par tranches d’âge et lieux de dépôt.
152
MOBILIER FUNÉRAIRE ET STATUT DES ENFANTS DANS LE MONDE INDIGÈNE PROTOHISTORIQUE DU SUD DE LA FRANCE
n’est qu’une petite minorité d’entre eux qui a accès à la
nécropole villageoise. On cherche alors à protéger par
des amulettes certains de ces individus qui ont atteint ou
dépassé le cap des six mois d’existence.
La comparaison entre les 1-6 mois et les 6-12 mois
semble donc indiquer une agrégation progressive à la
société et peut-être un cap vers six mois, un âge où le
tout-petit devient plus résistant et où le danger de mort
commence à diminuer. Et les petits objets de parure ou
les fusaïoles qui équipent certains d’entre eux, sont aussi
l’apanage des jeunes enfants de la classe suivante, celle
des 1-6 ans.
Les jeunes enfants de 1 à 6 ans
Fig. 2. Deux exemples de tombes de sujets périnatals dans des habitats
protohistoriques. A : oppidum de Gailhan (Gard)
(d’après Dedet, Duday, Tillier 1991 et relevé H. Duday) ; B : port de
Lattara (Hérault) (cliché UFRAL).
cet habitat de Ruscino (fig. 4, B). S’il s’agit d’une tombe
dans un cimetière à incinération, elle peut être brûlée sur
le bûcher avec le corps, comme c’est le cas au Moulin
146 (un anneau suspendu à une chaînette en bronze) ou,
au contraire, déposée après la crémation dans l’ossuaire
comme à Ruscino 4, sans subir le feu (collier de plusieurs perles en bronze et en ambre) (fig. 5, A).
Certains de ces défunts de plus de six mois qui ont
accès au cimetière sont aussi pourvus de quelques autres
petits objets qui, pour les adultes de ces régions, revêtent
une symbolique souvent féminine : plusieurs armilles et
deux fibules en bronze dans las Peyros 56 (fig. 5, E),
deux bracelets dans Negabous 221 ou bien une fusaïole
dans Viols 7 et le Causse 301 (fig. 5, B). D’autres enfin
sont aussi accompagnés d’un ou deux vases, de dimensions réduites (Negabous 8) ou non (Negabous 328).
Les usages appliqués aux nourrissons de la première
année marquent ainsi une rupture. Sauf exceptions,
ils sont exclus de la maison et cela signale, d’une certaine manière, un début de socialisation, même si ce
Les jeunes enfants ont tous été découverts dans des
nécropoles, et presque toutes les nécropoles en ont reçu,
pour peu que ces dernières aient fait l’objet de fouilles
étendues : Camp de l’Église-Sud, le Frau, Arihouat,
Toulouse-place des Carmes, Negabous, Albi-place du
Vigan, Gourjade, le Martinet, le Causse, le Moulin et le
Grand Bassin I de Mailhac, la Gabache, las Peyros, BelAir, le Peyrou, Saint-Julien, tumulus de Saint-Martin, de
Viols, de Peyrescanes, de Combe-Sévène et de Ventavon
(fig. 3). Cependant à l’exception de Negabous au Bronze
final IIIb, et du Moulin au Bronze final IIIb et à la transition Bronze-Fer, où la proportion de ces défunts paraît
normale par rapport au taux de mortalité attendu, partout ailleurs, pour peu que le nombre de tombes fouillées
soit conséquent, cette classe d’âge est sous-représentée :
le plus souvent il manque au moins la moitié des jeunes
enfants et parfois bien plus, jusqu’à 90 % au Causse et
au Martinet au VIIe s. et au début du VIe s. av. J.-C., ce
qui sous-entend, là encore, qu’on ignore tout des usages
concernant certains d’entre eux.
Dans les nécropoles à incinération, l’usage de placer
ou non les restes du jeune défunt incinéré dans un vase
ossuaire suit celui qui est en vigueur pour les adultes.
À l’Ouest du fleuve Hérault, dans les régions où règne
l’incinération jusqu’à l’époque gallo-romaine, ce dépôt
des restes dans un ossuaire est l’usage normal, du Bronze
final IIIb jusqu’au milieu du VIe s. av. J.-C., pour tous
les trépassés y compris les jeunes enfants ; et quand, à
partir du milieu du VIe s. av. J.-C., les nécropoles occidentales connaissent une évolution en la matière et que
le dépôt des restes osseux directement dans le loculus
devient de plus en plus fréquent puis majoritaire et,
sur certains sites, exclusif, les jeunes enfants suivent
la tendance générale. Il en va de même en Languedoc
oriental et en Provence quand, à partir du VIe s. av. J.-C.,
l’incinération a remplacé l’inhumation (Dedet 2004).
Ainsi, par exemple au IIIe s. av. J.-C., dans la nécropole
153
BERNARD DEDET
Fig. 3. Localisation des nécropoles protohistoriques du Sud de la France citées dans le texte.
d’Ambrussum où le dépôt des restes incinérés se fait
directement dans le loculus, aucun jeune enfant ne fait
exception à cette pratique (Dedet 2012).
L’ossuaire du jeune enfant est un vase de forme courante dans chaque nécropole, la même que celle qui sert
généralement pour les adultes, forme ouverte ou fermée
selon les lieux. Le plus souvent, dans près de 80 % des cas
(72 des ossuaires individuels d’enfants dans des tombes
individuelles ou partagées), c’est un vase de même
dimension que pour les adultes, mais, dans près de 20 %
des cas, c’est un récipient de dimensions réduites qui est
utilisé. À cet égard, la comparaison entre l’ossuaire de la
tombe d’adulte 168 du Moulin avec celui du jeune enfant
de la tombe 161 de la même nécropole est particulièrement éloquente (fig. 6, A-B). Il en va de même à Gourjade
par exemple : l’ossuaire du jeune enfant de la tombe 329
est de même forme que celui de l’adulte de la tombe 130,
mais de moindre taille (fig. 6, C-D). La différence peut
aussi concerner à la fois la capacité du vase-ossuaire et sa
forme : est très significative à cet égard la tombe partagée
70 de Gourjade où les restes de l’adulte sont dans une
grande urne tandis que ceux de l’enfant prennent place
dans une petite coupe basse (fig. 6, E).
Dans certains cas, cependant, l’ossuaire du jeune
enfant est bien particulier. Ainsi on s’est servi, pour le
jeune défunt de la tombe 101 d’Arihouat, d’une petite
154
tasse ansée dont on ne retrouve qu’un autre exemplaire
sur le site ; et à Saint-Julien, dans la tombe 241, c’est le
pied haut d’un grand cratère, sectionné du reste du vase
et posé à l’envers, qui a reçu les os brûlés (fig. 6, F).
Mais ces deux cas signalent surtout que point n’est
besoin d’un grand contenant pour ces jeunes morts.
En dehors de l’ossuaire éventuel et de son couvercle,
le matériel d’accompagnement est présent dans 86,7 %
des tombes de jeunes enfants.
La catégorie la plus fréquente, qui figure dans 71,4 %
des tombes, est constituée par les vases d’accompagnement (fig. 6, B), mais ceux-ci sont en moyenne moins
nombreux que dans les tombes de leurs aînés. Cette
différence varie évidemment selon les nécropoles et
les époques : par exemple elle est d’environ un tiers de
vases de moins dans les tombes de jeunes enfants par
rapport à celles des adultes à Mailhac au Bronze final
IIIb et à la transition Bronze-Fer, à Gourjade entre 675575 ou au Peyrou au VIIe s. av. J.-C. ; elle peut être
plus forte, comme au Causse au début du premier Âge
du Fer, où figurent quatre fois moins de vases dans les
sépultures de jeunes enfants que dans celles des adultes ;
à l’inverse, elle peut être moins importante, comme au
Martinet avec 5,4 récipients en moyenne pour les jeunes
enfants contre 6,8 pour les adultes, ou encore à Gourjade
au Bronze final IIIb et à la transition Bronze-Fer ; et
MOBILIER FUNÉRAIRE ET STATUT DES ENFANTS DANS LE MONDE INDIGÈNE PROTOHISTORIQUE DU SUD DE LA FRANCE
Graphique 1. Fréquences des tombes de jeunes enfants pourvues des
différentes catégories d’objets.
Fig. 4. Deux exemples de tombes de nourrissons dans des habitats
protohistoriques. A : oppidum de Gailhan (Gard), sujet âgé de un à trois
mois et dépourvu d’objet (d’après Dedet, Duday, Tillier 1991 et relevé H.
Duday) ; B : oppidum de Ruscino (Pyrénées-Orientales), sujet âgé de
six à douze mois et équipé d’un collier (d’après Marichal, Rébé 2003 et
relevé V. Fabre).
parfois, mais rarement, autant de vases accompagnent
les premiers que les seconds, comme à Las Peyros au
VIe s. av. J.-C.
L'ossuaire est souvent plus petit que celui des autres
morts, différence qu’on ne retrouve cependant pas
pour les vases d’accompagnement. Très rares sont les
sépultures qui font exception, comme le Peyrou 30 où
tous les vases, quatorze au total, sont des modèles plus
petits que ceux rencontrés dans les autres sépultures
de la nécropole. Cependant, ces objets ont une taille
suffisamment importante pour empêcher d’y voir des
éléments de jeu de dînette.
Un dépôt de restes animaux intéresse aussi 18 % des
tombes, soit une proportion semblable à celle concernant
les adultes. En marge de cette catégorie, car ayant sans
doute une autre fonction symbolique, figure aussi la valve
de coquillage, déposée auprès de 5,4 % d’entre eux.
Pour le reste, l’accompagnement de ces jeunes
défunts est toujours constitué de petits objets familiers, des pièces de la vie quotidienne se rapportant
essentiellement à l’habillement et à la parure. Pour la
première catégorie, l’épingle en bronze équipe 25,9 %
de ces enfants (par exemple fig. 6, D-E), un anneau
18,8 %, une fibule 7,1 % et une chaînette 7,1 %. Pour
la parure, il s’agit surtout de bracelets ou d’armilles
dans 25,9 % des cas (par exemple fig. 6, F), de perles
pour 8 % de ces enfants et, dans une tombe, de boucles
d’oreilles en argent ; mais la présence de métal précieux
est très exceptionnelle pour cet âge. Plus rarement ces
objets évoquent une activité de tous les jours, comme
la fusaïole qui accompagne 11,6 % de ces enfants (par
exemple fig. 6, D) ou, très exceptionnellement, le couteau (1 %) (Graphique 1).
Ce mobilier est généralement déposé dans les tombes
de jeunes enfants en quantité moindre que dans celles
des adultes : aux premiers sont confiés entre deux et
quatre fois moins de pièces qu’aux seconds. Et à la différence des morts plus âgés, ne figure pour cette classe
d’âge aucun bien de valeur, vase importé rare, vaisselle
métallique, pièce volumineuse en bronze, en fer, ou en
métal précieux. Sont également absentes toutes pièces
155
BERNARD DEDET
Graphique 2. Fréquences comparées des objets à connotation sexuelle dans les tombes de jeunes enfants, de grands enfants et d’adultes.
156
MOBILIER FUNÉRAIRE ET STATUT DES ENFANTS DANS LE MONDE INDIGÈNE PROTOHISTORIQUE DU SUD DE LA FRANCE
Graphique 3. Fréquences des tombes de grands enfants pourvues des différentes catégories d’objets.
Fig. 5. Exemples de matériel de tombes de nourrissons de six à douze mois dans des nécropoles protohistoriques.
A : Ruscino (d’après Marichal, Rébé 2003)
B : Le Causse (d’après Giraud, Pons, Janin dir. 2003)
C : Gourjade (d’après Giraud, Pons, Janin dir. 2003)
D et E : Las Peyros (d’après Solier, Rancoule, Passelac 1976).
157
BERNARD DEDET
pouvant être interprétées comme des jouets. Mais le
fait important est sans nul doute que, lorsque ces objets
marquent une symbolique sexuelle, apparaît une quasi
exclusivité des pièces pour lesquelles une connotation
féminine est admise par ailleurs, coquillage, fusaïole,
plusieurs bracelets, par exemple. Cela n’est pas réservé
à une communauté villageoise, une région ou à une
époque particulières. Sur 122 tombes individuelles ou
à ossuaire individuel de jeunes enfants répertoriées,
39 (soit 32 %) sont pourvues d’objets à symbolique
sexuelle et la grande majorité de ce lot, 35 tombes, soit
90 %, livrent un ou plusieurs objets de type féminin,
seulement 2 (Gourjade 383 et Negabous 258), soit 5 %,
ont un objet présumé masculin, et deux autres (5 %)
associent les deux symboliques. Et cette répartition est
très différente de celle que l’on perçoit pour les adultes
dans l’ensemble de la région : 39,7 % de tombes avec
objets « féminins » et 60,3 % avec objets « masculins »
(Graphique 2).
Ce comptage permet de formuler deux hypothèses
contradictoires. Si l’attribution de telles pièces symbolise le sexe du jeune mort, une infime minorité de petits
garçons bénéficierait d’une telle symbolique, tandis
qu’une bonne partie du contingent de petites filles serait
concernée. Selon cette hypothèse, on pourrait aussi envisager que les garçons soient déposés ailleurs que dans
les nécropoles.
La seconde supposition est que, pour cette classe
d’âge, le dépôt de tels objets n’est pas corrélé au sexe
du défunt mais bien plutôt à son jeune âge. On accompagnerait préférentiellement le petit mort d’objets de
type féminin parce que, garçon ou fille, il appartenait de
son vivant au monde des femmes de la maisonnée. Or
deux autres séries de faits amplifient cette connotation
féminine des tombes de jeunes enfants et permettent de
conforter cette seconde piste.
En premier lieu, dans les tombes qu’un jeune enfant
partage avec un adulte, en dehors des cas évoqués ci-dessus où chaque sujet a son ossuaire individuel, on constate
là encore une prépondérance de la connotation féminine
du mobilier. Sur un total de 34 de ces tombes plurielles,
26 fournissent des objets sexuellement connotés : parmi
elles 16 sont pourvues d’objets de type féminin et, dans
un cas, l’étude ostéologique permet de conclure qu’il
s’agit bien d’une femme ; à l’inverse seules 6 tombes
ont des objets présumés masculins et une autre, d’après
l’étude des os, est celle d’un homme ; enfin seulement
deux tombes associent les deux types d’objets.
En second lieu, dans plusieurs nécropoles, des tombes
de jeunes enfants, pourvus ou non de ces objets présumés féminins, sont regroupées à proximité immédiate de
la sépulture d’un adulte accompagné d’objets à symbolique féminine, ou même placées dans une liaison ou une
158
dépendance topographique très étroite avec celle-ci ;
et a contrario, de tels liens avec des tombes d’adultes
pourvus d’objets connotés masculins sont tout à fait
exceptionnels. Cela s’observe dans plusieurs cimetières
et de manière répétitive, quelle que soit l’époque. Un
exemple parmi d’autres : à Gourjade, à la transition
Bronze-Fer, les trois tombes de jeunes enfants T 150,
T 152 et T 237 sont toutes trois accolées à la périphérie de l’entourage d’une sépulture d’adulte dont le sexe
biologique est féminin (T 128) (fig. 8, A) ; au Camp de
l’Église-Sud, les trois sépultures de jeunes enfants T53,
54 et 55, alignées et jointives, sont contiguës sur cet axe
à la tombe d’un adulte pourvu d’un mobilier à connotation féminine (T9) ; à Ambrussum au IIIe s. av. J.-C., le
loculus de la tombe du jeune enfant T22 est à proximité
immédiate de celui d’une tombe d’adulte T23 possédant
des objets présumés féminins (fusaïole, paire de bracelets) et le même amoncellement de terre surmonte les
deux loculi.
Il paraît donc assuré que, pour cette classe d’âge des
1-6 ans, la connotation féminine des objets ne renvoie pas
au sexe du jeune enfant, mais qu’elle est bien plutôt le
signe que, de son vivant, la place du petit enfant était avec
sa mère et les autres femmes de la maison. De surcroît,
cette absence d’équilibre dans la symbolique sexuelle
des objets placés dans ces sépultures est en total contraste
avec ce que l’on constate pour les enfants plus âgés.
Les grands enfants de 7 à 14 ans
À l’instar des jeunes enfants, tous les 7-14 ans
actuellement reconnus proviennent des nécropoles. Ce
sont presque toujours les mêmes sites que ceux qui
ont accueilli les défunts précédents, le Frau, Arihouat,
Negabous, Gourjade, le Martinet, le Causse, le Moulin
et le Grand-Bassin I de Mailhac, las Peyros, Bel-Air, le
Peyrou, Saint-Julien et Ventavon, mais aussi le Campd’Alba, Saint-Antoine, les tumulus de Cazevieille,
du Ravin des Arcs, de Villeplaine, du Vayssas et de
Pertuis (fig. 3). Dans certaines nécropoles on constate
encore un déficit des plus jeunes de cette classe d’âge,
les 7-9 ans, mais moins important toutefois que pour les
1-6 ans. Partout cependant, la normalité est atteinte avec
les 10-14 ans.
Tous ces grands enfants sont traités de la même
manière que les adultes. Là où règne l’incinération et
où le dépôt des restes se fait dans un ossuaire, ce dernier ne marque généralement pas de différence avec
celui des adultes, ni dans la forme, ni dans la taille, et
en cela ces grands enfants se démarquent bien des plus
jeunes. Un seul de ces défunts a un ossuaire de forme
MOBILIER FUNÉRAIRE ET STATUT DES ENFANTS DANS LE MONDE INDIGÈNE PROTOHISTORIQUE DU SUD DE LA FRANCE
Fig. 6. Exemples de matériel de tombes de jeunes enfants de 1 à 6 ans dans des nécropoles protohistoriques.
A et B : Le Moulin (d’après Taffanel, Taffanel, Janin 1998)
C, D et E : Gourjade (d’après Giraud, Pons, Janin dir. 2003) ; F : Saint-Julien (étude en cours).
159
BERNARD DEDET
Fig. 7. Exemples de matériel de tombes de grands enfants de 7 à 14 ans dans des nécropoles protohistoriques.
A : Le Peyrou (d’après Nickels, Marchand, Schwaller 1989) ;
B : Le Causse (d’après Giraud, Pons, Janin dir. 2003)
C : Ambrussum (d’après Dedet 2012).
160
MOBILIER FUNÉRAIRE ET STATUT DES ENFANTS DANS LE MONDE INDIGÈNE PROTOHISTORIQUE DU SUD DE LA FRANCE
Fig. 8.
A : Gourjade, exemple de localisation de tombes de jeunes enfants
auprès de la tombe d’une femme
B : Le Causse, exemple de localisation de tombes de grands enfants
auprès de tombes d’adultes présumés masculins d’après les objets
d’accompagnement
(d’après Giraud, Pons, Janin dir. 2003, complété).
bien particulière, celui de la tombe 95 du Causse où les
os sont placés dans un cruchon.
Si, dans les tombes de grands enfants, la fréquence
des offrandes de viande est toujours comparable à celle
qui prévaut pour les adultes et les adolescents, soit un
dépôt de faune dans 28 % des cas, il n’en va pas de même
pour le reste du matériel déposé : vases céramiques,
pièces métalliques et autres petits objets sont toujours en
moyenne moins nombreux que dans les tombes de leurs
aînés. Il s’agit encore le plus souvent de petits objets
familiers de la vie courante, mais la liste se diversifie
(fig. 7 et Graphique 3) :
- pour l’habillement : toujours l’épingle (18 % des
tombes), un ou plusieurs anneaux (12,5 %), la fibule
(12,5 %), mais aussi l’agrafe de ceinture (5,5 %) ;
- pour la parure, toujours les bracelets et armilles (18 %),
la perle (6,9 %), la boucle d’oreille (1,4 %), mais aussi le
torque (4,2 %), la spirale à cheveux (1,4 %) et le boutonapplique (1,4 %) ;
- des objets de toilette, et c’est nouveau : le scalptorium
et la pince à épiler (5,5 %) ;
- des ustensiles également plus variés : toujours la
fusaïole (13,9 %), mais aussi le couteau (11,1 %) et le
poinçon (1,1 %) ;
- des armes même, pas des jouets mais de vraies armes,
dans quatre tombes, soit 5,5 % : Grand-Bassin I 55 et
Negabous 331 au milieu du VIIe s., l’Agnel 1 et SaintAntoine au tournant des VIIe-VIe s. et au second quart du
VIe s. av. J.-C.
Évidemment ces quatre derniers défunts se détachent
très nettement des autres par le symbole d’activité guerrière, mais ce n’est pas la seule. Encore faut-il distinguer
les deux plus anciens des deux plus récents.
Les deux premiers se singularisent aussi des autres
défunts de leur âge par un mobilier particulièrement
abondant. Outre un poignard à antennes en fer, celui de
la tombe 55 du Grand-Bassin I est équipé de deux couteaux, d’une fibule, d’un lot d’anneaux et d’un crochet
en fer, d’un bracelet et d’un scalptorium en bronze, et,
en plus de l’ossuaire, de vingt vases non tournés dont
un cratère à décor excisé (Lenorzer 2009, p. 224). Dans
la tombe 331 de la nécropole de Negabous, le défunt est
accompagné de fragments d’une épée, de deux kardiophyllax, de trois couteaux, d’un cratère et de cinq coupes
non tournées, ainsi que de pièces de parure et d’habillement, des éléments de placage de ceinture, d’une fibule
et d’une épingle, des éléments de deux autres fibules
ou épingles, d’un bracelet et d’un brassard d’armilles
(Toledo i Mur 2010, p. 242-245). À l’inverse des autres
objets, ces armilles sont adaptées à la morphologie du
défunt, avec un diamètre intérieur de l’ordre de 40 mm,
ce qui marque sans doute un double reflet, à la fois celui
de l’identité du jeune mort, âgé entre 7 et 12 ans, et celui
de la symbolique guerrière qu’on a voulu lui associer.
Pour les deux autres enfants pourvus d’armes, on a
aussi mis symboliquement en scène un autre aspect de
vie non quotidienne, le banquet, dans un contexte de
contacts avec les commerçants étrusques et grecs. Vers
600 av. J.-C., l’enfant de huit à treize ans du tumulus 1
161
BERNARD DEDET
Fig. 9. Matériel du tumulus 1 de l’Agnel à Pertuis : grand enfant pourvu d’armes et d’éléments du banquet.
1 : œnochoé en bronze de style dit rhodien de fabrication étrusque ; 2 : casque en bronze ; 3 et 4 : bouterolle et élément de fourreau en fer
5 : couteau en fer ; 6 : chaînette en fer et fragment d’agrafe (?) en bronze, en fusion ; 7 : tige en fer ; 8 : trousse de toilette en fer
(d’après Dedet, Marchand à paraître).
de l’Agnel est accompagné, en plus des armes, d’un
casque, d’éléments de cuirasse, d’un fourreau d’épée et
d’un couteau, de vases en bronze importés d’Italie, d’une
grande œnochoé et d’un bassin à rebord perlé, qui ne se
rencontrent qu’exceptionnellement dans la région et qui
sont liés au service du vin (Dedet 2008, p. 277) (fig. 9).
La tombe de Saint-Antoine, du second quart du
VIe s. av. J.-C., abrite un trépassé de 12 à 16 ans, là aussi
avec des armes, une lance et un javelot tout en fer, et
des récipients évoquant le transport du vin et son absorption, vases plus nombreux et moins exceptionnels qu’à
l’Agnel, mais néanmoins pour la plupart importés, une
amphore et deux canthares étrusques en bucchero nero,
une coupe italo-corinthienne provenant d’Italie du Sud,
une coupe grise monochrome de fabrication régionale,
deux coupes en céramique non tournée locale et un simpulum en bronze (Houlès, Janin 1992) (fig. 10).
Ces grands enfants du Sud de la France équipés
d’un véritable armement semblable à celui des adultes
ne sont pas isolés en Protohistoire. Sans vouloir être
exhaustif, on se contentera d’évoquer l’exemple de
deux autres régions méditerranéennes : en Castille, dans
la nécropole de Carratiermes (Soria), deux enfants des
VIe-Ve s. av. J.-C. ont des armes, l’un âgé de 12 à 14 ans
162
(tombe 267) et l’autre de 6 à 8 ans (tombe 301) (Argente
Oliver, Díaz Díaz, Bescós Corral 2000) ; en Italie du
Nord, dans la nécropole de Monte Tamburino à Monte
Bibele près de Bologne, sur un total de quelque 160
tombes datées des IVe-IIIe s. av. J.-C., figurent trente-cinq
adultes ou adolescents pourvus d’armes ainsi que quatre
enfants, deux de 10-11 ans avec une ou deux lances
(tombes 59 et 117), un de 13-15 ans avec une épée, son
fourreau et un pilum (tombe 66), et aussi un « bambino »
avec une lance (tombe 99) (Vitali 2003).
Au-delà des cas, certes emblématiques mais au
demeurant rares, de ces enfants armés, il convient d’envisager d’une manière générale la présence des objets
à symbolique sexuelle auprès des grands enfants. De
tels dépôts concernent 40 % des tombes de cette classe
d’âge, fréquence désormais semblable à celle qui prévaut
pour les tombes d’adultes et/ou d’adolescents (41,5 %
pour l’ensemble de la région). Mais cette symbolique se
transforme profondément. Si, pour les jeunes enfants,
il s’agit presque uniquement de signes féminins, pour
les grands enfants un rééquilibrage se remarque entre
tombes avec objets à connotation féminine et tombes
pourvues de pièces à symbolique masculine. En effet,
MOBILIER FUNÉRAIRE ET STATUT DES ENFANTS DANS LE MONDE INDIGÈNE PROTOHISTORIQUE DU SUD DE LA FRANCE
Fig. 10. Matériel de la tombe de Saint-Antoine à Castelnau-de-Guers : grand enfant pourvu d’armes et d’éléments du banquet.
1 : amphore étrusque ; 2 et 3 : pointe et talon de lance en fer ; 4 : couteau en fer ; 5 : fibule en fer ; 6 : agrafe de ceinture en bronze
7 : pince à épiler en bronze ; 8 : simpulum en bronze ; 9 : anneau en fer ; 10 : javelot tout en fer ; 11 et 12 : canthares en bucchero nero étrusque
13 : coupe «italo-corinthienne» ;14 et 15 : coupes non tournées ; 16 : coupe grise monochrome ; 17 : gobelet gris monochrome ;
18 : fragment de tige en fer (d'après Houlès, Janin 1992 et Dedet, Marchand à paraître).
si 16 des 28 tombes individuelles de grands enfants
contiennent des objets présumés féminins, 11 d’entre
elles renferment des objets de type masculin. Certes
la parité n’est pas atteinte, du moins d’après les signes
que nous pouvons interpréter, mais 40 % de ces tombes
sont connotées masculines pour 60 % à connotation
féminine, alors que ce rapport s’établit, respectivement,
à 5 % et 90 % pour les jeunes enfants (Graphique 2).
De surcroît, d’une manière générale pour l’ensemble de
la population adulte protohistorique connue du Sud de
la France, les objets présumés féminins sont plus nombreux et apparaissent plus souvent que ceux qui ont une
connotation présumée masculine. Mais ce rééquilibrage
est aussi sensible par d’autres indices.
En premier lieu un signal fort : il arrive que des
tombes individuelles de grands enfants soient placées
dans la dépendance étroite d’une tombe d’adulte muni
d’objets personnels de type masculin. Ainsi au Causse :
deux tombes de grand enfant, T640 et T673, dont l’un
est pourvu d’un couteau, sont accolées à la tombe 650
qui abrite un adulte équipé de trois couteaux ; la tombe
657 d’un grand enfant est contiguë à la tombe 661 d’un
adulte possédant deux couteaux (fig. 8, B). L’exemple
d’Arihouat 153, sépulture double mais à deux vases
ossuaires individuels, exprime aussi très bien la force de
ce lien : au fond du loculus prend place l’ossuaire de
l’adulte, fermé par une dalle de schiste sur laquelle est
posé un rasoir en bronze, symbole masculin ; l’ossuaire
du grand enfant est placé juste sur ce dépôt, dans la partie
supérieure du loculus.
Cela nous rapproche donc de la parité : on aurait
ainsi 11 tombes de grand enfant « masculines » pour
163
BERNARD DEDET
Fig. 11. Matériel de la tombe 263 de Saint-Julien à Pézenas : grand enfant pourvu de nombreux objets à consonance féminine.
1 et 2 : vases non tournés ; 3 et 4 : boucles d’oreille en argent ; 5 à 16 : fibules en fer ; 17 : maillons de chaînette en fer ; 18 : anneau en fer
19 : armilles en bronze (étude en cours).
14 « féminines ». Et ce rééquilibrage dans cette symbolique par rapport aux jeunes enfants est fondé sur des
constatations émanant de plusieurs nécropoles éloignées
dans l’espace comme dans le temps.
Cette tendance à l’égalité est également perceptible
dans les tombes multiples où les restes des défunts
sont mêlés dans le même ossuaire ou la même région
sépulcrale. Sur un total de 24 dépôts de cette nature
répertoriés, 9 sont accompagnés d’objets à connotation
sexuelle : dans quatre tombes ce sont des objets présumés masculins (Grand-Bassin I 177, Gourjade 29, 182
et Ravin des Arcs 11), dans deux des objets présumés
féminins (le Peyrou 24 et le Martinet 53) et, dans trois
autres, des pièces des deux types (le Peyrou 145 et 183
et Saint Julien 4/70). À cet égard la tombe 177 du Grand
Bassin est particulièrement exemplaire, avec un ossuaire
abritant les restes d’un adulte et d’un enfant entre 7 et
12 ans, un poignard à antennes, une pointe et un talon
de lance, deux couteaux, une fibule, un scapltorium
et cinquante-six vases (Lenorzer 2009, p. 111 et 125 ;
Taffanel, Taffanel 1973, p. 195-197).
Un dernier élément va dans le même sens : autant
de tombes individuelles de grands enfants sont installées à proximité de tombes d’adultes pourvus d’objets
personnels à symbolique masculine qu’à proximité de
sépultures d’adultes équipés d’objets personnels à symbolique féminine. Le phénomène est particulièrement net
au Causse, à Gourjade, au Martinet, au Peyrou ou encore
à Arihouat. Par exemple au Peyrou, le grand enfant de
la T 108 côtoie l’adulte de la T 98 pourvu d’un matériel
masculin (un couteau en fer) tandis que ceux des T 101
et 141 voisinent avec des adultes équipés d’objets présumés féminins (T 109 et T 65). Au Martinet, le grand
enfant de la tombe 31 est encadré par deux sépultures
164
d’adultes présumés féminins par la présence de fusaïoles
(T 22 et 32) ; et à l’inverse, celui de la tombe 76 prend
place dans un secteur de tombes d’adultes probablement
masculins car accompagnés de rasoirs et de couteaux
(T 47, 78, 79 et 109). C’est là encore une différence avec
les tombes de jeunes enfants que l’on rencontre essentiellement dans le voisinage des tombes où sont placés
des objets présumés féminins.
Pour les 7-14 ans donc, à la différence des 1-6 ans,
ces symboles masculins ou féminins paraissent désormais corrélés avec le sexe même du jeune mort : aux
filles les objets présumés féminins, aux garçons les
objets présumés masculins et/ou la dépendance étroite
avec une tombe d’adulte présumé masculin. Nul doute
que cela ne reflète désormais des activités et une éducation spécialisées entre garçons et filles.
Parmi les objets confiés à ces grands enfants figurent
parfois des armes de combat et des vases à boire relativement précieux, et cela introduit une nouvelle
dimension dans ces signes. À l’évidence certains de ces
grands garçons peuvent participer à une forme de repas
cérémoniel, banquet ou autre, mais aussi à la guerre,
peut-être en compagnie du père, comme dans la Rome
primitive avant la réforme de la société romaine par le
roi Servius Tullius au VIe s. av. J.-C. (Néraudau 1984
[1996], p. 22, 23 et 59). Armes et, à partir de la fin du
VIIe ou du début du VIe s. av. J.-C., ustensiles du banquet
à la mode grecque ou étrusque prennent place, dans la
région, dans des tombes d’adultes, mais celles-ci sont
cependant assez rares. Cela rehausse encore le caractère
exceptionnel de ces grands enfants à qui on a attribué le
matériel de l’adulte qui participe à la défense du groupe
humain ou le dirige et qui, selon l’époque, peut être en
MOBILIER FUNÉRAIRE ET STATUT DES ENFANTS DANS LE MONDE INDIGÈNE PROTOHISTORIQUE DU SUD DE LA FRANCE
contact avec les trafiquants étrangers, étrusques et grecs,
ou leurs intermédiaires. En revanche, le fait d’allouer
une image aussi avantageuse ne paraît guère accordée
aux filles.
En effet les rares filles, ou présumées telles, qui ressortent du lot par un mobilier un peu plus abondant,
notamment des pièces de parure et d’habillement, le font
avec beaucoup de mesure. C’est le cas, vers la fin du
VIIIe s. av. J.-C., du sujet n° 3 du tumulus 1 du Vayssas
à Séverac-le-Château (Aveyron), une jeune fille d’environ 12 ans d’après l’étude des os, inhumée parée de
deux spirales pour tresses de cheveux, d’une perle tubulaire en bronze et de deux perles en ambre, ainsi que
d’une épingle à tête enroulée, ou le sujet de 10-14 ans
de la tombe 279 de Negabous, du VIIe s. av. J.-C., avec,
outre son vase-ossuaire, une urne, deux coupelles et un
bol non tournés, cinq bracelets en bronze ou en fer, des
armilles, une fibule et une épingle en bronze, ou encore
celui de la sépulture 263 de Saint-Julien, à la fin du VIe s.
av. J.-C., paré de deux boucles d’oreille en argent, de dix
fibules et d’une vingtaine d’armilles en bronze (fig. 11).
En fait, aucun de ces grands enfants connotés féminins
n’est pourvu d’un matériel particulièrement abondant ou
précieux, alors que celui-ci accompagne parfois alors
certaines femmes ou présumées telles.
Conclusion
Dans les pratiques funéraires mises en œuvre pour
les enfants de ce monde indigène, bien des changements
sont perceptibles en fonction de l’âge au décès. Ils apparaissent particulièrement bien au travers du mobilier qui
accompagne ces jeunes morts, tout en se marquant aussi
dans le mode de traitement du corps, le lieu d’élection
de la sépulture et la forme de celle-ci. Quatre grands
groupes de défunts de moins de 15 ans se dégagent, tandis que les adolescents, pour leur part, ne se distinguent
pas des adultes :
- les nouveau-nés, qui ne sont pas encore reconnus
comme êtres humains et ne font pas partie de la société,
et qui sont dépourvus de tout objet ;
- les nourrissons de moins d’un an, caractérisés par un
début d’existence sociale et qu’il convient, vers six
mois, de protéger par quelque amulette ;
- les jeunes enfants de 1 à 6 ans, accompagnés de quelques
objets de la vie quotidienne, reflétant une première éducation donnée par les femmes de la maisonnée ;
- les grands enfants de 7 à 15 ans, pourvus d’un matériel
plus abondant et différent selon le sexe, avec une éducation désormais différente pour les garçons et les filles.
Bien sûr, vu l’imprécision relative des estimations de
l’âge au décès, les limites entre chacune de ces étapes
décisives de la vie de l’enfant doivent sans aucun doute
être atténuées et ne sauraient se confondre avec les
classes définies a priori par les anthropologues et les
paléodémographes. Il n’en demeure pas moins que ces
différents âges correspondent à autant de statuts pour
l’enfant indigène du Sud de la France protohistorique.
Certes, cette évolution sociale, pour cohérente qu’elle
apparaisse, n’est perceptible que pour les enfants qui,
après le stade périnatal, ont accès à la nécropole du village. Notre ignorance est totale pour toute une part de
ces défunts placés ailleurs. Cette part est d’autant plus
importante que ces trépassés sont jeunes, mais, justement,
l’augmentation régulière de la fréquence des ensevelissements dans les cimetières villageois à mesure que l’âge au
décès s’accroît va bien dans le même sens d’une intégration progressive à la société. Et de toute façon, même si
les pratiques funéraires observées ne concernent qu’une
part de la population enfantine, cette part est extrêmement
révélatrice de la perception de l’enfance par la société.
Elle laisse pressentir au moins trois passages :
- un premier vers six mois, avec une agrégation à la
société, quand le risque de mort s’éloigne;
- un autre vers 6-7 ans quand l’éducation des garçons et
des filles semble se différencier ;
- un troisième vers 14-15 ans, qui correspond au passage
à l’âge adulte.
Et l’image fournie par ces sépultures est sans doute
double, le reflet bien réel des stades successifs de la vie
des enfants ici-bas et celui, que l’on ne peut que soupçonner, des différents états prêtés à ces jeunes morts
dans l’au-delà.
165
BERNARD DEDET
Annexe
Inventaire des habitats et des nécropoles ayant
livré des tombes d’enfant
1. Habitats (fig. 1)
- Sainte Colombe, Orpierre, Hautes-Alpes (Courtois
1975, p. 21, 24 et 28 ; Dedet 2008, p. 73 et 144)
- Le Cayla, Mailhac, Aude (Fabre 1990, p. 408-409)
- Montlaurès, Narbonne, Aude (Fabre in de Chazelles
1992 ; de Chazelles 1997, p. 37-38)
- Pech Maho, Sigean, Aude (Solier 1975)
- Le Roc de l’Aigle, Nant, Aveyron (Dedet 2008, p. 66
et 336)
- Puech de Mus, Sainte-Eulalie-de-Cernon, Aveyron
(Dedet, Gruat, Marty 2001 ; Dedet 2008, p. 66 et 336)
- Entremont, Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône
(Dufraigne, Chapon, Richier 2006-2007, p. 230 et
255-256)
- Baou de Saint Marcel, Marseille, Bouches-du-Rhône
(Gantès, Rayssiguier 1980, p. 72 ; Arnaud 1980)
- Saint Blaise, Saint-Mitre-les-Remparts, Bouches-duRhône (Bouloumié 1984, p. 95)
- Roquepertuse, Velaux, Bouches-du-Rhône (Arcelin
2000, p. 97)
- Bourbousson, Crest, Drôme (Treffort 2000, p. 225)
- L’Ermitage, Alès, Gard (Dedet 2008, p. 66 et 336-337)
- Mas Saint Jean, Bellegarde, Gard (Dedet 2008, p. 66
et 337-339)
- Plan de Lavol, Boucoiran-et-Nozières, Gard (Dedet
2008, p. 68 et 339-341)
- La Liquière, Calvisson, Gard (Dedet 2008, p. 68 et
341-342)
- Gailhan-Plan de la Tour (Gailhan, Gard) (Dedet,
Duday, Tillier 1991 ; Dedet 2008, p. 68)
- Vié-Cioutat, Mons, Gard (Dedet 2008, p. 68 et 345)
- La Jouffe, Montmirat, Gard (Dedet 2008, p. 68 et
342-345)
- Nages-Les Castels, Nages-et-Solorgues, Gard (Dedet
2008, p. 68-69 et 345-353)
- Nîmes, Gard (Fabre in Piskorz 1995 ; Dedet 2008,
p. 69 et 353-354)
-Le Marduel, Saint-Bonnet-du-Gard, Gard (Py,
Lebeaupin 1986, p 19 et 71-75 ; Py, Lebeaupin 1989,
p. 139 et 187-189 ; Fabre 1990, p. 405)
166
- Mauressip, Saint-Côme-et-Maruéjols, Gard (Dedet
2008, p. 69 et 354-355)
- Roque de Viou (Saint-Dionisy, Gard (Dedet 2008,
p. 70 et 355-356)
- Castelvielh, Sainte-Anastasie, Gard (Dedet 2008, p. 70
et 357)
- Les Barbes-et-Fon-Danis, Saint-Laurent-de-Carnols,
Gard (Renaud, Porcier, Goury à paraître)
- La Monédière, Bessan, Hérault (Nickels 1989, p. 53,
54 et 57)
- La Ramasse, Clermont-l’Hérault, Hérault (Schneider,
Garcia 1998, p. 181)
- Lattara, Lattes, Hérault (Arnal, Majurel, Prades
1974, p. 31, 37 et 291 ; Prades 1984 ; Fabre 1990,
p. 392-403 ; Fabre, Gardeisen 1999 ; Garcia, Vallet 2002,
p. 24-26 ; Py 2004, p. 79, 82, 89 et 90)
- Ensérune, Nissan-lès-Ensérune, Hérault (Dedet,
Schwaller 1990, p. 144)
- Les Gardies, Pignan, Hérault (Dedet 2008, p. 70-71 et
358-359)
- Ambrussum, Villetelle, Hérault (Dedet 2008, p. 71 et
359-360)
- Ruscino, Perpignan, Pyrénées-Orientales (Marichal,
Rébé dir. 2003, p. 64-65)
- Le Port, Salses-le-Château, Pyrénées-Orientales (information A. Pezin).
2. Nécropoles (fig. 3)
- Les Mollards, Ventavon, Hautes-Alpes (Mahieu,
Boisseau 2000)
- La Gabache, Bram, Aude (Passelac et al. 2002)
- Las Peyros, Couffoulens, Aude (Solier, Rancoule,
Passelac 1976 ; Passelac, Rancoule, Solier 1981)
- Le Moulin, Mailhac, Aude (Taffanel, Taffanel, Janin
1998)
- Grand Bassin I, Mailhac, Aude (Louis, Taffanel,
Taffanel 1998, p. 31-58 ; Taffanel, Taffanel 1973 ;
Lenorzer 2009, p. 124-125)
- Vayssas, Séverac-le-Château, Aveyron (Dedet 2001,
p. 47-52)
- Villeplaine, Séverac-le-Château, Aveyron (Dedet 2001,
p. 40-47)
- Arihouat, Garin, Haute-Garonne (Müller 1985)
MOBILIER FUNÉRAIRE ET STATUT DES ENFANTS DANS LE MONDE INDIGÈNE PROTOHISTORIQUE DU SUD DE LA FRANCE
- Place des Carmes, Toulouse, Haute-Garonne (Pons,
Lagarrigue, Boudartchouk 2005)
- Le Peyrou, Agde, Hérault (Nickels, Marchand,
Schwaller 1989)
- Saint-Antoine, Castelnau-de-Guers, Hérault (Houlès,
Janin 1992)
- Cazevieille, Hérault (Dedet 1992, p. 301-326)
- Ravin des Arcs, Notre-Dame-de-Londres, Hérault
(Dedet 1992, p. 331-334)
- Saint-Julien, Pézenas, Hérault (en cours d’étude)
- Saint-Martin série A, Saint-Martin-de-Londres, Hérault
(Dedet 1992, p. 344-346)
- Bel-Air, Vendres, Hérault (Dominguez, Mazière,
Blaizot 2009).
- Ambrussum, Villetelle, Hérault (Dedet 2012)
- Peyrescanes, Viols-en-Laval, Hérault (Dedet 1992,
p. 355-358)
- Viols-le-Fort, Hérault (Dedet 1992, p. 365-372)
- Le Camp de l’Église-Sud, Flaujac-Poujols, Lot (Pons
et al. 2001)
- Pomeyrol, Quézac, Lozère (Dedet 2001, p. 74-78)
- Combe Sévène, Sainte-Énimie, Lozère (Dedet 2001,
p. 97-107)
- Negabous, Perpignan, Pyrénées-Orientales (Toledo i
Mur 2010)
- Ruscino, Perpignan, Pyrénées-Orientales (Marichal,
Rébé 2003, p. 141-142)
- Place du Vigan, Albi, Tarn (Lenorzer 2009, p. 121-122)
- Gourjade, Castres, Tarn (Giraud, Pons, Janin 2003)
- Le Martinet, Castres, Tarn (Giraud, Pons, Janin 2003)
- Le Causse, Labruguière, Tarn (Giraud, Pons, Janin 2003)
- Le Frau, Cazals, Tarn-et-Garonne (Lenorzer 2009,
p. 120-121)
- Le Camp d’Alba, Réalville, Tarn-et-Garonne (Janin,
Burens, Carozza 1997)
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Le mobilier déposé dans les tombes d’enfants des colonies
grecques d’Ampurias, Agde et Marseille
Manuel Moliner
N
GAULE
MER NOIRE
AGDE
MARSEILLE
ITALIE
ROME
AMPURIAS
ESPAGNE
TARENTE
MER
TYRRHÉNIENNE
MER
IONIENNE
CARTHAGE
PHOCÉE
GRÈCE
SICILE
SYRACUSE
ATHÈNES
ASIE MINEURE
MER ÉGÉE
ALEXANDRIE
ÉGYPTE
Fig. 1. Carte de localisation des sites mentionnés (Infogr. M. Moliner).
Abstract. Over the last 50 years, the sites of ampurias,
agde and Marseille have yielded significant evidence of
the cemeteries of these Greek colonies and, in particular, for the burial customs associated with children. This
article draws up a detailed corpus of children’s burials
and a full diachronic analysis of the offerings (whether
peculiar to children or not) that accompanied them.
Depuis plus d’un demi-siècle, les sites d’Emporion, d’Agathé Tyché, et de Massalia ont révélé, grâce
à des fouilles d’approches différentes, la dimension
des espaces sépulcraux antiques et en particulier les
nécropoles grecques de ces cités coloniales 1 (fig. 1). La
présence des sépultures d’enfants y est prise en compte
1 Principales sources bibliographiques : Ampurias : Almagro
1953 ; Agde : Nickels 1982, 1989 ; Marseille : Moliner et al. 2003 ;
Rothé, Tréziny 2005.
et mise en évidence 2. L’approche du dépôt de mobilier
– présent ou absent – révèle la place de ces jeunes sujets
au sein du groupe inhumé, c’est-à-dire mis en terre. Nous
proposons de dresser et d’analyser tout d’abord un corpus
actualisé des sépultures répondant au thème de la table
ronde d’Aix-en-Provence pour les trois villes retenues,
puis nous détaillerons les modalités des dépôts de mobiliers en particulier quant au caractère spécifique, réservé
aux enfants ou pas, de ces offrandes et parures accompagnant le défunt. Enfin, la représentativité de ces gestes
sera mise en regard de la population adulte connaissant
ces pratiques. Seule la nécropole de Sainte-Barbe à
Marseille autorise à ce jour une comparaison précise tant
dans la composition des dépôts que dans leur évolution
chronologique.
2 Présentation dans l’ordre des publications des ensembles
funéraires.
171
MANUEL MOLINER
Inventaire des tombes d’enfants à mobilier
Même si cela peut paraître une évidence, nous tenons
à rappeler que se sont essentiellement les « offrandes »
minérales qui nous sont parvenues, les pièces organiques, alimentaires ou végétales, sont quasiment
inexistantes, même si les fouilles récentes de sépultures
accordent toute l’importance nécessaire à ces traces
furtives. Le tableau ci-dessous répertorie les dépôts
d’objets par tombe dans les nécropoles des trois villes
étudiées (fig. 3). Il nous faut donc toujours garder une
certaine distance avec les « résultats » présentés dont on
peut être certain qu’ils ne sont qu’une part limitée de la
réalité des actes pratiqués. En revanche, les méthodes
actuelles permettent de distinguer l’absence volontaire
de dépôt de matériel dans la sépulture, bien évidemment lorsque cette dernière est intégralement conservée.
Les dépôts en dehors de la tombe sont plus rarement
signalés, sans doute à nouveau pour les raisons signalées ci-dessus, mais aussi probablement en raison du
relatif « désintérêt » accordé aux tombes d’enfants 3 et à
leur environnement avant la véritable mise en place de
l’archéologie funéraire des dernières décennies. Ainsi,
certains biais sont nécessairement à prendre en compte
pour toute généralisation des résultats, ce qui nous
contraint à être d’autant plus prudent dans l’exposé des
données.
Les tombes d’enfants à Ampurias 4
Quatre nécropoles grecques d’Ampurias comportent
des tombes d’enfants avec dépôt de mobilier 5 (fig. 2).
Les tombes d’enfants ont été comptabilisées à partir
d’éléments connexes en raison de la très rare mention
de l’âge du défunt. Les trois critères (rarement associés)
sont : la mention dimension de la fosse ou la « longueur des restes humains » lorsqu’ils sont inférieurs à
1,40 m ou bien encore l’utilisation d’amphore comme
3 Une sous-représentation des sépultures de jeunes sujets est
certaine pour les fouilles anciennes qui n’apparaissent souvent qu’en
raison de la présence d’objets près des ossements ou de réceptacles
funéraires appropriés tels la dimension des fosses, les sarcophages
de petite taille ou les amphores, bien que des contre-exemples soient
certains comme des fosses ou réceptacles exigus ou surdimensionnés !
4 Quatre nécropoles ont été fouillées dans les années cinquante et
publiées en 1953 (Almagro 1953), complétées avec les données des
découvertes récentes (Gailledrat 1995).
5 Les données présentées ne prennent en compte que les
informations publiées dans l’ouvrage de 1953. Nous référençons dans
le texte les sépultures à l’identique de la publication qui catalogue
les inhumations puis les incinérations en numérotation continue :
ex. Inh.M77 pour inhumation Marti n°77, Inc.B3 pour incinération
Bonjoan n°3.
172
enchytrismos 6. Les tombes d’enfants sont d’ailleurs
rarement illustrées dans la publication. L’exemple du
cliché de la tombe Marti Inh.M77 (fig. 4) est intéressant car sujet à caution à notre avis avec des ossements
humains en connexion anatomique replacée et des
offrandes sans doute repositionnées après fouille ! En
raison du caractère subjectif de ces choix et des informations publiées par M. Almagro, le dénombrement de
sépultures infantiles retenu ne peut pas être considéré
comme définitivement arrêté 7.
Les deux gisements à forte population, nécropole
Marti et nécropole Bonjoan avec 172 et 84 tombes
grecques ont restitué respectivement 77 et 15 tombes
d’enfants, soit 45 % et 18 % des tombes. La forte présence de jeunes sujets dans la nécropole Marti, proche
de pourcentage normaux de mortalité de population préjennérienne, indiquent, avec 42 tombes d’enfants dotées
d’offrandes, soit près de la moitié de ce groupe d’âge,
des gestes intentionnels et certains fréquents. Avec
12 tombes dans ce cas, soit 80 % du groupe d’âge, la
nécropole Bonjoan trahit une intentionnalité très forte
qu’il faut sans doute relativiser car les tombes d’enfants
sont ici sous représentées avec seulement moins de
1/5e de la population pour un corpus général deux fois
moindre que la nécropole Marti.
Les deux gisements peu importants quantitativement,
nécropole Mateu et nécropole Granada avec 2 tombes
d’enfants sur 17 et 4 tombes d’enfants sur 15, semblent
moins représentatifs au niveau de la population. En
revanche, même si les chiffres sont extrêmement bas
on observera l’absence de dépôt dans les tombes
d’enfants à Mateu et qu’une seule tombe sur 4 à Granada
en comportait.
Si l’on se permet de réunir ces données pour l’ensemble des nécropoles grecques d’Ampurias, on obtient
un pourcentage conséquent pour la présence de tombes
d’enfants avec près d’un tiers des 288 tombes répertoriées
dont plus de la moitié (56 %) comportant des offrandes.
En revanche, aucune approche anthropologique de la
répartition de ces gestes n’est possible pour le groupe
« enfant » car aucune classe d’âge n’a été distinguée.
6 Un seul exemplaire recelait des ossements adultes : la sépulture
à inhumation de la nécropole Marti (Inh.M115) avec amphore
complète longue de 88cm recelant des restes humains de 1,60 m (?).
7 Il en est de même pour le décompte des sépultures d’adultes,
74 inhumations sont certaines à partir des critères retenus pour cet
exposé mais 67 tombes sans indication « exploitable », cependant
non répertoriées comme crémation, ne permettent pas de définir le
groupe d’âge du sujet, lorsqu’il est présent !
LE MOBILIER DÉPOSÉ DANS LES TOMBES D’ENFANTS DES COLONIES GRECQUES D’AMPURIAS, AGDE ET MARSEILLE
Fig. 2. Carte de répartition des tombes d’enfants des nécropoles grecques d’Ampurias. Fond de plan Almagro 1953 p. 15. (infogr. M. Moliner)
1 Marti, 2 Bonjoan, 3 Granada, 4 Mateu, 5 Parking, 6 Portixol.
En gris : nécropoles indigènes, rouge : nécropoles grecques, vert : nécropoles romaines, bleu : nécropoles paléochrétiennes.
Carrés noirs : tombes d’enfants.
173
MANUEL MOLINER
Total
tombes
grecques
Total
tombes enfants
Tombes
enfants
avec dépôts
Tombes
enfants
avec parure
Classe d’âge
En nombre de
tombe
Martí
140 inh. 32 inc.
172
77
(45%)
42
(55%)
16
(21%)
Inconnue
Bonjoan
80 inh. 4 inc.
84
15
(18%)
12
(80%)
3
(20%)
Inconnue
Mateu
6 inh. 11 inc.
17
2
(12%)
0
Granada
14 inh.1 inc.
15
4
(27%)
1
(6%)
1
(6%)
Inconnue
Totaux
288
98
(34%)
55
(56%)
20
(20%)
Inconnue
Le Peyrou 1977-78
Env. 40
Quelques unes
Aucune
Aucune
Inconnue
Sites
AMPURIAS
Inconnue
AGDE
MARSEILLE
Découvertes anciennes
Carénage 1831-32
Pl. dizaines
inconnu
Lazaret 1865
1
0
Pharo 1876
6
0
Rue Sainte-Marthe 1883
1
0
Saint-Mauront 1885
12
1
Inconnue
Fouilles récentes
2
1
Nouveau-né : 1
3 - 5 ans : 1
Tapis-vert 1953
8
3
Bourse enclos nord 1974
15
1
0 - 1 an : 1
Cours Julien 1981
2
1
« jeune enfant » : 1
Bourse enclos sud 1984
4
0
0 - 1 an : 25
1 - 4 ans : 1
5 - 9 ans : 1
0 - 14 ans : 2
Immat. jeune : 4
Sainte-Barbe 1991
66 inh. 29 Inc. 1 ind.
96
33
(33%)
13
(40%)
3
(9%)
Totaux
145
39
(27%)
15
(39%)
4
(10%)
Plus de
430 tombes
Plus de 137
tombes
(env. 30%)
Plus de 70
tombes
(env. 50%)
Plus de 24
tombes
(env. 18%)
Effectif global
Fig. 3. Tableau général des tombes d’enfants avec dépôt de mobilier dans les nécropoles d’Ampurias, Agde et Marseille (M. Moliner).
174
LE MOBILIER DÉPOSÉ DANS LES TOMBES D’ENFANTS DES COLONIES GRECQUES D’AMPURIAS, AGDE ET MARSEILLE
Les tombes d’enfants à Agde 8
Une quarantaine de tombes d’époque grecque sont
signalées dans ce gisement funéraire protohistorique
situé à l’Est de la ville actuelle (fig. 5). Quelquesunes sont mentionnées comme des tombes d’enfants
sans mention des classes d’âge mais avec l’indication
d’un réceptacle funéraire spécifique. Pour les tombes
d’enfants, l’absence de matériel associé est clairement
indiquée « …le mobilier est réduit à l’amphore qui sert
de contenant… », alors que certaines tombes d’adultes
en sont dotées, nous en préciserons les modalités dans la
suite de l’exposé (Nickels 1982, p. 277-278).
Les tombes d’enfants à Marseille
Les nécropoles de Marseille ont été l’objet de
recherches renouvelées depuis la découverte de la nécropole de Sainte-Barbe en 1991 (fig. 6). Les gisements
d’époque grecque sont peu nombreux et ont souvent
un effectif faible, sauf la nécropole de Sainte-Barbe
(Moliner 2001). Six sites ont livré des tombes d’enfants
dont seulement deux attestent de façon certaine des
dépôts pour les jeunes sujets. L’histoire des découvertes
révèle les brèves mentions ou beaux objets conservés
dans les trouvailles anciennes puis la prise en compte de
ces sépultures avec une pertinence certaine des observations dans les fouilles « récentes », ceci depuis les travaux
de L. Chabot et J.-B. Féraud en 1953 à la rue Tapis-vert.
Les trouvailles anciennes 9
Malgré une documentation difficilement exploitable dans cette étude, nous rappellerons que cinq sites
témoignent de la présence de tombes grecques mais
qu’un seul atteste une tombe d’enfant. L’indigence des
témoignages est bien évidemment la conséquence de
l’inattention portée aux individus et la recherche exclusive des belles pièces. Ainsi, les gisements du Lazaret
en 1865, du Pharo en 1865, de la rue Sainte-Marthe en
1883 sont muets sur les jeunes morts. En revanche, les
observations au quartier Saint-Mauront en 1885 signale
une tombe d’enfant dans un petit groupe de douze
tombes, mais on ignore l’âge du défunt qui n’était pas
accompagné de mobilier. Enfin, le très important site
du bassin de Carénage, « archéologiquement surveillé »
8
Nécropole du Peyrou, fouillée en 1977-78 et publiée en 1989 (Nickels
1989). Les tombes d’enfants sont signalées dans un article antérieur (Nickels
1982).
9 Nous renvoyons le lecteur aux notices sur les sites funéraires
que nous avons publiées dans la Carte archéologique de Marseille
(Rothé, Tréziny 2005).
entre 1831-32, a livré sans doute des dizaines de tombes
grecques parmi les centaines de tombes antiques signalées, mais sans aucune mention d’enfants. Or, parmi les
mobiliers qui ont intégré les collections publiques, certaines pièces sont susceptibles d’appartenir à des tombes
de ce groupe d’âge (voir ci-dessous).
Les fouilles récentes
Quatre découvertes dont trois fouilles scientifiques
vont restituer la place des enfants dans les nécropoles
antiques et tout particulièrement dans les nécropoles
grecques d’époque classique et hellénistique 10.
- Précurseurs de l’archéologie funéraire à Marseille,
L. Chabot 11 et J. -B. Féraud observent et publient trois
tombes d’enfants d’époque grecque en sarcophages de
petite taille à la rue Tapis-vert dont deux avec mobilier
en offrandes et un élément de parure (S2 et S6) parmi les
huit tombes datées du Ve au IIe s. av. J.-C. et les douze
tombes impériales du site exploré (fig. 7) 12 (Chabot,
Féraud 1959). Les restes humains étudiés alors par
R. P. Charles signalent brièvement deux nouveau-nés
(S2 et S6) et un enfant de 3-5 ans (S5).
- Lors des fouilles de la Bourse dans les années 1970-80,
deux enclos funéraires grecs du IVe s. av. J.-C. ont été
explorés (Bertucchi 1992). L’enclos Nord, fouillé intégralement en quelques jours en 1974, a livré quinze
tombes dont une d’enfant en enchystrimos (fig. 8).
Déposé dans un vase en pâte claire massaliète, un
périnatal (T7) a été enterré dans l’angle Sud-Ouest de
cet espace fermé, sans mobilier d’accompagnement.
L’enclos Sud, dit monument aux triglyphes en raison de
sa frise dorique basse, a livré, pour la partie fouillée en
1984 (environ un quart de la superficie), quatre tombes
dont une multiple mais aucune sépulture d’enfant. On
observera la détermination de la classe d’âge du jeune
mort, un « fœtus » 13 de l’enclos Nord, sans doute décédé
10 On rappellera l’absence récurrente de découvertes de tombes
d’époque archaïque pour Marseille en dépit de fouilles répétées en
particulier ces vingt dernières années tant à l’intérieur qu’à l’extérieur
du ou des périmètres restitués de la cité massaliète, de la période
archaïque à son extension maximale de près de 50 hectares dans sa
fortification du IIe s. av. J. -C.
11 Nous avons tenu à rendre hommage à ce haut personnage de
l’archéologie provençale et marseillaise décédé en 2010, véritable
précurseur en archéologie funéraire (Moliner 2009).
12 Grâce à l’obligeance de L. Chabot, dans le cadre de l’occasion
de l’exposition « Parcours de ville » présentée au musée d’Histoire de
Marseille en 1999, nous avons pu reprendre les données de fouilles
dont le plan ci-joint est extrait (Moliner 1999, p. 164).
13 La tombe T7 est l’unique inhumation des deux enclos qui ont
livré des dépôts de crémation non étudiés dans des vases de facture et
d’importations diverses dont de belles productions attiques et un vase
chypriote.
175
MANUEL MOLINER
Fig. 4. Ampurias nécropole Marti, tombe en fosse Inh.M77
(Almagro 1953 pl. II).
Fig. 5. Carte de localisation de la nécropole du Peyrou à Agde,
Nickels 1989.
à la naissance et mis en terre dans un espace clos dont
on ne sait s’il constitue un enclos familial ou d’une autre
nature, cependant installé au-devant de la porte principale de la cité, à proximité immédiate de l’enclos Sud
interprété à ce jour comme un herôon 14.
- La découverte fortuite de deux tombes « antiques »,
au cours Julien en 1981 n’est relatée que par la presse
quotidienne locale. Lors de nos recherches sur les nécropoles de Marseille, nous avons eu l’opportunité de
retrouver au musée d’Histoire des éléments pertinents
pour la localisation et la détermination des sépultures.
Les restes humains d’un adulte sont associés à ceux d’un
« jeune enfant ». Le mobilier conservé, qui ne peut être
attribué à l’un ou l’autre des défunts, est cependant bien
daté du IVe s. av. J. -C.
- Les fouilles de la nécropole de Sainte-Barbe exhumée
en 1991 ont restitué 543 tombes antiques à inhumation
et incinération dont 96 tombes datées de la fin du Ve s. à
la mi-IIe s. av. J.-C. (Moliner et al. 2003). Les méthodes
d’investigations scientifiques mises en place, avec en
particulier une approche anthropologique des défunts
dès la fouille, puis leur prise en compte exhaustive dans
la publication renouvellent totalement l’approche d’un
gisement funéraire par ailleurs quantitativement très
important 15. Le recrutement de la nécropole grecque
est constitué d’hommes, de femmes et de 29 tombes
d’enfants dont un nombre très important de nourrissons
compris entre 0 et 1 an (fig. 9). La détermination précise des classes d’âges par les archéo-anthropologues
associée à la discrimination des données de fouilles et
plus précisément sur la question des dépôts de mobiliers permet – enfin – une étude détaillée des gestes de la
population enterrée et une lecture de l’évolution de ces
derniers grâce à la mise en séquence des sépultures qui
présente trois phases principales entre -400 et -150.
La présence de mobilier d’accompagnement en
offrande est attestée dans 13 tombes d’enfants sur 33,
soit plus du tiers des tombes de jeunes sujets d’époque
grecque 16, 3 tombes ont livré également des éléments
de parure pour enfants. On constatera que la répartition
géographique des tombes d’enfants à dépôt se retrouve
majoritairement sur le versant occidental de l’aire
funéraire.
14 À l’instar de la relecture des fouilles de la rue Tapis-vert, nous
avons repris le dossier de la fouille des enclos funéraires avec le
soutien du fouilleur, G. Bertucchi, que nous tenons à remercier pour
la confiance qu’il nous a accordée. Le plan présenté est extrait de
notre communication « Les nécropoles grecques et romaines de
Massalia, pratiques et topographie funéraire » présentée au colloque
de Rhodes en juin 2000 (International symposium : Burial practices
and tradition of the Mediterranean from 1100 b.c. to a.c. 400) dont
les actes ne sont pas parus.
176
15 Les études anthropologiques ont été conduites sur le terrain par
A. Richier (archéo-anthropologue, Inrap), associée pour la publication
à I. Villemeur (archéo-anthropologue, Inrap).
16 Les tombes d’enfants ne représenteront que 14,6 % de l’effectif
de la nécropole impériale, forte cependant de 436 tombes.
LE MOBILIER DÉPOSÉ DANS LES TOMBES D’ENFANTS DES COLONIES GRECQUES D’AMPURIAS, AGDE ET MARSEILLE
MARSEILLE
Saint-Mauront
N
anse
de la Joliette
Lazaret
anse
de l'Ourse
For
tific
at
io
n
Sainte-Barbe
rue Sainte-Marthe
LE PANIER
Tapis-vert
Espace urbain
La Bourse,
enclos
Lacydon
Vieux-Port
Pharo
Cours Julien
Bassin de Carénage
200 m
Fig. 6. Carte de répartition des tombes d’enfants des nécropoles grecques de Marseille (Infogr. M. Moliner). Carrés noirs : tombes d’enfants.
Dépôts d’objets dans les tombes d’enfants
Les mobiliers retrouvés dans les tombes d’enfants
sont présentés en deux groupes, le premier « mobiliers
spécifiques » regroupe les catégories d’objets uniquement retrouvées dans ces tombes ou bien lorsqu’ils sont
majoritairement présents, à savoir : les coquillages,
osselets-astragales, terres cuites plastiques, verreries,
vases miniatures et vases céramiques du type biberon.
Le second groupe « mobiliers non spécifiques » comprend les catégories d’objets aussi bien attestées dans
ces tombes que dans celles d’adultes ou elles sont d’ailleurs les plus fréquentes : vaisselles ou vases à parfum
céramique, éléments de parure, monnaies et clous. Les
deux tableaux ci-après détaillent pour chaque nécropole
d’Ampurias et de Marseille le total et les occurrences
des tombes concernées ainsi que d’éventuelles attestations dans les tombes d’adultes et la classe d’âge des
enfants lorsqu’elle est connue.
Le dépôt de mobilier à Ampurias
Ce sont les tombes d’enfants des nécropoles Marti et
Bonjoan qui nous livrent l’essentiel des données, avec
respectivement 42 et 12 dépôts identifiés pour seulement
1 pour les nécropoles Mateu-Granada. 9 catégories d’objets sont concernées, la plupart du temps avec un nombre
élevé d’occurrences mais parfois unitaire ou presque,
177
MANUEL MOLINER
comme la céramique de type biberon ou les monnaies
(fig. 10). Nous rappellerons qu’aucune classe d’âge n’est
connue pour ces sépultures de jeunes défunts 17 et que
l’indication de la localisation de ces objets dans la sépulture n’est que très rarement mentionnée.
Les dépôts spécifiques
Cinq catégories d’objets, exclusivement ou majoritairement présents dans les tombes d’enfants, sont
désignées comme des dépôts spécifiques (fig. 11).
- Les dépôts de coquillages sont fréquents, 12 et 4 cas
attestés à Marti et Bonjoan, mais ils sont aussi quelquefois signalés dans les tombes d’adultes. Les diverses
espèces identifiées ne comportent qu’une seule valve
parfois multiple 18. L’offrande alimentaire est à exclure,
une dimension symbolique peut être envisagée tout
comme un usage lié à la cosmétique ou comme contenant de matière organique disparue. Sont exclus de cette
catégorie les coquillages percés utilisés en parure.
- Les osselets ou astragales sont eux aussi très fréquents
car souvent retrouvés en groupe, mais présents dans
un nombre plus réduit de tombes avec 7 cas dont 2 à
Bonjoan. Il n’y a que deux attestations dans des tombes
d’adulte à incinération, dans la nécropole Marti (Inc.
M28, Inc.M30) et une dans une inhumation (Inh.M109).
La présence d’astragales, parfois extrêmement nombreux dans certaines tombes des nécropoles grecques,
est souvent interprétée comme un indicateur de tombes
infantiles, ce qui n’est pas le cas à Ampurias car on les
retrouve dans 3 tombes d’adultes.
- Les terres cuites plastiques constituent un lot remarquable dans la nécropole Marti. En effet, 5 tombes en
sont dotées mais peut-être une tombe d’adulte incertaine
également (Inh.B69). Ces objets sont souvent associés
entre eux. Le caractère spécifique de certains objets est
ici très intéressant. 3 tombes ont livré des représentations animales (oiseau, suidé, tortue) et 4 des figurations
humaines. On insistera sur les deux cas particuliers
dans cette catégorie, un Hermès ithyphallique (hauteur
17 La détermination comme « tombe d’enfant ou tombe d’adulte » à
partir des critères signalés auparavant exclut les tombes à inhumation
sans mention précise nous renseignant à ce jour sur l’âge du mort
(hors crémations). Parmi les 60 cas comptabilisés, certains dotés de
dépôts remarquables sont susceptibles d’intégrer un décompte de
sépultures infantiles repris selon d’autres critères.
18 Nous nous permettons de signaler à ce titre que dans l’éventualité
d’une telle fonction « funéraire » un dessin de l’intérieur de la valve
s’imposerait, quoique moins lisible que l’extérieur du coquillage, cette
présentation répondrait plus à l’usage de l’objet dans la tombe. Ainsi,
les reproductions de coquillages des nécropoles d’Ampurias comme
de Marseille (Sainte-Barbe) demanderaient à être accompagnées
d’un dessin ou d’un cliché présentant l’autre face. C’est le cas pour
la nécropole de Sainte-Barbe sur les clichés de fouille publiés avec le
coquillage en position originelle, valve ouverte.
178
10 cm) dans une tombe de jeune enfant (Inh.M20) et une
poupée articulée (hauteur 9 cm) dans une tombe sans
indication métrique ni de taille des restes humains (Inh.
M85) et dont l’interprétation a été reprise récemment
(Papaikonomou 2008). Figurine prophylactique et jouet
(?) semblent ici bien définis. On signalera la présence
d’une amulette égyptienne (hauteur 3 cm) dans la tombe
d’enfant Inh.M112.
- La verrerie est plus fréquente, 10 tombes ont livré de
belles pièces polychromes et trois tombes d’adulte au
moins en sont dotées 19. Ces pièces consistent de remarquables vases à parfum sur noyau d’argile (en forme
d’alabastre, d’aryballe ou d’amphorisque, les trois types
majoritaires) souvent retrouvés en lot, jusqu’à 7 pièces
(Inh.M77). Des perles de verroterie polychromes de
même nature appartenant à des parures de type collier
sont à signaler dans 12 tombes d’enfants de la nécropole
Marti, elles sont plus rares chez les adultes.
- La céramique de type biberon en production à pâte grise
(locale ?) n’est attestée qu’en un seul exemplaire dans la
nécropole Marti (Inh.M85) décrite comme « rhyton »,
elle est par ailleurs associée à une terre cuite plastique
unique, une petite poupée articulée (voir ci-dessus).
Cette « rareté » est surprenante car les tombes de très
jeunes enfants sont certaines même si celles de nouveaunés sont peu nombreuses, mal indiquées ou situées hors
des zones fouillées.
- Les deux exemplaires de vases miniatures ont été
retrouvés dans deux tombes d’enfants (Inh.M134 et Inh.
B24). Il s’agit d’une coupelle à anse relevée et d’une
coupelle carénée qui peuvent être interprétées comme
des jouets ou objets votifs déposés en contexte funéraire.
Les dépôts non spécifiques
- Les céramiques en dépôt sont très fréquentes car
retrouvées dans près de 40 tombes d’enfants dans les
nécropoles Marti et Bonjoan, mais elles sont un peu plus
fréquentes dans les tombes d’adultes et d’âge non déterminés dans lesquelles elles présentent un impressionnant
corpus de vases importés. Ce type de dépôt forme ainsi
plus de la moitié des dépôts dans les tombes d’enfants. Si
une douzaine de formes sont cataloguées, 6 d’entre elles
constituent la majorité des offrandes. L’unguentarium
est le plus largement utilisé dans 17 tombes, souvent en
dépôts multiples. Les lécythes et lécythes aryballisques
suivent en quantité moindre avec 8 et 9 tombes concernées, puis les cruches et bols présents dans 6 et 4 tombes.
Les formes les moins distribuées sont le canthare, l’olpé,
19 L’intégralité des objets de ce type à Ampurias a fait l’objet
d’une étude typo-chronologique détaillée (Feugère 1989, p. 29-62).
L’auteur y démontre la place déterminante d’Ampurias dans la
diffusion de ces vases à parfums.
LE MOBILIER DÉPOSÉ DANS LES TOMBES D’ENFANTS DES COLONIES GRECQUES D’AMPURIAS, AGDE ET MARSEILLE
le lébès, la kylix. Toutes sont présentes également dans
les tombes d’adultes des quatre nécropoles. Pour les
sépultures d’enfants le « service de toilette » avec les
vases à parfums et onguents est très majoritairement présent tandis que le « service à boire » n’accompagne que
rarement le jeune défunt, alors qu’il sera très usité dans
les tombes d’adultes.
- Les clous sont présents dans 16 tombes d’enfants à
Marti mais aussi dans les tombes d’adultes (21 occurrences !). Interprétés comme rituels par M. Almagro,
beaucoup sont certainement plus fonctionnels. Un certain nombre appartiennent vraisemblablement à des
cercueils de bois cloutés non identifiés à la fouille. Dans
ce cas, le « dépôt » métallique perdrait évidemment sa
fonction rituelle tout spécifiquement quand ces objets
ne sont accompagnés d’aucun autre matériel comme
par exemple la sépulture Inh.M111 ou quand la quantité
est importante telles les tombes Inh.M20, Inh.M122 ou
encore Inh.M134 !
- Les éléments du domaine personnel porté ou non (parure,
objets de toilettes, vêtements) sont aussi très fréquents
avec 32 occurrences dans les tombes d’enfants et bien
plus dans les tombes d’adultes. Il convient de distinguer
les éléments de parure (anneau, bague, bracelet, collier,
collier de perles) largement présents dans 22 tombes
d’enfants à Marti et Bonjoan et attestés dans les tombes
d’adultes des quatre nécropoles ampuritaines, des autres
catégories moins documentées. En effet, les objets rattachés à la toilette sont rares chez les enfants avec 2 cas avec
spatule ou strigile (Inh.M15, Inh.M94) et bien plus présents chez les adultes. Moins rares et également distribués
entre tombes d’enfants et d’adultes, on trouve les éléments
qui se rattachent au vêtement, ici des fibules métalliques.
6 exemples dans des tombes à Marti et Bonjoan.
- Les monnaies sont rares, deux cas de dépôts sont répertoriés pour les enfants (Inh.M36, Inh.M96) et deux cas
pour les adultes. Les espèces déterminées correspondent
à un monnayage local ampuritain et une obole massaliète
en argent. Nous avons donc le témoignage de l’obole à
Charon, le nocher des Enfers, pratique bien connue dans
le monde grec mais peu attestée en Méditerranée Nord
Occidentale. Nous n’en avons retrouvé aucun exemple
dans les nécropoles marseillaises.
Ainsi, coquillages, osselets, terres cuites plastiques,
vases à parfum en verre et poteries miniatures prédominent comme objets « spécialisés » dans les dépôts
pour les tombes d’enfants. Mais il faut bien garder en
mémoire la place majoritaire de la vaisselle céramique et
des éléments de parure qui sont le plus fréquemment mis
en œuvre dans les dernières attentions portées au jeune
défunt avant la fermeture de la tombe.
On ne peut bien sûr ignorer que certains objets «
spécifiques « et non spécifiques » soient judicieusement
associés et forment des lots particulièrement conséquents – riches ? – comme dans le cas des tombes Inh.
M20, Inh.M84, Inh.M77 de la nécropole Marti (fig. 12).
La composition globale d’un dépôt prend alors un sens
individuel et social qu’il est difficile de juger à l’aune de
l’absence de traces organiques dans la tombe ou de traces
hors le sépulcre, qui ont échappées aux premiers acteurs
d’une archéologie funéraire à Ampurias il y a plus de
60 ans comme encore aux méthodiques thanato-archéologues des fouilles plus récentes à Agde ou à Marseille.
Le dépôt de mobilier à Agde
La mention d’absence de mobilier dans les tombes
d’enfants de la nécropole du Peyrou ne peut être retenue
comme une preuve de l’intentionnalité d’un non dépôt.
Une publication complète de ce lot lèverait l’hypothèque
d’une absence volontaire de mobilier d’accompagnement ou d’un manque d’information relatif à l’état de
conservation des sépultures retrouvées. Le fouilleur
précise clairement que dans le cas des inhumations
d’adultes, certaines sont sans dépôt d’objet, d’autres se
limitent à un seul objet céramique en offrande, soit un
vase à parfum soit un « pichet » et d’autres se signalent
par la présence d’une fibule portée attestant un vêtement
(Nickels 1982, p. 277-278).
Le dépôt de mobilier à Marseille
La nécropole de Sainte-Barbe avec 14 dépôts constitue le site de référence auquel s’ajoute le site de la rue
Tapis-vert fouillé un demi-siècle plus tôt (fig. 13).
Les catégories d’objets concernées par ces dépôts sont
sensiblement les mêmes qu’à Ampurias. Nous les présenterons par ordre d’importance décroissante. On
signalera la non intégration des clous dans la problématique, car bien déterminés sur ces sites comme des
éléments de fixations de cercueils de bois ainsi que
l’absence à Marseille d’astragale et monnaie en tombe
à l’époque grecque. Il en sera autrement au HautEmpire. Enfin, la constitution d’équipes de fouilles et de
publications formées à la discipline de l’archéo-anthropologie a permis la détermination de cinq classes d’âge
pour l’ensemble du gisement funéraire. Ces données
apparaissent donc avec toute la précision nécessaire à
l’exposé, tout en précisant d’ores et déjà la très forte
surreprésentation des 0-1 an. Comme pour les nécropoles d’Ampurias, nous ne manquerons pas de faire
état de la présence des objets déposés pour les jeunes
sujets accompagnant également des sujets d’adultes.
Nous nous dispenserons de détailler les classes d’âge
de ce groupe qui ont été dûment déterminées ainsi que
la diagnose sexuelle.
179
MANUEL MOLINER
N
N
Terrasse nord
2m
Tombe enfant
Fig. 7. Carte de répartition des tombes d’enfants et dépôts d’objets dans
la nécropole grecque de la rue Tapis-vert à Marseille (Infogr. M Moliner).
En rouge tombes grecques, en vert tombes romaines. Losanges noirs :
dépôts d’objets.
urne en plomb
urne céramique (PCM)
urne bronze et caisson
urne céramique (importation)
0
Tombe enfant
5m
Fig. 8. Localisation de la tombe d’enfant dans l’enclos Nord
de la Bourse à Marseille (Infogr. M. Moliner).
N
Âge 0-14 ans
Âge 0-14 ans avec dépôt d'objets
Âge immature
Âge indéterminé
Âge adulte
5m
Fig. 9. Carte de répartition des tombes d’enfants et dépôts d’objets dans la nécropole grecque de Sainte-Barbe à Marseille (Infogr. M Moliner).
180
LE MOBILIER DÉPOSÉ DANS LES TOMBES D’ENFANTS DES COLONIES GRECQUES D’AMPURIAS, AGDE ET MARSEILLE
Tombes enfants à dépôt
AMPURIAS
Marti
(42)
Bonjoan
(12)
Mateu
Granada
(1)
Occurrences dans les
tombes d’enfants
Classe d’âge
Mobiliers spécifiques
Coquillage
12
+ 3 ad.
4
+ 7 ad.
–
1 ad.
M15, M20, M36, M50,
M52, M55, M77, M84,
M94, M113, M127, M134,
B18, B43, B50, B78
Inconnue
Osselet-Astragale
5
+ 3 ad.
2
–
M9, M15, M20, M90, M99,
B18, B56
Inconnue
4
+ 1 ad. (?)
1
–
M20, M77, M85, M96,
B43
Inconnue
Verrerie
(Vase sur noyau
d’argile)
4
6
–
1 ad.
M73, M77, M84, M103,
B23, B38, B43, B55, B57,
B69
Inconnue
Céramique biberon
1
–
–
M85
Inconnue
Terre cuite
Céramique vase miniature (coupelle)
1
M134
1
Mobiliers non spécifiques
26 (+2)
+ 24 ad.
9 (+1)
+ 21 ad.
–
+ 5 ad.
(Unguentarium)
13 + 7 ad.
4 + 17 ad.
2 ad.
(Lécythe)
3 + 1 ad.
2 + 2 ad.
(Lécythe arybal.)
8 + 4 ad.
1 ad.
(Cruche)
3 + 3 ad.
3 + 1 ad.
M36, M136, M138
(Bol)
1 + 1 ad.
3 + 4 ad.
M64
oui
oui
non
Clou
16
+7 ad.
–
13 ad
–
1 ad.
Élément de parure
(perle pâte de verre ou
terre cuite)
12
+ 3 ad.
–
4 ad.
–
Céramique
(Autres)
M5, M30, M31, M36 …
M15, M19, M77
M20, M23, M84, M90 …
M5, M20, M30, M36, M51,
M55, M73, M75, M84,
M85, M90, M100, M105,
M111, M112, M114
Inconnue
M5, M15, M20, M52, M73,
M77, M84, M94, M104,
M112, M113, M135
Élément de parure
(anneau, bague, bracelet, collier)
10
+ 7 ad.
2
+ 12 ad.
1
5 ad.
M15, M30, M65, M77,
M84, M94, M96, M135,
M138,
B30, B55
G6
Toilette
(trousse, strigile)
2
+ 1 ad.
–
4 ad.
–
2 ad.
M15, M94
Vêtement (fibule)
5
+ 2 ad.
1
+ 2 ad.
–
1 ad.
M15, M20, M58, M94,
M115, B55
Monnaie
2
+ 2 ad.
–
–
Inconnue
M36, M96
Inconnue
Inconnue
Fig. 10. Tableau des occurrences de dépôt de mobilier à Ampurias, par ordre de distribution (M. Moliner).
181
MANUEL MOLINER
1
2
5 cm
3
4
5
6
Fig. 11. Ampurias, exemples d’objets spécifiques dans les tombes d’enfants (Infogr. M Moliner).
1 : Coquillage cardium Inh.M15.
4 : Unguentarium en verre polychrome sur noyau d’argile Inh.M84.
2 : Astragale Inh.B18.
5 : Biberon Inh.M85.
3 : Terre cuite Hermès ithyphallique Inh.M20. 6 : Coupelle miniature Inh.M134.
Les dépôts spécifiques
Cinq catégories d’objets sont ici aussi classées en
mobilier spécifique. La première, les coquillages est très
largement dominante (fig. 14) et les suivantes quoique
peu nombreuses numériquement n’en sont pas moins
significatives (fig. 15).
Les coquillages
Le dépôt intentionnel de coquillages n’est attesté avec
certitude, valve(s) en position ouverte, que dans la nécropole de Sainte-Barbe avec 10 cas pour les 14 tombes
d’enfants retenues et quelques-uns pour les adultes. C’est
très largement le matériel le plus utilisé comme dépôt
dans les tombes d’enfants. Des coquillages sont cependant signalés dans d’autres nécropoles marseillaises
mais sans contexte précis. Comme pour Ampurias, il
s’agit de valve unique pour les bicoques qui exclut une
éventuelle offrande alimentaire 20. On les retrouve pour
20 L’exemplaire de Pecten maximus, ou coquille Saint-Jacques
originaire d’Atlantique, dans la sépulture T105 démontre un dépôt
symbolique et non pas « consommé ». Se reporter à l’étude des
coquillages de cette fouille par N. Weydert, in Moliner et al. 2003,
p. 183-185.
182
toutes les classes d’âge mais ils sont plus fréquents dans
les tombes de nouveau-nés (6 exemples). Trois dépôts
multiples de 2 et 3 coquillages ont été retrouvés, par deux
fois ils sont placés avec de jeunes enfants et non pas des
nourrissons. Cependant une corrélation avec l’âge du
défunt ne semble pas opportune. Sept tombes d’adultes
connaissent également un dépôt de coquillage, par deux
fois il s’agit de sépultures doubles avec un enfant auquel
le dépôt semble destiné. Dans les 5 sépultures uniquement d’adultes, 3 dépôts de coquillages fragmentés ont
été retrouvés brûlés parmi les restes de crémation, une
offrande alimentaire est alors envisagée.
Les vases céramiques miniatures
Ces céramiques de petite taille copiant des coupelles
à anses retrouvées en 3 exemplaires qui ont été placées
dans une sépulture double de périnatals (T115) et dans
celle d’un jeune sujet de 1-4 ans (T57). En raison du
très bas âge des individus, le dépôt comme objets personnels (jouets ?) de ces très jeunes morts ne semble
pas pouvoir être envisagé. Il y a un dépôt de ce type
dans une tombe d’adulte qui n’est donc pas exclusivement réservé aux enfants à Sainte-Barbe (T98), mais cet
exemple est unique.
LE MOBILIER DÉPOSÉ DANS LES TOMBES D’ENFANTS DES COLONIES GRECQUES D’AMPURIAS, AGDE ET MARSEILLE
2
1
3
7
6
5
4
9
8
10
11
5 cm
12
13
14
15
Fig. 12. Ampurias, nécropole Marti, tombe Inh.M77 (Almagro 1953 Fig. 54 et 55), planche recomposée et dessins mis à la
même échelle. 1 à 7 : Vases en pâte de verre sur noyau d’argile (3 aryballes, 2 unguentaria, 2 amphorisques). 8 : Anneau en
bronze. 9 : Coquillage cardium edulis. 10 : Corail. 11 : Perle en pâte de verre polychrome. 12 à 14 : Terres cuites plastiques
(personnage masculin à tunique, personnage couché tenant une colombe, suidé). 15 : Lécythe attique à figures noires.
Les vases céramiques de type biberon
Aucune tombe d’adulte n’a livré de vase céramique
de type biberon. Deux sépultures de périnatal (T118) et
d’un très jeune immature (T232) recelaient ce mobilier
spécifique dont l’usage réservé à l’allaitement ne semble
faire aucun doute 21. On observera que l’un des vases
est une importation italique et le second une production
massaliète.
Les deux catégories suivantes bien attestées à
Ampurias ne sont présentes qu’en un seul cas à Marseille
dans la nécropole de la rue Tapis-vert, associées une
même tombe et réservées à un jeune enfant de 3-5 ans
(Sarcophage S2).
21 La terminologie utilisée pour décrire ces vases oscille entre
« guttus, biberon, cruche à bec verseur, cruche à filtre, vase à bec,
vase à embouchure… ». La fonction même d’ustensile à allaitement
pour les jeunes enfants non sevrés est discutée bien que des analyses
aient parfois confirmé la présence de lait.
La verrerie
L’objet retrouvé fragmenté (à l’origine ?), un aryballe
en verre sur noyau d’argile, est similaire aux exemplaires
ampuritains. Comme pour d’autres objets issus de
fouilles anciennes, des exemplaires sont connus dans les
collections publiques à Marseille mais toujours avec une
origine imprécise concernant le contexte de découverte
funéraire.
Les terres cuites plastiques
L’unique objet en terre cuite répertorié, un fragment
(à nouveau) de plaque d’animal (l’arrière train d’un
sphinx ?) est issu de la tombe S2 de la rue Tapis-vert.
Pièce isolée à Marseille, elle constitue avec la verrerie
ci-dessus une association remarquablement exceptionnelle, uniquement retrouvée dans une tombe enfant en
sarcophage dont on signalera la rareté dans les nécropoles grecques marseillaises car présents uniquement
sur ce site.
183
MANUEL MOLINER
Tombes enfants à dépôt
MARSEILLE
Tapis-vert
(2)
Sainte-Barbe (13)
Occurrences
Classe d’âge
5-9 ans
0-1 an
1-4 ans
0-1 an
0-1 an
0-1 an
Immature jeune
Immature jeune
0-1 an
0-1 an
Mobiliers spécifiques
Coquillage
11
+ ad.
SB T16
SB T19
SB T57 (3)
SB T105
SB T106
SB T118
SB T132 (2)
SB T232
SB T305 (2)
SB T545
Céramique vase
miniature
1
SB T57 (coupelle)
1-4 ans
Céramique
biberon
2
SB T118
SB T232
0-1 an
Immature jeune
Verrerie
(Vase sur noyau
d’argile)
1
TV S2
« 3-5 ans »
Terre cuite
1
TV S2 (animal)
« 3-5 ans »
Mobiliers non spécifiques
1 + ad.
3
+ ad.
TV S6 (bracelet)
SB T16 (bracelet)
SB T57 (tige bronze)
SB T194 (spatule, strigile)
« Nouveau-né »
5-9 ans
1-4 ans
10-14 ans
Céramique vase
à boire
Ad.
1
+ ad.
SB T36
0-1 an
Céramique vase
à parfum
Ad.
1
+ ad.
SB T194 (2)
10-14 ans
Élément de
parure, toilette,
vêtement
Fig. 13. Tableau des occurrences de dépôt de mobilier à Marseille, par importance de distribution (M. Moliner).
Fig. 14. Marseille, nécropole de Sainte-Barbe, dépôts de coquillages aux pieds
des défunts dans les tombes T57 et T105 (Cliché St. Bien-Fr. Cognard).
184
LE MOBILIER DÉPOSÉ DANS LES TOMBES D’ENFANTS DES COLONIES GRECQUES D’AMPURIAS, AGDE ET MARSEILLE
1
3
2
4
6
5
5 cm
7
8
Fig. 15. Marseille, exemples d’objets spécifiques dans les tombes d’enfants de Sainte-Barbe n°1 à 6 et Tapis-vert n°7 et 8 (Infogr. M Moliner).
1 à 3 : Partie du dépôt T57 (coquillages acanthocardia echinata et coupelle miniature). 4 et 5 : Dépôt T232 (coquillage pecten jacobeus
et biberon). 6 : Biberon T118. 7 et 8 : Dépôt S2 (aryballe en verre polychrome sur noyau d’argile, terre cuite animalière [sphinx ?]).
185
MANUEL MOLINER
Les offrandes alimentaires
L’absence d’offrandes alimentaires pour les tombes
d’enfants est à signaler, avec des réserves pour les traces
végétales trop évanescentes, car 6 tombes d’adultes de
la nécropole de Sainte-Barbe ont livré des restes sans
ambiguïté comme par exemple des ossements animaux
avec traces de découpes 22.
Les dépôts non spécifiques
Les éléments du domaine personnel porté ou non
comme la parure, les objets de toilette sont présents dans
4 cas. Aucune trace d’éléments vestimentaires n’a été
mise en évidence alors que c’est le cas pour les tombes
d’adultes. 3 exemples de modeste parure sont répertoriés : un bracelet en bronze dans la nécropole de la
rue Tapis-vert (nouveau-né S6) et deux bracelets fer et
bronze à Sainte-Barbe (sujets de 1-4 ans et 5-9 ans).
Un petit objet particulier retrouvé dans une tombe
de périnatal (T254) est peut-être à placer dans cette
catégorie en raison de son caractère « figuratif » si l’on
admet l’identification proposée. En effet, en raison de
sa configuration particulière, une petite plaque circulaire
à boulettes rapportées, l’interprétation comme corymbe
végétal a été proposée après que l’hypothèse de « gâteau
funéraire » eut été envisagée 23, la présence d’un trou de
suspension plaidant pour une attribution à un élément de
parure. On serait tenté de le rapprocher d’un objet similaire dessiné en 1834 mais perdu issu de la nécropole
du bassin de Carénage que l’on place, comme celui-ci,
parmi les éléments floraux de type corymbes connus
dans les couronnes funéraires.
Les objets de toilette présents dans quelques tombes
d’adultes ne concernent ici qu’une seule sépulture dont
le sujet est âgé de 10-14 ans (T194). Une spatule et un
strigile (une trousse de toilette) sont associés à deux
vases à parfum. Nous reviendrons en fin d’exposé sur
l’ensemble de ce dépôt et sur l’individu de cette sépulture. Malgré un effectif réduit, on constate ainsi que
toutes les classes d’âge accueillent ce type de dépôt très
« personnel », objets portés par le défunt de son vivant,
et sans doute sur la dépouille elle-même pour les bijoux,
voire la trousse de toilette. Sept tombes adultes sont
dotées d’éléments de parure et 4 d’instruments de toilettes avec 3 strigiles.
22 Se reporter à l’étude du mobilier faunique de cette nécropole par
H. Monchot, in Moliner et al. 2003, p. 181-183.
23 Se reporter à l’étude du petit mobilier de cette nécropole par
L. Naggiar, in Moliner et al. 2003, p. 158-166 et p. 186-191.
186
Les vases céramiques à boire
Un seul cas dans la nécropole de Sainte-Barbe a été
retrouvé dans une tombe de périnatal. Il s’agit d’une
petite olpé, un vase à boire de petite dimension plus
fréquemment attesté dans les tombes d’adultes à SainteBarbe et sans doute au bassin de Carénage où elles sont
très nombreuses. Ces objets sont aussi associés à d’autres
pièces céramiques chez les adultes où des pièces du service à boire sont attestées dans une dizaine de tombes.
Les vases céramiques à parfum
Une seule occurrence pour les tombes d’enfants,
la sépulture T194 mentionnée ci-dessus qui présente
un unguentarium et un alabastre en terre cuite. Une
dizaine de tombes d’adultes ou d’âge indéterminé à
Sainte-Barbe, des tombes rue Tapis-vert, cours Julien,
Saint-Mauront et bassin de Carénage ont livré de nombreux exemplaires en terre cuite ou en albâtre (absent
à Sainte-Barbe). Ce type d’objet semble donc réservé à
Marseille aux sépultures d’individus majeurs, (cf. 3.3.
Un cas particulier : la T194 à Sainte-Barbe).
Dans le cas de la nécropole de Sainte-Barbe, la publication intégrale des données permet au lecteur de se
référer aux détails des données présentées ici. Il nous a
paru opportun d’en dresser ce bilan consacré aux tombes
d’enfants telles que définies dans le programme eMa,
associé à la nécropole de la rue Tapis-vert et à quelques
découverts anciennes 24. Si une véritable modestie
voire une uniformité se dessine dans le répertoire des
objets entrant dans la tombe des enfants, la nécropole
de la rue Tapis-vert semble faire exception, ces derniers
témoignent des comportements d’un groupe humain
qui intègre l’enfant mort dans son espace sépulcral en
y accordant une attention proche de celle accordée aux
adultes évoquée par les artefacts retrouvés, c’est-à-dire
des dépôts relativement fréquents (plus du tiers des sépultures) mais peu varié et limité en nombre d’objets (moins
de deux objets en moyenne par tombe). Précédemment
à cette présentation des objets accompagnant le jeune
mort, nous avions démontré cette similitude de comportements dans les architectures funéraires mise en œuvre
dans la nécropole de Sainte-Barbe (Moliner, à paraître)
mais aussi dans les marqueurs aériens de cette nécropole
24 Les données générales et la documentation graphique publiée
ainsi que des documents inédits de la nécropole de Sainte-Barbe
ont été incorporés dans la base de données de l’ANR « l’Enfant
et la mort dans l’Antiquité ». L’intégration des données des autres
fouilles de nécropoles antiques de Marseille est en préparation.
Nous signalons, comme prolongement de la réflexion sur le sujet, la
fouille et la publication en préparation d’une centaine de sépultures
d’enfants pour la période paléochrétienne (Ve-VIe s.) mises au jour
sur les fouilles de la basilique funéraire de la rue Malaval à Marseille
(Moliner 2006, Moliner 2010).
LE MOBILIER DÉPOSÉ DANS LES TOMBES D’ENFANTS DES COLONIES GRECQUES D’AMPURIAS, AGDE ET MARSEILLE
grecque (Moliner 1994). Il est donc possible d’évoquer
la représentativité de ces dépôts d’objets dans les tombes
d’enfant et d’adultes et d’esquisser l’évolution de ces
gestes au cours de la durée d’occupation de l’espace
funéraire comprise entre la fin du Ve s. et la première
moitié du IIe s. av. J. -C.
Représentativité des dépôts d’objets
La démonstration est ici principalement axée sur à
la nécropole de Sainte-Barbe qui offre un effectif statistiquement important avec mention des données, moins
fréquentes mais dûment quantifiables de la nécropole de
la rue Tapis-vert.
Nous rappellerons cependant les données générales
concernant l’ensemble des dépôts qui n’ont été retrouvés que dans 39 % du total des tombes de la nécropole
grecque de Sainte-Barbe. Nous n’interrogeons donc
qu’un peu plus du 1/3 des tombes de ce gisement funéraire pour tenter de d’expliquer les comportements à
travers les artefacts matériels retrouvés dans 14 des 35
des tombes d’enfants comprises entre 0 et 14 ans soit
dans seulement 15 % du total général de la nécropole !
Rapport des dépôts d’objets entre les tombes
d’enfants et les tombes d’adultes
Répartition des catégories d’objets accompagnant le
défunt par âge global
- Pour la nécropole de Sainte-Barbe (fig. 16), on précisera que le groupe immature comprend toutes les classes
d’âge entre 0-1 an et 15-19 ans, le graphique de répartition montre d’une part en nombre absolu une plus large
pratique chez les adultes. Elle se traduit par une fréquence
plus élevée d’objets céramiques répartis ici selon leur
fonction utilitaire : Boire/Verser et Manger. Cet écart est
encore plus marqué avec les dépôts d’offrandes alimentaires et les éléments de parure ou de toilette, largement
usité chez les adultes. Il se confirme dans une moindre
proportion avec les autres catégories de type funéraire
ou offrandes diverses. Deux catégories « réservées » se
dessinent, l’une uniquement retrouvée chez les adultes,
des plaquettes lithiques à l’usage indéterminé, l’autre
attestée dans les deux groupes d’âge mais très largement
représentée chez les enfants, les coquillages.
- Pour le site de la rue Tapis-vert, en dépit du nombre
restreint d’occurrences, on constate que les dépôts sont
différents pour les deux groupes d’âge. Dans les tombes
d’adultes, ils consistent en des vases céramiques importés et des objets du domaine personnel, la toilette (strigile,
vase à parfum) ou la parure telle une rosace de couronne
(?). Dans les tombes d’enfants, deux dépôts sont connus :
un bracelet qui témoigne à nouveau du domaine personnel et une association verre à noyau d’argile et terre cuite
plastique, unique à Marseille. Une spécificité se dégage
donc de ce constat où l’on remarquera la présence de
pièces de belle facture qui ne sont pas sans rappeler
les découvertes chronologiquement contemporaines du
quartier Saint-Mauront en 1880, mais pour lesquelles
aucune indication ostéologique n’est disponible, si ce
n’est de constater le statut « adulte » des sujets concernés en raison des réceptacles funéraires utilisés.
Dénombrement du nombre d’objets par classes d’âge
- La nécropole de Sainte-Barbe, en précisant le nombre
d’objet déposé par tombe, permet de relativiser les inégalités entre les classes d’âge (fig. 17). Le taux moyen
d’objets rapporté au total des tombes des différentes
classes d’âges est proche de 0,3 pour tout le groupe
« immature » (0-19 ans) et proche de 2 pour les adultes.
Une tombe d’enfant sur trois reçoit donc un dépôt, ce
ratio est bien mis en évidence pour les tombes de nouveau-nés très nombreuses, il n’est obtenu pour les autres
classes d’âge qu’à partir de quelques cas à chaque fois.
Nous n’avons donc là qu’une image incomplète des
gestes pour les jeunes enfants ou adolescents qui ne
peuvent être mis en corrélation avec les étapes de la vie
sociale de ces futurs adultes. On observera que la classe
d’âge des adultes âgés est celle dans laquelle le dépôt
d’objet est le plus important.
- À la rue Tapis-vert, 3 tombes d’adultes sur 4 et 2 tombes
d’enfants sur 3 ont un dépôt. Cette petite nécropole
semble mieux dotée que celle de Sainte-Barbe, mais si
l’effectif très faible pose problème, les associations de
mobiliers dans les tombes d’adultes comme d'enfants
sont inédites. Composées de mobiliers de grande qualité,
qui n’ont pas été retrouvés dans la nécropole de SainteBarbe plus au Nord, ces associations témoignent-elles
de tombes socialement plus élevées comme leur emplacement, plus proche des remparts et de la porte orientale
de la cité pourraient le suggérer ?
Rapport des dépôts d’offrandes et de parure par classe
d’âge
- Dans les tombes grecques de Sainte-Barbe, le graphique présenté fait apparaître la surreprésentation des
tombes de périnatals et nourrissons (classe des 0-1 an) et
des adultes (fig. 18). Les données pour les classes d’âge
intermédiaires sont moins documentées. Cependant,
force est de constater qu’en tous les cas se sont les mobiliers déposés en offrandes qui dominent tandis que les
objets appartenant au domaine strictement personnel
comme la parure sont présents mais moins fréquents.
La similitude des dépôts est ici nettement marquée,
187
MANUEL MOLINER
12
10
8
6
4
2
Adultes
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Fig. 16. Composition du dépôt funéraire par âge global de la nécropole grecque de Sainte-Barbe à Marseille
(Moliner et al. 2003, fig. 187).
40
35
30
25
20
15
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Individus
Fig. 17. Nombre d’objets par classes d’âge de la nécropole grecque de Sainte-Barbe à Marseille
(Moliner et al. 2003, fig. 188).
188
LE MOBILIER DÉPOSÉ DANS LES TOMBES D’ENFANTS DES COLONIES GRECQUES D’AMPURIAS, AGDE ET MARSEILLE
40
35
30
25
20
15
10
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Offrandes
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Fig. 18. Nombre d’offrandes et de parure par classe d’âge de la nécropole grecque de Sainte-Barbe à Marseille
(Moliner et al. 2003, fig. 186).
les tombes d’enfants ne se distinguent pas des tombes
d’adultes dans le choix des objets placés près du corps
comme viatique dans l’Au-delà de ceux, sans doute plus
intimes, portés par les défunts.
- La nécropole de la rue Tapis-vert n’a livré qu’un dépôt
de céramique en offrande, deux vases attiques associés
à d’autres objets dans le sarcophage S3. Ces objets,
comme ceux des autres dépôts des tombes d’adultes ou
d’enfants, consistent tous en des éléments du domaine
personnel, objets de parure (bracelets, rosaces) ou de
toilette (strigiles, alabastres, vases à parfum) et une terre
cuite plastique à décor de sphinx.
Éléments d’évolution chronologique
L’approche diachronique ne peut être présentée que
pour la nécropole de Sainte-Barbe dans laquelle nous
avons distingué pour la nécropole grecque 3 phases
chronologiques principales auxquelles succèderont plusieurs phases à l’époque romaine jusqu’à la fin du IIe s.
La matrice périodisée des offrandes (fig. 19) présente
la composition globale des dépôts par tombe hiérarchisée
par classes d’âge croissantes par périodes successives 25.
- Le nombre équivalent de tombes (une douzaine) comportant un dépôt d’objet dans chaque phase témoigne
directement de l’ancienneté et de la continuité des gestes
pour l’ensemble de la population. Toutes les classes
d’âge des enfants sont concernées à toutes les époques,
même si le déficit de certaines classes, en particulier
dans la phase ancienne, restitue une vision sans doute
erronée de ces pratiques.
- Le dénombrement des dépôts montre une progression
globale de 31 % à la première phase, puis 42 % et enfin
48 % pour la dernière phase. Cette évolution est plus
marquée dans les tombes d’enfants qui voient les dépôts
augmenter de 20 % à 55 % et 62 %, c’est-à-dire attestés
dans la dernière phase dans deux tombes sur trois.
25 Phase 1 = -400/-300, phase 2 = -300/-200, phase 3 = -200/-150.
Ce tableau publié en 2003 est actualisé.
189
MANUEL MOLINER
Tombes
Phase 1 (-400/-300)
T118
T254
T132
T232
T56
T134
T47
T257
T245
T235
T247
T252
Phase 2 (-300/-200)
T106
T545
T115
T105
T57
T57
T134
T53
T60
T102
T55
T198
T541
T193
Phase 3 (-200/-150)
T19
T305
T36
T16
T194
T49
T41
T43
T96
T97
T98
T99
T547
T278
Total
Age
Périnatal
Périnatal
Immature
Immature
Adulte jeune
Adulte, immature
Adulte
Adulte
Adulte
Adulte
Adulte âgé
Indét.
Périnatal
Périnatal
Périnataux
Nourrisson
1-4 ans
1-4 ans
Immature
Adulte
Adulte
Adulte
Adulte âgé
Adulte âgé
Indét.
Indét.
Périnatal
Nourrisson
Périnatal
5-9 ans
10-14 ans
Adulte jeune
Adulte
Adulte
Adulte
Adulte
Adulte âgé
Indét.
Indét.
Indét.
Céramiques
Alimentaires
1
Objets
1
1
2
1
1
1
2
3
2
1
1
1
1
2
2
1
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1
1
1
1
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2
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2
1
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1
1
1
1
2
1
3
1
1
2
2
1
1
2
1
2
1
1
1
36
1
1
1
7
32
Fig. 19. Matrice périodisée des offrandes de la nécropole grecque de Sainte-Barbe à Marseille
(Moliner et al. 2003, fig. 164).
190
Divers
1
Total
2
1
2
2
1
2
3
3
1
3
3
1
0
1
1
1
1
5
5
2
2
2
3
1
2
1
2
0
1
3
1
1
4
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2
1
2
1
3
1
1
1
76
LE MOBILIER DÉPOSÉ DANS LES TOMBES D’ENFANTS DES COLONIES GRECQUES D’AMPURIAS, AGDE ET MARSEILLE
- La nature même des dépôts varie dans le temps, tout
en remarquant l’absence de dépôts alimentaires à toutes
époques pour les enfants et l’omniprésence des dépôts
céramiques pour tous les âges. Nous constatons, que si
dans la première phase le dépôt de petits objets n’appartenant pas aux deux catégories précédentes est présent
chez les enfants comme les adultes, ces derniers voient
leur sépulture de moins en moins dotée de ce type de
mobilier, un seul cas en phase 3. En phase 2, ces petits
objets sont alors très présents dans les tombes d’enfants.
Un cas particulier : la T194 à Sainte-Barbe
Nous avons évoqué la composition du dépôt d’objet de cette sépulture, dont l’individu est âgé entre 10
et 14 ans par l’étude d’anthropologie biologique, qui
a mis évidence une bonne représentativité des restes
prélevés sur le bûcher. Une trousse de toilette composée d’une spatule en bronze et d’un strigile en fer sont
associés à un unguentarium et un alabastre en céramique. Le strigile était déposé sur le comblement du
réceptacle funéraire qui contenait les cendres du défunt.
Ce dépôt d’objet était donc destiné à un sujet incinéré
dont l’âge biologique nous a conduit à le présenter dans
notre exposé, mais dont le traitement du corps (crémation
secondaire) et la spécificité des objets (strigile et vase
à parfum) accompagnant le défunt correspond plus au
dépôt destiné à un adulte qu’à des offrandes pour enfant.
Nous sommes vraisemblablement en présence d’un cas
où l’âge biologique ne correspond pas à l’âge social du
défunt qui est entré dans le monde des adultes entre la
10e et 14e année, mais qu’il n’est pas possible de préciser
plus exactement en raison de la fragmentation des restes
incinérés déposés dans l’urne, représentant cependant un
poids total de 578 gr.
Conclusion
Ainsi, en dépit d’un traitement de « terrain » et de
modalités d’études très différentes, les nécropoles
d’Ampurias et les nécropoles majeures de Marseille
(Tapis-vert et Sainte-Barbe) intégralement publiées
autorisent des éléments de comparaison grâce à un
corpus important 26. Nous retiendrons à partir de la
monographie de M. Almagro que l’effectif ampuritain,
avec 98 enfants pour près de 300 tombes grecques, est
le double de l’effectif marseillais avec 39 enfants pour
26 Nous renvoyons à nouveau le lecteur vers la publication
d’É. Gailledrat (1995) pour l’approche générale actualisée des
nécropoles d’Ampurias avec entre autre la question adultes/enfants qui
« met en évidence un certain nombre de phénomènes d’évolution ».
145 tombes. Or, la représentation de ce groupe d’âge
« enfant », en l’absence de classes d’âge à Ampurias, est
identique pour les deux cités, près du tiers de la population enterrée, qui restitue une démographie assez proche
des taux de mortalité infantile des sociétés anciennes,
tout particulièrement pour la nécropole grecque de
Sainte-Barbe (Moliner et al. 2003). On signalera la répartition topographique des sépultures d’enfants, même si
les périnatals font en partie défaut, dans l’ensemble de
l’espace funéraire de la nécropole Marti à Ampurias.
Une distribution spatiale analogue est certaine dans la
nécropole Sainte-Barbe à Marseille, même si le versant occidental du vallon où l’aire sépulcrale est mise
en place est plus occupé en particulier par les sépultures
de nouveau-nés très bien représentés ici. Les dépôts
dans les tombes d’enfants sont très présents même s’ils
sont plus importants à Ampurias qu’à Marseille, 56 %
pour 40 %. On notera le « rapprochement » entre Agde
et cette dernière avec un recours fréquent à l’amphore
funéraire mais sans aucun dépôt d’objet (Dedet 2008,
p. 328). La variété des dépôts, en particulier dans la
composition des lots, association de mobilier et quantité
de pièces déposées, est plus importante à Ampurias qu’à
Marseille, mais nous sommes loin de certains riches
dépôts d’autres cités grecques. De tels comportements
sont aussi marqués pour les tombes d’adultes. Ces gestes
mesurés envers les jeunes et moins jeunes défunts sontils une illustration de l’austérité ionienne célébrée dans
Massalia ? Sans doute et c’est dans la cité phocéenne que
l’on peut discerner l’évolution de ces pratiques envers la
population enterrée dans le détail des classes d’âge, ceci
entre les IVe et IIe siècles av. J.-C. En ne prenant pas en
compte les éventuels caractères discriminants des objets
pour la détermination sexuée du jeune défunt, hormis la
petite fille de la tombe à la poupée (Inh.M85), ceci en
raison de démonstrations encore sujettes à discussion, ce
sont des données non négligeables qui nous échappent
quant à la place des petits garçons et des petites filles
dans cette perception des sociétés antiques que nous propose le monde des morts.
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Les dépôts de mobilier dans les tombes d’enfants et
d’adolescents en Gaule Narbonnaise au Haut-Empire
Valérie Bel
Abstract. The analysis of 144 graves of children and
teenagers in Gallia Narbonensis during the period of the
early Roman empire that are well-documented anthropologically allows the identification of differences in the
grave-goods deposited with different age-classes: neonates, infants, children from three to six years old, and
older individuals. even so, the presence of bowls shows
that funerary feasting was associated with all age groups;
this is less frequent only in the case of newborn babies
and infants. The latter age-groups are also characterized
by the prevalence of amulets and coins among the items
buried with them. Finally, this study shows that children
were integrated into society from a very early age.
Les jalons de la recherche
En France, l’archéologie funéraire de l’époque romaine
a connu un important renouvellement des connaissances
et des méthodes à partir des années 1980. Cette discipline,
désormais centrée sur l’étude des pratiques funéraires,
s’est dotée de méthodes de fouilles adaptées et a fait
appel de manière plus systématique aux études anthropologiques biologiques. Dans le Sud-Est de la France, cette
évolution s’est effectuée parallèlement au développement
de l’archéologie préventive, marquée notamment par la
fouille de grands ensembles périurbains comme à Fréjus
(Var, 1982-1987), Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme,
1982-1985), Marseille ou Aix-en-Provence (Bouchesdu-Rhône, 1991 et 1994-2000).
Ces recherches ont fourni un matériau nouveau pour
discuter de la question d’un traitement spécifique réservé
aux jeunes enfants. Chérine Gébara et Isabelle Béraud
ont ainsi proposé en 1993 une première synthèse sur les
rites funéraires et les sépultures d’enfants dans les nécropoles de Fréjus, confrontant les données archéologiques
aux sources littéraires antiques (Gébara, Béraud 1993).
En 1995 paraissait l’étude des tombes de nouveauxnés et de nourrissons de la fouille programmée de l’atelier
de potier gallo-romain de Sallèles-d’Aude (Duday et al.
1995). Dans ce travail fondateur, les auteurs – Henri
Duday, Fanette Laubenheimer et Anne-Marie Tillier –
mettent en évidence des différences dans les modes
d’inhumation et le mobilier en fonction de l’âge au
décès des défunts. Ces résultats montrent l’intérêt d’une
approche croisant à la fois les données archéologiques,
archéo-anthropologiques et l’analyse biologique des
restes humains. Depuis cette date, les tombes d’enfants
de l’ancienne province de Narbonnaise ont fait l’objet de
plusieurs études de cas dont une petite partie seulement
est publiée. Les principales contributions sur le sujet
concernent les tombes de la nécropole de Sainte-Barbe
à Marseille (Moliner et al. 2003) et celle de la nécropole de la Zac Sextius-Mirabeau à Aix-en-Provence
(Nin et al. 2006). Parmi les études non publiées, on peut
citer celles qui ont porté sur les sites de Nîmes-78 avenue Jean-Jaurès (Gard ; Bel et al. 2005 et Bel et al. à
paraître), Milhaud-Careiron et Pesquier (Gard ; étude de
Renaud Lisfranc dans Conche et al. 2003), Valros-Rec
de Ligno (Jung, Bel 2010).
La documentation relative aux tombes d’enfants et
d’adolescents est ainsi fort dispersée. Il n’existe pas à
ce jour, sur le sujet, d’étude d’ensemble comparable au
bilan proposé par Bernard Dedet sur les tombes d’enfants du Midi de la Gaule à l’âge du Fer (Dedet 2008).
Le dossier consacré aux pratiques funéraires en Gaule
dans la revue Gallia (Blaizot dir. 2009) n’aborde la question que pour les seuls enfants décédés en bas âge.
Les mobiliers associés aux sépultures de sujets
immatures n’ont jamais fait l’objet d’une enquête
spécifique pour la Narbonnaise. Les rares données disponibles issues de la documentation ancienne ont été
réunies par Michel Feugère (1993) dans sa synthèse sur
les mobiliers non céramiques des sépultures antiques de
Narbonnaise. Les contributions de ce même auteur aux
monographies consacrées aux ensembles de Saint-PaulTrois-Châteaux, Marseille ou Aix-en-Provence livrent
des données supplémentaires que viennent compléter
les études encore inédites de Stéphanie Raux et Yves
Manniez sur les ensembles languedociens (dans : Bel et
al. 2005 et Jung, Bel 2010). Concernant les dépôts de
vases ou la faune dans les tombes d’enfants, il n’existe
aucune étude d’ensemble.
Répondant à la demande d’Antoine Hermary, je propose ici une première approche des mobiliers associés
aux tombes d’enfants et d’adolescents dans le Midi de la
193
VALÉRIE BEL
Gaule au Haut-Empire. Ce travail prolonge les contributions de Bernard Dedet et Manuel Moliner dans ce même
volume. Il tente à leur suite de caractériser les dépôts
funéraires en fonction de l’âge au décès, afin de déterminer si les sujets immatures ont fait l’objet de traitements
funéraires spécifiques et s’il existe des pratiques propres
aux différents stades de développement et d’intégration
sociale de l’enfant.
Définition du corpus et des méthodes
d’approche
Cette étude ne repose pas sur un recensement exhaustif des tombes d’enfants de Narbonnaise. Elle s’appuie
sur quelques ensembles publiés pour lesquels on dispose
de données assez précises et exploitables, ainsi que sur
une documentation inédite issue de recherches collectives récentes1 (fig. 1-2 ; voir en annexe la liste des sites
sélectionnés).
L’objectif étant de discuter de la variation des
comportements funéraires en fonction de l’âge, cette
sélection ne comporte que des tombes ayant fait l’objet d’une étude anthropologique. Au sein de ce corpus,
n’ont été retenues que les sépultures complètes ou dont
le dépôt pouvait être considéré comme complet ou
presque complet.
L’échantillon étudié comprend 144 tombes (voir
l’annexe), dont 69 seulement comportent un dépôt de
mobilier (48 %). La série la plus importante provient
de la nécropole de Sainte-Barbe à Marseille (Moliner
et al. 2003 : 57 tombes de sujets immatures, soit 40 %
de l’effectif total ; 30 tombes avec mobilier, soit 43 % du
total des tombes dotées). Le reste du corpus est constitué
de séries plus modestes comportant moins de 14 tombes
d’enfants ou d’adolescents, dont une majorité est située
en Languedoc (44 % de l’effectif total).
Les sites languedociens sont pour la plupart implantés en milieu rural (56 % des tombes), à l’exception des
ensembles nîmois essentiellement périurbains, à l’instar des sites provençaux. Les découvertes périurbaines
représentent au total 74 % du corpus. Dans la plupart
des cas, les tombes proviennent d’ensembles funéraires
1 Ces recherches dont la publication est en cours d’élaboration sont
le fruit de travaux collectifs. Les résultats présentés ici de manière
synthétique sont ainsi en très grande partie redevables des études
menées par Sébastien Barberan (étude de la céramique), Vianney
Forest (étude de la faune), Yves Gleize (étude anthropologique),
Renaud Lisfranc (étude anthropologique), Yves Manniez (étude du
petit mobilier), Pierre Rascalou (étude de la céramique), Stéphanie
Raux (étude du verre et du petit mobilier) et Jérôme Rouquet (étude
anthropologique) que je tiens à remercier très chaleureusement.
194
regroupant à la fois des sujets adultes et des immatures.
Font cependant exception les sépultures Sallèles-d’Aude
près de Narbonne (Aude) et de Milhaud près de Nîmes
(Gard) qui appartiennent à des sites ruraux à recrutement
spécialisé, ne comportant que de très jeunes enfants
(Duday et al. 1995 ; Conche et al. 2003).
Les tombes sélectionnées sont datées entre l’époque
augustéenne et le milieu du IIIe s. de n. è., mais l’essentiel du corpus s’inscrit dans une fourchette comprise
entre le milieu du Ier s. et la fin du IIe s. Il n’a pas été possible d’aborder la question de l’évolution des pratiques
de dépôt dans les tombes, beaucoup de contextes étant
datés de manière très lâche.
Les âges indiqués (fig. 3) sont ceux donnés par les
auteurs des publications. Selon les anthropologues et la
date de l’étude, dont nous donnons le détail en annexe,
il peut y avoir divergences dans les méthodes de diagnose
utilisées. Celles-ci peuvent introduire des distorsions dans
les résultats, mais les variations ne sont probablement
pas susceptibles de remettre en cause les tendances générales. Quoi qu’il en soit, il convient de garder à l’esprit
que l’estimation de l’âge biologique fondée sur des tables
de référence établies à partir de populations actuelles, ne
peut être confondue avec l’âge réel (Tillier 2005).
D’autres facteurs d’hétérogénéité pourraient avoir un
impact sur les résultats de l’analyse. Il apparaît en effet
que la précision de la détermination de l’âge au décès est
extrêmement variable (fig. 3). Elle dépend notamment
de l’état de conservation des restes osseux et surtout du
traitement du corps. La crémation, qui concerne une proportion significative des enfants plus âgés (fig. 4), est en
effet peu favorable à la conservation des restes osseux
immatures. Par ailleurs, le corpus disponible est très
inégalement réparti : la moitié des tombes concerne des
sujets décédés en période périnatale. On peut attribuer
ce déséquilibre au profil démographique des populations
étudiées et à l’impact de la mortalité infantile, mais aussi
aux facteurs déjà évoqués d’identification et de conservation différentielles, liés à la pratique de la crémation.
Pour dégager les tendances générales, on a procédé
à un regroupement en classes d’âge (fig. 3). Une répartition en classes d’égales valeurs en nombre d’années
n’a pu être retenue compte-tenu de l’hétérogénéité du
corpus et de l’imprécision des déterminations. On a donc
opté pour un classement en neuf classes principales qui
regroupent un effectif de 112 tombes (78 % du total) et
huit classes complémentaires de 32 tombes qui recoupent
les classes précédentes.
Dans cette étude, seuls les mobiliers dont le statut de
dépôt était assuré ont été pris en compte. Le terme dépôt
funéraire désigne ici tous les artéfacts et les restes de
LES DÉPÔTS DE MOBILIER DANS LES TOMBES D’ENFANTS ET D’ADOLESCENTS EN GAULE NARBONNAISE AU HAUT-EMPIRE
Fig. 1. Carte de localisation des tombes d’enfants et d’adolescents sélectionnées.
faune dont la position dans la tombe permet de penser
qu’ils ont été introduits intentionnellement au moment
de la mise en place de la sépulture. Les vases retrouvés
sur le sol (parfois en position manifeste de dépôt) ou
dans les conduits à libation, n’ont pas été comptabilisés.
Ils sont néanmoins signalés comme possibles témoins de
rites liés au culte de la tombe. Les récipients et les dispositifs architecturaux mis en œuvre pour l’aménagement
de la sépulture et la protection des restes du défunt ne
sont pas traités ici.
Les dépôts funéraires recensés peuvent être répartis
en trois grandes catégories fonctionnelles. On distingue
ainsi les dépôts de vases liés aux pratiques alimentaires
et sacrificielles qui fondent les rituels funéraires antiques
(Scheid 2005). Parmi ces éléments, on distingue les
vases pour le service ou le stockage des liquides, les
récipients pour les solides ou semi liquides, les lampes
et les balsamaires. Les tombes comportent par ailleurs
des objets de natures très diverses qui sont attachés à la
personne du défunt, le définissent dans son statut social
ou sont porteur d’une valeur symbolique. Les dépôts de
faune sont rares dans ce corpus. En fait, à l’exception
de quelques lots d’ossements trouvés dans les comblements, au statut de dépôt incertain, il s’agit surtout de
coquillages, qui pourraient avoir une valeur non alimentaire et correspondre à des objets symboliques.
195
VALÉRIE BEL
La série étudiée comprend six exemplaires de tombes
doubles associant soit un adulte et un immature (5 exemplaires) soit deux immatures (Marseille, tombe 42). Seuls
les dépôts pouvant être attribués de manière assurée à un
sujet immature d’après les données archéologiques, ont
été pris en compte. C’est le cas par exemple du balsamaire retrouvé dans l’ossuaire de la tombe 17 du Valladas
à Saint-Paul-Trois-Châteaux qui a livré deux dépôts d’os
successifs (Bel et al. 2002, p. 290). Le vase à parfum
était placé sur les os brûlés immatures. En revanche, le
mobilier déposé hors de l’ossuaire n’a pas été pris en
compte. Dans l’inhumation double 42 de la nécropole
de Sainte-Barbe à Marseille, les vases ont été attribués
au sujet le plus âgé, un enfant d’environ huit ans, aux
pieds duquel ils avaient été placés et sur lequel reposait
un fœtus presque à terme (Moliner et al. 2003, p. 286).
Ainsi, de manière générale, les valeurs indiquées
(nombre de tombes, nombre de dépôts par tombes) correspondent à des valeurs minimales qui peuvent être parfois
très éloignées des données maximales non retenues.
Les sujets décédés en période périnatale
Sous ce terme les anthropologues désignent les sujets
décédés entre le septième mois lunaire de gestation et les
vingt-huit jours suivant la naissance (Bruzek et al. 2005).
Fréquence des dépôts
La pratique du dépôt de mobilier dans la tombe
concerne en fait toutes les classes d’âges sans exception, y compris les sujets décédés en période périnatale
à terme ou avant le terme (fig. 5). Ces données semblent
indiquer que cette catégorie n’était pas exclue a priori
des usages habituels.
Néanmoins, les dépôts apparaissent moins fréquemment dans les tombes des sujets décédés autour de la
naissance (17 tombes sur 62). Ils semblent réservés à
une petite partie de la population concernée et les différences observées entre les ensembles funéraires étudiés
suggèrent l’existence d’une variabilité liée à des facteurs
sociaux et culturels.
Ainsi, la fréquence des dépôts de mobilier dans les
sépultures d’enfants périnataux apparaît-elle plus importante dans les ensembles périurbains de Sainte-Barbe à
Marseille (au moins 8 tombes sur 26 soit 31 %) ou de
Nîmes. Parmi les dix-huit tombes d’enfants d’âge périnatal de la périphérie nîmoise, neuf ont livré du mobilier.
En revanche, parmi les huit tombes de la nécropole de la
Zac Sextius Mirabeau à Aix-en-Provence, seules deux
(tombes 32 et 33) comportent des vestiges (bague et
faune) qui n’ont pas été retenus car leur statut de dépôt
196
est incertain. Les ensembles funéraires ruraux dévolus
aux très jeunes sujets de Sallèles-d’Aude (Aude) et de
Careiron-et-Pesquier à Milhaud (Gard), n’ont livré
aucune tombe d’enfant périnatal avec mobilier (sur un
effectif de dix sépultures de cette classe d’âge).
Importance des dépôts
Les tombes des sujets décédés en période périnatale se distinguent des autres par un nombre de dépôts
moindre (fig. 6) et cette différence concerne aussi bien
les vases que les objets, rarement représentés par plus
de deux exemplaires. Les lots les plus riches sont issus
de l’ensemble funéraire de Sainte-Barbe à Marseille :
tombe 308 (6 objets) ; 332 (2 vases et 1 objet) ; 316 (3
objets) ; 527 (2 objets).
Nature des dépôts
Le corpus des tombes dotées de mobilier montre, pour
les sujets décédés en période périnatale (17 exemplaires),
une nette prédilection pour les dépôts d’objets (12 occurrences). Bien que plus beaucoup rares (5 occurrences,
8 % de l’effectif total), les dépôts de vases ne sont pas
absents (fig. 7). On les rencontre exclusivement dans les
ensembles périurbains (4 occurrences à Marseille, 1 à
Nîmes). De rares dépôts de faune sont également attestés
à Nîmes dans des tombes d’enfants d’âge périnatal (3
occurrences ; place des Arènes et avenue Jean-Jaurès),
mais il s’agit en fait de coquillages (peigne glabre, pecten, huître) qui pourraient avoir une fonction symbolique
plutôt qu’alimentaire.
La composition des dépôts de vases associés aux
tombes d’enfants d’âge périnatal est peu significative
compte tenu du faible effectif disponible (6 vases seulement). Les formes représentées sont variées. On recense
aussi bien des vases pour les liquides – gobelet, cruche,
gobelet ansé (fig. 8) – que des formes ouvertes – bol,
coupelle et plat. Ce dernier récipient, issu d’une tombe
de Marseille, présente des traces d’une exposition au feu
(Sainte-Barbe, tombe 514). La localisation dans la tombe
n’est connue que pour un exemplaire – un gobelet trouvé
près du pied gauche du sujet de la sépulture SP2026 du 59
avenue Jean-Jaurès à Nîmes. A l’exception d’un gobelet
ansé de petite taille, similaire aux récipients fréquemment
attestés dans des contextes cultuels (Fiches, Py 1978), il
s’agit de vases issus du répertoire du service de la table,
qu’on rencontre habituellement en contexte funéraire.
On ne mentionne, en revanche, ni balsamaire, ni lampe,
catégories très fréquemment représentées dans les tombes
d’adultes. Cette lacune pourrait toutefois être mise sur le
compte de la taille réduite de l’effectif disponible.
Les rares exemplaires de vases qui nous sont parvenus pourraient témoigner de rites alimentaires et
LES DÉPÔTS DE MOBILIER DANS LES TOMBES D’ENFANTS ET D’ADOLESCENTS EN GAULE NARBONNAISE AU HAUT-EMPIRE
Fig. 2. Répartition par site des tombes étudiées.
sacrificiels assez proches des pratiques funéraires
associées aux adultes. Le choix des récipients fait
penser qu’il ne s’agit pas de vases destinés à l’accompagnement du petit défunt auquel ils ne paraissent guère
adaptés (à l’instar de la coupelle Drag. 35 de la tombe
459 de Sainte-Barbe : Moliner et al. 2003, planche 57).
Il pourrait s’agir plutôt de la vaisselle du repas funéraire
(partagé entre Cérès, les vivants et le mort) ou de celle
utilisée pour les libations aux dieux Mânes effectuées
au moment du dépôt dans la tombe. Le petit nombre de
vases pourrait indiquer un rituel simplifié. Cette pratique
paraît en outre réservée à une petite partie des enfants de
cette classe d’âge, plutôt issue de groupes urbains.
D’autres indices pourraient suggérer l’existence
d’un culte de la tombe associé à des sépultures de
sujets d’âge périnatal. Il s’agit de la découverte, sur le
sol à proximité immédiate de trois sépultures nîmoises
(SP2026 et SP2049 du 59 avenue Jean-Jaurès et SP1222
du 78 avenue Jean-Jaurès), de dépôts de mobiliers en
place (respectivement deux pots et un gobelet associé à
une monnaie).
Les objets mis au jour dans les tombes d’enfants
décédés en période périnatale sont surtout des monnaies
et des amulettes (fig. 9). Les monnaies, représentées en
un exemplaire par tombe au plus, sont déposées près
du crâne (2 cas), au niveau du thorax (fig. 10), ou des
membres supérieurs (4 cas). La catégorie des amulettes
correspond ici à des éléments perforés de nature variée,
destinés à être enfilés sur des bracelets ou des colliers.
Ils sont attestés dans trois tombes de la nécropole SainteBarbe à Marseille en lots de deux ou quatre pièces.
Il s’agit de perles en fritte ou en verre (1 à 3 exemplaires)
associées à d’autres éléments : une amulette phallique
en ambre (tombe 308), deux monnaies percées (tombe
527) ou une rondelle en os (tombe 316). On ignore s’ils
étaient portés. On note également la présence d’un jeton
en os (Nîmes, place des Arènes) qui pourrait avoir un
statut comparable aux objets précédents, ainsi que des
éléments de coffret (Marseille, Sainte-Barbe, tombe
332), et un bracelet en bronze (Marseille, Sainte-Barbe,
tombe 308).
Les tombes d’enfants décédés dans la période périnatale témoignent d’une pratique de dépôt peu fréquente,
limitée aux ensembles périurbains. Le mobilier, peu
abondant, est principalement constitué de monnaies
et d’amulettes. Les vases, plus rares, ne sont pourtant
pas absents et suggèrent l’existence de rites alimentaires au moment des funérailles et dans le cadre du
culte de la tombe.
197
VALÉRIE BEL
Fig. 3. Répartition des tombes par âge au décès et par classes d’âge retenues.
198
LES DÉPÔTS DE MOBILIER DANS LES TOMBES D’ENFANTS ET D’ADOLESCENTS EN GAULE NARBONNAISE AU HAUT-EMPIRE
Fig. 4. Traitement des corps (crémation et inhumation) en fonction de l’âge au décès.
Les enfants âgés de moins de six mois
Fréquence des dépôts
Le dépôt de mobilier dans les tombes d’enfants ayant
vécu quelques semaines apparaît dans les mêmes proportions que dans les sépultures de sujets décédés autour de
la naissance (fig. 5). Il n’est en effet attesté que dans trois
tombes sur douze. La pratique ne semble plus réservée
aux seuls contextes périurbains puisqu’elle est documentée par une tombe de l’officine rurale de Sallèles-d’Aude
(tombe 4 : sujet de un à trois mois) et par une sépulture
associée au sanctuaire et mausolée domanial de Rec de
Ligno à Valros (SP2009). Le troisième exemple est issu
du 59 avenue Jean-Jaurès à Nîmes (SP2057 : sujet de
moins de trois mois), seul site périurbain représenté pour
cette classe d’âge dans notre corpus.
Importance des dépôts
Bien qu’encore peu attestée (fig. 6), la pratique
du dépôt de mobilier dans la tombe peut revêtir pour
certains de ces très jeunes enfants un caractère assez
ostentatoire qu’illustre bien la sépulture SP2009 de
Rec de Ligno à Valros. Cette découverte s’inscrit dans
le contexte d’un mausolée rural appartenant à une
flaminique de la colonie de Béziers. Elle appartient à
un sujet décédé entre un et quatre mois et demi, associé
à un riche dépôt constitué de cinq vases, treize objets
et deux dents de faune (fig. 13). Les autres sépultures
d’enfants de moins de six mois comportent un mobilier
plus modeste (SP2057 de Nîmes : 2 vases et 1 objet ;
tombe 4 de Sallèles-d’Aude : 1 objet).
Nature des dépôts
Les mobiliers funéraires associés aux nourrissons
de moins de six mois sont peu nombreux dans notre
corpus. Les données disponibles suggèrent néanmoins
une augmentation sensible de la fréquence des dépôts
de vases (fig. 7). En effet, les trois tombes avec mobilier comportent un dépôt d’objet et deux d’entre elles
(à Nîmes et à Valros) livrent un dépôt de vase (16 %
de l’effectif total). L’apparition du dépôt de vases dans
une tombe rurale (SP2009, Rec de Ligno à Valros) est
sans doute liée à l’appartenance de cette dernière à une
famille de notables.
L’effectif des vases est encore très réduit (7 vases).
Composé essentiellement de récipients pour les liquides
(pots ou gobelets ansés) ou semi-liquides (pots) et d’une
coupelle, ce lot se distingue du précédent par la présence
d’un balsamaire issu d’une tombe nîmoise (SP2057, 59
199
VALÉRIE BEL
Fig. 5. Répartition par classe d’âge des tombes avec mobilier assuré.
200
LES DÉPÔTS DE MOBILIER DANS LES TOMBES D’ENFANTS ET D’ADOLESCENTS EN GAULE NARBONNAISE AU HAUT-EMPIRE
Fig. 6. Nombre moyen de dépôts assurés (vases, objets et faune)
dans les inhumations et les crémations avec mobilier.
201
VALÉRIE BEL
avenue Jean-Jaurès) (fig. 8 et 13). La présence d’un vase
à parfum pourrait témoigner d’un rituel plus élaboré
pour cette classe d’âge. Les récipients ont été retrouvés
au niveau du corps du défunt (partie supérieure droite de
la sépulture SP2057, ou sur les dispositifs de couverture
interne (tombe SP2009 de Rec de Ligno).
Si aucun outil n’a été relevé dans une tombe d’enfant périnatal, un strigile apparaît en revanche dans
la sépulture d’un sujet décédé au cours des trois premiers mois (tombe SP2057, 59 avenue Jean-Jaurès à
Nîmes) (fig. 9). Monnaies et amulettes sont également
présentes dans la tombe SP2009 de Rec de Ligno qui
appartient à un enfant plus âgé, décédé entre un et quatre
mois et demi. Ce mobilier (fig. 13), identifié et étudié
par Stéphanie Raux (objets) et Vianney Forest (faune),
comprend un lot d’objets probablement placés dans un
coffret posé auprès du corps, constitué de deux monnaies (en argent et en bronze), d’une perle en fritte, de
deux amulettes en os (représentant une lunule et des
testicules), associées à une incisive de castor et à des
éléments de parure. La dent de castor, comme la canine
de porcin mâle retrouvée avec les vases sur le dispositif
de couverture interne de la sépulture, pourrait avoir une
fonction symbolique. Une sixième amulette apparaît
sous la forme d’un pendentif phallique en or. Les bijoux
constituent en effet la plus grande partie du riche mobilier de cette tombe. Outre le pendentif, deux bagues et
un bracelet en or étaient répartis sur le fond de la tombe.
Ils pourraient avoir été portés par le défunt, mais la disparition des restes osseux (à l’exception de quelques
germes dentaires) n’a pas permis pas de le vérifier. Un
second bracelet, en bronze, une bague et un fragment
de fibule en fer se trouvaient dans le coffret. D’autres
fragments de (la même ?) fibule ont été retrouvés dans
l’un des vases. On pourrait être en présence d’un geste
de bris et de dispersion intentionnels dont on trouve des
parallèles dans les tombes d’adultes (Bel 2010). Cette
accumulation d’objets de parure dans une même tombe
est exceptionnelle, d’autant que, toutes catégories d’âge
confondues, les bracelets et les fibules sont faiblement
représentés dans les contextes funéraires de Narbonnaise
au Haut-Empire (Feugère 1993, p. 141-143). Ajoutons
qu’une autre fibule (en bronze) a été mise au jour dans
la tombe d’un enfant décédé entre un et trois mois
sur le site de Sallèles-d’Aude. Retrouvée en place sur
le thorax du sujet, elle conservait des restes de fils de
chanvre ou de lin. Elle pourrait avoir servi à maintenir
un lange, mais ses dimensions disproportionnées font
penser qu’elle était plutôt portée comme une offrande
(Duday et al. 1995, p. 104). C’est ce que tend à confirmer l’analyse archéo-anthropologique qui témoigne
d’une décomposition en espace vide et ne montre pas
d’effet de contention. (Duday et al. 1995, p. 45).
202
Le dépôt de mobilier dans la sépulture demeure une
pratique minoritaire pour les enfants de moins de six
mois. Il n’est cependant plus limité aux seuls groupes
urbains. La fréquence accrue des dépôts de vases et l’apparition du vase à parfum témoignent d’une meilleure
intégration dans le système funéraire en usage pour les
adultes. On observe aussi une différenciation marquée
entre les tombes, signe d’une intégration sociale plus
nettement réalisée. La riche sépulture de Valros montre
ainsi qu’un enfant âgé de quelques semaines seulement
pouvait être doté des marqueurs de son appartenance à
l’élite.
Les nourrissons jusqu’à deux ans environ
Fréquence des dépôts
L’augmentation de la fréquence des dépôts de
mobilier dans les sépultures est clairement perceptible
pour les nourrissons âgés de plus de six mois et surtout
pour les enfants âgés de plus de douze mois (fig. 5). La
pratique du dépôt de mobilier augmente de manière assez
régulière avec l’âge, pour devenir quasiment systématique à partir de six ans environ. La part des tombes avec
mobilier est ainsi multipliée par quatre entre la classe
des moins de six mois et les enfants de cinq-six ans.
Importance des dépôts
Le nombre moyen de dépôts ne progresse guère dans
les tombes des nourrissons jusqu’à l’âge de deux ans
environ (fig. 6). Comme la précédente, cette classe d’âge
est caractérisée par l’existence d’écarts très importants
entre les lots. On recense ainsi plusieurs tombes comportant plus de 10 voire plus de 20 dépôts : tombe SP1381 du
78 avenue Jean-Jaurès à Nîmes (3 vases, 7 objets ; 0-12
mois) ; SP1362 du même site (3 vases, 18 objets; 0-12
mois) ; tombe SP1180 du même site (1 vase, 19 objets ;
0-12 mois) ; tombe 169 de Sainte-Barbe à Marseille
(3 vases, 19 objets ; 12 mois) ; tombe 534 du même site
(49 objets ; 2 ans). Les autres sépultures, notamment en
contexte rural, ne comportent pas plus de sept dépôts.
Nature des dépôts
On observe que la fréquence des dépôts de vases et
celle des objets progressent avec l’âge de manière à peu
près parallèle, les objets restant les plus fréquemment
attestés (fig. 7). Les tombes avec vases deviennent majoritaires, ce qui pourrait témoigner de l’élargissement
des rites sacrificiels et alimentaires. C’est ce que suggère aussi la composition des dépôts puisque sur treize
LES DÉPÔTS DE MOBILIER DANS LES TOMBES D’ENFANTS ET D’ADOLESCENTS EN GAULE NARBONNAISE AU HAUT-EMPIRE
Fig. 7. Répartition par classe d’âge des tombes avec dépôt assuré de vase et d’objet.
203
VALÉRIE BEL
tombes avec mobilier, quatre comportent une lampe et
deux, un balsamaire (fig. 11). Comme pour les enfants de
moins de six mois, les vases pour les liquides ou semiliquides (pots) sont mieux représentés que les vases pour
les solides, ce qui pourrait refléter un choix de récipients
plus adaptés à la nourriture des nourrissons. Cette tendance est illustrée par l’apparition dans cette classe d’âge
des tire-lait ou biberons qui sont attestés dans les tombes
de sujets âgés de huit à seize mois (dépôt incertain,
SP2002, 59 avenue Jean-Jaurès à Nîmes), douze mois
(tombe 169, Sainte-Barbe à Marseille) et de un à quatre
ans (SP1197, 78 avenue Jean-Jaurès, Nîmes ; tombe
176, Le Valladas, Saint-Paul-Trois-Châteaux) (fig. 12).
Ce dernier exemplaire, de petites dimensions (96 mm
de hauteur seulement), ne paraît pas fonctionnel, le bec
latéral n’étant pas réellement percé. Il est associé à une
petite coupe en forme de mortier qui pourrait évoquer la
préparation des bouillies.
Lorsque l’information est disponible, on observe que
les vases pour les liquides sont le plus souvent placés
près des pieds ou des membres inférieurs (SP1197 et
SP1180, 78 avenue Jean-Jaurès à Nîmes, tombes 149
et 169, Sainte-Barbe à Marseille, tombe 11 de Sallèlsd’Aude), alors que les balsamaires ou les lampes se
trouvent près de la tête (tombe 11 de Sallèles-d’Aude ;
tombe 169 de Sainte-Barbe à Marseille). Un biberon
(SP2002 du 59 avenue Jean-Jaurès à Nîmes) et un pot
(SP2022, Cresses Basses à Montblanc) apparaissent
également sur le dispositif de protection du corps.
L’existence de pratiques de libations liées au culte
de la tombe est attestée Nîmes par la découverte, sur
le site de Careiron-et-Pesquier à Milhaud (Gard), d’un
conduit à libation aménagé avec des tuiles dans l’angle
d’une tombe de nourrisson décédé entre six et neuf mois
(tombe 1008 ; Conche et al. 2003.). Le comblement de
ce dispositif a livré deux fragments osseux indéterminés
de faune et une dent de suidé.
Le répertoire des objets associés aux tombes de cette
classe d’âge est à peu près identique à celui des tombes
des sujets de moins de six mois (fig. 9). On y rencontre
ainsi des monnaies (jusqu’à 3 exemplaires par tombe),
retrouvées sous le crâne (Marseille, tombe 534), dans
la bouche (Marseille, tombes 169 et 409 ; Milhaud,
tombe 1355) ou près du crâne (Nîmes, 78 avenue JeanJaurès, tombe 1180). On identifie également des éléments
de coffret (Montblanc, Cresses-Basses, tombe 2022) et
de parure (bague en fer : Marseille, tombe 169 ; pendentif massue en or : Rec de Ligno, Valros, tombe SP2010),
ainsi que des restes de chaussure retrouvés près du thorax d’un sujet âgé de douze mois (Marseille, tombe 409).
Le dépôt d’instrument n’est représenté que par un peson
provenant de la tombe d’un enfant de moins d’un an
(Nîmes, 78 avenue Jean-Jaurès, SP1180). En-dehors
204
Fig. 8. Petit gobelet à deux anses dans une inhumation d’enfant d’âge
périnatal ; tombe SP2026 du 59 avenue Jean-Jaurès à Nîmes
(DAO S. Barberan, Inrap).
du corpus étudié, on peut évoquer la découverte d’un
modèle réduit d’épée dans une sépulture de très jeune
enfant de Bram (Aude) (Passelac 1995, p. 57-58).
Plus encore que dans les tombes des nourrissons
de moins de six mois, ce sont les amulettes qui constituent, par leur nombre et leur fréquence, la part la plus
importante de ces dépôts. Certains lots comportent un
nombre de pièces très important : 46 dans la tombe 534
de Sainte-Barbe à Marseille ; 17 dans la tombe 169
du même site ; 17 dans la tombe SP1180 du 78 avenue Jean-Jaurès à Nîmes ; 13 dans la tombe SP1362
de ce même site (fig. 14). Il s’agit souvent d’éléments
perforés, probablement enfilés à l’origine sur des colliers, mais les observations disponibles ne permettent
pas d’affirmer qu’ils étaient systématiquement portés.
L’hypothèse paraît assez improbable dans le cas du collier d’amulettes de la tombe SP1180 de Nîmes (fig. 17),
si l’on considère la taille de l’objet (anneau en fer de
200 mm de longueur et 130 mm de largeur) et sa localisation, sur un peson, à proximité des os des membres
inférieurs. D’autres amulettes semblent avoir été portées, comme le collier situé à hauteur du thorax de la
sépulture 420 de Sainte-Barbe à Marseille (Moliner et
al. 2003, p. 359) ou, dans la tombe 169 de ce même site,
les amulettes retrouvées en aval du crâne (Moliner et al.
2003, p. 309, pl. 31). L’amulette phallique de la tombe
169 ou le pendentif en forme de massue de la tombe 149
(Moliner et al. 2003, p. 304), repérés près des pieds du
sujet, pourraient avoir été portés à la cheville. Les lots
sont principalement constitués de perles en verre ou en
fritte associées à d’autres éléments en os, en métal, en
ambre - plaquettes, jetons, tessères, anneaux, disques,
pendentifs phalliques ou en forme de dent, éléments en
forme d’animaux, monnaies percées, coquillages ou dent
perforées, clefs ou clochettes. Parmi les dents animales
LES DÉPÔTS DE MOBILIER DANS LES TOMBES D’ENFANTS ET D’ADOLESCENTS EN GAULE NARBONNAISE AU HAUT-EMPIRE
Fig. 9. Les dépôts d’objets dans les tombes d’enfants et d’adolescents (nombre minimal d’objets recensé par grandes classes d’âge).
205
VALÉRIE BEL
Fig. 10. Dépôt de monnaie dans une tombe d’enfant périnatal ; tombe SP1250 du 78 avenue Jean-Jaurès à Nîmes
(cliché V. Belbenoit, Inrap).
on identifie des dents de chien (tombe 169 à Marseille)
et de bovins (tombe SP1362 à Nîmes), ou encore une
dent de requin fossile enchâssée (SP1197, 78 avenue
Jean-Jaurès, Nîmes).
Plus de la moitié des tombes de nourrissons de moins
de trois ans sont dotées de vases et d’objets, mais ces
dépôts apparaissent en quantité très variable selon les
contextes et les individus concernés. Cette classe d’âge
s’individualise surtout par le choix des dépôts introduits
dans la sépulture. S’il n’existe pas à proprement parler
d’objets réservés aux nourrissons, on observe une prédilection très nette pour certaines catégories de dépôts, au
premier rang desquelles se placent les amulettes. Parmi
les vases représentés, on retrouve des formes attestées
dans les tombes d’adulte, comme les balsamaires et les
lampes et les vases pour le service des solides et des
liquides. Néanmoins, on note une préférence pour les
récipients adaptés à l’alimentation de cette classe d’âge
(aliments liquides ou semi-liquides) et l’apparition de
vases plus spécifiques, comme les biberons ou tire-lait.
Les enfants âgés de trois à six ans
Le corpus correspondant à ces classes d’âge est
très réduit ce qui incite à considérer avec beaucoup de
206
prudence les conclusions que l’on peut en tirer. La part
des tombes avec mobilier progresse et représente même
la totalité du corpus pour les sujets décédés entre cinq
et six ans (fig. 5). La fréquence des dépôts de mobilier augmente globalement, mais la systématisation des
dépôts de vases, qui caractérise les sépultures d’adultes
au Haut-Empire, n’intervient qu’à partir de sept ans. En
fait, la pratique adoptée pour les enfants décédés entre
trois et six ans se situe de ce point de vue dans la continuité des usages en vigueur pour les nourrissons. Ces
deux groupes se distinguent surtout par le nombre et la
nature des dépôts.
Cette classe d’âge est également marquée par
la diffusion de la pratique de la crémation. Celle-ci
introduit une étape supplémentaire de dépôt qui a lieu
sur le bûcher et dont on trouve l’écho dans les structures primaires (bûchers et tombes bûchers) et dans les
structures secondaires contenant un dépôt de résidus de la
crémation. Ces gestes spécifiques ont des conséquences
sur l’évolution des lots de mobilier dans les tombes.
Le dépôt de mobilier (en particulier le dépôt de vases)
apparaît ainsi de façon plus systématique dans les crémations que dans les inhumations (fig. 15).
De façon corollaire, on observe une diminution du
nombre moyen de dépôts dans les inhumations (fig. 6)
et, à l’inverse, une augmentation dans les crémations,
LES DÉPÔTS DE MOBILIER DANS LES TOMBES D’ENFANTS ET D’ADOLESCENTS EN GAULE NARBONNAISE AU HAUT-EMPIRE
âge
cruches
périnatal
0-6 m.
0-12 m.
6-12 m.
0-2 a.
1-2 a.
1-5 a.
3-4 a.
2-5 a.
5-6 a.
4-9 a.
7-9 a.
0-14 a.
6-14 a.
10-14 a.
15-19 a.
indét.
1
3
1
1
5
3
3
2
5
4
4
4
vase fermé
gobelets vase ansé biberon/
indét.
tire-lait
1
1
2
1
1
2
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
marmite
assiette/
coupe/bol coupelle
plat
1
2
1
1
1
1
4
2
1
1
2
1
1
1
2
lampe
1
1
4
1
indét.
balsamaire
1
1
1
1
1
1
6
pot
2
1
1
2
1
1
2
1
1
1
10
1
3
1
1
2
9
1
1
1
2
6
2
2
1
2
1
3
1
2
4
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
cruches
gobelets, divers vases ansés
tire-lait, biberon
9
-1
dé
in
4
14
-1
15
10
9
14
6-
0-
6
9
7-
4-
6
5-
2-
4
5
mois
3-
2
1-
1-
02
pé
rin
ata
l
06
012
612
0%
t.
10%
années
vases fermés, pots, marmites
assiettes, plats, coupes, coupelles
vases indéterminés
lampes
balsamaires
Fig. 11. Dépôts de vases dans les tombes d’enfants et d’adolescents (nombre minimal d’objets recensé par grandes classes d’âge).
Fig. 12. Dépôts de vases dans une tombe de nourrisson de la nécropole du Valladas à Saint-Paul-Trois-Châteaux
(tombe 176 ; DAO V. Bel, M. Genin). 12-13 : céramique ; 22 : verre.
207
VALÉRIE BEL
Fig. 13. Mobilier d’une riche tombe d’enfant décédé entre un et quatre mois et demi ; tombe SP2009 du site de Rec de Ligno à Valros (Hérault)
(DAO S. Raux, P. Rascalou, Inrap). 1-4 : céramique ; 5 : verre ; 6-9 : or ; 10 : bronze ; 12-13, 17-18 : fer ; 11 : fritte. Non illustrés : 19-20 (monnaies) ;
21-22 (bois de cerf) ; 23 (dent de porcin) ; 24 (dent de castor).
208
LES DÉPÔTS DE MOBILIER DANS LES TOMBES D’ENFANTS ET D’ADOLESCENTS EN GAULE NARBONNAISE AU HAUT-EMPIRE
Fig. 14. Mobilier de la tombe d’un enfant âgé de moins d’un an, site du 78 avenue Jean-Jaurès à Nîmes (tombe SP1362 ; DAO S. Lancelot, Inrap).
8 et 11 : verre et fritte ; 12-13 et 19 : ambre ; 14 : os ; 16-18 : dents de bovins ; 21-22 : galets. Non illustrés : 3 monnaies, 2 cruches en céramique.
principalement due à des phénomènes d’accumulation
de mobilier brûlé sur le bûcher, observés dans deux structures particulièrement riches : le bûcher 6100 du site de
Saint-Fréjus à Marennes (Rhône) et le bûcher SP2016
des Cresses-Basses à Montblanc (Hérault) (fig. 16).
Le premier, attribué à un enfant décédé entre deux et
cinq ans, a livré deux dépôts non brûlés et cinquante à
soixante dépôts brûlés. Il s’inscrit dans un enclos funéraire attaché à une villa aux confins des cités de Vienne
et de Lyon. Le second appartient à un enfant décédé
entre quatre ans et demi et sept ans et demi. Il comporte
onze dépôts non brûlés et vingt et un dépôts brûlés. Bien
qu’exceptionnelles, ces deux tombes mettent en évidence une modification significative du comportement
funéraire. Comme dans les tombes d’adultes, l’ostentation s’exprime de préférence dans les dépôts associés à
l’étape de la crémation. C’est d’ailleurs le plus souvent
sur le bûcher que sont déposés les objets personnels du
défunt. La pratique de la crémation permet ainsi de repérer une étape supplémentaire dans l’intégration sociale
des enfants de cette classe d’âge. De fait, les vases
constituent une part importante de l’abondant mobilier
livré aux flammes (14, soit les deux tiers dans la tombe
SP2016 de Montblanc et au moins 19, soit près de 40 %
dans la tombe 6100 de Marennes). Ces dépôts suggèrent
donc l’existence de rites alimentaire élaborés impliquant
un nombre important de récipients. La tombe 6100 de
Marennes comportait ainsi au moins trois coupes, une
coupelle, un pot, quatre cruches, une lampe et neuf
balsamaires brûlés et seulement deux balsamaires non
brûlés. La tombe de Montblanc a livré deux plats, neuf
coupelles, un pot, un vase fermé, et un balsamaire brûlés, ainsi que trois cruches, un pot, une lampe et deux
balsamaires non brûlés. Ce lot de vases était complété
par un coquillage brûlé et cinq escargots non brûlés au
statut d’offrande alimentaire incertain.
209
VALÉRIE BEL
Fig. 15. Répartition par classe d’âge des inhumations et des crémations avec mobilier.
De manière générale, le répertoire des vases ne se
distingue pas de celui des adultes. La vaisselle brûlée
est constituée à la fois de vases pour les solides et de
vases pour les liquides en proportions variables, souvent
associés à des balsamaires, plus rarement à des lampes.
En revanche, à l’instar de ce qu’on observe pour les
adultes, les vases non brûlés introduits dans la tombe
après la crémation sont majoritairement des vases pour
les liquides, des balsamaires ou des lampes.
Les amulettes tendent à disparaître (fig. 9), alors que
les objets de parures (évocation de la mors immatura ?)
restent bien représentés, mais c’est peut-être encore en
raison du « poids » dans notre corpus de la riche crémation de Marennes. Dotée de plusieurs objets de parures
(dont certains sont aussi des amulettes), cette tombe
illustre par ailleurs la diversité du mobilier rencontré
dans les tombes de cette classe d’âge (fig. 18). L’enfant
paré de bijoux en or et sans doute vêtu, avait ainsi été
incinéré sur un lit, accompagné de des figurines en terre
210
cuite, de son nécessaire à écrire, de pions de jeu, de son
nécessaire de toilette, de monnaies et d’une amulette en
cristal de roche.
Les tombes d’enfants âgés de trois à six ou sept ans
montrent une diversification des dépôts, objets ou vases,
impliqués aux différentes étapes du rituel. Parallèlement,
on observe une généralisation de la pratique du dépôt de
mobilier qui semble devenir la règle à partir de l’âge de
cinq ou six ans.
Les enfants de sept à quatorze ans et les
adolescents
La pratique du dépôt de mobilier dans la tombe (ou
sur le bûcher) apparaît quasiment systématique pour ces
classes d’âge (fig. 5). La fréquence des dépôts de vases
semble augmenter avec l’âge, tandis que celle des dépôts
d’objets diminue dans les tombes d’adolescents (fig. 7).
LES DÉPÔTS DE MOBILIER DANS LES TOMBES D’ENFANTS ET D’ADOLESCENTS EN GAULE NARBONNAISE AU HAUT-EMPIRE
Fig. 16. Mobilier de la tombe d’un enfant décédé entre quatre ans et demi et sept ans et demi ans ; tombe bûcher SP2016 du site
des Cresses-Basses à Montblanc (Hérault) (DAO S. Raux, P. Rascalou, Inrap).
Dépôts non brûlés :1-5 (céramique) ; 6-7 (verre). Dépôts brûlés : 9-16 (céramique) ; 19-21 (verre) ; 22 (or).
Non représentés : 4 monnaies, clous de chaussures (brûlés).
211
VALÉRIE BEL
Fig. 17. Vue du collier d’amulettes dans la tombe SP1180 du 78 avenue Jean-Jaurès
à Nîmes attribuée à un sujet décédé dans la première année (cliché Y. Manniez, Inrap).
Les lots étudiés sont constitués d’un nombre limité
de vases ou d’objets, les premiers étant d’ailleurs plus
abondants que les seconds, à l’instar de ce qu’on observe
dans la plupart des tombes d’adultes. L’absence de tombe
richement dotée est sans doute le fruit du hasard et tient à
la taille assez réduite du corpus.
Comme pour le groupe précédent, le répertoire des
vases varie selon l’étape de dépôts : les vases pour les
solides, notamment les formes ouvertes, sont le plus souvent issus du bûcher, alors que les récipients non brûlés
212
sont très majoritairement des vases pour la boisson (dans
les crémations comme dans les inhumations).
Ces tombes livrent par ailleurs très peu d’objets : une
bague en fer portée par un enfant âgé de six à douze ans
(SP1292, 78 avenue Jean-Jaurès, Nîmes), des chaussures
(tombes 53 et 145, Le Valladas, Saint-Paul-TroisChâteaux), des strigiles (tombes 14 et 92, Sainte-Barbe,
Marseille), une monnaie (tombe 175, Sainte-Barbe,
Marseille) et une perle en verre isolée (tombe 170 appartenant à un enfant de huit à quatorze ans, Le Valladas).
LES DÉPÔTS DE MOBILIER DANS LES TOMBES D’ENFANTS ET D’ADOLESCENTS EN GAULE NARBONNAISE AU HAUT-EMPIRE
Fig. 18. Objets (brûlés) provenant du bûcher d’un enfant décédé entre deux et cinq ans ; crémation 6100 du site de Saint-Fréjus à Marennes (Rhône)
(DAO C. Plantevin) : figurines (4 exemplaires dont 2 non illustrés) ; paire de strigiles, spatule et stylet à écrire en fer ; bulla en or ; pendentif-massue
en or ; bague en or avec pierre dure. Non illustrés : 2 boucles d’oreille en or ; fragments de galon en fil d’or tissé ; 7 monnaies (5 en bronze, 2 en argent) ;
cristal de roche ; 9 pions (5 en verre, 4 en os) ; plaque en ivoire décorée ; éléments en os de ceinturon et de coffret ; 4 anneaux en bronze ; 4 tiges
de renfort de pied de lit, en fer.
213
VALÉRIE BEL
Conclusion
L’analyse de la documentation disponible nous
conduit à définir cinq groupes d’âges pour lesquels
on peut identifier des comportements différents en ce
qui concerne les dépôts de mobilier. Les limites d’âge
proposées sont approximatives et n’ont qu’une valeur
indicative car elles dépendent des déterminations
anthropologiques qui sont contingentes de l’état de
conservation des os.
On retiendra de cette étude que les dépôts de vases
concernent tous les groupes d’âges y compris les sujets de
la période périnatale. Ces observations nous conduisent à
penser que des les rites alimentaires et sacrificiels étaient
bien effectués au moment de l’inhumation des enfants
quel que soit leur âge. D’autres indices suggèrent également l’existence d’un culte funéraire marqué par des
rites de libation. D’abord limité pour les plus jeunes à
une minorité de sépultures issues de contextes périurbains, le dépôt de vase concerne ensuite plus de la moitié
des tombes de nourrissons de six mois à deux ans et se
généralise dans les tombes des enfants de plus de six ans.
La diversité des récipients représentés dans les tombes
de sujets d’âge périnatal fait penser que ce sont surtout
les adultes qui sont impliqués dans ces rituels, alors que
le répertoire des vases associés aux nourrissons, plus
adapté à leur alimentation, suggère une intégration plus
nette de ces dernier aux rites funéraires. Cette spécificité disparaît des tombes des enfants plus âgés qui ne
se distinguent plus guère de ce point de vue des tombes
d’adultes. La présence, dans les sépultures de nourrissons, de balsamaires et de lampes (absents des tombes
214
de la classe périnatale), est peut-être aussi le signe de
rituels plus élaborés. Cette tendance se manifeste clairement dans l’abondante vaisselle brûlée associée aux
riches crémations d’enfants âgés de trois à six ans.
Les objets marqueurs de différenciation sociale ne
semblent pas attestés dans les tombes d’enfant de la
période périnatale. En revanche, la découverte de Rec de
Ligno à Montblanc montre qu’ils peuvent être associés
à des nourrissons de moins de moins de six mois, signe
que l’intégration sociale des enfants se produit très tôt.
Les objets constituent une part très importante du
mobilier des tombes d’enfants jusqu’à l’âge de deux
ans environ. Les tombes de la classe périnatale livrent
surtout des monnaies et des amulettes, tandis que les
sépultures de nourrissons décédés au cours des deux premières années de vie se singularisent par la proportion
très importante des amulettes qui sont en quelque sorte
caractéristiques de ces contextes. Qu’ils aient été portés
par les bébés de leur vivant ou qu’ils aient été donnés au
moment des funérailles, ces objets traduisent sans doute
de l’inquiétude générée par la mortalité infantile. Ils
tendent à disparaître des tombes d’enfants de trois à six
ans qui sont associés à une plus grande diversité d’objets
dont la plupart n’est pas spécifique de l’enfance. Cette
dernière classe d’âge se démarque apparemment assez
peu du système funéraire en vigueur pour les adultes,
sauf pour ce qui concerne la fréquence des dépôts, comparable à celle du groupe des nourrissons.
Enfin, dans l’état actuel des données, ni la fréquence,
ni l’importance, ni même la nature des dépôts ne permet
de distinguer le mobilier des tombes des enfants de plus
de six ans et des adolescents, de celles des adultes.
LES DÉPÔTS DE MOBILIER DANS LES TOMBES D’ENFANTS ET D’ADOLESCENTS EN GAULE NARBONNAISE AU HAUT-EMPIRE
Annexe
Corpus des tombes retenues
- Nîmes (Gard), 78 avenue Jean-Jaurès, tombes 1062,
1081, 1180, 1197, 1222, 1250, 1255, 1270, 1272, 1292,
1362, 1381 : 12 inhumations ; 10 à 11 avec mobilier ;
Ier-IIe s. ; espace périurbain de 43 tombes ; fouille Inrap
2003 ; étude anthropologique de J. Rouquet et V. Fabre
(Bel et al. 2005 ; Bel et al. à paraître).
- Nîmes (Gard), 59 avenue Jean-Jaurès, tombes 2002,
2019, 2026, 2034, 2046, 2049, 2057 : 7 inhumations ;
4 à 7 avec mobilier ; Ier-IIe s. ; espace périurbain de 13
tombes ; fouille Afan 1996 ; étude anthropologique de
J. Rouquet (Hervé 1993 ; Bel et al. à paraître).
- Nîmes (Gard), cadereau d’Alès, avenue Jean-Jaurès,
tombe 1045 : inhumation avec mobilier ; deuxième moitié Ier-IIe s. ; espace périurbain, 2 tombes ; diagnostic Inrap
2008 ; étude anthropologique de V. Bel (Pellé 2008).
- Nîmes (Gard), 8, 10 et 12 rue du Cirque Romain,
tombes 6, 12, 34 : 3 inhumations sans mobilier ;
Ier-IIIe s. ; espace périurbain, 5 tombes ; diagnostic Inrap
2006 ; étude anthropologique de V. Fabre (Pellé 2007).
- Nîmes (Gard), place des Arènes, tombes 1, 3, 4, 5 : 4
inhumations ; 3 avec mobilier ; IIe s. ; espace périurbain,
5 tombes ; fouille 1973-1974 ; étude anthropologique de
H. Duday (Fiches, Py 1981 ; Duday 1981).
- Nîmes (Gard), 21 rue Montaury, tombe 1040 : 1 inhumation sans mobilier ; première moitié IIIe s. ; espace
périurbain, 6 tombes ; diagnostic Inrap 2004 ; étude
anthropologique de V. Bel (Manniez, Bel 2004).
- Nîmes (Gard), Mas des Abeilles II.3, tombe 268 :
dépôt secondaire de crémation (tombe double ; immature et adulte) ; attribution incertaine du mobilier au
sujet immature ; Ier s. ap. J.-C. ; espace funéraire rural de
7 tombes ; fouille Inrap 2002 ; étude anthropologique de
V. Bel (Bel et al. 2008).
- Milhaud (Gard), Careiron et Pesquier, tombes 1008,
1009, 1010, 1016, 1037, 1151, 1354, 1414, 1597 : 10
inhumations dont une avec mobilier ; IIe s. ; espace funéraire rural (villa) de 10 tombes ; fouille Inrap 2002 ; étude
anthropologique de R. Lisfranc (Conche et al. 2003).
- Montpellier (Hérault), La Gallière, tombe 10001 :
dépôt secondaire de crémation avec mobilier ; premier
quart Ier s. ap. J.-C. ; tombe isolée en milieu rural ; fouille
Inrap 2002 ; étude anthropologique de R. Lisfranc
(Daveau et al. 2009).
- Aspiran (Hérault), Soumaltre, tombes 11044,
11087, 11122, 8727 : 4 inhumations sans mobilier ;
Ier-premier quart IIe s. ; ensemble rural de 28 tombes ;
fouille Afan 1999 ; étude anthropologique de V. Bel
(Thernot et al. 2004).
- Valros (Hérault), Renaussas, tombe 2025 : bûcher avec
mobilier ; deuxième moitié Ier s. ; ensemble rural de
18-20 tombes ; fouille Inrap 2007-2008 ; étude anthropologique de Y. Gleize (inédit).
- Valros (Hérault), Rec de Ligno, tombes 2009, 2010 :
2 inhumations avec mobilier ; troisième quart Ier s. ;
espace funéraire et sanctuaire domanial ; fouille Inrap
2006 ; étude anthropologique de Y. Gleize (Jung, Bel
2010).
- Montblanc (Hérault), Cresses-Basses : tombes 2026,
2016, 2022 : 2 bûchers et une crémation indéterminée
avec mobilier ; IIe s. ; espace funéraire rural, 14-15
tombes ; fouille Inrap 2008 ; étude anthropologique de
Y. Gleize (inédit).
- Sallèles d’Aude, tombes 1 à 13 : 13 inhumations ;
2 avec mobilier ; ensemble rural de 13 tombes (atelier de
potier) ; deuxième moitié Ier s. ; étude anthropologique
de H. Duday et A.-M. Tillier (Duday et al. 1995).
- Marseille (Bouches-du-Rhône), Sainte-Barbe, tombes
10, 11, 12, 13, 14, 15, 18, 42, 50, 70, 75, 86, 91, 92,
123, 128, 149, 159, 166, 169, 175, 182, 184, 237, 296,
299, 308, 316, 332, 336, 366, 374, 375, 385, 394, 395,
397, 400, 401, 403, 409, 417, 420, 421, 433, 435, 444,
447, 452, 459, 461, 464, 483, 514, 518, 527, 534 : 53
inhumations dont 3 tombes doubles (2 immatures ou
adulte-immature) et 4 crémations ; 32 tombes avec mobilier ; dernier tiers Ier s. av. n. è.-IIe s. de n. è. ; ensemble
funéraire périurbain de 436 tombes ; fouille 1991 ;
étude anthropologique de A. Richier et I. Villeumeur
(Moliner et al. 2003).
- Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), Zac SextiusMirabeau, tombes 19, 23, 28, 32, 33, 34, 35, 36, 55 :
8 inhumations sans mobilier assuré et un dépôt secondaire de crémation avec mobilier ; deuxième moitié
Ier s.-IIe s. ; ensemble périurbain de 49 tombes ; fouille
1994-2000 ; étude anthropologique de A. Richier et
I. Villeumeur (Nin et al. 2006).
- Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), Le Valladas,
tombes 17, 35, 53, 82, 108, 145, 149, 170, 182, 183bis,
232, 269 : 6 inhumations (dont une tombe double
adulte-immature) et 6 dépôts secondaires de crémation
(dont une tombe double adulte-immature) ; 10 tombes
avec mobilier ; Ier-IIe s. ; ensemble funéraire périurbain
de 239 tombes ; fouille 1982-1985 ; étude L. Buchet
(Bel et al. 2002).
- Marennes (Rhône), Saint-Fréjus, tombes 6100, 6316 :
bûcher et double dépôt secondaire de crémation (adulteimmature) ; deuxième moitié Ier s.-première moitié
IIe s. ; espace funéraire rural (villa), 6 tombes ; fouille
1993-1994 ; étude anthropologique de V. Bel (inédit).
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Tavaux (Jura) : un matériel associé aux tombes d’enfants
Gérald Barbet
Abstract. In the context of a research program devoted
to Gallo-Roman burial grounds in the Jura department, the cremated remains of a soldier were discovered
during the excavation of a family cemetery near the town
of Tavaux. This grave has been dated between 40 and
60 aD. The same site also revealed a group of perinatal
tombs, characterized by the burial of the remains under
a roof-tile (imbrex). Some of these tombs also contained
funeral offerings, placed beneath or beside the tile.
D
ans le cadre d’un programme de recherche
sur les espaces funéraires gallo-romains
dans le département du Jura, la fouille d’une
nécropole au lieu-dit « les Charmes d’Amont », sur la
commune de Tavaux, apporte un nouvel éclairage sur
la population occupant ce secteur et ouvre des perspectives sur l’installation probable de vétérans sur ces terres
céréalières fertiles présentées comme telles par César
(Guerre des Gaules, I-IV) (fig. 1).
Sur le secteur étudié, et parallèlement à la fouille de
cet espace funéraire, nous avons effectué un recensement
de trois autres nécropoles présentant de nombreuses
similitudes. Elles prennent place au début de l’occupation romaine et sont installées en bordure de la grande
voie antique allant de Strasbourg à Lyon via Besançon,
capitale de la Séquanie (Barbet 2005, p. 5 ; Joan 1997,
p. 42 et 54).
La fouille de ce lieu funéraire de type familial a permis de mettre en évidence la tombe fondatrice datée entre
40 et 60 après J.-C. Cette tombe s’est avérée être celle,
soit d’un légionnaire, porte-enseigne, ou plus probablement celle d’un bénéficiaire dont les fonctions semblent
parfaitement s’accorder à l’organisation administrative
des provinces placées sous l’autorité de Rome (NelisClement 2000, p.125 et 254).
Au-delà de cette étude, il a été mis au jour un
ensemble de tombes de périnataux dont la spécificité
semble être le dépôt du corps à l’intérieur d’imbrices
dont certaines recelaient, à l’intérieur ou autour d’elles,
des offrandes.
La nécropole de Tavaux I, « les Charmes d’Amont »,
a livré vingt-deux sépultures à crémation (adultes et
enfants) et, probablement, soixante-deux tombes de
périnataux sur imbrex (Barbet 2005) (fig. 2). La dimension des imbrices, dont la longueur n’excède guère
50 cm, correspond à la taille d’un nouveau-né. Leur
forme, semi-cylindrique, ainsi que leurs dimensions,
en faisaient donc des contenants adaptés aux corps de
très jeunes individus. Les sépultures en imbrex n’apparaissent pas uniquement en Gaule romaine puisqu’on les
rencontre en Espagne, en Grèce et en Italie.
Les sépultures sur imbrex de la nécropole de Tavaux I,
« Les Charmes d’Amont », sont regroupées dans la
partie Nord-Est et Nord-Ouest de l’espace funéraire.
La présence de sépultures d’enfants en bas âge d’époque
romaine autour d’une tombe de guerrier pourrait s’interpréter comme un culte rendu aux ancêtres (Baills-Talbi,
Blanchard 2006, p. 60-66). En inhumant de petits
défunts autour de cette tombe fondatrice, la communauté se serait peut-être garantie, par leur intermédiaire,
la protection de cet ancêtre ainsi que celles des divinités
chtoniennes. Les très jeunes enfants, notamment ceux
décédés autour de la naissance, étaient en effet considérés comme des êtres à part – puisque morts entre deux
mondes –, capables de communiquer avec le royaume
souterrain. Ils auraient donc servi d’intercesseurs entre
le monde des vivants et celui des morts. À moins également que cette proximité autour de cette tombe guerrière
n’ait servi à protéger les petits défunts, âmes faibles et
innocentes, des esprits malfaisants, les larvae (BaillsTalbi, Blanchard 2006, p. 60-66). Il est intéressant de
noter qu’à Tavaux, une sépulture sur imbrex est isolée
dans l’angle de la nécropole. Les tombes – qui appartiennent principalement à des individus de moins d’un
an – mises au jour dans de telles structures ont parfois été
interprétées comme des sépultures de protection. Cette
sépulture avait-elle pour but de protéger la nécropole ?
Le mobilier funéraire
Dans la nécropole de Tavaux I, « les Charmes
d’Amont », douze imbrices sur soixante-deux comportaient des dépôts funéraires. Si peu de tuiles ont livré du
mobilier funéraire, celui-ci se caractérise en revanche par
sa singularité. C’est notamment le cas pour deux de ces
217
218
GÉRALD BARBET
Fig. 1. Plan de la nécropole I des « Charmes d’Amont » à Tavaux dans le Jura.(G. Barbet - S. Dubois).
TAVAUX (JURA) : UN MATÉRIEL ASSOCIÉ AUX TOMBES D’ENFANTS
sépultures qui ont livré respectivement un petit coq en
bronze et un cabochon en verre représentant une tête de
Méduse. Celui-ci était associé à un anneau en bronze.
Les représentations animales se rencontrent assez
fréquemment dans les sépultures d’enfants, notamment
sous forme de figurines. Dans de nombreuses cultures, le
coq est un symbole solaire, son chant annonçant le lever
du soleil. Il lutte donc contre les mauvaises influences de
la nuit. En Asie, il éloigne des maisons les esprits malfaisants. Dans les traditions helléniques, il est le symbole
de la lumière naissante, attribut d’Apollon. Enfin, le coq
figure, dans les rites funéraires des anciens Germains,
avec le chien et le cheval, parmi les animaux psychopompes sacrifiés aux morts (Chevalier, Gheerbrant 1997,
p. 281-283).
La tête de Méduse, l’une des trois Gorgones, est
une figure récurrente dans le domaine funéraire. Pour
J.-J. Hatt, les représentations de tête de Méduse sur les
stèles sont étroitement liées à la lunule, celle-ci, avec les
dauphins, symbolisant le « séjour des morts » (Hatt 1986,
p. 389-390). Le cabochon à représentation de Méduse
mis au jour à Tavaux devait très certainement décorer
une bouteille en verre. On peut toutefois s’étonner qu’on
ait pris soin de découper le décor qui représentait la tête
de Méduse pour ensuite le déposer dans la sépulture. Ce
geste n’est donc très certainement pas anodin, d’autant
plus que de telles figurations se retrouvent également
sur des objets de parures telles que des fibules ou des
médaillons. D’autres exemples ont été mis au jour à
Nîmes ou à Cologne (Célie, Darde 2007, p. 82-83).
Tous ces objets peuvent avoir été utilisés afin de se
protéger du mauvais œil. La représentation de Méduse
devait, par son aspect et son pouvoir – celle-ci pétrifiant
de son regard ceux qui avaient la témérité de croiser le
sien – susciter la terreur, du moins empêcher que l’attention d’une personne malveillante ne se pose sur soi,
le regard malfaisant étant attiré malgré lui par l’objet
incongru (Plutarque, Œuvres morales, in Dasen 2005,
p. 125). Le mauvais œil était d’autant plus dangereux s’il
touchait de jeunes enfants. Il était donc primordial de les
protéger par des amulettes.
À Tavaux, la sépulture 22 se distingue des autres
imbrices par le nombre de ses offrandes (fig. 3 et 4).
Cette sépulture a en effet livré un phallus miniature,
un élément de coffret dont l’extrémité figure un phallus, une monnaie, une casserole miniature, des éléments
d’une petite balance, une fibule miniature de type
Feugère 14b (Tibère-Claude), un fragment de bord de
vaisselle (assiette ?), un anneau comportant un fragment
d’une attache et un fragment d’anneau (?). À ces objets
en bronze s’ajoute une petite assiette en céramique commune de couleur beige retaillée dans un fond de cruche
(Barbet 2005, p. 27 et 29).
Dans l’Antiquité, le phallus est souvent figuré sur
les objets de la vie quotidienne. Porté en amulette, le
phallus était censé, de par sa connotation sexuelle, provoquer le rire ou le dégoût en déviant ainsi le mauvais
œil. Les Romains appelaient d’ailleurs le phallus, fascinum, celui-ci luttant « contre le mauvais sort ». Il n’est
donc pas étonnant de le retrouver fréquemment dans les
sépultures gallo-romaines, notamment dans des sépultures de jeunes enfants. Les seuls phallus mis au jour
dans la nécropole romaine de Sainte-Barbe à Marseille
appartiennent à deux tombes d’individus d’âge infantile (Moliner 2003, p.55 et 57). À Fréjus (Var), dans la
nécropole de Saint-Lambert, c’est une amulette phallique en os qui a été retrouvée dans une sépulture à
crémation d’un immature décédé aux alentours de trois
ans (Gébara, Béraud 1993, p. 334).
La fibule retrouvée dans la sépulture de Tavaux pourrait avoir tenu le même rôle symbolique que le phallus.
En effet, bien que les fibules apparaissent très fréquemment dans les sépultures d’adultes – seuls vestiges des
pièces d’habillement du défunt – elles se rencontrent
également dans des sépultures de très jeunes enfants.
Pourraient-elles alors avoir servi à fixer un lange, voire
un linceul ? Pour certains auteurs il s’agirait d’une
offrande symbolique qui aurait servi de « lien » entre
l’enfant et ses parents, la fibule symbolisant le monde
des adultes (Duday, Laubenheimer, Tillier 1995, p. 104).
Cet âge de la vie auquel le petit enfant aurait dû accéder
s’il n’était pas mort précocement, brisant l’espoir que
portaient en lui ses parents.
La casserole miniature ainsi que la petite assiette en
céramique commune retaillée dans un fond de cruche
pourraient également avoir été déposées dans un but
symbolique. La vaisselle miniature fait en effet partie
des offrandes que l’on retrouve assez fréquemment dans
les sépultures d’enfants en bas âge, même si elle n’en
constitue pas un usage exclusif. Il est d’ailleurs intéressant de constater que dans le monde grec de tels dépôts
caractérisent des tombes d’enfants. Dans la nécropole
Nord de Corinthe par exemple, tous les récipients en
céramiques de taille réduite ont été retrouvés dans des
sépultures d’enfants (Collin-Bouffier 1999, p. 91-96).
Cette miniaturisation ne concerne pas que la vaisselle de
table puisqu’on la retrouve avec des outils ou des armes,
voire même des chenets. Ces objets, de par leur taille,
ont été souvent interprétés comme des jouets d’enfants.
La fréquence, dans les sépultures gallo-romaines,
d’objets de taille réduite ainsi que leur présence dans
toutes les classes d’âge (nourrisson, enfant, adolescent
et adulte) pourraient suggérer une vocation magicoreligieuse. Cette hypothèse a surtout été avancée par
les chercheurs du monde grec. S. Martin-Kilcher met
ainsi en rapport les céramiques miniatures et les poupées
219
GÉRALD BARBET
rencontrées dans des sépultures grecques de jeunes
filles, voire d’enfants, avec des offrandes aux divinités
(Martin-Kilcher 2000, p. 67-68). D’autres, comme s.
Collin-Bouffier et V. Dasen, pensent que ce type de mobilier symboliserait « le statut de l’enfant dans la société
si celui-ci était parvenu jusqu’à l’âge adulte » (CollinBouffier 1999, p. 91-96 ; Dasen 2005, p. 11-12). Ainsi,
la vaisselle miniature représenterait pour les petites filles
ou les jeunes filles non mariées le rôle du foyer et reflèterait l’image de la bonne matrone.
deux sépultures à avoir livré un tel objet, figurent un as
d’Antonia et un as de Lucilla. La monnaie mise au jour
dans la sépulture 22 est un dupondius d’Antonia. La présence de ces deux figures féminines (Lucilla et Antonia)
pourrait ne pas être fortuite : celles-ci personnifiaientelles une sorte de figure maternelle destinée à protéger
la sépulture comme chaque évènement de la vie plaçait
le petit individu sous la protection d’une divinité : par
exemple Junon Lucina, pour les accouchements, Edulia,
pour la nourriture ? Outre le choix de son mobilier, la
Fig. 2. Sépulture en imbrex 40 avec sa couverture en pierres (Cliché. G. Barbet).
De même que la fibule et la vaisselle miniature, la
présence d’une pièce de monnaie dans un grand nombre
des imbrices fouillées à Tavaux pourrait également avoir
eu une signification particulière. L’obole à Charon était
une coutume d’origine grecque très répandue en Gaule
romaine. On la retrouve d’ailleurs dans de nombreuses
tombes d’enfants en bas âge. Notons toutefois que, dans
220
sépulture 22 se caractérise par la présence de très nombreux petits anneaux d’un diamètre intérieur de 0,25 cm
retrouvés à l’intérieur de la tuile. Les micro-anneaux, au
nombre de treize, se distribuent sur toute la périphérie
de la tuile faîtière. Quelles fonctions ont pu avoir ces
petits anneaux ? Soranos d’Ephèse, dans son traité de
gynécologie Des maladies des femmes, faisant part de
Fig. 3. Matériel associé à la sépulture de périnatal 22 (Dessin G. Wawrzyniak).
TAVAUX (JURA) : UN MATÉRIEL ASSOCIÉ AUX TOMBES D’ENFANTS
221
GÉRALD BARBET
Fig. 4. Schéma montrant la disposition du mobilier à l’intérieur et autour de la sépulture de périnatal 22
(Dessin G. Wawrzyniak).
sa désapprobation à l’égard de l’emmaillotage dit à la
« thessalienne », explique en ces termes en quoi il consistait : on déposait le petit enfant « enroulé jusqu’aux reins
dans des linges et des bandelettes » « dans une pièce de
bois allongée et creusée en son milieu par un sac tressé
plein de foin ou de paille » puis on attachait le nourrisson
dans son berceau « avec des sangles transversales passant
par des entailles...ménagées dans les bords de la pièce
de bois » (Burguière, Gourévitch, Malinas 1988, p. 154159). Il est intéressant de comparer la description de
Soranos et une statuette en calcaire provenant de NuitsSaint-Georges (Espérandieu 1910, n° 2051, conservée
au musée des Beaux-Arts de Beaune). Cette statuette qui
mesure 24,5 cm de longueur sur 12 cm de largeur représente un nourrisson dans son berceau. Recouvert d’une
couverture, le corps du petit enfant, dont on ne distingue
que la tête qui repose sur un coussin, est sanglé par des
bandelettes passées dans huit ouvertures latérales de
forme carrée (quatre à droite et quatre à gauche).
Les micro-anneaux découverts à l’intérieur de la
sépulture 22 pourraient-ils correspondre aux attaches
d’un couffin dans lequel on aurait déposé le petit défunt ?
La disposition des anneaux, situés latéralement (six d’un
côté, cinq de l’autre), sauf pour deux anneaux retrouvés à l’extrémité de l’imbrex tendrait à confirmer cette
222
hypothèse. Toutefois, si les anneaux ont bien servi d’attache à un berceau, celui-ci a dû être fabriqué dans une
matière souple, en osier par exemple ou en paille tressée,
de telle façon à pouvoir être contenu dans une imbrex.
Les anneaux : anneaux de lange ?
Une des autres caractéristiques de la nécropole de
Tavaux I « Les Charmes d’Amont », est d’avoir livré
dans cinq sépultures, des anneaux d’un autre type que les
précédents. La présence de tels objets dans des tombes
de très jeunes enfants est un phénomène qui semble
être assez fréquent dans les nécropoles gallo-romaines.
Ces anneaux sont interprétés majoritairement comme
des anneaux de lange, cette hypothèse semblant être
confirmée par les rares représentations gallo-romaines
d’enfants langés ou emmaillotés. Sur ces figurations, la
position de l’anneau se situe soit au niveau de la poitrine
où soit des pieds. Bien que l’archéologie funéraire ait
livré de nombreux exemples d’anneaux dans les sépultures gallo-romaines, de nombreux problèmes demeurent
toutefois quant à leur interprétation. À Tavaux, le diamètre extérieur des anneaux dépasse en général les deux
centimètres (2 cm à 2,6 cm du plus petit au plus grand).
TAVAUX (JURA) : UN MATÉRIEL ASSOCIÉ AUX TOMBES D’ENFANTS
L’épaisseur des anneaux est de 0,4 cm, sauf celle d’un
anneau en fer (0,5 cm). Les quelques représentations iconographiques qui existent et qui sont à l’origine de cette
interprétation, proviennent bien d’enfants emmaillotés.
Il faut également remarquer que si les représentations
d’anneaux sont rares, peu de sépultures d’enfants en ont
livré, proportionnellement aux sujets déposés dans une
même nécropole. Ainsi, à Tavaux, cinq sépultures sur
soixante-deux ont livré un anneau.
Conclusion
D’après Plutarque, les enfants en bas âge n’ont pas
accès à l’au-delà : on ne leur offre pas de libations « et
à leur égard on ne pratique pas les autres rites qu’il est
naturel d’observer pour les autres morts » (Plutarque,
Œuvres morales, in Dasen 2005, p.125). Souvent cité
et rarement contesté, ce passage contredit pourtant les
données archéologiques, notamment celles concernant
le mobilier funéraire. La présence de l’obole à Charon
dans leurs sépultures témoigne bien de la croyance en un
au-delà pour le défunt, même très jeune. De même que
la présence d’objets à valeur apotropaïque, qui atteste,
non pas de la peur du défunt – comme on l’a longtemps
pensé – mais plutôt du désir de les protéger dans l’audelà. Cette attention portée au petit enfant se marque
également par le mode de dépôt qui leur a été réservé.
C’est le cas par exemple de l’imbrex qui permettait de
recueillir, voir de protéger le corps du petit défunt. Cette
volonté de protection de la sépulture marque le souci des
parents de pouvoir honorer le petit enfant par différents
rituels, dont les rites de libations devaient faire partie.
Le fait qu’ils étaient enterrés dans la même nécropole
que les adultes montre aussi qu’ils étaient traités avec les
mêmes égards.
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Le « cimetière de bébés » d’Alésia : un mobilier funéraire inédit
Sandra Jaeggi
Abstract. A reconsideration of the records of excavations made at alésia by abbot Joly in 1950 provided an
opportunity to relocate the site, to re-examine the funerary material, to determine the age of the deceased and
to re-evaluate the use of the expression « baby’s cemetery ». The analysis of the bones and other material
found in the tombs allows us to assess the correlation
between the age of the deceased and the nature of the
offerings. Comparisons with other archaeological sites
demonstrate many similarities (such as the concentration of perinatal burials), as well as singularities (such
as the type of inhumation, the character of the funerary
material, the presence of an older individual).
In anticipation of new excavations which may help to
understand the specificity of the site and its possible
connection with the nearby sanctuary, new approaches
are proposed in this article.
Contexte historiographique d’une découverte
particulière
La découverte dans les années 1950 d’un ensemble
de sépultures de « bébés » suscite aujourd’hui encore
de nombreux questionnements 1. L’abbé Joly, le découvreur de ces tombes situées dans un abri sous roche de
la Croix-Saint-Charles à Alésia, en avait immédiatement
relevé le caractère singulier dans un premier article, en
1951, intitulé « Un cimetière gallo-romain de bébés à
Alise-Sainte-Reine (Côte-d’Or) » (Joly 1951).
1 Nous aimerions ici remercier tout ceux qui nous ont apporté aide
et soutien : les Professeurs Véronique Dasen, pour son encadrement et
pour avoir éveillé notre intérêt sur ce sujet passionnant, et Olivier de
Cazanove pour nous avoir permis de fouiller à Alésia et de retrouver le
mobilier du cimetière de bébés ; le Dr. Christian Vernou, conservateur
du Musée de Dijon et son assistante Myriam Fèvre, pour leur accueil et
l’accès au matériel non publié ; Mélanie Gadàcz, anthropologue, pour
son intérêt et son aide précieuse pour la détermination de l’âge des
« bébés ». Le Dr. Elisabeth Rabeisen pour les nombreuses informations
qu’elle nous a transmises sur le site d’Alésia et sur le contexte de
découverte des fouilles de l’abbé Joly. Enfin, spécialement, Céline
Dubois et le Professeur Antoine Hermary pour nous avoir permis
de publier cet article, ainsi que pour leur accueil chaleureux lors du
colloque qui a eu lieu à Aix en janvier 2011.
Dès 1955, Waldemar Deonna, sceptique, reprend
le titre de « Cimetières de bébés » dans un article où
il remet en question cette expression (Deonna 1955).
Sa conclusion appelle à la prudence : « Dans la civilisation
gallo-romaine, les tombes d’enfants ne sont pas d’ordinaire groupées à part, pas plus qu’à Rome ». Pourtant,
il reconnaît la particularité de l’abri de la Croix-SaintCharles, estimant que la forte mortalité infantile ne suffit
pas à expliquer la localisation des tombes d’enfants en
un même point. Il relève aussi l’existence de deux cas de
regroupements de jeunes enfants dans un « cimetière de
bébés » du Finistère : à Ergué-Armel, il s’agit de dépôts
d’époque gallo-romaine dans des vases et à Saint-Urnelen-Plomeur d’inhumations en fosses qui s’échelonnent
sur plusieurs siècles, les plus anciennes datant de la fin
du Hallstatt 2. Sans rejeter entièrement le phénomène,
W. Deonna suggère qu’une différenciation sociale et
religieuse a pu se faire dans des cas particuliers et que
cette coutume a pu se perpétuer dans les sanctuaires en
dépit du christianisme (Deonna 1955, p. 244-247).
L’expression lancée par l’abbé Joly va cependant
connaître un grand retentissement. Elle est adoptée en
1967 par A. Van Doorselaer dans le chapitre « Tombes
d’enfants » de son ouvrage les Nécropoles d’époque
romaine en Gaule septentrionale, où il conclut qu’il
convient d’utiliser le terme de « cimetières de bébés »
pour qualifier la découverte faite à Alise (Alésia), « dont
le caractère exceptionnel vient du fait qu’il ne renfermait
que des sépultures d’enfants, toutes à inhumation », par
comparaison avec les découvertes isolées qu’il recense
(Van Doorselaer 1967, p. 63).
En 1982, lors de la fouille de la nécropole des Bolards
à Nuits-Saint-Georges (Côte-d’Or), E. Planson n’hésite
pas à appliquer l’expression à la centaine d’enfants
recensés en bordure de nécropole ou près du mausolée.
Il attire toutefois l’attention sur le fait que la notion ne
2 Le Hallstatt, appelé Premier âge du Fer, est une période qui
succède au Bronze final et précède la période de La Tène. A SaintUrnel, le mobilier funéraire est rare. Grâce à la céramique et aux pièces
métalliques retrouvées, l'intégralité de la nécropole est datée de l'Âge
du Fer. P.-R. Giot et J. Cogné voient quatre niveaux d'inhumations
qui se succèdent sans donner de précisions sur l'époque à laquelle la
nécropole cesse d'être en fonction : Giot, Cogné 1951, p. 7 et p. 13.
225
SANDRA JAEGGI
convient pas aux lieux où se trouvent des sépultures d’individus plus âgés, comme c’est le cas à Argentomagus 3.
Il souligne que « la nécropole du Champ de l’Image
n’est pas un cimetière de bébés malgré les nombreuses
découvertes d’inhumations de nourrissons mélangées
aux incinérations ». Selon lui : « le terme de bébés,
concernant les tombes des Bolards, correspond (…) aux
descriptions des restes osseux. Il désigne des enfants
mort-nés, nés avant terme, ou n’ayant que quelques
jours de vie 4 ».
La formule entre toutefois peu à peu dans le vocabulaire des archéologues qui reconnaissent au fil des
trouvailles l’existence d’espaces funéraires spécialisés.
En 1989, F. Laubenheimer qualifie ainsi les découvertes
de l’atelier de Sallèles d’Aude de « véritable nécropole » (Laubenheimer 1989, p. 402), tandis que V. Fabre
nomme « nécropole réservée aux enfants en bas âge »
deux pièces d’habitation de l’oppidum de Mailhac
contenant sept individus en tout (Fabre 1990, p. 409).
Le terme de nécropole est repris en 1992 par G. Guillier
dans le titre de sa publication, Une nécropole d’enfants
gallo-romaine à Sommesous (Marne) (Guillier 1992).
Il s’agit d’une zone close par un mur englobant deux
occupations funéraires distinctes. L’une de celles-ci date
du Ier s. et comprend 21 inhumations d’enfants regroupées en îlots.
Depuis les années 1990, des « cimetières de bébés »
se sont multipliés en dehors de la Gaule romaine, en
Italie, à Poggio Gramignano (Teverine) (Soren, Soren
1999) et à la villa de la Fontanaccia (Etrurie) 5, ainsi
qu’en Grèce, à Astypalée (Dodécanèse) 6.
Aujourd’hui, des fouilles programmées, associées au
développement de méthodes permettant d’estimer l’âge
au décès, ont mis en évidence l’existence de classes d’âge
marginalisées. La mise en place d’une terminologie utilisée par les pédiatres et les ostéologues rend compte
d’une réalité biologique plus précise que l’expression de
« bébés » (fœtus, périnatals, néonatals, post-néonatals) 7.
3 Au sujet de la nécropole du Champ de l’Image à Argentomagus,
voir Allain et al. 1992.
4 « Cependant, dans la plupart des cimetières explorés, la
tendance est d’employer les termes bébés, nouveaux-nés, très jeunes
enfants pour définir des sujets d’âges très différents » (Planson 1982,
p. 173-174).
5 Becker 2004, p.255-267.
6 Il s’agit de plus de 2.750 enchytrismes de fœtus et de nouveaunés. Les dépôts ont été datés de 750 av. J.-C. jusqu’au Ier s. : voir
Hillson 2009, p. 137 ; Michalaki-Kollia 2010.
7 Cette terminologie varie cependant selon les pays et la
spécialisation des chercheurs. Pour les périodes qui couvrent le
début de la vie jusqu’à l’enfance (childhood : d’un an à la puberté/
adolescence), celle des pédiatres est unanimement acceptée. À ce
sujet voir Scheuer, Black 2000, p. 473-474, et le tableau de Monnier
1985, p. 53. Comme nous le verrons dans la conclusion, les sujets
226
L’expression de l’abbé Joly, malgré ses imprécisions,
avait su rendre compte d’un phénomène dont l’existence
n’est plus remise en question aujourd’hui, mais il s’agit
désormais de mieux saisir et de comprendre des spécificités locales. Ainsi, sur de nombreux sites, des fouilles
systématiques ont permis de révéler si les dépôts étaient
homogènes et ne contenaient que des « bébés », ou si
plusieurs classes d’âge sont représentées. La notion de
« cimetière de bébés » n’est plus jugée applicable dès
que des adultes et des enfants plus âgés sont mêlés aux
nouveau-nés (Kramar, Blanc 2005, p. 26).
Le cimetière d’Alésia : un abri sous roche
Situation
Malgré sa notoriété, l’abri funéraire n’a fait l’objet
que de deux articles en 1951 et en 1954 (Joly 1951 ;
Joly 1954). La situation topographique n’y est à aucun
moment donnée avec précision, l’intérêt du fouilleur
portant avant tout sur les sépultures. Dans sa publication
de 1951, l’abbé Joly mentionne un encorbellement sous
roche signalé par P. Jobard « au-dessous et au Nord de
la pointe Est du Mont Auxois » (Joly 1951, p. 119). En
raison du terrain escarpé et de la densité de la végétation
sur le pourtour de l’oppidum, cette description ne suffit
toutefois pas à situer l’endroit sur la carte. Ce n’est qu’en
1976, avec la publication tardive de la face cachée du
Mont-Auxois, que le site est enfin localisé (Joly 19761977). Accompagné d’un plan (fig. 1), cet ouvrage
permet la reprise méthodique des lieux fouillés et surtout
leur identification par rapport aux fouilles précédentes.
Ainsi, grâce à l’échelle indiquée, il nous a été possible
de retrouver, durant l’été 2011, l’abri laissé à l’abandon
depuis les années 1950.
Comme l’auteur l’explique, cet abri se trouve sur le
flanc Nord de l’oppidum, en retrait de quelques mètres de
son extrémité Est, lieu nommé plus tardivement la CroixSaint-Charles. L’érosion de la roche à cet endroit a créé
un surplomb qui s’étend sur plusieurs mètres (fig. 2).
À l’Est, un grand bloc forme une paroi qui, lorsqu’elle
rencontre le fond de l’abri, forme une alcôve (fig. 3).
Cette caractéristique, visible sur le plan détaillé de
1951 (fig. 4) a confirmé qu’il s’agissait de l’abri fouillé
en 1951.
soumis à ségrégation sont généralement les plus représentatifs de la
mortalité infantile dans les tables de mortalité (voir Ledermann 1969).
LE « CIMETIÈRE DE BÉBÉS » D’ALÉSIA : UN MOBILIER FUNÉRAIRE INÉDIT
Fig. 1. Alésia, plan de l’oppidum (Joly 1976-1977, p. 168-169).
Flèche gauche. zone à incinération dont une inhumation d’enfant, fouillée par Fourier. Flèche droite : « cimetière de bébés ».
Description de la zone fouillée
Les fouilles ont montré que le sol de l’abri était limité
par un muret de pierres sèches de construction récente
qui avait permis son comblement (Joly 1976-1977,
p. 167). À son sommet, une sépulture du Haut Moyen
Âge : un individu de taille imposante (au moins 1,80 m
d’après Joly 1951, p. 119) gisait sur le côté droit8. Ses
membres inférieurs étaient légèrement fléchis, parallèles
à la paroi du fond de l’abri (fig. 2). Il était accompagné
d’une plaque de fer triangulaire et de nombreux clous en
fer (Joly 1976-1977, p. 167).
Une couche de pierrailles et de cailloutis épaisse d’environ 50 à 70 cm se trouvait au-dessous du corps (Joly
1951, p. 119). Une autre couche lui succède, constituée de
pierres et de terre très noire, mêlée à de nombreux débris
de charbon, d’ossements d’animaux, pour la plupart calcinés, et de multiples tessons de verre et de céramique 9.
Ces derniers proviennent de plusieurs récipients, essentiellement des vases à verser à anse latérale, des écuelles
8 Au moins 1,80 m selon l'article de l'abbé Joly de 1951
(Joly 1951, p. 119).
9 Joly 1976, p. 167. L’abbé Joly remarque que ces couches
noircies se retrouvent aussi dans le cimetière romain de Flavignysur-Ozerain (Côte-d’Or). Il suppose la présence de superstructures
en bois au-dessus des tombes, qui auraient permis de brûler des
offrandes : Joly 1954, p. 96.
et des petites coupelles (Joly 1951, p. 119). Le matériel
présente aussi de beaux tessons de sigillée aux décors
animaliers, aigles et lapins, ou végétaux 10. Cette couche
singulière recouvrait les sépultures de « bébés » placées
entre et contre la paroi rocheuse, délimitant le terrain de
son contour irrégulier (Joly 1976-1977, p. 167).
La zone fouillée
Les deux fouilles de l’abbé Joly s’inscrivent dans
une surface carrée d’environ 3 m de côté. Elles ont
permis la découverte de onze tombes dans la couche
gallo-romaine11. Dans ses publications, toutes ne sont
pas traitées en détail, pas plus que leur contenu. Le plan
des fouilles de 1950 est la référence utilisée par l’abbé
pour situer les découvertes de 1950 ainsi que celles faites
postérieurement. L’emplacement de ces dernières n’est
cependant connu que par le texte de 1954 qui y fait allusion.
10 Ce mobilier n’a pas été retrouvé au Musée de Dijon.
11 La fouille de 1950 a mis au jour 6 tombes (nos 1 à 6). L’article de
1954 ne mentionne pas le nombre de sépultures exactes, mais décrit
les sépultures qui se sont le mieux prêtées aux observations de détail.
Parmi celles-ci, la sépulture n° 11. En l’absence de mention d’une
sépulture qui porterait un numéro plus élevé, nous partons de l’idée
que seules onze tombes ont été fouillées.
227
SANDRA JAEGGI
Fig. 2. L’abri localisé en juillet 2011 (inédit, photo R. Jaeggi),
vu de l’encorbellement.
Fig. 3. L’extrémité Sud-Ouest de l’abri avec le renfoncement visible
sur le plan de l’abbé Joly (photo R. Jaeggi).
Fig. 4. Croix-Saint-Charles, Plan de l’abri (Joly 1951, pl. XVIb). En rouge, ajouts des emplacements des sépultures 7, 11 et 8, d’après les indications
de l’abbé Joly (Joly 1954, p. 92) (réalisation S. Jaeggi).
228
LE « CIMETIÈRE DE BÉBÉS » D’ALÉSIA : UN MOBILIER FUNÉRAIRE INÉDIT
En l’absence du carnet de fouilles de l’auteur 12, une
localisation précise n’est actuellement pas envisageable.
D’après le texte, nous avons tenté une reconstitution de
l’emplacement des sépultures nos 7, 8 et 11 que nous
reproduisons en rouge sur le plan de 1951 (fig. 4).
Les sépultures
La sépulture n° 1
Selon le plan, cette sépulture est placée sous le squelette de l’homme du Moyen Âge, au niveau de ses pieds.
C’est, avec la sépulture n° 3, la plus proche du fond de
l’abri (à 1 m environ). Elle est signalée par un petit cercle,
ce qui indique qu’il s’agit d’une sépulture sans loculus 13.
Outre l’inhumation, elle contenait deux vases à verser
à une anse, du type cruche (vases I et II, fig. 5-6), ainsi
qu’un as d’Auguste entaillé de plusieurs coups de burin
(fig. 7). On ne connaît cependant ni la position exacte de
ces objets dans la fosse, ni celle du corps (orientation,
jambes repliées, décubitus, etc.).
La sépulture n° 2
Fig. 5. Sépulture n° 1. Grande cruche I, Ier s. Mus. Arch. Dijon
(photo R. Jaeggi).
D’après la légende, il s’agit d’une sépulture avec
loculus. Située en avant des sépultures n° 1 et n° 3, elle
est accolée à la sépulture n° 4. Son pourtour rectangulaire est délimité sur le plan par un tracé non continu. Il
contenait de nombreux débris de verre et un dupondius
de Vespasien (fig. 8). Aucun squelette n’a été retrouvé 14.
La sépulture n° 3
Hormis un petit cercle qui désigne la sépulture sur
le plan en l’attribuant aux sépultures sans loculus, nous
n’avons aucune indication à son sujet dans la documentation laissée par l’abbé Joly (Joly 1951, pl. XVI, fig. b).
Elle est située dans la continuité de la sépulture n° 1, aux
abords de l’encorbellement de l’abri qui la surplombe.
Fig. 6. Sépulture n° 1. Petite cruche II. Mus. Arch. Dijon
(photo R. Jaeggi).
12 Les documents de l’abbé n’ont été déposés ni au Musée d’AliseSainte-Reine (pas plus que le mobilier des fouilles), ni au Musée
Archéologique de Dijon, où est conservé le mobilier des fouilles de
1950. Nous remercions pour ces précieux renseignements Elisabeth
Rabeisen de l’Université de Bourgogne.
13 loculus : terme choisi par l’abbé Joly, dont nous déduisons qu’il
désigne des fosses avec aménagement des parois, principalement
faites de pierres.
14 Selon J. Joly : « il n’est pas certain que ce loculus ait servi de
tombe » (Joly 1951, p. 120).
229
SANDRA JAEGGI
La sépulture n° 4
Il s’agit d’une sépulture délimitée, avec loculus. Elle est
placée à l’avant de la sépulture n° 3 et entre les sépultures
2 et 7. Une pierre de dimension et d’épaisseur plus importantes que celles utilisées généralement pour marquer le
pourtour des sépultures sépare cette tombe de la suivante.
Elle contenait deux vases. Le premier est un gobelet à
glaçure plombifère jaune, au décor dit en « épingle à cheveux » (III, fig. 9) ; le second est une cruche à pâte rouge
avec des traces de couverte blanche (IV).
La sépulture n° 5
Cette sépulture sans loculus était située en avant des
sépultures 2 et 4. À l’intérieur se trouvaient deux vases
de petite taille (V et VI). Ils avaient été déposés l’un à
côté de l’autre. L’un avait l’ouverture dirigée vers le
haut, l’autre vers le bas. Il s’agit de deux coupelles à
pieds et à bords rentrants en céramique commune grise.
Leur production est datée du milieu du Ier s. (fig. 10).
La sépulture n° 6
Cette sépulture sans loculus était située en avant de la
sépulture 5, en bordure de la zone fouillée en 1950, à son
extrémité Nord (voir fig. 4). Le squelette qu’elle contient
est le seul qui soit décrit par l’abbé dans son article de
1951: « Il est le plus grand de tous », ce que confirme
l’analyse ostéologique.
L’abbé Joly mentionne que les jambes du périnatal
avaient été repliées pour qu’il puisse être déposé dans
un coffre de bois dont seuls subsistaient les clous (Joly
1951, p. 120) 15. Les débris d’un vase en terre et d’un
vase en verre ont été retrouvés au niveau de la partie
inférieure du squelette 16.
charbonneuses et de clous encore en place 17. Ces derniers permettent de fixer les dimensions du coffre à
environ 45 x 33 cm.
L’inhumé était déposé sur le dos, les jambes avaient
été repliées afin de pouvoir le déposer dans le cercueil.
Il avait dans la main gauche un as en bronze de Claude,
frappé à Rome en 41 après J.-C18.
À l’intérieur du loculus, la terre était très noire et
remplie de charbons, de pierres rougies par le feu,
d’esquilles d’os brûlés, de tessons de céramique et de
petits cailloux ayant subi l’action du feu, tout comme
l’une des dalles de couverture (Joly 1954, p. 94).
La sépulture n° 7
La sépulture n° 8
Située à la suite de la sépulture 4, elle en est séparée
par une pierre de dimension importante. La sépulture
7 reposait contre un banc de rochers formant l’un de
ses longs côtés. De petites pierres plates constituaient
le reste du pourtour. Sa fermeture était assurée par deux
rangées de petites dalles posées à plat d’où surgissait
l’extrémité d’une cruche (fig. 11). L’utilisation d’un cercueil en bois est attestée par la présence de particules
Il s’agit de la seule sépulture à incinération de la zone
fouillée. Sur le plan, l’abbé la situe « sur l’horizontale
qui passe de la tête de la flèche au voisinage de la limite
de la partie fouillée » (voir fig. 4). Les restes étaient
recueillis dans une céramique de la forme d’une cruche
brisée dans sa partie supérieure (fig. 12). Un gros tesson
provenant d’un autre récipient en céramique avait été
déposé sur les cendres au fond du récipient.Une pierre
plate recouvrait le tout. Une autre pierre plate gisait
15 En raison de leurs dimensions, les fémurs droit et gauche, les
tibias droit et gauche et l’ilium gauche sont ceux d’un périnatal qui
pourrait être arrivé à terme, d’après les tables de Fazekas et Kosa.
Voir à ce sujet M. Gadàcz, réf. 15-2-X dans le tableau ci-dessous.
16 Lieu de conservation inconnu.
230
Fig. 7. Sépulture n° 1. As d’Auguste, Rome, 7 av. J.-C. Av. : (CAESAR
AUGU)ST PONT MAX (TRIBUNIC POT), tête nue à dr. Rv. : M
MAECILIUS (TULLUS IIIVIR AA) AFF. Grand SC au centre. Frappe
décentrée (revers), marques de coups (avers). Mus. Arch. Dijon
(photo M. Fèvre).
17 Incrustée dans l’oxyde des clous, l’empreinte des fibres
ligneuses des planches est encore visible et permet de déterminer les
clous d’angles : Joly 1954, p. 92.
18 Joly 1954, p. 94. Non retrouvé.
LE « CIMETIÈRE DE BÉBÉS » D’ALÉSIA : UN MOBILIER FUNÉRAIRE INÉDIT
Fig. 8. Sépulture n° 2. Dupondius de Vespasien, Rome, 75 apr. J.-C. Av. : IMP CAES VESP AUG PMTP COS VI,
tête à droite radiée. Rv. : (FELICITA)S - PUBLICA, S-C (dans le champ), Felicitas debout à g., tenant un caducée
et une corne d’abondance. Mus. Arch. Dijon (photo R. Jaeggi).
à proximité du vase. Il n’est pas impossible qu’elle ait
servi de marqueur de tombe 19. Au milieu des ossements,
on relèvera la présence de quatre perles côtelées en fritte
bleue, d’un anneau en bronze et d’un petit tube court en
bronze orné à l’extérieure par des stries parallèles aux
bords (fig. 13).
Sépultures nos 9 et 10
Aucune information n’est malheureusement donnée
par l’abbé Joly concernant les sépultures 9 et 10.
La sépulture n° 11
Placée sur le pan de rocher déversé contre lequel
prennent appui les sépultures à l’intérieur de l’abri, la
tombe 11 se trouve en limite de zone. Le cercueil était
déposé contre un redan du banc rocheux, quelques
pierres ajoutées complétant cet entourage naturel.
Le squelette est mal conservé. Le corps reposait sur
le côté droit, les membres inférieurs étaient légèrement
repliés. Un gros anneau en fer (fig. 15) se trouvait au
niveau de la taille de l’enfant. La présence de clous et
19 L’abbé souligne à plusieurs reprises la présence de pierres de
dimensions plus importantes que celles employées pour délimiter
les sépultures ; elles se trouvaient à proximité de ces dernières et
auraient pu servir à signaler leur emplacement (Joly 1954, p. 98).
leur situation donnent les dimensions d’un cercueil qui
devait atteindre environ 40 x 30 cm. Directement sur
le cercueil étaient déposées des offrandes. De nombreux ossements brûlés, probablement d’animaux, trois
fibules, dont une argentée, et un balsamaire en verre
(fig. 14). À ce même niveau, du côté de la tête du défunt,
une assiette en terre grise était renversée sur des tessons
de céramiques provenant de plusieurs vases ainsi que
sur une quantité importante d’os brûlés. Deux fonds de
vases sectionnés complètent cet inventaire. L’un était
placé entre l’assiette et les fibules, l’autre au niveau des
genoux du squelette 20.
Aux alentours de la sépulture se trouvaient des clous
aux arêtes très nettes recouverts d’une couche d’oxyde
salin gris bleu. Cette altération, possible uniquement
lorsque le métal est chauffé à haute température, ainsi
que la présence de verre fondu et l’abondance de
charbons de bois, laissent supposer qu’un épisode de
combustion a eu lieu directement au-dessus de la tombe
ou a précédé le dépôt 21.
20 Bien que l’explication de l’abbé ne soit pas claire à ce sujet,
nous rapportons ces détails en raison des multiples trouvailles
de ce genre (à titre d’exemple, on peut évoquer la nécropole des
Bolards : Planson 1982), qui démontrent une découpe volontaire à
but probablement apotropaïque.
21 Le même phénomène est attesté au cimetière gallo-romain de
Flavigny-sur-Ozerain (Côte-d’Or) situé à 5 km d’Alésia (Joly 1954,
p. 96).
231
SANDRA JAEGGI
Fig. 9. Sépulture n° 4. Vase III, gobelet à glaçure plombifère, fragmenté ;
Ier s. Mus. Arch. Dijon (photo R. Jaeggi).
Fig. 11. Sépulture n° 7. Cruche X, à engobe blanc ;
fin du Ier s. Mus. Arch. Dijon (photo R. Jaeggi).
Fig. 10. Sépulture n° 4. Vases V et VI, deux coupelles, la plus grande percée au fond, Ier s. Mus. Arch. Dijon
(photo R. Jaeggi).
232
LE « CIMETIÈRE DE BÉBÉS » D’ALÉSIA : UN MOBILIER FUNÉRAIRE INÉDIT
Fig. 12. Sépulture n° 8. Fond d’une cruche faisant office d’urne (ht 11,2 cm, diam. 19,8 cm [panse]), Ier-IIe s.
Mus. Arch. Dijon (photo R. Jaeggi).
Fig. 13. Sépulture n° 8. Pièces de collier : quatre
perles en fritte bleue côtelées, un petit tube en
bronze et un anneau en bronze ; Ier-IIe s. d’après
les perles en verre. Mus. Arch. Dijon (photo R.
Jaeggi).
233
SANDRA JAEGGI
Le mobilier
La plus grande partie du mobilier funéraire est constitué de céramiques. Comme dans la nécropole de Lazenay
(Bourges) et dans la zone funéraire de Pourliat, il s’agit
essentiellement de cruches à une anse et de vases à boire
sous la forme de coupelles ou de gobelets 22.
Malgré l’étendue limitée de la fouille, il est possible
d’en saisir les constantes et les spécificités par comparaison avec d’autres sites. Nous présenterons ici les pièces
qui ont été retrouvées au Musée Archéologique de Dijon,
ainsi que celles qui ne figurent que dans les publications
de l’abbé Joly. Nous procéderons par type de matériau
et conserverons, lorsque cela est possible, l’ordre de
numérotation des tombes. Pour une vue d’ensemble des
tombes et de leurs dépôts, nous renvoyons le lecteur aux
descriptions des sépultures citées précédemment.
Le matériel céramique
Il est constitué de quatre cruches à une anse 23, d’un
gobelet et de deux coupelles.
Les cruches
Deux des cruches proviennent de la sépulture 1 (I
et II). Il s’agit d’un petit (ht 8,7 cm, diam. 6,8 cm) et
d’un grand modèle (ht 16,4 cm, diam. 13,5 cm). L’une et
l’autre sont en pâte claire à cuisson oxydante. Identique,
leur pâte est composée d’un dégraissant visible à l’œil nu,
contenant du mica et des impuretés noires et blanches.
Elles n’ont pas reçu d’engobe 24.
Les parois de la cruche I sont fines (fig. 5). Le col est
tronconique et étroit, il se termine par une lèvre évasée.
L’anse est trifide, la panse large et aplatie. L’objet est
fragmenté au niveau de l’épaule et fissuré sur toute sa
hauteur, le pied est annulaire.
La cruche II est de facture moins soignée (fig. 6). Sa
panse en forme de poire est étirée pour former le goulot. Ce dernier se termine par un anneau grossier qui fait
pendant à son pied annulaire. L’anse est bifide. De nombreuses fissures sont visibles sur la partie supérieure du
col, près du goulot.
Le plus grand des deux exemplaires de la sépulture 1
(I) s’apparente au sous-type 1 C du catalogue des cruches
d’Alésia (Sénéchal 1975, p. 11-12). Il s’agit d’objets
principalement retrouvés dans les couches archéologiques du théâtre et dans celles du portique du temple.
22 Rouquet 2003, p. 120-121 ; Wittmann, Bonnet 2009, p. 181.
23 Sans prendre en compte la probable cruche brisée et utilisée
pour l’incinération.
24 Nous remercions S. Bosse-Buchanan pour avoir confirmé les
caractéristiques de la pâte.
234
Ces exemplaires, fréquents sur l’ensemble du site, datent
du Ier s. 25.
La cruche II trouve peu de parallèles. Un seul exemplaire du catalogue publié par R. Sénéchal en 1985
reproduit sa forme (Sénéchal 1985, p. 147, fig. 108).
Bien que de petite taille (ht 14,5 cm, diam. 12 cm), ce
vase dépasse de plus de cinq centimètres l’exemplaire
trouvé dans la sépulture.
La cruche IV provient de la sépulture n° 4. Elle était
déposée en même temps qu’un vase de type gobelet. En
l’absence de l’objet, nous nous basons sur les commentaires de l’abbé Joly qui mentionne qu’il a été fabriqué
dans une pâte rouge à engobe blanc et qu’il est de petite
dimension (ht 13,3 cm, diam. 10,2 cm). Sur la photographie de la pl. XVI, l’objet est fissuré au dessous de
l’épaule. Il présente une embouchure à anneau simple, sa
panse est arrondie et large, presque sphérique. Le fond
est annulaire. Par sa forme générale d’aspect rude et sa
panse arrondie, cette cruche peut être associée à l’un des
vases retrouvés près du sanctuaire d’Alésia (Sénéchal
1985, p. 138, pl. 99 [167]). Elle se différencie néanmoins de ce dernier en raison de ses dimensions et de la
présence d’un engobe de couleur blanche. R. Sénéchal
mentionne que la forme du goulot est exceptionnelle à
Alésia, mais ne peut néanmoins pas être utilisée pour
la datation. La forme de sa panse semble la situer,
toutefois, au IIe s. 26.
La cruche X de la sépulture 7 (ht 18,8 cm, diam.
15,5 cm) présente une forme similaire au vase I. Ses
parois sont cependant plus épaisses et recouvertes d’un
engobe blanc. Son anse trifide comporte des sillons
réguliers (fig. 11).
Le gobelet de la sépulture n° 4
Il s’agit d’un vase à lèvre fine, éversée, à panse
ovoïde (ht 8,4 cm, diam. 7,7 cm). L’objet a un petit
pied saillant et anguleux, le fond est creusé et bombé au
centre. La pâte est blanche, très fine et homogène. Elle
est recouverte d’une glaçure plombifère jaune. Le décor
« en épingles à cheveux » reproduit un dessin en V qui
se poursuit sur tout son pourtour. La partie supérieure du
vase est brisée (fig. 9) 27.
25 Il s’agit de cruches à embouchure à anneau en forme de chapiteau
mouluré (Sénéchal 1975, p. 12, comparer avec les fig. 22, p. 22, et
31, p. 30 [de Tongres]).
26 Comparer avec les modèles 122 (153), 120 (125) 112 (6M) :
Sénéchal 1985, p. 147, 151 et 161.
27 Le fragment manquant et l’état de la tombe lors de la découverte
indiquent que le vase a été brisé avant son dépôt (Joly 1951, p. 120).
LE « CIMETIÈRE DE BÉBÉS » D’ALÉSIA : UN MOBILIER FUNÉRAIRE INÉDIT
Fig. 14. Sépulture n° 11. Sur la tombe trois fibules en bronze
et un flacon de parfum en verre, ainsi qu’un amas d’os
brûlés. À g., l’assiette renversée sur un autre amas d’os
brûlés et des tessons de plusieurs vases incomplets. Lieu de
conservation inconnu
(Joly 1954, p. 95, fig. 41).
Selon J. Corrocher, il s’agit d’un « bol » (CRAVR)
daté du Ier s. (Corrocher 1981, p. 158, fig.19). La glaçure
plombifère, production de luxe des ateliers de Gaule
centrale à cette période, confirme cette datation 28.
Les coupelles V et VI
Il s’agit de deux vases à pied plus larges que profonds
retrouvés dans la sépulture 5 (V et VI). De forme identique, ils diffèrent par leurs dimensions (ht 3,5 et 3,7 cm,
diam. 7 et 8 cm). L’un des exemplaires avait été déposé
l’ouverture dirigée vers le haut, l’autre vers le bas 29. Le
plus grand des deux était percé à sa base.
Réalisés en céramique commune grise, leurs bords
supérieurs sont rentrants (fig. 10). La particularité de ces
objets est leur base en forme de piedouche qui les apparente au type 23 de J.-J. Hatt et B. Schnitzler 30. En raison
de la présence de ce type de céramique dans les couches
des incendies survenus en 70 et en 95 apr. J.-C. à Ehl
(Alsace), ces objets peuvent être datés du Ier s. (Hatt,
Schnitzler 1985, p. 86-87, fig. 3, p. 23).
Le mobilier métallique
Il comprend trois fibules, trois monnaies, un anneau
en fer et deux éléments de collier sous la forme d’un tube
court en bronze et d’un anneau de type « bague ».
28 D’après J. Corrocher, les ateliers producteurs de céramique
à glaçure plombifère au Ier s. sont St-Rémy-en-Rollat, Gannat,
St-Pourçain-sur-Besbre, St-Bonnet-Yzeure dans l’Allier, Lezoux dans
le Puy-de-Dôme, Autun en Saône et Loire (Corrocher 1983, p. 37).
29 L’abbé Joly ne précise pas quelle coupe est orientée vers le haut
ou le bas (Joly 1951, p. 120).
30 Il s’agit de céramiques gallo-belges : voir Hatt, Schnitzler 1985,
p. 79-80. La vaisselle considérée dans leur étude provient des départements
du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle (Metz et sa région).
Les fibules
L’existence de ces objets au-dessus de la tombe 11
a été portée à notre connaissance par l’article de l’abbé
Joly (Joly 1954, p. 96, fig. 41). Aucune des fibules n’a
été retrouvée, mais nous savons qu’elles étaient en
bronze et qu’au moins deux d’entre elles étaient argentées. Un agrandissement de la photographie, fournie par
l’article de 1954 (fig. 14), nous a permis d’en évaluer
les dimensions et de leur attribuer une classification,
comme l’avait fait avant nous L. Lerat (Lerat 1979,
p. 170-185). La fibule située au milieu des deux autres
est fragmentaire, c’est aussi la plus petite. Nous estimons sa longueur à 4,5 cm, tandis que les deux autres
doivent atteindre environ 6 cm sur 3 cm.
Les trois fibules sont à arc rubané et interrompu. Celle
qui se trouve sur la gauche diffère légèrement en raison
de sa section en D. Selon la classification de Riha, elles
font partie du groupe 5. Le décor de l’arc n’étant pas
visible, nous pouvons supposer qu’il s’apparente au type
5.12 ou 5.15, à cause de l’interruption de l’arc à la tête et
au pied. Dans la classification de Feugère, elles font partie du groupe 23, des types, a, b ou c (Feugère 1985, p.
331-335). Leur date se situe entre 50 et 120 apr. J.-C. 31.
Un anneau en fer
Situé près de la ceinture de l’inhumé de la sépulture
11, qui reposait sur le côté droit, cet anneau à un diamètre
extérieur d’environ 3,3 cm. En raison de l’oxydation qui
le recouvre, son épaisseur est irrégulière et varie entre
0,5 et 0,8 cm (fig. 15).
31 Nous remercions pour son aide A. Hoti-Popaj qui nous a
permis d’arriver aux mêmes conclusions que L. Lerat quant à la
détermination de ces objets (Lerat 1979, p. 170-185).
235
SANDRA JAEGGI
Fig. 15. Sépulture n° 11. Anneau en fer (diam. ext. 3,3 cm, ép. de 0,5 à 0,8 cm [en l’état]), situé près de la ceinture de l’inhumé.
Mus. Arch. Dijon (photo R. Jaeggi).
Sa localisation près du corps de l’enfant, ainsi que
ses dimensions, laissent envisager son emploi comme
« anneau de lange », servant à fixer les bandelettes utilisées pour l’emmaillotement des nouveau-nés. Cette
pratique, rapportée par les textes médicaux (Soranos
d’Éphèse, Maladie des femmes, II, 6a), est illustrée sur
de nombreux ex-voto en Italie et en Gaule romaine.
Dans la région qui nous occupe, elle est également
reproduite sur des stèles funéraires. Lorsqu’il s’agit
d’ex-voto, ils proviennent principalement de sanctuaires
liés aux sources 32. À Alésia, l’un d’eux a été mis au jour
dans un édicule carré situé dans le sanctuaire d’Apollon Moritasgus, situé quelques mètres au Nord-Ouest du
lieu d’ensevelissement.
32 À titre d’exemple les sanctuaires des Sources de la Seine,
d’Essarois, d’Halatte, de Sainte-Sabine, etc.
236
Les monnaies
Trois monnaies ont été retrouvées par l’abbé Joly 33.
Elles étaient déposées dans les sépultures 1, 2 et 7. La
pièce de cette dernière tombe n’a pas été retrouvée au
Musée Archéologique de Dijon. Selon l’abbé Joly, il
s’agissait d’un as de Claude frappé en 41 apr. J.-C. et
déposé dans la main gauche du défunt34.
La monnaie de la tombe 1 est un as en bronze
d’Auguste, retrouvé près des cruches I et II. Mutilé
par plusieurs coups de burin (fig. 7) 35 il a été frappé en
7 av. J.-C. et porte au revers les lettres SC (SeNaTUS
CONSUlTO) (RIC I2, p. 76 n° 435).
33 En faisant abstraction de la pièce mentionnée dans l’article de
1954, retrouvée dans les couches supérieures dans les alentours de
la sépulture 11. Selon la note 1, il s’agirait d’une monnaie au type de
l’autel de Rome et d’Auguste à Lyon (Joly 1954, p. 96, note 1).
34 Joly 1954, p. 91.
35 Au sujet de la mutilation des monnaies, voir Aubin, Meissonnier
1994, p. 143-152. Nous remercions particulièrement N. Jacot pour
l’aide qu’elle nous a apportée pour l’identification des monnaies.
LE « CIMETIÈRE DE BÉBÉS » D’ALÉSIA : UN MOBILIER FUNÉRAIRE INÉDIT
La seconde se trouvait dans le loculus 2. Il s’agit d’un
dupondius en bronze de Vespasien (Joly 1951, p. 20 ;
RIC II2, p. 118 n° 818) (fig. 8). Il porte au revers une
représentation de Felicitas, allégorie féminine qui, dans
ce contexte précis, vise probablement la protection et le
bien-être du « bébé » 36.
Métal et verre : éléments de collier
Un tube en bronze orné sur sa partie externe de
stries parallèles aux bords (ht. 1,3 cm, long. 1,5 cm), un
anneau en bronze (diam. 2,2 cm, ép. 0,3 cm) et quatre
perles en fritte bleue côtelées, dites en « melon » (diam.
de 1,2 à 1,7 cm) (fig. 13) proviennent de la sépulture
à incinération n° 8 ; il est probable que ces éléments
étaient enfilés en collier sur un cordon en matière périssable. Dans l’Antiquité, le port d’amulettes est courant,
comme le suggère une série de petits objets percés en
leur milieu, retrouvés dans une tombe de nourrisson à
Nîmes 37. Parmi ces nombreuses pièces (anneau, tube en
bronze strié), plusieurs perles en verre et des amulettes
pourraient se rapporter à la dentition. Ces associations
permettent de supposer qu’une utilité autre que décorative était attribuée à l’ensemble des objets 38. Un rôle
apotropaïque ou prophylactique est attesté pour les dents
animales et les pièces en ambre zoomorphes (Dasen
2003a, p. 275-277, et 2003b, p. 179-180). Cette fonction
n’est pas à exclure pour les perles en verre. Fréquentes
en milieu funéraire, on les trouve parfois seules ou en
nombre auprès de défunts, quel que soit leur âge ou leur
sexe. Les tombes d’enfants semblent toutefois recevoir
de manière privilégiée ce type d’offrande (Dasen 2003b,
p. 179).
Verre
Un balsamaire, non retrouvé, est reproduit par la
photographie du dessus de la tombe 11 (fig. 14) (Joly
1954, p. 95, fig. 41). L’objet est placé au-dessus des
fibules mentionnées précédemment. Selon l’abbé Joly,
il mesure 10,5 cm de hauteur. D’après nos observations,
36 Pour C. Perassi, le choix d’effigies essentiellement féminines
sur des monnaies déposées dans des tombes d’enfants aurait pour but
de rappeler la figure maternelle (Perassi 1999, p. 66).
37 Le nourrisson était âgé de moins d’un an. La tombe se trouve au
72 av. Jean-Jaurès. Pour plus de précision à ce sujet, voir Bel et al., à
paraître.
38 Ce genre de petits objets appelés crepundia étaient percés ou
non et pouvaient être portés en collier ou déposés dans un coffret
auprès des défunts. Bien que leur caractère apotropaïque ou magique
ne soit pas assuré, leur dépôt témoigne de l’attachement parental
et de l’intégration sociale du défunt. Au sujet des crepundia voir
Martin-Kilcher 2000, p. 66-67 ; Dasen 2003.
Fig. 16. Ex-voto du Mont-Auxois, emmaillotage croisé avec anneau.
Alésia, Côte-d’Or, photo musée des Antiquités Nationales, Saint-Germainen-Laye (Duday, Laubenheimer, Tillier 1995, p. 105, fig. 75).
il s’agirait d’une forme ISINGS 82 b1, Trèves 73 (Isings
1957, p. 97), l’embouchure étant évasée, la lèvre repliée
vers l’intérieur, la panse conique. Très répandu dans
le monde romain, ce type se retrouve fréquemment en
contexte funéraire. Dans la nécropole de Fréjus, il est
déposé auprès d’une incinération. Cette typologie apparaît au milieu du Ier s. et se prolonge jusqu’au IIIe s.
(Allain et al. 1992, p. 150).
Des analyses faites sur le contenu de certains de ces
récipients 39 ont révélé la présence d’acides gras libres
provenant de la dégradation de substances lipidiques.
Elles indiquent la conservation de senteurs odoriférantes
extraites de matières grasses et qui auraient pu être
utilisées pour l’onction du corps ou lors de libations.
39 A ce sujet, voir les analyses du balsamaire de la tombe n° 11 de
Sallèles d'Aude dans Duday, Laubenheimer, Tillier 1995, Annexe 1.
Voir aussi Garnier, Silvino 2009, p. 37.
237
SANDRA JAEGGI
Les ossements
« Toutes les sépultures qui ont été mises au jour (…),
exception faite de l’incinération dont il sera question
plus loin, sont celles de tout petits enfants, des bébés
probablement » (Joly 1954, p. 92). Pour vérifier ce postulat de l’abbé Joly, une analyse anthropologique des
ossements s’est révélée nécessaire. Elle a été réalisée
par M. Gadacz, thanato-archéologue rattachée à l’UMR
5594 de l’Université de Bourgogne.
Les informations données par l’abbé Joly au sein de
ses articles étant très lacunaires, voire quasiment inexistantes, et à cause du temps dévolu à l’étude (deux jours),
il a été décidé de n’effectuer qu’une observation de premier niveau fondée sur l’inventaire et la détermination
des pièces osseuses.
Plusieurs difficultés majeures se sont présentées :
les os n’ont pas été conditionnés strictement par sépulture ; il semble que les abords ont parfois été prélevés ;
enfin, la majeure partie des os était incomplète. C’est
pourquoi les méthodes choisies d’estimation de l’âge
au décès, à savoir la méthode d’I. G. Kazekas et de F.
Kosa (Fazekas, Kosa 1978), la formule proposée par L.
Scheuer et S. Black dans leur manuel consacré au développement ostéologique juvénile (Scheuer, Black 2000)
et celle proposée par P. Adalian et par ses collègues
(Adalian et al., 2002) reposent sur les mêmes mesures
ostéométriques (longueur et largeur de l’os pour l’humérus et le fémur, longueur pour l’ulna, le radius, le tibia et
la fibula), correspondant au même indicateur d’âge (longueur diaphysaire).
Les résultats de l’étude sembleraient montrer que les
inhumés de l’abri étaient soit des fœtus, soit des périnatals, l’individu le plus âgé étant peut-être arrivé à terme
au moment de sa mort. On aurait donc affaire à une
zone d’inhumation réservée à des très jeunes individus,
n’étant pas encore nés pour la plupart.
Conclusion
La reprise du dossier des fouilles de l’abbé Joly à la
Croix-Saint-Charles a conduit à réévaluer la pertinence
de l’application de l’expression « cimetière de bébés » à
cette découverte.
Au fil des trouvailles de ces dernières années sur
d’autres sites, un champ d’utilisation plus précis de
l’expression « cimetière de bébés » s’est mis en place,
appliqué à des zones funéraires réservées spécifiquement
à des « bébés », terme générique qui s’applique à
des fœtus, des périnatals, des individus décédés à
terme ou antérieurement, à des néonatals, voire à des
238
post-néonatals 40. Il arrive parfois que des sujets plus âgés
en fassent partie. Ils sont alors compris dans la dénomination 41. L’expression « cimetière de bébés » disparaît
lorsqu’un sujet mature fait intrusion.
La question se pose à Alésia. Sous l’abri de la CroixSaint-Charles, si les enfants inhumés sont bien des
individus périnatals, s’y ajoute la présence d’un individu
plus âgé. En découvrant cette inhumation que l’abbé
jugeait être celle d’un(e) adolescent(e), il a peut-être
envisagé le site de l’abri comme une partie d’un cimetière
à incinération au Nord et en contrebas (Joly 1954, p. 98).
En effet, de l’autre côté de la voie romaine, un enfant a
été inhumé au milieu de deux incinérations d’adultes.
Comme certains individus de l’abri, il était accompagné
d’une offrande en céramique sous la forme d’une petite
coupe gravée SILVA (Fourier 1926, p. 52-53).
Sous l’abri, de nombreux éléments témoignent du
soin particulier apporté aux sépultures : la présence de
clous, qui indique l’emploi de cercueils, les offrandes
sous la forme de monnaies (trois au moins pour un total
de onze tombes), le mobilier en céramique (cruches, coupelles, gobelet à glaçure plombifère), fibules et anneau
de lange, balsamaire. La mise à l’écart de ces individus
ne semble donc pas avoir eu une valeur négative ou malfaisante, mais témoigne plutôt de soins et de protections
particuliers.
Un traitement similaire pour des enfants morts avant
ou à terme est cependant rare en Gaule romaine. Une
recherche systématique nous a permis de constater que
ce genre d’offrande et le mode de sépulture en cercueil
et non en vase (enchytrisme) s’adressent en général à des
enfants âgés d’environ six mois 42. L’un des rares lieux
témoignant d’un traitement similaire pour des périnatals est le site éloigné d’Aventicum, situé en territoire
helvète. À la nécropole Sur Fourches43, la plus étendue
de la ville, sept sépultures attribuées à des nouveau-nés
présentaient des cercueils (Kramar, Blanc 2005, tableau
p. 15). Au sanctuaire de la Grange des Dîmes, sous le
mur du péribole, l’inhumation d’un individu décédé
aux alentours du terme était, quant à elle, pourvue de
40 Selon la classification communément adoptée par les pédiatres
et les ostéologues. Les post-néonatals comprennent des sujets âgés de
28 à 365 jours.
41 À Brig-Glis/Waldmatte, l’habitat transformé en zone funéraire
compte un individu âgé de trois ans (Fabre 2000, p. 327). En Italie,
à la villa de Poggio-Gramignano, sur 47 inhumations, 22 sont des
fœtus, 18 des nouveau-nés, 6 des nourrissons entre 4 et 6 mois, un
enfant est âgé de 2 à 3 ans (Soren, Soren 1999, p. 493).
42 À Pourliat, le seuil est plus bas. Les nourrissons à partir de
deux mois ont droit à un coffre en bois ou en tegulae. Pour d’autres
exemples voir Duday, Laubenheimer, Tillier 1995, p. 109, et Girard
1997, p. 216.
43 Elle se développe au milieu du Ier s. et est rattachée à un riche
domaine (Kramar, Blanc 2005, p. 13-14).
LE « CIMETIÈRE DE BÉBÉS » D’ALÉSIA : UN MOBILIER FUNÉRAIRE INÉDIT
plusieurs récipients en céramique, dont une bouteille
(ht 10,5 cm) (Meylan-Krause 2008, p. 66, fig. 21).
Ce traitement particulier n’y est cependant pas la règle,
les inhumations en pleine terre côtoyant des dépôts plus
élaborés.
Ce constat ne peut que confirmer la valeur particulière des soins octroyés aux « bébés » de l’abri de la
Croix-Saint-Charles. Si, le « cimetière de bébés »
d’Alésia n’en est pas un au sens strict de l’expression,
puisqu’un individu plus âgé y était aussi inhumé, il
s’agit bien, néanmoins, d’une zone protégée, réservée à
des individus qui n’ont pas trouvé leur place au sein de la
nécropole communautaire en contrebas, de l’autre côté
de la voie romaine. L’abbé Joly aurait-il alors cessé une
fouille qui ne répondait pas à ses attentes ?
De nouvelles pistes ?
La localisation de l’abri fouillé par l’abbé Joly a permis
une meilleure compréhension de la topographie de l’oppidum d’Alésia, et particulièrement de sa pointe Est. À
ce stade, est-il possible d'entrevoir un lien entre ces deux
zones en raison du caractère particulier du sanctuaire?
Constitué de plusieurs bassins et bâtiments, ce dernier est
dédié à Apollon Moritasgus, dieu guérisseur à l’épiclèse
gauloise. Des fouilles menées en 1909 par le commandant
E. Espérandieu avaient déjà permis d’évoquer ce statut
par la mise au jour de 109 ex-voto dits anatomiques (yeux,
seins et organes sexuels). Ils ont été retrouvés en divers
points du sanctuaire, près du captage adossé au talus et
à l’intérieur d’un édicule carré qui a livré la statue d’une
déesse en diadème et couronnée d’épis, tenant dans la
main gauche un serpent (Sirona?). Dans le même édifice
a été également découvert la statue en pierre calcaire d’un
enfant emmailloté en très haut relief, de grandeur nature
(fig. 16) (de Cazanove 2008a, p. 2).
Utilisé pour des requêtes de fécondité, d’une grossesse qui débouche sur un heureux accouchement ou
pour une bonne santé du nouveau-né ou du nourrisson
(de Cazanove 2008b, p. 275), cet ex-voto indique-t-il un
lien entre la zone sépulcrale et la zone cultuelle ? La
reprise du motif de l’emmailloté sur des stèles funéraires
semble le suggérer (ibid., p. 280).
La relation entre un sanctuaire dit guérisseur et une
zone funéraire avait également attiré l’attention lors
des fouilles du sanctuaire des Bolards, à Nuits-SaintGeorges (Côte-d’Or). Devant la centaine d’inhumation
de « bébés » qu’il retrouve dans des secteurs réservés de
la nécropole, E. Planson s’interroge sur un éventuel lien
avec le sanctuaire situé plus haut, sur l’oppidum. Il s’agit
d’un ensemble cultuel dédié à des dieux guérisseurs,
Mars Segomo (CIl XIII, 2846) et, comme aux sources de
la Seine et à Alésia 44, à Apollon. Les offrandes faites aux
Bolards sont en relation avec la maternité : colombes en
pierre et statuettes en terre blanche de l’Allier, femmes
(déesses) assises dans un fauteuil en osier tressé allaitant
un ou deux enfants emmaillotés, Vénus aux représentations variées, cavaliers et animaux.
Hormis l’ex-voto en lange et la déesse au serpent, une
telle diversité d’offrandes se rapportant spécifiquement à
la maternité n’est pas attestée à Alésia. Les plaquettes de
bronze représentant des yeux y dominent, et soulèvent le
débat de savoir s’il s’agit de vrais ex-voto anatomiques
ou s’il ne faut pas les interpréter comme une métonymie
de la personne entière, c’est-à-dire soit comme la représentation symbolique de la personne qui a fait le voeu,
soit comme une incarnation de la divinité. Cette dernière
hypothèse, suggérée par F. Horn pour des plaquettes
oculaires en or ou argent retrouvées dans des sanctuaires
ibériques datés des trois premiers siècles avant notre
ère, pourrait expliquer la nature des exemplaires du
sanctuaire d’Alésia. Bien que d’un matériau différent,
ceux-ci présentent une morphologie identique à ceux
retrouvés dans la péninsule ibérique. L’accent y est mis
sur le regard, les yeux sont parfois entourés de cils. De
plus, l’ensemble des artefacts découverts avec les plaquettes ibériques renvoie à la sphère féminine (seins en
pâte de verre, déesses kourotrophes, terres cuites féminines). Un exemplaire particulier, provenant de Alhonoz
(Séville) était pourvu d’un croissant de lune entre les
deux yeux. Ce motif renvoyant à la déesse Tanit et à
son pendant lusitanien Ataecina aussi appelée Ataecina
Proserpina, réitère l’existence d’un lien étroit entre les
plaquettes d’yeux et une divinité à la frontière des deux
mondes que sont la vie et la mort, la lumière et la nuit.
Le sanctuaire de la Algaida, décrit par Strabon45, situé
dans la zone de l’embouchure du Guadalquivir, était
voué à la déesse Phosphoros ou Lux dubia, la «lumière
douteuse» du crépuscule lorsqu’apparaît l’astre associé
à Vénus. Les exemplaires gallo-romains seraient-ils également le substitut d’une déesse ?
Ainsi que l’ont déduit M. Dondin-Payre et
Ch. Cribellier, les plaquettes oculaires ne sont pas nécessairement liées à un dieu guérisseur, ni à une source. Il
ne s’agit donc pas d’ex-voto anatomiques au même titre
que les plaquettes représentant d’autres organes, bien
qu’un syncrétisme des usages semble survenir plus tardivement au Moyen-Âge (Horn 2005, p. 102, note 30).
D’après les vestiges antérieurs à la romanisation retrouvés tant sur le territoire ibérique que sur celui de la Gaule
44 Le culte d’Apollon est également attesté aux sources de la Seine.
Les ex-voto retrouvés sont semblables à ceux des Bolards (Planson,
Pommeret 1986, p. 33).
45 Strabon III, 1, 9.
239
SANDRA JAEGGI
(Mirebeau-sur-Bèze), les plaquettes d’yeux d’Alésia mais
aussi des Bolards ou des Sources de la Seine, pourraient
renvoyer à une déesse-mère, nourricière et protectrice, au
même titre que les figurines de Vénus ou de Dea nutrix.
Cette hypothèse serait la seule à même d’expliquer
le manque de variété dans les offrandes et soutiendrait la possibilité d’un lien entre la zone du sanctuaire
vouée à une déesse kourotrophe et l’abri. Prometteuse
de fécondité, dispensatrice de lumière, elle pouvait être
l’objet d’offrandes faites tant par des hommes que par
des femmes. Si tel est le cas, les plaquettes oculaires
étaient-elles également adressées Apollon Moritasgus,
dieu principal de l’ensemble cultuel? En l’état de la
recherche, nous ne pouvons que suggérer l’hypothèse.
Le bon sens nous interdisant de supposer un seul et
même vœu fait par la majorité des visiteurs, ces plaquettes seraient chacune investie d’un message précis,
particulier à chaque cas.
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Le mobilier d’accompagnement des enfants
en Égypte ancienne, à l’époque pharaonique
Amandine Marshall
Abstract. This article is a preliminary study of the gravegoods that were buried with children (0-12 years old) in
ancient egypt, from the beginning of the Old Kingdom
to the end of the New Kingdom. The initial results show
that children in all age groups are much more frequently
buried with grave-goods than without, that the quantity
of goods increases with age, and that the objects interred with children rarely bear any specific relation with
childhood.
C
et article sur le mobilier d’accompagnement
des enfants à l’époque pharaonique est une
étude préliminaire réalisée dans le cadre de
ma thèse portant sur les enfants en Égypte ancienne.
Par enfant, nous entendons tout à la fois les périnatals
(à l’exclusion des fœtus non prématurés), les enfants en
bas âge et les enfants jusqu’à l’âge de 12 ans. Cette étude
est soumise à trois difficultés majeures qui en conditionnent grandement les résultats et posent des limites
très contraignantes.
En premier lieu, le faible nombre d’inhumations
d’enfants à ce jour répertoriées pour la période pharaonique (entre ~ 2700 et ~ 1070 av. J.-C.) : seulement
2319 sépultures pour une période d’environ 1600 ans.
Ce déséquilibre incroyable résulte d’un grand nombre
de facteurs tels que :
- la non-conservation des tombes d’enfants, constituées pour la grande majorité d’une simple fosse peu
profonde ;
- le très mauvais état de conservation d’un certain nombre
de ces sépultures qui rend leur exploitation scientifique
impossible ;
- la très faible attestation des cimetières d’enfants, qui
devaient être beaucoup plus nombreux que ce que reflète
la documentation ;
- le désintérêt particulièrement marqué de la communauté
scientifique pour les enfants jusqu’à ces dernières années,
qui occasionne d’importantes lacunes dans les rapports
de fouilles, même lorsque les tombes sont publiées.
Le deuxième problème majeur qui s’est posé pour
cette étude a résulté du fait que les données de l’éventuel mobilier d’accompagnement de 862 inhumations
demeurent inconnues : en effet, dans 659 cas, absolument
aucun renseignement n’indique si le jeune défunt a été ou
non pourvu de mobilier d’accompagnement et, dans 203
autres cas, il est impossible de déterminer la présence
d’un mobilier originel (tombe perturbée, détruite, pillée, inhumation multiple…). Il en résulte que cette étude
portera sur un ensemble restreint de 1457 sépultures.
Enfin, un dernier problème non négligeable est intervenu dans notre étude du mobilier : le fait que l’âge ou
la tranche d’âge de 858 enfants n’ait pas été mentionné,
ce qui rend plus malaisée encore la tentative d’étude
globale et détaillée de l’accompagnement funéraire des
enfants à l’époque pharaonique.
Il peut paraître surprenant de persister à présenter
une étude à partir d’aussi peu d’éléments, pourtant, il
est essentiel d’aborder le sujet du mobilier d’accompagnement funéraire des enfants à l’époque pharaonique,
principalement et justement parce que la documentation
archéologique relative aux enfants, en Égypte, pour la
tranche chronologique Ancien Empire-Nouvel Empire,
n’a encore jamais été étudiée. Par ailleurs, nous avons
jugé intéressant de partager nos premières constatations car s’il est impossible de généraliser cette mince
documentation, on constate qu’il s’en dégage toutefois
quelques nettes caractéristiques.
Présentation du type de mobilier selon la classe
d’âge de l’enfant
Pour la seule période pharaonique, nous avons ainsi
répertorié 1457 enfants dont la répartition par classes
d’âge est présentée au Tableau 1.
Il est donc difficile de se hasarder à faire des comparaisons poussées entre la tranche d’âge du jeune défunt
et son éventuel mobilier funéraire. Toutefois, deux faits
nets et marquants sont à relever : en premier lieu, on
remarque que les enfants – toutes classes d’âge confondues – furent plus volontiers inhumés avec un mobilier
d’accompagnement que sans (68,5 % de l’ensemble des
cas). Il est également flagrant que plus l’enfant grandit,
plus on prend soin de déposer auprès de lui un mobilier
d’accompagnement, si modeste soit-il.
243
AMANDINE MARSHALL
Mobilier funéraire
Absence de mobilier funéraire
Total
Périnatals
28
59,5%
19
40,5%
47
Enfants en bas âge
215
63,5%
124
36,5%
339
Enfants grands
166
78%
47
22%
213
Enfants (âge ?)
647
75,5%
211
24,5%
858
Total
1056 tombes
401 tombes
1457
Tableau 1. Présentation du mobilier funéraire ou de son absence dans les sépultures enfantines par classe d'âge.
Étude générale du mobilier d’accompagnement
selon la classe d’âge de l’enfant
Nous débuterons cette partie par une présentation
générale du mobilier funéraire en fonction des classes
d’âge puis nous étudierons l’ensemble des biens plus
en détail.
Les périnatals
Il est difficile de généraliser à partir d’aussi peu
d’exemples. En effet, seules 47 sépultures ont été répertoriées et parmi celles-ci, le mobilier n’a pu être identifié
et déterminé que dans 26 cas seulement1 (Tableau 2).
On note sur cette faible documentation que 59,5 %
des inhumations de périnatals ont été pourvues d’un
mobilier d’accompagnement. Les biens relevés dans les
sépultures comprennent 69 % de vaisselle2 mais seulement 27 % de parure3. En revanche, la proportion de
mobilier varié4 est relativement faible (23 %).
Les enfants en bas âge
Sur l’ensemble des sépultures d’enfants en bas âge
répertoriées, on constate que la présence de biens dans
les inhumations concerne 63,5 % des cas (Tableau 3).
Le mobilier funéraire mis au jour dans ces tombes
révèle une proportion à peu près équivalente de vaisselle
1 Auxquels s’ajoutent deux sépultures dans lesquelles le mobilier
d’accompagnement n’a pas pu être déterminé.
2 Résultat obtenu à partir des inhumations comportant uniquement
de la vaisselle, de celles comprenant de la vaisselle et de la parure et de
certaines tombes présentant du mobilier varié incluant de la vaisselle.
3 Idem pour la parure.
4 C’est-à-dire comprenant des biens autres que la vaisselle et la
parure.
244
(54,5 %) et de parure (59 %). En revanche, la proportion
des sépultures comportant un mobilier varié demeure
peu importante (17,5 %).
Les enfants plus âgés (4-12 ans)
La proportion de sépultures pourvues en mobilier
d’accompagnement est extrêmement forte puisqu’elle
concerne 78 % des inhumations enfantines présentées
dans le Tableau 4.
La présence de parures dans ces tombes est également extrêmement importante, puisque quatre tombes
sur cinq (78 % des cas) furent pourvues d’au moins un
bijou. Le mobilier constitué par la parure s’impose clairement devant les dépôts de vaisselle qui ne représentent
que 51 % des cas. Toutefois, l’importance des offrandes
de vaisselle n’est pas négligeable puisqu’une sépulture
sur deux en possédait. On note également que la proportion de sépultures comportant du mobilier varié est
également beaucoup plus forte qu’aux tranches d’âge
précédentes (32 %).
Les enfants d’âge indéterminé
Le rapport de sépultures d’enfants d’âge indéterminé
comprenant du mobilier funéraire est presque aussi
important que celui des enfants grands, avec 75,5 % des
inhumations concernées (Tableau 5).
Ces tombes comportent, de manière générale, plus de
parure (72 %) que de vaisselle (51 %) dans des proportions similaires chez les enfants grands (respectivement
76 % et 51 %). Le pourcentage de sépultures dans lesquelles furent déposées du mobilier varié est de 12,5 %,
soit le plus bas de toutes les classes d’âge.
Il convient bien évidemment de demeurer prudent
quant aux résultats fournis par cette documentation
LE MOBILIER D’ACCOMPAGNEMENT DES ENFANTS EN ÉGYPTE ANCIENNE, À L’ÉPOQUE PHARAONIQUE
19
20
18
16
13
14
12
10
8
6
5
6
4
2
2
2
0
Vaisselle
Parure
Vaisselle +
Parure
Varié
Mobilier
Pas d'objet
mais
indéterminé
Tableau 2. Composition du mobilier funéraire des périnatals.
140
124
120
100
80
60
77
61
40
30
39
20
8
0
Vaisselle
Parure
Vaisselle +
Parure
Varié
Mobilier
Pas d'objet
mais
indéterminé
Tableau 3. Composition du mobilier funéraire des enfants en bas âge.
245
AMANDINE MARSHALL
57
60
47
50
48
40
30
22
20
20
19
10
0
Vaisselle
Parure
Vaisselle +
parure
Varié
Mobilier
Pas d'objet
mais
indéterminé
Tableau 4. Composition du mobilier funéraire des enfants grands.
300
271
250
211
200
150
135
130
100
76
37
50
0
Vaisselle
Parure
Vaisselle +
Parure
Varié
Mobilier
Pas d'objet
mais
indéterminé
Tableau 5. Composition du mobilier funéraire des enfants d’âge indéterminé.
246
LE MOBILIER D’ACCOMPAGNEMENT DES ENFANTS EN ÉGYPTE ANCIENNE, À L’ÉPOQUE PHARAONIQUE
lacunaire qui ne reflétait peut-être pas la réalité antique
dans sa globalité.
La présentation du type de mobilier selon la classe
d’âge des enfants indique que la parure et la vaisselle
sont les deux types de biens funéraires les plus fréquemment rencontrés, avec une dominance de la première
catégorie, sauf chez les périnatals.
Étude du type de mobilier d’accompagnement
selon la classe d’âge des enfants
En Égypte ancienne, les deux types principaux de
mobilier retrouvés en contexte d’inhumations d’enfants
constituent respectivement 56,5 % et 58,5 % de l’ensemble des biens mis au jour et identifiés. Les autres
types de biens regroupés dans la catégorie du mobilier
varié n’excèdent pas les 21 % et concernent aussi bien des
éléments précieux que des objets de valeur plus modeste.
La parure
La parure est le type de mobilier le plus présent mais
l’on constate toutefois quelques différences selon la
classe d’âge du jeune sujet.
Les périnatals
Les inhumations de périnatals comprenant des bijoux
sont peu nombreuses (7 sépultures sur 26 tombes au
mobilier connu et identifié). Et celles qui en sont pourvues se révèlent malgré tout modestes en quantité de
bijoux (majoritairement, une seule parure déposée).
En revanche, lorsque l’on s’intéresse au matériau
usité (Tableau 6), on se rend compte que des métaux
et des pierres de qualité ont été majoritairement utilisés : feuilles d’or, argent, cuivre, améthyste et turquoise
constituent 62,5 % des matériaux usités. En ce qui
concerne les parures retrouvées, aucune trace d’éléments en matériaux organiques n’a été mise au jour
mais l’échantillonnage est bien trop faible pour que
l’on puisse généraliser cette constatation. De même
qu’il serait imprudent d’admettre que les parures des
périnatals aient été plus souvent réalisées en matériaux
précieux plutôt que communs.
Les enfants en bas âge
Plus de la moitié des sépultures d’enfants dont le
mobilier fut identifié (59 % soit 127 tombes sur 215)
comporte une ou plusieurs parures. Sur ces 127 tombes,
il est à noter que les trois-quarts des enfants (60,5 %)
ont été inhumés avec une seule parure. Cette estimation
était vraisemblablement plus importante, si l’on considère que les mentions « perles », « perles et amulettes »
ou « amulettes », devaient concerner plusieurs colliers
ou bracelets unitaires5.
Les parures identifiées les plus fréquentes sont les
colliers (48 %) et les bracelets de poignets (28 %). Dans
une moindre mesure, on note la présence de boucles
d’oreilles (9 %), de bagues (7,5 %), de bracelets de chevilles (7 %) et de ceinture/cordon de perles (0,5 %).
Sur un total de 280 matériaux usités pour ces parures,
seuls 36 n’ont pas été mentionnés, ce qui permet une
bonne vue d’ensemble des matériaux privilégiés soit
pour la confection de parures à destination des enfants
soit de la qualité des parures déposées dans la tombe mais
qui, à l’origine, appartenaient à des adultes6 (Tableau 7).
Les matériaux artificiels (essentiellement la faïence,
et le verre7) sont les plus employés pour la réalisation
des parures retrouvées en contexte funéraire et en rapport avec des enfants en bas âge.
En ce qui concerne les pierres, qui arrivent en deuxième position, on note que si quinze pierres différentes
ont été répertoriées, en revanche, seule la cornaline se
distingue très nettement des autres puisqu’elle constitue
à elle seule 54 % des pierres montées en parure. Bien
que la cornaline ait été trouvée en grande quantité dans
le désert de l’Est et en Nubie, elle était considérée par les
Égyptiens comme suffisamment précieuse pour qu’ils la
distinguent des autres pierres, au même titre que le lapislazuli ou la turquoise (Andrews 1994, p. 102). Il est
également intéressant de souligner que d’autres pierres
semi-précieuses ont été employées pour confectionner
ces parures : améthyste, agate, calcédoine, jaspe, grenat,
cristal de roche, cristal et lapis.
La faible quantité de bijoux en matériaux organiques
ne doit pas faire oublier que le bois, le papyrus, les graminées, la peau animale, la terre crue et bien d’autres
matériaux encore étaient extrêmement fragiles et/ou
périssables, d’où une représentativité qui ne doit pas
correspondre à la réalité antique. Il est toutefois malheureusement impossible d’établir dans quelle proportion la
perte de ce type de parure est effective. Le coquillage est le
matériau le plus usité, avec 45 % d’attestations. Viennent
ensuite l’ivoire, la corne, l’os, le bois, l’œuf d’autruche et
la terre crue. Les bijoux en parures organiques, à l’exception de l’ivoire, étaient donc des biens dont la valeur est
de moindre qualité ou ne peut être estimée.
5 Respectivement trente-deux, neuf et quatre attestations.
6 Quelques cas ont ainsi été attestés avec certitude dans des
sépultures du cimetière prédynastique d’Adaïma (cf. Baduel 2009,
p. 30), il n’est donc pas impossible que cela ait été également le cas à
la période pharaonique.
7 Ces deux matériaux constituent 92,5 % des cas (soit quatrevingt-dix-huit attestations sur cent-six).
247
AMANDINE MARSHALL
Nombre d’attestations
Pierres
4
Métaux
3
Matériaux artificiels
1
Matériaux organiques
/
Matériaux inconnus
2
10
Tableau 6. Matériaux utilisés pour les parures trouvées dans les tombes de périnatals.
Nombre d’attestations
Pourcentage des matériaux utilisés
Matériaux artificiels
106
38 %
Pierres
74
26 %
Matériaux organiques
31
11 %
Métaux
26
9%
Matériaux mixtes
9
3%
Matériaux inconnus
36
13 %
282
100 %
Tableau 7. Matériaux utilisés pour les parures trouvées dans les tombes d’enfants en bas âge.
La dernière catégorie importante de matériaux répertoriée pour la confection totale ou partielle de parures
d’enfants en bas âge est celle des métaux. L’or est
attesté à dix reprises, l’argent, à cinq, le fer, à quatre, le
bronze et le cuivre à trois reprises, et un alliage d’or et
de cuivre est également présent une fois. Si la présence
de métaux demeure très faible par rapport à l’ensemble
des matériaux répertoriés (9 %), elle demeure toutefois conséquente, étant donné la très grande valeur des
métaux dans l’antiquité égyptienne.
Les parures en rapport avec les enfants en bas âge
comprennent l’utilisation de 35 matériaux distincts
répartis dans les catégories matériaux artificiels, pierres,
matériaux organiques, métaux et matériaux mixtes. Il est
impossible d’estimer avec certitude la valeur de tous ces
matériaux en dehors des matériaux précieux ou semiprécieux dont la présence n’est pas négligeable, surtout
pour des enfants aussi jeunes. Un total de 92 matériaux
précieux et semi-précieux (soit 37 %) fut employé, parmi
lesquels l’or, l’argent, le fer, le bronze, le cuivre, la cornaline, l’améthyste, le lapis-lazuli, le cristal de roche, le
jaspe, l’agate, le grenat et l’ivoire.
Que ces parures aient été retrouvées dans des tombes
d’enfants en bas âge comprenant uniquement des bijoux,
dans des sépultures comportant à la fois des bijoux et
de la vaisselle ou dans des inhumations au mobilier
248
d’accompagnement varié, aucune distinction n’a été
relevée que ce soit dans le type de parure privilégié ou
dans le choix du matériau.
Les enfants plus âgés (4-12 ans)
La proportion des enfants ayant été dotés d’une ou de
plusieurs parures est extrêmement importante dans cette
classe d’âge puisqu’elle concerne 78 % des sépultures
d’enfants âgés de 4 à 12 ans. Pourtant, dans l’ensemble,
les jeunes défunts ont été peu pourvus en bijoux : sur
un ensemble de 83 enfants pour lesquels le nombre
de parures a pu être établi avec certitude, on note que
56 d’entre eux furent pourvus d’une seule parure (soit
67,5 %), 13 en reçurent deux (15,5 %), 7 en possédaient
trois (8,5 %) et 5 enfants furent dotés respectivement de
quatre, cinq, six, sept et quatorze parures.
Les tombes d’enfants âgés de 4 à 12 ans dont le
mobilier d’accompagnement comportait respectivement
un bijou et deux bijoux constituent donc 83 % des cas.
Cette estimation devait toutefois être un peu plus importante, si l’on considère que les huit mentions « perles »
devaient pour la plupart se rapporter à des parures unitaires, très probablement des colliers ou bracelets8.
8
Respectivement trente-deux, neuf et quatre attestations.
LE MOBILIER D’ACCOMPAGNEMENT DES ENFANTS EN ÉGYPTE ANCIENNE, À L’ÉPOQUE PHARAONIQUE
Nombre d’attestations
Pourcentage des matériaux utilisés
Pierres
99
32 %
Matériaux artificiels
89
29 %
Matériaux organiques
54
17.5 %
Métaux
39
12,5 %
Matériaux mixtes
3
1%
Matériaux inconnus
24
8%
308
100 %
Tableau 8. Matériaux utilisés pour les parures trouvées dans les tombes d’enfants plus âgés.
La large majorité des parures identifiées correspond
à des colliers (60,5 %). Dans une moindre mesure, on
rencontre également des bracelets de poignet (17 %), des
bijoux de cheveux (9 %), des boucles d’oreilles (5,5 %),
des bagues (4,5 %), des bracelets de chevilles (2 %) et
des ceintures (1,5 %).
Sur un total de 308 matériaux usités pour ces parures,
seuls 24 n’ont pas été mentionnés, ce qui permet une
bonne vue d’ensemble des matériaux privilégiés soit
pour la confection de parures à destination des enfants
soit de la qualité des parures déposées dans la tombe mais
qui, à l’origine, appartenaient à des adultes (Tableau 8).
Les pierres et les matériaux artificiels sont les deux
catégories de matériaux les plus employées, avec une
proportion quasiment similaire. La cornaline demeure
toujours la pierre la plus usitée (57,5 % pour un ensemble
de quinze pierres). On note à nouveau la présence de
pierres fines telles que le jaspe, l’améthyste, le lapislazuli, l’agate et peut-être une attestation de turquoise.
Viennent ensuite les matériaux organiques, essentiellement en coquillage et ivoire (81,5 % des attestations),
les métaux (l’or et l’argent intervenant dans respectivement 38,5 % et 20 % des parures en métal) et enfin trois
attestations de matériaux mixtes en stéatite glaçurée.
Les parures en rapport avec les enfants âgés de 4 à
12 ans comprennent un total de 35 matériaux distincts
et identifiés répartis dans les catégories matériaux artificiels, pierres, matériaux organiques, métaux et matériaux
mixtes. La part de matériaux précieux ou semi-précieux
n’est pas négligeable puisqu’elle concerne l’emploi de
125 matériaux précieux ou semi-précieux (soit 44 %)
pour la réalisation partielle ou complète de parure, parmi
lesquels l’or, l’argent, le bronze, le cuivre, la cornaline,
l’améthyste, le lapis-lazuli, la turquoise, l’agate, le jaspe
et l’ivoire. En revanche, il est plus difficile d’appréhender la valeur que pouvaient avoir des parures en
cornaline ou en faïence.
L’emploi de matériaux de valeur est presque équivalent chez les enfants en bas âge et plus grands. On
remarque également qu’aucune distinction notable
n’a été faite dans le type de parure privilégié pour
accompagner le jeune défunt dans l’au-delà ou dans le
matériau choisi, que les bijoux aient été mis au jour
dans des sépultures comportant à la fois des bijoux et
de la vaisselle ou dans des inhumations au mobilier
d’accompagnement varié.
Les enfants d’âge indéterminé
La proportion des enfants d’âge indéterminé, pourvus d’une ou de plusieurs parures, est extrêmement
importante, puisqu’elle concerne 72 % des sépultures.
Toutefois, le nombre de ces bijoux dans chaque tombe
est limité :
- 74,5 % ont été découverts avec une parure unique,
- 14 % ont été inhumés avec deux bijoux,
- 8 % ont été déposés dans leur tombe avec trois parures
à leurs côtés.
La large majorité des parures identifiées correspond
à des colliers (61 %). Dans une moindre mesure, on
rencontre également des bracelets de poignet (22,5 %),
des bagues (4,5 %), des boucles d’oreilles (4 %), des
anneaux (3,5 %), des bracelets de chevilles (3 %) et des
bijoux de cheveux (0,5 %). Les colliers forment une
nouvelle fois le type de parure qui se distingue le plus
en contexte d’inhumation d’enfant. Les autres types de
bijoux répertoriés sont beaucoup plus rares.
L’étude des matériaux usités pour ces parures
(Tableau 9) a révélé deux constats étonnants : tout
d’abord, le très faible emploi des pierres qui faisaient
jusque-là partie des matériaux privilégiés (en première
ou deuxième position) et se retrouvent ici bien loin derrière les matériaux organiques et artificiels et même les
métaux ! Ensuite, on note l’usage massif de matériaux
organiques (40,5 %) qui n’apparaissaient précédemment qu’en troisième position dans nos classements. En
revanche, on relève une tendance à peu près similaire
dans les matériaux privilégiés à l’intérieur de chaque
catégorie : l’or et le cuivre constituent respectivement
249
AMANDINE MARSHALL
50 % et 34 % des métaux ; la cornaline, 66,5 % des
pierres ; la faïence 80 % des matériaux artificiels ; et
enfin, le coquillage et l’ivoire forment respectivement
62,5 % et 17,5 % des matériaux organiques.
Les parures des enfants d’âge indéterminé comprennent un ensemble de trente-sept matériaux distincts
et identifiés répartis dans les catégories matériaux artificiels, organiques, pierres, métaux et matériaux mixtes.
La part de bijoux en matériaux organiques est bien plus
importante que celle des classes dont l’âge des enfants a
pu être établi, et de fait, la proportion de matériaux précieux ou semi-précieux utilisés pour réaliser ces parures
est moindre (32,5 %). Ces derniers font appel à l’or,
l’argent, le bronze, le cuivre, la cornaline, l’améthyste,
le cristal de roche, la turquoise, l’agate, le jaspe, le grenat ainsi qu’à l’ivoire.
La catégorie des enfants dont la classe d’âge n’a pas
été établie rassemble le nombre le plus important d’enfants (858 sur 1457). Elle regroupe donc aussi bien des
périnatals, des enfants en bas âge que des enfants âgés
de 4 à 12 ans. Il est donc impossible de généraliser les
résultats obtenus ici. Toutefois, on constate une présence
massive de parures en matériaux organiques qui indique
que le hasard des lacunes et surtout, la périssabilité de
ces bijoux, induit une mauvaise représentativité des données conservées pour les classes d’âge précédentes. Il
convient donc de rétablir le fait qu’il est indéniable que
les parures en matériaux organiques aient été bien plus
importantes que ce que la documentation actuelle ne le
laisse transparaître.
D’une manière générale, on constate que l’âge des
jeunes défunts – qu’ils aient été des périnatals, des
enfants en bas âge ou des enfants plus grands – n’a
influencé ni le choix d’un type de parure plutôt qu’un
autre ni même le choix de matériaux particuliers (même
pour ceux ayant une grande valeur économique) pour
la confection des parures que l’on a retrouvées dans
leurs tombes. Le collier est sans conteste le bijou qui
fut le plus déposé dans les tombes d’enfants, les autres
types de parures (bracelets de poignets inclus) étant bien
moins attestés.
La cornaline et la faïence constituent 51 % des matériaux employés pour la réalisation des bijoux d’enfants
ou associés aux enfants. En effet, les lacunes des rapports archéologiques (parfois dus au mauvais état de
conservation des pièces) ne permettent quasiment jamais
de pouvoir établir si la parure retrouvée dans la sépulture d’un enfant était en rapport direct avec l’enfant ou
pas, ou si elle fut déposée en offrande par quelque adulte
auquel elle appartenait.
La vaisselle
La présence de vaisselle est extrêmement importante
dans les inhumations d’enfants, toutes classes d’âge
confondues, puisqu’elle représente 55 % du mobilier
Nombre d’attestations
Pourcentage des matériaux utilisés
Matériaux organiques
245
40.5 %
Matériaux artificiels
147
24.5 %
Métaux
75
12.5 %
Pierres
38
6.5 %
Matériaux mixtes
20
3%
Matériaux inconnus
80
13 %
605
100
Tableau 9. Matériaux utilisés pour les parures trouvées dans les tombes d’enfants (âge indéterminé).
Nombre de vaisselle par sépulture
Nombre de sépultures concernées
1
12
2
4
3
1
4
1
Tableau 10. Évaluation du nombre de vaisselle déposée dans les tombes de périnatals.
250
LE MOBILIER D’ACCOMPAGNEMENT DES ENFANTS EN ÉGYPTE ANCIENNE, À L’ÉPOQUE PHARAONIQUE
connu. À l’exception des périnatals dont elle constitue le
mobilier funéraire principal, la vaisselle se retrouve dans
des proportions à peu près équivalentes dans les tombes
des enfants en bas âge, des enfants grands et des enfants
dont l’âge n’a pas été déterminé. La différenciation entre
les classes d’âge se révèle plutôt dans la quantité de vaisselle déposée dans les sépultures.
L’étude fine de la vaisselle retrouvée dans les
tombes est rendue difficile par le très large emploi de
termes génériques tels que « vase » ou « vaisselle » et
l’absence, dans la plupart des cas, du matériau de la vaisselle en question. Toutefois, trois types de mobilier se
distinguent : la vaisselle servant à conserver les liquides
(type cruche, amphore, jarre à boire…), la vaisselle servant à contenir de la nourriture et/ou des liquides (type
coupe, gobelet, godet, plat…) et la vaisselle cosmétique
(pot à khôl, vase de toilette, vase à onguent…).
Les périnatals
Sur un ensemble de 26 tombes au mobilier identifié,
18 possèdent au moins une vaisselle (soit 69 % des inhumations) qui constitue le bien funéraire le plus attesté.
Toutefois, la quantité de vaisselle reste assez faible ainsi
qu’en atteste le Tableau 10. On peut répartir ces 27 vaisselles en quatre catégories détaillées au Tableau 11.
S’il n’est pas permis de faire des généralités à partir d’aussi peu d’attestations, en revanche, il convient
de noter que la vaisselle forme la majorité du type de
mobilier déposé avec le périnatal dans sa sépulture, mais
que les quantités demeurent toujours très faibles. Le fait
qu’aucune vaisselle cosmétique n’ait été enregistrée
dans notre corpus est peut-être dû à un simple hasard
des lacunes et au très faible nombre de sépultures de
périnatals enregistrées.
Les enfants en bas âge
Sur un ensemble de 215 tombes au mobilier connu,
114 possèdent au moins une vaisselle (soit 53 % des
inhumations). Toutefois, la quantité de vaisselle reste
assez faible ainsi qu’en atteste le Tableau 12. On peut
répartir ces 272 vaisselles en quatre catégories détaillées
au Tableau 13.
Si la vaisselle la plus attestée paraît être celle contenant des liquides, il convient de demeurer extrêmement
prudent puisque les données relatives aux vases dont la
fonction n’a pas été établie concernent 30,5 % de l’ensemble de ce type de mobilier soit une vaisselle sur trois.
Les enfants plus âgés (4-12 ans)
Sur un ensemble de 146 tombes au mobilier connu,
75 ont livré au moins une vaisselle (soit 51,5 %). Tout
comme chez les enfants en bas âge, la quantité de
vaisselle demeure assez faible ainsi qu’en atteste le
Tableau 14. On peut répartir ces 313 vaisselles en quatre
catégories détaillées au Tableau 15.
Si la proportion des inhumations comportant au
moins une vaisselle est à peu près équivalente à celle que
l’on retrouve chez les enfants en bas âge, en revanche,
on constate pour cette tranche d’âge une présence bien
plus élevée de tombes dans lesquelles a été retrouvé un
dépôt de trois vaisselles ou plus.
La quantité de vaisselle à la fonction indéterminée
demeure très forte (55 %) si bien qu’il est impossible
de généraliser. Il semblerait tout de même que la part de
vaisselle en rapport avec la cosmétique soit demeurée
faible.
Les enfants d’âge indéterminé
Sur un ensemble de 610 sépultures au mobilier connu,
312 possèdent au moins une vaisselle (soit 48,5 % des
inhumations). Tout comme chez les enfants en bas âge,
la quantité de vaisselle demeure assez faible ainsi qu’en
atteste le Tableau 16. On peut répartir ces 523 vaisselles
en quatre catégories détaillées au Tableau 17.
Dans cette catégorie d’inhumations regroupant tout
aussi bien des enfants en bas âge que des enfants plus
grands, voire même des périnatals, presque un sujet sur
deux fut pourvu d’au moins une vaisselle (48,5 % des
cas). On note également que la proportion d’enfants
ayant reçu trois vaisselles ou plus comme mobilier d’accompagnement est relativement importante, surtout si on
la compare aux catégories d’âge précédemment étudiées.
Lorsque l’on se penche sur le type de vaisselle spécifique retrouvée dans ces inhumations, on se rend compte
que toute étude sur le sujet est vouée à l’échec, les données inconnues s’élevant à 85 % !
Les tombes d’enfants – toutes classes d’âge
confondues – dont le mobilier funéraire comprend respectivement un et deux vases s’élèvent à 75,5 %, soit
presque quatre tombes sur cinq. Si les adultes pourvoyaient volontiers de vaisselle leur progéniture trop
tôt décédée, en revanche, très peu de mobilier d’accompagnement comportait plus de trois vaisselles.
Cette proportion est toutefois plus importante chez les
enfants de 4 et 12 ans que chez les enfants en bas âge
et plus encore les périnatals. Il semblerait par ailleurs
– mais les lacunes sont très importantes – que la vaisselle alimentaire ait été privilégiée au détriment de la
vaisselle cosmétique.
Autre mobilier
Le mobilier varié comporte beaucoup d’éléments
divers que nous avons regroupés dans les catégories
251
AMANDINE MARSHALL
Type de vaisselle
Attestations
Vaisselle servant/contenant des liquides
13
Vaisselle servant à recevoir la nourriture/la boisson
7
Vaisselle cosmétique
/
Vaisselle à la fonction indéterminée
7
Tableau 11. Présentation du type de vaisselle déposée dans les tombes de périnatals.
Nombre de vaisselle par sépulture
Nombre de sépultures concernées
1
45
2
31
3
15
4
6
5
3
6
2
7
1
8
1
9 et plus
5
Nombre indéterminé
3
Fragments de vaisselle
4
Tableau 12. Évaluation du nombre de vaisselle déposée dans les tombes d’enfants en bas âge.
252
suivantes : jouets, objets de toilette (hors vaisselle
cosmétique), nourriture, coquillages, outils, armes,
vêtements et sandales, ouchebtis et varia. Il concerne
5 sépultures de périnatals, 34 tombes d’enfants en bas
âge, 47 inhumations d’enfants grands et 76 sépultures
d’enfants à l’âge indéterminé.
Force est de constater qu’il n’était guère coutumier
aux Égyptiens de l’antiquité de déposer auprès de leur
progéniture trop tôt disparue un ou plusieurs jouets avec
lesquels ceux-ci avaient coutume de s’amuser. Peutêtre parce que les familles étant nombreuses, les jouets
étaient plutôt collectifs qu’individuels ?
Les jouets
C’est la catégorie qui correspond le plus au monde
de l’enfance, pourtant, seulement 10 attestations ont été
répertoriées : 5 poupées, 3 balles et 1 figurine animale
(Tableau 18). La difficulté majeure concernant l’étude
des jouets est liée à la réalité de leur identification à la
fonction de jouet. En effet, la documentation montre
qu’aucun objet égyptien n’est jamais « juste » un jouet.
Que ce soient les hochets, les poupées, les figurines
animales, les objets articulés ou encore les miniatures
de la vie quotidienne, tous possèdent des équivalences
à consonance rituelle, magique ou religieuse. Si bien
qu’en l’absence de contexte établi et ôtant très clairement toute ambiguïté à leur sujet, le doute plane toujours
sur la majorité de ces objets, découverts dans la tombe
d’un enfant en bas âge, de trois enfants plus âgés (4-12
ans) et de six enfants à l’âge non précisé.
Les objets de toilette
C’est la catégorie de biens la plus attestée puisqu’elle
est présente dans 36 sépultures enfantines (Tableau 19).
On dénombre ainsi 12 miroirs, 6 épingles à vêtement,
6 cuillers à fard, 5 spatules à fard, 5 peignes ainsi que
plusieurs palettes à fard. Enfin, une perruque de cheveux
naturels complète l’ensemble. Elle fut retrouvée dans la
sépulture d’un enfant souffrant d’hydrocéphalie et de
calvitie.
Après la catégorie des bijoux et de la vaisselle (pour
laquelle on dénombre par ailleurs une trentaine de vases
cosmétiques), c’est donc la troisième catégorie de biens
que l’on retrouve le plus dans les inhumations d’enfants.
Il convient de rappeler ici que le maquillage n’avait pas
seulement une fonction esthétique dans l’antiquité égyptienne mais qu’il était également un moyen de se protéger
(du soleil et des insectes essentiellement). Toutefois, des
LE MOBILIER D’ACCOMPAGNEMENT DES ENFANTS EN ÉGYPTE ANCIENNE, À L’ÉPOQUE PHARAONIQUE
Type de vaisselle
Attestations
Vaisselle servant/contenant des liquides
116
Vaisselle servant à recevoir la nourriture/la boisson
63
Vaisselle cosmétique
5
Vaisselle à la fonction indéterminée
81
Tableau 13. Présentation du type de vaisselle retrouvée dans les tombes d’enfants en bas âge.
Ne sont pas pris en compte ici les fragments de céramique ainsi que les vaisselles dont le
nombre n’était pas mentionné dans les publications.
Nombre de vaisselle par sépulture
Nombre de sépultures concernées
1
27
2
15
3
2
4
3
5
4
6
3
7
2
8
2
9 et plus
9
Nombre indéterminé
6
Vaisselle fragmentaire
2
Tableau 14. Évaluation du nombre de vaisselle déposée dans les tombes d’enfants plus âgés.
Type de vaisselle
Attestations
Vaisselle servant/contenant des liquides
69
Vaisselle servant à recevoir la nourriture/la boisson
54
Vaisselle cosmétique
16
Vaisselle à la fonction indéterminée
172
Tableau 15. Présentation du type de vaisselle retrouvée dans les tombes d’enfants plus âgés.
Ne sont pas pris en compte ici les fragments de céramique ainsi que les vaisselles dont le nombre n’était
pas mentionné dans les publications.
253
AMANDINE MARSHALL
éléments comme les miroirs ou les épingles à vêtement,
surtout en matériaux précieux, sont plutôt à considérer comme des offrandes à dissocier de l’âge du jeune
défunt.
La nourriture
Le dépôt de nourriture dans des sépultures d’enfants
paraît avoir été une coutume peu fréquente (Tableau 20)
et comporte essentiellement des fruits (noix-doûm, fruits
du sycomore, du nebek et fruits non détaillés). Dans
une moindre mesure, les archéologues ont également
recueilli des grains de céréales, des tiges de plantes ou
feuilles, du pain et de la viande (une côte de bœuf et un
os de la jambe d’un bovin).
La présence de tiges végétales fait vraisemblablement
écho au témoignage plus tardif de Diodore de Sicile9 :
« [les parents égyptiens] leur donnent des aliments cuits
très simples, des tiges de papyrus, qui peuvent être grillées au feu, des racines et des tiges de plantes palustres,
tantôt crues, tantôt bouillies ou rôties ».
S’il n’est pas étonnant de trouver des fruits et du pain
auprès des jeunes défunts puisque ces aliments comptent
parmi les plus déposés dans les sépultures égyptiennes,
en revanche, on notera que les deux offrandes de viande
concernent des enfants âgés de 10-12 et 12 ans.
Ce sont donc 21 enfants (sur 1457) qui furent pourvus
d’une ou de plusieurs denrées alimentaires, uniquement
constituées d’aliments basiques. Si aucune nourriture ne
paraît avoir été déposée auprès d’un périnatal ou d’un
enfant en bas âge, il ne faut pas oublier que l’âge de 17
jeunes défunts n’a pas été mentionné dans les rapports
de fouilles et qu’il ne peut s’agir ici que d’une simple
coïncidence.
Les coquillages
Si 25 sépultures enfantines ont livré de multiples
coquillages10 (Tableau 21), malheureusement les rapports archéologiques ne précisent que très rarement leur
fonction originelle (alimentaire, décorative ou fonctionnelle), leur nombre et leur espèce, si bien qu’il est ardu
de se faire une idée précise de l’intérêt d’un tel dépôt
dans une tombe d’enfant.
Les coquillages d’eau douce et de mer dont l’identification formelle a été faite par le fouilleur sont des Cauri,
des Unio et une unique attestation de Nassacoupé, de
Conus, d’Ancillaria, de Mutela, de Pecten et de Spatha.
Les enfants concernés par ce type d’offrandes sont
huit enfants en bas âge, trois enfants grands et quatorze
enfants dont l’âge n’a pas été précisé.
9 Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, I, 80 (traduit du grec
par Ferdinand Hoefer. Paris, Charpentier, 1865, p. 93).
10 Hors coquillages expressément identifiés comme parures.
254
Les outils
Nous avons fait dans cette catégorie la distinction
entre les outils rudimentaires en pierre des outils plus
élaborés ou en métaux (Tableaux 22a et b). 19 sépultures d’enfants sont concernées par le premier type qui
consiste essentiellement en moulin à broyer, couteau en
silex, pierre à frotter, grattoir, pilon, palette à moudre,
pierre à aiguiser, mortier et silex taillé.
Enfin, quelques outils plus élaborés ou plus précieux
furent également découverts dans dix inhumations enfantines : des houes en bois, un couteau, une lame, un ciseau
et un possible modèle de ciseau, tous en cuivre, un outil
en bronze brisé et trois aiguilles en fer, ivoire et bois.
Cette catégorie d’objet est tout à fait étrangère
au monde de l’enfant et plus encore celui de la petite
enfance pourtant présente avec cinq attestations. On peut
éventuellement concevoir que des enfants de 11-12 ans
aient participé ou aidé des tâches manuelles et qu’ils
aient donc su manipuler un moulin à broyer ou une
pierre à aiguiser, mais il nous apparaît plus probable
qu’il s’agisse là d’offrandes d’adultes sans aucun lien
avec l’âge du jeune défunt. Par ailleurs, on constate à
sept reprises que les Égyptiens ont consenti volontairement à se séparer de biens matériellement précieux en
cuivre, bronze, fer et ivoire.
Les armes
Seules trois attestions de dépôts d’armes en contexte
de sépulture enfantine nous sont parvenues. Elles
consistent en deux modèles de boomerang, un bâton de
jet en bois et des armes11 (Tableau 23).
Si les deux premiers dépôts peuvent trouver une
explication naturelle à leur présence dans la tombe d’un
enfant puisque les jeunes Égyptiens accompagnaient
parfois les adultes chasser les oiseaux avec ce type
d’arme, en revanche, le dépôt d’armes dans la troisième
sépulture s’expliquerait, à notre avis, soit par le fait que
l’enfant était destiné à une carrière militaire, soit par une
offrande d’un adulte indifférente à l’âge du jeune sujet.
Les vêtements et les sandales
Nous avons ici répertorié uniquement les vêtements
et sandales déposés en offrandes dans la sépulture, par
conséquent non portés par le jeune défunt, et ils sont peu
nombreux (Tableau 24).
Trois enfants à l’âge indéterminé ont été inhumés
avec respectivement, un vêtement, un coussinet de
vêtements rugueux et un paquet de vêtements rugueux.
Quant aux sandales, seul un enfant âgé de 2-4 ans fut
enterré avec une paire de chaussures, peut-être la sienne.
11 Sans autre précision quant au nombre, matériau et type d’arme.
LE MOBILIER D’ACCOMPAGNEMENT DES ENFANTS EN ÉGYPTE ANCIENNE, À L’ÉPOQUE PHARAONIQUE
Nombre de vaisselle par sépulture
Nombre de sépultures concernées
1
190
2
68
3
24
4
13
5
5
6
1
7
4
13
1
Nombre indéterminé
6
Tableau 16. Évaluation du nombre de vaisselle déposée dans les tombes d’enfants grands.
Type de vaisselle
Attestations
Vaisselle servant/contenant des liquides
26
Vaisselle servant à recevoir la nourriture/la boisson
43
Vaisselle cosmétique
9
Vaisselle à la fonction indéterminée
445
Tableau 17. Présentation du type de vaisselle retrouvée dans les tombes d’enfants d’âge indéterminé.
Ne sont pas pris en compte ici les fragments de céramique et les vaisselles dont le nombre n’était pas
mentionné dans les publications.
Type de jouet
Matériau
Classe d’âge du jeune défunt
Poupée (1)
Bois
Enfant grand
Poupée (2)
Céramique
Enfant grand
Poupée (3)
Céramique
Enfant (âge ?)
Poupée (4)
?
Enfant (âge ?)
Poupée (5)
?
Enfant (âge ?)
Balle (6)
Boue
Enfant en bas âge
Balle (7)
Argile
Enfant (âge ?)
Balle (8)
Lin et fibres de palme
Enfant (âge ?)
Figurine animale (9)
Boue
Enfant (âge ?)
Tableau 18. Présentation des jouets retrouvés dans les tombes d’enfants.
255
AMANDINE MARSHALL
Trois hypothèses et faits, probablement complémentaires, peuvent expliquer la rareté de ces biens en
contexte funéraire : tout d’abord, le climat égyptien, qui
faisait que la plus grande partie de l’année, les enfants
allaient nus. Ensuite, les vêtements et les chaussures
étant probablement des biens onéreux pour la plupart
des anciens Égyptiens, il n’est pas impossible que les
parents aient préféré les conserver pour l’usage d’autres
enfants de la famille plutôt que de les déposer auprès
de leur enfant trop tôt décédé. Enfin, la très large majorité des petits Égyptiens ne portaient pas de sandales,
par commodité mais également pour les raisons économiques susmentionnées.
Les ouchebtis
Ces petites figurines représentant le serviteur du
mort dans l’Au-delà se retrouvent singulièrement dans
les tombes de cinq enfants inhumés dans la nécropole
de Tell Basta et d’un autre enterré dans la tombe d’un
adulte à Deir el-Médineh (Tableau 25).
Deux d’entre eux furent pourvus d’une seule de ces
petites statuettes, un autre en reçut quatre, un autre, cinq,
un autre douze et un dernier, un nombre non précisé dans
le rapport de fouilles. Dans un cas, le rapport de fouilles
mentionne que l’ouchebti déposé auprès de l’enfant
n’avait aucune connexion logique avec celui-ci et qu’il
s’agissait d’un réemploi rituel (Bakr 1982, p. 157). C’est
peut-être le cas des autres ouchebtis. Toutefois, on ne
peut exclure que les Égyptiens aient, dans quelques rares
cas, déposés ce type de statuette censée remplacer le
défunt dans ses tâches à accomplir dans l’Au-delà, afin
que celui-ci veille sur leur enfant trop tôt disparu.
Varia
Dans cette catégorie bien plus vaste que les précédentes, rentrent de nombreux éléments dont les
256
occurrences en sépulture enfantine sont beaucoup trop
ponctuelles (trois attestations maximum) pour pouvoir
être, à ce jour, traités de manière productive.
73 enfants sont concernés par ce type de bien ne rentrant dans aucune des catégories précédemment citées.
En dépit des importantes lacunes documentaires qui
conditionnent la portée de nos recherches, quelques
constatations se dégagent de cette étude du mobilier
d’accompagnement des enfants en Égypte ancienne, à
l’époque pharaonique. En premier lieu, on note que la
présence de mobilier funéraire augmente proportionnellement avec l’âge des enfants. Cela induit un rapport
affectif envers le jeune défunt se traduisant par une augmentation de biens déposés auprès de lui et/ou un statut
social de l’enfant de plus en plus établi dans sa communauté expliquant le dépôt de biens en augmentation
proportionnelle avec son âge. Toutefois, si le mobilier
d’accompagnement est plus important chez les enfants
âgés de 4 à 12 ans que chez les enfants en bas âge et
périnatals, de manière générale, le coût ou le luxe des
biens découverts dans les sépultures demeure constant,
quel que soit l’âge du jeune défunt. Les dépôts les plus
importants sont constitués par la vaisselle et la parure,
mais de façon générale, toujours en petites quantités.
Les autres biens que l’on peut retrouver dans les
inhumations d’enfants et entrant dans la catégorie de ce
que nous avons appelé « mobilier varié » sont plus rares.
Mieux attestés dans les sépultures d’enfants grands, ils
concernent tout aussi bien des objets de qualité que des
objets communs que nous avons rassemblés en neuf
catégories. Une constante se dégage toutefois de l’ensemble des biens constituant ce mobilier varié : le type
d’objet ou d’offrande découvert dans les inhumations
n’a que très rarement un rapport direct avec l’enfant ou
le monde de l’enfance.
LE MOBILIER D’ACCOMPAGNEMENT DES ENFANTS EN ÉGYPTE ANCIENNE, À L’ÉPOQUE PHARAONIQUE
Type d’objets
Matériau
Attestations
Miroir (1)
Cuivre, bronze et ?
12
Épingle à vêtement (2)
Cuivre, argent et bronze
6
Classe d’âge du défunt
2 enfants en bas âge, 4 enfants grands et
6 enfants (âge ?)
2 enfants en bas âge et 4 enfants grands
Cuiller à fard (3)
Ivoire et ?
6
3 grands enfants et 1 enfant (âge ?)
Spatule à fard (4)
Ivoire, ardoise, calcite et os
5
3 enfants grands et 1 enfant (âge ?)
Peigne (5)
Bois et ?
5
Palette à fard (6)
Ardoise et ?
?
Perruque (7)
Cheveux naturels
1
3 enfants grands et 1 enfant (âge ?)
3 enfants en bas âge, 1 enfant grand et 1
enfant (âge ?)
1 enfant grand
Tableau 19. Présentation des objets de toilette retrouvés dans les tombes d’enfants.
Type d’aliments
Attestations
Classe d’âge du jeune défunt
Fruits (1)
13
3 enfants grands et 10 enfants (âge ?)
Grains (2)
4
3 enfants grands et 1 enfant (âge ?)
Tiges de plante/feuilles (3)
2
1 enfant grand et 1 enfant (âge ?)
Pain (4)
2
1 enfant grand et 1 enfant (âge ?)
Viande (5)
2
2 enfants grands
Tableau 20. Présentation des aliments retrouvés dans les tombes d’enfants.
Type de coquillage
Attestations
Classe d’âge du jeune défunt
Cauri (1)
5
1 enfant en bas âge, 1 enfant grand et 3 enfants (âge ?)
Unio (2)
3
2 enfants grands et 1 enfant (âge ?)
Conus (3)
2
1 enfant en bas âge et 1 enfant (âge ?)
Nassacoupé (4)
1
1 enfant en bas âge
Ancillaria (5)
1
1 enfant (âge ?)
Mutela (6)
1
1 enfant (âge ?)
Pecten (7)
1
1 enfant en bas âge
Spatha (8)
1
1 enfant (âge ?)
« Coquillage » (9)
14
6 enfants en bas âge et 8 enfants (âge ?)
Tableau 21. Présentation des coquillages retrouvés dans les tombes d’enfants.
257
AMANDINE MARSHALL
Type d’outils
Matériau
Attestations
Classe d’âge du défunt
Moulin à broyer (1)
Quartzite, grès et ?
6
2 enfants grands et 4 enfants (âge ?)
Pierre à frotter (2)
Pierre
3
1 enfant en bas âge et 2 enfants grands
Couteau (3)
Silex
2
1 enfant en bas âge et 1 enfant (âge ?)
Grattoir (4)
Pierre
2
2 enfants en bas âge
Pilon (5)
Pierre
2
1 enfant en bas âge et 1 enfant (âge ?)
Palette à moudre (6)
Pierre
1
1 enfant en bas âge
Pierre à aiguiser (7)
Quartzite
1
1 enfant grand
Mortier (8)
Pierre
1
1 enfant grand
Outil indét. (9)
Silex
1
1 enfant grand
Tableau 22a. Présentation des outils retrouvés dans les tombes d’enfants.
Type d’outils
Matériau
Attestations
Classe d’âge du défunt
Houes (1)
Bois
?
1 enfant en bas âge
Couteau et lame (2)
Cuivre
2
2 enfants (âge ?)
Ciseau et modèle de ciseau (3)
Cuivre
2
1 enfant grand et 1 enfant (âge ?)
Outil (4)
Bronze
1
1 enfant grand
Aiguille (5)
Fer
1
1 enfant (2-4 ans)
Aiguille démêloir (6)
Bois et ivoire
2
2 enfants grands
Tableau 22b. Présentation des outils retrouvés dans les tombes d’enfants.
Type d’armes
Matériau
Attestations
Classe d’âge du défunt
Modèles de boomerang (1)
Bois
2
1 enfant (âge ?)
Bâton de jet (2)
Bois
1
1 enfant (âge ?)
« Armes » (3)
?
?
1 enfant grand
Tableau 23. Présentation des armes retrouvées dans les tombes d’enfants.
Vêtements et sandales
Matériau
Attestations
Classe d’âge du défunt
Un vêtement (1)
?
1
1 enfant (âge ?)
Un coussinet de vêtements rugueux (2)
?
2
2 enfants (âge ?)
Une paire de sandales (3)
Cuir
1
1 enfant (2-4 ans)
Tableau 24. Présentation des vêtements et sandales trouvés dans les tombes d’enfants.
Ouchebtis
Matériau
Attestations
Classe d’âge du défunt
1 ouchebti (1)
Schiste et ?
2
1 enfant grand et 1 enfant (âge ?)
4 ouchebtis (2)
Terre cuite
1
1 enfant (âge ?)
5 ouchebtis (3)
Terre cuite
1
1 enfant (âge ?)
12 ouchebtis (4)
Terre cuite
1
1 enfant (âge ?)
X ouchebtis (5)
Bois
1
1 enfant (âge ?)
Tableau 25. Présentation des ouchebtis retrouvés dans les tombes d’enfants.
258
LE MOBILIER D’ACCOMPAGNEMENT DES ENFANTS EN ÉGYPTE ANCIENNE, À L’ÉPOQUE PHARAONIQUE
Références des tableaux 18 à 23
Tableau 18 : Présentation des jouets retrouvés dans les tombes
d’enfants
1) Tombe n° 1375 de Deir el-Médineh (Bruyère 1937, p. 167)
2) TT 35 de Cheikh Abd el-Gournah (Anthes 1943, p. 10-12).
3) Tombe n° Y 216 de Diospolis Parva (Bourriau 2009, p. 73).
4) Mastaba de Néfermaât à Meïdoum (Mackay, Petrie, Wainwright
1910, p. 22).
5) Tombe sans n° mentionné de Thèbes (Garstang 1907, p. 152).
6) Tombe n° 417 de Gourob (Brunton, Engelbach 1927, pl. XVII).
7) Tombe n° 420 de Gourob (Brunton, Engelbach 1927, pl. XVII).
8) Tombe n° 518 de Tarkhan (Petrie, Mackay 1915, pl. XVII).
9) Tombe n° 1137 de Deir el-Médineh (Bruyère 1929, p. 10).
Tableau 19 : Présentation des objets de toilette retrouvés dans les
tombes d’enfants
1) Miroirs en cuivre : tombe n° E 3 d’Abydos (Garstang 1901, p. 26),
tombe n° W 32 de Diospolis Parva (Petrie 1901, p. 43), tombe n° 50
de Kom el-Hisn (Hamada, Farid 1948, p. 307-308), tombe n° 4909
de Qaou et Badari (Brunton 1927, pl. XXV), tombe n° T 6 de Balat
(Valloggia 1998, p. 29) et tombe n° 25/240/IIISKB de Qoubbet
el-Hawa (Edel 2008, p. 186). Miroirs en bronze : tombe n° 20 de
Tell Basta (El-Sawi 1979, p. 20) et tombe n° 384 de Saft el-Henna
(Petrie 1906, p. 44). Miroirs au matériau non mentionné : tombe
n° E 45 d’Abydos (Garstang 1901, p. 25), tombe n° 25 de Mahou à
Qoubbet el-Hawa (Leclant 1977, p. 265), tombe n° 3263 de Qaou et
Badari (Brunton 1928, pl. LXI) et dans un cercueil sorti de sa tombe
(Carter 1912, p. 63).
2) Épingles à vêtement en cuivre : tombe n° 1 du secteur A/II-l/12 de
Tell el-Daba (Bietak 1991, p. 169), tombe n° 5 du secteur A/II-l/17
(Forstner-Müller 2008, p. 301), tombe n° 8 du secteur A/II-k/14 de
Tell el-Daba (Forstner-Müller 2008, p. 221) et tombe n° 13 L 286
du secteur A/II-p/14 (Forstner-Müller 2008, p. 214). Provenance
de l’épingle en bronze : tombe n° 119 de Tell Basta (El-Sawi 1979,
p. 55). Provenance de l’épingle en argent : tombe n° 3 du secteur A/
II-m/15 de Tell el-Daba (Forstner-Müller 2008, p. 308).
3) Provenance des cuillers à fard en ivoire : tombe n° 10002 de
Mostagedda (Brunton 1937, pl. XLVI) et deux pour la tombe n° 25/240/
IIISKB de Qoubbet el-Hawa (Edel 2008, p. 186) Provenance des
cuillers à fard au matériau non mentionné : deux pour la tombe n° 25
de Mahou à Qoubbet el-Hawa (Leclant 1977, p. 265) et une pour la
tombe sans n° de Saqqarah (Firth, Gunn 1926, p. 68).
4) Provenance des spatules en ivoire : deux pour la tombe n° 25/240/
IIISKB de Qoubbet el-Hawa (Edel 2008, p. 186). Provenance de la
spatule en ardoise : tombe n° E 3 d’Abydos (Garstang 1901, p. 26).
Provenance de la spatule en calcite : tombe n° T 6 de Balat (Valloggia
1998, p. 29). Provenance de la spatule en os : tombe n° E 3 d’Abydos
(Garstang 1901, p. 26).
5) Provenance des peignes en bois : deux dans la tombe n° 1375 de Deir
el-Médineh (Bruyère 1937, p. 167), tombe n° 1265 de Sedment (Petrie,
Brunton 1924 pl. XLVI), tombe n° 2102 de Sedment (Petrie, Brunton
1924, pl. XXXIX). Provenance du peigne au matériau non mentionné :
tombe n° 7897 de Qaou et Badari (Brunton 1928, pl. LXII).
6) Provenance des palettes à fard en ardoise : tombe n° 99 d’Harageh
(Engelbach 1923, pl. LVI). Provenance des palettes à fard au matériau
non mentionné : tombe n° E 3 d’Abydos (Garstang 1901, p. 26)
et tombe n° 4927 de Qaou et Badari (Brunton 1928, pl. LXIX).
7) Tombe n° 1375 de Deir el-Médineh (Bruyère 1937, p. 167).
Tableau 20 : Présentation des aliments retrouvés dans les tombes
d’enfants
1) Tombe n° 37 de Deir el-Bahari (Carter 1912, p. 86), tombe n° 1373
de Deir el-Médineh (Bruyère 1937, p. 165), tombe n° 1375 de Deir elMédineh (Bruyère 1937, p. 167), tombe n° W 32 de Diospolis Parva
(Petrie 1901, p. 43), tombe n° 2604 de Mostagedda (Brunton 1937,
p. 135), tombe n° 222 de Gourob (Brunton, Engelbach 1927, pl. XV),
tombe n° 420 de Gourob (Brunton, Engelbach 1927, pl. XVII),
tombe n° 5010 de Matmar (Brunton 1948, pl. XLIV), tombe n° 7546
de Qaou et Badari (Brunton 1930, pl. VII), tombe n° 270 de Riqqeh
(Engelbach 1915, pl. XLIV), mastaba n° 2421 de Saqqarah (Quibell
1923, p. 39), tombe au n° non mentionné de Saqqarah (Firth, Gunn
1926, p. 68) et tombe n° 273 de Tourah el-Asmant (Yacoub 1988,
p. 198).
2) Tombe n° 1373 de Deir el-Médineh (Bruyère 1937, p. 165), tombe
n° 1375 de Deir el-Médineh (Bruyère 1937, p. 167), tombe n° NE
28 d’Éléphantine (Kaiser 1980, p. 282) et tombe n° <12069> de Tell
el-Amarna (Kemp 2008, p. 23).
3) Tombe de Menna de Cheikh Abd el-Gournah (Mond 1904, p. 102)
et tombe sans n° de Tell el-Amarna (Kemp 2007, p. 16).
4) Tombe n° 1373 de Deir el-Médineh (Bruyère 1937, p. 165) et
tombe n° 1385 de Gournet Mourraï (Bruyère 1937, p. 188).
5) Tombe n° 782 de Matmar (Brunton 1948, pl. XXV) et tombe n° 1
du secteur A/II-l/17 de Tell el-Daba (Forstner-Müller 2008, p. 358).
Tableau 21 : Présentation des coquillages retrouvés dans les
tombes d’enfants
1) Tombe n° E 840 N 780 d’Abydos (Richards 2005, p. 218), tombe
n° 22 de Gourob (Brunton, Engelbach 1927, pl. XIV), tombe n° 441
de Gourob (Brunton, Engelbach 1927, pl. XVII), tombe n° 1129 de
Qaou et Badari (Brunton 1927, pl. XXV) et tombe n° 22 de Tanis
(Warmenbol 1998, p. 312).
2) Deux enfants inhumés au mastaba d’Ima-Pépi à Balat (Minault-Gout
1992, p. 44) et tombe n° QDK I/52 de Balat (Leclant 1992, p. 295).
3) Tombe n° 466 de Matmar (Brunton 1948, pl. XXVI)
et tombe n° 4865 de Qaou et Badari (Brunton 1927, pl. XXV).
4) Tombe n° 1129 de Qaou et Badari (Brunton 1927, p. 22).
5) Tombe n° 3307 de Qaou et Badari (Brunton 1928, pl. LXII).
6) Tombe n° 464 de Matmar (Brunton 1948, pl. XXVI).
7) Tombe n° 1298 de Mayana (Petrie, Brunton 1924, p. 18).
8) Tombe n° 4993 de Qaou et Badari (Brunton 1930, pl. II).
9) Tombe sans n° mentionné de Ballas (Petrie, Quibell 1896,
p. 5), tombe n° Y 199 de Diospolis Parva (Bourriau 2009, p. 71),
tombe n° Y 216 de Diospolis Parva (Bourriau 2009, p. 73), tombe
259
AMANDINE MARSHALL
n° M 14 d’Elkab (Sayce, Clarke 1905, p. 251), tombe n° 384 de
Gourob (Brunton, Engelbach 1927, pl. V), tombe sans n° de Lahoun
(Bourriau 1981, p. 68), tombe n° 1298 de Mayana (Petrie, Brunton
1924, p. 18), tombe n° 5010 de Matmar (Brunton 1948, pl. XLIV),
tombe n° N 722 de Naga el-Deir (Reisner 1932, p. 284), tombe
n° N 732 de Naga el-Deir (Reisner 1932, p. 286), tombe n° 1754
de Qaou et Badari (Brunton 1927, pl. XXV), tombe n° 95/26 de
Saqqarah (Sowada, Callaghan, Bentley 1999, p. 21), tombe n° 1057
de Saïs (http://www.dur.ac.uk/penelope.wilson/3g2003b.html EES
Expedition) et tombe n° 12 du niveau E/3-1 de Tell el-Daba (Leclant
1982, p. 421).
Tableau 22a : Présentation des outils retrouvés dans les tombes
d’enfants
1) Moulins à broyer en quartzite : tombe n° 503 de Matmar (Brunton
1948, pl. XXVIII) et tombe n° 439 de Tarkhan (Petrie, Mackay 1915,
pl. XXVIII). Moulin à broyer en grès : tombe n° 1658 de Qaou et
Badari (Brunton 1927 pl. XXV). Moulins à broyer au matériau non
mentionné : tombe n° 425 de Matmar (Brunton 1948, pl. XXVI),
tombe n° 7762 et n° 7897 de Qaou et Badari (Brunton 1928,
pl. LXII).
2) Un provenant de la tombe n° 25/240/IIISKB d’Éléphantine (Edel
2008, p. 186) et deux provenant de la tombe n° 91-02 d’Éléphantine
(von Pilgrim 1996, p. 42).
3) Tombe n° FZN 96/0772A de Qantir (Herold 1999, p. 93) et tombe
n° 3 du secteur A/II-n/12 de Tell el-Daba (Bietak 1991, p. 262).
4) Tombe n° E 830 N 780 d’Abydos (Richards 2005, p. 204) et tombe
n° E 840 N 780 d’Abydos (Richards 2005, p. 218).
5) Les deux pilons proviennent de la tombe n° E 3 d’Abydos
(Garstang 1901, p. 26).
6) Tombe n° 4909 de Qaou et Badari (Brunton 1927, pl. XXV).
7) Tombe n° 2102 de Sedment (Petrie, Brunton 1924, pl. XXXIX).
8) Tombe n° T 6 de Balat (Valloggia1998, p. 29).
9) Mastaba n° 559 de Gizeh (Hassan 1941, p. 242).
Tableau 22b : Présentation des outils retrouvés dans les tombes
d’enfants
1) Tombe n° 475 de Tarkhan (Petrie, Mackay 1915, pl. XVII).
2) Tombe n° Y 174 de Diospolis Parva (Bourriau 2009, p. 69) et
tombe n° 8 du secteur A/II-n/12 de Tell el-Daba (Bietak 1991, p. 262).
3) Tombe n° 504 de Mostagedda (Brunton 1937, pl. XLVI) et tombe
n° 3228 de Qaou et Badari (Brunton 1927, pl. XI).
4) Tombe n° 1375 de Deir el-Médineh (Bruyère 1937, p. 167).
5) Tombe n° S171 de Kom el-Khilgan (communication personnelle
du Dr. Béatrix Midant-Reynes).
6) Les deux proviennent de la tombe n° 1375 de Deir el-Médineh
(Bruyère 1937, p. 167).
Tableau 23 : Présentation des armes retrouvées dans les tombes
d’enfants
1) Tombe sans n° mentionné de Saqqarah (Firth, Gunn 1926, p. 68).
2) Tombe n° 37 de Deir el-Bahari (Carter 1912, p. 80).
3) Mastaba n° 559 de Gizeh (Hassan 1941, p. 242).
Tableau 24 : Présentation des vêtements et sandales trouvés dans
les tombes d’enfants
1) Tombe sans n° mentionné de Mostagedda (Brunton 1937, p. 112-113)
2) Les deux attestions proviennent de la tombe n°112 de Meïdoum
3) Tombe n° 1372 de Deir el-Médineh (Bruyère 1937, p. 163)
Tableau 25 : Présentation des ouchebtis retrouvés dans les tombes
d’enfants
1) Ouchebti en schiste : tombe sans n° mentionné de Tell Basta (Bakr
1982, p. 157). Ouchebti au matériau non mentionné : tombe n° 1352
de Setaou de Deir el-Médineh (Bruyère 1937, p. 99).
2) Tombe n° 71 de Tell Basta (El-Sawi 1979, p. 40).
3) Tombe n° 174 de Tell Basta (El-Sawi 1979, p. 85).
4) Tombe n° 179 de Tell Basta (El-Sawi 1979, p. 86).
5) Tombe n° 13 de Gourob (Brunton, Engelbach 1927, pl. XIV).
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261
Le statut de l’enfant punique et les objets funéraires
Hélène Bénichou-Safar
Abstract. This article shows that, unlike adults,
Carthaginian infants are accompanied with very few
grave-goods, if any. These infants are also seldom found
in the city’s cemeteries, but are over-represented within
the Tophet, a temple of the city, which could be also indicative of their specific status, as is supported by various
observations about the Semitic world and, above all, by
the thousands of ex-votos erected in the Tophet above
cremation urns filled with the ashes of infants. This
raises the question of the role that the Carthaginians
assigned to their deceased offspring in their relationship
with the divine, and the relationship that they had with
them as a result.
P
résenter, comme on nous l’a demandé, les objets
funéraires associés à l’enfance dans l’univers des Carthaginois (entre les VIIIe et IIe s.
av. J.-C., par conséquent) et apprécier à leur aune le regard
porté, face à la mort, par les adultes sur leur progéniture
– puisque c’est bien évidemment là le but visé lorsqu’on
se livre à un tel exercice –, nous sont d’abord apparus
comme une gageure, et ce, pour trois raisons :
- d’abord, parce que dans les nécropoles puniques, pourtant souvent surpeuplées, les dépouilles ou les cendres
d’enfants sont en nombre absolument infime, certaines classes d’âge à peine représentées ou carrément
absentes et les rares mobiliers enfantins découverts des
plus réduits ;
- ensuite, parce que dans les tophets 1 – hybrides de
sanctuaires et de nécropoles qui ont été longtemps tenus
pour des lieux de sacrifices humains et où se comptent
au contraire par milliers les restes d’enfants incinérés –
les objets retrouvés sont encore plus sporadiques que
dans les nécropoles ;
1 Les tophets, rappelons-le, sont ces sanctuaires à ciel ouvert
qui sont constitués de lits superposés d’urnes cinéraires contenant
des restes d’enfants et accostées d’ex-voto, et dont on a longtemps
cru qu’ils avaient été le théâtre de sacrifices humains massifs et
systématiques. Il est généralement admis aujourd’hui, même s’il
n’y a toujours pas de consensus sur ce point, qu’ils abritent pour
l’essentiel, sinon en totalité, des sujets décédés de mort naturelle. La
présente étude repose en tout cas sur ce postulat.
- enfin, parce que les Puniques ne nous ont pas légué de
textes révélant leur attitude face à la mort de leur descendance ou, plus largement, face à leur descendance. Pire :
les maigres indications que laisse filtrer sur ce thème la
tradition littéraire, font entrevoir une réalité probablement faussée car elles émanent d’ennemis de Carthage
ou de polémistes religieux suspects les uns autant que
les autres d’avoir manié la calomnie à des fins de propagande ou d’édification.
Malgré tout, soutenue par la double conviction
que l’indigence des mobiliers d’enfants ou même leur
absence pouvaient être éloquentes et qu’une comparaison en la matière des habitudes puniques et hébraïques
apparentées était de nature à enrichir les informations
ainsi obtenues, nous nous sommes résolue à tenter cette
entreprise.
Toutefois, dans la mesure où le site de Carthage est
le site punique par excellence et où l’on dispose pour lui
d’une documentation à la fois vaste et équilibrée relative
aux nécropoles et aux tophets (ces deux ensembles y ont,
en effet, été et largement explorés et minutieusement
analysés [Bénichou-Safar 1982 et 2004]), nous nous
sommes, dans cette étude, appuyée sur lui à l’exclusion
de tout autre…. Ce qui n’empêche pas que les enseignements qui en seront tirés puissent être généralisés – avec
discernement, bien sûr – car, si elle est vraie de Carthage,
la grande pénurie d’enfants dans les nécropoles traditionnelles l’est également des autres sites puniques de
Méditerranée 2.
Dans cet exposé, nous commencerons donc par présenter les mobiliers funéraires qui sont à Carthage liés à la
prime enfance et tenterons d’induire de leur composition
quelques présomptions relatives au statut des tout-petits.
Ensuite, pour parfaire cette première vision, nous nous
efforcerons de tirer parti du contexte archéologique dans
2 Cf. Tejera Gaspar 1979, p. 56. Et un site comme celui de
Kerkouane où se rencontrent, comme dans certains secteurs de
Carthage, des îlots de sépultures enfantines ne fait pas exception à la
règle (pour l’un et l’autre sites, voir d’une part, Gallet de Santerre et
Slim 1983, passim, d’autre part, e. g. Delattre 1896, p. 70 ; Delattre
1890, p. 154 ; Gauckler 1915, I, p. 206-207 ; Merlin 1918, p. 324-325
et p. 328-330 ; Lapeyre 1934, p. 15 ; Gsell 1927, p. 446). Le nombre
total d’enfants y reste très disproportionné à celui des adultes.
263
HÉLÈNE BÉNICHOU-SAFAR
Fig. 1-3.. Variétés de cooking-pot, biberon et bazzoula associées aux enfants (dessins Merlin, Drappier 1909, pl. IV nos 28-29 et V n° 55).
lequel tous ces objets ont été utilisés mais aussi d’exploiter les ressources offertes par l’univers sémitique auquel
ils appartiennent, ce qui nous conduira à proposer une
interprétation personnelle.
Les objets funéraires et leur apport à la vision
des très jeunes enfants
Les objets funéraires dans les nécropoles
Sur plus de deux mille ensevelissements et, par
conséquent, mobiliers signalés dans les nécropoles
de Carthage, quelques-uns à peine se rattachent à des
enfants dans la période VIIIe-Ve s., moins de cent dans la
période IVe-IIe s. et, parmi ceux-ci, une douzaine tout au
plus concernent, semble-t-il, des individus âgés de 5 à 17
ans 3. Les mobiliers recensés ou déclarés manquants sont
donc majoritairement ceux de tout-petits enfants dont
l’âge varie entre 0 et 2 ans sûrement, 3 ou 4 ans peutêtre. Il faut dire que les archéologues qui en ont parlé, ne
s’y sont jamais vraiment appesantis.
Pour les nécropoles, notre étude se limitera donc aux
matériels associés à cette population la plus jeune et la
mieux représentée, qui est régulièrement soumise au rite
de l’inhumation 4 et dont les restes sont ordinairement
conservés dans des jarres sectionnées transversalement
3 C’est ce que laissent supposer de furtives indications des
fouilleurs et divers indices tels que la typologie ou la taille des tombes
(e. g. Delattre 1897, p. 113 ; Delattre 1906, p. 28 ; Gauckler 1915,
p. 95 ; Merlin 1918, p. 325 et p. 328-329 ; Poinssot, Lantier 1927,
p. 446) ; la qualité des rapports de fouilles ne permet pas d’être plus
précis.
4 Nous n’avons relevé que deux exceptions à cette règle :
Delattre 1896, p. 65, et Delattre 1899, p. 8, que l’on soupçonne de
correspondre à une inhumation secondaire.
264
puis rapprochées – moins souvent des portions de
jarres – où les corps ont été introduits tête la première 5.
Les matériels associés à cette catégorie d’enfants se
résument ordinairement à quelques pièces : de menus
objets et deux poteries, ou trois peut-être, nous allons
le voir, placées suivant leur nature ou leur vocation,
semble-t-il, ici plutôt que là. Ils ne comptent donc pas de
séma et il arrive que l’un ou l’autre de leurs constituants
habituels fasse défaut ou même qu’il n’y en ait aucun.
Les petits objets sont le plus souvent des éléments
isolés de colliers – quelques perles, quelques amulettes 6 ou même une seule, par exception une intaille
(Lapeyre 1934, p. 16) – et/ou, de loin en loin, une bague
ou un bracelet d’enfant fait d’un simple jonc métallique.
Sauf en une occasion où cette variété s’enrichit de figurines de terre cuite (Delattre 1901, p. 19-20, fig. 39-40,
p. 20a), ils n’ont jamais été déposés qu’à l’intérieur de
la jarre qui protège le corps (Bénichou-Safar 1982, p. 67
et p. 277).
Les poteries habituelles (fig. 1-3) sont, elles, le cooking-pot, une variété de tasse à bord droit ou rentrant
dont le fond rond apparaît souvent enfumé, et le vase
à panse globulaire (biberon) ou utriculaire (bazzoula)
munie d’un téton percé que l’on appelle communément
« vase-biberon » ou « bazzoula » (du nom qui désigne en
arabe le sein, la mamelle). Il s’agit là de deux pièces de
céramique vulgaire de petits formats (env. 11 cm et 5 cm
de hauteur respectivement), qui ont en général été installées au voisinage du cadavre, à l’intérieur de la jarre
par conséquent, mais peuvent aussi avoir été laissées à
l’extérieur.
5 Nous sommes totalement ignorants de l’âge des quelques enfants
dont les restes ont été traités différemment, c’est-à-dire ensevelis en
pleine terre dans un puits, déposés sans protection au fond d’une
fosse individuelle, recueillis dans un ossuaire de pierre ou autre.
6 Égyptiennes ou égyptisantes pour la majorité d’entre elles.
LE STATUT DE L’ENFANT PUNIQUE ET LES OBJETS FUNÉRAIRES
Fig. 4. Cheval porte-jarres (askos) trouvé sur une tombe d’enfant
(Cintas 1950, pl. LXIX fig. LVII).
Cependant, un vase plastique peut aussi avoir été
abandonné sur le sol après la fermeture et le remblayage
de la tombe qui abrite la jarre. Un tel constat n’a été
fait qu’une fois – il s’agissait en l’occurrence d’un
askos zoomorphe (fig. 4) qui recouvrait entièrement la
sépulture d’un tout petit enfant 7 – mais le fait ne devait
pas être isolé car, pour correspondre à des dépositions
de surface, donc très exposées, il est probable que des
pièces similaires ont existé, qui ont été détruites au cours
des siècles.
Les objets funéraires dans l’enceinte du tophet
Au tophet, sanctuaire que caractérisent au contraire
l’exclusivité et la surabondance des ensevelissements
d’enfants – plus de 10.000 y ont sans doute été déjà
dégagés depuis sa découverte en 1817 –, la situation est,
comme on pouvait s’y attendre, un peu différente. Elle
l’est d’autant plus que ces sujets, qui appartiennent quasiment tous à la génération des 0 à 4 ans mais sont pour la
plupart – fœtus inclus – des périnataux (Bénichou-Safar
2004, p. 49), n’ont jamais été inhumés mais incinérés et
que leur crémation, individuelle tout de même dans la
majorité des cas, a souvent été jumelée avec celle d’un
autre enfant, parfois de deux.
Ce sont ici encore de modestes objets mais aussi des
animaux sacrifiés et des monuments que l’on trouve
fréquemment associés à leurs cendres à l’intérieur ou
l’extérieur de la poterie qui fait office d’urne cinéraire. Il
est malheureusement impossible de rattacher un d’entre
eux à une catégorie d’âge plutôt qu’à une autre.
À l’intérieur de l’urne, les objets se réduisent
ordinairement à un collier d’amulettes (fig. 5) – ou
quelques-unes seulement, voire une seule – fortement
marqué du sceau de l’Égypte ou bien à quelques perles,
un petit masque de pâte de verre coloré ou encore un
bijou – bague, bracelet, boucle d’oreille – qui ont été
épisodiquement jetés avant la fermeture de l’urne sur les
ossements brûlés 8. De loin en loin, s’y ajoutent ou s’y
substituent des pièces de petit format aussi disparates
qu’un crocodile façonné dans le bronze, une hachette de
fer ou d’argent, un « chardon » de terre cuite (fig. 6), une
statuette en ivoire, un enroulement métallique (fig. 7),
un éclat de silex… ou, de façon récurrente, une minuscule feuille d’or froissée. Mais même ces maigres et
sporadiques offrandes sont de plus en plus rares au fil
des siècles pour, finalement, disparaître toutes au profit
parfois de quelques monnaies de bronze.
7 Lapeyre 1934, p. 16. Nous doutons fort qu’un tel objet constitue,
comme le pensait le R.P. Lapeyre, un jouet : cf. Bénichou-Safar 2004,
p. 57-58.
8 Les vestiges de tissu et d’accessoires pour boutonnage ou agrafage
qui sont inutiles à la question traitée, sont ici passés sous silence.
Fig. 5. Collier d’amulettes (Archives de l’Université catholique de
Louvain-la-Neuve).
265
HÉLÈNE BÉNICHOU-SAFAR
Fig. 7. Enroulement métallique à
valeur magique probable (Poinssot,
Lantier 1923, p. 58 fig. 5).
Fig. 6. Urne cinéraire et vase chardon (cliché de l’auteur).
Les animaux dont les restes ont également été
recueillis à l’intérieur de l’urne cinéraire, sont, eux, de
deux sortes :
- des ovinés ou caprinés nouveau-nés qui ont été incinérés en même temps que les enfants et dont les cendres
ont été mêlées aux leurs ;
- des petits animaux sauvages, parfois décapités
– oiseaux, lézards, rongeurs, batraciens, poissons…– qui
n’ont pas été brûlés et dont l’introduction dans l’urne est
manifestement postérieure à celle des précitées cendres
humaines et animales entremêlées.
À l’extérieur de l’urne généralement et dans son
immédiate proximité, on ne note comme élément de
vaisselle que celui qui a en dernier lieu servi à la fermer : assiette, cupule, lampe, oenochoé, unguentarium
ou brûle-parfums (fig. 8). Mais il existe des exceptions
à cette règle qu’illustre bien sûr la célèbre « Cachette
Cintas » avec ses nombreuses poteries d’importation ou
de fabrication locale (Bénichou-Safar 2004, p. 60-62), et
il est remarquable que ce soient le plus souvent un vase à
bec verseur (un askos zoomorphe de préférence) (fig. 9),
un skyphos grec ou imité de la Grèce, une tasse de céramique vulgaire ou une lampe punique, voire les quatre à
la fois, qui ont alors été déposés auprès de l’urne cinéraire
(Bénichou-Safar 2004, passim). Par contre, des osselets
ou des poteries miniatures modelées à la main et généralement interprétées – à tort, selon notre opinion 9 – comme
9 Leur rareté même plaide, en effet, en sens contraire et aussi le
fait que des objets du même ordre, mais des meubles cette fois aient
266
Fig. 8. Variétés communes d’unguentarium et brûle-parfums
(Archives de l’Université catholique de Louvain-la-Neuve).
des jouets, ont exceptionnellement été mises à cette place
(Cintas 1950, p. 447 note 184, fig. 8 et pl. LII fig. 109).
Et il en va de même, de façon fréquente à une certaine époque, d’un modèle particulier de statuette
(fig. 10) qui exprime à l’évidence une prière 10, de façon
exceptionnelle, de menus objets tels que des osselets,
une clochette de bronze ou des plaquettes de terre cuite
figuratives (Bénichou-Safar 2004, p. 95) (fig. 12).
Il est notable par ailleurs que des lampes et des coupelles utilisées en lien avec les enfants et retrouvées
brisées le plus souvent, se rencontrent à la surface des
terres qui recouvrent les urnes.
Quant aux monuments qui sont ici proches des urnes
– mais dans un rapport lâche parfois 11 – et en nombre
considérable eux aussi, ce sont des stèles ou des cippes
(fig. 13-15), souvent décorés, dont le caractère partiellement ou totalement votif est incontestable. Beaucoup
sont d’ailleurs inscrits d’une dédicace qui témoigne
d’une prière ou d’un remerciement adressé à Tanit et/
ou Ba‘al Hammon, les deux divinités majeures de
Carthage, mais aucun ne fait jamais la moindre allusion
été découverts dans des tombes d’adultes : Delattre 1897, p. 82-83 et
123 fig. 48-49, 81.
10 Ce qui est manifeste sur la statuette sarde similaire qui est
présentée à la fig. 11.
11 Lors de leur découverte, de nombreuses pierres dressées sont,
en effet, apparues en liaison avec deux urnes ou plus (on a signalé
les cas de cinq et trente-huit urnes : Lapeyre 1939, p. 296-297),
tandis que d’autres semblaient au contraire déconnectées des urnes
environnantes (cf. Bénichou-Safar 2004, p. 88 et 97).
LE STATUT DE L’ENFANT PUNIQUE ET LES OBJETS FUNÉRAIRES
Fig. 9. Askos zoomorphe accompagnant une urne cinéraire
(cliché P. Cintas).
à un enfant. L’un d’eux, en revanche, témoigne d’une
pratique magique (d’incubation peut-être) 12.
Première approche du statut de l’enfant
De par leur nature, leur fréquence ou leur mode
d’utilisation, les objets que nous venons d’énumérer
permettent de se faire une première idée de la façon dont
étaient regardés les tout petits enfants chez les Puniques.
En effet, puisqu’ils ne sont pas équipés d’un mobilier
abondant et varié comme la plupart des adultes, ils ne
devaient pas être considérés comme des individus à part
entière. Et aussi bien, n’étant jamais désignés d’un nom
personnel ni munis d’un scarabée comme le sont leurs
aînés occasionnellement pour le nom, quasi systématiquement pour le scarabée, ils se montrent privés de deux
marqueurs qui, en ce temps-là, renvoient à la personne
(cf. Genèse, XXXVIII, 18, et voir Lévy-Bruhl 1960,
p. 229). Ce qui laisse présumer que, comme dans beaucoup de sociétés archaïques, les très jeunes enfants, privés
d’identité, étaient tenus pour des êtres « inaboutis » pour
n’avoir pu franchir le cap du sevrage et accéder ainsi à la
pleine autonomie, donc à la totale individualisation.
Dès lors, le fait que leur viatique soit ici très maigre
et ne comporte ni aliments – sinon du lait, peut-être à
l’origine, dans les vases-biberons des nécropoles – ni
jouets, apparaît comme l’indice d’une pâle existence à
laquelle les Carthaginois les auraient cru réduits après
leur mort. Ce que corrobore la constante préoccupation
12 Cf. CIS I, 196.
de leurs familles de les protéger au moyen d’amulettes
variées, puisqu’un tel souci est révélateur de leur vulnérabilité et, par conséquent, de leur faiblesse.
En revanche, qu’ils soient souvent flanqués au tophet
à une certaine époque d’une statuette exprimant une
prière, fait soupçonner qu’ils aient été en ce lieu crédités
d’un pouvoir particulier. Et ce soupçon se renforce à la
fois de la présence auprès de leurs ossements de vestiges souvent impliqués dans des pratiques de sorcellerie
– nous pensons notamment ici aux restes, évoqués tout à
l’heure, de batraciens ou d’oiseaux décapités, aux fils de
métal enroulés et noués de manière complexe et ésotérique ou encore aux coupes, lampes et traces de flammes
qui sont évocatrices de lécanomancie et lychnomancie
– et de l’existence d’un décor de stèle (fig. 15) figurant
une nécromancienne saisie dans l’exercice de son art
(c’est du moins là ce que nous prétendons avoir naguère
démontré [Bénichou-Safar 2008, p. 4 fig. 1-2]).
Telle est donc la vision de la petite enfance que
l’on peut prêter aux Carthaginois à partir de l’examen
des objets funéraires qui lui sont associés. Nous allons
voir qu’il est possible de la préciser en replaçant tout ce
matériel dans le contexte de son utilisation et en faisant
appel à notre connaissance de l’univers sémitique.
Les apports extérieurs : contexte archéologique
et famille génétique
Les enfants pour lesquels nos objets ont servi ont
tous, nous l’avons dit, été soumis à un traitement spécial
puisque :
- dans leur immense majorité, ils ont été exclus des
nécropoles et, contrairement aux adultes, soumis au
rite de la crémation et parfois accompagnés d’un autre
enfant plus âgé – d’un ou deux ans bien souvent –, parfois même de deux 13 ;
- les rares sujets qui ont échappé à cette règle, se sont
néanmoins vu refuser l’accès aux tombes parentales ou
familiales profondes et imposer au contraire un enfouissement – isolé le plus souvent – près de la surface du sol.
De son seul fait, cette marginalisation systématique
confirme que les tout petits ont eu un statut différent
13 Pour le tophet, cf. Richard 1961, passim, ou Stager, Wolff 1984,
p. 39. Dans les nécropoles, ce n’est pas de l’un de ses congénères plus
âgés que l’enfant se montre parfois accompagné mais d’un adulte,
une femme de préférence, peut-on croire, auquel il semble avoir été
confié : Delattre 1906, p. 23 ; Delattre, 1896, p. 64-65 mais surtout
Lancel 1982, p. 299-300, où les deux ensevelissements ne sont pas de
même époque. Cette coutume semble avoir survécu jusqu’à nos jours
dans une partie au moins du monde sémitique : voir les cimetières
concernés de l’Algérie ou de la Tunisie.
267
HÉLÈNE BÉNICHOU-SAFAR
de celui des adultes. Et en témoignant d’une double
incapacité de leur part – inaptitude à reposer dans les
aires traditionnelles d’ensevelissement, inéligibilité
à la pratique en vigueur de l’inhumation – mais aussi
d’un besoin de soutien, en raison de leur nature chétive
manifestement, elle conforte en outre l’idée que ce statut
était de rang inférieur peut-être, en tout cas pas équivalent. D’ailleurs, l’absence totale de mémorial nominatif
autant que de culte post mortem 14 les concernant va dans
le même sens : symptomatique de l’abandon où ceux-ci
ont été laissés une fois le rituel de funérailles accompli,
elle témoigne de l’indifférence nourrie à leur égard.
Toutefois, l’incinération, circonstance majeure dans
l’utilisation des objets étudiés, met sur la voie d’un
jugement plus nuancé si on la replace – avec sa caractéristique essentielle ici, la crémation complète des
corps – dans l’ambiance sémitique plus large où elle a
été pratiquée. C’est une entreprise que nous avions tentée naguère alors que nous nous interrogions sur le sort
réservé aux enfants dans l’eschatologie carthaginoise
(Bénichou-Safar 2005). Nous nous contenterons ici d’en
rappeler cette conclusion partielle : parce que le feu est,
dans la pensée sémitique, un agent de purification et de
transfert capable de véhiculer un objet ou un être jusqu’à
la divinité, il est vraisemblable que les Carthaginois aient
tenu à regrouper et à incinérer leurs petits enfants dans
un sanctuaire pour leur permettre d’être purifiés après la
souillure de la naissance et de retourner auprès des dieux
auxquels, en raison de leur immaturité, ils n’avaient pas
cessé d’appartenir.
L’attitude qui consiste à rejeter les très jeunes
enfants hors des nécropoles mais, dans le même temps
et par souci de leur devenir, à les regrouper consciencieusement dans une enceinte sacrée, n’est donc qu’en
apparence de l’indifférence. Il semble bien, en réalité,
qu’elle résulte d’une conception particulière de la pleine
humanité à laquelle la naissance ne permettrait pas de
facto d’accéder.
D’autre part, il est une comparaison qui est édifiante :
celle que l’on peut faire avec les usages observés dans
la sphère sémitique. En effet, même s’ils ne sont jamais
liés à l’incinération ni, semble-t-il, associés à des sacrifices d’animaux, les mobiliers des tombes enfantines
cananéennes de l’âge du Fer montrent dans leurs autres
caractéristiques une extrême proximité avec ceux de
Carthage. Comme eux, ils sont majoritairement attachés
à des sépultures en jarres, caractérisés par l’anonymat,
14 Du fait de la densité des cippes et des stèles à certains niveaux
du sanctuaire, il y a en effet impossibilité pratique à ce qu’un tel culte
ait été rendu sur place aux défunts.
268
Fig. 10. Statuette campaniforme accompagnant à Carthage
des cendres d’enfant (cliché P. Cintas).
destinés à équiper des enfants accompagnés d’un individu plus âgé et marqués par une très grande indigence
mais, surtout, comme eux, ils sont composés d’une
variété bien particulière d’objets (Bloch-Smith 1992,
p. 31-32 notamment) :
- d’amulettes et bijoux essentiellement pour les périnataux, comme au tophet de Carthage ;
- d’amulettes, bijoux et poteries – un petit bol ordinairement, un vase zoomorphe occasionnellement –, pour les
bambins à peine plus âgés (de 2 à 4 ans peut-être, il est difficile d’en juger), comme dans les tombes carthaginoises.
LE STATUT DE L’ENFANT PUNIQUE ET LES OBJETS FUNÉRAIRES
Fig. 12. Plaquette de terre cuite découverte auprès d’une urne
(Poinssot, Lantier 1923, p. 57 fig. 4).
Fig. 11. Statuette campaniforme de Bithia
(d’après Ferron, Aubet, pl. LXXI).
Mais dans ce cas, et dans ce cas seulement, il s’y ajoute
parfois un scarabée (Bloch-Smith 1992, p. 84). Et ce
détail incite à se demander s’il ne convient pas d’établir à Carthage aussi un distinguo entre prénataux, d’une
part, et fillettes et garçonnets, d’autre part, et d’envisager
que les rares enfants des nécropoles carthaginoises qui
ne sont pas équipés d’un tel objet mais dont les mobiliers
sont par ailleurs si proches de ceux des 2-4 ans (environ)
dans les tombes cananéennes, soient en réalité plus âgés
que ceux du tophet, ce qui expliquerait qu’ils en aient
été séparés.
Quoi qu’il en soit, si l’on veut bien faire abstraction de ceux des éléments circonstanciels qui sont
discordants et tiennent à des options ou des habitudes
nationales (inhumation ici mais incinération là, absence
de sacrifice animal ici mais pratique là) et si l’on veut
bien aussi garder à l’esprit l’étroitesse du lien de parenté
qui unissait les Phéniciens, ancêtres des Puniques, aux
populations sémitiques environnantes, on admettra que
les similitudes notées entre les mobiliers cananéens et
les mobiliers puniques sont suffisamment nombreuses et
significatives pour garantir que les compositions des uns
et des autres ont été déterminées par des croyances très
voisines et résultent, par conséquent, d’une perception
similaire sinon semblable de la petite enfance.
Or le lévitique et le livre des Nombres nous
apprennent que, dans le monde biblique, les nourrissons
de moins d’un mois n’avaient aucune valeur au regard
du Temple, ne pouvaient pas être pris en compte dans
un recensement de population, même exceptionnellement précoce, et étaient inaptes au rachat 15. Il est donc
légitime de penser que si aux yeux des Hébreux des
temps bibliques, les nouveau-nés n’avaient ni existence
légale ni valeur vénale selon la loi religieuse, il en allait
probablement de même aux yeux des Carthaginois qui
n’étaient pas moins légalistes que les Hébreux, leurs
Tarifs sacrificiels en font foi.
Par ailleurs et pour en finir avec l’apport du monde
sémitique à la question qui nous occupe, nous rappellerons
que la Bible montre d’abondance par ses condamnations
répétées 16 et par la diversité des noms qu’elle utilise pour
nommer en fonction de leur spécialité les praticiens de
15 Cf. lévitique, XXVII, 6 ; Nombres, III, 14 et XVIII, 16.
16 E.g. exode, XXII, 17 ; lévitique, XIX, 31 ; Deutéronome,
XVIII, 10-11 ; Isaïe, VIII, 19.
269
HÉLÈNE BÉNICHOU-SAFAR
Fig. 13. Cippe et urnes in situ
(cliché P. Cintas).
magie 17, que cet art était jadis de pratique courante et
variée en Canaan. Et les constats faits tout à l’heure à
l’occasion de l’examen des objets ne le démentent pas.
Notre interprétation
Compte tenu de toutes ces données, voyons donc
s’il est possible de dépasser nos premières conclusions.
Dans ce but, récapitulons d’abord les acquis essentiels.
Les voici.
Avec le tophet de Carthage, nous nous trouvons en
présence d’un sanctuaire singulier dont l’intense fréquentation tient à la présence de fœtus et d’enfants morts :
- que les fidèles pensent destinés à rejoindre les dieux,
- auprès desquels ces mêmes fidèles déposent par milliers des pierres dressées témoignant de vœux (formulés
ou exaucés),
- et que, pour notre part, nous soupçonnons d’être dotés
d’un certain pouvoir.
17 Cf., par exemple, Kuemmerlin-Mc Lean 1992, IV, p. 468-469 ou
Mendelsohn 1962, p. 224 notamment.
270
Fig. 14. Stèle CIS 5775 du tophet de Carthage
(cliché P. Cintas).
Un tel sanctuaire apparaît donc comme un lieu de
communication où les enfants morts, capables d’assurer
la liaison entre le domaine des hommes et le domaine
des dieux, auraient été invoqués par les vivants pour
qu’ils intercèdent en leur faveur auprès des dieux. En
somme, parce qu’une fin prématurée les aurait rendus
à leur nature divine originelle, ces enfants auraient été
instrumentalisés par les vivants à leur profit. Le tophet
aurait ainsi été le théâtre privilégié de la nécromancie
à Carthage.
LE STATUT DE L’ENFANT PUNIQUE ET LES OBJETS FUNÉRAIRES
Enfin, elle s’est transmise à l’Occident méditerranéen, grec ou romain, où les magiciens, nombreux, se
servaient parfois dans leur activité des enfants prématurément emportés, ce que nous enseigne la tradition
littéraire (Martin 2003, p. 218-219) et que vérifient
notamment trois tablettes découvertes sur la tombe d’un
enfant à Athènes datant de la fin du Ve ou du début du
IVe s. av. J.-C. (Martin 2003, Annexe 2, p. 25-26). De tels
enfants d’ailleurs, comme le rappelle F. Cumont, étaient
réputés faire « partie de la suite d’Hécate, déesse des
enchantements » et étaient tenus « pour des êtres soumis au pouvoir des magiciens » (Cumont 1949, p. 317).
Il faut dire que, si l’on en juge par l’Orient, les esprits
invoqués dans les pratiques nécromantiques étaient de
préférence ceux de défunts qui avaient eu de leur vivant
déjà un pouvoir de divination. Or dans l’antiquité, les
enfants étaient considérés comme dotés du don de prophétie en raison de leur innocence et de leur pureté
(Bénichou-Safar 2005, p. 132).
Mais pour emporter une totale adhésion, peut-être
nous faut-il encore rappeler ce fait très significatif à nos
yeux, qu’avec ses prêtresses réputées pour leur voyance,
le temple carthaginois de Caelestis – cette déesse
romaine qui a hérité de tant de traits de Tanit, la grande
Dame du tophet – est devenu à l’époque impériale un
centre prophétique de première importance 18.
Fig. 15. Stèle CIS 5780 (comme la précédente)
de la « nécromancienne » (cliché J. Debergh).
Bien des raisons incitent à accréditer cette hypothèse.
Tout d’abord, la pratique de la nécromancie ne manque
pas d’indices au tophet, nous l’avons vu, ni plus généralement sur le site de Carthage : nous pensons ici aux
tabellae defixionis puniques, comme celle qui porte
l’inscription CIS 6000 bis, ou aux coupes de plomb
« adressées » aux morts, comme celles qui ont été gravées des inscriptions puniques CIS 6054 et 6055.
Ensuite, elle s’inscrit dans une tradition orientale qui
s’est largement répandue en Canaan, ce dont le texte
biblique témoigne par ses interdits explicites ou son récit
de la consultation de la nécromancienne d’Ein-Dor par
Saül (I Samuel I, XXVIII, 3-20 notamment).
Finalement, l’examen des objets auquel nous nous
sommes livré puis leur éclairage par les circonstances
de leur utilisation et les usages de l’aire culturelle à
laquelle ils se rattachent, auront permis d’entrevoir le
statut, bien paradoxal en vérité, des tout petits enfants à
Carthage : celui d’êtres dépourvus de toute valeur en tant
que personnes mais, au contraire, valorisés à l’extrême
quand ils sont investis de la fonction d’intercesseurs des
hommes auprès des dieux. Mais qu’on ne se méprenne
pas ! Ce statut ne correspond qu’à un comportement religieux et qui n’a rien à voir avec l’affectivité. Car le fait
que les parents aient systématisé l’incinération et inlassablement accompli les mêmes gestes rituels pour leurs
tout-petits, qu’ils aient aussi souvent pris la peine de
munir ces derniers de phylactères ou de les faire accompagner de congénères ou d’individus plus âgés, prouve
à suffisance qu’ils ont été pleins d’égards pour eux et
même angoissés à l’idée de les abandonner à leur nouvelle existence, chétive et périlleuse dans leur esprit tant
qu’ils n’avaient pas rejoint le séjour des dieux.
18 Cf. Historia Augusta, Vita Macrini, 3, 1 ; Audollent 1901, p. 62.
271
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Remarques sur le mobilier des tombes d’enfants
dans l’Égypte gréco-romaine :
mobilier associé et mobilier représenté
Marie-Dominique Nenna
Sur l’ensemble des nécropoles d’Alexandrie, nous
avons pu recenser, dans le cadre de la constitution de
la banque de données eMa 1, 223 sépultures où des
ossements d’enfants étaient présents. 87 peuvent être
datées de l’époque hellénistique (85 inhumations et
2 crémations), 16 des trois premiers siècles de notre
ère (15 inhumations et 1 crémation), les plus de cent
restantes, essentiellement des inhumations, appartiennent
à l’époque romaine tardive (IVe-VIIe s.).
Pour l’époque hellénistique, on constate une importante variation, non seulement en termes de présence ou
d’absence de dépôt, mais aussi de richesse de mobilier,
selon la nécropole où l’on se trouve. Ainsi, dans la nécropole occidentale, sur le site du Pont de Gabbari, sur les
32 tombes à fosse comprenant des défunts enfants (dont
sept enchytrismes et un nouveau-né avec sa mère) 2,
seules sept ont livré du mobilier 3. Dans tous les cas, il
est peu abondant. Différentes catégories sont attestées :
obole de Charon, bijoux apotropaïques ou non, vaisselle
miniature et vase à parfum, offrandes alimentaires.
- un enfant de quatre ans était déposé avec une petite tête
de Méduse en plâtre peint et sans doute un unguentarium
(SP 2009 = ALE001, fig. 1a) ;
- un autre avec une obole de Sidé datée du IVe s. av. J.-C.
(obole de Charon) et deux coupes miniatures à deux
anses (diam. 9 cm, fig. 1b) dont l’une portait des traces
de feu et a pu servir de lampe ou de brûle-parfum (SP
2015 = ALE002) ;
- un autre, entre 7 et 11 ans, avec une couronne de
feuilles de bronze doré et de baies en plâtre doré (SP
5078 = ALE255) ;
- un autre, de 3 à 6 ans, avec un anneau à deux joncs
en alliage cuivreux à la cheville droite (SP 6641 =
ALE152) ;
- un enfant de moins d’un an placé, comme c’est souvent le cas à Alexandrie, dans un contenant cylindrique
en céramique, fermé à une extrémité par une assiette,
était muni d’une offrande alimentaire sous la forme d’un
poisson (SP 515 = ALE190, fig. 2) ;
- dans les deux derniers cas, seule l’altération du mobilier est présente, sous la forme de particules vertes entre
1 Pour éviter une bibliographie trop abondante, on renvoie
systématiquement au numéro de sépulture figurant dans la base EMA,
disponible sur le web à l’adresse http://www.mae.u-paris10.fr/ema.
2 Aucun marqueur n’a été conservé pour ces tombes.
3 Delaporte 2003 ; Choël, Jacquemin 2003 ; Silhouette 2012 ; Alix
et al. 2012.
Abstract. The study of the grave-goods of children in
Graeco-Roman egypt can prove disappointing, because
of the scattered and fragmentary nature of the evidence
available. This is attributable on the one hand to the date
of the excavations, which mainly took place in the first
half of the twentieth century, and to the looting, ancient
and modern, of the necropoleis, and on the other to the
widespread custom of collective burial. Nevertheless,
we will consider here the grave-goods deriving from the
necropoleis of alexandria, Fayyum and Khargeh Oasis,
alongside those depicted on funerary containers of the
Roman period (be they sarcophagi, shrouds, painted
portraits, or painted plaster masks connected to the
mummified deceased).
L
’examen du mobilier des tombes d’enfants à
Alexandrie et dans sa région, dans le Fayoum,
notamment à Hawara, et dans l’oasis de Kharga
amène tout d’abord à un constat décevant sur la nature
même de la documentation disponible en raison de son
caractère épars et lacunaire. Cet état est dû non seulement
à l’ancienneté des fouilles, au pillage antique et contemporain des tombes, mais aussi à la pratique répandue des
sépultures collectives. Les observations que je présente ici
sont donc pour le moins disparates, d’autant plus que l’on
se situe dans trois environnements aux coutumes et pratiques funéraires différentes. Pour pallier cette pauvreté
de données, il a semblé intéressant d’ajouter quelques
remarques sur le mobilier représenté sur les contenants
funéraires (sarcophages, linceuls, bandelettages) liés aux
défunts momifiés, essentiellement d’époque romaine.
Alexandrie
273
MARIE-DOMINIQUE NENNA
les jambes (peut-être une monnaie) et d’une coloration
bleue sur le front qui pourrait évoquer un bandeau de
tissu dans la SP 2021 (ALE003) ; des objets de fer très
oxydés sont associés à l’enfant FI2013 (ALE004).
Dans les nécropoles orientales d’Alexandrie apparaissent des mobiliers beaucoup plus riches, datables
généralement du IIIe et du début du IIe s. av. J.-C. On ne
peut juger, sauf dans le cas d’une portion de la nécropole
d’Hadra (secteur el-Manara), de la fréquence des dépôts,
étant donné l’absence d’informations fournies par les
fouilleurs pour les tombes sans mobilier.
Dans la nécropole de Chatby, datée de la fin du IVedébut du IIIe s. av. J.-C. (Breccia 1912 ; Tubby, James
1918), vingt-deux tombes d’enfant ont été recensées,
soit par la présence de marqueurs isolés de leur contexte
(12 stèles), soit par la mention de l’âge du défunt
(10 sépultures). Sur ces dix sépultures, sept comprenaient du mobilier. Une tombe de petite fille (ALE012)
présente un assemblage, semble-t-il peu commun, avec
trois contenants en verre façonné sur noyau, un collier
composé d’un scarabée en os ou en bois, d’un autre
coléoptère, d’un chat, d’un anneau, de perles en verre
incolore en forme de vase et de perles sphériques en
verre ambre et d’une monnaie de Ptolémée V (selon
Svoronos) ou de Ptolémée Ier (selon Dattari). Dans
deux tombes (ALE015-ALE016), on note la présence
d’appliques en stuc doré (danseuses et colonnettes) qui
pourraient appartenir au décor d’un cercueil en bois, à
un meuble, ou avoir été cousues sur le vêtement de l’enfant. Le dépôt de figurines est attesté (ALE013 : fillette
assise avec un diptyque sur les genoux, fig. 3), ainsi que
de couronnes en bronze doré (ALE016). La présence de
céramique est notée, en dépôt simple (ALE017), ou en
dépôt fonctionnel (ALE011). La fermeture par un cratère du contenant cylindrique employé pour ensevelir les
enfants semble fréquente dans la nécropole de Chatby
aux dires de Breccia.
Dans la nécropole de Hadra 4, toutes fouilles
confondues entre 1918 et 1987 à l’exception du secteur El-Manara (voir infra), 26 sépultures d’enfant ont
été recensées (dont sept attestées uniquement par des
stèles isolées). À côté d’ensevelissements en conteneur cylindrique fermé par un cratère et accompagnés
par des assiettes et des cruches (ALE036-037) ou par
des céramiques mal caractérisées par les fouilleurs
(ALE040-042), quelques tombes se distinguent par un
très abondant matériel composé de vases miniatures et
de figurines (étude par D. Kassab Tezgör, 2007).
Ainsi, dans une tombe d’enfant du secteur d’Ezbet
el-Makhlouf (ALE038), Breccia signale la mise au jour
4 Tubby, James 1918 ; Breccia 1925-1931, 1931-1932 et 1930 ;
Adriani 1932-1933 ; Saïd 1998.
274
Fig. 1a. Applique en plâtre peint prophylactique en forme de tête de
Méduse. Alexandrie, nécropole du pont de Gabbari, ALE001. Archives
Cealex (cl. A. Pelle).
φ=9cm
GAB97 20049.1.1/36
φ=9cm
GAB97 20049/2
Fig. 1b. Coupelles à deux anses. Alexandrie, nécropole du pont de
Gabbari, ALE002. Archives Cealex (dessin A. Lamarche).
d’une vingtaine de figurines en terre cuite dont 12 ont
pu être identifiées par D. Kassab Tezgör (2007, p. 34,
ensemble 41 et p. 175-182), soit neuf figurines de femme
drapée debout, une figurine de femme drapée assise
(fig. 4a), une figurine de fillette debout tenant un diptyque (fig. 4b), une figurine de petite fille à la grappe de
raisin (fig. 4c).
Dans le secteur de l’Hôpital des maladies infectieuses, quatre tombes offrent un abondant mobilier. Un
loculus (ALE043, Kassab Tezgör 2007, p. 28, ensemble
24 et p. 124-128) comprenait deux inhumations, celle
d’un adulte et celle d’un enfant de moins de 10 ans. Il
a livré des céramiques miniatures variées (fig. 5) : trois
canthares et deux cratères en vernis noir, trois bols en
calice, quatre bols convexes, dont un de taille normale
et 3 miniatures, un pot à cuire à une anse miniature
(ht 6 cm), deux oenochoés miniatures (ht 9,5 et 4,5 cm),
un hydrisque (ht 7,2 cm), une situle et cinq plats miniatures avec deux couvercles (diam. de 6 à 9 cm). À cela
s’ajoutaient six figurines de femme drapées, une pyxis
en bronze, les restes d’un instrument en os et une lampe.
REMARQUES SUR LE MOBILIER DES TOMBES D’ENFANTS DANS L’ÉGYPTE GRÉCO-ROMAINE
Fig. 2. Contenant cylindrique en céramique fermé par une assiette.
Alexandrie, nécropole du pont de Gabbari, ALE190. Archives Cealex
(cl. É. Boës).
a
Fig. 3. Figurine de fillette assise tenant un diptyque
(inv. MGR 10461). Alexandrie, nécropole de Chatby, ALE013.
Archives Cealex (cl. A. Hussein).
b
c
Fig. 4. a. Figurine de femme assise (inv. MGR 23346). Figurines en terre cuite de petite fille : b. tenant un diptyque (inv. MGR 23335), c. tenant une
grappe de raisin (inv. MGR 23344). Alexandrie, nécropole de Hadra, secteur Ezbet el-Makhlouf, ALE038. Archives Cealex (cl. A. Hussein).
275
MARIE-DOMINIQUE NENNA
On note enfin dans cette sépulture la présence de la seule
poupée assise à bras articulés à Alexandrie (fig. 7). Dans
la tombe à fosse ALE044, à un hydrisque à figures rouges
se joignent « une douzaine » de lampes, coupelles et cruchettes, certaines à vernis noir, ainsi qu’une figurine en
terre cuite dont le type n’est pas spécifié. Dans une autre
(ALE045, Kassab Tezgör 2007, p. 28, ensemble 25 et
p. 128-129, nos 148-149), sont recensés une coupelle, un
vase à bec tubulaire, une lampe, ainsi que deux figurines
de femme drapée. La tombe à fosse, ALE047 (Kassab
Tezgör 2007, p. 29, ensemble 27, et p. 129-130, nos 151152) a livré deux figurines de garçonnet assis coiffés
d’une kausia sorties du même moule (fig. 8), à côté d’un
nombre indéterminé de « vasetti » et de lampes, d’un
collier et d’un bracelet en bronze.
Les fouilles exécutées en 1987 par le Musée grécoromain (Saïd 1998) montrent la présence d’au moins cinq
tombes d’enfants d’époque hellénistique, mais aucun
mobilier n’est associé à ces sépultures dans la publication.
En revanche, s’y ajoute, grâce à la fouille exécutée par P.
Bailet et G. Grévin (2012), une crémation d’un enfant de
4 à 5 ans, collecté et déposé selon un schéma anatomique
dans une hydrie à fond blanc (inv. MGR 30910).
Le secteur d’el-Manara, fouillé par A. Adriani en
1940 et daté entre 275 et 200 av. J.-C., pour lequel nous
avons pu consulter une partie du carnet de fouilles qui
offre des informations supplémentaires par rapport à
la publication dans l’annuaire du Musée gréco-romain
(Nenna 2012) permet de juger de la fréquence des
dépôts. A. Adriani décrit dans sa publication (19401950) 42 sépultures, alors qu’en réalité au moins 150
ont été mises au jour. Le carnet de fouilles comprend
les descriptions de 121 d’entre elles. Sur les 139 tombes
pour lesquelles on dispose d’informations par le carnet
de fouilles, ou par la publication, dix-neuf comprennent
des enfants (fig. 6). Treize sont des tombes à fosse et six
des loculi creusés dans des parois rocheuses ou dans des
hypogées. Neuf tombes ont livré du mobilier ; dans deux
cas, il s’agit d’un enfant placé dans un loculus avec un
adulte. Dans la sépulture ALE257, les restes incinérés
de l’adulte sont placés dans une hydrie, déposée à l’entrée du loculus, tandis que l’enfant est déposé au fond,
avec une lampe à côté de sa tête. Dans l’autre (ALE028,
Kassab Tezgör 2007, p. 31, ensemble 34 et, p. 142-143
n°174), l’adulte est inhumé, et il est précisé que le vase
cylindrique qui renferme l’enfant est placé sur l’adulte et
que tout le mobilier – chytra miniature, deux coupelles
miniatures à anses horizontales, une assiette, une lampe
tournée et neuf lampes-coupelles à bec, et une figurine
de femme drapée – est disposé autour de ce vase.
Les sept autres sépultures se répartissent entre cinq
inhumations en fosse parmi lesquelles un enchytrisme et
deux inhumations en loculus.
276
Fig. 5. Mobilier céramique miniature. Alexandrie, nécropole de Hadra,
secteur de l’hôpital des maladies infectieuses, ALE043. D’après Breccia
1930, pl. XX, 3 et XXII, 1.
Dans les deux loculi apparaît de la vaisselle miniature : trois coupelles à deux anses accompagnent le
défunt de la sépulture ALE027, tandis que la sépulture
ALE021 (Kassab Tezgör 2007, p. 31, ensemble 33 et,
p. 143-144 nos 172-173), montre un canthare et un gobelet à godrons mesurant autour de 7 cm, une amphorette
de 16 cm de haut, une coupe à deux anses, deux lampes
de taille normale et deux figurines de fillettes tenant un
oiseau, l’une assise à terre, l’autre debout (fig. 9a-b).
Le mobilier des tombes à fosse est composé sensiblement de la même manière, avec des vases toujours
miniatures : dans la tombe ALE019, un canthare, une coupelle, et une petite bouteille, accompagnés d’une lampe ;
dans la tombe ALE022, un cratère et un vase à bec tubulaire ; dans la tombe ALE023, un canthare, une chytra
miniature (fig. 10), une coupelle convexe et un vase à
bec tubulaire ; dans la tombe ALE033, une coupelle à
deux anses, une chytra ou un pot à cuire (?), une lampe.
Enfin dans la tombe ALE035, à côté de deux cruchettes
et d’une amphorette (fig. 11a-b), on voit trois coupelles
à deux anses (diam. autour de 6 et 14 cm) et une figurine
de bébé ou de jeune enfant debout, à demi-drapé (fig. 11c,
Kassab Tezgör 2007, p. 32 ensemble 39, p. 148, n° 185).
Ainsi, les figurines apparaissent dans trois des
tombes : fillette debout, fillette assise, femme drapée,
figurine miniature d’enfant. La vaisselle miniature ne
présente pas moins de 10 formes : vases à boire avec
canthare, bol à godrons, coupelles à deux anses, la forme
la plus répandue, vases de stockage avec les amphorettes
et les bouteilles à panse ovoïde, vases à verser avec les
cruches hautes, vases de cuisson avec chytra et pot
à cuire. Les formes de vases à servir, assiettes et bols
convexes, sont de taille normale tandis qu’on note la
présence en deux cas de vases à bec tubulaire.
REMARQUES SUR LE MOBILIER DES TOMBES D’ENFANTS DANS L’ÉGYPTE GRÉCO-ROMAINE
Seule une tombe d’époque impériale a livré du mobilier associé à une sépulture d’enfant. Dans un loculus
d’un hypogée de la nécropole occidentale (ALE051,
Thiersch 1900), comprenant un adulte avec un enfant
recouvert d’une moitié d’amphore placée le long de son
côté et un autre dans une amphore placée sur ses pieds,
un unguentarium en verre était déposé avec l’enfant sous
la demi-amphore.
Pour les tombes d’époque romaine tardive, on dispose d’un corpus issu uniquement de la nécropole du
Pont de Gabbari. Si on laisse de côté les sépultures collectives en loculus et en sarcophage, et les ossuaires où
apparaissent des enfants, on dispose d’un ensemble de
73 tombes à fosse. Seules quatre d’entre elles ont livré
du mobilier et il s’agit, dans tous les cas, de bijoux sous
la forme de bracelet ou de collier. Un enfant de 6 ans
(ALE139, fig. 12) portait deux bracelets, l’un en verre
noir, l’autre en cuivre ; en outre était disposé le long de
son avant-bras droit un collier constitué de monnaies
percées, datées entre 275 et 378, et de perles de verre.
Un enfant âgé de 18 à 21 mois (ALE231, fig. 13) était
muni d’un collier, placé à gauche de la cuisse gauche
et comprenant des perles et des pendentifs en forme de
vase en verre, datables de la fin du IVe siècle, ainsi que
deux perles en os, une amulette en os, une clochette et un
pendentif en bronze. Dans un autre cas (ALE246, âgé de
deux ans à deux ans et demi), le collier de perles de verre
était placé autour du cou. Enfin, une perle de verre a été
recueillie avec un enfant âgé entre 8 et 11 ans (ALE232).
Une nécropole de la chôra : l’exemple de
Hawara
Si, quittant Alexandrie, on se dirige vers la chôra et
plus particulièrement vers le Fayoum de l’époque impériale, la documentation n’est pas plus abondante, même
si quelques cas ont retenu l’attention des fouilleurs.
La nécropole d’Hawara, qui correspond au cimetière
de la ville de Crocodilopolis-Arsinoé, est bien connue
pour ses momies à portrait peint ou à buste et visage
en cartonnage doré ; W. Flinders Petrie a mis au jour à
lui seul respectivement 146 et 73 exemplaires. Autour
de la pyramide d’Amenemhat III, on estime que plus de
Bdd EMA
N° Carnet
de fouille
N°public
Type de
tombe
Contenant
Mobilier
ALE256
70.2
Hypogée B
Loculus
non
oui
ALE019
91
Fosse
non
oui
Loculus
contenant
cylindrique
non
non
non
non
non
non
non
non
oui
oui
oui
non
non
non
oui
3
4
ALE020
99
ALE021
ALE022
ALE023
ALE024
ALE025
ALE026
ALE027
100
101
103
104
105
106
107
15
16
18
19
Loculus
Fosse
Fosse
Fosse
Fosse
Fosse
Loculus
ALE028
108
20
Loculus
contenant
cylindrique
oui
ALE029
Fosse
sarcophage?
non
ALE257
derrière
110
près de
110
Fosse
ALE030
117
Loculus
ALE031
ALE032
ALE033
ALE034
ALE035
126
133
135
136
137
Fosse
Fosse
Fosse
Fosse
Fosse
25
26
Vases en
céramique
Figurines
Lampes
1
3
avec 1
crémation
adulte
(hydrie)
1
avec 1
crémation
adulte
(hydrie +
cratère)
4
2
4
2
2
1
9
avec 1
inhumation
adulte
non
contenant
cylindrique
non
non
non
non
non
non
non
non
oui
non
oui
2
6
1
1
Fig. 6. Tableau présentant les sépultures d’enfant et leur mobilier du secteur d’El-Manara dans la nécropole de Hadra (Alexandrie).
277
MARIE-DOMINIQUE NENNA
Fig. 8. Figurine de petit garçon assis coiffé de la
kausia (inv. MGR 21923). Alexandrie, nécropole
de Hadra, secteur de l’hôpital des maladies
infectieuses, ALE047. Archives Cealex
(cl. A. Hussein).
Fig. 7. Poupée à bras articulés (inv. MGR 21839). Alexandrie, nécropole de Hadra,
secteur de l’hôpital des maladies infectieuses, ALE043. Archives Cealex
(cl. A. Hussein).
a
b
Fig. 10. Chytra miniature, inv. MGR P. 2035, H.
8,5. Alexandrie, nécropole de Hadra, secteur d’ElManara, ALE023. Archives Cealex (cl. A. Hussein).
Fig. 9. Figurines de petite fille tenant un oiseau : a. inv. MGR 25741, archives Cealex,
(cl. A. Hussein) ; b. inv. MGR 25738. Alexandrie, nécropole de Hadra,
secteur d’El-Manara, ALE021, archives Cealex (cl. A. Pelle).
278
REMARQUES SUR LE MOBILIER DES TOMBES D’ENFANTS DANS L’ÉGYPTE GRÉCO-ROMAINE
a
b
c
Fig. 11. Alexandrie, nécropole de Hadra, secteur d’El-Manara, ALE035 : a. amphorette, inv. MGR P.2101, H. 21 ; b. cruchette inv. P. 2103, H. 8 ;
c. figurine de petit enfant inv. P. 2100, ht cons. 5 cm. Archives Cealex (cl. A. Hussein).
a
b
Fig. 12a-b. Alexandrie, nécropole de Gabbari, SP 368, ALE139. Archives Cealex
(cl. M. Baudot).
279
MARIE-DOMINIQUE NENNA
a
b
Fig. 13a-b. Alexandrie, nécropole de Gabbari, SP 3484, ALE231. Archives Cealex (cl. S. Benhaddou).
1000 tombes ont été fouillées par W. Flinders Petrie et
ses contemporains à la fin du XIXe et au début du XXe s.,
mais seuls 90 contextes funéraires ont pu être reconstitués, dans le travail récent d’Inge Uytterhoven (2009).
Notons d’abord que les enfants comme les adultes ont pu
bénéficier d’un traitement du corps soigné, avec portrait
peint ou cartonnage. Dans une tombe à fosse collective
fouillée en 1888 par Flinders Petrie et datée des années
40-60 (HAW001 ; Uytterhoven 2009, p. 193-194, n° 20),
ont été mis au jour trois enfants – l’un de sexe indéterminable (portrait peint et linceul peint de scènes religieuses
égyptiennes), une fille et un garçonnet (cartonnage
doré et linceul peint de scènes religieuses égyptiennes
fig. 14) – et deux femmes, mais aucun mobilier n’est
mentionné. Découverte par Kaufmann en 1892, la tombe
en puits creusée aux parois de briques crues, dite d’Aliné
en raison de la présence d’une stèle inscrite à proximité
de la tête de la femme, est datée de la première moitié du
Ier s. apr. J.-C. (HAW013 ; Germer, Kischkewitz, Lüning
1993). Elle comprenait trois niveaux d’ensevelissement :
au niveau inférieur, Aliné et deux momies d’enfants
à portrait peint (une fille [fig. 15] et un garçonnet), au
niveau médian une momie d’homme et une momie de
fillette à cartonnage doré et, au niveau supérieur, trois
momies sans ornement. Seul un vase en céramique,
des couronnes funéraires et des fleurs sont mentionnés,
sans que l’on sache à quel ensevelissement ils étaient
280
associés. Au moins une vingtaine d’autres momies à
portrait d’enfant sont attestées à Hawara : pour les unes
on ne dispose plus d’aucun contexte de découverte, les
autres ont été trouvées en association avec des momies
d’adulte, mais sans que du mobilier ait été recensé.
En revanche, cinq ensembles de mobilier funéraire
ont été attribués par Flinders Petrie à des enfants, soit
qu’une momie d’enfant y soit associée, soit que le caractère enfantin du défunt soit tiré de la composition du
mobilier. Le premier, daté du début du IIe s. (HAW008,
fig. 16, Uytterhoven 2009, p. 232-233, n° 82), que la
belle étude de V. Dasen (2008) a mis en lumière récemment, est un des rares cas de préservation complète du
mobilier et de sa disposition originelle ; on ne possède
pas néanmoins d’informations sur le type de tombe dans
laquelle la momie a été découverte. On note l’accent mis
sur la toilette féminine avec un assemblage de contenants
à huile parfumée en verre, de miroirs et de boîtes, et surtout sur l’âge de la fécondité que la petite fille de 5 à 7
ans n’a pu atteindre, avec la juxtaposition de la statuette
d’Harpocrate, dieu de l’enfance, et de la représentation
de Baubô aux jambes écartées, symbole de fécondité, et
du cartonnage aux traits d’une femme adulte. La figure
de Baubô se retrouve dans une autre tombe (fig. 17,
HAW020 ; Uytterhoven 2009, p. 201-202, n° 33), sans
doute de la fin du IIe s., sous la forme d’une terre cuite.
Là, aux éléments liés à l’activité féminine – toilette avec
REMARQUES SUR LE MOBILIER DES TOMBES D’ENFANTS DANS L’ÉGYPTE GRÉCO-ROMAINE
Fig. 14. Hawara, garçonnet, HAW001, 40-60 apr. J.-C., ht 85,5 cm. British
Museum, inv. EA 22108.
D’après Walker, Bierbrier 1997, p. 80, n° 57.
Fig. 15. Hawara, fillette de la tombe d’Aliné, HAW013, première moitié
du ier s. apr. J.-C., ht 80 cm. Berlin, Ägypt. Museum, inv. 11412.
D’après Germer, Kischkewitz, Lüning 1993, fig. 1.
Fig. 16. Hawara, sépulture de petite fille avec son mobilier, HAW008,
ht 92 cm. D’après Petrie 1911, pl. XIV.
281
MARIE-DOMINIQUE NENNA
les vases en verre, les peignes et les petites boîtes et filage
avec les fuseaux – se joignent des jouets : petit lit et petite
table, mais aussi des vases miniatures : amphore et vase
en forme de grenade en bois, cratère et cruche en céramique. Des jouets se rencontrent aussi dans le mobilier
d’une tombe (HAW018, Uytterhoven 2009, p. 200-201,
n° 31) conservé au Musée du Caire, avec un fauteuil et
une banquette en bois accompagnés d’un hochet, d’un
collier, d’une boîte et d’une grenouille (?). On remarque
aussi, dans une tombe à dater sans doute de la fin du
IIe-début du IIIe s., une poupée de tissu à la tête en bois
taillée et munie de vrais cheveux, qu’accompagnaient
des vêtements de rechange (HAW019; Uytterhoven
2009, p. 200-201, n° 31). Une fois de plus sont représentés les éléments de la toilette féminine, miroir, panier,
bijoux, avec un ensemble de cinq balsamaires en verre.
On retrouve encore poupée, statuette de fécondité et éléments de la toilette dans le mobilier d’une tombe datée
du début du IVe s. (HAW021, Uytterhoven 2009, p. 203,
n° 34), ainsi que différentes sandales servant sans doute
encore, à cette époque, à accompagner le défunt dans son
voyage dans l’au-delà, selon la tradition pharaonique.
Nécropoles de l’oasis de Kharga
Les nécropoles de l’oasis de Kharga ont bénéficié de
recherches détaillées par Fr. Dunant et son équipe depuis
le milieu des années 1970 (voir en dernier lieu Dunand,
Lichtenberg 2012).
Dans la nécropole de Douch (Dunant et al. 1992 et
2005), au Sud de l’oasis de Kharga, on dispose d’un
corpus conséquent, avec 763 sujets identifiés, dont
79 enfants de moins de 12 ans. Sur ces 79 enfants, un
peu plus de la moitié proviennent de deux tombes, la
tombe 19 avec 12 enfants et 1 adulte, et la tombe 73
avec 28 enfants et 1 adulte. Dans ces deux hypogées,
le mobilier est abondant. Dans la tombe 19 (DOU008,
Dunand et al. 1992, p. 46-48), à côté de la céramique
commune – un gobelet, un pot globulaire, quatre pots
à panse ronde, deux coupelles, 4 bols, 1 vase à pied – ,
on note un couvercle de vase en faïence et un abondant
mobilier en verre. Il s’agit principalement de vaisselle
de table (sept coupelles dont une en verre gravé, trois
flacons, une bouteille carrée, fig. 18), qui permet de
dater la phase d’utilisation de la tombe de la fin du IIe au
Fig. 17. Hawara, mobilier d’une sépulture de petite fille, HAW020. D’après Walker, Bierbrier 1997, p. 213.
282
REMARQUES SUR LE MOBILIER DES TOMBES D’ENFANTS DANS L’ÉGYPTE GRÉCO-ROMAINE
T19.V01
IFAO 0961
T19.V03
IFAO 0962
T19.V06
T19.V04
T19.V05
0
T19.V07
T19.V02
5 cm
T19.V08
T19.V09
T19.V10
Fig. 18. Douch, mobilier en verre de la tombe 19 (Dessin M.-D. Nenna).
milieu du IIIe s. On note encore quelques bijoux, perles
de verre et bracelets en bronze, ainsi qu’une lampe.
La tombe 73 (DOU020, Dunand et al. 2005, p. 9-15)
a été en partie pillée, mais on relève la présence d’une
couronne végétale, d’un pot globulaire et d’un gobelet
en céramique, de deux flacons en verre et de toute une
série d’offrandes alimentaires – feuille d’olivier, grains
d’orge, demi-noix doum et noyaux de datte. Sur ce point,
pour les adultes comme pour les enfants, les habitants
de Douch se conforment à une tradition millénaire en
Égypte : assurer la subsistance du défunt dans l’au-delà.
Des offrandes, ou plutôt des dépôts, signent des pratiques très particulières qui ne semblent pas avoir été
signalées par ailleurs. Ainsi la mise en place de dents
d’adulte dans l’oropharynx des enfants défunts, pour
une petite fille de sept ans (DOU010, Dunand et al.
1992, p. 48-57) dont l’ensevelissement est postérieur
à 350 apr. J.-C., au vu de la tunique brodée employée
dans la momification du corps, et pour un garçonnet de
6 à 7 ans (DOU014, Dunand et al. 1992, p. 100-112)
qui avait été aussi muni d’un oignon dans l’orbite. Autre
dépôt peu commun, des ongles placés sur la cavité orbitale gauche de deux garçonnets de 6 à 7 ans ensevelis
dans le même hypogée (DOU015, Dunand et al. 1992,
p. 119-126) avec trois adultes et un petit garçon de 12 à
18 mois qui avait été doté de boucles d’oreille en bronze
à tête de canidé.
La nécropole d’Aïn el-Labakha, située à une trentaine
de kilomètres au Nord d’Hibis, a été étudiée de 1994 à
1997 (Ibrahim et al. 2008). Les tombes sont creusées dans
283
MARIE-DOMINIQUE NENNA
un escarpement et se conforment à un schéma simple : un
puits peu profond donnant accès à une chambre creusée
sous le rocher. Cinquante-trois tombes ont été fouillées,
après le passage des pillards. Datées entre le Ier et le
IVe s., il s’agit dans tous les cas de sépulture familiales
ou collectives et le mobilier, quand il existe, ne peut
être associé à un défunt en particulier. Sur les 450 à 500
individus, l’étude centrée sur la radiographie a porté sur
un échantillon de 67 momies : 19 femmes adultes, 29
hommes adultes, 7 filles et 12 garçons. Sur les 19 enfants,
six (3 filles et 3 garçons) portaient des bijoux qui font
écho aux bijoux peints ou représentés sur les contenants
funéraires. Au moins trois enfants portaient les traces de
dorure sur le visage et même des plaquettes d’or disposées sur les orifices du visage, tel un garçon de 5 à 7 ans
(LAB001; Ibrahim et al. 2008, n° AL06.1.06) qui avait
en outre, sans doute, un bandeau métallique fait de cuivre
ou de bronze doré sur le front. La parure pouvait se limiter à une bague à la main gauche (LAB001; Ibrahim et
al. 2008, n° AL 06.1.14), ou bien à un collier à la base
du cou (LAB003, Ibrahim et al. 2008, n° AL 25.1.11 ;
LAB006, Ibrahim et al. 2008, n° AL 51.1.15), mais deux
exemples montrent une parure bien plus abondante.
La sépulture la plus riche est celle d’une fillette
de 12 ans (LAB005, fig. 19, Ibrahim et al. 2008,
n° AL38.1.02) qui portait cinq bagues : deux à la main
droite – une en métal jaune avec chaton en pierre noire,
une en métal passée aux 4e et 5e doigts –, trois à la main
gauche – deux à l’index, en or et en argent, et une au
pouce en métal jaune, à chaton. Elle portait en outre deux
bracelets ouverts en argent autour des poignets, ainsi que
deux colliers autour du cou, un en perles de cornaline,
l’autre en perles de pierre, de verre vert et de verre doré ;
tous les deux étaient dotés d’un pendentif en croissant
de lune en argent. Ce type de pendentif se retrouve sur
une fillette de 4 ans (LAB006, Ibrahim et al. 2008, n° AL
51.1.09) qui portait des boucles d’oreille placées de part
et d’autre des oreilles, mais non accrochées ; au poignet
droit, un bracelet d’un double rang de perles de couleur
et, autour du cou, deux colliers (l’un en perles rondes de
cornaline, l’autre en perles de verre avec un pendentif en
argent en forme de croissant de lune). Ce type de pendentif apparaît à la fin du Ier s. apr. J.-C. et au début du IIe s.
sur des portraits peints de femme (voir infra) et semble
être un symbole de fécondité, transmis aux petites filles
pour leur vie dans l’au-delà. Notons enfin qu’une fillette
avait un grain d’orge placé à la commissure des lèvres
(LAB001, Ibrahim et al. 2008, n° AL 06.1.07).
Le site d’El Deir, au Nord-Est d’Hibis, a été exploré
à partir de 1998. À l’origine, trois ensembles de tombes
ont été identifiés, nécropoles Sud, Nord et Est. En 2004,
un nouvel ensemble de tombes a été identifié à l’Ouest,
284
Fig. 19. Nécropole d’Aïn Labakha, sépulture de fillette AL.38.01.2,
LAB005. D’après Dunand, Lichtenberg 2012, fig. 19.
puis, en 2005, au Nord-Est. 744 momies ou squelettes
ont été dénombrés dans les nécropoles traditionnelles,
datées de l’époque ptolémaïque et de l’époque romaine,
auxquels s’ajoutent les 112 individus (dont 50 enfants)
retrouvés dans la nécropole Ouest, chrétienne, datée
des IVe et Ve s. Dans les nécropoles traditionnelles,
les enfants, même très jeunes (y compris les prématurés), sont enterrés avec leurs parents, tandis que dans la
nécropole chrétienne, les enfants sont inhumés dans des
fosses individuelles (Dunand, Lichtenberg, 2008).
À ce jour, seule la nécropole Sud est publiée
exhaustivement (Dunand, Heim, Lichtenberg 2010).
Elle comprend 8 hypogées, dans lesquels 185 individus
ont été répertoriés, 48 hommes adultes, 34 femmes
adultes, 15 enfants, et 88 individus de sexe indéterminé.
Cette nécropole est globalement datée de l’époque ptolémaïque, avec peut-être une réutilisation à l’époque
romaine tardive. Dans la première phase d’occupation,
il semble que l’usage ait été de placer les défunts dans
des sarcophages en bois. Aucun mobilier n’est recensé
comme étant explicitement associé à un enfant.
REMARQUES SUR LE MOBILIER DES TOMBES D’ENFANTS DANS L’ÉGYPTE GRÉCO-ROMAINE
Fig. 20. Portrait peint de garçonnet provenant
d’Oxyrhynchos, OXY027, 150-200 apr. J.-C. The J.
Paul Getty Museum, inv. 78.AP.262.
D’après Walker 2000, n° 61.
Fig. 21. Portrait peint d’une fillette provenant
d’Hawara, HAW009, dernier tiers du ier s.
apr. J.-C. Le Caire, Musée égyptien, inv. CG
33240. D’après El-Sadik 2009, p. 30.
Fig. 22. Portrait peint d’une fillette provenant
d’Er-Rubayat, RUB001, 190-230 apr. J.-C.
Brooklyn Museum of Art, inv. 54.197. D’après
Walker 2000, n° 44.
Fig. 23b. Cylindre en or à bélière, ca iie siècle apr. J.-C. Berlin, Museum
für Spätantike und Byzantinische Kunst, inv. 23/72. D’après Parlasca,
Seemann 1999, n° 105.
Fig. 23a. Portrait peint d’un garçon provenant d’Er-Rubayat, RUB003,
vers 200 apr. J.-C. Dublin, National Museum of Ireland, inv. 1902.4.
D’après Walker 2000, n° 46.
285
MARIE-DOMINIQUE NENNA
Le mobilier représenté sur les contenants
funéraires
En complément de l’examen du mobilier associé aux
sépultures d’enfant, il a semblé intéressant de regarder de
plus près les objets représentés sur les contenants funéraires de la fin de l’époque hellénistique et de l’époque
romaine, dans l’idée qu’étant plus individualisés que
les marqueurs funéraires, ils reflétaient les choix que
la famille effectuait pour doter le jeune défunt pour son
séjour dans l’au-delà. L’enquête a réuni 140 contenants
funéraires provenant, dans le Fayoum, d’Abousir elMeleq, d’Hawara, d’er-Rubayat et, en Moyenne Égypte,
d’Akhmim, d’Antinoé, de Balansourah et d’Hermoupolis. Ces contenants ou parties de contenant funéraires
sont de types variés : cartonnages entièrement dorés
ou peints à tête dorée (voir fig. 14), portraits peints sur
bois ou sur toile associés à des momies bandelettées
(voir fig. 15 et fig. 20-23), linceuls peints (fig. 24-25),
masques-plastrons en plâtre peint qui étaient fixés sur la
momie (fig. 26), sarcophages en bois peint ou moulé en
terre et peint (fig. 27-29). L’attribution des sarcophages
à des enfants s’est faite principalement sur la taille du
contenant (pas plus de 116 cm). Pour les momies à
portrait peint, la taille de la momie a aussi permis en
certains cas (HAW024, h. 109 cm) de l’attribuer à un
enfant, alors que le portrait était celui d’un adulte. Dans
le cas des portraits peints sur bois, on a suivi le plus souvent la détermination des sexes et de l’âge effectuée par
Kl. Parlasca (1969, 1977, 1980 ; Parlasca, Frenz 2003).
Les contenants funéraires montrent principalement
des bijoux portés par le défunt, ou bien des objets tenus
par le défunt qui peuvent être communs aux différents
contenants, ou encore spécifiques de tel ou tel. Parmi les
objets portés par les jeunes défunts, la couronne de fleurs,
tenue de la main gauche ou droite, est la plus fréquente.
On l’interprète comme la couronne du justifié d’Osiris,
et elle n’est en rien spécifique des contenants d’enfants.
C’est un objet dont la découverte est très régulièrement
associée à la mise au jour de momies, par exemple dans
les fouilles d’Hawara 5. Elle apparaît sur 10 % des contenants funéraires, portée aussi bien par des garçons que
par des filles, sur des cartonnages dorés (HAW001,
fig. 14, HAW013), sur des masques-plastrons (ANT024,
BAL003-004, HER007), sur des sarcophages moulés et
peints (AKH006), sur des linceuls (ANT001-002). Elle
peut être associée à d’autres objets. Sur un masque-plastron d’un jeune garçon d’Antinoé (ANT023, fig. 26) et
sur un sarcophage en bois masculin d’Abousir el-Meleq
5 Par exemple couronnes d’immortelles, voir Walker, Bierbrier
1997, p. 207, n° 295 et http://petriecat.museums.ucl.ac.uk,
nos UC28260 et UC28264.
286
(ABM005), apparaît un volumen. Sur deux portraits
féminins de Er-Rubayat (RUB001, fig. 22, RUB002),
est peint un vase – gobelet et skyphos en verre – rempli
de vin. On voit aussi un oiseau sur un cartonnage doré
(FAY002). À part pour l’oiseau, bien évidemment lié à
l’enfance dans le monde grec, les autres objets évoquent
le devenir de l’enfant, s’il avait vécu, orateur ou lettré
pour le volumen 6, participantes à des banquets pour
les vases à boire. Le port conjugué de la couronne de
fleurs et d’un vase à vin se rencontre sur des portraits
peints d’adulte (Walker, Bierbrier 1997, n° 95 ; Aubert,
Cortopassi 2008, n° 2), des linceuls (ibid., nos 38 et 47),
ainsi que sur une série de masques-plastrons d’adultes
découverts à Deir el-Bahari et datés du IIIe s. 7 ; il signifie
sans doute que le défunt est identifié à la fois à Osiris et
à Dionysos.
Le bouquet de myrte, équivalent grec par sa verdeur
éternelle de la palme, image égyptienne de régénération
perpétuelle, apparaît dans deux cas. On le voit, tenu de
la main gauche, sur le beau linceul d’un jeune servant
ou adepte d’Harpocrate (FAY016, fig. 24) et sur un rare
sarcophage en bois moulé et peint interprété le plus souvent comme celui d’une jeune femme (AKH008), mais
dont la taille – 109 cm – indique bien qu’il a été fait pour
un enfant. C’est une essence couramment déposée dans
les tombes d’Hawara (Walker, Bierbrier 1997, p. 207,
n° 298) et qui n’est pas réservée aux seuls enfants (voir,
par ex., Aubert, Cortopassi 2008, p. 124, cat. 17c, nos 18
et 43).
Le bouquet d’épis de blé, symbole de fécondité, apparaît sur le cartonnage doré d’Hawara doté d’un portrait
de femme (HAW024), mais qui, par sa taille (109 cm),
devait plutôt renfermer une enfant. On le rencontre aussi
sur des cartonnages, des linceuls et des portraits féminins
(Parlasca, Seemann 1999, n° 196 ; Aubert, Cortopassi
2008, nos 15 et 49). D’autres végétaux représentés sur
les contenants d’adulte, comme les branches d’olivier
sur des portraits d’homme adulte (Parlasca, Seemann
1999, nos 192-193), ne sont pas attestés sur les contenants
d’enfant.
L’oiseau apparaît dans trois cas, outre celui mentionné plus haut. Il est associé, sur un sarcophage moulé
de petite fille (HER010, fig. 28), à un hochet 8, sur un
6 Pour des contenants funéraires d’adulte, voir Aubert, Cortopassi
2008, nos 24 et 38.
7 Walker, Bierbrier 1997, nos 175-178 ; Walker 2000, n° 98 ;
Aubert, Cortopassi, 2008, n° 16 .
8 L’identification de l’objet est malaisée : Kl. Parlasca (Parlasca,
Seemann 1999, p. 317) le décrit comme une schedula. On aurait
aussi pu y voir un instrument de musique, mais les musicologues,
Christophe Vendries et Sylvain Perrot (information orale,
25/02/2012), ne le reconnaissent pas comme tel. On propose ici
sous toutes réserves d‘y voir un hochet : voir http://www.jocari.be/
REMARQUES SUR LE MOBILIER DES TOMBES D’ENFANTS DANS L’ÉGYPTE GRÉCO-ROMAINE
Fig. 25. Linceul d’une petite fille provenant d’Antinoé, ANT003,
dernier tiers du iiie s. apr. J.-C. Paris, Musée du Louvre,
DAE AF 6488. D’après Aubert, Cortopassi 2008, n° 46.
Fig. 24. Cercueil et linceul peint d’un garçonnet de 8 à 10 ans, FAY016,
230-250 apr. J.-C. (ht de la momie 95 cm), provenance inconnue. British
Museum, inv. EA 6715. D’après Walker 2000, n° 75.
Fig. 26. Masque-plastron d’un garçonnet provenant d’Antinoé,
ANT023, iiie s. apr. J.-C. Paris, Musée du Louvre, DAE E 12379.
D’après Aubert, Cortopassi 2004, n° D19.
287
MARIE-DOMINIQUE NENNA
288
linceul peint de petite fille d’Antinoé (ANT003, fig. 25)
à une grenade et à une croix ankh. Sur le masque-plastron d’Herakleon découvert à Balansourah (BAL004),
l’oiseau picore une grappe de raisin. L’association de
la grappe de raisin et de l’oiseau se rencontre aussi
sur les marqueurs dans l’Égypte du IIIe s. comme à
Oxyrhynchos (Nenna 2010, p. 354). Enfin, on signalera
la présence d’une grenade seule sur un portrait peint de
petite fille d’Er-Rubayat (RUB029) et de ce qui semble
être une épingle à cheveux sur un autre portrait de petite
fille du même site (RUB031). La croix ankh, qui manifeste la divinisation du défunt en Osiris, se rencontre
aussi sur des linceuls d’adulte, en particulier à Antinoé
(Aubert, Cortopassi 2008, nos 48 et 54), en revanche, la
grenade, symbole de vie et de fécondité, semble réservée
aux petites filles, femmes en devenir ; rappelons qu’un
vase à son image était déposé dans une des tombes de
petite fille d’Hawara (HAW020).
Parmi les garçons, à qui l’on peut attribuer plus de
60 % des contenants réunis, certains se distinguent par
ce que l’on a coutume d’appeler la boucle de l’enfance,
placée au-dessus, à l’arrière ou en dessous de l’oreille
droite. Cette boucle combine à l’époque romaine deux
traditions, l’une d’origine égyptienne, où l’enfant, à
l’image d’Horus enfant/Harpocrate, porte une boucle
jusqu’à sa puberté, et l’autre d’origine grecque où
l’oblation de la chevelure à 14 ans permet d’accéder
à l’éphébie et à un nouveau statut fiscal et social. Elle
apparaît uniquement sur des portraits peints et a été
interprétée récemment comme un signe d’appartenance
des jeunes défunts non aux futurs mystes d’Isis, mais à
la catégorie des mallocourètes, fils de famille de l’élite
grecque (Montserrat 1991 ; Legras 1993). On note aussi
la présence de touffes de cheveux dégagées d’un crâne
rasé, sur un portrait (OXY027, fig. 20 : deux touffes et un
boucle de l’enfance retenue par une barrette d’or) et sur
un linceul peint (FAY016, fig. 24 : quatre touffes). Selon
G. Nachtergael (2004), elles marquent l’appartenance de
l’enfant aux servants d’Harpocrate et pourraient posséder
des vertus curatives ou prophylactiques. Les masques en
plâtre (sauf peut-être un cas HER009) et les sarcophages
moulés ne montrent ni boucle d’enfance, ni touffes.
Les garçons ne portent pas de bijoux à proprement
parler : on ne trouve ni bracelets, ni boucles d’oreille ;
une bague est attestée une seule fois (HER009, masque
en plâtre) et peut-être un collier de perles en deux cas
(HAW010, BAL004). En revanche, la présence d’un
cylindre en or est assez fréquente sur les portraits peints
(fig. 20) et notamment sur ceux d’Er-Rubayat (12 sur 19,
fig. 23a). Fermé aux deux extrémités et doté d’une
bélière disposée au milieu de son long côté, il est suspendu à un bandeau noir de tissu tressé (rendu lisse ou
à bourgeons) et était le réceptacle de formules magiques
de protection. Les zones dorées, plus ou moins claires
et foncées, évoquent la présence de représentations religieuses, comme sur la belle pièce en or du musée de
Berlin (fig. 23b) 9. Ce cylindre se rencontre parfois sur
des marqueurs funéraires à la place (?) de la bulla, ainsi
dans la série des marqueurs funéraires d’Oxyrhynchos
montrant les enfants porteurs de bulla : le petit Zoïlos,
âgé de deux ans à sa mort, porte un tel objet (Parlasca
1978, p. 118*, pl. 40). En quelques cas, à ce cylindre
viennent se joindre des médaillons portant l’un le buste
de Sarapis et l’autre celui d’Isis (RUB007, RUB016017, RUB021 (?), RUB024), ou bien des pendentifs
sphériques (RUB003 : bulla ? ; RUB023). Le cylindre se
products.php?cat=383&filter=hochet et Vandroux (K.) – Le hochet
dans l’histoire. Spirale, 24, 2002, p. 113-123.
9 Voir Parlasca, Seemann 1999, n° 105 et aussi n° 128, et pour des
versions en verre, Giovannini 2009.
Fig. 27. Sarcophage moulé en terre et peint d’un garçonnet, AKH012,
ht 95 cm, ier s. apr. J.-C. Aargau, inv. K 10351. D’après Wiese 2001,
p. 214, n° 146.
REMARQUES SUR LE MOBILIER DES TOMBES D’ENFANTS DANS L’ÉGYPTE GRÉCO-ROMAINE
Fig. 28. Sarcophage moulé en terre et peint d’une fillette, HER010,
ht 67 cm, dernier quart du iie s. Collection privée. D’après Parlasca,
Seemann 1999, n° 211.
rencontre aussi, mais plus rarement, sur les cartonnages
dorés (HAW001, fig. 14). Plus rare est la bulla, petite
capsule circulaire renfermant, elle aussi, des amulettes
ou des formules de protection, sur un portrait de petit
garçon (FAY013).
Les couronnes portées sur la tête se partagent entre
couronnes de feuilles de laurier, le plus souvent dorées
(9 ex.) et couronnes de boutons de roses ou d’immortelles (5 ex.), les premières rappellent l’usage de
l’époque hellénistique de déposer dans les tombes d’enfant des couronnes de feuilles de bronze doré en signe
d’héroïsation du défunt (Guimier-Sorbets 2002) ; les
secondes font écho aux couronnes de justification portées plus souvent à la main (voir supra). Les couronnes,
aussi bien de laurier que de roses, sont associées à des
perruques égyptiennes sur les sarcophages de garçonnet
d’Akhmim (AKH002, 007, 009-010, 012, fig. 27).
Il existe aussi des portraits peints (par ex. RUB008,
009, 011) qui ne montrent aucun des objets mentionnés
Fig. 29. Sarcophage moulé en terre et peint d’une fillette provenant
d’Abusir el-Meleq, ABM004, ht 71,5 cm, ier s. apr. J.-C.
Le Caire, Musée égyptien CG 33273. D’après el-Sadik 2009, p. 46.
ci-dessus. L’attribution à la classe d’âge de l’enfance se
fait dans ce cas uniquement sur les traits du visage et
par différenciation au niveau du système pileux avec les
portraits des « adolescents » étudiés par D. Montserrat
(1993) et des hommes adultes, souvent barbus. Il est plus
difficile de conclure à l’absence d’éléments de parure
pour les masques-plastrons dont bien souvent seule la
tête est préservée.
Les fillettes portent systématiquement un ou plusieurs colliers, auxquels peuvent s’ajouter des bracelets,
des bagues et des boucles d’oreille. Comme sur les
contenants funéraires de femmes adultes, la variété des
colliers est extrême et reflète le goût des différentes
époques. Sans pouvoir tout énumérer, on note des
torques et des chaînes en or auxquels peuvent être suspendus divers types de pendentifs, ainsi que des colliers
de perles et de perles en pierre semi-précieuse (fig. 15,
28-29). On rencontre aussi des liens noirs tressés à
cylindre d’or. Ils sont semblables à ceux des garçons,
289
mais peuvent s’y ajouter des pendentifs en demi-lune
(RUB028-029). Les liens noirs à cylindre doré peuvent
être en outre associés à des torques auxquels sont suspendues des bullae de grande taille, comme dans le cas
des deux linceuls peints de fillette d’Antinoé (ANT002003, fig. 25). Ces bullae de grande taille font écho à
celles représentées sur les marqueurs funéraires d’Oxyrhynchos, montrant les enfants debout ou assis dans une
niche (Krumeich 2005-2006).
On rattache aussi à la catégorie des amulettes des
pendentifs cylindriques suspendus par leur petit côté
(FAY012 avec lien noir). C’est ainsi que l’on peut se
demander si le portrait, clairement de petit garçon (vêtement et boucle de l’enfance), mais inscrit au nom de la
petite fille Didymé (ANT006), morte à l’âge de sept ans,
n’a pas fait l’objet d’un surpeint pour le torque en or et
le porte-amulette en bronze ou argent (?), afin de mieux
correspondre au sexe de l’enfant défunt. Le torque
n’apparaît, en effet que sur des contenants funéraires de
fillette ou de femme.
Les pendentifs en demi-lune, signe de féminité, que
l’on rencontre fréquemment sur les portraits de femme
adulte (voir par ex. Parlasca, Seemann 1999, nos 1-2,
16, 19, 58, 101), apparaissent sur les cartonnages dorés
(HAW008), les masques en plâtre (BAL007) et sur les
portraits peints (FAY015, RUB001, fig. 22, RUB028029). En un cas, le lien à cylindre d’or est combiné
avec une chaîne portant trois pendentifs en demi-lune
et deux médaillons décorés des bustes d’Isis et Sarapis
(HAW009, fig. 21). Les autres pendentifs semblent
moins symboliques : médaillon à pierre précieuse
enchâssée rouge (HAW005), pendentif en forme d’amphore (HER010).
Les boucles d’oreille sont fréquentes (deux tiers
du corpus) et apparaissent sur les différents types de
contenants funéraires. Les formes sont variées : simple
anneau d’or, anneau d’or combiné avec des pendeloques
ou des perles, à demi-boules d’or superposées (fig. 15 ;
voir pour le type Walker, Bierbrier, 1997, nos 183-185), à
cabochon en pierre précieuse (HAW005).
Par force, en raison du cadrage propre aux portraits peints, les bagues sont surtout attestées sur les
sarcophages, les linceuls et les masques-plastrons. Sous
la forme d’anneau d’or à chaton aplati ou ornées d’une
pierre précieuse, elles apparaissent principalement à la
main gauche, de une à trois, mais aussi à la main droite,
dans le cas où les deux mains portent des bagues.
Il en va de même pour les bracelets. Cinq formes
principales sont attestées : anneau d’or lisse, bracelet
torsadé (BAL003, RUB001, fig. 22, RUB0029), bracelet
en forme de serpent (HAW001, AKH008, MEI001), bracelet incrusté de pierres (HAW001, HAW024), bracelets
composés de perles (fig. 29). Ils sont généralement portés aux poignets, mais on connaît aussi des bracelets
portés aux bras (AKH004-005, HAW001, HAW024) et
des bracelets de cheville (ANT001, HER010, fig. 28).
Comme les garçons et les adultes, les fillettes peuvent
porter sur la tête des couronnes de feuilles de laurier
dorées (FAY003, FAY012, FAY015, HAW013), ou bien
des couronnes de fleurs (AKH004, AKH008, RUB002).
Les objets que la famille a souhaité associer à la
vie de l’enfant dans l’au-delà témoignent donc de trois
volontés. La première est d’inscrire l’enfant dans des
croyances religieuses en la divinisation et l’immortalité du défunt, qu’elles soient égyptiennes (couronne
du justifié d’Osiris, signe ankh), grecques (couronne
de laurier doré, bouquet de myrte) ou bien mixtes
(couronne du justifié et couronne de laurier, couronne
du justifié et gobelet de vin évoquant le monde de
Dionysos, couronne du justifié et épis de blé, signe
ankh et grenade). En cela, les enfants sont traités
comme les adultes. La seconde est de projeter l’enfant
dans son devenir d’adulte : les parures des fillettes, et
notamment le pendentif en demi-lune, reproduisent en
cela celles des femmes ; on munit les enfants de toute
la vaisselle nécessaire à la célébration du banquet. La
troisième désigne l’enfant en tant qu’enfant à travers
le choix d’offrir, à l’époque hellénistique au moins, de
la vaisselle miniature, ainsi que des vases à bec tubulaire. L’enfant est muni de l’oiseau, qui est propre à sa
classe d’âge, ou bien de jouets. Il porte des réceptacles
de formules magiques ou d’amulettes, que l’on ne
trouve pas sur les représentations d’adulte 10, tels bien
sûr la bulla, mais aussi le cylindre d’or suspendu à un
bandeau tressé.
10 En cela, un portrait estimé par Kl. Parlasca comme étant celui
d’une jeune fille (Parlasca, Seemann 1999, n° 124) doit être plutôt
être considéré comme celui d’une petite fille.
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Le mobilier déposé dans les sépultures d’enfants
en Afrique du Nord à l’époque romaine
Solenn de Larminat
Abstract. Since the late nineteenth century, numerous
child-burials of Roman date have been excavated in
Tunisia and algeria. The exploitation of these data,
more or less complete depending the date of excavation, allows the material placed in children’s graves
in africa to be inventoried, and also permits reflection
on these deposits from new research perspectives, such
as the relationship between type of material and age of
the deceased, the positioning of material in the grave,
the recurrence of certain associations, and the role of
grave-goods in the rituals associated with the deaths of
children in Roman africa.
D
’après les textes, le mobilier déposé dans
les sépultures romaines ou à l’extérieur de
celles-ci, qualifié de munera ou iusta (Ovide,
Fastes, II, 533 et 542), était utilisé dans des cérémonies
qui permettaient de définir la tombe, purifier les vivants
et transformer le défunt afin qu’il puisse recevoir les
cultes funéraires par l’intermédiaire des dieux Mânes
(Scheid 1984 ; Lepetz, Van Andringa 2004). La connaissance de ces textes permet d’approcher le sens religieux
des rituels funéraires. En revanche, il est vain de rechercher sur le terrain le mobilier ou les aliments décrits, car
les auteurs vivaient à Rome entre la fin de la République
et le début de l’Empire et, en l’absence d’instructions
ou de règles émanant d’un clergé ou de l’état, les rituels
différaient d’une région et d’une famille à l’autre de
l’Empire (Scheid 2008). Bien que quelques textes relatifs à l’Afrique et des épitaphes décrivent des sacrifices,
des libations ou encore des versements d’huiles parfumées 1, seul l’enregistrement minutieux des données de
fouilles, dont le mobilier, permet de mieux caractériser
les cérémonies réalisées en Afrique autour du corps des
enfants et lors de la fermeture de leur tombe.
1 CIl VIII, 20277 ; Ben Abdallah 1986, n° 139 ; Février
1965-1966, p. 223-226.
Corpus
Entre le milieu du Ier s. av. J.-C. et celui du IVe de
notre ère, dans les provinces de Maurétanie Césarienne,
Numidie et d’Afrique Proconsulaire septentrionale,
seules 250 sépultures d’enfants entre 0 et 15 ans ont
livré du matériel, sur les 798 recensées (fig. 1) 2. Une
quarantaine provient des nombreuses fouilles réalisées
entre la fin du XIXe et le début du XXe s. par les militaires français en exercice. Dans les publications de cette
époque, où le matériel était le plus souvent dissocié de
son contexte archéologique, l’âge des défunts et l’emplacement du mobilier étaient rarement précisés. Entre
1960 et 1990, le nombre de sépultures d’enfants associé
à du matériel double (n=91). En effet, sous l’influence
des nouvelles méthodes de l’archéologie, les sépultures étaient de plus en plus décrites individuellement
et, malgré l’absence d’études anthropologiques réelles,
les fouilleurs livraient plus fréquemment des informations sur l’âge du défunt. En leur absence, à partir des
relevés ou des photographies publiées, ou encore de la
taille des contenants ou de la fosse, une estimation de
leur âge a parfois pu être réalisée a posteriori. Parmi les
sépultures d’enfants fouillées durant cette période, 60 %
proviennent de la nécropole orientale de Sétif (Sitifis),
publiée de manière exhaustive par R. Guéry en 1985 et
dont les squelettes inhumés sont toujours accompagnés
d’une estimation de l’âge. L’auteur attribue également à
des enfants, sans préciser leur âge, certaines crémations
primaires, d’après la petitesse du bûcher et des os. Enfin,
les dernières sépultures du corpus sont issues des nécropoles de Leptiminus (n=8) 3 et de Pupput (n=116) 4, deux
nécropoles tunisiennes fouillées ces dernières années de
2 Les sépultures multiples avec au moins un adulte et un enfant
(soit n=10) qui présentaient du mobilier n’ont pas été pris en compte,
car le matériel ne peut être associé à l’enfant et/ou aux autres défunts.
Ce recensement a été réalisé dans le cadre d’une recherche doctorale
(de Larminat 2011).
3 Ben Lazreg, Mattingly 1992 ; Stirling et al. 2000 et 2001 ;
Longfellow 2000 ; Meiklejohn 2000 ; Ben Lazreg et al. 2006.
4 Ben Abed, Griesheimer 2001 ; Ben Abed, Griesheimer 2004 ;
Ben Abed et al. 2007.
293
SOLENN DE LARMINAT
CARTHAGE
Bulla Regia
CHERCHELL
Draria el-Achour
Tipasa
Sitifis
Siagu
Sicca Veneria
CONSTANTINE
Morsott
Timgad
Haïdra
Pupput
Gurza
Hadrumetum
Hr-Zoura
V.
Augusti
Raqqada
Thysdrus
Leptiminus
Thaenae
Zarzis
Nom antique/Localité moderne
Fig. 1. Localisation des nécropoles ayant livré des sépultures d’enfants avec du mobilier en Afrique romaine.
manière minutieuse, dont les squelettes ont fait l’objet
d’une étude anthropologique simultanée.
Il faut noter deux grands absents dans ce corpus. Tout
d’abord les sépultures de la nécropole d’enfants découverte en 1980 à Thysdrus, l’antique El-Jem (Slim 1984) :
dans cet enclos de 1.000 à 1.500 m² daté de l’époque
augustéenne jusqu’aux premières décennies du IIIe s. de
notre ère, 2.000 à 4.000 enfants entre 0 et 15 ans ont été
inhumés, d’après le nombre de tombes recensées dans un
carré de fouille de 25 m². Sur ces milliers de sépultures,
seules onze ont pu être intégrées aux corpus d’après
les quelques photos publiées. La description générale
du matériel permet toutefois d’intégrer ce dossier aux
réflexions. Les seconds absents sont les très jeunes
enfants brûlés puis déposés en urne dans les sanctuaires
à Saturne, selon des pratiques issues des traditions funéraires phénico-puniques. Ils n’ont pas été intégrés aux
études quantitatives qui suivent en raison du caractère
particulier de ces espaces. Le matériel découvert dans
le sanctuaire récemment fouillé d’Henchir-el-Hami
(Ferjaoui 2007) sera toutefois comparé, en conclusion,
au mobilier des nécropoles.
À partir de ce corpus, deux premiers constats peuvent
d’ores et déjà être établis. Le matériel provient d’une part
essentiellement de sépultures primaires à inhumation
(Graphique 1) en raison du faible nombre de crémations d’enfants dans le corpus. Ce fait est dû à la rareté
des études sur les ossements brûlés, mais également à
294
la prédominance, dans les nécropoles, de la pratique de
l’inhumation pour les enfants. D’autre part, en tenant
compte de l’ensemble des sépultures d’enfants recensées (soit 798), du matériel a été déposé dans seulement
26 % des sépultures primaires à inhumation, alors qu’il
est présent dans 90 % des sépultures primaires à crémations et dans la moitié des sépultures secondaires
(Graphique 2). Ces chiffres ne sont pas dus à la constitution du corpus, car ces proportions sont équivalentes
dans les nécropoles exhaustivement fouillées de Pupput
et de Sétif (Graphique 3).
Types de mobilier déposé dans les tombes
d’enfants des nécropoles africaines
Dans le corpus rassemblé, la vaisselle et les lampes
sont les objets les plus fréquemment déposés, quel que
soit le mode de traitement du corps (Graphique 4). En
plus petite proportion, des statuettes, des monnaies et
des vases à parfums ont été découverts. Les rares objets
en lien avec la toilette et l’habillage du défunt, ainsi que
les aliments, n’ont été recensés que dans des sépultures
primaires. Enfin, quelques masques apparaissent uniquement dans des inhumations. Il ne sera pas traité dans
cet article des statuettes et des masques en raison de leur
caractère figuratif particulier qui nécessiterait de s’y
attarder plus amplement.
LE MOBILIER DÉPOSÉ DANS LES SÉPULTURES D’ENFANTS EN AFRIQUE DU NORD À L’ÉPOQUE ROMAINE
200
180
160
140
120
100
80
189
60
40
45
20
0
Sép. primaires à inhumation
16
Sép. primaires à crémation
Sép. secondaires à crémation
Graphique 1. Nombre de sépultures d’enfants en Afrique avec du mobilier en fonction du traitement du corps.
100%
90%
80%
70%
60%
50%
Avec mobilier
40%
Sans mobilier
30%
20%
10%
0%
Sép. primaires
à inhumation
Sép. primaires
à crémation
Sép. secondaires
à crémation
Graphique 2. Proportion des sépultures d’enfants en Afrique avec et sans mobilier en fonction du traitement du corps.
295
SOLENN DE LARMINAT
100%
90%
92
37
3
80%
70%
60%
21
17
50%
40%
320
Avec mobilier
102
Sans mobilier
5
30%
20%
10%
0%
Pupput
Sétif
Sép. primaires à
inhumation
2
1
Pupput
Sétif
Pupput
Sép. primaires à
crémation
Sétif
Sép. secondaires à
crémation
Graphique 3. Proportion des sépultures d’enfants avec et sans mobilier en fonction du traitement du corps
dans les nécropoles exhaustivement fouillées de Pupput et Sétif.
La vaisselle
Le terme « vaisselle » rassemble l’ensemble des
accessoires utilisés autour de la table, tant pour le stockage des denrées, la confection des plats ou le service.
En raison de la qualité inégale des publications, cette
vaisselle n’a pas été répartie selon sa typologie, mais en
fonction du type de produits qu’elles contenaient, c’està-dire les solides ou les liquides. Plus fréquemment en
terre cuite, des récipients en verre pour la consommation et la présentation des mets ont parfois été retrouvés.
Souvent fragmentés ou déformés par le feu, leur identification reste toutefois difficile.
Fréquence de la vaisselle dans les sépultures
d’enfants
Si des sépultures d’enfants avec du matériel ont été
recensées dans une quinzaine de nécropoles africaines,
seules celles découvertes dans huit d’entre elles forment
des ensembles assez cohérents pour offrir un schéma évolutif de la fréquence de ce mobilier dans les tombes entre
le milieu du Ier s. av. J.-C. et le Ve s. apr. J.-C. (Tableau 1).
Pour l’ensemble de ces nécropoles, il faut noter que
seuls 14 % des sépultures, soit 96 sur 692 ont livré de la
vaisselle. La vaisselle pour les liquides et les solides est
répartie de manière égale dans les sépultures (67 % et
69 %), mais ces vases apparaissent simultanément dans
seulement un tiers des sépultures (35 %). Ces pourcentages varient toutefois selon les nécropoles, leur période
de fréquentation et le mode de traitement des corps.
296
De la première moitié du Ier s. av. J.-C. jusqu’à la fin du
I s. apr. J.-C., la vaisselle apparaît de manière fréquente
dans les inhumations de Tipasa et d’El-Jem, selon des
traditions funéraires puniques (respectivement dans 67 et
100 % des tombes). Le premier niveau d’inhumations de
la nécropole d’enfants d’El-Jem en est une bonne illustration. Bien que le matériel de seulement 11 sépultures
ait pu être renseigné et intégré dans le tableau de la figure
6, L. Slim précise bien que des centaines de céramiques
communes de tradition punique, de type pichet, assiette
et bol ont été déposées près des corps. Dans ces tombes,
les plats à solides sont légèrement plus fréquents. Il en
est de même dans les inhumations de Sétif du début du
IIe s., bien que leur nombre ait déjà nettement diminué
(27 %). La vaisselle reste en revanche en nombre élevé
dans les crémations en fosse, du IIe s. jusqu’au milieu
du IIIe. On y retrouve à des taux quasiment équivalent de la vaisselle à boire et à solides avec un nombre
important de sépultures qui présentent ces deux types
fonctionnels. Seules les trois crémations d’enfants de
la nécropole de Gightis n’ont fourni aucune vaisselle,
car il s’agit d’urnes placées sur la banquette d’un caveau
(Poinssot, Lantier 1924) : l’association entre la vaisselle
découverte à proximité et les urnes n’a pas pu être établie. Le taux de Pupput est assez faible par rapport aux
autres nécropoles (21 %). Notons toutefois que, dans les
sépultures d’adolescents et d’adultes confondues, la fréquence reste identique (101 tombes sur 468, soit 22 %).
Les inhumations contemporaines de ces crémations
livrent beaucoup moins de vaisselle (entre 0 et 14 %).
er
LE MOBILIER DÉPOSÉ DANS LES SÉPULTURES D’ENFANTS EN AFRIQUE DU NORD À L’ÉPOQUE ROMAINE
250
200
150
100
50
0
Vaisselle
Lampe
Statuette
Sép. primaires à inhumation
Monnaie
Vase à
parfum
Toilette et
habillage
Sép. primaires à crémation
Aliment
Masque
Sép. secondaires à crémation
Graphique 4. Dénombrement des différents types de mobilier découverts dans les sépultures d’enfants en Afrique en fonction du traitement des corps.
90
80
Sép. primaires à inhumation
Sép. primaires à crémation
Sép. secondaires à crémation
70
60
50
40
30
20
10
0
Amphores
Vases à verser
Vases à boire
Vases à double
embouchure
Vases à liquides
Vases à libation
Miniatures
Récipients
culinaires
Récipients de
présentation /
consommation
Vases à solides
Graphique 5. Dénombrement des différents types de vaisselle à liquides et à solides dans les sépultures d’enfants.
297
INHUMATION
Datation
Tipasa
El-Jem
(1er niveau nécro
d’enfant)
Sétif
(nécro orientale)
Tipasa
50 av-Ier ap
Cherchell
Sétif
(nécro orientale)
Pupput
ép. August.
-Ier
Nbre de sépultures d’enfants avec vaisselle
À liquide et
À liquide
%
À solides
%
solides
4
67
4
67
2
%
33
11
11
100
8
73
11
100
8
73
67
18
27
10
56
15
83
7
39
5
3
60
3
100
2
67
2
67
1
1
100
1
100
1
100
1
100
IIe
18
17
94
12
71
13
76
8
47
IIe-milieu IIIe
29
6
21
4
67
4
67
2
33
IIe
3
0
0
0
0
0
0
0
0
Fin Iermilieu II
Déb Ier-250
début II
e
Gightis
Cherchell
(area)
Tipasa
IIe-IIIe
12
0
0
0
0
0
0
0
0
IIe-milieu IIIe
9
0
0
0
0
0
0
0
0
Leptiminus
3e quart IIe-IVe
35
1
3
1
100
0
0
0
0
Pupput
Sétif
(nécro orientale)
Tipasa
(pl. de Matarès)
Draria-el-Achour
II-IVe
milieu IIemilieu IVe
382
18
5
11
61
7
39
1
6
73
8
11
6
75
5
63
3
38
> 250
21
3
14
3
100
0
0
0
0
III-IVe
4
4
100
1
25
4
100
1
25
Pupput
IV-Ve
13
0
0
0
0
0
0
0
0
692
96
14
64
67
66
69
35
36
Tableau 1. Dénombrement des sépultures d’enfants avec de la vaisselle dans différentes nécropoles africaines.
SOLENN DE LARMINAT
CREMATION
INHUMATION
298
Site
Nbre de sépultures d’enfants
Avec
Total
%
vaisselle
9
6
67
LE MOBILIER DÉPOSÉ DANS LES SÉPULTURES D’ENFANTS EN AFRIQUE DU NORD À L’ÉPOQUE ROMAINE
On voit apparaître un léger basculement, car les vases à
boire deviennent plus fréquents que les plats à solides.
De même, plus souvent, les tombes ne présentent qu’un
des deux types. À partir du milieu du IIIe s. et jusqu’à la
fin du IVe, voire du Ve s. apr. J.-C., la vaisselle devient
extrêmement rare, voire totalement absente. Dans ce
contexte, sa présence systématique dans la nécropole de
Draria-el-Achour, en Maurétanie Césarienne, détone. G.
Camps, non pas en raison de l’abondance du mobilier,
mais plutôt de sa forme, de la présence de nombreuses
perles et de la totale absence de lampe, émettait alors
l’hypothèse que ce fait était dû au maintien de traditions
pré-romaines dans cette région reculée (Camps 1955).
Types de vaisselle et âge des enfants : la particularité
des vases-biberons
Cette vaisselle regroupe une large typologie de plats
et de vases. Pour s’en détacher et ne s’attarder que sur
leur fonction, ils ont été rassemblés en plusieurs souscatégories. Pour la vaisselle destinée au liquide, on a
distingué les amphores de stockage, les vases à verser
(grandes et petites cruches, pichets, bouteilles en verre
ou en terre cuite), les récipients à boire (tasses, bols,
gobelets, vases à double embouchure) et les vases à
libations (pelvis, patère, mortarium). La vaisselle destinée aux mets solides se partage entre les récipients
culinaires (marmites) et les récipients de présentation et
de consommation (assiettes, coupelles, plats de diverses
tailles et de formes).
Les vases à verser, les vases à boire et les récipients
de présentation et de consommation sont les plus répandus (Graphique 5). Ils sont majoritairement en terre
cuite, car seuls un petit plat en verre dans la sépulture de
Marcia Rogata, 15 ans, à Cherchell (Leveau 1975-1976,
p. 129-130) et une petite bouteille sphérique en verre
déposée dans une amphore contenant un enfant de 7-18
mois à Pupput (Foy 2004, n° 19 p. 70) ont été découverts.
Très rares sont les amphores et les vases à libations. Ces
derniers, quand ils sont présents, sont surtout utilisés
comme couvercle. On en retrouve en revanche de nombreux fragments dans les niveaux d’occupation, autour
des sépultures et notamment autour des mensae qui servaient de tables d’offrandes. Alors que les vases à verser
et les récipients à solides sont associés à des enfants de
tout âge (même des fœtus et des périnatals à Sétif), les
vases à boire sont uniquement associés à des enfants
de moins de 7-8 ans, c’est-à-dire appartenant à la petite
enfance selon le code justinien. Toutefois, s’ils n’apparaissent pas dans les sépultures des enfants plus âgés, ils
sont présents dans des crémations d’adultes. À l’exception des patères, l’ensemble des vases et des récipients
ont été placés dans des crémations et des inhumations.
Les vases à double embouchure sont de deux types.
Les premiers sont de petites cruches à filtre en terre
cuite, qui n’excèdent pas une vingtaine de centimètres et
se caractérisent par la présence d’une tubulure très fine,
généralement greffée au-dessus du diamètre maximal
de la panse et d’une anse. Cette dernière apparaît dans
l’axe du bec verseur (fig. 2a) 5 ou perpendiculairement à
la tubulure (fig. 2b). Les seconds sont des récipients en
forme plus ou moins explicite d’animaux (chiens, coqs,
oiseaux, canards ; fig. 3) 6. Ces petits vases apparaissent
régulièrement dans les publications sous l’appellation
biberon, bien que des études sur leur fonctionnement
montrent leur difficile utilisation en tant que tel. De rares
vases plus adaptés à cette fonction ont été découverts.
En Afrique, à Tébessa, de petits vases à goulots très
bien modelés, dont la vidange avait la forme d’un sein
avec mamelon pourraient ainsi avoir eu cette fonction
(Gourevitch 1991, p. 128). Aucune étude poussée n’a
été réalisée pour déterminer ce que contenaient ces vases
d’époque romaine à double embouchure. Les enfants
auprès desquels ils étaient déposés dépassaient rarement
l’âge de 3 ans 7. Ces vases ne leurs sont pas cependant
réservés, car des sépultures d’adultes en ont également
livré, notamment deux crémations de femmes adultes à
Pupput,8 ou encore trois tombes de Sétif 9.
La vaisselle miniature
Alors que les céramiques miniatures étaient assez
fréquentes dans les sépultures puniques et néo-puniques,
celles-ci n’apparaissent que dans trois inhumations du
corpus. Dans la première, à Tipasa, une tasse de très
petites dimensions (5,5 cm de haut sur 5,6 cm de large)
a été déposée dans une amphore du IIIe-IVe s. qui devait
contenir un enfant de moins de 4 ans (fig. 4a). À Pupput,
une amphore miniature a été déposée auprès de deux
autres enfants de moins de 3,5 ans (fig. 4b). Ces deux
exemplaires ne mesurent pas plus de 20 cm de haut.
5 Autre exemple dans Bonifay 2004, fig. 159a, p. 286.
6 Gœtschy 1903, p. 175-176 ; Mellis 1937, fig. 1 et p. 426 ; Guéry
1985, t. 3 et 223 ; Delattre 1888, p. 156 ; Bonifay 2004, p. 298-300 et
fig. 167, p. 299 ; Carton 1909, p. 39.
7 Un biberon a été déposé auprès d’un enfant de 4-7 ans à Sétif
(Guéry 1985, t. 3).
8 Bonifay 2004, fig. 159a, n° 2 (détermination du sexe des défunts
par P. Bailet à partir des ossements).
9 Guéry 1985, t. 145, 188 et 245.
299
SOLENN DE LARMINAT
a
b
Fig. 2. Exemples de vases à double embouchure découverts à Tipasa : a) dans une
sépulture primaire à crémation, probablement d’enfant (Bouchenaki 1975, fig. 102) ;
b) dans une inhumation d’un enfant de moins de 2,5 ans (Baradez 1957, pl. VI).
a
a
b
b
Fig. 3. Exemples de vases zoomorphes à double embouchure :
a) en forme de chien à Morsott (Mellis 1937, fig. 1) ; b) en forme d’oiseau
à Sétif (Guéry 1985, fig. 147).
300
Fig. 4. a) Tasse miniature déposée dans une amphore de Tipasa
(Lancel 1970, fig. 63) ; b) Amphore miniature découverte dans la tombe
d’enfant 419 de Pupput (Bonifay 2004, fig. 168).
LE MOBILIER DÉPOSÉ DANS LES SÉPULTURES D’ENFANTS EN AFRIQUE DU NORD À L’ÉPOQUE ROMAINE
Les lampes
Quel que soit le mode d’ensevelissement, la lampe
est l’objet le plus fréquemment déposé dans les sépultures d’enfants (Graphique 4). Dans 94 % des tombes du
corpus (n=109), une seule lampe a été déposée. Dans les
autres, elles sont surtout en double, car seule une tombe
de Pupput a livré quatre exemplaires 10. Elles sont toutes
datées entre l’extrême fin du Ier s. et le milieu du IIIe s. apr.
J.-C. Aucune lampe n’a été découverte dans la nécropole
d’enfants de Thysdrus, alors qu’elles sont le mobilier le
plus couramment déposé dans la nécropole de la place
publique de la même cité (Slim 1969-1970, p. 243-446).
Dans une sépulture d’enfant de la nécropole des
Officiales de Carthage, une lampe semble avoir été choisie pour le décor de son disque. En effet, sur le caisson
signalant la sépulture, une peinture représentait un enfant
tenant de la main gauche une tête de coq fraîchement
coupée d’où s’échappait un jet de sang (Delattre 1888,
p. 156-157). Le thème du coq se retrouve dans la forme
d’un vase à tubulure placé dans le comblement de la fosse
et sur le disque de la lampe placé au côté de l’enfant. Cette
récurrence d’un thème n’a pas été observée dans d’autres
sépultures. Bien que certains décors rappellent ceux de
l’iconographie funéraire classique (génie ailé tenant une
grappe de raisin par exemple), il faut noter que d’autres
s’en détachent et que 41 lampes du corpus n’en sont pas
pourvues. Dans tous les cas, ces décors observés ne sont
pas spécifiquement associés aux sépultures d’enfants.
Dans les tombes du corpus, les lampes sont dans 82 %
des cas susceptibles de fournir de l’éclairage, car elles
étaient complètes et posées à l’endroit. Toutefois, sur 53
d’entre elles, aucune trace de fumée n’a été observée sur le
bec 11. Étaient-elles neuves et allumées trop peu de temps
pour que des traces persistent ? Si elles n’ont jamais été
allumées, leur présence était alors seulement symbolique.
Les monnaies
Les monnaies apparaissent dans une vingtaine de
tombes d’enfants du corpus. L. Slim a précisé qu’elles
étaient toutefois souvent présentes dans les centaines
de sépultures du premier niveau de la nécropole d’enfants de Thysdrus (Slim 1984, p. 171). Dans les autres
nécropoles, elles sont la plupart du temps en un seul
exemplaire auprès du défunt, mais elles atteignent le
nombre de sept dans une sépulture du Haut-Empire
à Henchir-Zoura (Carton 1910, p. 20-30). Entre la fin
du Ier s. apr. J.-C. et le milieu du IIIe s., elles ont été
10 Ben Abed, Griesheimer 2004, fig. 123, p. 169.
11 Sur les 30 qui présentent des traces de combustion, 9 avaient une
aiguille à mèche, mais 12 n’en avaient pas.
Fig. 5. Les trois balsamaires (deux en terre cuite, un en verre fondu)
découverts dans la sépulture à crémation d’un enfant de 7-10 ans à
Tipasa (Lancel 1962-1965, pl. II).
déposées dans seulement 2 % des sépultures d’enfants
de la nécropole de Pupput et de Sétif. Leur présence est
légèrement plus importante dans les tombes d’adolescents et d’adultes, surtout à crémation, mais dans des
proportions qui restent toujours faibles (10 % et 13 %).
À Pupput, l'âge des enfants associés à des monnaies est
entre 5-7 mois in utero et 1 an et demi. C’est le seul
mobilier associé à un fœtus/périnatal dans la nécropole.
Déposer des monnaies dans les sépultures d’enfants, mais également dans les sépultures d’individus
plus âgés, n’était donc pas un acte fréquent en Afrique.
Il s’agit généralement de monnaies de faible valeur (as,
quadrans, petits bronzes), souvent puniques ou numides.
Pour J.-L. Desnier, le dépôt de bronzes puniques dans
les tombes du IIe s. pouvait être un moyen de se déposséder de monnaies qui n’avaient plus de valeur, tout en
faisant des économies. En effet, s’il est quasiment assuré
que leur circulation persistait au cours du Ier s. apr. J.-C.,
cela est moins évident au IIe s., lorsque que Trajan, vers
l’an 107, décida de faire disparaître de la circulation les
nombreuses monnaies antérieures à son règne (Desnier
2004, p. 17).
Les vases à parfum
Depuis quelques années, il a été conventionnellement
admis que le terme « balsamaire » définit des vases de
petites dimensions ayant une contenance approximative
inférieure à 10 ml, alors que les « unguentaria » regroupent
les vases de taille plus importante, dont la contenance
peut varier entre 10 et 50 ml (Foy, Nenna 2001, p. 149).
Malheureusement, les publications n’offrent pas toujours
les informations nécessaires pour vérifier les anciennes
dénominations (ampoule, lacrimaire, lacrymatoire, fiole,
petite bouteille, amphorisque….).
301
SOLENN DE LARMINAT
Les balsamaires ou les unguentaria apparaissent
dans 16 sépultures d’enfants du corpus (Graphique 4).
Dans quatre sépultures primaires à crémations leur
nombre oscille entre 1 et 5. Ils apparaissent dans le
bûcher (Slim 1992-1993, p. 366), sur les cendres encore
chaudes (Leynaud 1910, p. 328-329), sur le tumulus qui
les recouvre (Leveau 1975-1976) ou à l’extérieur de la
couverture (Foy 2004, n° 23, p. 71). Dans une urne de
Tipasa contenant les ossements d’un enfant de 7-10 ans,
deux balsamaires en terre cuite sont entiers et ne portent
aucune trace de feu, alors qu’un troisième, en verre, est
fondu (fig. 5). Dans les 16 tombes, les vases à parfums
n'ont jamais été brisés intentionnellement.
Les balsamaires, dans les inhumations, oscillent
entre 1 et 10 exemplaires. À Pupput, ils apparaissent
dans 8 tombes d’immatures de 8 mois à 10 ans et ce sont
majoritairement des balsamaires à long col (Foy 2004,
fig. 27, p. 64). Ils sont toujours entiers. Dans les six
premières, ils ont été placés intentionnellement en position horizontale, soit près du corps (fig. 6), soit dans le
comblement de la fosse, au niveau du sol de circulation.
Dans les deux dernières, ils sont renversés dans le comblement. À Carthage, deux balsamaires à col long et à
panse large ont été placés verticalement dans le plâtre
encore liquide, à droite et à gauche du corps de l’enfant
(Delattre 1888, p. 156-157). À Sidi el-Hani, dans une
sépulture double plus ancienne (fin du Ier s. av. J.-C./Ier s.
apr. J.-C), 10 unguentaria entiers ont été disposés auprès
de chacun des deux corps d’enfant (Gridel 1929a, p. 42).
En dehors de la Proconsulaire, seules deux inhumations
d’enfants de moins de 3 ans de Tipasa, datées du Ier s.
av. J.-C. et du milieu du Ier s. de notre ère, ont livré ce
type de mobilier (Baradez 1957, sép. B40 et B41bis).
Leur forme diffère et ils sont brisés. Il s’agit peut-être
d’éléments résiduels.
Le mobilier en lien avec la toilette et l’habillage
du défunt
Treize sépultures primaires ont livré du mobilier en lien
avec la toilette ou l’habillage du défunt (Graphique 4).
Il s’agit de restes de coffrets, des chaussures et des bijoux
non portés, des coquillages et des hochets.
Les coffrets
En matière périssable, les coffrets sont mis en évidence lorsque des éléments en os ou en métal décoraient
ou maintenaient les planches de bois. Actuellement, une
seule sépulture primaire à crémation d’un jeune enfant
de la nécropole de Pupput a livré une clé et une chaîne
de suspension qui peuvent être attribuées avec quasicertitude à un coffret déposé sur le bûcher, après sa
302
Fig. 6. Deux balsamaires-chandeliers déposés à plat sur le corps d’un
enfant de 1-2 ans à Pupput (© fouilles de Pupput).
combustion. Dans une inhumation où reposait un enfant
de 4-5 ans, un fragment d’anse pourrait avoir appartenu
à un coffret. Cependant, sa découverte dans le comblement de la fosse indique peut-être qu’il s’agit d’un
élément intrusif.
Les chaussures cloutées non portées
En Afrique romaine, des chaussures cloutées n’ont
jamais été mises au jour aux pieds d’un enfant. En
revanche, elles ont été déposées auprès de quatre d’entre
eux, inhumés entre le IIe et le IIIe s. de notre ère dans
deux nécropoles de la côte Proconsulaire. À Pupput,
elles étaient associées à deux enfants de moins de
5 ans. Une paire avait été déposée sous l’amphore,
alors que la seconde était à l’extrémité de la fosse,
à plat. La fouille minutieuse des clous permit de voir
qu’une des paires étaient à bout pointu et de taille
LE MOBILIER DÉPOSÉ DANS LES SÉPULTURES D’ENFANTS EN AFRIQUE DU NORD À L’ÉPOQUE ROMAINE
Fig. 7. Clous en place d’une paire de chaussures de taille adulte déposée à plat au fond d’une sépulture d’enfant
de la nécropole de Pupput (© fouilles de Pupput,). Le contour a été rehaussé de blanc.
adulte (pointure 43-44 ; fig. 7) 12. À Leptiminus, dans
l’inhumation d’un enfant de 7 ans ± 2 ans, les clous qui
composaient la semelle d’une seule chaussure de petite
taille ont été découverts à l’extérieur de la bâtière qui
protégeait le corps 13. Dans la seconde, une paire a été
déposée sur les tuiles qui recouvraient un défunt de
11-13 ans 14. De pointure 30, elle semble trop petite pour
un enfant de cet âge. Bien que ces chaussures soient à
l’extérieur de la couverture, elles ont été placées dans la
zone des pieds des défunts.
Les bijoux non portés, les coquillages et les hochets
Comme les chaussures, certains bijoux n’étaient pas
portés par les défunts, mais déposés auprès d’eux. Par
exemple, à Draria-el-Achour, dans une sépulture d’enfant
d’environ 5-6 ans de la fin du IIIe/début IVe s., G. Camps
a noté que « les bagues ne se trouvaient pas aux mains,
mais disposées au-dessus de la tête en couronne et enfilées dans de grandes perles à nervures » (Camps 1955,
p. 248). L’analyse taphonomique réalisée à partir du
relevé de l’auteur permet de supposer la présence d’un
12 La distance maximale entre les clous est de 28,9 cm.
13 Stirling et al. 2001, fig. 2.33.e/f, p. 130.
14 Ibid., fig. 2.15.f., p. 120.
contenant de bois sur lequel les bagues et les perles enfilées
auraient été suspendues, formant peut-être une couronne
(fig. 8). La présence de ces bagues est surprenante, car
un très petit nombre d’enfants en portait dans les tombes.
En Afrique Proconsulaire, à Pupput, deux fils torsadés,
l’un en fer et l’autre en bronze, qui formaient peut-être
un bracelet, ont été déposés sur un fragment d’œuf (d’autruche ?) au pied d’un enfant de 9-14 ans. Un collier a
également été découvert dans un plat à l’intérieur d’une
inhumation d’Hadrumetum, probablement d’enfant.
Il était constitué de « six perles en verre et six perles en terre
de grosseur différentes ; un scarabée en terre cuite en vertbleu ; quatre emblèmes phalliques, probablement en terre
bleue ; un lapin en os sculpté ; une pièce en os allongée,
présentant d’un côté une tête, de l’autre des dentelures,
un disque en os avec des cercles concentriques ; deux
dents, probablement de serpents, six petits cabochons
en os travaillé ; deux pièces incomplètes, en matière vert
clair, fragile, que je n’ai pu identifier » (Gridel 1929b,
p. 89 ; fig. 9). Si la valeur prophylactique de ce collier
est indéniable en raison de la présence des phallus qui
sont bien connus pour détourner les influences néfastes
(Dasen 2003, p. 174 ; Varron, De la langue latine, VII,
97), la fonction des bracelets et des bagues dans les autres
tombes est plus difficile à cerner.
303
SOLENN DE LARMINAT
Dans le premier niveau d’occupation du cimetière d’enfants de Thysdrus (époque augustéenne/Ier s.
apr. J.-C.), les défunts étaient très souvent accompagnés
d’amulettes (portées ou non ?) et de coquillages, mobilier fréquent dans les sépultures puniques (Slim 1984,
p. 171). Dans les autres nécropoles, seules trois valves
de peigne (Pecten) et une de bucarde (Cardium) ont été
découvertes à droite d’un enfant d’environ 1 an, à Sétif
(Guéry 1985, t. 61).
Enfin, à Timgad, dans une tombe d’enfant, un hochet
formé de « deux disques en bronze aux bords rapprochés
par des fils de bronze, montés sur une tige de bronze à
manche mouluré et dont l’extrémité supérieure en forme
de pince aux pointes ajourées soutenait les disques à
l’aide d’une tige transversale » (Christofle 1935, p. 97) a
été découvert. Le son des objets métalliques était utilisé
dans l’Antiquité pour écarter les fantômes et les démons
malfaisants, mais ce hochet peut également être associé à la série des crepundia, c’est-à-dire des breloques
d’enfants censées permettre aux parents de reconnaître
leur enfant (Dasen 2003, p. 172).
Les aliments
Des vestiges d’aliments ont été découverts dans
huit sépultures primaires d’enfants, six à inhumation et
deux à crémation (Graphique 4). Il s’agit de restes de
viandes, d’œufs et de végétaux. Alors que les poissons
sont très fréquemment représentés sur les mensae africaines (de Larminat 2011, p. 535-541) ils n’ont encore
jamais été repérés dans une sépulture africaine.
Les viandes
Dans les anciennes publications, des restes de viandes
ont rarement été signalés, car leur mise en évidence
nécessitait que les os soient identifiés, mais également
déterminés comme éléments non-résiduels. Toutefois,
ce type de vestiges apparaît dans seulement 0,9 % des
sépultures d’enfants de la nécropole de Pupput qui a été
fouillée de manière systématique et minutieuse. Rien ne
permet d’envisager que leur dépôt était plus nombreux
dans les autres nécropoles.
Dans certains cas, l’espèce animale n’a pas été identifiée. Par exemple, dans l’area de Cherchell, quelques
os associés à un clou ont été découverts dans une cavité
située à l’intérieur de la fosse d’un enfant de moins de
3,5 ans (Leveau 1971-1974, p. 81). Sans information
supplémentaire, il est difficile de déterminer si le clou
permettait de suspendre l’animal ou de fermer la cavité.
En revanche, dans deux autres sépultures, il s’agit de
restes de gallinacés. Par exemple, dans le bûcher 204
de la nécropole de Sétif, associé à un enfant d’après ses
faibles dimensions, un poulet non brûlé a été déposé
304
Fig. 8. Relevé en plan de la sépulture A2 d’un enfant d’environ 5-6 ans
à Draria el-Achour et quatre des douze bagues découvertes au niveau
de la tête du défunt. Les contours du contenant ont été marqués par des
pointillés (Camps 1955, fig. 8-9).
après la crémation avec le reste du mobilier (Guéry 1985,
p. 189). À Pupput, dans une crémation d’un enfant de
12 ans environ, la pièce de viande a en revanche été
brûlée avec le défunt. Dans cette même nécropole, une
cuisse de poulet a été déposée auprès du corps d’un
enfant inhumé de 3-4,5 ans 15. Deux ailes d’un oiseau
sauvage de petite taille ont également été découvertes
dans le comblement de l’inhumation d’un enfant d’environ 7 ans. Le caractère unique de cette découverte et sa
position dans la tombe permettent de douter de l’intentionnalité du dépôt.
Les œufs
Des œufs ont été recensés dans trois inhumations du
corpus. Dans les deux premières, qui accueillaient de
jeunes enfants de moins de 3 ans 16, ce sont des fragments
de test, dont un d’autruche à Sétif. Bien qu’ils soient
incomplets, l’intentionnalité de leur dépôt est probable
en raison de leur représentation fréquente sur les mensae et de leur découverte dans des sépultures d’adultes,
en entier.
15 L’analyse des vestiges fauniques de Pupput a été réalisée par
S. Lepetz (CNRS-UMR 7209).
16 Tombe 1101 de Pupput, d’un enfant d’environ 2 ans, et tombe 70
de Sétif d’un enfant d’environ 1 an (Guéry 1985, p. 102).
LE MOBILIER DÉPOSÉ DANS LES SÉPULTURES D’ENFANTS EN AFRIQUE DU NORD À L’ÉPOQUE ROMAINE
Fig. 9. Les différents éléments composant le collier découvert dans un plat
dans une tombe d’enfant d’Hadrumetum (Gridel 1929b, fig. 25).
Dans la troisième tombe, à Pupput, les deux fils torsadés décrits précédemment reposaient sur un fragment
d’œuf de 7 cm de long. Au sein du même enclos, dans
une sépulture primaire à crémation adjacente, mais antérieure, d’un adolescent/adulte, un fil de fer torsadé de
14 cm de long était également associé à des fragments
de coquille d’œuf. La dimension de ces deux fragments
et la solidité de la coquille permettent de supposer qu’il
s’agit également de test d’œuf d’autruche. Cette association œuf d’autruche/fils métalliques torsadés dans
deux tombes du même enclos de la nécropole de Pupput
est suffisamment étonnante pour penser qu’elle pouvait
avoir un caractère magique ou protecteur.
Les végétaux
Les conditions de conservation des végétaux non brûlés sont rarement réunies en Afrique et la reconnaissance
de ceux qui ont été carbonisés nécessite un important
travail de récolte, de tamisage et d’identification. Ainsi,
les données sur les aliments à base de végétaux dans les
tombes d’enfants sont quasiment inexistantes. Seules,
à Hadrumetum, de nombreuses olives à demi-calcinées
entouraient le squelette d’un enfant protégé par deux
moitiés d’urnes (de Lacomble, Hannezo 1889, p. 124).
Cependant, cette sépulture se situait non loin d’une zone
où des corps ont été brûlés et il est plus probable qu’ils
aient été introduits lors du comblement. Bien qu’ils ne
soient pas alimentaires, d’autres dépôts de végétaux
ont été recensés dans la nécropole : des feuilles vertes
parsemaient de la tête aux pieds un corps d’enfant (de
Lacomble, Hannezo 1889, p. 111-112) et sur la terre
qui recouvrait les tuiles d’un second, les mêmes auteurs
reconnurent, avant qu’ils tombent en poussière, « des
feuillages vert réunis en bouquet et attachés avec un
morceau de jonc » (de Lacomble, Hannezo 1889, p. 122).
Emplacement et bris du mobilier dans les
nécropoles de Sitifis et Pupput
Dans les anciennes publications, il est rare que des
informations sur l’emplacement du matériel et sur son
état de conservation aient été rapportées. Dans le cas
contraire, la description d’une ou deux tombes ne permet
pas de souligner la répétition des gestes observés. Seules
les données issues des nécropoles de Pupput et de Sétif,
en fonction entre la fin du Ier s. de n. è. et le milieu du
IIIe s. et fouillées de manière exhaustive et minutieuse,
seront alors comparées.
Dans les inhumations
La fouille de la nécropole orientale de Sétif permet
de suivre l’évolution de l’emplacement du mobilier et
de la pratique du bris entre la fin du Ier s. apr. J.-C. et
le milieu du IIIe s. On ne note aucune différence dans
son emplacement durant toute cette période (fig. 10).
Au fond de la fosse, le mobilier est disposé majoritairement autour de la tête, préférentiellement à gauche,
mais régulièrement de la vaisselle, des lampes et des
monnaies sont placées autour du reste du corps. Dans
le comblement, au-dessus ou à côté de la couverture,
305
306
NÉCROPOLE ORIENTALE DE SITIFIS
(Fin Ier-milieu IIe)
NÉCROPOLE ORIENTALE DE SITIFIS
(Fin IIe-milieu IIIe)
SOLENN DE LARMINAT
COMBLEMENT
FOND DE FOSSE
COMBLEMENT
FOND DE FOSSE
Fig. 10. Représentation schématique de l’emplacement et du bris du mobilier dans les inhumations de la nécropole de Sétif.
COMBLEMENT
FOND DE FOSSE
NÉCROPOLE DE PUPPUT
(IIe-IVe) :
Inhumations primaires en contenant de bois
NÉCROPOLE DE PUPPUT
(IIe-IVe) :
Inhumations primaires en amphore
CONTENANT DE BOIS
Pointillé : sous l’amphore
Fig. 11. Représentation schématique de l’emplacement et du bris du mobilier dans les inhumations de la nécropole de Pupput.
LE MOBILIER DÉPOSÉ DANS LES SÉPULTURES D’ENFANTS EN AFRIQUE DU NORD À L’ÉPOQUE ROMAINE
NÉCROPOLE DE PUPPUT
(IIe-IVe) :
Inhumations primaires sans contenant attesté
307
SOLENN DE LARMINAT
il apparaît également majoritairement au niveau de la
partie supérieure du corps. Les lampes sont toutes à l’endroit 17. Les vases à verser sont toujours debout et l’un
d’entre eux était même fermé par une pierre (t. 23). Il est
alors envisageable qu’ils étaient pleins lors de leur dépôt
dans la fosse. Les plats et les bols sont surtout en position fonctionnelle dans la tombe, bien qu’un gobelet et
sept assiettes aient été déposés de chant. Deux assiettes
étaient même empilées (t. 6). À l’exception du gobelet,
d’après les dessins et les photographies, ces pièces de
vaisselle renversées ne semblent pas avoir basculé après
la disparition d’un contenant en matière périssable. Elles
ne devaient donc contenir aucun aliment. La lampe
dans le plat de la tombe 248 et les assiettes entièrement
retournées des tombes 7 et 69 renforcent d’ailleurs cette
hypothèse. Les deux seuls objets volontairement brisés puis déposés dans ces inhumations sont des vases à
verser : un pichet (t. 70) et une grande cruche (t. 243).
Le bris intentionnel de vaisselle était donc rare dans les
inhumations de Sétif, mais tout de même attesté entre la
fin du Ier et le milieu du IIIe s. apr. J.-C.
À Pupput, l’emplacement du mobilier est moins
varié, car il apparaît presque exclusivement auprès des
pieds du défunt (fig. 11). Les seules exceptions sont des
pièces placées sur le corps d’enfants en amphore, en
raison de la petitesse de ces contenants, ainsi que deux
assiettes et trois lampes placées à l’opposé du reste du
matériel, c’est-à-dire au niveau de la tête du défunt. Pour
ces dernières, outre la particularité de leur situation, elles
apparaissent renversées ou brisées intentionnellement
comme les autres pièces découvertes dans le comblement de la fosse, mais à l’inverse de celles placées au
fond de la fosse qui sont toujours complètes. Alors que
les petites cruches, les plats à solides et les lampes sont
en position fonctionnelle, les biberons et les balsamaires
ont été intentionnellement renversés sur le côté. Seule
une lampe est à l’envers, au niveau des pieds du défunt,
mais sa position est inhabituelle, car elle a été découverte sous une amphore.
Dans les crémations
À Sétif, dans les 17 sépultures primaires à crémation
du IIe s., le mobilier apparaît également majoritairement
à l’emplacement de la tête, bien que des pièces soient
également disposées au niveau de la moitié inférieure du
bûcher (fig. 12). Les lampes ont en revanche été systématiquement placées au niveau de la tête du défunt. À
l’exception d’une assiette placée dans le bûcher pendant
17 La lampe de la tombe 4 est retournée, mais, d’après le fouilleur,
elle aurait été glissée après la fermeture et elle serait tombée sur le
corps en se retournant (Guéry 1985, p. 55).
308
la crémation, le reste du matériel a été déposé postérieurement sur les cendres ou sur le tumulus de terre qui les
recouvrait. Comme dans les inhumations, la majorité des
pièces de vaisselle sont complètes et à l’endroit. Celles
brisées sont de grandes cruches et une assiette. Les deux
exemplaires de vases à verser ont encore été intentionnellement fragmentés au niveau de leur partie supérieure.
À Pupput, le mobilier déposé sur les restes du
bûcher, après la crémation, est toujours entier (fig. 12).
En revanche, tout le matériel déposé à l’intérieur ou au
sommet du tumulus de terre qui les recouvrait est brisé :
les trois marmites renversées sont largement fragmentées, mais le pichet, la grande cruche et le biberon ne
présentent que leur col cassé, comme il a déjà été noté
dans les inhumations. L’emplacement du mobilier est
plus varié que dans les inhumations, mais les lampes
sont toujours majoritairement à l’endroit, au pied du
défunt. La seule renversée apparaît au niveau de la tête
du défunt. Inversement, le seul balsamaire découvert
est debout.
Une seule sépulture secondaire à crémation d’enfant
avec du mobilier a été recensée à Pupput : alors que
l’urne était dans une fosse, une marmite à fond brûlé
et fermée par une patère a été placée à l’extérieur de
celle-ci. Bien que renversée comme dans les crémations
primaires, elle est ici entière.
Conclusions
De cette présentation du mobilier découvert dans les
sépultures d’enfants issues des nécropoles africaines, un
premier bilan peut être établi.
Tout d’abord, les lampes, les récipients à solides et les
vases à verser apparaissent dans des sépultures d’enfants
de tout âge. Les monnaies, les vases à boire et les balsamaires sont en revanche essentiellement rattachés à des
individus de moins de 7-8 ans, c’est-à-dire appartenant à
la petite enfance. Les vases qui présentent une tubulure et
qui permettent une alimentation artificielle apparaissent
surtout dans des sépultures d’enfants de moins de 3 ans,
bien que certaines crémations d’individus adultes, et de
sexe féminin à Pupput, en aient livré également. À partir
d’un an et demi, un enfant est capable de boire dans un
bol. Ces biberons pouvaient alors symboliser le statut du
défunt, c’est-à-dire un enfant qui, bien qu’il puisse déjà
avoir été sevré, était encore dépendant de la nourriture
maternelle. Alors qu’elle était fréquente dans les tombes
puniques, la vaisselle miniature reste extrêmement rare à
l’époque romaine et elle est plutôt associée à des enfants
de moins de 4 ans.
L’emplacement du mobilier varie selon les sites et
les provinces, mais une certaine systématisation de
LE MOBILIER DÉPOSÉ DANS LES SÉPULTURES D’ENFANTS EN AFRIQUE DU NORD À L’ÉPOQUE ROMAINE
leur position dans la tombe apparaît à l’intérieur d’une
même nécropole. Le matériel est majoritairement
déposé auprès du corps, dans le contenant ou au fond de
la fosse. Certaines pièces de vaisselle ont été intentionnellement brisées. À Sétif et Pupput, il s’agit toujours
d’assiettes et de la partie supérieure de vases à verser.
La présence des balsamaires indique que du parfum
était utilisé à toutes les étapes des cérémonies funéraires : au moment du dépôt du corps dans la fosse ou
dans le bûcher, et lors de la fermeture de la tombe. Dans
les sépultures secondaires à crémation, les balsamaires
jetés et fondus dans le bûcher étaient parfois ramassés
avec les ossements. En règle générale, ces balsamaires
ne subissaient pas de bris rituel.
Les lampes, objets les plus fréquemment déposés
dans les tombes, étaient surtout placés entières et à plat
dans les fosses. Elles étaient donc en position fonctionnelle pour éclairer, de manière symbolique ou non,
renforçant ainsi l’opposition entre les ténèbres de la
mort et la lumière de la vie (Scheid 1984, p. 122-126). À
Pupput, les quelques lampes retournées ou de chant, qui
ne pouvaient donc plus assurer leur fonction première,
sont apparues dans le comblement de la fosse ou placées au niveau de la tête du défunt. Il est difficile de
ne pas faire de parallèle entre cette lumière éteinte et
le caractère irrémédiable de la mort, comme Plutarque
(Étiologies romaines, LXXV) fait un parallèle entre le
feu de la lampe et la vie de l’homme.
Les aliments semblent avoir été assez rares dans
les sépultures d’enfants en Afrique. Ils étaient déposés
à différents moments des funérailles : auprès du corps
inhumé ou brûlé, ou lors de la fermeture de la tombe.
Il s’agissait essentiellement de gallinacés et d’œufs. Ce
dernier aliment était considéré par Juvénal comme un
mets funèbre traditionnel et il participait à la purification
dans certaines circonstances 18. C’est également un fort
symbole de fertilité, de naissance et renaissance 19. La
fouille minutieuse des clous de chaussures a également
permis de montrer que celles-ci n’appartenaient pas au
défunt, en raison de leur pointure.
Comme le faisait remarquer V. Dasen, si les valeurs
protectrices et magiques des bijoux, des coquillages
et des hochets déposés auprès des enfants ne sont pas
assurées dans toutes les tombes, leur dépôt témoigne
au moins de l’intérêt porté à l’enfant par ses parents
(Dasen 2003, p. 175-176).
Ce mobilier associé aux enfants ensevelis dans les
nécropoles est finalement bien différent de celui découvert dans les sanctuaires à Saturne. Les biberons, les
masques et les statuettes y sont totalement absents, alors
qu’ils sont surreprésentés dans les tombes d’enfants.
Alors que la vaisselle et les lampes sont les objets les plus
fréquents dans les nécropoles, elles sont peu présentes
auprès des 150 enfants brûlés de moins de 6 mois lunaires
(± 1 mois) dans le sanctuaire d’Henchir-el-Hami20.
En revanche, 2.500 balsamaires, 244 monnaies et plusieurs animaux21 ont été recensés. Si la crémation de ces
jeunes défunts hors des nécropoles montrait déjà la persistance de pratiques funéraires préromaines particulière
pour cette jeune classe d’âge, le mobilier indique que les
gestes qui accompagnaient leur crémation et leur ensevelissement différaient également de ceux pratiqués dans
les nécropoles : association systématique d’un enfant et
d’une ou plusieurs monnaies dont la similitude métrologique suggère l’existence d’une tarification ; versement
d’huiles parfumées lors de la crémation et bris une fois
sur deux de leur contenant. La présence de nombreuses
pièces de vaisselle, de monnaies et d’amulettes dans le
premier niveau de la nécropole d’enfants de Thysdrus
(époque augustéenne/Ier s. apr. J.-C.) permet de rapprocher ces tombes des traditions funéraires libyco-puniques.
Pour conclure, il est nécessaire de rappeler que ce
mobilier recensé dans les sépultures d’enfants d’Afrique
romaine, et qui intervenait dans les cérémonies funéraires, ne leur était pas réservé22. Dans des proportions
plus ou moins importantes, il a aussi été découvert dans
des sépultures d’adultes. Enfin, malheureusement, il est
probable qu’une partie du mobilier déposé ne nous soit
pas parvenue : vaisselle et coffrets en bois sans structure
métalliques, torches et autres aliments.
18 Juvénal, Satires, V, 84-85 ; VI, 518.
19 Macrobe, Saturnales, VII, 16.
20 Seules cinq lampes, une tasse, trois marmites et une petite
centaine de récipients à solides ont été découverts pour 150 enfants
de moins de 6 mois lunaires (± 1 mois) dont les os brûlés ont été
déposés dans des urnes (Ferjaoui 2007).
21 Dix oiseaux sauvages, deux volatiles et neuf restes de caprinés
(mouton ou chèvre).
22 Seuls les masques et certaines statuettes sont uniquement
associés à des enfants, mais ils n’ont pas été abordés dans cette étude.
309
SOLENN DE LARMINAT
NÉCROPOLE ORIENTALE DE SITIFIS (IIe)
COUPE LONGITUDINALE
NÉCROPOLE DE PUPPUT (IIe-milieu IIIe)
COUPE LONGITUDINALE
Fig. 12. Représentation schématique de l’emplacement et du bris du mobilier
dans les sépultures primaires à crémation des nécropoles de Sétif et Pupput.
310
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Les restes animaux dans les tombes d’enfants
à la période romaine :
l’exemple de trois grandes nécropoles d’Italie, de Tunisie
et du Nord de la France
Sébastien Lepetz
Abstract. Among the material recovered from childtombs, we sometimes find animal bones deposited near
the body of the deceased or present among the burnt
bones in the urn or at the bottom of the grave. These
are the remains of sacrifices made during the consecration of the tomb or the traces of meals taken during
funerals. Based on examples from three cemeteries from
Italy (Pompeii), Tunisia (Pupput) and Northern France
(Soissons), this article reviews the different types of animal bones found in graves (by species, and anatomical
parts) and defines the choices made for such ceremonies
within these different localities.
L
’analyse des textes antiques révèle la place
importante que tient le sacrifice dans les actes
religieux à la période romaine et notamment
dans le culte funéraire. Mais les pratiques ne sont pas très
détaillées et si l’on sait, pour ce qui concerne la place des
animaux, que le sacrifice d’une truie à Cérès, destinée à
purifier la famille, semble être un acte habituellement
pratiqué, tout comme le repas partagé entre le défunt, les
vivants et les dieux, il y a, en définitive, peu de détails
sur la composition de ces repas, les espèces impliquées,
les morceaux préférés et le traitement réel des aliments.
Nous ne possédons aussi que très peu d’informations sur
la place et la fréquence des dépôts alimentaires sur les
bûchers ou dans les tombes. Les textes n’en disent rien.
Et le problème n’est pas simple. En effet, les pratiques funéraires se caractérisent par une succession
d’étapes partant du décès de l’individu aux commémorations de sa mort (passant par l’incinération, la récolte
des os sur le bûcher, la mise en terre, la fermeture de la
tombe), entraînant une multitude de gestes dont beaucoup impliquent l’animal : sacrifice, offrandes, repas,
intervenant à des moments et selon des rythmes variés
(fig. 1). Les observations archéologiques dévoilent des
restes d’origine différente découlant de ces diverses
manipulations, auxquels s’ajoutent des déchets plus ou
moins erratiques issus de l’activité des hommes et des
animaux vivant à proximité, et il est difficile de les distinguer, de les reconnaître. Si la signification des gestes
ayant conduit au rejet de ces vestiges est bien précise,
singulière et définie, ces vestiges peuvent avoir la même
forme, puisqu’ils proviennent généralement des mêmes
espèces, mises en pièce et consommées (ou consommables) ; par ailleurs ils sont souvent mélangés entre eux
et les contextes de découvertes n’aident alors que peu à
mettre en évidence leur spécificité.
Par ailleurs, on sait que si les rites liés aux funérailles et au culte des morts se déroulaient dans le
cadre d’une tradition commune (dont la signification
est bien comprise), ils pouvaient, dans leur forme, ne
pas être parfaitement identiques (Scheid 1998 p. 139).
L’archéologie révèle d’ailleurs bien ces dissemblances,
avec des tombes riches en objets et d’autres qui en sont
dépourvues, avec la pratique de l’incinération ou de l’inhumation selon les époques et les régions.
Selon le contexte social et familial, culturel, symbolique, technique et environnemental, la forme que
prennent ces gestes diffère. Les espèces animales impliquées ne seront pas les mêmes, la préparation culinaire,
les habitudes concernant leur consommation, leur dépôt
sur le bûcher ou dans la tombe changeront.
L’approche n’est donc pas aisée et dépend pour une
large part des conditions de conservation, de fouille, de
collecte et d’étude qu’offrent les sites, et de la connaissance de ces différents contextes.
Parmi le matériel archéologique (artefacts et écofacts) présent dans les tombes d’époque romaine, on
rencontre parfois des ossements animaux qui sont en
relation avec les pratiques funéraires et les gestes menés
lors des funérailles.
Ce sont le plus souvent des pièces de viande, manifestant l’hommage rendu au défunt par ses proches (Lepetz,
Van Andringa 2004) ou symbolisant les repas pris par les
vivants en compagnie des morts ou partagés avec eux ; on
rencontre dans d’autres cas des os ayant manifestement
313
SÉBASTIEN LEPETZ
système symbolique
non brûlés
cuits
mangés
système
culturel
biens du défunt
banquet
restes
intrusifs
crus
Funérailles
brûlés
système
technique
Incinération
Récolte des os / manipulation
repas
enterrés
Mise en terre des os
/ inhumation
déchets
jetés
Fermeture de la tombe
Commémorations
conservés
sacrifice
système
religieux
offrandes
système social
et familial
déposés
abandonnés
choix des espèces, des morceaux
éco-système
Fig. 1. Emboîtement des éléments, des pratiques et des systèmes impliqués dans la composition des assemblages fauniques
mis au jour dans les nécropoles (et liés ou non aux étapes des funérailles).
314
LES RESTES ANIMAUX DANS LES TOMBES D’ENFANTS À LA PÉRIODE ROMAINE
une autre histoire, mais dont la signification nous échappe
parfois. Ces ossements peuvent être calcinés et partiellement détruits, indiquant que les dépôts ont été effectués
au moment de la crémation, ou se présenter intacts parce
qu’ils ont été placés à côté du mort au moment de la mise
en terre. Mais ces cas ne reflètent pas complètement
l’implication de l’animal dans les rituels funéraires, dans
la mesure où, dans la majorité des cas, seuls ceux qui se
trouvent dans la tombe nous parviennent.
Si les conditions de conservation des niveaux
archéologiques, si les filtres taphonomiques le permettaient plus souvent, on pourrait essayer de chercher
à connaître l’ensemble des gestes impliquant les animaux (l’animal sacrifié, l’offrande, les restes de repas),
non seulement ceux exécutés autour de la fosse sépulcrale ou à l’intérieur, mais aussi ceux pratiqués sur les
aires de crémation, sur les niveaux de sols, autour des
banquettes parfois aménagées pour les repas dans les
enclos funéraires, dans l’ensemble des structures périphériques contribuant à ces rites. Il est clair que, bien
souvent, la destruction des niveaux archéologiques ne
permet pas d’accéder à ce type d’information et on est le
plus souvent condamné à ne travailler que sur la tombe
elle-même et de n’avoir donc qu’une vision tronquée des
usages. Certains sites bien conservés ouvrent cependant
la voie à une approche plus complète et plus fine. Cela a
pu être le cas, par exemple, pour les fouilles de la nécropole de Porta Nocera à Pompéi où la bonne conservation
des niveaux de circulation, la préservation des aires de
crémation, la fouille des structures ayant recueilli les
résidus des bûchers, la préservation des aménagements
de surfaces des tombes et des remblais des fosses sépulcrales ont permis d’aborder des questions inaccessibles
ailleurs (Van Andringa, Duday, Lepetz 2012).
Mais même dans ce cas favorable, envisager une problématique à partir d’une catégorie unique de défunts (en
l’occurrence les enfants) n’est pas sans poser problème,
dans la mesure où rares sont les situations où l’on peut
mettre en relation ces structures ou ces vestiges périphériques avec les tombes d’enfants. Bien sûr, cette approche
ne nous renseigne pas uniquement sur le moment de la
mise en terre, puisqu’il arrive que, parmi les incinérations, on trouve des restes calcinés d’os d’animaux qui
nous informent sur les dépôts effectués sur le bûcher,
mais l’approche n’en demeure pas moins restreinte.
L’analyse archéozoologique ne permet pas de donner une signification aux gestes pratiqués, mais elle
permet en revanche de les décrire objectivement : y a-til et quels sont les morceaux déposés sur le bûcher et
dans les tombes ? Quelles sont leurs caractéristiques ?
Les tombes d’enfants livrent-elles des dépôts d’animaux
ou de parties d’animaux ? Présentent-elles des spécificités par rapport aux tombes d’adultes ? Les études de
trois nécropoles situées dans trois zones différentes de
l’Empire (Pompéi, Pupput et Soissons) vont permettre
ici d’apporter quelques réponses à ces questions (fig. 2).
Les enfants des enclos 21 OS, 23 OS et 25 OS de
la nécropole de Porta Nocera à Pompéi
Les fouilles menées de 2003 à 2007 dans la nécropole de Porta Nocera à Pompéi par l’équipe dirigée par
S. Lepetz et W. Van Andringa (fig. 3) ont permis d’étudier une soixantaine de tombes (Van Andringa, Duday,
Lepetz 2012), datées du dernier quart du Ier s. av. J.-C.
au 3e quart du Ier s. de notre ère et provenant de plusieurs
enclos funéraires mitoyens (enclos 21, 23, 25 et 25b).
Parmi elles ont été fouillées cinq tombes primaires individuelles à inhumation, une sépulture secondaire double
à crémation, une sépulture secondaire triple à crémation,
les autres étant des sépultures individuelles à crémation
portant à soixante-quatre le nombre d’individus étudiés.
Il existe par ailleurs des structures funéraires présentant
des particularités qui les distinguent des tombes avérées.
En effet, nous ne sommes pas sûrs que la fosse n° 5 soit
réellement une tombe (plutôt qu’un réceptacle à résidus de produits de curage d’une aire d’un bûcher), nous
avons rencontré la sépulture d’attente d’une défunte
(tombe 102) et la tombe définitive qui lui a finalement
été attribuée (tombe 107), des tombes vides (tombe 103,
tombe 23) et plusieurs fosses ayant recueilli le produit de
curages de bûchers.
En outre, plusieurs aires de crémation ont été fouillées
et parfois mises en relation avec les sépultures par le biais
de raccords effectués entre les fragments osseux humains
ou animaux ou des concordances entre les stades de maturation ou des symétries d’os pairs (voir dans la publication
les études menées par H. Duday). Ces structures ont été
fouillées et analysées en essayant de prendre en compte
l’ensemble du matériel archéologique qui leur était associé
et en les replaçant dans le contexte d’un enclos funéraire
livrant des niveaux de sol et des remblais d’occupation
ayant eux-mêmes enregistré les activités rituelles menées
autour des sépultures et, plus généralement, l’ensemble
des mouvements liés à un lieu de circulation (visites faites
aux morts, construction des tombes, aménagements de
l’espace, intrusions naturelles d’animaux…).
Sur les 64 individus recensés, 51 tombes contenaient
les restes d’adultes ou de grands adolescents (dont
21 femmes et 16 hommes). Treize tombes renfermaient
les restes osseux d’enfants (fig. 4-5) : le plus jeune a
entre 2 et 8 mois, le plus vieux entre 10 et 13 ans. Ils ont
été, pour huit d’entre eux, brûlés sur un bûcher et, pour
les cinq autres, inhumés dans une amphore, un coffre en
tegulae ou en pleine terre.
315
SÉBASTIEN LEPETZ
La tombe 201 (Bebryx)
Très peu de temps avant l’éruption du Vésuve (sans
doute moins de 10 ans), un garçon du nom de Bebryx,
âgé de six ans, comme l’indique l’inscription sur sa stèle
(Bebryx/vix(it) an(nis) VI) et comme l’a confirmé l’étude
de H. Duday, est brûlé sur un bûcher monté derrière
l’enclos n° 21. L’aire de crémation avait été utilisée pour
plusieurs autres cérémonies et notamment celle d’une certaine Stallia Haphe (affranchie de la matrone des Stallii
et âgée de plus de trente ans), dont la tombe se trouve
à proximité de Bebryx. L’étude anthropologique a montré de manière certaine que les deux individus avaient été
incinérés sur le même terre-plein. Les os de l’enfant sont
collectés dans un sac en tissu et disposés (à l’envers) dans
une urne (de type olla), les résidus de bûcher étant par ailleurs déversés dans la fosse (fig. 6). Si l’on en croit le peu
de matériel récolté dans la tombe, peu d’objets avaient dû
être placés à côté du défunt. Des restes animaux indiquent
cependant qu’un repas avait dû être partagé. Il a dû être
constitué de morceaux de porc. Quatre os ont en effet été
reconnus mélangés aux restes du défunt présents dans
l’urne : un fragment d’ulna (os de l’avant-bras), un autre
de crâne et deux fragments de sacrum (vertèbres du bas
du dos) brûlés. Du porc a par ailleurs été trouvés sur l’aire
de crémation 210, et le morceau de sacrum qui y a été
reconnu provient du même os et du même individu que
ceux de la tombe. Les autres vestiges brûlés récoltés sur
l’aire de crémation sont un fragment de crâne de porc, un
fragment de molaire inférieur, une vertèbre de poisson,
quatre esquilles indéterminées et une phalange antérieure
de coq domestique. Ce dernier élément d’aile de poulet
trouve écho dans les résidus de bûchers déversés dans la
fosse de Bebryx. Y ont été en effet déterminés un fragment de radius (aile) et un autre fragment d’os long de
cette même espèce (probablement le même individu).
Fig. 2. Situation géographique des sites de Soissons, Pompéi et Pupput.
316
LES RESTES ANIMAUX DANS LES TOMBES D’ENFANTS À LA PÉRIODE ROMAINE
Fig 3. Pompéi : façade de l’enclos 23 OS et enclos funéraires adjacents (cliché A. Gailliot ; Mission Archéologique de Porta Nocera).
Il faut aussi noter la présence sur l’aire de crémation
de deux fragments de vertèbre (axis) de chien brûlés. Il
n’est pas sûr que ces restes appartiennent au bûcher de
Bebryx, ni même d’ailleurs à aucun bûcher directement.
Il reste une interrogation concernant la présence d’ossements de chiens mêlés aux restes incinérés. Sur une autre
zone de bûcher (zone 250), fouillée également par notre
équipe, ont été mis au jour plusieurs dizaines d’os plus
ou moins brûlés. La plupart du temps ils étaient juste
noircis. L’analyse a conclu que ces vestiges devaient être
des os issus de cadavres d’animaux morts à proximité
des enclos et brûlés, volontairement ou pas, par les personnes en charge de la crémation ; de nombreux os de
chiens adultes ou de chiots éparpillés sur les niveaux de
sols ont par ailleurs été récoltés devant l’enclos 25 A OS.
démontré que l’âge réel du garçonnet n’était que de 6
à 7 ans (fig. 7). Ses os, une fois le corps brûlé, ont été
déversés dans un coffrage de tegulae avec les résidus
de crémation. Malgré le statut de l’enfant, il est remarquable de constater que les seuls objets dont on a pu
attester la présence sur le bûcher sont des chaussures et
un décor en os appliqué sur un coffret (en bois ?), ou
éventuellement sur un lit funéraire. Associés à la sépulture, seuls deux balsamaires ont été déposés à l’extérieur
du coffre et une monnaie parmi les os. Leur tri a permis
d’isoler cinq très petits fragments d’os animaux indéterminés et un fragment d’os long (fémur ?) de petit bétail
(capriné ?) brûlés.
La tombe 5 (P. Vesonius Proculus, mort à 13 ans)
Cette tombe est associée à la tombe 11, toutes deux été
constituées simultanément et mises en place dans la même
fosse. La tombe 37 est celle d’un enfant de 4 à 5-6 ans
(alors que la 11 est celle d’un adulte) de sexe inconnu.
Aucun matériel remarquable n’a été mis au jour pour cette
tombe (mis à part l’urne et le conduit à libation).
La tombe n° 5 est celle de Proculus, fils de Vésonius
(le propriétaire de l’enclos). La stèle épigraphe indique
que l’enfant a vécu 13 ans (P(ublio) Vesonio/Proculo/
v(ixit) a(nnis) XIII), mais l’analyse anthropologique a
La tombe 37
317
318
Enclos 21
Enclos 25b
201
SÉBASTIEN LEPETZ
Enclos 25a
39
5
108
10
Secteur 210
37
Enclos 25
Aire de crémation 25a
Enclos 23
27
48
21c
24
Secteur 25 sud
38
0
2,5 m
1/50
Fig. 4. Pompéi : plan des enclos fouillés et position des tombes d’enfant.
LES RESTES ANIMAUX DANS LES TOMBES D’ENFANTS À LA PÉRIODE ROMAINE
Tombe
traitement du corps
âge estimé
Association avec des restes animaux
5
crémation
6 - 7 ans (garçon)
oui
10
crémation
3 - 10 mois (fille)
oui
21c
crémation
3 - 9 mois
non
24
inhumation
2 - 8 mois
non
27
inhumation
12 - 13 mois
non
29
inhumation
11 - 15 mois
oui / non
35
crémation
10 - 13 ans
non
37
crémation
3 ans et 10 mois - 6 ans
oui
38
inhumation
16 - 19 mois
fouille trop partielle
39
crémation
3 ans 5 mois - 5 ans 2 mois
oui
48
inhumation
4 - 11 mois
fouille trop partielle
106
crémation
7 - 17 mois
non
201
crémation
6 ans (garçon)
oui
Fig. 5. Pompéi : caractéristiques des tombes d’enfants.
Le tri des ossements dans l’urne a permis d’isoler un
fragment unique d’ossement animal. Il s’agit d’une très
petite esquille qui n’est pas reconnaissable. La petitesse
de l’os et le fait qu’il soit seul ne plaident pas en faveur
d’un dépôt alimentaire sur le bûcher. Il faut cependant demeurer prudent, dans la mesure où on ne peut
être certain qu’il ne faisait pas partie d’une préparation
alimentaire (une soupe par exemple) dans laquelle des
éclats d’os pouvaient être présents.
La tombe 39
La tombe 39 est celle d’un enfant d’environ quatre
ans. Il s’agit d’une crémation suivie d’une mise en terre
des os dans une urne sur laquelle est mis en place un
conduit à libation. Mis à part une monnaie en bronze au
milieu des os brûlés, le matériel associé se limite à un
gobelet en paroi fine dans le tube à libation. Dans l’urne,
les restes osseux animaux sont de trois types. Le premier
consiste en une quinzaine d’os d’amphibien. Plusieurs
cas d’accumulation de microvertébrés (crapauds, grenouilles, lézards) ont été rencontrés dans les tombes
avec parfois des accumulations importantes (200 os
dans la tombe 1, près de 450 dans la tombe 21), près de
500 dans la tombe 203. Il s’agit d’animaux piégés dans
l’urne à l’époque antique via le tube à libation, ouvert
sur l’extérieur.
La deuxième catégorie est constituée d’une incisive
de lait de porcelet brûlée, peut-être issue des restes d’un
repas partagé entre les vivants et le mort, restes consommés et jetés dans les flammes ou déposés aux côtés du
défunt. Il faut cependant noter l’insignifiance du vestige
et son caractère isolé qui appellent à une interprétation
prudente.
La troisième série comporte plusieurs dizaines de
fragments (70) d’une même hémi-mandibule gauche calcinée d’équidé (fig. 8). Ils ont été récoltés sur la totalité
du remplissage de l’urne ; il ne fait donc pas de doute que
l’os a été brûlé en même temps et sur le même bûcher que
l’enfant. Cette découverte est à rapprocher de celle de la
tombe 208 où des fragments d’un même tibia de cheval
ont été trouvés mêlés aux os humains. On ne peut que
s’interroger sur ces restes. Le cheval n’est pas un animal
habituellement consommé à la période romaine. Son
rôle dans les rituels funéraires n’est pas décrit dans les
textes et aucune tombe ou nécropole antique d’Italie ou
dans les provinces occidentales de l’Empire n’a permis
de mettre clairement en évidence une implication dans
les pratiques liées à la mort. Certes, on rencontre souvent
des os de cette espèce (parfois des squelettes complets,
parfois en grande quantité) à proximité des cimetières
(Chartres, Evreux…), mais ce lien s’explique par le fait
que les nécropoles sont reléguées hors des villes et que
les cadavres d’animaux morts (non consommés, comme
le cheval), en l’absence d’un système organisé d’équarrissage, sont évacués hors des murs de la cité, forcément
à proximité des voies, là où se situent aussi les zones
d’accueil des défunts (Lepetz et al. 2010)
Malgré la dégradation causée par le passage au feu,
on perçoit que la surface de l’os de la mandibule de la
tombe 39 est desquamée et cette altération est caractéristique d’un séjour à l’air libre. L’os ne semble pas
319
SÉBASTIEN LEPETZ
Tombe 201"Bebryx"
Bûcher de Bebryx
Urne de Bebryx
Résidus de bûcher
Fig. 6. Types et provenances (urne, résidus de bûcher et bûcher) des restes animaux de la sépulture de l’enfant Bebryx.
Fig. 7. Sépulture de l’enfant Proculus. La tombe du fils du titulaire de l’enclos était très pauvre en restes animaux.
320
LES RESTES ANIMAUX DANS LES TOMBES D’ENFANTS À LA PÉRIODE ROMAINE
tombe 39
(enfant de 4 ans)
tombe 39
Fig. 8. Vestiges brûlés d’équidés mis au jour dans l’urne de l’enfant de la tombe 39.
321
SÉBASTIEN LEPETZ
avoir été brûlé frais. Il n’y a en outre pas de traces de
découpe, alors qu’une action énergique à l’aide d’un
outil tranchant aurait été nécessaire pour rompre les
attaches ligamentaires qui lient la mandibule au crâne ;
il ne semble donc pas que l’homme soit à l’origine de
cette désarticulation. On peut alors s’interroger sur le
caractère volontaire ou non de l’association. Quelle
pourrait être la signification d’un dépôt constitué d’une
vieille mandibule d’équidé ? Il pourrait s’agir d’un objet
particulier lié à l’enfant ou d’une autre personne, dont
la valeur nous échapperait. L’autre solution consisterait
à y reconnaître un élément sans lien avec la cérémonie
religieuse, os qui aurait traîné sur le sol et aurait fini dans
les flammes lors du nettoyage de l’aire de crémation.
L’officiant s’étant occupé de recueillir les os humains
n’aurait alors pas distingué les différentes catégories ou
n’aurait pas jugé utile de le faire.
La tombe 10
La tombe 10 est celle d’un enfant de 3 à 6 mois (probablement une fille si l’on en croit le chignon présent sur
la stèle en lave). Les os brûlés ont été déposés dans une
urne (un pot de type olla), mise en place dans une fosse
dont le fond est composé d’un niveau cendreux, restes du
curage de l’aire de crémation. Les restes d’un bracelet en
bronze, d’une clochette, d’une amulette en os et d’un balsamaire fondu ont été découverts parmi les os. Beaucoup
moins impressionnants sont les os animaux mis au jour
mêlés aux restes de la petite défunte. Dans l’urne sont
présents un fragment de dent jugal de porc, un fragment
de vertèbre d’un petit bétail indéterminé, un fragment de
telline et cinq esquilles indéterminées. Ces restes sont
passés sur un bûcher et ont été calcinés. Ils sont associés
à des vestiges non brûlés : une molaire de capriné et sept
esquilles. Dans la couche jouxtant les restes de crémation, sous l’urne, trois autres indéterminés accompagnent
un fragment de coquillage marin et un morceau de canine
inférieure de porc, aucun de ces restes n’étant brûlé.
La tombe 29
La tombe 29 est une sépulture primaire à inhumation
d’un enfant d’environ un an (de 11 à 15 mois plus précisément). Le corps a été placé dans un coffre en tegulae
et accompagné de six objets en verre (une fiole et cinq
balsamaires) déposées près de la tête. Au-dessus de la
hanche droite a été découverte une extrémité proximale
de fémur de porc, non brûlé, portant une trace de découpe.
Il serait tenant d’y reconnaître un dépôt carné frais (d’un
morceau de jambon) effectué lors de l’enfouissement, et
ce serait l’unique cas recensé parmi les sépultures fouillées dans les enclos 21-23-25 OS. Cependant, ce vestige
322
n’est pas au contact des os de l’enfant mais se trouve à
quelques centimètres au-dessus d’eux. Une forte inconnue demeure donc. Tout d’abord, il n’est pas certain
que cet os portait bien de la viande… il pouvait être
décharné ; ensuite, rien n’indique qu’il était frais, plutôt
que déjà sec. Sa position stratigraphique laisse ensuite
envisager plusieurs scénarios : soit sa position secondaire (avec cette couche de sédiment sous lui) provient
du déplacement post-enfouissement, soit il se trouvait
à l’extérieur du coffre et a pénétré à l’intérieur avec les
terres d’infiltration. Dépôt de viande à l’intérieur du
coffre ou à l’extérieur, rejet d’un morceau consommé
ou ossement intrusif, il n’est donc malheureusement pas
possible de trancher.
Une des particularités des tombes de la Porta Nocera
est qu’elles contiennent très peu de mobilier : quelques
balsamaires, vestiges des profusiones effectuées lors de
la mise en terre, une monnaie, quelques rares objets personnels (éléments de parure) ou des fragments de lampe
le plus souvent brûlés : ce dénuement est symptomatique de bûchers assez simplement constitués et pauvre
en dépôts. Il en est de même pour les produits alimentaires carnés, qui sont peu abondants : des morceaux de
poulet, des petites pièces de viande de porc, qui nous
arrivent sous la forme de petits fragments brûlés mêlés
aux os humains. D’ailleurs, la taille des esquilles est telle
à Pompéi que l’on peut se demander parfois quel est leur
lien réel avec les gestes funéraires.
En tout état de cause, les fragments donnent l’impression qu’il s’agit plutôt de préparations culinaires (soupes,
aliments cuisinés) que de morceaux de viande crue mis
en place sur le bûcher à côté du défunt. En cela, l’ampleur
de ces dépôts est très différente de ce que l’on observe
dans les tombes du Ier s. des régions septentrionales des
Gaules où une impression d’abondance domine.
À Pompéi il n’y a pas de différence visible entre
les usages en cours pour les funérailles des adultes et
celles des enfants. Les deux tiers des tombes d’adultes
(67 %) et 60 % des tombes d’enfants livrent des vestiges
fauniques. Les morceaux ou les espèces animales impliquées (poulet, porc) ne changent pas non plus.
Les tombes d’enfants de la nécropole
« Ancienne Caserne Gouraud » à Soissons
(Aisne, France)
Cette nécropole a été fouillée en 2008 par Bastien
Gissinger et son équipe (Gissinger 2010). L’ouverture
d’une surface de 1.200 m2 a permis l’étude de 186 sépultures à inhumation, de 69 tombes secondaires à crémation
et d’une tombe primaire à crémation, datées des Ier et IIe s.,
LES RESTES ANIMAUX DANS LES TOMBES D’ENFANTS À LA PÉRIODE ROMAINE
de fosses-bûchers et d’enclos quadrangulaires, circulaires
ou en fer à cheval. La particularité de l’ensemble réside
dans les proportions inhabituelles d’enfants. En effet,
parmi les inhumés, 148 sont des individus périnataux, 17
des enfants de 1 à 4 ans, trois de 5 à 9 ans, deux de 10 à
14 ans, deux sont des adolescents de 15 à 18 ans, et la
nécropole ne compte que seize adultes. On doit ajouter 45
fosses de tailles similaires à celles ayant recueilli les tout
petits, mais dans lesquelles aucun os n’a été trouvé (leur
disparition est probablement en grande partie due à l’acidité du substrat). Parmi les tombes à crémation, 45 sont
celles d’adultes, deux de périnataux, sept d’enfants de 1 à
4 ans, deux de 5 à 9 ans et cinq d’adolescents de 10 à 18
(l’étude anthropologique a été menée par Nadège Robin).
La seule inhumation d’enfant ayant livré des restes
animaux associés de manière sûre au cadavre est la sépulture 964. Il s’agit d’un individu de 1 an à 1 an et demi,
mis en terre accompagné d’une grande assiette, d’une
urne et de deux pots vides. Il portait un pendentif. Sur
son côté gauche se développent les restes d’une jeune
poule adulte (fig. 9). Toutes les parties anatomiques sont
présentes et l’animal est en connexion. Il est posé sur
son côté droit, vers le défunt, et les postérieurs sont en
extension. La présence de la tête, de l’extrémité des ailes
et des phalanges postérieures indique que l’oiseau était
complet et sans doute non plumé. Sous lui, au niveau des
tibiotarses, trois vertèbres lombaires révèlent l’existence
d’un dépôt carné supplémentaire de jeune porc.
L’analyse des autres inhumations d’immatures ne permet pas de savoir si des dépôts ont été effectués. La fouille
des sépultures a mis au jour des vestiges qui pourraient
être des morceaux de viande mais il demeure un doute
sur leur lien avec les pratiques funéraires (182 [fragment
de crâne de porc], 627 [côte, crâne et talus de porc], 825
[ulna de porc], 1008 [humérus de capriné], 1032 [crâne
de porc]). D’autres structures livrent des restes, mais dont
la faible valeur alimentaire permet d’exclure l’hypothèse
de dépôt volontaire (550 [phalange de porc], 627 [dent de
capriné], 705 [calcanéum de porc]) ou dont la taille semble
indiquer qu’il s’agit des vestiges résiduels (687 [vertèbres
d’équidés], 629 [cervicale complète de bœuf]…).
La question se pose aussi pour les inhumations de
nouveau-nés, il a été difficile de déterminer le niveau
d’appartenance des os animaux aux couches sépulcrales.
En effet, les vestiges fauniques n’ont pas été repérés
lors de la fouille comme étant lié aux défunts. Dans la
majorité des cas, il doit s’agir de vestiges présents dans
le comblement de la fosse. Une cinquantaine de restes
de porcs, dont certains proviennent de parties consommables (morceaux d’épaules) et quelques os d’autres
taxons, posent cependant la question de la possible
relation entre certains d’entre eux et des pratiques alimentaires liées aux funérailles.
Pour ce qui concerne les tombes à crémations (fig. 10),
de nombreux restes animaux brûlés ont été mis au jour ;
ils sont de loin les plus nombreux sur le site (N = 3191).
Ils peuvent être mêlés aux os humains dans les bûchers,
dans les sépultures secondaires à incinération ou dans les
fosses de rejets de crémation, mais sont aussi présents
dans le sédiment de comblement des inhumations, des
enclos fossoyés ou dans les épandages. Dans le premier
cas, on peut envisager sans grand risque d’erreur que les
restes proviennent de dépôts carnés mis en place sur le
bûcher au moment de la crémation du corps ; dans le
deuxième cas les restes ont la même origine et sont sans
doute à lier aux funérailles, mais les creusements successifs des tombes, des bûchers et des niveaux de sols les ont
éparpillés et disséminés dans le sédiment.
Pour ce qui concerne les ossements animaux trouvés
dans les sépultures à crémation, quelques urnes d’enfants
ou de jeunes adolescents ont livré des esquilles indéterminées (sépultures 341, 390, 618 et 667). Quelques
autres contenaient des restes déterminables.
La sépulture 601 est une crémation secondaire d’un
jeune adolescent d’environ 10-15 ans (les os ont été
déposés en pleine terre). Mêlés aux restes humains brûlés, une extrémité proximale de diaphyse d’humérus
de porc et un fragment de l’épiphyse du même os ont
été mis au jour. Il s’agit d’un morceau d’épaule droite.
Cinq autres fragments proviennent peut-être de ce même
morceau mais ils ne sont pas déterminables. Les os sont
noirs, révélant une température de crémation modérée. Il
est probable que la pièce de viande a été déposée en périphérie du bûcher et a donc moins souffert de la chaleur.
La sépulture 816 contenait un adulte en pleine terre et
un enfant de 3-4 ans dont les os étaient déposés dans une
urne. Dans le comblement de la fosse sont présents un
fragment de vertèbre de porc et trois esquilles indéterminées. Il n’est pas possible de savoir si les os animaux
sont liés à la sépulture, mais, si c’était le cas, on serait
plus enclin à les associer à l’adulte (qui se situe en pleine
terre) qu’à l’enfant, dont les os sont contenus par l’urne.
La tombe 152-04 (celle d’un adulte et d’un enfant de 1
à 4 ans) a livré un métapode latéral de porc, un carpe et
un indéterminé, probablement vestige d’un bas de patte
antérieur. Dans la tombe 974 (enfant de 3-4 ans) a été
mis au jour un petit fragment de crâne de porc.
Neuf tombes sur les seize renfermant des enfants ou
des jeunes adolescents brûlés ont livré des fragments
d’os animaux (soit 56 %). Pour les adultes, la proportion
est moindre, puisque seules 14 tombes sur les 45 en sont
pourvues (soit 31 %). Mais les effectifs sont cependant
assez faibles, les données peu claires, et il serait peu prudent de conclure en un traitement particulier des dépôts
alimentaires pour les enfants.
323
SÉBASTIEN LEPETZ
tête
ailes/
carcasse
cuisses
pieds
Fig. 9. Sépulture 964 de Soissons. Dépôt animal dans la tombe d’un enfant de 1 à 1,5 an.
Tombe974(enfantde3-4ans)
Unfragmentdecrânedeporc
Tombe601(individude10-15ans)
Cinqindéterminés,unfragmentd'humérus
dejeuneporccarboniséquicorrespondà
unepartied'épaule
Tombe816(adulteetenfantde3-4ans)
Unfragmentdevertèbrelombairedeporc
ettroisindéterminésdepetitbétail
Tombe152-04(adulteetenfantde1-4ans)
Unmétapodelatéraldeporc,uncarpe
etunindéterminé
Fig. 10. Vestiges animaux brûlés mis au jour dans les sépultures d’enfants à crémation de Soissons.
324
LES RESTES ANIMAUX DANS LES TOMBES D’ENFANTS À LA PÉRIODE ROMAINE
Fig. 11. Pupput. Vue d’une partie de la nécropole.
Fig. 12. Squelette de chien mis au jour dans une fosse au milieu des sépultures humaine et à proximité d’une tombe d’enfant.
325
SÉBASTIEN LEPETZ
Les dépôts de Pupput (Tunisie)
La nécropole romaine de Pupput se situe à 70 km au
Sud-Est de Carthage (Tunisie) ; elle est fouillée depuis
plus de 15 ans par une équipe dirigée par A. Ben Abed
et M. Griesheimer (Ben Abed, Griesheimer 2004 ; de
Larminat 2011) et a permis de dégager environ 2.000
tombes datées du IIe au IVe s., groupées dans des enclos
familiaux (fig.11).
L’analyse archéozoologique a concerné des os brûlés
mêlés à des restes humains incinérés, des os non brûlés
posés sur les cadavres inhumés, des os brûlés mis au jour
dans des fosses n’ayant pas livré d’os humains, des os
non brûlés présents dans des remplissages de tombes ou
sur des niveaux entre des caissons, une tombe d’animal
(tombe 2406 – US 620), et des os d’animaux provenant
d’un puits. Dans les incinérations, les restes animaux ne
sont jamais très nombreux et toujours fragmentés. Il est
alors souvent difficile de déterminer si les éléments mis
au jour proviennent d’animaux complets dont la majeure
partie des os a été détruite sous l’action des flammes ou
s’ils proviennent de pièces de viandes isolées. La question se pose moins pour le porc que pour la volaille dont
les pièces osseuses sont particulièrement fragiles. Que
peut représenter par exemple un unique fragment isolé
de fémur de poulet ? Les restes du repas pris par les
vivants et jetés dans les flammes au moment de la crémation, une cuisse déposée dans un bol sur le bûcher ou
les restes d’un animal complet ?
Pour ce qui concerne les inhumations, les cas sont
moins difficiles dans la mesure où les os sont souvent
plus nombreux. Mais les conditions de conservation
n’ont malgré tout pas permis la préservation de toutes
les pièces osseuses, ce qui laisse souvent planer un doute
sur le caractère complet ou non des animaux déposés.
Si aucun indice ne permet de l’attester de manière formelle, la position des dépôts dans la tombe, souvent sur
le cadavre, permet d’écarter l’hypothèse de restes de
repas et privilégier celle de dépôts organisés.
Sur les 1278 tombes étudiées (dont les analyses
anthropologiques ont été assurées par P. Bailet et S. de
Larminat), 46 ont livré des restes animaux (soit 3,6 %).
Des ossements de porcs, de mouton et de coq ont été
trouvés mêlés aux os humains brûlés. Aux côtés des
corps inhumés, le taxon le mieux représenté est le coq,
suivi du mouton ; le porc est quant à lui très minoritaire.
Les tombes d’enfants en sont peu pourvues, puisque
seules 0,8 % des sépultures ont donné des restes fauniques (soit trois inhumations et une incinération).
La fouille de la tombe 785, celle d’un enfant de 3 à
4-5 ans, a permis de mettre au jour une extrémité distale de fémur de poulet qui pourrait donc correspondre au
326
dépôt d’un morceau pris dans une cuisse. La tombe 2178,
celle d’un individu de 7 ans, a livré deux humérus droit et
gauche d’un jeune oiseau sauvage de petite taille et juvénile. On reste perplexe quant à de tels vestiges. Il ne s’agit
pas d’ailes d’oiseau complètes mais de deux os isolés
d’une même bête. Il faut sans doute interpréter prudemment leur présence. Enfin dans les tombes 854 (enfant de
9 à 14 ans) et 1109 (enfant de 2 ans) ont été trouvés des
restes de coquille d’oiseau de la taille de la poule.
En guise de conclusion
Le panorama dressé à partir de ces trois nécropoles
permet plusieurs constatations :
1. Des dépôts impliquant l’animal sont présents dans des
tombes d’enfants ; ils ont été placés aux côtés de l’individu inhumé ou déposés sur le bûcher.
2. Il ne semble pas y avoir de règle quant à leur abondance, puisqu’à Pupput les dépôts animaux sont moins
fréquents que pour les adultes ; à Soissons, l’inverse se
produit, tandis qu’à Pompéi les proportions sont équivalentes. On peut envisager une disparité géographique,
mais il faudrait que d’autres cas puissent confirmer que
les tombes d’enfants reçoivent une attention particulière, différente selon les provinces où sont implantés les
cimetières.
3. La forme de ces dépôts ne se distingue pas de celle
observée dans les sépultures d’adultes.
4. Il n’y a pas d’espèces liées spécifiquement aux enfants,
ni de parties anatomiques préférées.
5. Lorsque le statut social des enfants est connu (par
exemple à Pompéi), on ne remarque aucune distinction
entre les individus.
6. Les espèces déposées sont essentiellement du porc,
du coq domestique (y compris des œufs) et du mouton. Le bœuf et les autres taxons, cheval et chien, sont
excessivement rares et sont, pour les deux derniers, probablement sans lien avec les rituels. Nous avons aussi,
pour conclure, cherché si à savoir s’il pouvait y avoir un
lien entre les tombes d’enfants et les sépultures de chien.
On rencontre effectivement dans quelques nécropoles
des fosses contenant les restes squelettiques de canidés. Des travaux récents (Blaizot et al. 2009 p. 83-87)
se sont interrogés sur le lien qu’il pouvait y avoir entre
ces animaux et les jeunes humains. À Pupput, à l’extrémité Sud de l’enclos 106, a été découverte une fosse
dans laquelle ont été mis au jour les restes d’un chien
(fig. 12). L’animal est posé sur son flanc gauche, la tête
à l’Est (Lepetz 2008). Une cavité oblongue (un terrier ?)
a perturbé le squelette. Les membres ont en partie été
bouleversés. Il s’agit d’un mâle de taille moyenne qui
présente la particularité d’être très vieux. Ce chien a été
LES RESTES ANIMAUX DANS LES TOMBES D’ENFANTS À LA PÉRIODE ROMAINE
enterré à côté d’une tombe (d’un enfant de 1 an et demi
à 2 ans) mais le lien stratigraphique avec elle semble
indiquer que la fosse est antérieure à la tombe d’enfant.
Il semble bien que l’on n’ait pas enterré le chien à côté
de l’enfant mais l’enfant à côté du chien. D’autres
exemples de ce type sont connus.
Dans la nécropole du Bas Empire de Oudenbourg (en
Flandres, IIe-IVe apr. J.-C., Gautier 1972), le crâne, les
mandibules et les os postcrâniens d’un chien ont été mis
au jour dans le comblement de la tombe 76. L’animal se
situait à l’extrémité de la fosse, mais en dehors du cercueil. Il s’agit d’un petit chien de 40 à 50 cm au garrot.
Dans un cimetière romain situé en Allemagne, près
d’Heidelberg (Teichert 1987), un canidé a été enterré a
proximité d’un enfant. La taille de l’animal (22 cm au
garrot) correspond bien à celle d’un chien de compagnie.
On peut bien sûr envisager un lien entre les deux êtres
durant leur vie, que marquerait alors la proximité de leur
inhumation, mais le lien stratigraphique entre eux est
difficile à établir. D’autres cas sont connus (voir Blaizot
et al. 2009 p. 87), mais l’association entre chien et enfant
dans une même tombe n’est jamais établie. On doit
sans doute chercher à expliquer le phénomène par les
modes d’implantations similaires de certaines sépultures
d’enfants et de celles des chiens : à l’extérieur des villes
mais souvent hors des cimetières d’adultes ; et c’est souvent d’ailleurs dans les mêmes zones que sont situés les
espaces où l’on abandonne des cadavres d’équidés morts
dans la ville, vestiges que l’on trouve aussi éparpillés ici
et là sur certains sites du suburbium (Lepetz et al. 2010).
Bibliographie
Ben Abed, Griesheimer 2004 : BEN ABED (A.), GRIESHEIMER (M.) – La
nécropole romaine de Pupput. Rome, École française de Rome, 2004.
Blaizot et al. 2009 : BLAIZOT (F.) eT al. – Pratiques et espaces funéraires
de la Gaule durant l’antiquité. Gallia, 66, 1, 2009.
Gautier 1972 : GAUTIER (A.) – Dierenresten van het laatromeins grafveld te
Oudenburg (prov. West-Vlaanderen, België). Helinium, 1972, p. 162-175.
Gissinger 2010 : GISSINGER (B.) et collaborateurs – Ancienne Caserne
Gouraud — Fouille archéologique préventive d’une nécropole antique de
Soissons (aisne, Picardie). Rapport final d’opération, 2010.
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romaine : gestes, pratiques et rituels – afrique Proconsulaire, Numidie et
Maurétanie Césarienne (Ier-IIIe s. de n. è.). Thèse de doctorat d’archéologie, Aix-Marseille Université, 2011.
Lepetz 2008 : LEPETZ (S.) – Dépôts carnés et tombes de chien à Pupput. Les
Dossiers d’archéologie, 330, 2008, p. 90.
Lepetz, Van Andringa 2004 : LEPETZ (S.), VAN ANDRINGA (W.)
328
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l’apport conjoint des os et des textes. In : Barray (L.) éd, Archéologie des
pratiques funéraires : approche critique. actes de la table ronde des 7-9 juin
2001 à Glux-en-Glenne. Université de Dijon, 2004, p. 161-170.
Lepetz et al. 2010 : LEPETZ (S.), BEMILLI (C.), PLUTON-KLIESH (S.)
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Scheid 1998 : SCHEID (J.) – La religion des Romains. Paris, Armand Colin,
1998.
Teichert 1987 : TEICHERT (M.) – Brachymel dogs. Archéozoologica, 1987,
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de la nécropole romaine de Porta Nocera (2003-2007). Rome, École française de Rome, 2012.
Des objets pour les bébés ? Le dépôt de mobilier dans les sépultures
d’enfants en bas âge du monde grec archaïque et classique
Céline Dubois*
« Un mort n’est pas semblable à un vivant, mais par
la mort la raison connaît le vivant »
Hippocrate, Du Régime I, XII, 2, 10.
Abstract. Burial customs were essential to the ancient
Greeks but researchers, inspired by classical literature,
have usually assumed that the rituals associated with the
death of infants were more limited. However, archeological evidences seem to give another idea. By studying
the quantity and the nature of the goods deposited in the
babies’ graves, this article aims to reflect on real place of
such infants in the Greek society.
D
ans le monde antique, le régime démographique de la population se définit, en premier
lieu, par une mortalité infantile forte, conséquence de la grande vulnérabilité des enfants de moins
d’un an 1. Survivre à sa première année paraît avoir été
tout aussi difficile et périlleux que de naître. Pourtant,
les pratiques funéraires liées à la naissance et à la mortalité des enfants en bas âge sont peu présentes dans
les sources littéraires. Le monde des mineurs (enfants,
femmes, esclaves…) est délaissé au profit des hommes
adultes et il est peu fait mention du traitement funéraire
des très jeunes immatures. Les textes évoquent brièvement, tout au plus, ces morts lorsqu’elles paraissent
exceptionnelles par le pathos qu’elles occasionnent,
sans décrire le traitement funéraire des enfants, ni la
place réelle que les décès de ces derniers pouvaient
occuper dans la société grecque 2. Or, si la mort en
* Je remercie particulièrement Véronique Dasen et Antoine
Hermary pour leurs conseils et remarques qui m’ont permis de
rédiger cet article.
1 Durant la période antique, selon Raphaël Durand, 43 à 52 % des
enfants mouraient avant leur première année : Durand 2003, p. 97.
En ce qui concerne le cas particulier des enfants morts en période
périnatale et post-néonatale voir Duday (H.), Tillier (A.-M.) – Les
enfants morts en période périnatale. Bulletins et Mémoires de la
Société d’anthropologie de Paris, 2, fasc. 3-4, 1990, p. 29-50.
2 La mort d’Opheltès et, plus particulièrement, le chagrin
exprimé par Hypsipyle sa nourrice sont, à ce titre, particulièrement
significatif : Euripide, Hypsipyle, fr. 60 I+87. Seuls les rituels liés à
la mort d’Astyanax ont été décrits par Euripide dans les Troyennes,
mais il s’agit de rituels habituellement réservés aux hommes dont
tant que « moment-crise » pour les vivants (Delamard,
Mariaud 2007, p. 66) et passage pour les défunts, est
l’occasion de préciser, par des rituels spécifiques, les
identités sociales des individus décédés (au sein de la
famille, des groupes sociaux élargis, de la cité…), il faut
s’interroger sur l’existence ou non de pratiques funéraires différenciées pour les défunts morts en bas âge.
En effet, en s’inspirant de l’anthropologie sociale 3 et des
travaux d’historiens modernes 4, certains chercheurs ont
pu interpréter les textes antiques en postulant que la mort
des enfants dans la première année entraînait des rituels
succincts, plus sommaires que pour les adultes 5.
L’étude du mobilier funéraire déposé dans les sépultures de nourrissons et de périnatals peut nous amener à
nuancer ce propos et, peut-être, nous permettre de saisir
une partie de l’identité des tout-petits. En effet, la pratique du dépôt dans les sépultures, élément déterminant
de l’attention portée au défunt, est communément considérée comme un reflet de la personnalité sociale de la
personne décédée. Or, les tout-petits – ni tout à fait intégrés à la cité, ni encore tout à fait considérés comme
individu – ont souvent été présentés par les Anciens, et
à leur suite par les auteurs modernes, comme des êtres
mineurs appartenant encore au monde de la nature et
donc exclus de la société, voire malfaisants en cas de
décès (contra : Baills-Talbi, Dasen 2008, p. 595-598).
L’une des questions soulevées par ce statut supposé
l’évocation dans une tragédie avait probablement pour but de
renforcer le pathos des spectateurs (Euripide, Troyennes, 1153-1203).
3 Zonabend, 1988, p. 37. Elle renvoie notamment aux travaux de
Robert Hertz et d’Arnold Van Gennep : Van Gennep (A.) – Les rites de
passage. Paris, Nourry, 1909, p. 229-230, et Hertz (R.) – Contribution
à une étude sur la représentation collective de la mort. Année
Sociologique, 10, 1907, p. 48-137, plus spécialement p. 133-134.
4 Principalement les premiers travaux de Philippe Ariès sur
l’apparition du « sentiment de l’enfance » durant l’Ancien Régime :
Ariès (Ph.) – l’enfant et la vie familiale sous l’ancien régime. Paris,
Seuil, 1960.
5 Platon, La République, X, 615c ; Plutarque, Consolation à
apollonios, 23 ; Consolation à sa femme, 611e-612a. Pour le monde
romain, Néraudau 1987, p. 196 ; pour le monde grec, Finley (M. I.) –
The Elderly in Classical Antiquity. In : Falkner (T. M.), de Luce (J.)
dir., Old Age in Greek and latin literature. Albany, State University
of New York Press, 1989, p. 1-20.
329
CÉLINE DUBOIS
Marseille
Apollonia
du Pont
Métaponte
Vitsa
Samothrace
Erétrie
Himère
Corinthe
Athènes
Vroulia
0
Camiros
250 km
Fig. 1. Carte des sites étudiés (C. Dubois).
concerne le mobilier 6 déposé dans les sépultures de
bébés et de nourrissons : dans quelle mesure est-il susceptible de nous aider à préciser la position de ces petits
êtres au sein des structures familiales, voire dans le cadre
plus vaste de la cité ?
Si des éléments communs peuvent être constatés
au sein du monde grec, les pratiques funéraires ne sont
cependant pas uniformes et obéissent à des croyances
et à des rituels spécifiques, propres à chaque cité. Je
propose donc d’aborder ces différentes questions à travers l’étude de sites de référence répartis dans le monde
grec (fig. 1). Ces sites abritent tous des nécropoles ayant
fait l’objet d’une publication pouvant servir de base à
une étude approfondie des traitements funéraires et des
fonctionnements spécifiques locaux. Mais les espaces
funéraires considérés ici n’ont pas tous pu bénéficier
d’une étude anthropologique précise des restes osseux.
Pour mener à bien ce travail, j’ai donc choisi de considérer comme sépultures d’enfants en bas âge celles qui
combinaient deux critères principaux : la présence d’ossements de petites tailles sans trace d’incinération et la
dimension de la sépulture qui ne devait pouvoir contenir
qu’un enfant de moins de 60-70 cm 7.
6 Dans cette étude, le terme de mobilier funéraire comprend tous les
objets en terre cuite, métal, céramique… déposés intentionnellement
autour mais également à l’intérieur des sépultures.
7 Pour les tombes qui ne sont pas des enchytrismes, cette étude tient
compte uniquement des sépultures découvertes dans des nécropoles
où le rituel funéraire comportait un dépôt des corps en position
allongée. L’analyse proposée ici sous-estime donc probablement
la réalité, comme en témoignent les quelques sépultures d’enfants
retrouvées dans des tombes dont la taille correspondait à celle d’un
adulte (Hermary, Satre, à paraître).
330
Dépôt et quantité de mobilier funéraire associés
aux sépultures d’enfants en bas âge
Les dépôts funéraires à l’extérieur des sépultures
Si la pratique du dépôt funéraire est ancienne dans le
monde grec, il existe peu de témoignages précis sur son
déroulement ou sur ses réelles significations. Le répertoire des lécythes attiques à fond blanc nous suggère
toutefois l’existence de cérémonies commémorant les
défunts adultes (fig. 2). Cependant, on possède peu de
peintures sur vases figurant des dépôts funéraires pour
les enfants et encore moins pour les tout-petits, hormis
quelques rares exceptions souvent difficiles à interpréter
en ce qui concerne l’âge précis du défunt. Sur le décor
de certains lécythes, des enfants nus de très petite taille,
à genoux sur la base de la stèle ou directement assis dessus, pourraient indiquer l’eidôlon d’un enfant décédé en
bas âge (fig. 3a-b) 8. Ces peintures témoignent souvent
de pratiques qui ont pu ne laisser aucune trace archéologique, comme le dépôt de bandelettes ou de couronnes
végétales (Hermary et al. 2010, p. 152-153). Le dépôt de
vases à l’extérieur des sépultures de tout-petits est également attesté sur quelques représentations qui peuvent
être corrélées par les sources archéologiques aujourd’hui
disponibles (fig. 3a).
8 Comme me l’a fait remarquer justement Véronique Dasen, il est
assez peu probable que des monuments à degrés aient pu être érigés
pour la mort d’un enfant aussi jeune. Il faut donc s’interroger sur le
choix des peintres : s’agit-il bien de la commémoration d’un enfant
en bas âge ou la présence de tels monuments dans l’imagerie de la
toute petite enfance reflète-t-elle juste un mode de représentation ?
LE DÉPÔT DE MOBILIER DANS LES SÉPULTURES D’ENFANTS EN BAS ÂGE DU MONDE GREC ARCHAÏQUE ET CLASSIQUE
sépultures 148 et 207) 11. À Marseille, la tombe 254 qui
contenait un périnatal pourrait être, à ce titre, particulièrement probante. En effet, il s’agit de la seule sépulture
de la nécropole Sainte-Barbe qui contenait un élément
floral percé au centre, où figurent dix boutons (floraux
et/ou végétaux), identifié comme un corymbe destiné
à une couronne funéraire 12. Si cette interprétation est
exacte 13, il serait tentant de songer à une forme d’élément de parure de la tombe, voire du contenant funéraire
que l’on peut retrouver dans le répertoire figuré des
lécythes attiques à fond blanc (fig. 2).
Les découvertes archéologiques, en complétant les
apports de l’iconographie, paraissent bien témoigner
d’une possible existence de rituels autour des sépultures
de nouveau-nés et de nourrissons dès le VIIe s. Ainsi,
loin de recevoir une attention minimale à cause de leur
très jeune âge, les tout petits défunts ont pu faire l’objet
sinon de rituels similaires aux adultes, au moins d’un
certain soin, voire d’une volonté de les célébrer et de
commémorer leur mémoire.
La quantité de mobilier déposée à l’intérieur des
sépultures
Fig. 2. Lécythe attique à fond blanc du Ve s. Musée National
d’Athènes, CC 1698 (Tzachou-Alexandri 1998, pl.39).
En effet, si le mobilier funéraire est, dans la majorité
des cas, retrouvé à l’intérieur des tombes, la présence de
vases et autres objets (clous, figurines…) est parfois également attestée à l’extérieur des sépultures d’enfant dont
l’âge a pu être compris entre 0 et 1 an 9. Leur proximité
et leur datation indiquent un dépôt funéraire intentionnel lié à des rituels de célébration et de commémoration
du défunt. À Corinthe, pas moins de cinq sépultures de
tout-petits datant du VIIe et du VIe s. ont été découvertes
accompagnées de céramiques déposées à l’extérieur
du contenant (fig. 4 a-c) 10. Il s’agit pour l’essentiel de
vaisselle : skyphoi, lécythes, etc., qui ont pu servir après
l’inhumation ou lors de visites à la tombe. Ce même
type de dépôt a également été retrouvé à Rhodes dans
les nécropoles de Camiros, où de nombreuses sépultures
d’enfants en bas âge ont été découvertes entourées de
mobilier funéraire : de la vaisselle à boire et à verser,
mais aussi quelques figurines en terre cuite (une korè et
un homme trônant découverts respectivement autour des
9 Très peu de publications de fouilles tiennent compte du mobilier
découvert à l’extérieur des sépultures. L’importance des pratiques
dont témoignent ces tombes est donc sûrement largement sousestimée (voir Hermary et al. 2010, p. 153).
10 Blegen et al. 1964, t. 70, 128, 142, 163 et 172. Voir également le
catalogue de Keith Dickey qui reprend les numéros d’inventaire de la
première publication (Dickey 1992).
Si les objets déposés intentionnellement autour des
sépultures peuvent être des témoignages essentiels sur
l’attention apportée aux défunts, c’est le mobilier découvert à l’intérieur des tombes qui est généralement utilisé
comme indicateur pour déterminer la position sociale et
économique que pouvait avoir un individu de son vivant.
Pour les nouveau-nés et les nourrissons, il est habituel de
penser que leurs tombes sont moins bien pourvues que
celles des adultes et des autres enfants, voire ne peuvent
qu’être vides d’offrandes. Ce traitement différencié
serait lié à l’âge du défunt qui, en mourant trop tôt,
n’aurait pas eu le temps d’être reconnu comme membre
du premier cercle, la famille. À Athènes cette reconnaissance se faisait en deux temps : une première fois lors
de la cérémonie des Amphidromies où l’enfant, environ
sept à dix jours après la naissance, est introduit dans le
foyer familial par une circumambulation, le deuxième
11 À titre d’exemple, pour Camiros voir Jacopi 1931, t. 148,
160, 183, 207, 213. Ces sépultures ont été de nouveau étudiées par
C. Gates (1979, nos 36, 61, 66, 98, 164). Elles ont été datées pour
les plus anciennes du VIIe s., à partir du mobilier déposé dans la
sépulture et en dehors.
12 Moliner et al. 2003, T. 254 p. 272. Des objets comparables sont
connus dans les nécropoles grecques d’Italie : dans la nécropole
méridionale d’Héraclée (Pianu 1990, t. 53), et surtout dans la
nécropole de Tarente (Graepler 1997, p. 119, fig. 8), mais aussi dans
celle d’Akraiphia en Béotie (Andreiomenou 1994, p. 105).
13 Sur la difficile interprétation de l’objet percé, voir l’article de
Manuel Moliner dans ce volume.
331
CÉLINE DUBOIS
moment étant l’imposition du nom lors de la Dékatè, une
dizaine de jours après la venue au monde 14. Mais s’il
apparaît effectivement que, dans certaines nécropoles,
les périnatals ne recevaient aucun dépôts de mobilier 15,
il ne s’agit pas d’une pratique systématique. Les sites qui
ont fait l’objet de fouilles exhaustives présentent ainsi
une réalité plus nuancée. L’exemple de la nécropole
Nord de Corinthe, fouillée dans son intégralité, éclaire,
à ce titre, notre propos 16. En effet, pour la période
archaïque, on constate qu’un peu plus de la moitié des
sépultures d’enfants de ± 1 an ont été retrouvées vides
de mobilier, mais près de 70 % des sépultures d’enfants
de plus d’1 an étaient également vides et plus de 40 %
des tombes d’adultes n’avaient fait l’objet d’aucun dépôt
funéraire (Graphique 1). À partir du Ve s., le nombre de
sépultures sans mobilier funéraire diminue et, excepté
quelques rares exceptions concernant l’ensemble des
catégories d’âge sans distinction, les tombes contenaient
toutes au moins un objet. Ainsi les sépultures d’enfants
en bas âge de Corinthe ne paraissent pas avoir été plus
concernées par l’absence de mobilier funéraire que
celles des autres individus plus âgés.
En étudiant le nombre d’objets et de vases déposés
dans les tombes dont l’âge du défunt a été déterminé
par une analyse anthropologique précise, l’hypothèse
d’un traitement funéraire minimal systématique des
périnatals et des nourrissons doit être, là encore, reconsidérée. Dans la nécropole Sainte-Barbe de Marseille, les
objets et vases découverts dans les sépultures dites de
la phase 1, autrement dit du IVe s., présentent une répartition par âge au décès relativement hétérogène, même
si la catégorie des enfants décédés en bas âge semble
légèrement moins bien pourvue (Graphique 2) 17. Les
rapports peuvent même être inversés, comme c’est le cas
des sépultures découvertes sur le site de Métaponte 18.
14 Paradiso 1988. Malheureusement, on ne possède aucun
témoignage sur un âge précis d’intégration des nouveau-nés au sein
du cercle familial dans les autres cités grecques, ni sur l’existence de
telles cérémonies en dehors d’Athènes. Pour une étude globale de ces
rituels avec bibliographie, voir Dubois 2004 et Dasen 2011.
15 Voir l’article de Sophie Bouffier dans ce volume.
16 Plus de 300 sépultures y ont été découvertes pour la période
allant du VIIIe au IVe s. (Blegen et al. 1964).
17 On dispose d’un total de 36 sépultures dont l’âge au décès du
défunt a bien été identifié. Ces sépultures peuvent être divisées en
trois catégories : 9 sépultures d’enfants dont l’âge a été estimé à
1 an et moins, 6 sépultures d’enfants de plus d’1 an et 21 sépultures
d’adultes (Moliner et al. 2003).
18 Carter 1998 : découverte et publication de 362 sépultures,
majoritairement d’époque classique, réparties dans trois nécropoles
rurales. Parmi ces sépultures, on compte 286 adultes et 76 enfants,
dont au moins 17 pour lesquels l’âge au moment du décès a été
estimé à moins d’1 an.
332
Fig. 3a. Lécythe attique à fond
blanc (v. 440), Atlanta, Emory
University Mickael C. Carlos
Museum, Carlos Collection
of ancient Greek Art, 1999. II,
1 (Oakley 2003, p. 172).
Fig. 3b. Lécythe attique à fond blanc
(475-425), Musée national d’Athènes
inv. 17521 (CVA, Athens, Musée
National 2, III. Pl. 23.2 ou 24.2.)
Les Graphiques 3 et 4 présentent le nombre moyen de
vases et d’objets découverts dans les sépultures. Aucun
des deux graphiques ne montre de traitement différencié
net en fonction de l’âge au décès du défunt. On constate
même un nombre moyen d’objets par sépulture légèrement plus important dans les tombes d’enfant de moins
d’1 an que dans celles des autres catégories.
Si les sépultures de tout-petits semblent donc être
généralement caractérisées par l’absence de mobilier, il
ne s’agit pas d’une spécificité particulière à ces défunts,
ni d’une pratique systématique dans le monde grec 19.
Mais qu’en est-il si l’analyse des catégories d’âge
devient plus fine entre les périnatals, les nourrissons
de 0-6 mois et les petits de 6 à 12 mois ? Il est encore
difficile de répondre à cette question tant les publications distinguant les différents âges infantiles sont rares.
Toutefois quelques études permettent aujourd’hui de
faire une distinction plus précise. Ainsi à Métaponte,
sur l’ensemble des sépultures d’enfants dont l’âge a été
estimé à moins de 6 mois, presque toutes contenaient au
19 Sur les sites où l’absence de mobilier paraît avoir été une
particularité des enfants de moins de 6 mois, voir Kallintzi,
Papaikonomou 2010, p. 137.
LE DÉPÔT DE MOBILIER DANS LES SÉPULTURES D’ENFANTS EN BAS ÂGE DU MONDE GREC ARCHAÏQUE ET CLASSIQUE
a
b
c
Fig. 4. Corinthe, mobilier découvert à l’extérieur des sarcophages
(Blegen et al. 1964, a. tombe 172 b. tombe 142, c. tombe 163).
Fig. 5. Himère, tombe W973 : enchytrisme en amphore
contenant un squelette de nouveau-né accompagné d’un
petit vase à verser (Vassallo, Valentino 2010, p. 98).
100%
100%
80%
80%
60%
60%
40%
40%
20%
20%
0%
0%
Enfants
Enfants
de moins d'1 an +/- de plus d'1 an
Enfants
de moins d’1 an
Adultes
Enfants
de 1 à 14 ans
Adultes
% de sépultures contenant au moins objet/vase
% de sépultures contenant au moins un objet/vase
% de sépultures vides
% de sépultures vides
Graphique 2. Pourcentage de sépultures vides et contenant
au moins un objet (vase ou autre) par catégorie d’âge dans
la nécropole Sainte-Barbe à Marseille au IVe s. (phase 1).
Graphique 1. Pourcentage de sépultures vides et contenant
au moins un objet (vase ou autre) par catégorie d’âge dans
la nécropole Nord de Corinthe à l’époque archaïque.
3
2
2,5
1,5
2
1,5
1
1
0,5
0,5
0
0
moins
de 1 an
1-3 ans
plus
de 3 ans
Enfants
(age indét.)
Adultes
Graphique 3. Nombre moyen de vases par sépulture en fonction
de l’âge au décès à Métaponte.
moins
de 1 an
1-3 ans
plus
de 3 ans
Enfants
(age indét.)
Adultes
Graphique 4. Nombre moyen d’objets (hors vases) par sépulture
en fonction de l’âge au décès à Métaponte.
333
CÉLINE DUBOIS
Fig. 6. Mobilier découvert dans la tombe 213 d’un enfant
de quelques mois à Camiros (VIe s.) (Jacopi 1931, fig. 416).
moins deux objets, en majorité des vases 20. À Apollonia
du Pont, sur les quatre sépultures de nourrissons retrouvées, trois contenaient au moins trois objets (vases et
autres : monnaie, figurine, bijoux…), auxquelles il faut
aussi ajouter la présence d’une tombe de périnatal qui
contenait quatre lécythes comportant des traces de bris
rituels 21. D’autres nécropoles témoignent de l’existence
de dépôt funéraire dans les sépultures de périnatals, voire
de fœtus. Des exemples sont présents en Grèce dès les
VIIIe et VIIe s., comme à Plinthos sur l’île de Naxos ou
à Érétrie22. Mais c’est surtout à partir de l’époque classique que les trouvailles se multiplient, dans les colonies
grecques principalement. À Himère, la fouille de la
nécropole Ouest a ainsi livré des fœtus et des nouveaunés inhumés avec du mobilier (fig. 5) 23. À Métaponte
trois sépultures de périnatals ont également fait l’objet
de dépôt funéraire. Enfin on peut mentionner le corymbe
et les plaquettes de calcaire blanc associés à la sépulture
d’un enfant âgé de moins de sept jours dans la nécropole
Sainte-Barbe de Marseille 24.
20 Carter 1998, t. 269, 271, 307, 308, 337, 312 et 345. Ces
sépultures ont toutes été datées du Ve s., exceptées les tombes 269 et
345 qui semblent être un peu plus récentes, peut-être du IVe s.
21 Tombes 240, 247, 266 et 363 (Panayotova, en cours de
publication). Ces sépultures d’enfants de moins de 6 mois dataient
toutes de l’époque classique (Ve -IVe s.). Sur les sépultures d’enfants
d’Apollonia du Pont voir Koeller, Panayotova 2010, p. 253-264.
Concernant les différentes formes de bris rituel voir l’étude de
Blaizot et al. 2009, p. 47-52 pour la Gaule.
22 Deux sépultures à enchytrisme contenant des fœtus ont été
retrouvées dans la nécropole de Plinthos (voir Zaphiropoulou 2010,
p. 243-244). À Érétrie, Béatrice Blandin a décrit au moins deux
sépultures de fœtus et de nouveau-nés à terme ayant fait l’objet de
dépôt funéraire (vases ou coquillages) au VIIIe s. : Blandin 2007,
p. 25 et 86. Sur l’interprétation de leur présence dans une nécropole
voir Blandin 2010, p. 48.
23 Vassallo, Valentino 2010, p. 98, et Vassallo 2010, p. 53.
24 Métaponte : Carter 1998, t. 29, 41 et 116. Marseille : Moliner
et al. 2003, t. 254.
334
Si ces découvertes restent encore éparses, elles
montrent que l’existence d’un traitement funéraire différencié clair et systématique pour des enfants décédés
avant toute cérémonie de reconnaissance (voire mortnés) ne peut être généralisée à l’ensemble des nécropoles
grecques. L’âge au décès ne paraît donc pas être le
premier critère à retenir pour expliquer la quantité de
mobilier déposée dans la tombe. Le statut et la richesse
de la famille auquel appartenait le défunt, ainsi que les
pratiques en vigueur dans la cité étaient probablement
des facteurs dominants 25. Les résultats du développement de l’anthropologie de terrain devraient, à ce titre,
apporter une image plus précise des pratiques funéraires,
particulièrement pour celles qui entouraient la mort des
enfants en bas âge dans les cités du monde grec 26.
Un mobilier funéraire particulier pour
les tombes de bébés ?
Si la quantité de mobilier déposée dans les sépultures
ne paraît pas être uniquement fonction de l’âge au décès
du défunt, la qualité du mobilier peut, par contre, servir
d’éléments de définition de la personnalité sociale des
tout-petits et du statut qu’ils pouvaient occuper au sein de
la cité et surtout de leur famille. On peut ainsi s’interroger
sur l’existence ou non d’un mobilier funéraire caractéristique des sépultures d’enfant d’âge infantile (0-1 an
révolu) qui témoignerait de leur entrée dans la vie.
La céramique
La plupart du mobilier funéraire déposé dans la
tombe est constitué d’objets fonctionnels appartenant au
répertoire de la vaisselle de table (vases à verser et à
boire principalement) et des vases à parfum. Jean-Marc
Luce parle de défonctionnalisation de ces objets à partir
du moment où ils sont déposés près du corps du défunt
(Luce 2011). S’il n’est pas possible de déterminer avec
précision leur usage dans les rituels funéraires, tant pour
les adultes que pour les enfants, les assemblages de vases
semblent répondre avant tout à des pratiques locales.
Ainsi, dans les nécropoles rhodiennes de Camiros et
25 Sur ce type d’interprétation voir également Shepherd 2007,
p. 93-196.
26 On peut ainsi prendre l’exemple de la nécropole de Souroti, en
Grèce du Nord, où une étude anthropologique a permis d’étudier
124 squelettes dont 53,2 % de nouveau-nés et de nourrissons de moins
d’1 an. Il est apparu que la moitié des sépultures de cette nécropole
contenait un riche mobilier, daté des périodes archaïque et classique :
vases et objets métalliques (bijoux en or, en bronze et en fer) ; voir
Chavéla (K.), Souéref (K.) – aeMTh, 18, 2004 (2006), p. 345-349 ;
Papageorgopoulou (C.) – aeMTh, 18, 2004 (2006), p. 350-356.
LE DÉPÔT DE MOBILIER DANS LES SÉPULTURES D’ENFANTS EN BAS ÂGE DU MONDE GREC ARCHAÏQUE ET CLASSIQUE
Fig. 7. Mobilier découvert dans la tombe 129 de la nécropole Nord de Corinthe (VIe s.) (Blegen et al. 1964, pl. 18).
d’Ialysos les récipients à parfum sont privilégiés ainsi que
les assiettes (Jacopi 1931) (fig. 6). À Corinthe, les vases
les plus régulièrement déposés dans les tombes d’adultes
et d’enfants, quel que soit leur âge, sont les aryballes et
les alabastres (Blegen et al. 1964 ; Dickey 1992) (fig. 7).
À côté de ces particularités, liées souvent aux productions locales, les sépultures de tout-petits ne diffèrent
pas des autres sépultures quant à la nature de la céramique découverte : skyphoi, coupes, lécythes, pyxides,
plus rarement des amphores ou cratères.
Une partie de ce mobilier a été retrouvée en format
miniature. À Métaponte près de 37 sépultures ont été
découvertes avec au moins une miniature, dont cinq
tombes étaient des sépultures d’enfants et une de nourrisson (Carter 1998). À Apollonia, si des miniatures ont
été retrouvées dans six tombes d’enfant, dont une contenait un bébé, au moins trois sépultures d’adultes avaient
également fait l’objet de dépôt de vases miniatures 27.
À Corinthe, des miniatures sont présentes dans les tombes
de nourrissons et d’enfants, mais également dans celles
des adultes et cela dans des proportions similaires 28.
Cette céramique miniature, souvent identifiée comme
un modèle ludique ou comme le symbole d’un avenir
interrompu, ne doit plus, néanmoins, être aujourd’hui
27 Pour les tombes d’adultes voir Hermary et al. 2010, tombes
SP 287, 328, 337 (IVe-début IIIe s.).
28 Blegen et al. 1964 et Dickey 1992. La présence de miniature
dans les tombes, que ce soit d’enfants ou d’adultes, est attestée dans
la nécropole Nord de Corinthe à partir du VIe s. et semble perdurer au
moins jusqu’à la fin du IIIe s. av. J. - C.
systématiquement rattachée au monde de l’enfance.
De fait, les objets miniatures se retrouvent dans deux
types de contexte, religieux 29 et funéraire. Si les céramiques sont les types de miniatures les plus fréquents :
skyphoi, hydries, lécythes…, des objets, voire des
meubles miniaturisés ont également été découverts dans
des espaces domestiques, des sanctuaires et dans des
sépultures. Le mobilier de symposion découvert dans
les sépultures d’adultes de la nécropole de Sindos, ou
encore les chaises en cuir découvertes dans les tombes
d’adultes et d’enfants de Pydna, d’Akanthos ou d’Elis
sont, à ce titre, significatifs de cette pratique (Andrianou
2007). Parmi les nécropoles étudiées ici, on peut évoquer
une sépulture d’époque classique, en fosse, contenant
un enfant de moins de 6 mois à Apollonia du Pont, qui
avait été inhumé avec une table miniature en terre cuite
déposée au niveau du bassin de l’enfant (Panayotova, en
cours de publication). S’il est encore aujourd’hui difficile
d’interpréter avec exactitude ces objets et céramiques en
modèle réduit, il semble que nous soyons en présence
de mobilier dont la simple valeur fonctionnelle a été
dépassée : dons au défunt, aux divinités, rappel d’une
vie passée ou instrument pour la nouvelle existence du
défunt dans l’au-delà… il est difficile de trancher cette
question, mais on peut néanmoins affirmer que leur
destination ne concerne pas uniquement les enfants et
encore moins les nouveau-nés et nourrissons.
29 Sur la présence et l’utilisation de miniatures dans les sanctuaires
voir Ekroth 2003, p. 35-37.
335
CÉLINE DUBOIS
Fig. 8a. Vase à bec tubulaire (hauteur : 4, 6 cm) retrouvé dans la
sépulture d’une jeune femme (Kovacsovics 1990, n°8, pl. 28).
Fig. 8b. Vase à bec tubulaire (hauteur : 6, 3 cm) retrouvé dans
une sépulture d’adulte (Blegen et al. 1964, t. 495, pl. 78).
La question des biberons
D’autres types de mobiliers funéraires sont aussi
régulièrement associés au monde de la petite enfance et
surtout des tout-petits, il s’agit des vases à bec tubulaire
appelés « vase-biberon », « guttus » ou avec une expression en anglais plus neutre quant à son interprétation,
feeding-bottle 30. On possède peu d’informations sur
ces vases qui se retrouvent principalement en contexte
funéraire 31. Une terre cuite béotienne du début du Ve s.
représente une femme nourrissant un très jeune enfant à
l’aide d’un récipient à une anse pourvu d’un long bec verseur (Gourevitch 1992). Cette figurine, dont le contexte
de découverte n’est pas connu, est régulièrement utilisée
pour démontrer le recours possible à une alimentation
artificielle pour les enfants en Grèce. Pourtant, les textes
antiques n’évoquent pas cette pratique avant les recommandations, dans un contexte de sevrage, de Soranos
d’Ephèse (IIe s. apr. J.-C.), et on ne peut que s’étonner de
l’absence d’autres représentations d’enfants au « biberon » dans l’iconographie grecque 32. La découverte sur
l’Agora athénienne de vases à bec tubulaire du Ve s. présentant des traces de dents au niveau de la tubulure paraît
corroborer les écrits de Soranos en témoignant de leur
utilisation comme vase à boire/verser pour des enfants
en période de dentition, soit âgés de plus de 6-7 mois
30 Ce type de vase se retrouve dans les tombes égéennes dès le
Néolithique Récent. Le lecteur pourra se reporter, pour une étude
complète sur l’utilisation des « biberons » à l’Âge du Bronze, à
Pomadère 2007.
31 On peut évoquer à Himère la présence d’un vase à bec tubulaire
découvert en contexte domestique : Tullio (A.) – Isolati XV-XVI. In :
Himera II. Rome, « L’Erma », 1976, p. 373-472, particulièrement
p. 422. Pour des exemples provenant de Grèce voir Villard, Blondé
1992, p. 116 n. 110.
32 Soranos d’Ephèse, Maladies des femmes, II, 17. Il mentionne
l’utilisation de « tétine artificielle » comme substitut au sein
uniquement à l’occasion du sevrage, qu’il situe vers six mois. Le
corpus hippocratique n’évoque pas ce type de pratique.
336
Fig. 9a. Vase pour l’alimentation des malades du XVIIIe s.
(Diderot, d’Alembert, Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences,
des arts et des métiers, Paris, 1751-1780, pl. I, fig. 9).
Fig. 9b. Tasse à malade (XXe s.), musée Flaubert et d’histoire de la
médecine CHU Rouen, inv. 2003.1.3. (© Musée Flaubert/Bruno Maurey).
(Sparkes, Talcott 1970, p. 161-162) 33. Des études
chimiques ont également permis de montrer la présence
de lait à l’intérieur de vases à bec tubulaire retrouvés en
contexte funéraire gallo-romain 34. Ces résultats tendent
à confirmer une utilisation de ces biberons en période de
sevrage. En attendant des études similaires sur des vases
grecs, on observe cependant que, dans les nécropoles où
l’on dispose d’une étude ostéologique, l’alimentation
artificielle ne semble pas avoir concerné uniquement les
enfants de plus de 6 mois. Ainsi à Érétrie on a retrouvé,
dans la tombe d’un fœtus de 8-9 mois lunaires, un vase
33 Sur les doutes émis concernant ces traces de dents voir Villard,
Blondé 1992, p. 117.
34 Rouquet 2004. Pour le monde grec, un vase d’époque
mycénienne a fait l’objet d’analyses qui ont révélé la présence de
traces de cire d’abeille et d’un produit fermenté qui pourrait être de
l’hydromel ou une sorte de bière, un mélange qui paraît être assez
peu propice aux enfants en bas âge (Pomadère 2007, p. 278).
LE DÉPÔT DE MOBILIER DANS LES SÉPULTURES D’ENFANTS EN BAS ÂGE DU MONDE GREC ARCHAÏQUE ET CLASSIQUE
Fig. 10. Chous attique (v. 425-400). British Museum
1842,0728.1123 (© The Trustees of the British Museum).
à bec tubulaire datant de la fin du VIIIe s. (Blandin 2007,
p. 25 et 127). À Apollonia du Pont, ce type de vase avait
également été déposé dans deux sépultures du Ve s.
contenant des nouveau-nés de moins de 6 mois (Koeller,
Panayatova 2010, p. 255). L’idée généralement admise,
pour expliquer leur présence, est que ces dépôts symbolisaient un avenir interrompu, un passage alimentaire dont
l’enfant n’aurait pu bénéficier. Des études biologiques
récentes sur des ossements de la nécropole d’Apollonia
du Pont ont toutefois montré que des enfants de moins de
3 mois n’étaient plus allaités, voire n’avaient jamais été
nourris au sein 35. Ainsi l’utilisation précoce de ces vases
dans l’alimentation des enfants aurait pu aussi intervenir
exceptionnellement en cas de problème : impossibilité
de téter le sein, absence de lait… ou dans le cadre de pratiques locales particulières comprenant une alimentation
artificielle dès la naissance.
Ces vases à bec tubulaire, ces fameux biberons,
sont-ils alors uniquement et systématiquement destinés
aux bébés ou aux enfants en voie de sevrage ? Dans la
nécropole du Céramique, des vases à tubulure ont été
découverts dans des tombes d’adultes, tout comme à
Corinthe (fig. 8a-b) 36. La nécropole de Métaponte est, à
35 Kwok 2008 et Keenleyside, Kwok, à paraître. Se reporter
également à Koeller, Panayatova 2010, p. 255.
36 Athènes : Kovacsovics 1990, p. 13-14 n° 8. Il s’agissait de la
sépulture d’une jeune femme qui contenait en outre une pyxide,
quatre alabastres, un miroir et deux fuseaux. À proximité, une
sépulture à crémation contenait également un vase à bec tubulaire
(ibid., p. 8-9 n° 1), mais l’âge du défunt n’a pas pu être déterminé.
ce titre, particulièrement représentative de cette diversité
d’usage. En effet, sur les 19 sépultures contenant un vase
à bec tubulaire, 16 sont des tombes d’adultes, surtout
des hommes, et une est une sépulture multiple contenant
une femme et un enfant (les deux autres sont des sépultures d’enfants dont les restes osseux n’ont pas permis
de déterminer l’âge) (Carter 1998). Plus généralement,
il semble que, dans les nécropoles grecques d’Italie du
Sud 37, le dépôt de vase à bec tubulaire auprès d’adultes
soit un geste relativement courant, ainsi que dans certaines cités grecques d’Asie Mineure 38. La présence,
certes moins régulière, de ce type de mobilier dans des
tombes d’adultes en Grèce indique toutefois qu’il ne
s’agit pas d’une pratique se limitant exclusivement aux
colonies. Les vases biberons ne paraissent donc pas avoir
été réservés uniquement aux tombes d’enfants et leur
dépôt dans des sépultures d’adultes (hommes et femmes)
relance les questions autour de l’usage de ces récipients,
sur lequel seules les sources littéraires pourraient nous
renseigner précisément. Or, si l’usage de biberon en
tant que tel n’est pas attesté dans la littérature grecque,
Laurence Villard et Francine Blondé ont montré que le
bombylios pourrait aussi correspondre aux vases à bec
tubulaire retrouvés dans les sépultures (Villard, Blondé
1992). « Ceux qui boivent avec une phiale la quantité
qu’ils veulent seront très vite désaltérés ; mais ceux qui
boivent avec un bombylios qui coule goutte à goutte
par petite quantité… » : c’est ainsi qu’Athénée, citant
Socrate, préconise au IIIe s. ap. J.-C. l’utilisation de vase
à goulot étroit permettant de tirer directement le liquide
nécessaire 39. Au Ve s., le corpus hippocratique utilise
également le terme de bombylios pour évoquer l’usage
de vases permettant de donner à boire en petite quantité
au malade (Hippocrate, Maladies, III, 16). Ces textes,
associés aux découvertes archéologiques, paraissent
démontrer que ces vases pouvaient être utilisés pour les
jeunes enfants en voie de sevrage, mais que leur usage
premier a pu être médical : sorte d’instrument pour nourrir les malades (adultes et enfants) ou pour administrer
des potions. Si la position de l’anse (le plus souvent
latérale) ainsi que la proximité de la tubulure et de l’embouchure ne facilitent pas le versement de liquide pour
À Corinthe seules quatre tombes contenaient un vase à bec tubulaire,
dont une était une sépulture d’adulte et une autre était multiple
(un adulte et un enfant) : Blegen et al. 1964, t. 495 et 457.
37 Diego Elia m’a ainsi informée que ce type de dépôt était
également fréquent dans les sépultures d’adultes de la nécropole de
Locres Epizéphyrienne.
38 Concernant la présence de vases « biberons » dans des tombes
d’adultes d’Asie Mineure, se reporter à l’article d’Olivier Mariaud
dans ce volume.
39 Athénée, XI, 784d (trad. Villard, Blondé 1992, n. 71). Voir aussi
Hésychius, s. v. bombylios.
337
CÉLINE DUBOIS
a
b
c
Fig. 11. a. mobilier découvert dans la tombe 124. b-c. mobilier découvert
dans la tombe 131 de Vitsa (Vokotopoulou 1986).
Fig. 12. mobilier découvert dans la tombe H7 de la nécropole de
Samothrace (v. 410-390) (Dusenbery 1998, p. 444-446).
un bébé, la taille des vases, ainsi que l’étroitesse de certains goulots (parfois moins de 2 mm) indiquent qu’ils
ont effectivement pu être utilisés dans l’administration
de médication en goutte à goutte ou pour verser de petites
quantités. En prenant toutes les précautions d’usage pour
des comparaisons anachroniques, des parallèles morphologiques peuvent aussi être établis avec des vases plus
modernes utilisés dans la pharmacologie. Ainsi Quevedo
Sánchez a comparé récemment un vase romain, proche
des vases grecs, avec les tasses à malade ou « canard
de malade » en usage dès le XVIIe s. pour alimenter ou
soigner les personnes âgées et/ou malades (Quevedo
Sánchez 2010, p. 2076-2077) (fig. 9a-b). Au XIXe s.,
le dictionnaire d’Émile Littré propose deux définitions
du terme biberon : « vase de porcelaine, de verre ou de
métal, pourvu d’un bec plus ou moins allongé et avec
lequel on fait boire les malades empêchés de boire avec
un verre ordinaire » et « petit appareil employé dans l’allaitement artificiel pour remplacer le sein maternel » 40.
Les découvertes archéologiques combinées à la littérature paraissent fournir aujourd’hui une définition de la
fonction des vase-biberons grecs proche de celle d’Émile
Littré : des vases à verser dont l’usage a pu concerner les
jeunes enfants, mais aussi les adultes malades ou âgés.
La mort et la maladie étant peu présentes dans l’iconographie, cette utilisation pourrait être ainsi une des
raisons de l’absence de représentation de ces vases dans
la peinture et la sculpture.
Pourtant, une énigme reste à résoudre : la grande
proportion, toutes périodes confondues, de vases à bec
tubulaire dans les sépultures qui contraste avec leur présence très limitée en contexte d’habitat et de sanctuaires.
Ces vases auraient-ils donc également eu une fonction
précise lors des rituels funéraires ? Dans certaines sociétés, notamment en Grèce moderne, nourrir les morts sous
forme de don directement au défunt ou à des tiers est fondamental dans l’établissement des rites de deuils 41. La
présence de vases à verser dans les sépultures antiques
pourrait-elle alors signifier un usage de feeder pour un
ultime repas ? Faute de textes ou de témoignages iconographiques permettant d’éclaircir ce fait, il est difficile
de définir la fonction précise de ces biberons en contexte
funéraire. Cependant, si la signification de leur présence
dans une tombe ne peut être déterminée, ces vases ne
doivent pas être rattachés systématiquement au monde de
l’enfance. Leur dépôt dans une tombe ne peut donc plus
aujourd’hui être utilisé comme unique argument pour
identifier une sépulture d’enfant et encore moins de bébé.
40 Littré (É.) – Dictionnaire de la langue française. Paris, Hachette,
1889, s.v. Biberon.
338
Les bébés, des êtres à protéger : la présence d’un
mobilier prophylactique spécifique ?
Si la santé fragile des tout-petits peut expliquer l’utilisation, sans doute exceptionnelle, de ces vases à tubulure,
elle a pu également amener leurs proches à vouloir les
protéger jusque dans l’au-delà. Dans le monde des
vivants, de nombreux témoignages indiquent le recours à
du mobilier prophylactique : en premier lieu, l’iconographie des chous qui figure souvent de jeunes enfants nus et
rampant, dont le torse est entouré d’un cordon en bandoulière, orné d’une ou de plusieurs sortes d’amulettes ou de
perles (fig. 10) 42. Pourtant, si l’on possède de nombreuses
41 Sur ce sujet voir Seraïdari (K.) – Mourir et renaître en Grèce :
quand les femmes cuisinent les kolliva. Terrain, 45, 2005, p. 153-166.
42 Dasen 2003. Pour le monde romain voir à ce propos le
témoignage de Plutarque sur les bullae : Plutarque, Questions
LE DÉPÔT DE MOBILIER DANS LES SÉPULTURES D’ENFANTS EN BAS ÂGE DU MONDE GREC ARCHAÏQUE ET CLASSIQUE
Fig. 13. « Temple-Boy » en calcaire (hauteur : 46 cm) provenant de Golgoi
(Chypre) (v. 425-400). Musée du Louvres AM 2828+2927
(Dasen 2003, fig.5).
représentations de ce type, peu de parures ou d’amulettes
se retrouvent dans les tombes des nourrissons grecs.
Ainsi à Vitsa, en Grèce du Nord, la sépulture d’un
enfant de moins d’1 an contenait un pendentif en argent
en forme de graine ou de grenade datant du VIIe s.
av. J. C. (fig. 11a) (Vokotopoulou 1986, p. 52-53). Ce
pendentif ayant été découvert sur le thorax de l’enfant,
on peut supposer que ce dernier a été inhumé avec l’objet
sur le corps. Attribut d’Aphrodite et d’Héra, protectrices
de la famille, mais aussi symbole du monde d’Hadès, la
présence de cette grenade ne paraît pas étonnante autour
du cou d’un enfant, ni même dans une sépulture 43. Dans
la même nécropole, une autre tombe de nourrisson
contenait également un couteau en fer dont le manche
présentait des traces d’os et 4 spirales en bronze déposées
sur son torse (ibid., p. 123-124) (fig. 11b-c). Les spirales
en métal, souvent constituées d’une simple tige enroulée, ont parfois pu remplacer les ficelles prophylactiques
que l’on pouvait nouer sur les cordons qui entouraient
le torse des bébés. Véronique Dasen est la première à
avoir évoqué la possibilité de spirales utilisées comme
symbole du serpent apotropaïque (Dasen 2003, p. 281).
La fonction de protection de ces bijoux serait ainsi à
rapprocher d’un passage de l’Ion d’Euripide qui menromaines, CI, 287f-288b.
43 Sur l’attribut d’Héra, Pausanias, II, 17, 4, et sur l’attribut
d’Aphrodite, Athénée, III, 84c. L’épisode du grain de grenade utilisé
par Hadès pour retenir Perséphone a pu faire également de ce fruit un
symbole du monde des morts : Hymne homérique à Déméter, 370-374.
tionne l’usage de parer les enfants de bijoux en forme de
serpents en souvenir des deux serpents qui protégeaient
Erichthonios bébé 44. Les découvertes archéologiques
semblent corroborer cette hypothèse, du moins pour les
régions du Nord et du centre de la Grèce où d’autres
exemples, principalement d’époque classique et hellénistique, témoignent de la présence dans des sépultures
d’enfants de bracelets en or, argent ou bronze, ornés de
têtes de serpents aux extrémités 45. Sommes-nous pour
autant ici en présence de « serpents » prophylactiques ?
S’il est en effet peu probable que ces spirales symbolisent un serpent, leur nombre, leurs dimensions et leur
présence sur le torse de l’enfant semblent écarter les
hypothèses de spirales pour cheveux, de bracelets, de
bagues ou d’anneaux de chaînes. Si ces objets ont appartenu à l’enfant, il est difficile d’affirmer avec certitude
leurs fonctions de parure ou d’éléments d’attache 46.
La présence d’un couteau ou d’une lame dans une
tombe de nourrisson n’est pas non plus un cas isolé.
À Métaponte, un couteau a ainsi été retrouvé dans la
tombe d’un enfant en bas âge (Carter 1998, t. 1), et on
possède d’autres exemples pour des enfants dont l’âge a
pu être estimé autour de trois ans 47. Doit-on y voir une
fonction protectrice ou tout simplement un présent fait à
l’enfant, sorte de dépôt en geste d’affection ? D’autres
objets tranchants, ou tout du moins leur équivalent
miniature, ont ainsi été retrouvés dans des sépultures,
comme la double hache miniature découverte parmi
d’autres éléments de parure (perle, disque…) dans la
sépulture H7 de la nécropole de Samothrace (Dusenbery
1998, p. 444-446) (fig. 12). Ces miniatures peuvent être
rapprochées des éléments en forme de T présents sur les
cordons d’amulettes de la série des « Temple-Boys »
chypriotes des Ve-IIIe s. et pourraient donc avoir eu également une fonction apotropaïque (Dasen 2003) (fig. 13).
A Vroulia sur l’île de Rhodes, une sépulture à enchytrisme d’un enfant plus âgé (environ 6-7 ans) contenait,
44 Euripide, Ion, 24-26 et 1427-1429. Se reporter également à la
thèse inédite d’Irini-Despina Papaikonomou, Agouros Thanatos.
les objets accompagnant les enfants morts en Grèce ancienne.
Université Paris Ouest, 2011.
45 À Akraiphia, deux petits bracelets en argent ont été découverts
dans une tombe d’enfant d’époque archaïque (Andreiomenou 1994,
p. 116). À Olynthe, trois tombes d’enfants contenaient des bracelets
en bronze (Robinson 1942, t. 248, 298, 299, 301). Enfin, une
publication récente a présenté la tombe hellénistique d’un enfant à
Pydna qui contenait également un bracelet en or de belle facture, orné
de deux têtes de serpents aux extrémités (Besios 2010, p. 225-227).
46 On peut bien sûr penser à un système d’anneau de lange, mais
les dimensions des spirales paraissent être trop petites pour une
utilisation vestimentaire.
47 À Éleusis on a ainsi retrouvé un petit couteau dans la tombe
d’un enfant dont l’âge a été estimé entre 1 et 3 ans (Mylonas 1975,
p. 259-268). À Érétrie, une tombe d’un enfant de trois ans contenait
également un petit couteau (VIIIe-VIIe s.) : Blandin 2007, p. 51-53.
339
CÉLINE DUBOIS
outre un riche mobilier céramique, deux coquillages percés (Kinch 1914, p. 44-48). On sait que les coquillages
sont très fréquents dans les sépultures, notamment d’enfants, mais leur présence n’a probablement pas toujours
la même signification 48. Dans la nécropole Nord de
Corinthe, comme dans le Céramique à Athènes, de nombreuses coquilles de moules ont été découvertes dans
des céramiques (pyxide, lékanis ou skyphos) déposées
auprès du défunt. Il peut s’agir ici de dépôts à valeur
alimentaire, d’éléments de cosmétiques etc.49. Toutefois,
les coquillages perforés semblent, eux, appartenir au
registre de la parure et posent la question de l’interprétation des coquillages pouvant orner un cordon, trouvés
dans des sépultures de nourrissons.
Les témoignages archéologiques confirment
aujourd’hui l’usage de mobilier dont le but était de
protéger l’enfant dans le monde des vivants, et peutêtre également dans le monde des morts. Mais si les
découvertes de mobilier funéraire ayant pu être utilisé
comme amulette restent finalement encore limitées, cela
ne signifie pas que les tout-petits ne pouvaient pas en
bénéficier, ni qu’aucun mobilier à valeur prophylactique
n’était présent dans la tombe. L’iconographie témoigne
en effet de pratiques qui ont pu ne laisser aucune trace
archéologique, telle que l’usage de ficelles et de nœuds
noués autour du bras ou des chevilles des enfants comme
moyen de protection (Dasen 2003, p. 279-281) (fig. 10).
Conclusion
La lecture des textes antiques a souvent amené les
chercheurs à postuler que le traitement funéraire des
tout-petits entraînait des pratiques minimales ne consistant, au mieux, qu’à enfouir le corps préalablement mis
dans un vase usagé. Ce topos s’appuie souvent sur des
parallèles anachroniques et ethnographiques qui font des
bébés des « êtres intermédiaires » (Aristote, Génération
des animaux, 778b, 28), voire, pour les périnatals, des
êtres malfaisants dont il fallait se prémunir 50. Au regard
des découvertes et publications de sépultures d’enfants
en bas âge dans le monde grec, cette idée paraît devoir
être aussi révisée pour les périodes archaïque et classique. En effet, si les pratiques funéraires obéissent à des
croyances et à des rituels propres aux différentes cités,
48 Sur la présence de coquillages dans les sépultures d’enfants en
bas âge à Athènes, voir Houby-Nielsen 1995, p. 182.
49 Voir à ce propos l’article de Jutta Stroszeck dans ce volume, et
plus particulièrement son analyse de la présence de coquilles dans les
sépultures d’enfants en bas âge qui pourraient avoir été utilisés pour
nourrir les tout-petits.
50 Cette idée reçue a été aujourd’hui déconstruite pour le monde
romain et gallo-romain (Baills-Talbi, Dasen 2008).
340
les petits morts ne semblent pas en être systématiquement exclus. Le développement de l’anthropologie
de terrain ainsi que l’étude des nécropoles dans leur
ensemble paraissent leur donner aujourd’hui une place
bien plus importante que celle que leur a octroyée pendant longtemps la littérature.
Dans le courant du VIIIe s. de grandes nécropoles se
développent, où les enfants sont progressivement intégrés. Cette intégration pourrait refléter une modification
de la conception de l’enfant et, plus généralement, du statut de la famille. Ainsi, en étudiant ces espaces funéraires
dans leur globalité, une certaine homogénéité des pratiques apparaît. Certes, la quantité et la nature du mobilier
déposé dans les sépultures évoluent et varient selon les
cités, mais les spécificités et/ou différence dans les traitements funéraires sont les mêmes : aucune discrimination
dans les dépôts ne se révèle particulièrement en fonction
de l’âge au décès du défunt. On est donc loin de pratiques
simplifiées systématiques, voire d’une absence totale
de soin dans le traitement funéraire des enfants décédés
avant 1 an. Bien au contraire, la composition du mobilier
funéraire peut refléter l’attention portée aux sépultures de
nouveau-nés et de nourrissons. La présence d’objets prophylactiques, tels que des amulettes, témoigne du souci
de protéger les tout-petits de leur vivant, mais peut également représenter, pour les proches, une dernière marque
d’attention au jeune enfant décédé. Enfin, s’il est impossible de distinguer, en l’absence d’analyse d’ADN, le sexe
des tout petits défunts, et donc de déceler un quelconque
traitement différencié, on constate, dans l’ensemble, des
assemblages de mobilier dans les tombes de nouveau-nés
et de nourrissons qui semblent se rapprocher de ceux des
sépultures de femmes 51. Les enfants en bas âge appartenant plutôt au monde du gynécée, cette association, si elle
est avérée, présenterait une certaine cohérence entre les
rituels funéraires et l’ancienne vie du défunt.
Si la littérature décrit les nourrissons et surtout les
nouveau-nés comme exclus de la cité, les pratiques
funéraires, et notamment le dépôt de mobilier, montrent
ainsi une réalité plus nuancée. La quantité et la qualité
du mobilier funéraire étaient, en premier lieu, probablement influencées par la place de la famille dans la cité et/
ou par sa richesse. Le choix de déposer ou non des objets
autour du défunt relevait avant tout de la volonté des
parents, voire de la parenté élargie, autrement dit de la
sphère privée. Les enfants d’âge infantile (fœtus à nourrisson) ont donc, semble-t-il, pu avoir une place sinon en
tant que membre, au moins en tant qu’individu au sein
des structures familiales, sans que l’on puisse connaître
réellement la nature et les modalités de ce statut.
51 Sur les problématiques d’une étude sexuée du mobilier voir
Papaikonomou 2008.
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Les figurines en terre cuite dans les sépultures d’enfants
en Grèce ancienne : le cas des jeunes filles nues assises
Stéphanie Huysecom-Haxhi, Irini-Despina Papaikonomou, Stratis Papadopoulos
Abstract. This paper illustrates our methodological
approach to archaeological funerary ensembles by
focussing on the specific, but controversial, iconographical type, of a naked girl in sitting attitude, without a
seat, that is still commonly called “doll” or “hierodoulos”. These representations are quite often found between
the 4th and 1st centuries BC both in funerary contexts,
where they form part of the grave goods accompanying
mainly children and girls, and in votive contexts, such
as the sanctuaries of artemis, aphrodite or the Nymphs.
With regard to particular burials for which the context is
known (Thasos, abdera, Thessalonica), we aim to show
that some old interpretations, still widely reproduced in
recent literature, are not consistent with what we can
deduce from the other categories of equipment and the
identity of the deceased. Is it reasonable still to interpret these figurines as “hierodouloi”? Or could they
simply be young desirable women in the prime of life,
practicing rituals that are suggested by the written and
iconographical sources, consistent with the other gravefurnishings, and comparable with the votive deposits
found in sanctuaries? If the figurines are more particularly found in the graves of children, this colloquium
provides an opportunity to reflect upon the method and
purpose of the study of funerary offerings and their relationship with the dead child’s identity and history. The
grave-goods do indeed form a language of signs, and
convey a message that refers primarily to the identity of
the deceased. Moreover, the specific occurrence of the
same terracottas in both graves and places of worship
evokes stages in the social and cultural life of the child.
P
lusieurs travaux de ces dernières années ont
mis en évidence la rareté des terres cuites figurées en contextes funéraires : elles sont non
seulement peu nombreuses, ne constituant qu’un très
faible pourcentage du mobilier recueilli, mais en plus
elles n’apparaissent que dans un nombre restreint de
sépultures, lesquelles sont dans la majorité des cas des
sépultures d’enfants, d’adolescents et d’adolescentes,
ou de jeunes femmes 1. Or, la fréquence de l’apparition
des figurines dans le mobilier des tombes, relevant du
mode d’expression de l’idéologie funéraire de la cité et
résultant, comme la fréquence des autres objets déposés, d’un choix intentionnel effectué par les proches du
défunt dans le cadre du rite funéraire 2, varie suivant la
tombe et les caractéristiques du défunt, la nécropole et
la cité, en synchronie et diachronie 3. Les objets ainsi
déposés sont des signes à interpréter non pas un par un,
mais comme des constellations à l’intérieur du dispositif que forme l’ensemble du mobilier de la tombe et qui
fonctionne comme un système pour révéler une identité
sociale du défunt, souvent sexuée, voire une étape dans
sa vie cultuelle 4. Parmi les nombreux types iconographiques de figurines présents dans ces sépultures, on a
choisi de s’intéresser plus particulièrement à celui de la
jeune fille nue assise sans siège, que l’on désigne souvent sous le terme de « poupée assise », « πλαγγών »,
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Capodistrias d’athènes et Charles-de-Gaulle — lille 3, 2- 4 décembre
2004. Athènes, 2008, p. 55-81 ; Kallintzi, Papaikonomou 2006, p. 480
et 482 ; Papaikonomou 2006 ; Sabetai 2000 ; Graepler 1997.
2 Introduction de J.-P. Vernant in Gnoli, Vernant 1982.
3 Ainsi, on constate que dans les sépultures des immatures
d’Amphipolis, les figurines apparaissent plus fréquemment et en
plus grand nombre que dans celles, contemporaines, de Thasos ou
d’Abdère : Papaikonomou 2011, p. 98.
4 Au sujet de cette problématique, ainsi que sur la méthode
interdisciplinaire proposée pour interpréter les offrandes
funéraires, appliquée dans le présent article, voir la thèse inédite de
I.-D. Papaikonomou 2011, ainsi que sa bibliographie antérieure :
Papaikonomou 2006, p. 244 ; 2008a, p. 683 et 695-696.
343
STÉPHANIE HUYSECOM-HAXHI, IRINI-DESPINA PAPAIKONOMOU, STRATIS PAPADOPOULOS
le répertoire coroplathique général et apporté des parallèles d’occurrences et de contextes dans lesquels ces
figurines apparaissent, nous comparerons les figurines
de la sépulture thasienne avec le même type de figurines
trouvées dans le contexte d’une sépulture de fille morte à
la sortie de l’enfance à Abdère. Nous passerons ainsi aux
questions d’interprétation en nous faisant une idée sur le
sens que ce type de figurine prend concernant l’identité
de la défunte, par sa constellation dans l’assemblage du
mobilier de la fille à l’âge nubile : grâce aux sources
écrites et à l’iconographie de la céramique, le déchiffrage
et la « lecture » deviennent plus aisés et intelligibles.
Du moment où le même type de figurines apparaît dans
des sanctuaires de divinités féminines, à commencer par
Thasos, nous pourrons comparer sa fonction avec celle
de l’offrande faite par les filles lors d’un rite d’initiation
à l’occasion de sa sortie définitive de l’enfance. Enfin,
nous examinerons dans quelle mesure l’interprétation
qui en résulte peut être compatible avec la présence du
nourrisson thasien et le mobilier qui l’accompagne.
La sépulture L-XIIIa du terrain Ladikas
à Liménas, Thasos
Les données de fouilles
Fig. 1. Figurine de jeune fille nue assise, trouvée en dehors de la tombe
XIIIa du terrain Ladikas à Thasos (cliché I.-D. Papaikonomou).
ou encore de « hiérodoule », et dont les débats autour
de son interprétation sont encore aujourd’hui bien loin
d’être clos. C’est la présence d’exemplaires de ce type
dans un contexte funéraire précis, celui d’une tombe
d’enfant thasienne, qui nous permet ici de revenir sur la
signification et la fonction de cette image et plus amplement sur l’interprétation du mobilier de la sépulture par
rapport au défunt 5. Notre démarche a un double objectif. Il s’agira tout d’abord d’essayer de saisir la fonction
de ce type de figurines dans le contexte sépulcral par
rapport à l’enfant, pour ensuite parvenir à proposer une
hypothèse sur ce que la mise en scène du mobilier de la
sépulture nous dit sur l’identité du petit défunt thasien
dans le cadre culturel de sa cité.
Nous allons ainsi commencer notre présentation des
figurines de jeunes filles nues assises sans siège par un
cas de contexte de sépulture exceptionnel à Thasos, qui
contient l’individu le plus jeune, à notre connaissance,
accompagné de ce type de figurines, un nourrisson de 6 à
9 mois. Après avoir replacé ce type iconographique dans
5 Tombe analysée dans le cadre du corpus de la thèse de
I.-D. Papaikonomou (2011, p. 128-140).
344
En 1998, le service archéologique grec a mis au
jour un nouvel ensemble de 28 tombes situées sur le
terrain Ladikas, dans une zone de nécropoles d’époque
hellénistique située sur l’axe qui part de la porte de
Zeus et d’Héra et s’étend vers le Sud-Ouest, à l’extérieur de la cité. Les tombes ont été datées entre 350 et
le IIe s. av. J.-C. 6. En 2002, 130 sépultures avaient déjà
été fouillées à Liménas de Thasos, la majorité datant du
IVe s. av. J.-C. 7. La sépulture dont il est question est une
tombe à ciste formée de plaques de schiste et divisée en
deux parties. Les restes d’un enfant âgé de 9 à 12 mois 8
6 Les fouilles ont été réalisées par Marina Sgourou (†) et Stratis
Papadopoulos, l’étude paléoanthropologique par le Pr. Anagnostis
Agélarakis : Sgourou (M.) – Thasos-Liménas, Οικόπεδο Ρ. Λαδίκα.
ΑrchDelt, 53, 1998, p. 719-720.
7 Sgourou, Agélarakis 2002, p. 7. Sur ce site de Thasos-Liménas,
il s’agit de l’Αγρόκτημα Δημ. Σούλτου, avec une rangée de 54
sépultures dans un péribole du IVe s., et de la Περιοχή Εργατικών
Κατοικιών, avec trois secteurs de sépultures : Sgourou (M.)
– ArchDelt, 51, 1996, p. 552-553 ; d’autre part de l’Οικόπεδο
Δουβλέτη, avec 8 tombes à ciste : Malama (P.), Sgourou (M.) –
ArchDelt, 51, 1996, p. 553 ; enfin de l’Oικόπεδο στη θέση Μώλος,
δυτικό όριο της νεκρόπολης, avec un monument funéraire,
des sépultures de la période hellénistique, un sarcophage romain :
Sgourou (M.) – ArchDelt, 52, 1997, p. 834-836.
8 Analyse paléoanthropologique effectuée par le Pr. Anagnostis
Agélarakis.
LES FIGURINES EN TERRE CUITE DANS LES SÉPULTURES D’ENFANTS EN GRÈCE ANCIENNE
Fig. 2. Lot de figurines de jeunes filles nues assises provenant de la tombe XIIIa du terrain Ladikas (cliché S. Huysecom-Haxhi).
ont été retrouvés dans la partie A, qui mesurait 85 sur
20 cm. La partie B, quant à elle, était entièrement vide,
mais rien n’empêche de penser qu’elle ait pu contenir à
l’origine un très jeune individu dont aucune trace tangible n’a été conservée. L’ensemble de cette sépulture,
avec ses deux parties, apparaît d’emblée comme un cas
exceptionnel. Les sépultures d’enfants sont relativement
rares à Thasos, et le fait de trouver ces derniers ensevelis
individuellement dans des tombes à ciste ou dans des
enchytrismes l’est encore plus. En effet, la plupart du
temps, ils se retrouvent avec des adultes, sauf dans le
cas de la nécropole du terrain Myrôni fouillée en 2004.
Les enfants au-dessous de 6-9 mois sont pratiquement
absents et ceux qui ont dépassé les 6 mois-1 an restent
encore assez exceptionnels, ce qui rend la présence
ici d’un tout petit tout à fait significative 9. Toutes ces
9 Koukouli-Chrysanthaki, Sgourou, Agelarakis 1996, p. 773-776 ;
Papaikonomou 2008a, p. 691-693 ; Lagia 2007, p. 294, 302 et
n. 92-94 ; Kallintzi-Papaikonomou 2010, p. 146. Pour plus de détails,
voir Papaikonomou 2011, p. 69-90 et 100-101, ainsi qu’un article
sous presse : Papaikonomou (I.-D.), Papadopoulos (S.) – La présence
des enfants dans les nécropoles thasiennes.
exceptions, qui s’expliquent fort probablement par l’appartenance du défunt à une élite sociale enterrée dans
cet espace, sont renforcées par l’originalité thématique
de l’assemblage coroplathique que les proches du défunt
ont choisi de placer à ses côtés.
Le mobilier funéraire
Le répertoire des terres cuites se compose de neuf
pièces dont une figurine recueillie à l’extérieur de la
tombe, qui représente une jeune fille nue assise sans
siège avec les bras baissés le long des cuisses, coiffée d’un chignon et chaussée de sandales. (fig. 1) 10. À
l’intérieur de la tombe, ont été trouvés trois exemplaires
techniquement identiques de jeune fille nue assise, sans
siège et sans bras (fig. 2). L’absence de trous sur le côté
des épaules révèle que ces figurines étaient dès l’origine
conçues sans leurs bras, contrairement à de nombreux
autres exemplaires dont les bras, souvent manquants
10 Cette statuette se trouvait à proximité de la tombe, mais pas en
connexion directe avec elle. Elle sera intégrée à la publication finale
des figurines provenant des tombes des immatures thasiens.
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STÉPHANIE HUYSECOM-HAXHI, IRINI-DESPINA PAPAIKONOMOU, STRATIS PAPADOPOULOS
Fig. 3. Jeune fille nue assise, tombe XIIIa
du terrain Ladikas, inv. π 8089
(© G. Naessens, Halma-Ipel).
Fig. 4. Jeune fille nue assise, tombe XIIIa
du terrain Ladikas, inv. π 8091
(© G. Naessens, Halma-Ipel).
désormais, étaient fabriqués séparément puis fixés
aux épaules. Le type de la tombe thasienne se caractérise en outre par sa coiffure sophistiquée formant un
toupet médian au-dessus du crâne, par ses formes anatomiques arrondies, avec une accentuation des zones
féminines comme la poitrine, le ventre et les cuisses,
par la présence d’un collier en tore simple, de pastilles
ornementales qui correspondent très vraisemblablement,
comme nous le verrons, à des amulettes, et enfin par le
port de sandales en forme de tongs, avec une semelle et
une bride en Y, qui représentent probablement les chaussures des mariées, les νυμφίδες (voir ci-dessous, avec
les notes 78 et 79). On compte également une statuette
de jeune fille assise toujours dépourvue de siège, mais
cette fois-ci habillée d’un long chiton ceinturé sous la
poitrine, et avec le bras gauche baissé contre la cuisse
et le bras droit ramené contre le torse, la main posée sur
le sein droit (fig. 7). Un grand fragment conservant la
moitié inférieure du corps à partir de la taille appartient
très certainement à un personnage féminin debout drapé,
les jambes croisées, la jambe droite pliée au genou passant devant la gauche (fig. 8). Enfin trois exemplaires,
tirés d’un même moule, représentent un cavalier au trot,
346
Fig. 5. Jeune fille nue assise, tombe XIIIa du terrain
Ladikas, inv. π 8089
(© G. Naessens, Halma-Ipel).
enveloppé dans une chlamyde, la tête découverte coiffée de longs cheveux noués en natte au milieu du crâne,
et retombant en cascades de boucles de chaque côté du
cou, sur les épaules (fig. 9). Les proportions du cavalier
et de ses jambes par rapport au cheval indiquent qu’il
s’agit d’un personnage de très jeune âge. Un autre cavalier aux jambes aussi courtes, renvoyant probablement
à la même classe d’âge, se trouvait dans une sépulture
d’enfant d’Abdère 11. À côté de ces terres cuites, qui for11 Il s’agit d’une figurine en terre cuite d’enfant assis à califourchon
sur le cheval dans une posture légèrement différente : si la tête et
le torse du cavalier de Thasos sont tournés vers l’avant, chez celui
d’Abdère, ils sont tournés de trois quarts vers le spectateur. Pour la
figurine conservée au Musée d’Abdère (inv. MA 342), provenant de
la tombe III du tumulus de Touzla Giol (enchytrisme de deux enfants
contenant un nourrisson de 9 à 12 mois et un enfant de 4 ans), voir
Papaikonomou (I.-D.) – « agouros Thanatos ». approche méthodique
de la mort des enfants en Grèce ancienne. les offrandes du tumulus
de Touzla Giol à abdère : les jouets. Mémoire de D.E.A. inédit,
Université Paris X, 2002. Le tumulus de Touzla Giol est en voie de
publication par le fouilleur K. Kallintzi et I.-D. Papaikonomou. La
coïncidence que dans cet enchytrisme l’un des deux enfants soit du
même âge que le nourrisson de Thasos n’est peut-être pas aléatoire.
Il n’est toutefois pas évident de distinguer les objets qui ont été
LES FIGURINES EN TERRE CUITE DANS LES SÉPULTURES D’ENFANTS EN GRÈCE ANCIENNE
Problématique liée à la présence des jeunes filles
nues assises dans la tombe
La présence de jeunes filles nues assises dans cette
tombe suscite d’emblée l’interrogation. En tout cas,
elle pose problème si on accepte l’identification très
anciennement proposée et souvent encore suivie par de
nombreux chercheurs, qui fait de ces jeunes filles le plus
souvent des hétaïres (courtisanes) ou des hierodouloi,
des servantes d’Aphrodite, considérées comme des prostituées sacrées 13. Peut-on raisonnablement envisager
que ces images, déposées par la famille auprès d’un bébé
de 9 à 12 mois, qui était fort probablement une petite
fille compte tenu de l’assemblage funéraire, représentent
des prostituées ? Est-ce à cette fonction de prostituée à
laquelle cette élite thasienne prédestinait leur enfant ?
Une telle interprétation semblant improbable, c’est dans
d’autres directions que l’on se dirigera pour tenter de
recueillir les indices susceptibles de nous aider pour
comprendre cette image, et de l’interpréter par rapport à
l’individu auquel elle se retrouve liée.
Fig. 6. Jeune fille nue assise, tombe XIIIa du terrain Ladikas,
inv. π 8090 (© G. Naessens, Halma-Ipel).
ment l’offrande dominante du mobilier de la tombe, on
trouve un grand lagynos gris dont la fonction était de
transporter et verser du liquide, de l’eau ou bien du vin,
et dont la forme est bien attestée à cette période, mais
dont la présence dans une sépulture d’enfant est également exceptionnelle, au moins pour Thasos 12. Enfin, un
fragment de vase en verre, dont le type n’a pas encore
été déterminé mais qui semble provenir d’un vase à parfum, complète ce mobilier.
associés avec l’un ou l’autre des défunts placés dans le même vase.
La question est évidemment aussi en rapport avec la race du cheval
représenté, bien que les mesures exactes manquent pour l’Antiquité.
En tout état de cause, le cheval de la figurine de Thasos semble être,
d’après les spécialistes, un cheval de petite taille.
12 Un autre lagynos (inv. C 320), accompagné d’un œuf de poule,
se trouvait dans la sépulture hellénistique no 58 d’Argos, fouillée le
9 juin 1953. Il a été trouvé renversé, situé entre la main et le genou
gauche de la défunte, puisqu’il faisait partie d’un ensemble de matériel
suggérant fortement une identité féminine : un miroir, une pyxis,
des unguentaria, des forces. Voir Bruneau (Ph.) – Tombes d’Argos.
BCH, 94, 1970, p. 437-531, en particulier p. 459-463, fig. 62 pour le
lagynos, et fig. 57-58 pour la tombe. La raison d’une comparaison
entre les deux sépultures sera analysée dans la publication définitive
des figurines thasiennes.
Si le bébé enterré dans la tombe thasienne est peutêtre le plus jeune individu, à notre connaissance, à être
accompagné de telles figurines, il est loin d’être le seul.
De nombreux exemplaires de ces jeunes filles nues
sans siège, qu’elles aient ou non des bras, ont en effet
été révélés par les fouilles de plusieurs nécropoles dans
tout le monde grec, comme l’ont mis en évidence les
quelques parallèles déjà évoqués dans le catalogue cidessous, en annexe pour les exemplaires thasiens. Or, si
la fonction funéraire de ces figurines est bien assurée par
le lieu précis de leur trouvaille, la tombe, leur répartition
à l’intérieur de cette tombe et dans le système que forme
le mobilier qui y a été déposé est une donnée précieuse.
À ces précisions il faut ajouter l’âge et le sexe de l’individu pour tirer des informations sur l’identité du défunt.
Pourtant, ce sont ces précisions justement qui manquent
13 Thompson (D.-B.) – Troy. The Terracotta Figurines of the
Hellenistic Period (Troy, Supplementary Monograph 3). Princeton,
University Press, 1963, p. 87-95 ; Miller 1991, p. 41 ; Proskynitopoulou
2001, p. 211-212 ; Samiou 2004, p. 299. C’est aussi l’impression
laissée par les cartels de l’exposition ΕΡΩΣ. De la Théogonie
d’Hésiode jusqu’à la fin de l’antiquité qui a eu lieu au Musée d’Art
Cycladique à Athènes en 2009. Le commentaire de K. Tzanavari
concernant l’objet n° 167 dans le catalogue de l’exposition est
cependant plus prudent et propose un éventail d’interprétations,
allant de la plangôn à l’hiérodoule. Parmi ces interprétations, il y a
celle de la nymphè, figurine votive dédiée à Artémis ou aux Nymphes
par la fille nubile lors du passage correspondant à l’acquisition de
la maturité sexuelle, qui a lieu dans un cadre cultuel. La note est
accompagnée d’une bibliographie indicative sur la question. Voir le
commentaire de K. Tzanavari in Stampolidis, Tasoulas 2009, p. 203.
347
STÉPHANIE HUYSECOM-HAXHI, IRINI-DESPINA PAPAIKONOMOU, STRATIS PAPADOPOULOS
souvent faute de moyens disponibles 14. Ce sont celles
qui donnent les clés de lecture pour la compréhension
de la fonction de telle ou telle catégorie d’offrandes, ou
de tel ou tel type de terre cuite dans le système formé
par le mobilier d’une sépulture précise : effectivement,
plus on s’approche de l’identité de l’individu, plus les
valeurs sémantiques portées par les offrandes funéraires
deviennent claires.
Or, dans le cas du nourrisson thasien et malgré le fait
que l’âge est connu, le rapport de ce type de figurine avec
l’âge du défunt ne semble pas d’emblée évident, à part le
fait que l’ensemble des figurines suggère qu’il doit s’agir
d’une tombe de fille. C’est pourquoi nous allons chercher
les valeurs sémantiques dont ce type de figurine est porteur dans une sépulture bien documentée provenant de
la ville voisine d’Abdère, datant également de la même
période : ici la « lecture » du matériel est plus aisée et
claire à cause de l’âge nubile de la défunte. Puis nous
reviendrons à la tombe thasienne pour examiner dans
quelle mesure les données de la tombe d’Abdère peuvent
avoir une validité quelconque pour un nourrisson-fille
et quelles sont les autres interprétations possibles dans
l’ensemble du matériel de la tombe thasienne.
La tombe 23 de la nécropole hellénistique
d’Abdère : présentation du mobilier funéraire
et interprétation de la fonction des figurines
dans le contexte précis de cette sépulture
Mobilier coroplathique et vases à parfum. Aphrodite,
Artémis, la prairie, le corps à la fleur de l’âge
À l’opposé du nourrisson thasien, dont l’âge se situe
au début de l’enfance, se trouve la jeune aôros, morte au
moment de quitter définitivement cette période et inhumée
dans la tombe 23 de la nécropole hellénistique d’Abdère.
Installée sur les vestiges de l’ancienne enceinte Nord de
la ville archaïque abandonnée, la tombe fut fouillée au
début des années 1980 par Ch. Koukouli et Ch. Samiou
(Samiou 1988, 2004). Parmi les nombreuses figurines
de terre cuite mises en scène autour et sur le corps de
la jeune fille ensevelie se trouvaient deux exemplaires
de figurine féminine nue assise, dont une sans bras et
une aux bras articulés portant des bracelets en forme
de serpents 15, qui sont interprétées par l’auteur comme
14 Si le sexe de l’individu ne peut être déterminé, ce qui est le cas
pour les plus jeunes, l’âge peut normalement être estimé à travers
l’analyse anthropologique.
15 Sur le rôle des bracelets serpentiformes portés par les jeunes
filles, ainsi que par les prostituées, et leur symbolique concernant la
procréation et l’accouplement, voir Papaikonomou 2011, p. 264-275
et Papaikonomou 2012.
348
Fig. 7. Jeune fille habillée assise, tombe XIIIa du terrain Ladikas,
inv. π 8092 (© G. Naessens, Halma-Ipel).
des hiérodoules (Samiou 2004, p. 299). L’assemblage
coroplathique comprend sept autres terres cuites : une
figurine fragmentaire d’un Éros debout coiffé d’une couronne et à demi drapé d’un himation ; un personnage
féminin à demi nu (une représentation d’Aphrodite ?)
appuyée contre une statue servant de pilier, décrite
comme une Artémis (Musée d’Abdère, inv. MA 6186) ;
une jeune femme debout, dont le corps nu se détache
devant le drapé d’un ample himation qu’elle relève et
tend derrière elle (Musée d’Abdère inv. MA 6187) ;
deux danseuses, une dame debout drapée et un petit
masque de théâtre. L’assemblage jusqu’ici renvoie au
monde de la beauté féminine, à Aphrodite offrant les
moyens de séduction pour qu’Éros lance ses pièges et
unisse les êtres humains, ainsi qu’au mariage et aux
danses rituelles exécutées à cette occasion. Une amphore
miniature à pied pointu, ainsi que huit unguentaria complétaient l’image de la fille à la fleur de l’âge 16, au corps
lavé et oint d’huile parfumée, pour séduire comme la
16 Voir Bodiou (L.) – Quand vient l’âge fleuri des jeunes filles.
In : Bodiou (L.), Mehl (V.) éds, la religion des femmes en Grèce
LES FIGURINES EN TERRE CUITE DANS LES SÉPULTURES D’ENFANTS EN GRÈCE ANCIENNE
Fig. 8. Bas de dame debout drapée, tombe XIIIa du terrain Ladikas, inv. π
8088 (© G. Naessens, Halma-Ipel).
Pandora hésiodique : cette première parthénos 17 qui doit
devenir belle et sentir bon grâce aux fleurs printanières
dont Athéna la pare, « νεοθηλέος ἄνθεα ποίης » 18 dans
la Théogonie (570), et autour de laquelle les Heures aux
belles chevelures disposent des fleurs printanières en
guirlandes dans Les Travaux et les Jours : « ἀμφὶ δὲ τήν
γε Ὧραι καλλίκομοι στέφον ἄνθεσι εἰαρινοῖσι » 19.
ancienne. Mythes, cultes et société. Presses Universitaires de Rennes,
2009, p. 175-191.
17 Hésiode, Théogonie, 576 : dans le sens hésiodique de la parthénos
qui correspond à la classe d’âge de « la jeune fille sexuellement
disponible, mais non mariée ». Voir Pirenne-Delforge (V.) – Prairie
d’Aphrodite et jardin de Pandore. In : Κῆποι. De la religion à la
philosophie. Mélanges offerts à andré Motte. Kernos, Suppl. 11,
2001, p. 83-99, en part. p. 94, n. 54 ; Calame (Cl.) – les Chœurs
des jeunes filles en Grèce archaïque, I. Urbino, 1977, p. 65 ; Sissa
(G.) – le Corps virginal. la virginité féminine en Grèce ancienne.
Paris, 1987, p. 100-109. Pour les Grecs la parthénos, que nous
traduisons par « jeune fille », équivaut à la nymphe parce qu’elle ne
quitte cet état qu’au moment où elle accouche de son premier enfant
(Ellinger 2009, p. 103).
18 Hésiode, Théogonie, 576-577 : «
» , « Sur sa tête Pallas Athéna mit de ravissantes couronnes,
faites de fraîches fleurs de prés » (texte établi et traduit par P. Mazon,
CUF, p. 52 et n. 3).
19 Hésiode, les Travaux et les Jours, 74-75, texte établi et traduit
par P. Mazon, CUF.
L’huile diffuse son parfum en parant le corps comme les
fleurs des couronnes 20. Depuis lors, les séduisantes filles
à l’âge nubile s’associent au monde de la prairie humide,
le λειμών, et à ses fleurs printanières. Elles y forment les
chœurs de parthénoi, piétinent la verdure de leurs pieds
en dansant et pratiquent la cueillette des fleurs, dans un
sens réel ou métaphorique 21, tel qu’A. Motte nous l’a
dévoilé 22. Le leimôn, terre débordante de richesse et de
jeunesse, fertile grâce à la présence de l’eau, possède une
charge religieuse indéniable : marqué par la naissance et
la présence de plusieurs divinités comme Héra, Artémis,
Apollon et Aphrodite sitôt née de la mer, il réunit d’autres
divinités encore, comme Pan, les Nymphes, les Charites,
les Heures. Ces plaines marécageuses bouillonnantes
de vie, situées aux eschatiai où la végétation et la floraison sont spontanées, constituent des microcosmes
concentrant les forces vives de la nature et ses charmes
sensuels 23. On comprend alors qu’en plus d’Aphrodite et
son rôle de garantir les plaisirs de l’amour par la mixis, la
déesse qui se plaît particulièrement dans ce paysage est
Artémis. Dans ses danses, elle est suivie par les Nymphes
qui ont un rapport avec l’eau et auxquelles les jeunes
filles confient aussi leur maturation. Or, l’action de protection d’Artémis sur toute forme de vie qui naît et le fait
que son rôle consiste à gérer le passage entre cette nature
spontanée, « sauvage », et la nature cultivée, font que la
déesse conduit aussi métaphoriquement les jeunes à ces
confins du monde civilisé pour les faire initier et franchir l’étape de la puberté avant d’acquérir leur nouveau
statut et retourner au monde cultivé. La tâche des jeunes
est donc d’« accomplir leurs devoirs envers [chacune
des déesses, Artémis, Aphrodite, les Nymphes] dans le
temps et le domaine qui leur correspond » 24. Si alors l’in20 Concernant le parfum comme parure : Bodiou (L.), Mehl (V.)
– De Myrrhinè à Marilyn : se vêtir, se parfumer, se montrer ou le
parfum comme parure. Métis N.S., 6, 2008, p. 13-40.
21 « La fleur que l’on cueille sur la jeune épousée » (Motte 1973,
p. 40-41) ; « Jouer de quelque manière avec les fleurs passait en Grèce
pour un geste éminemment nuptial et parler d’un mariage florissant
n’était pas alors une simple formule poétique » (Motte 1973, p. 41). La
première scène d’ébats printaniers imaginée dans le leimôn se rencontre
chez Hésiode, Théogonie, 207-208 : le λειμών est l’endroit tendre dans
lequel Méduse est le premier être fabuleux, mais mortel, à connaître
une union sexuelle au milieu justement des fleurs printanières :
« ἐν μαλακῷ λειμῶνι καὶ ἄνθεσι εἰαρινοῖσιν ». Et voilà que le
thème des fleurs revient, à propos de l’acte sexuel cette fois.
22 Cueillir des fleurs pour tresser une couronne est un acte de
piété, si elle est destinée à une divinité, et un acte rituel associé à
des cérémonies de commémoration de mariages divins (Motte 1973,
p. 41). L’espace du leimôn est celui dans lequel dansent les Nymphes
avec Pan, dans lequel Léto accouche, et Héra nourrit des nouveau-nés.
23 Nous nous inspirons toujours du livre d’A. Motte 1973.
24 Nous modifions ici légèrement la phrase de P. Ellinger 2009,
p. 86. Concilier les deux déesses, Artémis et Aphrodite, évoque
évidemment Hippolyte d’Euripide.
349
STÉPHANIE HUYSECOM-HAXHI, IRINI-DESPINA PAPAIKONOMOU, STRATIS PAPADOPOULOS
terprétation précitée que Ch. Samiou fait de la figurine,
une Aphrodite appuyée sur une statue d’Artémis, est correcte, la figurine ne fait que montrer la complémentarité
des fonctions des deux déesses au moment où la fille
atteint son objectif dans la vie : se marier pour devenir mère. En effet, avant que la fille arrive à connaître
les œuvres d’Aphrodite 25, son développement depuis sa
naissance jusqu’à sa maturité sexuelle et sa préparation
au mariage s’opère sous la protection d’Artémis.
Pyxides et parure. Artémis, l’anthos hébès, les rites de
passage et le vœu de la fécondité
En plus donc de cette figurine, deux pyxides d’un
type particulier (Kotitsa 1996, p. 128-129 et 184), provenant de la même sépulture d’Abdère, se caractérisent
par un couvercle haut, orné d’un médaillon contenant le
plus souvent, comme c’est le cas ici, un buste d’Artémis. De telles pyxides, fréquentes en Thessalie, ont
servi de boîtes à encens, de brûle-parfums ou d’objets
quotidiens et semblent avoir été offertes à la déesse à
l’occasion de la maternité et de la naissance (Morizot
2004, p. 162). Mises en relation avec le reste de l’assemblage, ne conduisent-elles pas, par leur iconographie, à
préciser davantage la classe d’âge de la défunte, cet âge
fleuri où la fille atteint sa maturation avec l’appui de la
déesse en quittant définitivement l’enfance pour utiliser les armes de séduction qu’Aphrodite lui offre ? Les
Grecs appellent l’âge où les deux sexes de l’être humain
connaissent l’épanouissement corporel et sexuel, comme
une fleur qui éclot au printemps, « ἄνθος ...ἥβης » 26,
fleur de la jeunesse (puberté). Ce même moment signale
pour la fille sa préparation au mariage. Le kosmos 27, la
parure de mariée qui orne la défunte d’Abdère confirme
cette identité sexuée et son état nubile 28 : en plus d’un
25 Hésiode, les Travaux et les Jours, 511-526 : « (Borée) ne touche
pas davantage la jeune fille à la peau délicate, qui reste à l’intérieur
de la maison, au côté de sa tendre mère, encore ignorante des travaux
d’Aphrodite d’or. Elle baigne son jeune corps, l’oint d’huiles grasses,
avant d’aller s’étendre au fond de sa demeure… ».
26 Métaphore végétale que l’on trouve pour la première fois chez
Hésiode à propos de Phaéton (Pirenne-Delforge 2001, p. 90, n. 36,
à propos d’Hésiode, Théogonie 988: [ἄνθος ...ἥβης]).
, « La tendre fleur d’une
noble jeunesse était encore le lot du jeune enfant à l’âme fraîche [un
glorieux enfant, le puissant Phaéton], quand Aphrodite qui aime les
sourires le ravit et s’en fut » : Hésiode, Théogonie, 988-990 (texte
établi et traduit par P. Mazon, CUF).
27 Concernant la notion du kosmos et la mariée, voir Bodiou et al.
2011 ; Papaikonomou 2011, p. 170-185.
28 Papaikonomou 2008 et 2011, p. 171 ; Lissarrague (F.) 2011 Éros en tête : femme, miroir et bijoux en Grèce ancienne. In : Bodiou
et al. 2011, p. 17-22.
350
Fig. 9. Cavalier, tombe XIIIa du terrain Ladikas, inv. π 8086
(© G. Naessens, Halma-Ipel).
diadème, signe du mariage 29, décoré au milieu d’une
figure féminine, elle portait entre autres des boucles
d’oreilles 30, une bague en or sertie d’un grenat gravé de
la figure de Tyché tenant une corne d’abondance, et une
autre bague en or développée en spirale représentant le
corps d’un serpent, entortillé et schématique, servant
de support pour sertir une pierre précieuse (grenat) 31.
La forme triangulaire et aplatie de la tête suggérerait
vaguement une vipère 32. Au milieu du corps du serpent
une pierre de grenat était également sertie. La beauté
du serpent-bijou signifie métaphoriquement la fonction
ambiguë, aussi séductrice qu’inquiétante de l’animal,
en signalant les tentations et les dangers qui entourent
29 « Ἀμφὶ δέ οἱ στεφάνην χρυσέην κεφαλῆφιν ἔθηκε», « autour
de sa tête elle posa un diadème d’or » , Hésiode, Théogonie 576, texte
établi et traduit par P. Mazon, CUF 1982 (p. 52, version 1)
30 Lissarrague (Fr.) – Éros en tête : femme, miroir et bijoux en
Grèce ancienne. In : Bodiou et al. 2011, p. 17-22.
31 Samiou (Ch.) – Hellenistic Graves in Abdera. In : Moustaka
(A.), Skarlatidou (E.), Tzannes (M.-C.), Ersoy (Y.) éd., Klazomenai,
Teos and abdera, Metropoleis and Colony. Proceedings of the
international symposium held at the archaeological Museum
of Abdera, Abdera, 20-21 October 2001. Thessalonique, 2004,
p. 291-303, en particulier p. 300.
32 Concernant la méthode d’identification taxonomique des
serpents à partir des représentations suggestives des artisans, voir
Papaikonomou 2011 p. 186-328 (en particulier p. 189-191), et
Papaikonomou 2012.
LES FIGURINES EN TERRE CUITE DANS LES SÉPULTURES D’ENFANTS EN GRÈCE ANCIENNE
les filles à la fin de la puberté 33, comme les « maladies
des jeunes filles » 34 décrites par les médecins hippocratiques, les enlèvements, les viols et les grossesses
précoces, autant de raisons qui peuvent arriver à causer
même la mort chez la fille pubère 35 . C’est ce qui justifie
la place du serpent en contact direct avec la peau afin de
faire corps avec la défunte. D’autre part la vipère, ἔχις,
pensée par les Anciens comme mettant au monde des
petits, à la différence des autres serpents qui pondent des
œufs 36, pourrait représenter un potentiel de procréation
qui permettrait à la jeune fille de s’identifier à elle. Enfin,
caractérisé par la mue après une longue hibernation, le
serpent donne l’impression de renaître au printemps,
comme la jeune fille est censée le faire lors du rite de
passage initiatique 37. Cette « renaissance » du serpent
venimeux, a aussi lieu dans le leimôn, la prairie humide,
les eschatiai 38 dans l’espace des loisirs et d’initiation
des filles où la présence d’Artémis se fait aussi sentir.
Nicandre met d’ailleurs indirectement les serpents venimeux en rapport avec Artémis, qu’il appelle Titénis 39.
Mais la prairie, avant d’être un lieu agréable, est un lieu
où le jeu de la peur pendant l’épreuve initiatique a lieu :
par son venin, le serpent symbolise bien cette ambiguïté
33 « À la même époque survient chez les femmes une turgescence
des mamelles et l’écoulement de ce qu’on appelle les menstrues […]
C’est surtout à cette époque que les filles ont besoin de surveillance ;
car elles commencent à éprouver au plus haut degré le désir des
plaisirs de l’amour […] car celles qui toutes jeunes se sont adonnées
à l’amour deviennent plus intempérantes … » (Aristote, Histoire
des animaux, VII, 581a, 31-581b, 19, traduction J. Bertier). Pour
l’analyse, voir Papaikonomou 2011, p. 300-304.
34 Hippocrate, « Περί Παρθενίων » (Maladies des jeunes filles) :
les jeunes filles ont des terreurs subites, des visions, disent des choses
terribles avec un plaisir étrange qui leur fait souhaiter la mort comme
quelque chose de désirable et risquent de mettre fin à leur vie en se
pendant, si le sang des premières règles ne trouve pas l’issue pour
s’évacuer du corps et reflue vers le diaphragme en provoquant la
torpeur et le délire. La médecine hippocratique conseille le mariage
pour élargir l’orifice de la matrice.
35 Ellinger 2009, p. 97-104 ; Kallintzi, Papaikonomou 2010,
p. 130, n. 12 ; Papaikonomou 2011, p. 506-516.
36 Les serpents autres que la vipère sont ovipares, seule la vipère
est vivipare : « ἀλλ’οἱ μέν ἄλλοι ὠοτοκοῦσιν ὄφεις ἡ δ’ἔχιδνα
μόνον ζωοτοκεῖ » (Aristote, Histoire des animaux I, 6 490 β 23-25,
texte édité par D.M. Balme 2002) ; Papaikonomou 2011, p. 268-269.
37 «…les venimeux pâturent à l’extrémité de la forêt, dans les
bosquets, les halliers et les ravines fréquentées de pasteurs (…) à
l’endroit où l’herbe, dès qu’elle bourgeonne, fait verdoyer les
humides prairies ombreuses, en la saison où le serpent dévêt sa
vieille dépouille écailleuse desséchée, progressant mollement,
lorsqu’au printemps il fuit son trou… » (Nicandre, Thériaka, 27-35,
texte traduit par J.-M. Jacques, CUF).
38
(Nicandre, Thériaka,
27-28, texte établi par J.-M. Jacques, CUF).
39 Nicandre, Thériaka, 13-14 et commentaire de J.-M. André p. 79
n. 4 (CUF).
de l’espace. C’est ensuite seulement que l’action d’Artémis et d’Aphrodite se superposent pour aboutir à la mixis
des êtres et à la mise au monde de nouveaux citoyens.
Valeurs sémantiques véhiculées par les figurines
des jeunes filles nues assises
Vue sous cet aspect, la nudité du corps de la jeune
fille assise aux formes de corps de jeune femme achevé
représentée par la figurine ne peut représenter selon nous
que l’anthos hébès, l’âge fleuri atteint par la fille et son
corps à la fin de la puberté.
La représentation de la fécondité et de la grossesse
Nous constatons, alors, qu’un ensemble d’associations d’idées existe derrière l’imaginaire grec et révèle
la perception particulière que cette culture a de l’homme
et de son rapport avec la nature et les divinités : tout
un système qui fonctionne comme un ensemble cohérent. Dans ce système, le corps de la parthénos, la fille
disponible pour être fécondée, est perçu comme une
plante qui bouillonne au moment où ses fleurs s’épanouissent et qui, toujours comme une plante suivant les
sources médicales, finit par faire mûrir en son intérieur
au moment de la grossesse le fruit de cette mixis 40.
Comme les représentations du fruit de la mixis et de la
grossesse sont peu fréquentes en Grèce ancienne, l’existence de figurines relevant du même type iconographique
que la fille nue assise sans siège, mais au ventre découpé
d’une petite fenêtre quadrangulaire qui pouvait permettre
de placer à l’intérieur du corps un petit objet figurant
le fœtus, prend une valeur toute particulière (fig. 10).
Ces représentations, appelées par V. Dasen « femmes
à tiroirs » (Dasen 2004, p. 135-137), étaient alors aussi
transformées, par la présence à l’intérieur d’un petit objet,
en grelot « enfantin et apotropaïque » 41. Deux exemplaires complets, provenant fort certainement de Myrina
(Dasen 2004 p. 137 n. 46, et 2011 p. 156), représentent
40 Hippocrate, Nature de l’enfant, XXII, 2, 24-26 et 4, 21 : en
ce qui concerne le fœtus, les sources médicales le comparent avec
la graine et le corps de la mère, avec celui de la plante qui puise
l’humeur dans le sol pour donner le fruit. Ils parlent du « sang » de la
plante et de ses « veines », et comparent la « cuisson » du fœtus dans
le milieu chaud de la matrice avec la « cuisson » sous le soleil de la
plante même qui porte le fruit.
41 Dasen 2004, p. 129-130 et n. 9-11 : hochets anthropomorphes,
avec mention d’un hochet en forme de femme nue assise, sans siège,
provenant de Délos (Laumonier 1956, p. 149 n° 412, pl. 44, et p. 144).
351
STÉPHANIE HUYSECOM-HAXHI, IRINI-DESPINA PAPAIKONOMOU, STRATIS PAPADOPOULOS
des femmes nues, renfermant des embryons 42 (fig.
10). Signalons également la présence dans des sanctuaires d’Artémis de figurines en terre cuite de femme
enceinte, comme dans le sanctuaire d’Artémis Laphria à
Calydon d’où proviennent deux exemplaires 43, ou encore
dans l’Artémision thasien qui a livré deux exemplaires
tout à fait exceptionnels de femmes enceintes nues, l’une
au corps tronqué, dépourvu de bras et coupé à hauteur des
genoux (fig. 11), l’autre aux membres articulés (fig. 12).
Si ces représentations de femmes enceintes sont, à notre
connaissance, uniques dans le corpus coroplathique 44, les
figurines aux membres abrégés, souvent d’ailleurs appelées « poupées », sont loin d’être rares. Elles se retrouvent
aussi souvent représentées sur des stèles funéraires entre
les mains de fillettes ou de jeunes filles, comme Plangôn,
Melistô et d’autres 45. L’absence de bras ou de jambes sur
ces figurines est volontaire et, selon l’imagerie grecque,
correspondrait à la représentation de la « partie pour le
tout » 46. « En résumant le corps de la femme », comme
le dit V. Dasen (2010, p. 18), aux parties du corps essentielles et participantes, en particulier les seins et le ventre,
cette forme de représentation, qui n’est pas sans rappeler
les ex-voto anatomiques, peut être une allusion à la symbolique nuptiale, dans le sens où elle évoque la fécondité
et la reproduction. C’est le même sens au fond que l’on
peut donner à tous les types appelés « poupées », que
celles-ci soient au corps tronqué, en position assise ou
encore articulées. « Loin d’être des jouets ces poupées
étaient plutôt liées au processus de maturation et de socialisation des jeunes filles [et] renvoient au double enjeu
42 Dasen 2011, p. 156 : chacune est « coiffée d’une couronne
à étages et chaussée de sandales à semelles épaisses ; elle porte un
collier et une chaîne croisée en sautoir avec un médaillon rond
entre les seins. Sur le ventre plat, une découpe rectangulaire sert de
couvercle à une ouverture où se cache une figurine minuscule, de
2 cm : un bébé nu, aux formes potelées, les poings serrés ramenés sur
la poitrine, les jambes fléchies. La nudité de la femme associée à sa
posture hiératique suggère qu’il s’agit peut-être d’Aphrodite assise sur
un trône ».
43 Poulsen 1948, chap. VI, p. 347 : femmes enceintes ou « en train
d’accoucher » (« gebährende bezw. schwangere Frau ») : dédicaces
votives à Artémis σοωδίνα, λυσίζωνος.
44 Certains spécialistes ont caractérisé une figurine articulée
provenant de Lindos et des figurines provenant de Chypre comme
des femmes enceintes ou en train d’accoucher (Poulsen 1948, p. 347,
avec une référence au type phénicien dit dea gravida).
45 Reilly 1997, p. 154-173, en particulierp. 166 n. 4, qui donne
la liste de 12 stèles montrant des fillettes et jeunes filles tenant
une figurine tronquée, dont les stèles de Plangôn (Glyptothèque
de Munich 199) et de Melistô (Cambridge, Sackler Art Museum,
1961.86). Pour une interprétation des jeunes filles représentées sur
les stèles funéraires tenant une figurine (péplophore debout, femme
trônant, poupée nue tronquée, etc..), voir aussi Schwarzmaier (A.)
– « Ich werde immer Kore heissen ». Zur Grabstele der Polyxena in
der Berliner Antikensammling. JdI, 121, 2006, p. 176-226.
46 Papaikonomou 2008a, p. 701 ; Muller 2009, p. 85-90.
352
Fig. 10. Figurines de « femmes à tiroirs » et fœtus (ht respective 22 cm
et 2 cm), Coll. Privée et Würzburg, Martin von Wagner Museum ZA 147
(d’après V. Dasen 2004, fig. 5-6, et Dasen 2010, fig. 9, © droits réservés).
de leur destin : devenir épouses et mères » 47. Un grand
nombre de figurines du type de la jeune fille nue assise
sans siège possèdent des bras mobiles ou sont pourvues
de petits trous destinés à la fixation de bras désormais
perdus, si bien que ces « poupées » pouvaient d’une part
être manipulées et habillées, et d’autre part offertes aux
divinités à la fin d’un rituel d’initiation, comme différentes études l’ont déjà bien montré (Reilly 1997). Des
exemplaires assez nombreux ont d’ailleurs été retrouvés
dans des sanctuaires de divinités féminines, à commencer par Artémis dans son sanctuaire thasien.
47 Dasen 2011, p. 276.
LES FIGURINES EN TERRE CUITE DANS LES SÉPULTURES D’ENFANTS EN GRÈCE ANCIENNE
Fig. 11. Figurine de femme enceinte au corps tronqué, Artémision de
Thasos, inédite (cliché S. Huysecom-Haxhi).
Fig. 12. Figurine de femme enceinte aux membres articulés,
Artémision de Thasos, inédite (cliché S. Huysecom-Haxhi).
Des jeunes filles au bain, du bain nuptial et du rituel
de fécondation et des scènes de mariage.
fille est représentée agenouillée ou accroupie, assise sur
ses talons (fig. 13), dans une position qui peut être comparable à celle des figurines nues trouvées dans la grotte
des Nymphes à Locres (Leone 1991, p. 114-126). Or, à
l’intérieur de la grotte a été découvert un bassin, d’environ 30 à 40 cm de profondeur, dans lequel les fidèles
devaient descendre, très certainement pour s’y baigner
(Maclachlan 2009, p. 206). C’est sans doute l’image de
ces fidèles venues prendre le bain dans le cadre de rituels
liés à la préparation au mariage et au pouvoir fécondant
de l’eau 50. Les figurines de jeunes filles nues agenouillées 51, aux avant-bras tronqués ou articulés (IIIe-IIe s.)
déposées en si grand nombre dans la grotte des Nymphes
à Locres, ainsi que les figurines de femmes assises, nues
(ou vêtues), aux bras mobiles, tronquées ou pas, la tête
souvent coiffée d’une haute couronne, qui se déve-
Or, dans la cité grecque, la maturation et la mixis
trouvent leur τελείωσις (aboutissement, sens) quand
elles arrivent à garantir la production d’enfants légitimes,
ce qui arrive d’habitude dans le cadre d’un mariage.
Ainsi, la nudité des figurines et leur position assise sont
deux éléments qui peuvent nous fournir les clés d’une
interprétation. Pour les comprendre, on se tournera vers
certaines scènes iconographiques sur les vases évoquant
la nudité féminine à cet âge : il s’agit des scènes de
toilette et de bain. Ce bain peut souvent faire allusion
au bain rituel précédant le mariage 48, pris en présence
d’autres personnes. Cela peut être le cas par exemple sur
une hydrie du début du IVe s. provenant de la tombe 594
de la nécropole du Fusco à Syracuse 49, sur laquelle une
48 Concernant ce bain, pris toujours dans l’eau des sources
territoriales de la cité afin de garantir une procréation de futurs
citoyens ancrés au sol de leur cité, voir Papaikonomou 2007 et 2008 b.
49 Scène de bain, hydrie à figures rouges, Syracuse, nécropole du
Fusco, tombe 594 (fouilles 1914), Syracuse, Musée Archéologique
Régional « Paolo Orsi » inv. 35187, vers 400-380 av. J.-C.
(commentaire de A.-M. Manenti, in : Stampolidis, Tasoulas 2009,
p. 202 n° 166).
50 Sur les pouvoirs bénéfiques de l’eau, voir Ginouvès 1962 ;
Papaikonomou 2007, 2008b et notre note 62.
51 Suivant l’opinion d’autres collègues, comme Valeria Meirano,
ces figurines montrent des jeunes filles assises, les jambes montrées
jusqu’aux genoux, mais non repliées.
353
STÉPHANIE HUYSECOM-HAXHI, IRINI-DESPINA PAPAIKONOMOU, STRATIS PAPADOPOULOS
Fig. 13. Scène de bain sur une hydrie attique à f. r. de la nécropole du
Fusco à Syracuse, t. 594. Syracuse, Mus. Arch. Rég. « Paolo Orsi »,
inv. 35187 (d’après A.-M. Manenti, In : Stampolidis, Tasoulas 2009,
n° 166, © droits réservés).
loppent au IVe s. et qui se retrouvent en nombre important
aussi bien dans des sanctuaires de divinités féminines,
comme Artémis, les Nymphes, Aphrodite, que dans des
tombes 52, ne sont que des doubles des jeunes filles et
des jeunes fidèles. Parfois les filles se retrouvent dans
les images nues, debout autour du loutérion en portant
autour des cuisses des médaillons attachés par des bandelettes en guise d’amulettes 53 (fig. 14). Ces médaillons
font immédiatement songer aux pastilles rondes, parfois
en fort relief, disposées sur le corps, entre les seins, sur
le ventre, les bras ou encore les cuisses, des figurines
de jeunes filles nues assises, de certaines Aphrodites, de
garçons ou d’Érotes où dans certains cas les bijoux sont
attachés ou reliés entre eux au moyen d’une cordelette
indiquée plastiquement 54.
Tandis que sur certaines statuettes, comme celles de
la tombe thasienne, il faut certainement restituer une
cordelette peinte, aujourd’hui effacée 55. La réalité
52 Barra Bagnasco 2001 ; Larson 2001 ; Papaikonomou 2007 et
2008a, p. 697-706 ; Dasen 2010, p. 29.
53 Voir la scène représentée sur l’hydrie d’Oxford, Ashmolean
Museum 1879.171, dans Hosoi 2007, p. 14, fig. 18. Voir aussi la
scène des femmes au loutérion, sur l’hydrie attique à figures rouges
du Washing Painter, British Museum E 202 : aRV2 1131, 155.2, vers
440-430 (d’après V. Dasen – Une Baubô sur une gemme magique. In :
Bodiou (L.), Mehl (V.), Oulhen (J.), Prost (F.) éd., Chemin faisant.
Mythes, cultes et société en Grèce ancienne. Mélanges en l’honneur de
P. Brulé. Presses Universitaires de Rennes, 2009, p. 271-284, fig. 7).
54 Pour des exemples de cordelettes indiquées plastiquement, voir
Mollard-Besques 1963, MYR 61, pl. 49b, MYR 87, pl. 49d, et B 52,
pl. 170c.
55 Pour la restitution et l’importance des détails polychromes dans
la coroplathie, voir Pautasso (A.) – Picturae in textili on the Schoulder
Busts in Hellenistic Sicily. In : Gillis (C.), Nosch (M.-L.) éd., Ancient
Textiles. Production, Crafts and Society. Proceedings of the First
International Conference on ancient Textiles held at Kund, Sweden
and Copenhaguen, Denmark, 03/2003, 2007. Oxford, Oxbow books,
354
Fig. 14. Femmes au loutérion, hydrie attique à f. r., British Museum E 202,
vers 440-430 (d’après Dasen (V.) – Une Baubô sur une gemme magique.
In : Bodiou (L.) et al. éd., Chemin faisant. Mythes, cultes et société en
Grèce ancienne. Mélanges en l’honneur de P. Brulé, Rennes, PUR, 2009,
p. 284, fig. 7 © droits réservés).
Fig. 15. Mariée assise, lékanis à couvercle attique à f. r. Thessalonique,
Mus. Arch. inv. ΜΘ 4880 (vers 350). D’après E. Kefalidou, in :
Stampolidis, Tasoulas 2009, n° 151, © droits réservés).
archéologique nous a permis d’identifier ce type d’amulettes en pierres semi-précieuses à partir des gemmes
d’une sépulture d’Amphipolis et d’une autre d’Abdère 56.
La fonction de ces amulettes est de protéger les filles
ainsi que d’accélérer et faciliter l’accouchement, suivant ce que Dioscoride nous dit à propos du jaspe et
d’autres pierres semi-précieuses : « Δοκοῦσι δὲ πάντες
εἶναι φυλακτήρια περίαπτα καὶ ὠκυτόκια μηρῷ
περιαπτόμενα », « Tout le monde croit qu’il s’agit de
pendentifs prophylactiques et des moyens pour accélérer
p. 215-219 ; Blume (C.) – When Colors Tells a Story. The Polychromy
of Hellenistic Sculpture and Terracottas. In : Brinkmann (V.), Primavesi
(O.) éd., Circumlitio. The Polychromy of antique and Medieval
Sculpture. Proceedings of the Johann David Passavant Colloquium,
10-12 December 2008. Munich, Hirmer, 2010, p. 240-257.
56 Voir Papaikonomou 2011, p. 574-590.
LES FIGURINES EN TERRE CUITE DANS LES SÉPULTURES D’ENFANTS EN GRÈCE ANCIENNE
l’accouchement que l’on attache à la cuisse ». Dans ce
cas, l’espoir de la fécondation et d’un bon accouchement
va de pair avec la nudité du corps et le bain. Or, il arrive
que des jeunes garçons aussi portent ce genre d’amulettes sur la cuisse 57 : la valeur doit se limiter ici sur la
fonction prophylactique, « φυλακτήρια περίαπτα »,
des objets.
Une fois les futures mariées lavées rituellement,
on peut les reconnaître parfois dans des images de
figures nues ou semi-nues, le bas du corps enveloppé
dans un drap, ou encore assises sur des trônes ou des
sièges, comme par exemple sur la lékanis provenant du
Peristéréon au Sud de Thessalonique 58 (fig. 15), et parfois même dans les bras d’une autre personne, comme
sur une hydrie provenant d’une tombe de la nécropole de
Kalfata à Apollonia du Pont 59 (fig. 16). Vu la complexité
de la scène et le sexe indéterminé de l’individu brûlé
dont les ossements sont contenus à l’intérieur de ce vase,
en considérant la fonction de ce dernier comme hydrie et
en comparant la scène avec d’autres images et les figurines, tout ce que nous pouvons dire avec certitude, c’est
qu’il y a du mariage et de la mixis dans l’air. Cette sphère
de la séduction et de l’érotisme où les Érotes se mêlent
aux femmes joliment parées qui dansent et jouent de la
musique et à laquelle s’ajoute cette évocation d’un bain
rituel, initiatique, évoque d’emblée le trousseau accompagnant la fille ou la jeune fille morte prématurément,
the maiden kit, selon l’expression bien pertinente de
S. Langdon (Langdon 2007, p. 173-191, et 2008, p. 130143). On songera en particulier, pour le Nord de la Grèce,
au mobilier riche et complet découvert dans une tombe
de jeune fille nubile à Néapolis, datée du IIe s. av. J.-C.,
exposé au musée archéologique de Thessalonique : voici
qu’on y trouve, à côté d’éléments de parure féminine, un
ensemble de terres cuites parmi lesquelles des poupées
nues assises sans siège et sans bras. C’est le même genre
de mobilier, composé de bijoux, de divers vases associés à l’univers féminin et de figurines de jeunes filles
57 Voir par exemple le garçon à la trottinette figuré sur un chous
attique du Louvre (ht 15,5 cm, diam. 11 cm), inv. CA 2961, vers
400 av. J.-C. (Dasen 2011, p. 98 n° 3). à propos des amulettes
associées aux enfants, voir Dasen (V.) – Amulettes d’enfants dans
le monde grec et romain. latomus, 62, 2003, p. 275-289 ; Neils (J.)
– Children and Greek Religion. In : Neils (J.), Oakley (J.-H.) éd.,
Coming of age in ancient Greece: Images of Childhood from the
Classical Past. New Haven, Yale University Press, 2003, p. 139-161,
en particulier p. 143 ; Kallintzi-Papaikonomou 2006.
58 Lékanis à couvercle à figures rouges, Musée Archéologique de
Thessalonique, inv. ΜΘ 4880, vers 350. Trouvaille fortuite provenant
d’un fossé, à Péristeréon au Sud de Thessalonique : E. Kefalidou, in :
Stampolidis, Tasoulas 2009, p. 182-184 n° 151, fig. p. 183.
59 Hermary et al. 2010, p. 85-90 pour les données concernant la
tombe et le défunt, et p. 190-193 pour la description et l’analyse du
décor de l’hydrie.
Fig. 16. Jeune fille nue assise, hydrie attique à f. r. du « groupe
d’Apollonia », sépulture SP 345 de la nécropole de Kalfata
à Apollonia du Pont (vers 370-350 av. J.-C.). Sozopol, Mus. Arch.
(d’après Hermary et al. 2010, pl. 16).
nues assises, que l’on a déjà évoqué à propos de la jeune
aôros d’Abdère. Les images sur les vases et la répartition des figurines de filles nues assises dans des tombes
des aôroi suggèrent alors un lien fort entre ces représentations et les préparatifs du mariage. Caractérisées par
leur nudité et leur position assise, ces figurines-doubles
des jeunes filles, qui dans certains cas sont installées sur
un trône joliment ornementé 60 (fig. 17), comme pour
exposer les formes de leur corps parvenu à maturité,
pourraient représenter la phase nuptiale du mariage,
la nudité évoquant alors l’idée plus générale du bain
60 Voir l’exemplaire trouvé dans une tombe d’Athènes : Higgins
1954, p. 186-187 nos 702, 703, pl. 91, et Dasen 2010, p. 28, et fig. 8
p. 42. Voir aussi un exemplaire conservé au Musée Archéologique
d’Athènes (Argyriadi 1991, fig. 13 et p. 21-22). Soulignons aussi
l’existence de fragments de trônes et autres sièges dans le mobilier
des sanctuaires, qu’il faut certainement associer à des figurines sans
siège, qu’elles soient nues ou habillées. Pour des figurines habillées
assises sur un siège séparé, voir deux exemplaires provenant de
Thèbes : Hamdorf (F.W.) – Hauch des Prometheus. Meisterwerke in
Ton. Munich, Staatliche Antikensammlungen und Glyptothek, 1996,
p. 38 fig. 31, et Jeammet 2010, p. 83 n° 49.
355
STÉPHANIE HUYSECOM-HAXHI, IRINI-DESPINA PAPAIKONOMOU, STRATIS PAPADOPOULOS
rituel et initiatique 61. On comprend ainsi pourquoi ces
figurines féminines peuvent se rencontrer en contextes
funéraires et votifs, déposées tantôt auprès d’une aôros,
tantôt auprès de diverses divinités kourotrophes, chacune
agissant à sa façon à la fin de la puberté, au moment du
mariage, tout comme Artémis, les Nymphes, Aphrodite,
avec laquelle ces figurines sont d’ailleurs encore souvent
identifiées, ou bien Perséphone.
Le bain du futur marié et le rituel d’exposition
du couple
Le bain nuptial toutefois n’est pas seulement une
histoire de filles. Les futurs mariés sont en effet aussi
concernés. C’est pourquoi la présence dans le corpus
coroplathique de quelques exemplaires de jeunes garçons nus assis, sans siège indiqué, ne surprend guère. La
version masculine de la « poupée » nue assise reste cependant minoritaire par rapport à la version féminine 62, tout
comme d’ailleurs, dans la céramique, le thème du bain
nuptial du futur marié n’est assurément attesté à ce jour
que sur un seul vase : sur une hydrie attique à figures
rouges du peintre de Leningrad 63, le jeune homme nu
et couronné apparaît au milieu de la scène accroupi, le
genou droit incliné vers le sol, le pied dans un bassin, la
jambe gauche pliée au niveau du genou. Il est entouré
de plusieurs figures féminines qui l’aident à se laver et
s’habiller (fig. 18). L’équivalent féminin existe évidemment pour prouver qu’on a affaire au bain nuptial : sur
une pyxis de New York, la future mariée s’appuie sur
le genou dans une posture semblable à celle du jeune
homme de l’hydrie de Varsovie. Ses mains sont portées
sur la tête pour laver les cheveux pendant qu’Éros verse
de l’eau par-dessus son corps 64. Ces figurines masculines
ont néanmoins connu une large diffusion, puisqu’elles
apparaissent non seulement en Attique, où quelques
fragments de corps ont été trouvés dans le sanctuaire
61 Pour la relation entre « poupées » nues assises et bain nuptial,
voir Huysecom-Haxhi, Muller 2007, p. 231-247, et Muller 2009,
p. 91. Pour le rôle de l’eau et les baignoires, notamment dans les
rites prénuptiaux, voir Ginouvès 1962 ; Morizot 1994, en particulier
p. 208-210 ; Papaikonomou 2007 et 2008b ; Sabetai (V.) – The
Washing Painter : a Contribution to the Wedding and Gender
Iconography in the Second Half of the Fifth Century B.C. Ph. D.,
Université de Cincinnati, 1993 ; Sabetai 2008.
62 Nous ne pouvons évidemment pas limiter leur fonction au
bain nuptial, car cette nudité et même un bain rituel pourraient
correspondre pour le garçon à un rite de passage à la fin de la puberté,
vu la forme du corps.
63 Hydrie attique à figures rouges, attribuée au Peintre de Leningrad,
Varsovie, Musée National, inv. 142290 (Oakley, Sinos 1993, p. 16,
fig. 11 pl. 57 et fig. 13 pl. 58).
64 Pyxis attique à figures rouges, vers 420 av. J.-C, New York,
Metropolitan Museum of Art, 1972.118.148 (Oakley, Sinos 1993
p. 16, fig. 20-21 pl. 62).
356
d’Artémis à Brauron 65, et à Athènes, dans des contextes
peu précis, sur l’Acropole, la Pnyx et au Céramique 66,
mais aussi à Rhénée, à Tanagra, à Démétrias, à Abdère,
à Myrina, à Troie, et à Pergame 67. Il nous semble également intéressant de noter qu’elles ont été découvertes
aussi bien dans des contextes funéraires que votifs, et
toujours là où leurs pendants féminins sont présents. Or,
selon les recherches de M. Argyriadi (1991, p. 21-22),
il apparaît qu’au moment du mariage, on préparait
deux trônes pour montrer le couple après le bain nuptial, un trône réservée à la fille, l’autre pour le garçon.
Il se trouve justement que nous connaissons au moins
trois cas où deux « poupées » nues assises sans siège,
l’une féminine et l’autre masculine, auraient fonctionné
ensemble 68. Dans sa publication des figurines de terre
cuite de Délos, A. Laumonier nous apprend en effet que la
« poupée » nue masculine n° 426 provient « d’une tombe
de Rhénée comme la poupée nue féminine n° 425 », suggérant ainsi que les deux figurines ont été trouvées dans
la même tombe (Laumonier 1956, p. 150, pl. 44). De
même K. Elderkin, dans son article sur les poupées articulées, mentionne l’existence au Metropolitan Museum
de New York de deux poupées, féminine et masculine,
qui fonctionneraient ensemble comme une paire, ce
qui suppose peut-être qu’elles proviennent d’un même
contexte, d’une même tombe (fig. 19) 69. Enfin, dans le
catalogue des terres cuites du Musée National Danois de
65 Matériel inédit exposé au musée de Brauron et en cours d’étude
par V. Mitsopoulos-Léon qui a d’ailleurs évoqué ces figurines
masculines lors d’un colloque à l’École française d’Athènes sur
Artémis à Dyrrhachion, en novembre 2010 : voir Mitsopoulos-Léon
(V.) – Deux sanctuaires d’Artémis et leurs offrandes : Brauron et
Lousoi. In : Huysecom-Haxhi (S.), Muller-Dufeu (M.), Muller (A.)
éd., Artémis à Épidamne-Dyrrhachion. Une mise en perspective.
actes de la table ronde des 19-20 novembre 2010 à l’École française
d’athènes. BCH, sous presse.
66 Athènes, Céramique : Vierneisel-Schlörb 1997, p. 50-57,
fig. 170-176, pl. 32 ; Pnyx : Davidson (G.R.), Burr-Thompson
(D.) – Small Objects from the Pnyx 1. Hesperia, Suppl. 7, 1943,
p. 136-137, fig. 53/11-12 ; Acropole : Brooke (D.) – Catalogue of the
acropolis Museum II, The Terracottas. Cambridge, University Press,
1921, p. 428 nos 1277, 1280, 1455-1457.
67 Délos/Rhénée, tombes : Laumonier 1956, p. 149-150, pl. 45,
fig. 427-432 p. 149-150 pl. 45. Myrina : Mollard-Besques 1963,
p. 140, pl. 171 a (LY 1533), c (B 70), e (Myrina 1308). Tanagra :
Jeammet 2010, p. 167 n° 126. Démétrias, sans provenance :
Hornung-Bertemes 2007, p. 168-169 nos 246-247, pl. 34. Abdère,
complexe d’atelier de production : Lazaridis (D.I.) – Πήλινα
ειδώλια Αβδήρων. Athènes, Société Archéologique, 1960, p. 66 et
72-81, fig. B92 pl. 23. Pergame, sanctuaire de Déméter : Töpperwein
1976, p. 60 n° 231, pl. 37. Troie, contexte d’atelier de production :
Miller 1991, p. 41, p. 47 fig. 10 et p. 60 cat. 10.
68 À ces trois cas présentés ici, s’ajoute peut-être un quatrième, cité
dans Winter 1903, p. 165, 4-5 (deux figurines de 20 cm présentées
sur leur trône, provenant de Tanagra).
69 Elderkin 1930, p. 471, fig. 22a et b. Selon G.M.A. Richter,
les objets sont supposés avoir été trouvés à Thèbes et achetés par
LES FIGURINES EN TERRE CUITE DANS LES SÉPULTURES D’ENFANTS EN GRÈCE ANCIENNE
Fig. 18. Bain du marié, hydrie attique à f. r., Musée National de Varsovie
142290 (d’après Oakley, Sinos 1993, fig. 11, © droits réservés).
Fig. 17. Figurine de jeune fille nue aux bras articulés, assise sur un trône,
Musée Archéologique d’Athènes (d’après Argyriadi 1991, fig. 13,
© droits réservés).
Copenhague, N. Breitenstein publie deux exemplaires
parfaitement conservés de poupée nue assise, sans siège,
l’une féminine et l’autre masculine, toutes deux acquises
à Athènes et qui, selon lui, auraient été incontestablement trouvées ensemble 70. Tout comme leurs pendants
féminins, ces figurines de jeunes garçons nus assis sans
siège peuvent être mises en relation avec le bain et en
particulier le bain nuptial 71. Bien plus, lorsque ces figurines des deux sexes fonctionnent ensemble, comme
dans certaines tombes, ne pourraient-elles pas plus précisément évoquer ce rituel, peu après le bain nuptial,
d’exposition du couple, de leurs corps et de toutes les
promesses de fécondité que ces derniers portent en eux ?
Cesnola en 1901 : Elderkin 1930, p. 470-471 n. 2. Les figurines sont
également de la même taille (17,8 cm).
70 Breitenstein (N.) – Catalogue of Terracottas: Cypriote, Greek,
etrusco-Italian and Roman. Copenhague, E. Munksgaard, 1941,
p. 29 nos 268-269, pl. 28.
71 On devrait pourtant, par prudence, garder une réserve dans le cas
où la nudité comme les bains de purification pouvaient correspondre
pour le garçon à un rite de passage à la fin de la puberté.
En tout état de cause, la coutume d’habiller le marié
perdure encore à plusieurs endroits en Grèce moderne.
Dans le Dodécanèse ou en Crète, le futur mari danse sur
un grand plat métallique, qui autrefois devait servir pour
prendre le bain et qui rappelle fortement le bassin figuré
dans la seule image du bain nuptial conservée ; puis on le
rase et on l’habille en accompagnement de la lyre et, en
chantant, on le conduit à l’église sans que le chant et la
danse s’arrêtent ! D’où l’expression humoristique : « θά
σε χορέψω στο ταψί! » « je vais te faire danser dans
le plat », qui signifie « je te mettrai sous mon joug, je te
ferai danser au rythme que moi je t’imposerai ».
Il faut par ailleurs expliquer que ce que nous lisons
sur les mariages dans l’Antiquité concernant la préparation de la mariée en présence de plusieurs personnes, et
la cérémonie de l’habillage en présence encore des amis
et des proches 72, sont des coutumes qui persistent à travers le temps. On faisait évidemment de même au XVIIIe
et XIXe s. à Athènes, en habillant la mariée, d’où l’image
de cette mariée assise avec tout ce que sa coiffure et son
tablier symbolisent (fig. 21) : une volonté de promouvoir
la fécondité analogue à celle représentée dans l’Antiquité
à travers la nudité, les formes du corps de la parthénos,
l’allusion faite aux valeurs bénéfiques de l’eau 73 et au
leimôn, la parure. La parure nuptiale du XIXe s. consistant dans cette couronne surmontée de fleurs rappelle les
fleurs printanières des Horai 74, et les pièces de monnaie
brodées sur sa coiffe et sa chemise visualisent matériellement sa dot figurée dans l’Antiquité par la nature des
cadeaux que la mariée reçoit avant le mariage et le jour
de l’épaulia (voir plus bas note 85). C’est toute cette
72 Oakley, Sinos 1993 ; Sabetai 2008.
73 Ginouvès 1962, p. 282 et 421-422.
74 Hésiode, la Théogonie, 570-612 et les Travaux et les Jours,
55-105.
357
STÉPHANIE HUYSECOM-HAXHI, IRINI-DESPINA PAPAIKONOMOU, STRATIS PAPADOPOULOS
ambiance s’affairant autour de la mariée qui est exposée
sur l’épinétron du Peintre d’Érétrie, objet représentant
à la fois l’image symbolique de la jeune femme sous la
forme d’une protomé-buste nue en terre cuite 75, ainsi que
sa qualité de fileuse de laine, philergos, qui, ensemble,
constituent les valeurs de sa séduction de femme à la fois
belle, vertueuse et stimulant le désir 76. Sur un des deux
côtés, deux lébètes gamikoi font allusion au mariage.
Un épinétron miniature fait d’ailleurs partie du maiden
kit d’une autre mariée trônante provenant d’une tombe
d’Athènes (conservé au British Museum), accompagné
d’un lébès gamikos qui évoque la fonction figurée sur
l’épinétron du Peintre d’Erétrie, et de chaussures rappelant l’importance que ces dernières peuvent avoir dans le
cadre du mariage 77.
Interprétation de la tombe thasienne
à la suite de l’analyse de la sépulture
la parthénos d’Abdère
Les figurines nues assises et le jeune âge de l’enfant
À ce propos, les figurines de jeunes filles nues assises
de la tombe thasienne sont chaussées de sandales 78, tout
comme la plupart des autres figurines. Mais quelle signification peuvent-elles avoir par rapport au nourrisson ?
Dans quelle mesure les valeurs sémantiques auxquelles
l’analyse de figurines de la tombe d’Abdère nous conduit
peuvent maintenant être valables pour les figurines nues
présentes dans la tombe thasienne ? La recherche typologique analytique des figurines de cette sépulture nous
a permis de nous orienter vers le type précis de figurines
auquel nous avions affaire, de trouver les parallèles pos75 Pour l’identification des protomés-bustes nues avec la jeune
mortelle nubile, voir Huysecom-Haxhi, Muller 2007, p. 242-243,
Muller 2009, p. 90-91.
76 Frontisi-Ducroux, Vernant 1997, p. 107-111 ; Ferrari 2002,
p. 56-60 ; Papaikonomou 2011, p. 366-367.
77 Pour une présentation des figurines recueillies dans cette tombe,
voir Higgins 1954, p. 186-187, pl. 91, et, pour une vue d’ensemble,
voir Langdon 2008, fig. 3.5, ou Dasen 2010, p. 42, fig. 8. En ce qui
concerne l’importance des chaussures dans le trousseau de la jeune
mariée, voir Langdon 2008, p. 134-137, et surtout la note suivante.
78 Hésychius nous informe que, sous le terme nymphides, on
comprenait les chaussures du mariage, ce qui signifie, d’après
Oakley, Sinos 1993, p. 16, que leur forme devrait être distincte. En
tout état de cause, plusieurs scènes de mariage mettent l’accent sur
les chaussures ou les sandales (p. 16) et surtout sur le fait de les nouer
ou les enlever (Éros noue les sandales d’Hélène, hydrie à figures
rouges, Washing Painter, New York, Metropolitan Museum of Art,
inv. 19.192.86 : Oakley, Sinos 2003, fig. 31 pl. 67). Le geste en
question est probablement en relation avec la fertilité ou la sexualité,
les sandales étant considérées comme associées à Aphrodite (Oakley,
Sinos 2003, p. 33).
358
Fig. 19. Couple de figurines nues assises, New York, Metropolitan
Museum of Art (d’après Elderkin 1930, fig. 22A-B).
sibles et de les situer dans leur contexte d’apparition.
Nous avons alors constaté que les figurines nues assises
peuvent se trouver dans des sépultures de jeunes enfants,
mais que le nourrisson thasien est le plus jeune, de même
que la fille d’Abdère se trouve à la limite supérieure de
notre catégorie de l’enfance. Il n’existe que deux interprétations possibles pour ces figurines : soit elles sont
associées à l’âge de l’enfant, soit il faut les considérer
comme des figurations de l’enfant par anticipation dans
le temps. Si les figurines sont associées à l’âge de l’enfant, il y aurait une possibilité de voir en elles le bain
de l’enfant à la naissance ou le bain funèbre. Vu le très
jeune âge de l’enfant thasien, l’évocation à travers la
figurine du premier bain, le purifiant du miasme et de la
sauvagerie de l’événement de la naissance, ne serait pas à
exclure. L’importance de ce premier bain (qui devient en
même temps, pour les enfants mort-nés, le bain funèbre)
se manifeste déjà dans l’Hymne homérique à Apollon :
« et c’est là, Phoïbos du Cri, qu’elles te lavèrent, les
déesses, purement, saintement, dans l’eau, t’enveloppèrent de linge blanc… » et dans l’Hymne à Délos de
Callimaque : « ὅτι Φοῖβον ἀοιδάων μεδέοντα / λοῦσέ
τε καὶ σπείρωσε...» 79, « que (Délos) ait donné le bain
et langé Phoibos, le maître des chants… ». Or, les divinités grandissent très vite : Artémis (aussitôt née en
réalité) s’assoit, suivant Callimaque, sur les genoux de
son père pour lui demander de lui accorder un chœur
de Nymphes Océanides comme compagnie : «
»,
79 Callimaque IV, Hymne à Délos, 5-6, CUF.
LES FIGURINES EN TERRE CUITE DANS LES SÉPULTURES D’ENFANTS EN GRÈCE ANCIENNE
ci-dessous). Dans ce cas, la figurine représenterait, par
anticipation, ce que la famille souhaiterait voir devenir
un jour du corps du nourrisson, dont sa disparition l’a
privé à jamais, un « double » de la fillette à l’âge de
maturation aboutie. Dans la mesure où ce type de figurine se rencontre aussi chez les filles plus âgées et les
filles nubiles, la figuration de l’enfant sous forme de fille
à l’âge fleuri, en faisant allusion au mariage et la mixis
auxquels la fillette aurait été prédestinée, semble plus
plausible également dans le cas de la tombe thasienne 82.
Fig. 20. Figurine de jeune femme debout à demi-drapée, t. 23 de la
nécropole hellénistique d’Abdère. Musée d’Abdère inv. MA 6187
(d’après Samiou 2004, fig. 18, © droits réservés).
« tout jeune enfant, assise sur les genoux de son
père… » 80. Ces scènes de naissance comprenant le bain
et le jeune enfant assis sur les genoux de Zeus ont fait
l’objet de représentations figurées comme les reliefs de
la frons scaenae du théâtre d’Hiérapolis et de l’amphore
à figures noires de Berlin 81. Les scènes décrites nous permettent-elles de penser à une représentation d’Artémis
assise sur les genoux de son père, juste après avoir pris
le bain de naissance ? Rien n’est impossible quand cela
concerne une représentation de divinité à un jeune âge ;
bien au contraire. Mais rien ne prouve qu’il s’agisse chez
nos figurines de divinités. En revanche, on pourrait suggérer que, dans le cadre d’une sépulture de jeune enfant,
ces figurines représenteraient des doubles de l’enfant,
à l’image d’une divinité comme Artémis enfant ou une
jeune parthénos, dans le sens où le bain des déesses
peut servir à réactiver justement leur parthéneia (voir
80 Callimaque III, Hymne à Artémis, 4-5, CUF.
81 Deux reliefs en marbre du podium de la frons scaenae du théâtre
d’Hiérapolis (Phrygie), vers 205-210 apr. J.-C. : bain de naissance
d’Artémis (LIMC II, s. v. Artemis, n° 1260*) ; Artémis sur les genoux
de Zeus, d’après Callimaque (Hymne à Artémis, 1-40) ; Artémis sur
les genoux de Zeus (ibid., n° 1262*). Amphore à figures noires,
Berlin, Staatliche Museen F 1835, de Nola, vers 520 (ibid., n° 1264).
La figurine assise vêtue et la tombe thasienne :
l’exposition de la mariée
D’autre part, nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer à plusieurs reprises la présence dans le corpus
coroplathique d’une « version » habillée de la jeune fille
nue assise sans siège (fig. 7). Les jeunes filles sont alors
revêtues d’un long chiton ceinturé sous la poitrine, coiffées d’un chignon, ou dans certains cas d’un diadème,
parées de bijoux, et toujours chaussées de sandales ou
de hauts cothurnes. Ces figurines apparaissent dans les
sanctuaires aussi bien que dans les tombes, où souvent
elles se retrouvent d’ailleurs associées à des figurines
nues, comme dans la tombe thasienne, dans certaines
tombes de Samothrace, d’Épidaure, de Tarente ou encore
du Céramique d’Athènes, pour ne citer que ces quelques
82 L’image d’Artémis représentée nue en relief sur une lampe
corinthienne, courant vers la grotte en ramenant un pan de draperie
sur le bas de son corps, quand elle aperçoit Actéon (LIMC II, s. v.
Artemis, n° 1394*) nous fait cependant penser que les figurines
représentant les jeunes filles sortant du bain, et étendant un drapé,
ne constituent qu’une autre variante de la représentation d’Artémis
« enfant » l’associant à la future mariée qui prend son bain rituel.
La tombe 204 d’un jeune enfant, de la nécropole de Nea Kerdyllia
publiée par P. Malama nous livre une telle figurine (Malama,
Darakis 2008, p. 323-324). C’est la même attitude qu’une des
figurines trouvées dans la tombe 23 de la nécropole hellénistique
d’Abdère (fig. 20) et ce même type se rencontre dans la tombe 40
de la nécropole orientale d’Amphipolis (qui est une tombe d’enfant),
présentée par P. Malama dans un poster au colloque d’Izmir en
2007 (Malama (P.) – Terrakotten aus der östlichen Nekropole
von amphipolis. In : Muller (A.), Lâfli (E.), Huysecom-Haxhi
(S.) éd., Terracotta Figurines in the Greek and Roman eastern
Mediterranean: Production, Diffusion, Iconography and Function
[June 2-6, 2007/Izmir, Turkey]. BCH Suppl., sous presse) : ici encore
la jeune femme nue debout tirant son drapé se trouve associée à des
figurines de jeunes filles nues et habillées sans siège. Le drapé tiré
en arrière et sur lequel se détache ou se met en valeur le corps de
la jeune fille est un motif que l’on retrouve aussi, sous une autre
forme, sur l’hydrie d’Apollonia : la jeune fille et le personnage sur
lequel elle est assise tirent ensemble le drapé d’un voile ou d’un
himation (fig. 16). Ainsi ces deux images, jeune fille nue assise et
jeune fille nue debout tirant son drapé, pourraient-elles évoquer
des scènes du bain et représenter, non pas la déesse Aphrodite avec
laquelle les femmes nues debout sont habituellement identifiées de
même que les filles nues assises sont parfois qualifiées d’aphrodites
orientales, mais tout simplement la jeune mariée à diverses étapes
des préparatifs de son mariage ?
359
STÉPHANIE HUYSECOM-HAXHI, IRINI-DESPINA PAPAIKONOMOU, STRATIS PAPADOPOULOS
exemples. Et, comme les figurines nues, il arrive qu’elles
prennent place, elles aussi, sur des trônes ou des sièges
richement décorés.
Nous avons donc d’un côté des jeunes filles nues et
de l’autre des jeunes filles habillées et parées, toutes présentées dans des positions similaires et dépourvues de
siège, qui dans certains cas peut être fabriqué à part puis
associé à la représentation. Il faut sans doute voir dans
ces deux images, distinctes uniquement par l’absence ou
la présence du chiton, deux manières de représenter la
jeune fille, la nymphè, deux aspects différents du rituel
nuptial, chaque scène choisie pour sa pertinence à exprimer certaines valeurs ou statuts : ce serait alors le rituel du
bain, purificateur et dispensateur de fécondité. G. Ferrari
remarque le lien narratif entre beauté et bain comme première étape du kosmos de la parthénos 83, suivi de son
exposition, une fois parée, pour montrer sa beauté accompagnée de la valeur d’échange que ce kosmos représente 84.
Les autres figurines de la tombe thasienne
Dans l’assemblage coroplathique de la tombe thasienne, la figurine dont seul le bas du corps a été retrouvé
pourrait alors évoquer une des jeunes femmes faisant partie de l’entourage de la mariée, assistant aux préparatifs
du mariage ou à l’épaulia. De telles représentations de
jeunes femmes enveloppées dans leur draperie, prenant
différentes poses, dansant, jouant de la musique, ou tenant
divers objets associés au mariage (corbeilles, boîtes,
bandelettes, torches, etc.) et aux chœurs de jeunes filles,
sont fréquentes dans le répertoire coroplathique funéraire
déposé auprès des aôrai : c’est le cas pour la tombe 23 de
la nécropole hellénistique d’Abdère qui contenait, à côté
de deux figurines de jeunes filles nues assises et d’une
dame debout tendant son drapé derrière elle, deux danseuses, une dame debout drapée, une dame appuyée contre
un pilier et un petit Éros, et c’est le cas aussi du maiden kit
de la jeune aôros de Néapolis (Musée de Thessalonique,
IIe s.) qui comprenait, en plus des jeunes filles nues
assises, des femmes drapées dont une, lacunaire, qui pourrait être une joueuse de cithare. On se souviendra aussi
de la scène évoquée précédemment, ornant une hydrie
83 Ferrari 2002, p. 51. L’auteur ne voit pas dans le bain des déesses
dans les fleuves ou la mer de mariage rituel ni de réactivation de la
fertilité comme il a été proposé, mais pense que le bain était dû aux
déesses en tant que femmes non mariées pour réactiver les procédures
de la parthéneia.
84 La valeur de la mariée repose à la fois sur celle de l’individu en
soi – le potentiel d’une fille saine et belle capable de reproduire de
nouveaux citoyens – ainsi que sur la valeur de la parure qu’elle porte,
qui fait partie de sa dot et qui sert comme outil de communication en
construisant l’identité sociale de la parthénos vis-à-vis des autres. Voir
Papaikonomou 2011, p. 170-185, avec bibliographie. Sur les pratiques
sociales d’échange du don, voir Gernet 2002 [1968] p. 93-137.
360
découverte récemment à Apollonia du Pont (fig. 16) 85, et
sur laquelle on peut voir, autour de la jeune fille nue assise
sur un personnage féminin, des danseuses, une joueuse
de tambourin, une joueuse d’aulos et des Érotes. Ces
mêmes personnages peuplent aussi, et souvent en grande
quantité, le mobilier mis au jour dans les sanctuaires de
divinités féminines, kourotrophes et concernées chacune
à leur manière par le mariage. Bon nombre de ces personnages, au vu des comparaisons que l’on peut établir avec
les assemblages coroplathiques déposés dans les tombes
de jeunes gens, en particulier ici des aôrai, ainsi qu’avec
certaines scènes figurées sur les vases, ne pourraient-ils
pas relever de la sphère du mariage et de ses préparatifs ?
Conclusion
Telles que nos constatations se présentent, les figurines
de jeunes femmes nues continuent normalement à faire le
même sens dans le cadre de la maturation sexuelle de la
fille, du mariage à venir et de la fécondité attendue dans
le cadre de la cité. C’est ce que la famille aurait souhaité
pour elle, et qu’elle dépose par anticipation sous la forme
de son double. Nous avons des raisons bien fondées pour
penser que le lagynos déposé dans la sépulture exprime
des valeurs analogues, ce que la sépulture argienne à
laquelle nous avons fait référence nous aide à prouver,
mais cela dépasse le cadre de notre sujet et paraîtra dans
la publication de l’ensemble des figurines.
Quant aux figurines de cavaliers (fig. 9), tout comme
le lagynos, il n’est guère possible, dans les limites de
cet article, d’en présenter et développer l’analyse.
Soulignons seulement que ces cavaliers apparaissent,
tout comme les jeunes filles nues assises, en trois exemplaires parfaitement identiques, comme s’ils faisaient
écho en quelque sorte aux représentations féminines. Par
sa morphologie, sa taille et sa coiffure, le personnage
assis sur le cheval peut être identifié avec un petit garçon. N’oublions pas que le cheval est en rapport étroit
avec l’Artémis thasienne 86, kourotrophe et protectrice
des enfants et des jeunes, depuis leur naissance jusqu’à
leur mort. C’est en particulier l’Artémis des jeunes pouliches, ces filles non domptées, comme l’indique l’une
de ces épiclèses très évocatrice : l’Artémis thasienne est
Pôlô, de
qui signifie le poulain, de πωλεύω qui
signifie dresser un jeune cheval, et de πωλεία, élevage
de poulains. C’est Artémis qui saura élever les enfants
et les jeunes, saura en particulier pousser et conduire les
filles jusqu’au joug du mariage.
85 Hermary et al. 2010, p. 190-193, pl. 91-92.
86 IG XII 8, 359 ; Huysecom-Haxhi 2009, p. 569 et 601-604 ;
Papaikonomou 2011, p. 138-139.
LES FIGURINES EN TERRE CUITE DANS LES SÉPULTURES D’ENFANTS EN GRÈCE ANCIENNE
Fig. 21. Mariée athénienne au début du XIXe s. Au second plan un barbier turc rase le marié (d’après Dupré (L.) – Voyage à Athènes et à Constantinople.
Paris, 1825, repris dans Ελληνικά Κοσμήματα, Από τις Συλλογές του Μουσείου Μπενάκη, Cat. du Musée Bénaki, Athènes, 1999, fig. 348,
© droits réservés).
Par ailleurs, il se trouve que les figurines de filles
assises nues se trouvent multipliées par trois. En plus
du fait que cette multiplication accentue l’importance
accordée aux valeurs représentées par la figurine, les
filles nues assises – qui se présentent souvent par trois –
nous invitent à penser à toutes ces figures féminines
mythologiques qui entourent l’enfance, la jeunesse, le
mariage et le destin, et qui jouent un rôle secondaire,
peut-être, par rapport aux divinités principales dans
la sphère desquelles la vie et la mort des humains se
déroulent : ce sont les Horai, les Charites et les Parques.
Leur rôle et leurs noms changent un peu selon la cité,
l’esprit restant cependant le même. Elles ont toute raison d’être évoquées par la polysémie de nos figurines,
les unes ayant donné la vie, le premier bain, les autres
ayant incarné la grâce que la fillette aurait acquise pour
devenir nubile, si une des Parques n’avait pas entretemps coupé le fil de sa vie.
361
STÉPHANIE HUYSECOM-HAXHI, IRINI-DESPINA PAPAIKONOMOU, EFSTRATIOS PAPADOPOULOS
Annexe
Catalogue des terres cuites trouvées
dans la tombe L-XIIIa de Thasos-Ladikas
Type 1 : jeune fille nue assise sans siège indiqué
et sans bras (fig. 2-6).
Ce type compte trois exemplaires rigoureusement identiques, aussi bien dans leurs dimensions que dans leur
qualité, d’un rendu déjà moyen (inv. π 8089, π 8090,
π 8091) : ils sont donc de même génération et sortent
sans aucun doute d’un même moule, qui est bivalve et
sans abattis, la tête ayant été moulée d’une pièce avec
le corps et les personnages étant dépourvus de bras. Les
exemplaires, tous complets, mesurent 17 cm de hauteur.
La terre utilisée, peut-être locale, est la même dans les
trois cas. Il s’agit d’une terre aérée, avec des petites
vacuoles, très sableuse et à la surface rugueuse au toucher. La pâte renferme des paillettes assez épaisses de
mica doré et argenté, de nombreuses particules blanches
et noires, et des petits éclats de pierres beiges opaques.
La cuisson a donné à cette terre une couleur rouge
orangé assez homogène sur l’ensemble de la surface
(Munsell 2,5 YR 6/8, « light red »). Des restes de couverte blanche sont visibles dans les mèches de cheveux
et certains plis du corps ainsi que des traces infimes de
peinture noire dans la chevelure de π 8091. Il faut évidemment restituer dans tous les cas de la polychromie
qui permettait d’ajouter certains détails non rendus plastiquement, comme les cordelettes qui reliaient entre eux
les gros médaillons arrondis parsemés sur les corps. Les
trois exemplaires présentent aussi, sur les côtés du torse
et des cuisses, les traces d’un raclage à la spatule destiné
à effacer les barbes qui débordent des côtés du moule au
moment de son remplissage et à masquer les coutures.
Sur π 8089 et π 8090, des fissures, à l’endroit de la jonction des croûtes d’avers et de revers, sont néanmoins
apparues sur les côtés de la tête et du torse, témoignant
d’une finition moins soignée. Le sillon fessier a également été systématiquement retracé à l’aide d’une pointe
d’outil avant cuisson, tout comme certains détails de
la chevelure et les traits du visage semblent avoir été
retouchés à un moment donné de la production sur un
exemplaire de génération antérieure. En effet, toutes les
statuettes présentent des traces de regravures qui sont
strictement identiques, donc moulées, ce qui suppose
que les retouches ont dû être effectuées sur un positif
d’au moins une génération antérieure avant sa cuisson.
Enfin, toutes les statuettes ont été découpées à l’arrière
du dos d’une petite fenêtre circulaire. Présentant des
362
caractéristiques de production et de facture identiques,
les exemplaires de cette série sortent de toute évidence
d’un même atelier et ont pu même être fabriquées par le
même artisan. La présence de plusieurs pastilles arrondies sur le décolleté, les hanches et les cuisses rend ce
type tout à fait particulier. En effet dans la plupart des
cas, ces figurines de jeunes filles nues assises de même
que les « Aphrodites » nues debout, ou encore certains
Érotes et garçonnets, sont parés d’un gros médaillon disposé entre les seins, auquel s’ajoutent parfois d’autres
médaillons disposés en croix sur la poitrine et reliés
entre eux par une cordelette. Mais fréquemment aussi,
ces figurines sont tout simplement dépourvues de ces
pastilles, à moins d’imaginer que dans certains cas ces
dernières étaient peintes, tout comme l’étaient souvent
d’ailleurs les cordelettes qui les maintenaient 87.
Type 2 : jeune fille vêtue assise sans siège indiqué et à
l’avant-bras droit ramené sur la poitrine (fig. 7).
Ce type est représenté dans le matériel de la tombe par
un unique exemplaire, reconstitué de trois fragments
(π 8092). La terre dont il est fait est fine, sableuse et pulvérulente, laissant des traces sur les doigts au toucher.
De texture compacte et homogène, avec de très rares
paillettes de mica argenté et doré incrustées en surface,
et quelques petites inclusions noires et rougeâtres, elle a
pris à la cuisson une teinte beige rosé à orangé (Munsell
5 YR 7/6 à 7,5 YR 7/6, « reddish yellow »). Des restes de
couverte blanche sont visibles dans le creux des plis du
87 Pour des exemples de figurines assises nues et dépourvues de
bras à l’origine, moins fréquentes que les exemplaires avec bras
rapportés, voir en particulier : pour les tombes de Myrina, MollardBesques 1963, LY 1571 pl. 9 (sans pastilles) ; pour celles d’Épidaure :
Proskynitopoulou 2001 (cinq exemplaires, sans médaillon et avec une
stéphanè, trouvés dans la même tombe avec trois figurines de jeunes
filles habillées assises sans siège et les bras le long du corps), fig. 1
p. 204, fig. 2-3 p. 205. Le type est connu aux IIIe et IIe s. av. J.-C.,
dans des tombes d’Argos : BCH, 91, 1967, p. 820-929 fig. 34 (avec
diadème, une dizaine d’exemplaires identiques trouvés dans la tombe
de petite fille, T 250 et un exemplaire identique dans la tombe T 272) ;
BCH, 106, 1982, p. 639, 643 fig. 9 (un exemplaire avec diadème
provenant de la tombe d’enfant AE 56 ; IIIe s. av. J.-C.) ; tombes
de Samothrace : Dusenbery 1971, S 139-B p. 885-886 (coiffée d’un
chignon en « nœud papillon », portant des sandales, mais dépourvue
de médaillon, S 146-A p. 887, sans médaillon et coiffé d’un chignon
en forme de toupet central ; fin du Ier s. av. J.-C.) ; tombes de
Veroia : BCH, 80, 1956, fig. 4 p. 313-314 (avec chignon en « nœud
papillon » et médaillon entre les seins), BCH, 89, 1965, fig. 4 p. 795 ;
provenances diverses : Winter 1903, n° 1 p. 166 (l’auteur mentionne
des exemplaires typologiquement similaires, mais apparemment
tous sans pastilles, à Myrina, Assos, Smyrne, Abydos, Kymé, et en
Cyrénaïque).
LES FIGURINES EN TERRE CUITE DANS LES SÉPULTURES D’ENFANTS EN GRÈCE ANCIENNE
chiton. Aucune trace de polychromie n’a été conservée.
La hauteur est de 13,8 cm. Cette figurine est tirée d’un
moule bivalve au revers lisse sur lequel ne sont indiqués
que les volumes du corps et les reliefs de la chevelure.
Une large fenêtre ovale a été découpée dans le dos, sur
toute sa hauteur. La lacune située au niveau du torse permet de voir que la paroi et les bourrelets internes de la
jonction des croûtes ont été lissés avec soin, du moins à
cet endroit.
Par son aspect général, mais aussi la forme de son chiton,
évasé dans le bas, et le traitement de son plissé, ce type
n’est pas sans rappeler celui de certaines figurines de
Myrina, comme Mollard-Besques 1963, MYR 16 pl. 11d,
avec les bras articulés, et coiffées aussi d’un chignon en
« nœud papillon », ou encore Mollard-Besques 1963,
MYR 17 pl. 11e, avec également la main droite sur le
sein. On peut se reporter à d’autres exemplaires particulièrement proches découverts dans des tombes de
Samothrace et dont l’origine serait à chercher, selon
l’auteur de la publication, sur la côte occidentale d’Asie
Mineure (Dusenbery 1998, p. 884) 88. De telles représentations de jeunes filles habillées sans siège apparaissent
aussi en très grand nombre en Italie méridionale, comme
dans les tombes de Tarente (Graepler 1997, par exemple
p. 107 fig. 42), mais leur style est totalement différent.
Type 3 : jeune femme debout drapée (fig. 8).
Ce type n’est attesté dans la tombe que par un unique
exemplaire dont seul le bas du corps depuis à peu près
la taille a été retrouvé, en 15 fragments (π 8088). La surface est également très érodée, sans trace de couverte
ni de peinture. On note la présence de deux petits trous
dans le bas du revers. La terre utilisée est identique à
celle de π 8092. D’après la hauteur conservée, qui est
de 10,2 cm, on peut restituer une hauteur totale avoisinant les 18 cm. Le procédé de fabrication utilisé est
celui du moule simple, sans abattis. Une plaque façonnée en modelage, entièrement lisse, a été rapportée
contre la face avers moulée pour fermer la statuette à
l’arrière. Le dessous de l’objet a été laissé ouvert. La
paroi interne des croûtes, d’épaisseur moyenne, est
parsemée de traces de pression des doigts et de coups
d’outil et présente quelques empreintes digitales. Pour
88 Voir aussi ibid., p. 896 S 152-2, ou XS-298 p. 897, avec même
traitement et même forme du long chiton noué sous les seins, même
position de la main droite sur le sein droit, même genre de coiffure
avec gros chignon en « nœud papillon ». Également un exemplaire
avec main droite sur la poitrine, provenant de la nécropole
d’éléonte (Besques 1972, n° D271, pl. 56c), et des exemplaires
proches, mais les deux bras collés contre les cuisses, dans les tombes
d’épidaure : Proskynitopoulou 2001, p. 207, fig. 6-9, trouvées dans
la même tombe que les figurines nues sans bras, citées ci-dessus.
des questions d’équilibre, la position des jambes réclamerait un support sur la droite du personnage, contre
lequel celui-ci s’appuierait. Aucune trace d’un tel élément n’est toutefois visible et c’est peut-être la lourde
retombée des plis de l’himation, à droite justement, qui
jouait en quelque sorte le rôle d’étai. Pour des parallèles très proches, montrant la femme appuyée contre un
pilier, voir des exemples myrinéens (Mollard-Besques
1963, Myrina 923 pl. 123a et Myrina 1027 pl. 123c).
Type 4 : jeune fille nue assise sans siège indiqué,
avec bras collés contre les cuisses.
L’unique exemplaire de ce type (Δ 52) a été retrouvé à
l’extérieur de la tombe. L’analyse technique de cette statuette, que nous n’avons pu encore examiner, sera intégrée
à la publication finale sur les nécropoles de Thasos 89.
Type 5 : garçonnets chevauchant un cheval (fig. 9).
Aux trois filles nues assises répondent trois garçonnets
chevauchant un cheval au trot, tous trois appartenant
à une même série (π 8081, π 8086, Δ 60). Les exemplaires sont tous complets, deux étant reconstitués de 11
et 18 fragments, avec quelques lacunes à l’avers et surtout au revers. Quelques restes de couverte blanche sont
conservés, mais aucun de peinture. La présence sur tous
les exemplaires, identiques dans leurs dimensions et leur
qualité, d’un même petit grumeau de pâte logé au même
endroit entre la queue et l’arrière-train du cheval indique
qu’ils ont été fabriqués à partir du même moule, qui est
simple et dépourvu d’abattis. Dans les trois cas, le revers
est constitué d’une plaque d’argile modelée, entièrement
lisse et percée au centre d’une fenêtre ovale. La base
n’a pas été fermée en dessous. La surface très émoussée des exemplaires et leur taille plutôt réduite (12 cm)
suggèrent qu’il s’agit de surmoulages assez éloignés du
prototype originel. La terre utilisée, identique sur les
trois exemplaires, est la même que celle des figurines
π 8088 et π 8092. Sur tous les exemplaires, les bourrelets internes de la jonction des croûtes ont été lissés sur
une hauteur accessible à l’index depuis le dessous ouvert
de la base. Les parois des croûtes, d’épaisseur variant
de 0,4 à 0,6 cm, n’ont été lissées que sommairement,
comme l’indique la présence encore de quelques traces
de pression des doigts. Pour le moment, le parallèle le
plus proche que nous avons pu repérer, pour la morphologie et la position du cheval et la présence d’un garçon
89 Pour quelques parallèles proches, voir déjà Mollard-Besques
1963, MYR 1577 pl. 10d, MYR 6 pl. 10g et MYR 12 pl. 10f
(Myrina) ; Hornung-Bertemes 2007, fig. 252, pl. 34 (Démétrias) ;
Schwarzmaier 2008, p. 426, fig. 5 (Lipari, tombe de petite fille).
363
STÉPHANIE HUYSECOM-HAXHI, IRINI-DESPINA PAPAIKONOMOU, EFSTRATIOS PAPADOPOULOS
vêtu d’une chlamyde, est la figurine Mollard-Besques
1963, CA 1529 pl. 158, provenant de Myrina. Le style
du visage et le geste du bras droit du garçon restent
néanmoins différents. De jeunes cavaliers similaires,
avec toutefois des jambes un peu plus longues, portant
la chlamyde mais aussi la kausia ont été trouvés dans des
tombes d’Alexandrie (Kassab Tezgör 2007, p. 50-52,
fig. 18-20, pl. 17).
Conclusions sur la production des figurines
D’un point de vue technique, toutes ces statuettes
sont des surmoulages appartenant à une génération plutôt
éloignée des prototypes originels, comme en témoigne
la qualité moyenne de l’ensemble du rendu des surfaces
aux reliefs déjà très émoussés, qu’il s’agisse des plis des
vêtements ou des traits des visages, surtout dans le cas
des cavaliers et de la jeune fille assise habillée. Les terres
rencontrées distinguent aussi deux groupes d’objets,
d’un côté les trois exemplaires de poupées nues assises
et de l’autre les trois cavaliers, le fragment de dame
debout et la poupée assise habillée. La similitude des
caractéristiques de production et de facture des figurines
de ce second groupe laisse en outre supposer qu’elles
ont été fabriquées dans un même atelier. D’ailleurs,
rien n’empêche que toutes les statuettes, tous types et
toutes terres confondus, proviennent du même atelier.
Les argiles étant similaires, à l’œil nu, à celles que l’on
connaît pour la coroplathie thasienne90, on peut, en l’état
actuel de la recherche, supposer que les statuettes ont
été fabriquées à Thasos même. Néanmoins aucun des
types n’est une création locale et c’est donc en dehors
de Thasos qu’il faut rechercher l’origine des prototypes
dont ils dérivent. La mise en parallèle de chaque type a
montré qu’il fallait sans doute situer l’atelier créateur en
Asie Mineure, plus précisément dans le Nord, en Éolide,
et autour de Myrina dont la nécropole a livré les exemplaires les plus proches d’un point de vue stylistique et
typologique que nous avons pu réunir jusqu’à présent.
90 Muller (A.) – les terres cuites votives du Thesmophorion.
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Iconografia e funzione delle terrecotte figurate nelle sepolture
ellenistiche d’infanti e di adolescenti della necropoli
nord-orientale di Tebe*
Marcella Pisani
Résumé. À Thèbes, à l’époque hellénistique, la découverte de figurines en terre cuite dans les sépultures
d’individus immatures confirme la tendance générale
observée dans le reste du monde grec. les sujets choisis
sont profondément liés à l’intention de placer les enfants
sous la protection de divinités kourotrophes et aux
rites de passage entre la puberté et l’âge adulte, mais
une analyse attentive révèle la nécessité d’appliquer
différents types d’interprétation au lieu d’une simple
approche iconographique.
cotte figurate nelle sepolture di individui che non hanno
ancora raggiunto l’età adulta a Tebe (Beozia) in età
ellenistica, partendo dalla valutazione dei dati restituiti
dalla recente indagine del lembo più vasto della necropoli nord-orientale (Gephyra O.S.E.) condotta dalla IX
Eforia per le Antichità Preistoriche e Classiche della
Beozia, sotto la direzione di Vassilis Aravantinos 2.
Premessa
Si tratta di un’area intensamente sfruttata in età
ellenistica. Delle ottocentoquarantatre sepolture che si
distribuiscono dall’epoca arcaica fino al periodo romano
il 40% circa risulta ascrivibile al periodo che va dal
IV sec. a.C. al I sec. d.C. A partire dalla prima metà del
III sec. a.C., e, molto di più, tra la seconda metà dello
stesso secolo e per tutto quello successivo, si coglie, in
questa zona extra moenia, una insufficienza di terreni da
destinare alla collettività per il seppellimento dei morti e
le esequie funebri. La mancanza di spazi ad uso funerario
può spiegare, infatti, il massiccio incremento delle intersezioni tra una sepoltura e l’altra 3, unitamente a ragioni
di praticità non secondarie che possono aver motivato i
frequenti riutilizzi 4, soprattutto quelli più tardi. In qualche caso, la sovrapposizione ad una sepoltura precedente
o allo spazio fisico occupato da questa è avvenuta in
maniera tale che la deposizione più recente ha arrecato
consistenti modifiche al contesto primario, privandoci di
Le dinamiche socio-culturali riflesse nelle pratiche
funerarie e nella cura dei defunti costituiscono uno dei
temi centrali nell’analisi delle necropoli antiche, affrontato, nella letteratura archeologica, con modalità di
approccio ed esiti differenti. Solo di recente, tuttavia,
le indagini condotte su vaste aree cimiteriali, le edizioni sistematiche e integre di complessi funerari – con
un’attenzione maggiore a tutti gli elementi del corredo e ai dati di scavo – e la possibilità di usufruire di
analisi fisico-antropologiche hanno notevolmente accresciuto le informazioni in nostro possesso, consentendo
di applicare un approccio esegetico più approfondito
e appropriato al contesto cronologico e geografico di
riferimento 1. L’obiettivo di questo contributo è quello
d’indagare il ruolo svolto dalla deposizione delle terre* Desidero ringraziare il prof. Antoine Hermary per l’invito rivoltomi
a prendere parte a questa Tavola Rotonda, il prof. Vassilis Aravantinos
per il permesso accordatomi di studiare i materiali coroplastici
di età ellenistica della necropoli nord-orientale e di pubblicarne
i risultati e la prof.ssa Margherita Bonanno per l’attenzione con
la quale ha seguito tutte le fasi di questo lavoro di ricerca. Per le
proficue discussioni sul tema sono grata alla prof.ssa Paola Pelagatti.
Esprimo, inoltre, sincera gratitudine alla dott.ssa Alexandra Harami
e alla dott.ssa Elena Vlachogianni per avermi messo a parte di
conclusioni di carattere cronologico sulle classi di ceramica e sulle
monete provenienti dagli stessi contesti, alla sig.ra Ioanna Moraïtou
che ha eseguito il restauro delle terrecotte con esemplare perizia, alla
dott.ssa Evi Tsota e ai disegnatori Konstantinos Baïraktaris e Sotiris
Kazakidis per l’aiuto fornitomi nella interpretazione dei dati e delle
Sovrapposizioni e riutilizzi nella necropoli
nord-orientale di Tebe in età ellenistica
piante di scavo. La rielaborazione grafica delle immagini e dei grafici
è stata curata da Giampaolo Luglio.
1 Per un aggiornamento e riferimenti bibliografici si veda da
ultimo Dasen 2010.
2 Aravantinos 1999, p. 316; Id. 2000, p. 377-388; Id. 2006,
p. 734-740; Id. 2007, p. 63-64; Kountouri 2008, p. 665-669;
Aravantinos 2010.
3 Aravantinos 2000, p. 386, fig. 13: tombe alla cappuccina B 148
(seconda metà del III sec. a.C.), B 149 (seconda metà del III sec. a.C.)
e B 150 (prima metà del III sec. a.C.).
4 Aravantinos 2000, p. 381, fig. 3 (tomba alla cappucina N 52a,
degli inizi del III sec. a.C., ricavata all’interno della doppia tomba a
cista di età tardo-classica, N 52 e N 59).
367
MARCELLA PISANI
Fig. 1. Tebe, necropoli N/E. Corona con foglie d’edera, corimbi e bacche in terracotta dorata della sepoltura a enchytrismòs N 197.
Archivio della IX Eforia per le Antichità Preistoriche e Classiche della Beozia.
Fig. 2. Tebe, necropoli N/E. Statuetta fittile di bambino della tomba a cappuccina N 113 (seconda metà del III sec. a.C.). A lato la tegola
con tracce del sudario di lino che avvolgeva il fanciullo. Archivio della IX Eforia per le Antichità Preistoriche e Classiche della Beozia.
368
TERRECOTTE FIGURATE DELLA NECROPOLI NORD-ORIENTALE DI TEBE
Fig. 3. Tebe, pianta della necropoli nord-orientale. In giallo le sepolture di età ellenistica con terrecotte figurate.
Archivio della IX Eforia per le Antichità Preistoriche e Classiche della Beozia, rielaborazione grafica Giampaolo Luglio.
369
MARCELLA PISANI
dati utili alla sua ricostruzione, con riferimento sia alla
disposizione intenzionale e originaria dello scheletro
– le cui ossa, quando non si sovrappone l’inumato della
sepoltura più recente 5 vengono traslate in una fossetta
realizzata a lato o sullo stesso piano deposizionale 6 –
sia alla quantità e alla natura degli oggetti del corredo
che vanta “intrusi” di periodo diverso. A riprova dei
grandi cambiamenti occorsi nell’area, delle distruzioni
di contesti originari e della conseguente dispersione
delle offerte va segnalato il rinvenimento, nelle tombe
di età ellenistica, anche di manufatti del periodo neolitico – oltreché arcaico e classico – pertinenti cioè
all’abitato e al limitato gruppo di sepolture della fase
preistorica che precede l’impianto della necropoli in
epoca arcaica 7. Ciononostante, la possibilità di scindere
le varie deposizioni e l’analisi condotta su quelle integre
– fortunatamente in numero maggiore – hanno consentito
di recuperare il quadro delle associazioni per contesto
con un alto grado di affidabilità e di sviluppare chiavi di
lettura approfondite, restituendo la fisionomia strutturale
e diacronica della necropoli.
Distribuzione cronologica delle sepolture
Tra le trecentoquarantuno sepolture di età ellenisticoromana (Grafico 1), trentadue sono ascrivibili al periodo
che va dalla fine del IV sec. a.C. agli anni iniziali del
secolo successivo, e centoquarantadue sono distribuite,
in maniera pressoché uguale, tra i decenni centrali della
prima e la seconda metà del III sec. a.C. Nella prima
metà del II sec. a.C. il numero delle tombe presenti in
quest’area aumenta lievemente (ottanta), per poi ridursi
drasticamente (trentasette) nella seconda metà dello
stesso secolo, una cesura da porsi, probabilmente, in
concomitanza con i cambiamenti nella fruizione dello
spazio extra-urbano, all’indomani di alcuni avvenimenti storico-politici di rilievo comprovati dal recente
rinvenimento di livelli di distruzione e di un tesoretto
monetale sepolto per l’occasione in ambienti residenziali poco distanti 8. Per una valutazione complessiva
del fenomeno si attendono, tuttavia, i dati che emergono
dall’analisi e dalla revisione delle indagini condotte in
settori adiacenti pertinenti alla stessa necropoli e venuti
5 Aravantinos 2000, p. 385, B 151, tomba a cista di età classica,
riutilizzata nella prima metà del III sec. a.C.; tombe a cista B 192 e
B 158, della prima metà del III sec. a.C., riutilizzate nella prima metà
del II sec. a.C.
6 Aravantinos 2000, p. 383, tomba N 80 e p. 384, tombe B 48 e
B 53; tomba N 479.
7 Aravantinos 2000, p. 380-381.
8 Vlachogianni 2000; Kountouri 2001; Aravantinos 2010, p. 332.
370
alla luce gradualmente negli anni 9, o più di recente (proprietà Tzalla, 185 tombe 10; Zoulamoglou, 87 tombe 11;
Aikaterini, 18 tombe 12; Prevezanou, 4 tombe 13; K.A.A.,
32 tombe 14), così come dagli spazi cimiteriali scoperti a
nord-ovest 15 e a sud 16 del centro urbano antico. È fuor di
dubbio che a partire dagli inizi dell’epoca romana vengano utilizzate altre zone a scopo funerario 17. Solo nove
deposizioni, infatti, si ascrivono al periodo compreso tra
il I sec. a.C. e il I sec. d.C. nel settore qui discusso. A
dati numerici qui reportati si aggiunge anche un discreto
numero di sepolture contraddistinte da corredi poco diagnostici ai fini cronologici, e che, sulla base dei dati di
scavo, può essere, solo genericamente assegnato all’età
ellenistica.
9 Kountouri 2008, p. 683-684.
10 Kountouri 1999; Aravantinos 2006, p. 734-735, n. 37; Kountouri
2008.
11 Aravantinos 2006, p. 739-740; Kountouri 2008, p. 683.
12 Aravantinos 2006, p. 734-735, n. 36; Kountouri 2008, p. 685.
13 Aravantinos 2006, ibidem; Kountouri 2008, p. 686.
14 Aravantinos 2006, ibidem; Kountouri 2008, p. 684.
15 Nel quartiere di Pyri, alla periferia di questo, e a sud dell’antica
strada nazionale Tebe-Livadià, è venuto alla luce nel 2002 (proprietà
N. Liakopoulos) un gruppo di 88 sepolture cronologicamente
inquadrabili tra l’VIII e il II sec. a.C. (Aravantinos 2006, p. 740-741,
fig. 11; Kountouri 2008, p. 692). Rinvenimenti passati da riconnettere
alla stessa area cimiteriale nord-occidentale sono costituiti da tombe
scoperte in località Alonia (Symeonoglou 1985, p. 86), in proprietà A.
Liakopoulos (Symeonoglou 1985, p. 262-263), e da diverse sepolture
pesantemente manomesse da scavi clandestini (Symeonoglou 1985,
p. 258). A queste si aggiunga un numero più modesto di tombe,
databili dall’età arcaica a quella ellenistica, rinvenuto a ovest di
Pyri, in località Phoros (Symeonoglou 1985, p. 264) e una vasta
area cimiteriale in uso dall’età geometrica a quella ellenistica portata
alla luce a Kazi, un sobborgo ad ovest di Pyri (Symeonoglou 1985,
p. 258, 265, 284; Aravantinos 2006, p. 740 e n. 71; Kountouri 2008,
p. 687-690).
16 La necropoli meridionale comprende diciannove sepolture
di età classica e una tomba di età ellenistica (T. 20) esplorate da
A. Keramopoullos nel sito di Kolonaki (Keramopoullos 1917,
p. 210-252). Nella stessa collina, a sud della Kadmeia, altre 11 tombe
a fossa, prevalentemente di età classica, sono state esplorate nel 1966,
e dodici si sono rinvenute in uno spazio lì vicino nello stesso anno
(Symeonoglou 1985, p. 248-250). Più di recente (1998), scavi condotti
nella collina adiacente, nel quartiere di Palaia Sphageia, hanno portato
alla luce un gruppo di tombe di età classica (Aravantinos 2006, p. 733,
741, n. 72), che si aggiunge ad un altro rinvenuto precedentemente
(Symeonoglou 1985, p. 275). Alla stessa necropoli meridionale
vanno riferite, poi, altre sepolture, di età classica ed ellenistica
rinvenute nei pressi della Chiesa di Agios Nikolaos (Pappadakis 1911,
p. 140-141; Symeonoglou 1985, p. 296), in proprietà di N. Kokontinis
(Symeonoglou 1985, p. 285), in proprietà G. Stephas e nei pressi
(Symeonoglou 1985, p. 280, 294; Kountouri 2008, p. 690-692).
17 Alcune tombe di età romana si rinvengono anche nella necropoli
nord-occidentale, sulla Cadmea e attorno a questa (Kountouri 2008,
p. 679, n. 79).
TERRECOTTE FIGURATE DELLA NECROPOLI NORD-ORIENTALE DI TEBE
I costumi funerari
Nello studio di lungo periodo della necropoli nordorientale di Tebe, sono evidenti continuità e modifiche
dei costumi funerari (Grafico 2). La pratica predominante per tutta l’età ellenistica è l’inumazione 18. I Tebani
del IV e del III sec. a.C. preferiscono seppellire i loro
cari all’interno di tombe alla cappuccina. Anche le
tombe a cista, con lastre e stele di reimpiego 19, in poros
e marmo, utilizzate per la copertura e per foderare le
pareti, appaiono discretamente attestate. Relativamente
esigui sono i rinvenimenti di sepolture a enchytrismòs
e le tombe a cremazione che, qui a Tebe, sono in prevalenza a incinerazione primaria entro fossa terragna
(fossa-ustrinum). A partire dalla fine del III sec. a.C.
si afferma la tomba a fossa semplice, di rado dotata di
contro-fossa, che diviene la tipologia sepolcrale più
diffusa nella seconda metà del II secolo a.C. Le nove
deposizioni inquadrabili tra il I sec. a.C. e il I sec. d.C.
riutilizzano, quasi esclusivamente, sepolture a cista di
epoca precedente, secondo una prassi ben documentata a
partire dagli inizi del II secolo a.C. È assai significativo,
infine, che l’unico esempio di incinerazione secondaria
(tomba N 211), con i resti combusti raccolti entro una
hydria tipo Hadra deposta all’interno di un pozzetto
circolare foderato da una vera in pietra 20, e cronologicamente inquadrabile negli anni finali del IV secolo a.C.,
abbia restituito, tra l’altro, elementi in bronzo, piombo
e grani in terracotta dorata pertinenti ad una corona
funeraria. Se la presenza di orecchini all’interno dello
stesso corredo è un indizio eloquente del carattere femminile dell’incinerato, la corona esemplifica di un uso
uguagliato, all’interno della stessa necropoli, solo da
una coeva sepoltura entro pithos, probabilmente maschile (N 197), che ha restituito foglie d’edera, corimbi
e bacche in terracotta dorata 21 (fig. 1), e attestato anche
altrove in maniera sporadica 22, tale uso denuncia, gene18 Un dato che emerge anche dall’analisi comparata con altri
settori: Kountouri 2008, p. 679.
19 Aravantinos 2000, p. 381-382 (N 49, N 86), p. 383, fig. 5-6
(N 146, N 166), p. 384-385 (B 53, B15, B 90, fig. 8, B 151, fig. 9-10),
p. 385-386 (B 158); Bonanno-Aravantinos 2006.
20 Aravantinos 2000, p. 382, fig. 4.
21 Diverse foglie d’oro pertinenti ad una corona funeraria (priva
di elementi in terracotta dorata) sono state rinvenute in una tomba a
fossa B 171, della seconda metà del II sec. a.C., caratterizzata da un
elevato numero di offerte (Aravantinos 2000, p. 387, fig. 17).
22 Un forte parallelo per il rinvenimento tebano è istituibile con una
sepoltura tarantina (Taranto, via Tirrenia, tomba 31) ad incinerazione
secondaria consistente in una hydria in bronzo utilizzata come
cinerario e deposta all’interno di una fossetta che, al momento del
recupero, recava intorno al collo una corona in bronzo e terracotta
dorata (D’Amicis 1994, p. 157, fig. 131-132; Masiello 1984, p. 80-81).
Per una disamina dei contesti che hanno restituito elementi e gioielli
ralmente, la volontà di rappresentare uno status peculiare
del defunto – spesso infante o adolescente 23 – attraverso
l’adozione di costumi probabilmente macedoni cui sembra richiamarsi anche il particolare tipo di deposizione 24.
I dati fin qui presentati e i rapporti di proporzione diacronica tra le varie tipologie sepolcrali, si mantengono
pressoché inalterati prendendo in considerazione solo
le sepolture che, sulla base delle dimensioni, dei resti
scheletrici conservati e, con cautela, del corredo – un
problema sul quale si ritornerà in seguito – sono attribuibili sia a bambini che ad adolescenti. La gamma delle
pratiche funerarie si restringe sensibilmente, invece,
considerando le sole sepolture di fanciulli molto piccoli,
le uniche che, in assenza di dati fisico-antropologici,
sono identificabili con sicurezza, oltre che dagli scarni
resti dello scheletro, dalla tipologia e dalle dimensioni
della sepoltura. Tra queste (Grafico 3), che non sono
raggruppate in aree privilegiate, né sembrano seguire
un orientamento particolare 25, la tomba a cappuccina è
senz’altro la pratica sepolcrale più diffusa. Su cinquantuno sepolture di bambini morti in una età compresa tra
zero e sette/otto anni circa, ben trentacinque sono a cappuccina e dieci esemplificano il tipo ad enchytrismòs;
cinque fanciulli sono inumati entro una fossa semplice e
uno solo entro cista.
Dal computo, al momento sono state escluse le
sepolture non individuali. In questa fase della necropoli
tebana, infatti, la deposizione è generalmente singola,
ma si annoverano anche poche deposizioni bisome (solo
in due casi chiaramente riconoscibili come quelle di un
in terracotta dorata nel mondo greco e una nuova interpretazione di
questo fenomeno si rimanda all’articolo di prossima pubblicazione:
Manetta (C.), Pisani (M.) – Terracotta Imitation of Jewelry.
Iconography and function. In: Mazarakis-Ainian (A.) dir., aeTHSe
III, Proceedings of the 3rd archaeological Meeting of Thessaly and
Central Greece (2006-2008). From Prehistory to the Contemporary
Period (Volos, University of Thessaly, 12-15.3.2003). Volos, c.s.
23 Si vedano ad esempio i casi di Livanates (Onassoglou
1988, p. 442, fig. 14); di Eretria (Mollard-Besques 1972, p. 65,
D 379-D 412, pl. 86 c, 87 a-d, 88 a) e del Pireo (Kyparissis 1926,
p. 82-85, fig. 33-35).
24 L’uso di deporre le ceneri dei defunti in kalpides argentee o
bronzee, concluse da stephanai in oro è piuttosto diffuso in Macedonia
sin dalla fine del V sec. a.C. Anche in questa regione, tuttavia, corone
con elementi in piombo, bronzo e terracotta dorata sono attestate
solo negli anni finali del IV e agli inizi del III sec. a.C., come risulta
comprovato da rinvenimenti archeologici (Masiello 1984, p. 81,
n. 82-85) e dalle fonti letterarie (Plut., Dem., LIII, 3).
25 L’orientamento prevalente in età ellenistica nei due settori di
scavo principali (a sud e a nord della linea ferroviaria) è NO/SE o
N/S, con cranio del defunto a Est o a Sud. Per i periodi precedenti
l’orientamento è più uniforme e regolare e molte sepolture risultano
allineate all’asse viario di cui è stato portato alla luce un grande tratto
(Aravantinos 2000, p. 381).
371
MARCELLA PISANI
Grafico 1. Istogramma della distribuzione cronologica delle sepolture della necropoli N/E di Tebe in età ellenistica.
Grafico 2. Istogramma delle tipologie di sepoltura nella necropoli N/E di Tebe in età ellenistica.
372
TERRECOTTE FIGURATE DELLA NECROPOLI NORD-ORIENTALE DI TEBE
Grafico 3. Necropoli N/E di Tebe. Costumi funerari delle sepolture infantili di età ellenistica.
Grafico 4. Istogramma della distribuzione cronologica delle raffigurazioni fittili della necropoli N/E di Tebe
(Gephyra O.S.E.), in età ellenistica.
373
MARCELLA PISANI
adulto e di un bambino 26) o trisome (con tre scheletri di
adulti o di due adulti e di un adolescente 27).
Il corredo: presenza di segnalatori infantili?
Se la disposizione del corredo, all’interno e all’esterno delle sepolture – fatta eccezione per le anfore da
trasporto utilizzate come semata funerari o rinvenute
frequentemente addossate agli angoli interni di tombe a
cista 28 – non sembra seguire alcuna costante apprezzabile
per tipologia funeraria, o cronologia, né registrare evidenti relazioni reciproche nella collocazione 29, l’analisi
dei complessi comprende manifestazioni differenziate
nel lungo periodo d’uso, che riflettono, probabilmente,
ideologie e pratiche rituali diverse.
Solo un numero ridotto di sepolture infantili (perlopiù ad enchytrismòs e in un caso a cappuccina) non ha
restituito alcun elemento di corredo d’accompagno. In
attesa dello studio osteo-antropologico, va tuttavia sottolineato come la capacità di distinzione di sesso e d’età
resta generalmente affidata a pochi elementi, non sempre
dirimenti.
Con riferimento alla ceramica, attualmente in corso di
studio da parte della dott.ssa A. Harami, il “corredo-tipo”
delle sepolture di fanciulli tra il terzo venticinquennio del
IV sec. a.C. e la prima metà del III sec. a.C., prevede un
ridotto numero di forme vascolari che si discostano, solo
in parte, dalla ceramica rinvenuta nelle coeve sepolture
di adulti. Compare di sovente il binomio unguentarioalàbastron, in associazione con lo skyphos, con la kylix,
con il bicchiere monoansato e con ciotole e paterette
echiniformi. Anfore, oinochoai, prochoi, piatti, lopadia,
brocche e piccole chytrai, appaiono in un discreto numero
26 Si tratta della tomba a cappuccina B 50, della prima metà del II
sec. a.C. e della coeva tomba a fossa B 22; un adulto e un adolescente
sono probabilmente gli inumati della tomba a cappuccina B 143,
degli anni finali del IV e degli inizi del III sec. a.C. Negli inumati
della tomba a cappuccina B 72, invece, della seconda metà del III
sec. a.C. è stato proposto di vedere la sepoltura contemporanea di una
coppia di adulti (Aravantinos 2000, p. 385).
27 È il caso della tomba a cista B 94, della prima metà del III sec.
a.C. (Aravantinos 2000, p. 384) e della sepoltura entro fossa B 164,
della prima metà del II sec. a.C.
28 Aravantinos 2000, p. 384-386.
29 Le offerte interne alla sepoltura sono disposte quasi sempre
ad occupare gli spazi vuoti o “di risparmio”: attorno alla testa del
defunto, tra le sue gambe e ai suoi piedi. Già D. Kurtz e J. Boardman
avevano osservato come generalmente non esista un ordine apparente
nella disposizione delle offerte (Kurtz, Boardman 1971, p. 100).
Diversamente, nelle sepolture di età arcaica e classica, recentemente
indagate a Mieza, gli archeologi hanno notato una differente
dislocazione del corredo nelle tombe di individui maschi adulti e
in quelle di donne e di infanti (Romiopoulou, Touratsoglou 2002,
p. 130-131).
374
di deposizioni, generalmente più tarde. In un insieme
ristretto di sepolture si registra anche una tendenza alla
miniaturizzazione delle forme ceramiche, di rado tipiche
(si nota, ad esempio, la rarità del guttus), una moltiplicazione di offerte (soprattutto di unguentari e alabastra) e
la presenza della lekythos o della pisside-lekanis. Il quadro di riferimento si mantiene sostanzialmente inalterato
nella seconda metà dello stesso secolo. Non mancano,
tuttavia, eccezioni come nel caso della tomba N 113,
una sepoltura alla cappuccina particolarmente ricca di
offerte 30 e della quale fa parte anche una terracotta di
fanciullo (fig. 2) 31. La cura profusa in questa sepoltura si
rivela non solo nell’accurata selezione degli elementi del
corredo, ma anche nel trattamento del corpo, avvolto in
un sudario di lino, tracce evidenti del quale sono rimaste
sulla tegola utilizzata per la copertura. Si tratta di un’attenzione comparabile in questa fase della necropoli solo
ad alcune tombe a fossa dove tracce consistenti di chiodi
rimandano alla presenza originaria di un sarcofago o
catafalco in legno.
Tenendo presente solo la ceramica, l’omologazione
tra sepolture chiaramente riconoscibili come infantili e
resto delle sepolture si accentua tra la fine del III e la
prima metà del II sec. a.C., quando, oltre alla comparsa
del lagynos 32 e della coppa megarese, si assiste alla graduale scomparsa dell’alàbastron. Contemporaneamente,
si registra un notevole incremento di unguentari, riprodotti da un minimo di poche unità (5-6) fino ad un
numero di svariate decine di esemplari all’interno di un
singolo contesto. Il rinvenimento di 20 unguentari nel
corredo della sepoltura ad enchytrismòs N 413, sembra
comprovare l’ipotesi che tale dato non sia da mettere in
relazione solo alla tipologia sepolcrale prescelta, anche
se i raggruppamenti più consistenti di contenitori per
profumi si ritrovano nelle tombe a cista 33 o a fossa, che
conoscono larga fortuna proprio in questo periodo.
30 Aravantinos 2000, p. 382. Il corredo, deposto all’interno e
all’esterno della tomba, conteneva: 2 anfore da trasporto, 7 alabastra,
1 kylix, 1 kados (con becco versatoio), 1 amphoriskos al cui interno
sono state rinvenute 4 monete che consentono di fissare alla fine del
III sec. a.C. il terminus post quem per la deposizione; alcuni manufatti
in bronzo (una pisside cilindrica, 15 ami, diversi anellini, lamine e
un oggetto campaniforme), in piombo (diversi frammenti pertinenti
a cerniere e decorazioni di una cassetta, probabilmente lignea) e
oggetti in ferro (parti di attrezzi agricoli, alcuni strigili, diversi grossi
chiodi a gambo corto e testa piatta circolare, uno strumento con corpo
cilindrico sottile ed estremità ad uncino) oltre ad alcuni piccoli vaghi
fittili, ad una conchiglia e ad una statuetta in terracotta.
31 Per il tipo, che si rifà ad un archetipo della prima metà del III
sec. a.C., cfr. Burn, Higgins 2001, p. 66, pl. 23, 2126.
32 Su tipologia e uso del lagynos e degli unguentari si vedano
anche le considerazioni di E. Kountori sul rinvenimento di questi
esemplari nella proprietà Tzalla (Kountouri 2008, p. 681).
33 Lo stesso numero di unguentari ricorre, ad esempio, nella coeva
tomba a cista N 86 (Aravantinos 2000, p. 382).
TERRECOTTE FIGURATE DELLA NECROPOLI NORD-ORIENTALE DI TEBE
Altri materiali appaiono essere relativamente più
connotanti i corredi infantili. Resti di guscio d’uovo si
ritrovano, quasi esclusivamente, tra i materiali d’accompagno delle sepolture di bambini, perlopiù di sesso
femminile. Una corrispondenza meno rigida si osserva
per le conchiglie, documentate talvolta nelle sepolture infantili in numero variabile da uno a quattro.
Gli astragali, infine, ampiamente attestati nei corredi
infantili di età classica della stessa necropoli, compaiono
nella fase ellenistica in poche sepolture distribuite tra la
fine del IV e la seconda metà del II secolo a.C. (N 10,
N 62, B 52, N 231).
Quanto agli altri manufatti, ad eccezione dello strigile
che, quasi sempre in ferro e relativamente ben rappresentato, non sembra connotare solo sepolture di infanti
né essere una offerta di esclusiva pertinenza maschile 34,
in un discreto numero di esempi, perlopiù nei contesti
della fine del IV e della prima metà del III sec. a.C.,
si ritrovano oggetti che rimandano alla presenza di un
apparato da toilette o da cosmesi (piccoli contenitori,
spatulae, specchi, collane o orecchini) inequivocabilmente ricollegabile alla sfera muliebre, e strumenti che
richiamano l’attività della palestra, della caccia, della
pesca, dell’agricoltura, della compagine militare e della
cultura (punte di lancia, spilloni, anelli, bracciali, attrezzi
agricoli, styloi e calamai, strumenti musicali), se si tratta
di sepolture infantili maschili. Una maggiore indifferenziazione, anche in questo caso, accompagna i corredi
compresi tra la fine del III e gli inizi del II sec. a.C.
L’incidenza della coroplastica nelle sepolture
infantili
Fin qui, dalla valutazione di ciascuna classe di materiali sembrano emergere pochi elementi caratterizzanti,
che, se considerati singolarmente, appaiono talvolta
contraddittori e in generale di scarso aiuto per la comprensione dell’incidenza della mortalità di individui non
adulti e delle pratiche rituali messe in atto in occasione
dei funerali di bambini e adolescenti. Eppure, dall’analisi combinata di tutti gli indicatori emergono dati più
attendibili. In questa analisi un posto a parte merita
certamente la presenza delle terrecotte figurate. La
loro ricorrenza, nel 25% circa del totale delle sepolture
ellenistiche 35 (fig. 3), e nel 51% circa di quelle sicura34 Nel corredo della tomba a cappuccina B 91, della fine del IV
e in quello, ancora più ricco, della tomba a cista B 174, della prima
metà del III sec. a.C. lo strigile è associato ad uno specchio. Per le
stesse conclusioni che si evincono dal settore in proprietà Tzalla vd.
Kountori 2008, p. 681-682.
35 Si tratta di una percentuale che non tiene conto di alcuni
esemplari integri o frammentari rinvenuti nelle trincee di scavo
mente infantili, accomuna Tebe ad altri grandi complessi
cimiteriali di età ellenistica estesamente indagati 36, dove
la coroplastica sembra costituire uno degli indicatori
più eloquenti per il riconoscimento delle sepolture di
individui che non hanno ancora raggiunto l’età adulta.
Si tratta, certo, di un dato ben noto e destinato a non
stupire in considerazione della complessa propaganda
ideologica e sociale messa in atto in occasione della
morte, e che trova nella piccola plastica fittile una diretta
manifestazione ed un efficace strumento di diffusione.
All’interno delle ottantaquattro sepolture con terrecotte figurate, e ad eccezione di pochi esempi sporadici
– per la maggior parte collocabili tra gli anni finali del IV
sec. a.C. e quelli iniziali del III sec. a.C. – solo un numero
piuttosto limitato di terrecotte figurate (da 1 a 3) caratterizza generalmente la singola deposizione 37. Le terrecotte
figurate costituiscono, in alcuni casi, il solo elemento di
corredo deposto per l’infante o si ritrovano spesso in
associazione con diversi unguentari e con lo strigile.
Per tentare di comprendere il ruolo rivestito dalla
deposizione di terrecotte figurate all’interno delle sepolture infantili e di ravvisare la presenza di adolescenti
nel resto dei corredi che contengono offerte fittili, si
prendano, ancora una volta, in considerazione solo quei
contesti che per dimensioni della sepoltura e presenza
dei resti scheletrici sono con certezza attribuibili a bambini (Tabella 1) 38.
Delle 11 sepolture con terrecotte documentate alla
fine del IV sec. a.C., cinque sono d’infanti (45%). Un
dato destinato ad aumentare considerevolmente in virtù
della inclusione di quattro casi dubbi ma attribuibili, con
molta probabilità, a bambini o ad adolescenti, in considerazione del fatto che esemplificano modalità e rituali
ma apparentemente non ricollegabili con certezza a nessuna tra le
sepolture indagate.
36 Al di fuori della Beozia altre aree cimiteriali rivelano un numero
relativamente discreto di sepolture con terrecotte figurate, rispetto a
corredi che non li comprendono. È il caso, ad esempio, di Taranto
(Graepler 1997) e della Samotracia (Dusenbery 1998), o dello
stesso Ceramico di Atene dove il numero delle sepolture di bambini
accompagnati da terrecotte ammonta a 42 (Vierneisel-Schlörb 1997).
37 In Beozia, una media di poche figurine nel corredo si osserva,
oltre che in altri settori della stessa necropoli (per il settore in
proprietà Tzalla si rimanda a: Kountouri (E.), Harami (A.),
Vivliodetis (V.) – Coroplastic Art from Thebes, Boeotia: Evidence
from the Study of Terracotta Figurines Found in Graves. In: Lafli,
Muller, c.s.), anche a proposito delle sepolture di Akraiphia e di
Tanagra, mentre i corredi funerari di età ellenistica presenti nella
necropoli di Livadià restituiscono un numero relativamente cospicuo
di figurine in terracotta (Andriomenou 2001a; Ead. 2001b; Ead.
2001c; Harami 2007).
38 Dal computo andranno escluse sia le tombe di età romana che
rappresentano un campione troppo ristretto, sia quelle ellenistiche
per le quali manca una datazione puntuale e che esulano pertanto
dall’analisi che si vuole condurre in questa sede. Di entrambe si
riportano, comunque, i dati.
375
MARCELLA PISANI
Fig. 4. Tebe, necropoli N/E. Statuette di fanciulli con gallo della tomba a cappuccina infantile N 62, inizi del III sec. a.C.
(foto Archivio della IX Eforia per le Antichità Preistoriche e Classiche della Beozia).
Fig. 5. Tebe, necropoli N/E. Ai lati, terrecotte di fanciulle con volatili (tombe a cappuccina N 121 e N 481, prima
metà del II sec. a.C. (Archivio della IX Eforia per le Antichità Preistoriche e Classiche della Beozia). Al centro statua
marmorea proveniente dall’Attica e riconducibile alla serie delle “orse”
(Monaco, Glyptothek, GL 490, da Vorster 1983, pl. 23, 4, cat. 188).
376
TERRECOTTE FIGURATE DELLA NECROPOLI NORD-ORIENTALE DI TEBE
Fig. 6. Tebe, necropoli N/E. Efebo-erote in volo con hydria della tomba a fossa N 488.
Archivio della IX Eforia per le Antichità Preistoriche e Classiche della Beozia.
Fig. 7. Tebe, necropoli N/E. Corredo fittile della tomba infantile alla cappuccina N 457, della prima metà
del III sec. a.C. Archivio della IX Eforia per le Antichità Preistoriche e Classiche della Beozia.
377
MARCELLA PISANI
analoghi a quelli generalmente messi in pratica per i
fanciulli qui a Tebe (alto numero di unguentari, presenza
di alabastra, di vasi miniaturistici, di gusci d’uovo e di
conchiglie) 39. In totale, quindi, almeno 9 sepolture che
includono terrecotte figurate nel corredo (81,81%) vanno
con sicurezza assegnate a fanciulli e/o adolescenti. Una
percentuale di poco inferiore (71,42%) si riscontra nella
prima metà del III sec. a.C. Delle 11 sepolture infantili
solo due, ad enchytrismòs, non contengono terrecotte.
Alle rimanenti vanno aggiunte altre sei tombe che, con
un ampio margine di affidabilità, per la compresenza di
più “indicatori” 40 possono essere state originariamente
destinate a soggetti pre-adulti. Anche nella seconda
metà del III sec. a.C. oltre alle sette tombe sicuramente
infantili e comprendenti un corredo fittile figurato, altre
quattro sembrerebbero essere di individui non adulti
(73,33%) 41. Il quadro muta radicalmente nella prima
metà del II sec. a.C. A fronte dell’elevato numero di
sepolture contenenti terrecotte figurate (26), quelle certamente infantili sono solo dieci, di cui la metà non vanta
coroplastica tra le offerte. Anche in questo caso, tuttavia la composizione del corredo suggerisce di attribuire
ad individui non adulti quasi interamente il resto delle
sepolture (80,76%). E all’incirca la stessa proporzione si
mantiene nella seconda metà del II sec. a.C. (85,71%).
Dai dati emersi sembra possibile trarre le seguenti
conclusioni. Tra la fine del IV sec. a.C. e la fine del
secolo successivo, le terrecotte figurate ricorrono a Tebe
nelle sepolture d’infanti e di adolescenti all’incirca in
misura proporzionalmente uguale. A partire dalla prima
metà del II sec. a.C., solo poche sepolture d’infanti sono
caratterizzate dalla deposizione di terrecotte figurate
che, invece, continuano a ricorrere nei corredi di adolescenti di sesso maschile e femminile. Se, quindi, i corredi
sepolcrali contenenti terrecotte figurate – e destinati in
prevalenza a fanciulli o adolescenti – sono rappresentati in proporzioni costanti per tutta l’età ellenistica, ciò
che varia è il trattamento di bambini molto piccoli nella
media e tarda età ellenistica. In generale, si può affermare che gli individui morti nei primi anni di vita sono,
in questo periodo, preferibilmente dotati di pochi oggetti
e, solo eccezionalmente, tra questi, compaiono figurine
di terracotta.
39 Si tratta: di due cremazioni, rispettivamente a incinerazione
primaria (N 5) e secondaria (N 211), di una deposizione bisoma
(B 143), probabilmente di adulto e adolescente (Pisani 2009a,
p. 1130, fig. 3), e della tomba alla cappuccina N 435, originariamente
forse destinata ad un fanciullo, ma in gran parte distrutta.
40 Tombe a cista singole B 84, B 158, B 174, N 243, N 279 e
trisoma B 94.
41 Tombe a fossa B 176, N 119; sepoltura a cappuccina B 220;
incinerazione primaria N 209.
378
Una siffatta lettura, sebbene limitata ad un campione
relativamente ristretto di sepolture, potrebbe essere rapportata in primo luogo al limitato numero di individui
non adulti “visibile” nella necropoli, soprattutto in considerazione dell’alto tasso di mortalità infantile riportato
nelle fonti, un fenomeno che viene generalmente ricondotto a vari fattori: 1) effetti di processi tafonomici che
mal consentono la conservazione di ossa di bambini e
fanciulli; 2) insufficienza di dati archeologici; 3) consuetudine di associare il bambino alla deposizione di
un membro adulto della stessa famiglia (che qui a Tebe
sembrerebbe essere limitato, come si è visto, a pochi
esempi); o 4) esclusione di alcune classi di età dai
“formal burials”, anche se limitatamente a determinate
fasi cronologiche 42.
La coroplastica occupa, comunque, un ruolo centrale
nei corredi tebani di giovani donne e ragazzi per tutta
l’età ellenistica ma “caratterizza” le tombe infantili solo
tra il IV e il III sec. a.C.
Iconografia e funzione
Con riferimento ai soggetti, si assiste ad una profonda diversificazione dei temi iconografici prescelti
nell’apparato di corredo fittile nel lungo arco di tempo
considerato, al di là, delle ovvie considerazioni stilisticoformali che esulano dal discorso affrontato in questa
sede 43 (Grafico 4). I contesti che vanno dall’ultimo
quarto del IV secolo a.C. alla fine del secolo successivo,
vantano per lo più giovani donne drappeggiate, sedute o
stanti e fanciulli di entrambi i sessi, ritratti in differenti
pose 44. Rappresentazioni di Afrodite e Eros sono spesso
associate a questi soggetti o ricorrono singolarmente. A
partire dagli inizi del II sec. a.C. il quadro archeologico di
riferimento sembra mutare sensibilmente e si riscontra,
progressivamente, una forte omologazione e iterazione
42 Lippolis 1994, p. 132.
43 Si rimanda a: Pisani (M.) – Production and Diffusion of
terracotta figurines in Thebes (Boeotia) during the Hellenistic and
Roman Periods. In: Lafli, Muller, c.s.
44 Per comodità di classificazione i vari soggetti vengono distinti
nella letteratura archeologica in classi di rappresentazione: a) per
categorie di sesso, in soggetti femminili o maschili, b) per età,
a seconda che si tratti di terrecotte raffiguranti adulti, adolescenti o
fanciulli, o ancora c) in considerazione dei temi, in rappresentazioni
concernenti la “sfera divina”, in soggetti “realistici” e di natura teatrale
o caricaturale. Per la determinazione dell’età nella rappresentazione
di fanciulli sulla base di caratteristiche fisiche vd. SourvinouInwood 1988, p. 37-39; Hamilton 1996, p. 281-307; Hamilton 1989,
p. 449-472.
TERRECOTTE FIGURATE DELLA NECROPOLI NORD-ORIENTALE DI TEBE
di soggetti coroplastici, perlopiù efebi e giovinette.
Scompaiono quasi del tutto i fanciulli di sesso maschile 45.
L’aspetto diacronico diviene meno rilevante ai fini
della lettura interpretativa. Non si può comprendere, tuttavia, il significato della singola iconografia utilizzata
senza istituire un rapporto tra questa e gli altri fittili o il
resto delle offerte facenti parte del corredo 46, e tra la specifica associazione di soggetti e analoghe combinazioni
in contesti culturalmente e cronologicamente affini, che
si rifanno allo stesso codice simbolico e che possono,
pertanto, suggerire la corretta chiave di interpretazione.
La ricorrenza delle stesse terrecotte o di motivi elaborati con schemi iconografici analoghi in depositi
votivi e il confronto con raffigurazioni dalla specifica
connotazione religiosa e rituale, quali quelle presenti su
vasi o stele 47, possono, certo, in qualche caso, limitare lo
spettro polisemantico.
I soggetti prescelti nel corredo che accompagna il
fanciullo della sepoltura N 62 (fig. 4), ad esempio, rappresentano una diretta trasposizione nella plastica di
piccolo modulo delle immagini utilizzate per decorare
le choes 48. L’associazione con il gallo, ricorrente anche
nelle stele funerarie 49 ritorna in occasione del primo
taglio dei capelli, a quattro anni, quando i fanciulli
accompagnavano la dedica di una ciocca nei santuari con
un gallo domestico e dei dolci 50 e si ritrova in maniera
significativa tra i materiali di una tomba infantile di
Eretria 51. Ancora più stringente è il parallelo che si può
istituire tra la rappresentazione di alcune terrecotte e la
45 Si ritrovano in due sole sepolture: B 163, infantile, il cui corredo
fittile contiene una terracotta di fanciullo, una figura femminile stante
e un cagnolino maltese; B 181, che ha restituito una testina pertinente
ad una statuettadi fanciullo.
46 Sulla questione si veda Merker 2000, p. 321-341 (e bibliografia
precedente).
47 Sulla rappresentazione di fanciulli su monumenti funerari, stele,
lekythoi a fondo bianco ed altre classi di manufatti connessi con la
sfera funeraria vd. Neils, Oakley 2003, p. 163-193.
48 Sulle choes vd. van Hoorn 1951; Rühfel 1984, p. 128-174;
Hamilton 1992.
49 Si veda, ad esempio, la stele di Aminta, figlio di Apollonio
(Parigi, Museo del Louvre, inv. MND 48).
50 A Tebe, il rinvenimento di questi soggetti all’interno di sepolture
infantili tardo-classiche ed ellenistiche potrebbe richiamare un ambito
cultuale più specifico. Recentemente, infatti, M. Daumas, rifacendosi
alle rappresentazioni di fanciulli ed efebi con pilos che decorano i vasi
del Cabirion di Tebe, ha suggerito un collegamento tra l’abbigliamento,
il mantello e il pilos, a una delle tappe d’iniziazione dei paides al
cospetto di Païs (Daumas 1998; Daumas 2005, p. 860-863). È indubbio
che nel santuario cabirico si celebrassero riti iniziatici maschili
connessi ai rituali di passaggio e sovrintesi da divinità o da demoni.
La ricostruzione di queste cerimonie, tuttavia, non è, tutt’oggi, chiara
(Schachter 1986, p. 66-10; Daumas 1998, p. 311-315; Schachter 2003,
p. 112-141). A ciò si aggiunga che solo pochi soggetti, tra quelli
prescelti nei corredi funerari di Tebe, in età ellenistica, si ritrovano tra
i materiali del Cabirion beotico (Schmaltz 1974).
51 Tanagra, p. 234-235, fig. 70.
serie delle statue di “orsette” dedicate nel santuario di
Artemide a Brauron 52 (fig. 5) o, ancora, nella loro ricorrente associazione a volatili e altri animali domestici, le
immagini su stele funerarie 53. Scene di carattere nuziale
e iniziatico presenti sui vasi 54 riprende, invece, l’Efebo
erote, “in volo” con hydria 55 (fig. 6), associato alla deposizione di riutilizzo della prima metà del II sec. a.C. di
una tomba a fossa (N 488).
In alcune sepolture, la distinzione di sesso e il messaggio che accompagna il corredo sono suggeriti dalla
selezione dell’insieme coroplastico che diviene indice
di un comportamento rituale relativamente semplice da
decodificare e nel quale ogni singola terracotta sembra
segnare uno stadio della progressiva iniziazione della
fanciulla sepolta, e del suo passaggio – auspicato più che
reale – dallo stato virginale a quello pre-matrimoniale.
Tale passaggio è spesso sovrinteso da Afrodite, come nel
caso della tomba B 218, una sepoltura alla cappuccina
della prima metà del III sec. a.C., della coeva tomba ad
incinerazione primaria N 258 56, o ancora della tomba
N 480 57. La divinità è evocata altrove anche attraverso la
presenza di Eros 58 (B 158 59), o del cigno imbracciato da
una delle figure (N 457 60, fig. 7).
Assai più scarsi sono i segni esteriori inequivocabilmente ricollegabili all’iniziazione maschile nella
struttura sociale. Nel corredo della tomba 10 (fig. 8-9),
una sepoltura infantile alla cappuccina della fine del IV
52 I rituali d’iniziazione praticati in questo santuario attico (ed in
altri affini, come quello di Artemide Munichia) hanno attirato più di
una volta l’attenzione degli specialisti, per la possibilità d’indagare,
attraverso questi, non solo un complesso apparato d’iniziazione
femminile a gradi e di preparazione al matrimonio, ma, più in
generale, lo stesso sistema educativo di fanciulle e giovinette nel
mondo greco (Brelich 1969, p. 229-290; Kahil 1977; Kahil 1988,
p. 799-813; Gentili, Perusino 2002).
53 Woysch-Méautis 1982; Le Dinahet 2001.
54 Hermary, Cassimatis, Vollkommer 1986, cat. 621, 639d, 651d,
654e. Una delle scene più complesse decora una pisside attica a
figure rosse (ca. 420 a.C.), oggi conservata a New York, e descrive
la raffigurazione del bagno nuziale e della vestizione della sposa
(Metropolitan Museum of Art, 1972. 118.148).
55 Pisani 2009b, p. 726-727, pl. XLVI, fig. 129.
56 Il corredo fittile della tomba consta di due terrecotte di bambine
dello stesso tipo (Pisani 2009a, p. 1128-1129, fig. 1) e di una terracotta
di Afrodite (Aravantinos 2010, p. 330).
57 Bonanno-Aravantinos 2003, p. 188, 227-228, cat. 168-169.
58 Per le raffigurazioni di Eros restituite dalla necropoli, vd. Pisani
2009b.
59 Aravantinos 2000, p. 385, fig. 11; Bonanno-Aravantinos
2003, p. 188 e 203, cat. 136; Pisani 2009a, p. 1130-1132, fig. 4-5,
7; Aravantinos 2010, p. 328-329 e 331; Harami (A.), Jeammet (V.)
– Les figurines de la tombe B 158 de Thèbes : Tanagréennes ou
Thébaines ? In: Lafli, Muller, c.s.
60 Per altre raffigurazioni dalla stessa tomba si veda BonannoAravantinos 2003, p. 188 e 212, cat. 148; Pisani 2009a, p. 1130,
1133, 1136, fig. 2 e 8; Aravantinos 2010, p. 330.
379
380
MARCELLA PISANI
Fig. 8. Tebe, necropoli N/E. Tomba infantile alla cappuccina N 10, fine IV-inizi III sec. a.C. Foto della sepultura in vari dello scavo. Strigile e chiodi in ferro,
astragalo osseo e alcune forme ceramiche del corredo. Archivio della IX Eforia per le Antichità Preistoriche e Classiche della Beozia.
TERRECOTTE FIGURATE DELLA NECROPOLI NORD-ORIENTALE DI TEBE
Fig. 9. Tebe, necropoli N/E. Tomba infantile alla cappuccina N 10, fine IV-inizi III sec. a.C. Nel corredo figurato fittile maschere e soggetti teatrali associati a diverse terrecotte
di fanciulli di sesso maschile, alcune delle quali con dittico e stilo. Archivio della IX Eforia per le Antichità Preistoriche e Classiche della Beozia.
381
MARCELLA PISANI
sec. a.C., è piuttosto esplicito il richiamo al teatro come
parte della paideia dei fanciulli, nell’associazione tra
figurine di fanciulli con dittico e stilo e soggetti di carattere teatrale 61. A riprova di una scelta assai mirata degli
oggetti è degno di nota che una selezione analoga ricorra
in una tomba argiva più o meno contemporanea 62.
Se, quindi, l’iconografia di molti dei fittili rinvenuti
trova implicazione, più o meno diretta, con i riti che
regolano i passaggi di status verso la maturità e il ruolo
di sposa, la disamina condotta su un campione relativamente elevato di sepolture tebane ha evidenziato, in
qualche caso, i limiti di un approccio esclusivamente
iconografico e le generalizzazioni interpretative che
ne possono derivare in mancanza della considerazione
dell’intero complesso degli oggetti di accompagnamento.
Alcuni corredi distribuiti tra la fine del IV e la prima
metà del II sec. a.C., restituiscono, infatti, un insieme
dalla interpretazione non immediata. È questo, ad esempio il caso della tomba B 4, una sepoltura alla cappuccina,
dove compongono il corredo fittile un fanciullo ammantato in lunga clamide e accompagnato da un cagnolino
e due figure di giovinette63. Si tratta, molto probabilmente, di un corredo di un bambino o di una bambina di
pochi anni. L’esame dei fittili conferma il quadro emerso
precedentemente dalla ceramica e dagli altri oggetti.
Nei corredi di bambini molto piccoli, sembra emergere
soprattutto la volontà di sottolineare la condizione civile
e l’età del defunto, e assai meno un riferimento preciso
al sesso o alla sua educazione individuale.
Lo stesso atteggiamento è evidente anche dal corredo della tomba B 236 64, con una figura di nutrice 65 e
di un giovane Pan che suona la siringa (fig. 10), e dove
la presenza di alcuni vaghi di collana in pasta vitrea
caratterizza come femminile il destinatario inumato. Il
complesso, quindi, potrebbe essere interpretato anche
61 Bonanno-Aravantinos, Pisani 2009. Il corredo fittile in esame
sembrerebbe esemplificare il valore iniziatico che la cultura teatrale
greca ha rivestito nelle fasi e nei riti di passaggio dall’età adolescenziale
a quella adulta. Tale connessione troverebbe riscontro, inoltre, in un
epigramma di Asclepiade di Samo, composto intorno al 300 a.C. e più
volte avallato dagli studiosi a questo proposito: Antologia Palatina,
VI, 308 (Todisco 2005, con bibliografia precedente).
62 Bruneau 1970, p. 471-473.
63 Aravantinos 2000, p. 386, fig. 14.
64 Pisani 2009a, p. 1135, fig. 9-10.
65 Il ruolo del personaggio della vecchia nutrice nelle vicende
narrate dalla Commedia Nuova e soprattutto nei testi di Menandro
corrispondeva ad un cliché piuttosto semplice che R. Higgins ha
discusso. La storia è sostanzialmente questa: una giovane donna
viene rapita e violentata, la neonata o è abbandonata perché muoia
e salvata da una coppia di anziani contadini, oppure lasciata loro in
adozione. Le implicazioni cultuali del tema della nutrice sembrano,
tuttavia, essere comprovate dal frequente rinvenimento di figure di
questo tipo in santuari (Hadzisteliou-Price 1978) o in depositi votivi
deputati al culto di divinità curotrofiche.
382
alla luce del rapporto dicotomico tra la sfera di Dioniso
(Pan) 66, espressione della sessualità acerba e quella di
Afrodite e delle Ninfe che incarnano la morigeratezza dei
costumi matrimoniali67, o esemplificare il bipolarismo
tra Artemide e Afrodite 68, oltre ad esprimere la generica
antitesi tra stato selvaggio e civiltà, tra natura e cultura,
che interessa tout court il mondo infantile 69.
In conclusione, va da sé che una indagine di questo
tipo poggia su dati statistici tanto più affidabili quanto
maggiore è il numero delle situazioni prese in esame. In
questa sede, pertanto, i problemi sollevati dalla ricerca
possono intendersi affrontati solo in via tentativa.
Partendo da questa premessa, l’analisi dei molteplici
corredi funerari della necropoli nord-orientale di Tebe,
venuta alla luce nel corso delle intense ricerche condotte
in anni recenti in Beozia, permette, tuttavia, di acquisire
alcuni importanti risultati. Dalla stratigrafia orizzontale
della necropoli, dal corredo di accompagnamento del
defunto e dallo sviluppo diacronico delle semplici unità
contestuali, è possibile ricostruire, infatti, le relazioni
tra reperti e tra gruppi di reperti, ponendo le basi per
una indagine più approfondita sul rapporto tra immagine
restituita dai documenti ed azioni e motivazioni che
li hanno prodotti, e aprendo, al contempo, nuove
prospettive di ricerca.
66 In una recente e convincente lettura e rianalisi delle fonti C. Isler
Kerényi (Isler-Kerényi 2001, p. 234; Ead. 2002, p. 117-118) riconosce
a Dioniso una funzione determinante nei momenti di metamorfosi
e passaggio dell’individuo attraverso le varie fasi nelle quali può
essere distinta, secondo la concezione greca, la sua esistenza. In virtù
della sua capacità di assimilazione a diverse sfere cultuali e in quanto
nume tutelare del cambiamento dalla fase primordiale, animalesca
del fanciullo a quella civilizzata dell’adulto, Dioniso viene chiamato
in causa per sovrintendere ai riti di passaggio sia da parte maschile
che da parte femminile e a garanzia dell’ultimo cambiamento di
status, dalla vita alla morte, o, allo stesso titolo di altre divinità, per
offrire agli iniziati ai suoi misteri le beatitudini dell’oltretomba
67 Giuman 1999, p. 242.
68 Giuman 1999, p. 9-12.
69 Distinti dagli adulti, i fanciulli, nella società greca, appaiono
dotati di uno status inferiore, pressoché negativo. Essi sono, infatti,
fisicamente fragili (in considerazione della frequente mortalità
infantile), moralmente irresponsabili e mentalmente incapaci. In
termini più generali, versano ancora in una condizione selvaggia,
comparabile a quella degli animali, contrapposta alla civiltà e,
siccome tale, lontana dalle piene qualità richieste ad un cittadino
adulto. Da qui l’esigenza che l’individuo acquisisca l’insieme
delle regole che contraddistinguono la vita civile, attraverso il
superamento di stadi e il raggiungimento di modelli comportamentali
connessi alla propria condizione sociale. Ciascuno di questi ambiti
ha come referente un complesso tutelare, un rituale e un relativo
apparato simbolico ed iconografico. Per l’approccio storico si veda:
Brelich 1969; Griffith 2001, p. 23-84; Giuman 1999. Per il confronto
con l’evidenza archeologica: Sourvinou-Inwood 1988; Hamilton
1989 e 1992; Neils, Oakley 2003.
TERRECOTTE FIGURATE DELLA NECROPOLI NORD-ORIENTALE DI TEBE
Tabella 1. Tabella sinottica delle sepolture di età ellenistica, con corredi diagnostici ai fini dell'inquadramento cronologico.
Fig. 10. Tebe, necropoli N/E. Corredo fittile della tomba infantile alla cappuccina B 236, della seconda
metà del III sec. a.C. Archivio della IX Eforia per le Antichità Preistoriche e Classiche della Beozia.
383
Abbreviazioni bibliografiche
384
Veneri pupa negata. Giocattoli in tomba:
casi di studio dall’Occidente greco
Carla Scilabra
Résumé. Cette contribution porte sur les pièces archéologiques traditionnellement interprétées comme des
jouets découvertes en contexte funéraire dans les
colonies grecques occidentales. Grâce à une analyse
comparative des données matérielles et des témoignages
littéraires et iconographiques, on propose une évaluation de la portée sémantique effective des ces objets et
des motivations sociales et symboliques qui ont conduit
à leur insertion dans les mobiliers funéraires d’individus
pré-adultes. Deux cas d’étude sont examinés en détail :
les poupées articulées et les jouets à roulettes.
Veneri pupa negata?
Il titolo scelto per queste pagine nasconde in realtà
un interrogativo. Si tratta di un verso desunto da un
carme di Giovanni Pascoli dedicato al rinvenimento
del sepolcro di Crepereia Tryphaena 1; queste parole,
brillante eco di un passo antico – Veneri donatae a virgine pupae 2 – racchiudono nella loro concisione tutto
il mito romantico suscitato dalla scoperta della tomba
di una sfortunata fanciulla morta alla vigilia delle nozze
e partita alla volta dell’Ade con la sola compagnia della
sua bambola, trasformatasi da gioioso dono a Cipride a
silente testimone di un destino non compiuto.
L’argomento che tenterò di affrontare, infatti, consiste
propriamente nella presenza di reperti tradizionalmente
considerati giocattoli all’interno di sepolture di individui
preadulti nelle necropoli delle colonie greche d’Occidente. L’intento di queste pagine è quello di indagare
questi manufatti al fine di stabilirne l’effettiva portata
semantica, nonché – se possibile – ricostruire la motivazioni culturali e simboliche che hanno portato alla loro
deposizione all’interno dei corredi funerari: se ogni elemento che costituisce il sistema-tomba non è frutto di una
1 Pascoli (M.) a cura di – Ioannis Pascoli Carmina. Bologna,
Zanichelli, 1930, Poematia et epigrammata, II, v. 67-68. Il resoconto
del rinvenimento di questo sepolcro si trova in Lanciani 1889; per
una sintesi delle emozioni suscitate dall’evento: Talamo, MuraSommella 1983, p. 29.
2 Persio, Satyrae, II.70.
selezione casuale, ma fa parte di un linguaggio metaforico
il cui codice è conosciuto e condiviso dalla comunità che
mette in atto la performance funeraria 3, allora i cosiddetti
giocattoli costituiscono una fonte di informazioni considerevole sull’identità dei defunti che essi accompagnano,
così come sulla percezione che la società greca aveva del
funus acerbum (v. Carr 1995, p. 152-156).
Tramite l’analisi di alcuni casi di studio ritenuti particolarmente significativi, si cercheranno risposte ad
una serie di quesiti circa l’effettivo significato di questi
reperti. Che cosa sono in realtà i manufatti generalmente
definiti come giocattoli? Ed in che modo essi sono diventati elementi del linguaggio funerario? Si tratta davvero
di oggetti Veneri negati?
Mondo ludico e record archeologico
Il mondo ludico di una determinata comunità umana
è sostanzialmente costituito da due componenti. La
prima di esse, solitamente non ricostruibile, comprende
una serie di comportamenti – non necessariamente
veicolati dall’intervento adulto (Schwartzmann 1986,
p. 13-14) – che riflettono la naturale predisposizione del
giovane umano alla ludicità (Baxter 2005, p. 62): si tratta,
principalmente, di atteggiamenti di mimesi delle attività
svolte dagli adulti (Sánchez-Romero 2008, p. 20), o di
pratiche che prevedono l’utilizzo – spesso improprio –
di oggetti originariamente funzionali (Wileman 2005,
p. 28; Crawford 2009, p. 62). L’età classica costituisce
un’eccezione nel mondo antico in quanto parte di questi giochi sono noti grazie a numerose testimonianze
letterarie ed iconografiche, che ci hanno tramandato
denominazioni e descrizioni dei giochi più diffusi 4.
3 D’Agostino, Schnapp 1982, p. 21; D’Agostino 1985, p. 49;
Frisone 1994, p. 12-15; Cuozzo 1996, p. 1-2.
4 Non è questa la sede per una disamina completa dei giochi
praticati da bambini e giovani greci. Si ricorda soltanto come una
buona parte di essi faccia parte del patrimonio culturale ellenico fin
da tempi ancestrali (Thomson 1932, p. 175); i giochi greci di cui
si è tramandata memoria avevano nella maggior parte dei casi un
forte valore paideutico (Lambin 1977, p. 109; Griffith, D’AmbrosioGriffith 1990, p. 87).
387
CARLA SCILABRA
Più facilmente indagabile tuttavia è la seconda componente del mondo ludico, ovvero quella che prevede
l’utilizzo di manufatti creati ad hoc dalla comunità degli
adulti – i giocattoli per l’appunto – al fine di veicolare
le naturali pulsioni ludiche del bambino ed indirizzarle
verso comportamenti ritenuti consoni a livello comunitario (Baxter 2005, p. 42-43) in rapporto all’identità
dell’individuo preadulto sulla base della sua età – biologica o sociale –, del suo genere (Papaikonomou 2008,
p. 688-690) e, in alcuni casi, della posizione occupata dal
suo nucleo familiare all’interno della stratigrafia verticale
della società 5. Sebbene si tratti di manufatti creati appositamente per l’intrattenimento degli individui preadulti,
non sempre i giocattoli sono facilmente riconoscibili
all’interno del record archeologico (cfr. Crawford 2009,
p. 57), in quanto la commistione di intenti ricreativi e formativi può dar vita a manufatti estremamente diversi tra
loro in differenti ambiti culturali (Scott 1999, p. 64-65).
Per quanto concerne il mondo classico, tuttavia, esiste
una sorta di lista canonica di giocattoli, ricostruibile
sulla scorta delle fonti antiche ed ampliamente analizzata a livello tipologico in letteratura 6; in questa sede
non ci si occuperà, pertanto, dell’aspetto classificatorio
– argomento abbondantemente trattato altrove – quanto
piuttosto dell’effettiva portata semantica di questi reperti.
Un primo passo verso una corretta lettura del valore
di questi manufatti consiste nel porli in rapporto con i
propri contesti di rinvenimento. Per quanto concerne il
mondo greco i giocattoli provengono raramente da contesti di abitato e si concentrano, invece, nelle necropoli
e, ancora di più, nelle aree santuariali.
L’associazione giocattolo/contesto votivo è giustificabile con il fatto che i balocchi facevano parte degli oggetti
che venivano deposti dagli individui preadulti nel corso
di riti di proteleia (Dillon 2002, p. 215). Tale usanza è
ampiamente attestata dalle fonti letterarie antiche 7, che
conservano numerose tracce di offerte di questo genere;
eccezionale è la testimonianza offerta dall’Anthologia
Palatina, che conserva ben tre epigrammi che dovevano
accompagnare dediche di questo tipo. Il primo di essi
5 Sull’apporto della stratificazione verticale della società sulla
cultura materiale connessa agli individui preadulti: Sofaer-Derevenski
2000, p. 6. Per quanto riguarda l’antichità classica questa tendenza è
particolarmente attestata nel mondo romano, ed in particolar modo
nella produzione di bambole (Manson 1992, p. 54; Fontanella 2009,
p. 148); nel mondo greco questa usanza, pur rara, è principalmente
riconoscibile in rapporto ai giochi destinati agli efebi, dai “rocchetti”
(v. infra, nota 18) ai cerchi in bronzo (Scilabra 2004, p. 144-145).
6 Per un’analisi tipologica dei giocattoli nel mondo greco si
vedano principalmente: Klein 1932, p. 9-22; Jouer dans l’antiquité
1991, p. 44-82; Durand 1992; Hemelryk 1992, p. 19-30; Salza Prina
Ricotti 1995; Fittà 1997; Scilabra 2004; De’ Siena 2009, p. 41-122.
7 A questo proposito si veda la sintesi in Dehnam-Rouse 1902,
p. 249-251.
388
(VI.280) contiene l’elenco degli oggetti offerti da una fanciulla di nome Timareta ad Artemide Limnatis alla vigilia
delle nozze, tra i quali compare, significativamente, una
palla (
). Una palla compare anche tra le dediche ad
Ermes del giovane Callitele (VI.282); allo stesso dio vota
addirittura tutti i suoi giocattoli (una palla –
–,
una raganella –
–, gli astragali e una trottola
–
–) un altro fanciullo, Filocle (VI.309).
Questi componimenti dovevano essere talmente
comuni da suggerire al poeta Luciano una parodia – tramandataci dallo stesso codice (VI.17) 8 – in cui tre etere
votano ad Afrodite i propri
, ovvero le prestazioni in cui eccellono, in cambio, anziché di una felice
vita matrimoniale, di specifiche categorie di clienti.
Accanto alle testimonianze di carattere letterario,
non mancano fonti che attestano anche a livello iconografico questa pratica devozionale: tra esse spicca, per
quantità e varietà, la serie dei pinakes dedicati presso il
Persephoneion in Contrada Mannella a Locri Epizefiri,
alcuni dei quali riproducono fanciulle colte nell’atto di
consegnare alla dea una palla 9.
A dispetto dell’abbondanza di informazioni
riguardanti la dedica di giocattoli in contesti votivi, praticamente nulle sono le fonti che possano illuminarci
circa l’associazione tra balocchi ed ambito funerario. Le
uniche testimonianze superstiti sembrano essere alcune
lekythoi a fondo bianco: la più esplicita, attribuita al
Pittore di Monaco 2335, mostra una scena di commiato
lungo le rive dell’Acheronte tra una madre ed un fanciullo: quest’ultimo, salutando con la destra la donna
mentre la barca di Caronte sta per raggiungerlo, regge
nella sinistra un carrettino 10 (fig. 1); una rappresentazione
analoga caratterizza anche una lekythos del Pittore di
Thanatos 11. Accanto a queste raffigurazioni, sono anche
scene di offerta alla tomba, come quella che compare
su un’opera del Pittore del Quadrato che rappresenta un
fanciullo con carrettino 12; sempre una lekythos a fondo
bianco, nuovamente del Pittore di Thanatos, raffigura
8 L’epigramma è costituito in modo esattamente speculare rispetto
allo schema canonico delle dediche prematrimoniali (sul carattere
parodistico di questi versi cfr. Cancik, Schneider, Orton 2008, p. 22).
Contra: Dasen 2010, p. 29, n. 71 (l’Autrice vede in questo passo una
testimonianza della dedica votiva di bambole –
– da parte di
individui adulti).
9 Lissi-Caronna, Sabbione, Vlad-Borrelli 2003, tipi 5/19-5/21,
parte II, tomo 3, p. 496-614, fig. 36-38, tav. LXXV-CXI; tipo 6/6,
parte II, tomo 4, p. 688-695, fig. 44, tav. CXX-CXXI.
10 aRV 1168.128; cfr. Beck 1975, p. 74, fig. 277; Rühfel 1984,
p. 118, fig. 47 a; Neils, Oakley 2003, fig. 162; Oakley 2004, p. 119,
fig. 175-176.
11 aRV 1231.1; CVa, München, Antikensammlungen 15, p. 75-77,
Beilage 13.5, fig. 29, pl. 43.1-6.
12 aRV 1239.58; Neils, Oakley 2003, p. 173, fig. 13; Oakley 2004,
p. 171, fig. 130.
VeNeRI PUPa NeGaTa. GIOCATTOLI IN TOMBA: CASI DI STUDIO DALL’OCCIDENTE GRECO
Figura 1: Lekythos attributa al Pittore di Monaco 2335, fanciullo
con Carrettino (Neils, Oakley 2003, fig. 162).
l’offerta alla tomba di una “bambola” 13, ma l’effettiva
finalità ludica dell’oggetto rappresentato – una pupattola
nuda – non è, oltretutto, sicura (v. infra).
I contesti funerari magnogreci e sicelioti
Il primo dato che colpisce circa i cosiddetti giocattoli nelle necropoli di Magna Grecia e Sicilia è la loro
decisa sottorappresentzione. Certamente essa è in parte
riportabile ad una scarsa presenza di individui preadulti nei contesti funerari occidentali 14; tuttavia, questa
scarsezza di attestazioni si registra anche in necropoli
nelle quale i preadulti sono ampiamente attestati: tra
esse, alcune – come le necropoli di Medma (Orsi 1917),
di Pantanello presso Metaponto (Carter 1998), Buffa
(Meola 1996-1998) e Manicalunga (Kustermann-Graf
13 aRV 1230.45; cfr. Kurtz 1975, p. 40, n. 19; Oakley 2004, p. 175,
fig. 131-132.
14 Nel mondo greco l’età al momento del decesso è spesso una
delle discriminanti fondamentali per l’accesso alla sepoltura formale
(Morris 1987, in particolare alle p. 57-58); questa tendenza è
particolarmente riscontrabile nei contesti occidentali, sia per quanto
concerne le prime generazioni di coloni (Shepherd 2006), sia per
quanto riguarda le fasi più avanzate della vita delle polieis, nelle
quali si assiste in alcuni casi ad una diminuzione della percentuale di
preadulti all’interno della popolazione funeraria (a questo proposito
si veda il contributo di Diego Elia in questo volume).
2002) presso Selinunte, quella Occidentale di Kaulonia
(Orsi 1916; Palomba 2007) e quella del Poker Hotel di
Naxos (Rastrelli 1984-1985) – non conservano infatti
alcun reperto riconducibile alla sfera ludica.
Anche nei contesti che hanno restituito “giocattoli” 15,
tuttavia, le attestazioni sono molto rare: in molti casi,
infatti, si tratta di un solo reperto per necropoli, accanto
al quale sono pochi oggetti di finalità ignota che gli editori hanno talora interpretato come pertinenti alla sfera
ludica perché palesemente non funzionali – e quindi di
dubbia destinazione – o di ridotte dimensioni 16. Una
sola testimonianza, una bambola ad arti mobili, caratterizza tanto la necropoli meridionale di Eraclea – presso
la quale si sono riconosciute ben 73 sepolture di preadulto – quanto il sepolcreto in Contrada Diana a Lipari,
che conta 63 tombe infantili di età greca; isolato sembra anche il carrettino fittile arcaico recuperato dall’Orsi
presso la necropoli del Fusco di Siracusa, ove le tombe
coeve riferibili a preadulti erano circa il 30% delle oltre
400 tombe indagate.
Più abbondanti risultano le attestazioni registrate a
Locri Epizefiri, dove la necropoli sita in contrada Lucifero
ha restituito un discreto numero di manufatti attribuibili
al mondo ludico, ossia alcune bambole a membra articolate ed una piccola biga 17; analogo è il caso di Taranto,
presso la cui necropoli si sono rinvenuti bambole e tintinnabula (Graepler 1996, p. 231; Idem, 1997, p. 174).
Un solo oggetto, per altro di dubbia interpretazione,
proviene infine dalle 723 sepolture della necropoli di
Pithecusa: si tratta di un fondo di vaso scanalato, volutamente spezzato, che gli editori del contesto interpretano
come rocchetto 18.
Questa scarsa presenza di oggetti interpretabili come
giocattoli può essere legata a diversi ordini di fattori.
Essa è certamente in linea con un certo disinteresse per
la sfera preadulta riscontrabile nelle colonie occidentali, soprattutto tra età arcaica e classica: relativamente
15 Si segnala come i computi qui presentati non tengano conto degli
astragali, la cui finalità ludica non è sempre esclusiva, per un’analisi
dei quali si rimanda al contributo di Barbara Carè in questo volume
(v. anche infra, nota 43).
16 Sulla differenza tra oggetti funzionali ed articoli ludici: SuttonSmith 1994, p. 143; a proposito del rapporto tra miniature e giocattoli:
Finlay 1997, p. 205-210; Park 1998, p. 274-275; Di Stefano 2003.
p. 41; Crawford 2009, p. 60-61.
17 Per un’analisi dei reperti provenienti da Locri, Eraclea, Lipari
e Siracusa e dei loro contesti di rinvenimento si vedano i paragrafi
successivi.
18 Buchner, Ridgway 1993, t. 95, p. 177-118. I cosiddetti
“rocchetti” sono giocattoli simili all’odierno yo-yo; realizzati in
legno, se ne conserva solo una serie di riproduzioni fittili (Richter
1928, p. 303-306; Mercati 1987, p. 19-201; Weiss, Buhl 1990,
p. 494-505), oltre ad un unico esemplare di età romana, rinvenuto
mineralizzato presso le sorgenti della Senna (Deyts 1971, p. 161).
389
CARLA SCILABRA
ridotte, infatti, sono le forme rituali esclusive, così come
le testimonianze di carattere iconografico 19. Tuttavia è
anche possibile che alcuni balocchi deposti nelle sepolture non abbiano lasciato tracce in quanto realizzati in
materie prime deperibili 20; non va sottovalutato, infine,
il problema della decontestualizzazione di oggetti entrati
nel circuito del mercato antiquario, particolarmente
grave in alcuni contesti dell’Italia Meridionale e probabilmente ancor più rilevante per manufatti percepiti
come curiosi, originali se non addirittura “romantici” 21.
Sebbene le attestazioni di giocattoli nei contesti
funerari occidentali non siano estremamente numerose,
sarebbe comunque impossibile analizzarle tutte in questa
sede: nelle pagine che seguono si prenderanno in considerazione alcuni casi di studio ritenuti particolarmente
significativi; l’analisi, inoltre, si concentrerà esclusivamente sulle due serie – le bambole ed i giocattoli con
le ruote – che sembrano fornire maggiori informazioni
circa l’identità dei defunti che accompagnavano.
Le bambole ad arti mobili
La bambola greca
Le bambole greche costituiscono una classe di materiali molto discussa in letteratura: l’interpretazione di
queste figurine ha visto l’alternarsi di posizioni molto
diverse, anche diametralmente opposte tra loro.
Una lettura tendenzialmente semplicistica si limita a
vedere in queste figurine dei giocattoli con cui le bambine
si sarebbero intrattenute durante l’infanzia per poi dedicarle ad una divinità alla vigilia delle nozze, nel corso
dei riti di proteleia che avrebbero segnato la separazione
dal mondo del gioco, oppure per condurle con sé alla
volta dell’Ade: questa visione, peraltro profondamente
influenzata dallo slancio romantico cui si faceva cenno
19 Accanto ai pinakes di Locri Epizefiri (v. supra, nota 9),
peraltro collegabili ai riti che segnavano l’uscita dalla condizione
di preadulto, si registrano attestazioni assolutamente scarse se
paragonate alle testimonianze provenienti dalla Madrepatria (cfr.
Sardella, Vanaria 2000, p. 122-124; Graepler 1997, p. 293-295;
Abruzzese-Calabrese 1996, p. 193).
20 Sulla scorta delle testimonianze di carattere letterario sappiamo
come essi potessero essere realizzati in cera (Callimaco, In Cererem,
v. 91-94), stoffa (Saffo, apud Athen., IX, 410e) e legno (Polluce,
Onomasticon, I, 94).
21 Si ricorda a titolo di esempio l’ampia collezione di bambole ad
arti mobili del Museo del Louvre: molte di esse, delle quali non si
conserva il contesto di rinvenimento, provengono da siti occidentali,
ed in particolare da Taranto (Mollard-Besques 1984, p. 77-78,
tav. 69-70); sui danni apportati al patrimonio archeologico in ambito
apulo dallo sviluppo del mercato antiquario in area tarantina dall’età
post-unitaria a oggi: Rubinich 2006, p. 33-34; Mazzei, Graepler
1996, in particolare alle p. 27-28.
390
Figura 2: Bambola di tipo corinzio (Manson 1992, fig. 4).
in sede introduttiva, è diffusa fin dai primi testi dedicati all’argomento (Becq de Fouquières 1869, p. 30-31;
Paternò 1781, p. 58) ed è ancora sostanzialmente condivisa da Anita Klein (1932, p. 15) e Kate Elderkin (1930,
p. 455), nonché da alcuni studiosi che si sono interessati
all’argomento negli ultimi anni, come Eugenia Salza
Prina Ricotti (1995, p. 51-53), Marco Fittà (1997, p. 54)
e Stefano De’ Siena (2009, p. 55).
A partire dagli anni Cinquanta, però, hanno iniziato a
farsi strada, nella comunità scientifica, una serie di dubbi
circa questa visione, effettivamente riduttiva; se già José
Dörig (1958, p. 41-44) sollevava qualche dubbio circa
l’interpretazione corrente delle cosiddette “bambole”
greche, sottolineandone la complessa portata semantica
ed il rapporto che esse avevano con determinati aspetti
della religione greca, recenti indagini hanno completamente rovesciato la percezione delle pupae, giungendo
a sostenere come tali manufatti non avessero alcuna
connessione con la sfera ludica, se non a livello simbolico, in una sorta di mimesi della maturazione sessuale
della fanciulla (Bettini 1999, p. 218-227).
Fare ordine in questo coacervo di ipotesi non è semplice, anche perché non tutti gli studiosi sono concordi
nel definire a cosa ci si possa riferire con il termine
VeNeRI PUPa NeGaTa. GIOCATTOLI IN TOMBA: CASI DI STUDIO DALL’OCCIDENTE GRECO
“bambola”; prima di analizzare quale sia l’effettivo
significato della “bambola” nel mondo greco si impone
una chiarificazione di cosa si intenda con tale termine.
In questa definizione confluiscono sovente in letteratura diversi prodotti, tra cui compaiono principalmente
le cosiddette pupattole nude, e soprattutto le figurine a
membra articolate ed alcuni fittili ad arti tronchi: le ultime
due serie sono quelle più frequentemente accomunate,
forse in virtù di una certa somiglianza – dimensionale e
talora persino morfologica – dei loro torsi (Larson 2001,
p. 103). Per quanto non manchino, fin dai primi approcci
alla materia, studi che tracciano una netta distinzione tra
questi tipi (Elderkin 1930, p. 465), non tutta la comunità
scientifica è concorde nel ritenere che alle differenze di
carattere morfologico debbano per forza corrispondere
diversità sostanziali anche nell’uso, nella funzione e nel
significato di queste figurine.
Estremamente significativa, a questo proposito, è
la posizione assunta da Gloria Merker (2000, p. 339),
che sostiene fermamente l’identità tra le figurine ad arti
tronchi e le bambole a membra articolate sottolineando
come in entrambi i casi l’attenzione sia volutamente
concentrata in modo esclusivo sul torso della figura: le
due produzioni risponderebbero pertanto ad un medesimo atteggiamento mentale – focalizzare l’interesse
sulla parte del corpo femminile percepita come fondamentale – che semplicemente si tradurrebbe in modo
diverso nelle due serie, ossia in una rappresentazione
sineddotica nella prima e in una giustapposizioni di parti
nella seconda. In nessuno dei casi, pertanto, si tratterebbe di giocattoli, ma di produzioni di carattere votivo
connesse a forme rituali legate alla realizzazione della
donna greca come moglie e madre.
Diametralmente opposta è l’ipotesi suggerita da
Michel Manson (1992, p. 51), il quale, pur partendo dal
medesimo presupposto – la sostanziale identità tra le
due serie – giunge ad una conclusione completamente
diversa: entrambi i tipi sarebbero giocattoli, e si differenzierebbero solo nel fatto che quello ad arti tronchi
sarebbe stato completato in materiale deperibile, ossia
con elementi in stoffa; questa lettura riprende tra l’altro
una suggestione già avanzata da Higgins (1967, p. 75),
che proponeva come le figurine potessero essere completate da abiti che comprendevano anche le membra.
Più mediate appaiono le posizioni assunte da alcuni
studi recenti. Una tappa fondamentale nella definizione
di queste produzioni è rappresentata dall’attenta analisi
di Joan Reilly (1997, p. 162-165), che postula una sostanziale diversità tra le figurine a membra mobili ed i
fittili ad arti tronchi: questi ultimi, completamente scollegati dal mondo del gioco – cui apparterebbero invece
le bamboline articolate – sarebbero dei votivi anatomici,
non diversi da quelli riconoscibili nei santuari delle varie
divinità salutifiche greche e sarebbero connessi a pratiche
cultuali dirette alla richiesta di uno sviluppo armonioso e
sano delle giovani donne. Analoga è la posizione assunta
da Arthur Muller (1996, p. 496), convinto della finalità
ludica delle figurine ad arti mobili, che costituirebbero
una classe di materiali completamente indipendente
dalle altre produzioni.
Meno categorica appare Jennifer Larson (2001,
p. 101-107), che, pur vicina alla Reilly, sottolinea come
il confine tra giocattolo e votivo sia spesso molto labile
in questo genere di manufatti, ricordando come categorizzazioni troppo severe possano non corrispondere
all’effettiva realtà dell’antico e come sia possibile che
esistessero forme di gioco rituale connesse al processo
di socializzazione della fanciulla.
Più vicina alla Merker risulta Véronique Dasen
(2004, p. 142-143 e soprattutto 2010, p. 29), che propende per una destinazione votiva di questi manufatti,
sottolineando come ogni forma di gioco che li comprendesse avesse valore formativo e si svolgesse sotto il
controllo degli adulti; anche Irini Papaikonomou (2008,
in particolare alle p. 698-706) suggerisce come, quantomeno a livello funzionale, non sia necessaria una netta
distinzione tra le diverse serie, entrambe concepite e realizzate con finalità ben diverse dall’intrattenimento delle
fanciulle. Prima di proporre ulteriori considerazioni, si
impone un riesame dei dati.
Innanzitutto, per quanto riguarda le attestazioni
materiali, è ampiamente appurato come questi fittili
siano ampiamente rappresentati in contesti santuariali
(Larson 2001, p. 101-120; Papaikonomou 2008, p. 699),
anche se la loro presenza è ben attestata anche in ambito
funerario (Manson 1992, p. 56) e, più raramente, in
contesti di abitato (Barra-Bagnasco 2009, p. 288-289).
Per quanto concerne le testimonianze di questi
oggetti nell’ambito delle arti figurative, bisogna fare una
netta distinzione, in quanto non possediamo alcuna fonte
che ritragga bambole ad arti mobili, mentre pupae ad arti
tronchi e pupattole nude compaiono su stele funerarie e
ceramica figurata (Reilly 1997, p. 160).
Scarno ma interessante risulta il panorama percepibile dalle fonti letterarie: l’esistenza di bambole è
ampiamente attestata dai lessicografi 22; tuttavia, la morfologia di questi oggetti, il loro effettivo uso e la portata
semantica di cui essi erano investiti in antico non sembra
aver lasciato molte tracce nei testi superstiti.
Per quanto riguarda la dedica di queste figurine nel
corso di riti di proteleia, non si conserva nessun passo
greco che faccia esplicito ed innegabile riferimento a
tale pratica.
22 Hesychius, lexikon, k, 1933, 1 e 3609,1; Scholia in Theocritum,
Scholia Vetera, 2, 110d, 1.
391
CARLA SCILABRA
Si è a lungo creduto di poter vedere un’affermazione
di questo costume nell’epigramma che conserva la dedica
votiva ad Artemide dei propri giocattoli da parte della
giovane Timareta 23, passo ritenuto in passato essere un’inconfutabile riprova della diffusione di questo costume nel
mondo greco; recenti letture, tuttavia, sembrano dimostrare il contrario. L’equivoco, protrattosi per decenni,
nasce da un’interpolazione operata dal Saumaises nel
XVII secolo: essa consiste nel modificare il testo del
terzo verso, sostituendo il termine
, conservato
nel codice, con il lessema
, che l’Autore riteneva
più consono rispetto al contesto di riferimento, ovvero le
offerte prematrimoniali di una giovane nubenda 24. Nel
1973, tuttavia, Georges Daux ha dimostrato, tramite un
esame autoptico del Codice Palatino, come tale correzione fosse completamente ingiustificata: pertanto questa
lettura, pur ancora ampiamente accettata nella comunità
archeologica, è ormai rifiutata dalle più recenti edizioni
dell’Antologia 25; il passo, quindi, non costituirebbe un
richiamo alla deposizione di bambole, quanto piuttosto
una testimonianza di una dedica votiva di capelli, pratica
ampiamente attestata nel mondo greco, in particolare in
connessione a riti prenuziali 26.
Un altro epigramma proveniente dallo stesso florilegio (IX.326) è stato messo in rapporto con la presenza
di questi reperti nei santuari delle ninfe, anche se non
in esplicita connessione con eventuali riti di proteleia
(Larson 2001, p. 103): tuttavia, per accogliere questa
lettura, bisognerebbe accettare che il termine
,
definito come ornamento nei lessici, possa essere stato
utilizzato come diminutivo di
, vocabolo
che effettivamente può indicare la bambola 27.
Un’ultima suggestione proviene da Pausania 28, che
nella sua descrizione dei votivi custoditi presso il tempio
di Era ad Olimpia ricorda la presenza di un piccolo e
prezioso divanetto ornato d’avorio che si diceva essere
stato un giocattolo di Ippodamia; questa informazione,
tuttavia, non ci fornisce nessuna testimonianza su even23 anth. Pal., VI.280.
ex versu 2 corruptum.
24 Cfr. Waltz 1931:
25 Pontani 1978, p. 431. A questo proposito cfr. Oakley, Sinos 1993,
p. 14.
26 Strettamente connesso ai passaggi di status (Melfi 2007, p. 450),
questo tipo di dedica è ampiamente attestato nel corso di riti che
segnavano l’ingresso di giovani e fanciulle nella comunità degli
adulti (Van Straten 1981, p. 96-98; Vérilhac, Vial 1998, p. 287-288;
Dillon 2002, p. 215); a riti prematrimoniali rimanda anche la
dedica della retina per capelli,
, citata in questo stesso
epigramma ed in un passo di Nosside (Anth. Pal. VI.275).
e
27 Sullo spettro semantico dei due termini: TlG s.v.
. Il primo sembra poter solo alcuni tipi di ornamenti
femminili; per l’uso del secondo ad indicare le bambole cfr.
Hesychius, lexikon, K, 1933, 1.
28 Periegesis, V.20.1.
392
tuali dediche di bambole, in quanto l’effettiva pertinenza
di questo oggetto ad un set che includesse anche una
bambola è assolutamente aleatoria: l’esistenza di piccoli corredi di accompagnamento delle pupae è infatti
testimoniata solo per quanto concerne il mondo romano,
mentre per quanto riguarda il mondo greco essa è tutt’altro che comprovata 29.
Scarse, e anche in questo caso non completamente esplicite, sono le fonti che ci tramandano l’uso
delle bambole come giocattoli nella vita quotidiana.
Plutarco 30, nel rimembrare la figlioletta morta prematuramente, ripensa a come la piccola volesse condividere
i suoi pasti con i propri paignia, invitando la nutrice ad
offrire loro il seno; ancora una volta, il riferimento ad una
bambola non è manifesto, tuttavia una figurina antropomorfa sembrerebbe particolarmente appropriata per un
gioco di questo tipo: se così fosse, l’Autore, con la sua
sineddoche, indicherebbe come le pupattole fossero percepite come veri e propri balocchi e che esse venivano
utilizzate dalle bambine durante i momenti di gioco. Più
diretto sembrerebbe il riferimento ai giochi d’infanzia
contenuto in un passo della poetessa Erinna, sfortunatamente frammentario 31: nel suo lamento per la morte
della giovane Baucide, defunta poco dopo le nozze, la
cantrice di Tino rimembra i momenti felici trascorsi con
l’amica, e tra gli elementi che ella cita a caratterizzare la
spensieratezza della fanciullezza compaiono le
ovvero le bambole (Neri 1998).
Tutte queste – scarne peraltro – informazioni non
gettano tuttavia alcuna luce su una questione fondamentale, ovvero l’effettiva morfologia delle pupae con cui
si sarebbero intrattenute le fanciulle greche. A questo
proposito, però, si dimostra decisamente importante un
passo, sovente sottovalutato, che sembrerebbe far esplicito riferimento ai manufatti in questione: si tratta di
un frammento orfico, citato da Clemente Alessandrino,
in cui vengono elencati i giocattoli utilizzati dai Titani
per distrarre Dioniso e facilitare il loro agguato, e più
precisamente:
Gli oggetti definiti
meritano
una riflessione. Il termine
è decisamente
peculiare: si tratta di un lessema che non conosce altre
29 L’esistenza di set che accompagnavano le bambole è attestata,
nel mondo romano, in ambito sia santuariale (Borsari 1894, p. 105)
sia funerario (Rinaldi 1956, p. 104-106).
30 Consolatio, 608 D, 3-8.
31 Erinna: SH 401,1-4, 19-22.
VeNeRI PUPa NeGaTa. GIOCATTOLI IN TOMBA: CASI DI STUDIO DALL’OCCIDENTE GRECO
Figura 4: Bambola di tipo attico
recente (Brinkmann, Hamdorf,
Känel 1996, fig. 30).
Figura 3: Bambola di tipo attico antico
(Jouer dans l’Antiquité 1991, fig. 24).
attestazioni oltre al frammento in questione 32, ma la cui
etimologia contiene un riferimento ad oggetti dei quali è
possibile flettere, o articolare le membra, con ogni probabilità ad imitazione del moto umano: le due radici che
compongono questo insolito aggettivo,
utilizzate insieme possono in effetti indicare il movimento degli arti 33. Olga Levianouk (2007, p. 173), nella
sua analisi del passo, suggerisce che si tratti di oggetti
meravigliosi e fuori dal comune – “dolls whose limbs
can bend” afferma, quasi stupita – al pari dei pomi d’oro
delle Esperidi che compaiono alla fine dell’elenco; d’altro canto, però, la citazione di manufatti alquanto comuni
in seno al panorama ludico ellenico – le trottole e gli
astragali – potrebbe invece lasciar intendere come questa locuzione indichi piuttosto oggetti legati al mondo
del gioco: tra le diverse classi di materiali conservatisi
dall’antichità greca ve ne è una – quella delle bambole
ad arti mobili – alla quale questa definizione si applicherebbe perfettamente. Se davvero questo passo si riferisse
32 Il frammento è riportato da Clemente Alessandrino (Protrepticus,
II. 17, 7-8) e da Eusebio di Cesarea (Preparatio evangelica, 2:3, 23.
8-9.
33 Cfr. Hesychius, s. v. “
”:
.
alle figurine ad arti mobili, saremmo in possesso di un
dato di grande importanza, in quanto il termine
definirebbe questi oggetti come giocattoli.
Resterebbe da chiarire un punto oscuro all’interno di
questa ricostruzione, in quanto ci troveremmo di fronte
ad un discreto paradosso, poiché il giocattolo femminile
per eccellenza, la bambola, sarebbe stato usato dai Titani
come esca per catturare una giovane divinità maschile,
quale era Dioniso; l’incongruenza, tuttavia, non è completamente inspiegabile, dal momento che il figlio di
Semele è sovente connotato come una figura palesemente androgina 34. Dal momento che l’associazione
Dioniso-bambole non costituisce un ostacolo insormontabile all’ipotesi proposta, non sembrano permanere
elementi che vietino di vedere nei
le bambole a membra articolate, che – in virtù della definizione desumibile dal frammento orfico – parrebbero
quindi essere davvero giocattoli.
Sfortunatamente si tratta dell’unica attestazione di
questa locuzione all’interno delle fonti letterarie superstiti, e per di più consiste in un passo estrapolato dal suo
contesto originario; tuttavia, essa impone una riconsiderazione di tutta la problematica.
Non si vuole negare l’ampia portata semantica di
questi reperti, che rimane assolutamente immutata,
tuttavia il passo appena analizzato sembra aggiungere
un’ulteriore sfumatura alla loro già complessa valenza,
suggerendo una rivalutazione della loro funzione più
propriamente ludica. Del resto è molto difficile che
esistano, in qualunque ambito culturale, balocchi che
siano oggetti meramente ed esclusivamente diretti ad
un univoco intrattenimento del bambino. Il giocattolo,
di fatto, costituisce un potente mezzo di comunicazione
tra adulto e non adulto e rappresenta uno degli strumenti
indispensabili per controllare e veicolare la crescita
sociale del bambino (Sofaer-Derevenski 1994, p. 13);
nel selezionare i giocattoli per i propri figli, infatti,
gli esponenti della comunità degli adulti scelgono
34 Il profondo carattere di ambiguità che avvolge il genere di questo
dio è collegabile, da un lato, alla sua vicenda, che – in una delle versioni
più diffuse del mito – lo vede crescere alla corte di Atamante camuffato
da fanciulla per sfuggire alle ire di Era (Apollodoro, Biblioteca II, 4.
28), ed alle stesse sembianze della divinità, spesso dipinta come un
giovane decisamente effeminato tanto nelle parole degli autori antichi
quanto nelle rappresentazioni nelle arti figurative (Faranda 2007, p. 39);
dall’altro lato grande importanza in questa definizione hanno alcuni
fattori connessi alla manifestazioni cultuali che lo vedono protagonista,
in particolare in rapporto alla sua vicinanza all’elemento femminile in
quanto forte aspetto di liminalità in seno alla società greca (a questo
proposito cfr. da ultimo Spineto 2005, p. 313) e, più in generale, alla
sua forte connotazione di dio dell’ambivalenza e della duplicità (Curi
1995, p. 47-48). Più in generale, riguardo alle problematiche connesse
alla sessualità di Dioniso si vedano: Bremmer 1992, p. 190-194;
Seazeau 2000, soprattutto alle p. 37-46; in riferimento al frammento
orfico in questione: Frontisi-Ducroux, Vernant 2003, p. 152.
393
CARLA SCILABRA
manufatti che possano fornire ai piccoli un’ampia serie
di informazioni – se non addirittura precetti – riguardanti comportamenti, aspettative e prerogative connessi
al gruppo di appartenenza dell’infante percepiti come
fondamentali (Baxter 2005, p. 41-42): il giocattolo,
pertanto, è un elemento nodale nel processo di socializzazione ed acculturazione dell’individuo preadulto e
come tale viene percepito dalle figure preposte a tale iter
formativo (Sutton-Smith 1994, p. 141).
Questo aspetto era ritenuto estremamente importante nel mondo greco. Numerose sono, infatti, le fonti
che sottolineano il forte valore paideutico del gioco, da
Platone, che sostiene come gli atteggiamenti assunti dai
fanciulli nei momenti di svago siano fondamentali per
cogliere eventuali loro predisposizioni scientifiche o
lavorative 35, a Luciano che ricorda come la sua passione
infantile per la realizzazione di modellini in cera avesse
indotto il padre ad avviarlo verso la carriera di scultore 36; neppure gli eroi sembrano poter sfuggire a questa
prospettiva, se si narra che il piccolo Achille amava giocare alla simulazione di grandi imprese 37, quasi in una
prefigurazione di quello che il futuro gli avrebbe riservato (Beck 1964, p. 73).
In questo panorama, la bambola ad arti mobili
acquisisce un significato certamente complesso ma
non completamente ineffabile: essa, proprio in quanto
giocattolo, costituisce uno strumento di trasmissione
culturale creato per indirizzare e veicolare il processo
di crescita sociale della fanciulla 38. Questa prospettiva
non toglie nulla alla sua polisemanticità ed alla sua forte
connotazione simbolica; tuttavia essa dovrebbe essere
almeno in parte – quanto meno da un punto di vista funzionale – restituita alla sua dimensione ludica.
È già stato sottolineato, del resto, come le dimensioni e la morfologia di queste figurine ben si accordino
a pratiche di gioco (Manson 1992, p. 54). Le principali
obiezioni a questa lettura poggiano fondamentalmente
sulla fragilità e sulla mancanza di tracce d’uso in
questi reperti (Dasen 2010, p. 26), nonché sulla nudità
e sull’aspetto decisamente florido assunto da alcune
bambole, caratteristica che le renderebbe più vicine ad
oggetti votivi connessi alla maturazione della fanciulla
(cfr. Papaikonomou 2008, p. 700; Dasen 2010, p. 26).
35 Leges, VI, 793 e; ibidem, VIII, 819 b-c.
36 Somnium, II, 14-17.
37 Cfr. Pindaro, Nemea III, 43.
38 Studi condotti su contesti culturali completamente diversi
dal mondo greco antico – alcune comunità precoloniali canadesi e
la società statunitense del XIX secolo – sono giunti a conclusioni
analoghe per quanto riguarda il ruolo fondamentale assunto dalla
bambola nella formazione della fanciulla (Formanek-Brunnel 1992,
p. 108; Park 1998, in particolare alle p. 274-276).
394
Figura 5: Locri Epizefiri, tomba 865: parte del corredo
(Elia, Cavallo 2002, fig. 9).
Per quanto concerne gli aspetti connessi alla fragilità
di queste pupae, si ricorda come numerosi articoli ludici
greci fossero realizzati in terracotta, dai tintinnabula ai
giocattoli da traino (Klein 1932, p. 9-14; Durand 1992,
p. 12): si tratta di una materia prima tendenzialmente
economica, che permetteva di sostituire eventuali oggetti
rotti con nuovi balocchi, senza dover affrontare spese
eccessive; le bambole in terracotta o porcellana, oltretutto, sono giocattoli comuni a varie culture e sono state
ampiamente utilizzate fino al secolo scorso. Certamente,
le testimonianze superstiti non sembrano recare tracce
d’uso simili a quelle riscontrabili sui giochi usati oggi,
quali per esempio scritte o macchie di colore aggiunte dai
preadulti nel corso dei loro giochi (Dasen 2010, p. 26): è
altamente probabile, però, che le bambine elleniche non
avessero facilmente accesso a pigmenti indelebili del cui
utilizzo si potesse conservare un residuo permanente 39;
d’altro canto, per quanto questo dato non compaia di
frequente in bibliografia, esistono esemplari su cui sono
riconoscibili riparazioni, probabile indizio di come questi
manufatti potessero essere stati effettivamente utilizzati 40.
Infine, la pienezza di forme che caratterizza alcune
pupae di IV secolo (Papaikonomou 2008, p. 700;
Dasen 2010, p. 26) può essere considerata l’esito di
un’evoluzione morfologica in senso naturalistico di
questa produzione (fig. 2-4); quella delle bambole, in
effetti, non è certo l’unica produzione greca a sviluppare
forme più naturalistiche con il trascorrere dei secoli (cfr.
39 Si ricorda come, per quanto sia attestato l’utilizzo di inchiostro
nelle scuole (Dem. XVIII, 258-259), uno dei principali materiali
scrittori a disposizione dei preadulti fossero le tavolette cerate
(v. Quint., Institutio Oratoria, 1.1, 27; cfr. Bonner 1986, p. 179-180).
40 Significativa, in quest’ottica, è una pupa proveniente da Eleusi
che presenta una gamba realizzata in un’argilla diversa dal resto del
corpo: l’arto potrebbe essere stato sostituito perché rottosi in seguito
all’uso.
VeNeRI PUPa NeGaTa. GIOCATTOLI IN TOMBA: CASI DI STUDIO DALL’OCCIDENTE GRECO
zione socializzante, è necessario che essa si conformi ai
modelli percepiti come vincenti in seno alla comunità
che la produce.
Testimonianze magnogreche e siceliote
Figura 6: Peplofora in bronzo dal Persephoneion della Mannella a Locri
Epizefiri (Giumlia-Mair, Rubinich 2002, p. 190, scheda n. 20).
Tanner 2001) 41. Del resto, se l’aspetto ludico viene considerato in una prospettiva educativa, anche le floride
sembianze assunte nelle produzioni più recenti possono
almeno in parte spiegarsi come parte del progetto paideutico sotteso alla creazione di questi giocattoli: se
la bambola è un giocattolo investito di una forte fun41 Nella serie delle bambole greche ad arti mobili si può cogliere
un’evoluzione morfologica che trasforma le esili bamboline corinzie
– realizzate con uno stampo monovalve – nelle floride e naturalistiche
pupae attiche di secondo tipo, passando attraverso al primo tipo
ateniese che – con i suoi innaturali tenoni al ginocchio – rappresenta
l’anello di congiunzione tra i fittili più schematici ed i prodotti più
curati. Per un’analisi di questa evoluzione: Manson 1992, p. 51;
Scilabra 2004, p. 143, n. 28.
Tra i siti presi in considerazione in questa sede, quello
che ha restituito il maggior numero di testimonianze
è Locri Epizefiri, presso la cui necropoli in contrada
Lucifero almeno cinque tombe contenevano bambole ad
arti mobili (t. 275, 326, 334, 865, 932).
Le sepolture in questione sono distinguibili in due
gruppi. Da un lato, le tombe n. 326 e 334 (Orsi 1912,
p. 9-10) erano cremazioni primarie piuttosto semplici;
la seconda ha restituito anche due dozzine di astragali e
due piccole sfere fittili la cui funzione è ignota.
Le altre tre sepolture sono, invece, inumazioni dotate
di corredi piuttosto articolati 42.
La tomba 275 (Orsi 1912, p. 6) è definita dall’Orsi
una “tombicina infantile” e conteneva uno “scheletro
infantile di circa 6-7 anni”; il suo corredo comprendeva
– oltre ad un alabastron, un cucchiaino in metallo e ceramica acroma – una serie di oggetti pregnanti circondati
da astragali: due arule, due bambole ad arti mobili ed
uno specchio in bronzo. Anche nella sepoltura 865 (Orsi
1913, p. 38-40, fig. 50; fig. 5) i reperti semanticamente più
rilevanti, un eccezionale specchio con manico in forma
di efebo e due bambole, erano posti a diretto contatto con
ben 479 astragali; completavano il corredo un manico in
osso ed un’hydria. La tomba 932 (Orsi 1913, p. 44-45)
vede di nuovo la deposizione di una bambola – a contatto
con 176 astragali – e di uno specchio, oltre ad un manico
d’osso e a due forme di vasellame metallico.
Eccetto la tomba 326, tutte le deposizioni elencate hanno restituito astragali, oggetti la cui particolare
valenza simbolica in ambito locrese è nota 43. Inoltre, le
tre inumazioni comprendono un elemento fortemente
qualificante dal punto di vista del genere, quale lo specchio 44, e due di esse includono anche un alabastron 45;
solo la tomba definita “infantile”, infine, reca le due arule.
42 Due di queste sepolture (865, 932) sono attribuite ad individui
adulti nei taccuini di scavo dell’Orsi, visionati da Diego Elia cui
devo questa segnalazione, analogamente ad un’altra tomba, inedita
(Elia 2001, sep. 945).
43 Per la diffusione dell’astragalo nella necropoli di Lucifero e per
la valenza assunta da questi reperti in ambito locrese si vedano: Elia,
Carè 2004; Carè 2006; ead. 2010.
44 A proposito degli specchi nella necropoli di Lucifero: Elia
2010a, p. 290-296; per un’analisi approfondita sull’identificazione
del genere del defunto nel sepolcreto locrese sulla scorta degli
elementi di corredo: Elia 2010b, p. 145-146, n. 21.
45 Per quanto concerne la diffusione dell’alabastron nella necropoli
locrese: Elia, Cavallo 2002, p. 19-25.
395
CARLA SCILABRA
396
La stringente analogia tra queste tre tombe, pertinenti
a individui di età biologica diversa, pone degli interrogativi su quale fosse il significante sotteso alla metafora del
linguaggio funerario che ha articolato i corredi in esame.
È possibile che il sistema rappresenti un’esplicitazione
dell’età sociale prima che biologica della defunta: il
codice sembra infatti anteporre l’informazione che queste fanciulle siano morte nubendae ad un’indicazione
della loro età fisiologica al momento del trapasso 46.
La bambola potrebbe essere parte fondamentale di
questa definizione di identità: non è certamente un caso
che fittili analoghi provengano dal Persephoneion della
Mannella (Orsi 1909, p. 419), dove sono attestati riti di
proteleia 47. La presenza di pupae ad arti mobili presso
questo santuario sembra inoltre avvalorare la suggestione avanzata nelle pagine precedenti secondo cui le
bamboline snodate potessero avere un’effettiva finalità
ludica: è noto, infatti, come i riti prenuziali che qui avevano luogo prevedessero la separazione delle fanciulle
dai propri giocattoli, come ampiamente attestato dalla
già citata serie dei pinakes (v. supra, nota 9) oltre che
da altri due reperti estremamente significativi: la riproduzione fittile di una palla da gioco (Lissi 1961, p. 96,
n. 11, tav. XLI; fig. 7) ed una peplofora in bronzo (fig. 6)
– con ogni probabilità un manico di specchio – che reca
in una mano una sfera mentre con l’altra si afferra una
ciocca di capelli, gesto collegabile alla dedica prematrimoniale della chioma (Torelli 1976, p. 163-165).
Si segnala, invece, come nessuna bambola ad arti
mobili provenga dal Santuario delle Ninfe di Grotta
Caruso, luogo in cui sono attestate pratiche prematrimoniali svolte da fanciulle locresi a partire dal IV secolo
(Sabbione, Schenal 1996, p. 78); in questo contesto i riti
di proteleia non sembrano contemplare la dedica di giocattoli: di sicuro un’argomentazione e silentio è sempre
poco probante, ma il caso locrese sembra ancora una
volta suggerire uno stretto nesso tra pupattole snodabili
e mondo ludico 48.
Allontanandoci da Locri, il secondo caso che si
affronterà in questa sede è la necropoli Meridionale di
Eraclea, presso la quale si è riconosciuta una sola sepoltura contenente una pupa ad arti mobili (Pianu 1990,
t. 106, p. 110-111). Si tratta di un caso problematico, in
quanto il defunto viene definito adulto dall’editore sulla
scorta della lunghezza della tomba, pari a 140 cm 49;
tuttavia, alcune peculiarità del corredo – l’assenza
della pelike e la presenza di coroplastica – sembrerebbero rispondere alle strategie di rappresentazione di un
individuo preadulto all’interno del sepolcreto eracleota
(Pianu 1990, p. 227-228, 231-232). Pertanto, è possibile
che la tomba 106 custodisca i resti di un individuo non
ancora pienamente incluso nella comunità, non ancora
“adulto” dal punto di vista sociale, probabilmente di una
fanciulla morta nubenda.
Infine, la sepoltura 1107 della necropoli di Contrada
Diana a Lipari custodiva i resti di una bambina (Meligunìs
lipára XI, p. 467-468); ciò che rende peculiare questa
sepoltura – che ha restituito coroplastica, forme ceramiche ed oggetti miniaturistici (fig. 8) – sono due elementi:
46 Nella strategia di rappresentazione dell’identità del preadulto
nell’ambito della necropoli locrese, l’età biologica occupa spesso un
posto nettamente inferiore rispetto alla sua posizione all’interno della
stratigrafia orizzontale e verticale della società (a questo proposito si
veda il contributo di Diego Elia in questo volume).
47 Risulta impossibile in questa sede ricostruire la complessa attività
rituale attestata in questo santuario, frequentato tra VII e III secolo (per
un inquadramento generale si vedano: Torelli 1976, Sabbione 1996,
Costabile 1996); si segnala tuttavia, come qui avessero luogo una serie
di pratiche cultuali connesse a riti di passaggio all’età adulta delle
fanciulle (Arias 1976, p. 156-179; Sourvinou-Inwood 1978, p. 108; Di
Filippo-Ballestrazzi 1991, p. 76; Leone 1998, p. 74).
48 Tra i materiali votivi recuperati presso il santuario si registra
un’abbondante presenza di figure femminili sedute, nude e ad arti
tronchi: sebbene esse siano sovente state interpretate come bambole
(Leone 1991, p. 252; Redfield 2003, p. 312-314), a questa produzione
si possono applicare le già citate considerazioni avanzate da Joanne
Reilly (1997, p. 162-165; non compaiono, invece, pupe snodabili,
contrariamente a quanto talora sostenuto in letteratura (v. ad. es.
Dasen 2010, p. 26). I riti di proteleia che si svolgevano in questo
luogo, frequentato in una fase successiva rispetto al Persephoneion
della Mannella – le attività cultuali di cui abbiamo traccia si
datano principalmente tra IV e III secolo –, prevedevano pratiche
devozionali sostanzialmente diverse da quelle attestate preso il
santuario di Persefone: non si conservano, infatti, rimandi a dediche
di giocattoli e di capelli, mentre il centro della ritualità sembra
scivolare maggiormente verso forme di culto legate alle acque (per un
inquadramento delle pratiche votive attestate presso Grotta Caruso:
Costabile 1991; Sabbione, Schenal 1996; Leone 1998, p. 76-77).
49 Per le problematiche relative ai criteri utilizzati nell’edito per
individuare gli individui preadulti nella Necropoli Meridionale di
Eraclea v. Elia, Meirano c.s. n. 3.
Figura 7: Sphaira fittile da Locri Epizefiri (Lissi 1961, tav. XLI).
VeNeRI PUPa NeGaTa. GIOCATTOLI IN TOMBA: CASI DI STUDIO DALL’OCCIDENTE GRECO
Figura 8: Corredo della tomba 1107 della Necropoli in Contrada Diana di Lipari (Meligunìs Lipára XI, tav. CCXIV.4).
la bambola, appunto, ed i resti di una corona in materiale
deperibile rivestita di foglia d’oro, posta sul capo della
defunta (Cavalier 1971, p. 12): gli ornamenti in oro non
sono rari 50, ma l’uso della corona non conosce altre attestazioni in sepolture di individui preadulti dell’isola.
I giocattoli con le ruote
Il secondo gruppo di testimonianze che verrà preso in
considerazione in questa sede risulta decisamente meno
problematico da un punto di vista semantico.
I giocattoli con le ruote erano certamente tra gli articoli ludici più popolari nel mondo greco; diffusi in diverse
varianti – dai piccoli giochi da traino, alle Spielräder e a
veri e propri carrettini – essi, ampiamente noti da fonti di
carattere iconografico, hanno lasciato poche tracce di sé
nel record archeologico a causa della preferenza sovente
accordata al legno per la loro produzione: sopravvivono
solamente alcuni piccoli esemplari, realizzati in terracotta o metallo (Scilabra 2004, p. 145-147).
Un caso interessante a livello tipologico proviene
dalla necropoli del Fusco presso Siracusa. La tomba 20
(Orsi 1893, p. 455) conteneva un sarcofago lungo 110
cm, al di fuori del quale erano i frammenti di un carrettino tirato da due cavalli in terracotta; il fittile, decorato
in stile proto-corinzio, costituisce con ogni probabilità
un’importazione e riapre il dibattito circa il valore venale
degli articoli ludici nel mondo greco 51.
Un altro esemplare – una piccola biga in bronzo, di
eccellente fattura (fig. 9) – proviene dalla tomba 400 della
necropoli di Lucifero presso Locri Epizefiri, attribuita
50 V. ad. es. Meligunìs lipára XI, tombe nn. 12, 14, 15, 663, 807,
1986, 2206.
51 Klein 1932, p. 9-14; Durand 1992, p. 12; Manson 1992, p. 53.
Certamente Strepsiade, nel ricordare come avesse speso il primo obolo
guadagnato in tribunale per acquistare un carrettino al figlio (Aristofane,
Nubes, v. 863-864), non si riferiva ad un prodotto simile a questo.
Figura 9: Biga dalla tomba 400 della Necropoli in Contrada Lucifero
di Locri Epizefiri (Stampolidis, Tassoulas 2004, p. 229, scheda n. 151).
dall’Orsi (1912, p. 14-15) ad un ragazzo. La presenza
di uno specchio in bronzo e di una fibula, tuttavia, sembrerebbero ricondurre questa sepoltura all’interno del
mundus muliebris (Elia, Cavallo 2002, p. 21; Elia 2010b,
p. 145-146, n. 21): l’apparente aporia non è insolubile in
quanto i giocattoli con le ruote, pur preferenzialmente
connessi alla sfera maschile (Papaikonomou 2006,
p. 242), non sono completamente estranei al mondo
femminile, tanto da essere rappresentati nelle mani di
fanciulle persino nella serie dei choes (cfr. ad es. Neils,
Oakley 2003, fig. 147); esistono, inoltre, altri casi in cui
essi compaiono in sepolture femminili 52.
52 Si vedano, a titolo di esempio, i carretti in metallo provenienti da
alcune sepolture di Sindos (Tomlison 1993) e due cavallini fittili con
397
CARLA SCILABRA
Questa tomba, nel suo insieme, è molto vicina alle
tre inumazioni di Lucifero contenenti bambole ad arti
mobili, dalle quali si differenzia solo per l’assenza
di astragali. Le quattro sepolture sembrano pertanto
essere legate da un filo rosso che corre lungo le unità
minime formali che ne costituiscono il corredo, disposte ad indicare gli elementi percepiti come determinanti
dell’identità sociale del defunto: il richiamo al mondo
femminile – lo specchio – l’appartenenza al ceto aristocratico, segnalata dalla presenza di oggetti in bronzo
di pregiata fattura 53, ed il rimando alla sfera preadulta,
materializzata nella deposizione di “giocattoli”.
Conclusioni. Il giocattolo in tomba
Riportando il discorso ad un livello più generale,
ritengo che la selezione di “giocattoli” nella creazione
dei corredi funerari abbia motivi di carattere simbolico estremamente complessi. Un oggetto già altamente
polisemantico come un giocattolo si carica di ulteriori
valenze se inserito in un contesto funerario: la sua
partecipazione al linguaggio metaforico sotteso alla
creazione del sistema-tomba gli attribuisce infatti ulteriori sfumature, rendendolo un elemento chiave nella
definizione e nell’espressione dell’identità del defunto.
Esso, univocamente connesso ad una specifica classe
di età, ha innanzitutto il compito di qualificare il defunto
in rapporto allo stadio da questi raggiunto nella sua
crescita biologica e – soprattutto – sociale (Reilly 1997,
p. 165). Alcuni reperti, inoltre, sono rivelatori dell’inserimento del defunto in una determinata posizione
nella stratigrafia verticale della società (Elia 2010b,
p. 413-414), ad indicare come in alcuni contesti questo
aspetto fosse percepito come componente fondamentale
dell’identità del defunto: il “giocattolo”, quindi, può
trascendere la sua essenza di indicatore infantile per
divenire un potente mezzo di autorappresentazione del
gruppo di appartenenza del preadulto deceduto.
Da un altro punto di vista, la selezione di manufatti solitamente utilizzati nel corso di riti di proteleia,
oltre a richiamare il mancato raggiungimento di questa,
ruote da una tomba di Tursi Santa Maria d’Anglona (Sport e Giochi
2002, p. 67-68, tomba 21, fig. a p. 68).
53 L’ostentata esplicitazione della posizione dell’individuo
preadulto all’interno della stratigrafia verticale della società è un
elemento pregnante dell’ideologia funeraria delle élites locresi (a
proposito di come questa tendenza si traduca nel linguaggio funerario
che articola i corredi della necropoli di Lucifero si veda il contributo
di Diego Elia in questo volume); si ricorda, inoltre, il forte accento
posto sul valore della paideia aristocratica riconosciuto in una serie
di tombe maschili recanti elementi riconducibili all’educazione
musicale ed atletica (Elia 2010b, p. 413-414).
398
potrebbe indicare una sorta di rovesciamento, tipico
del linguaggio funerario (D’Agostino 1985, p. 50): al
rito di passaggio all’età adulta si sostituirebbe il passaggio all’Ade con la conseguenza che questi oggetti
costituirebbero un’offerta alle divinità preposte al
nuovo status (Kallintzi, Papaikonomou 2006, p. 481;
Papaikonomou 2006, p. 244).
Credo, infine, che si possa avanzare un’ulteriore
considerazione. È possibile che questi oggetti vogliano
qualificare l’individuo in quanto preadulto e in quanto
defunto, cioè nella totalità dello status raggiunto. Se
si considera come la caratteristica principale del preadulto nel mondo greco sia la dinamicità, materializzata
nel percorso che lo trasforma in membro a pieno titolo
della comunità 54, si nota come esso morendo – interrompendo l’iter ed acquisendo staticità – perda l’attributo
fondamentale della sua classe di età. Lo stesso giocattolo
assume un diverso significato: per l’individuo preadulto
in vita esso è un bene a termine (Frontisi-Ducroux,
Vernant 2003, p. 195), mentre per il preadulto defunto
esso acquisisce un carattere perpetuo che originariamente non gli pertiene: si tratta di uno snaturamento
della sua essenza, che rispecchia lo sconvolgimento
dell’ordine naturale delle cose rappresentato dalla morte
di un soggetto non giunto a realizzazione 55.
La deposizione di un giocattolo non costituisce,
quindi, un gesto di tenera pietas, un mesto augurio a
ludere lascivi – per dirla con Marziale 56 – nell’aldilà,
quanto piuttosto la dolorosa materializzazione di una
frattura del corpo sociale percepita come innaturale.
54 Il bambino è descritto nelle fonti come un essere incompleto,
nettamente inferiore rispetto ai membri a pieno titolo della comunità
(Golden 1990, p. 5; Dasen 2008, p. 49-52); tuttavia, questi è considerato
superiore rispetto agli altri elementi che da essa sono esclusi – come
animali e schiavi – poiché tramite un processo di socializzazione ed
acculturazione può emanciparsi dalla propria posizione subordinata
(Brelich 1969, p. 19-25; Golden 1990, p. 53-56): la dinamicità che
contraddistingue tale iter formativo, segnato da tappe sancite a livello
familiare e comunitario (Vernant 1985, p. 155; Neils 2003, p. 139-161;
Brulé 2007, p. 405-428; Dasen 2011, p. 291-292) può essere
considerata una delle caratteristiche fondamentali dell’individuo
preadulto nel mondo greco.
55 A questo proposito si vedano: Garland 1985, p. 86; Mizoguchi
2000, p. 141-143; Golden 2004, p. 150-157; Muggia 2004, p. 25-26;
Cohen 2007, p. 20-22.
56 ludat lasciva è l’augurio con cui il poeta chiosa l’estremo
saluto alla piccola vernula Erotion, morta in tenera età (Marziale,
epigrammata, V.34).
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L’astragalo in tomba nel mondo greco: un indicatore infantile?
Vecchi problemi e nuove osservazioni a proposito di un aspetto
del costume funerario
Barbara Carè
Résumé. Cette étude porte sur la vérification du rôle de
l’astragale en tant qu’indicateur de la présence d’individus immatures en contexte funéraire, rôle qui lui a été
attribué souvent dans la littérature archéologique. À ce
propos, les données provenant des nécropoles du monde
grec et, notamment, de celle de locres Épizéphyrienne,
témoignent de l’ambiguïté sémantique de cet objet. Il est
donc nécessaire de disposer d’un modèle d’interprétation
méthodique pour comprendre cet élément du mobilier
funéraire et l’affranchir de la dimension – ludique et
infantile – où il a été confiné traditionnellement.
I
n un saggio edito nel 1968, intervenendo sul
tema della presenza degli astragali nei contesti
funerari del mondo greco e sui frequenti rinvenimenti nelle sepolture di individui defunti in giovane
età 1, Louis Robert (1968, p. 231) rievocava la relazione
privilegiata tra le piccole ossa e la sfera pre-adulta diffusamente testimoniata dalle fonti antiche (fig. 1-5) ed
1 Alla luce della notevole incidenza di tale costume funerario nel
mondo greco, risulta impossibile fornire in questa sede un quadro
esaustivo dei rinvenimenti in tombe di giovani defunti: un’ampia
rassegna è in Elia, Carè 2004, p. 79-80, 84-86; Carè 2006, p. 143,
n. 6; per altre attestazioni si rimanda a Corbett 1949, p. 298; Almagro
1953, p. 50, 52; Venedikov et al. 1963, p. 29-30; 41; SchlörbVierneisel 1966, p. 33; Dell’Aglio 1991, p. 32; Clère, Le Dinahet
1994, p. 17; Houby-Nielsen 1995, p. 170, 172; Carter, Hall 1998,
p. 431, 433-434; Dusenbery 1998, p. 176-177; 274-281; 348-351;
Erickson 1998, p. 836, n. 10; Chrysostomou, Chrysostomou 2000,
p. 488; Parlama, Stampolidis 2000, p. 293-304, tomba 1010;
p. 304-312, tomba 1099; p. 361-364, tomba 254; Sgourou 2001,
p. 341; Kallintzi, Papaiokonomou 2003, p. 480; Hermary, Panayotova
2006, p. 56; Montanaro 2007, p. 424; Hermary et al. 2010, p. 99-100;
109-111; Kallintzi, Papaikonomou 2010, p. 134, 138.
evidenziata già nei primi studi dedicati a questa peculiare
classe di materiali 2. A tal proposito, inoltre, l’Autore
segnalava come testo fondamentale per la critica archeologica il noto passo di Artemidoro secondo il quale il
gioco degli astragali, occupazione lecita per i fanciulli,
non costituiva una pratica altrettanto conveniente per
gli adulti 3. Da allora, la specifica valenza infantile degli
astragali si è ancor più tenacemente consolidata nella
letteratura archeologica ed ancora nella bibliografia
recente il piccolo osso, in qualità di giocattolo 4, viene
tradizionalmente inserito in un apparato di oggetti mar2 Per una disamina delle fonti letterarie ed iconografiche che
legano bambini e fanciulli a questo tipo di attività ludica – assurta già
nel mondo antico a simbolo stesso della condizione pre-adulta – si
rimanda a Heydemann 1877; Lafaye 1918; Hampe 1951; Chavane
1975 (un intervento recente su questo stesso tema è in Carè 2006).
3 Sebbene in genere scarsamente evidenziata, è altrettanto nota
la diffusione del gioco oltre la sfera dell’infanzia: un vasto dossier
di testimonianze letterarie documenta la pratica dell’astragalízein
anche da parte degli adulti che vi ricorrono non solo nel proprio
tempo libero (Syll.³, III, 1168, 25; Pol., XXVI, 10; Ath., V, 193 ss),
ma anche in occasione di festività religiose (Cratino,
= fr.
170 Koch in Schol Plat., lys. 206; Cratino,
= fr. 210 Koch;
Ath., XIV, 399 c) o in momenti di aggregazione (Ath., X, 444; inoltre,
l’immagine dell’osso viene associata a stelai di defunti adulti in vari
epigrammi dell’Antologia Palatina che rimandano a contesti giocosi
caratterizzati dal consumo del vino: anth. Pal., VII, 422, 428). Per
l’età romana: Cic., De Senect., XIV, 46; XVI, 58; Plaut., Mil., II, 2,
164-165; Curc., 355; Hor., Carm., III, 24, 56-57; Satirae II, 3, 248;
LXXXIII; Od., I, 4; II, 7; Marz., epig., IV, 66, 15-16; Tac., ann.,
XIII, 15, 2; Svet., aug., LXXI; piuttosto scarse sembrano rivelarsi,
invece, le testimonianze relative alla diffusione del gioco nell’età
matura offerte dai documenti iconografici.
4 Per un inquadramento su origini, diffusione e modalità di gioco
ancora fondamentali sono gli studi di Becq de Fouquières 1873;
Hampe 1951; Rohlfs 1963; Beschi 1978; sulla questione anche Ulrichs
1840; Robert 1897; Lovett 1901; Brückner 1920; Klein 1932; Broneer
1947; Deonna 1938, p. 332-334; Schmidt 1971; Hampe 1976; Beschi
1978; Mielsch 1979; Amandry 1984; Di Nardi 1991; May 1992;
Poplin 1992; Vanhove 1992; Amandry 1994; Schädler 1996; Kurke
1999; Russo 2002; Neils, Oakley 2003; Coulon 2004; Wileman 2005;
Backe-Dahmen 2008; un’ampia sintesi delle problematiche connesse
alla valenza ludica dell’osso, alle modalità di intrattenimento diffuse
nel mondo antico ed alla loro trasmissione sino all’età moderna è in
Carè, c.s., con ulteriore bibliografia di riferimento.
403
BARBARA CARÈ
catamente “segnati” come infantili 5. Nell’ambito degli
studi inerenti la ritualità funeraria, questa forte caratterizzazione ludica ed infantile ha indotto a considerare
pregiudizialmente il piccolo osso deposto nel sepolcro
– prescindendo da qualsiasi riflessione sulle possibili
valenze pratiche, simboliche o ideologiche dell’oggetto 6 – come argomento per la determinazione dell’età
del defunto: la presenza di astragali tra gli elementi del
corredo, infatti, viene in genere ritenuta un’indicazione
sufficiente per legittimare l’identificazione del defunto
come un individuo scomparso in giovane età 7.
5 In ambito funerario la stretta connessione tra astragali e individui
non adulti è sostenuta, tra i tanti, in Kastanayan 1959, p. 266; Rohlfs
1963, p. 4, n. 12; Kurtz, Boardman 1971, p. 208; Papaoikonomou
1981, p. 259; Pianu 1990, p. 236; Berti 1994, p. 188, 193; Brocato,
Zhara-Buda 1996, p. 86; Graepler 1997, p. 253; Lippolis 1997,
p. 16; Erickson 1998, p. 839; Bechtold 1999, p. 238; Collin-Bouffier
1999, p. 91; Kurke 1999, p. 290; Muggia 2004, p. 32, 219; Palomba
2004, p. 426, n. 48; Panayotova 2007, p. 107; Shepherd 2007, p. 83;
Mugione et al. 2009, p. 204; Moschonissioti 2010, p. 214. Anche
gli astragali rinvenuti nei contesti votivi sono interpretati come
riferimento all’universo infantile: Picard 1935, p. 126, n. 3 (“ils
dénotent une clientèle juvénile” nel santuario di Haghios Phloros).
6 Nonostante la straordinaria diffusione dell’astragalo nel mondo
antico abbia a lungo alimentato un vivace dibattito (per un’ampia
raccolta di contributi inerenti la dimensione ludica si veda n. 4), si
segnala l’assenza nel panorama degli studi di un’indagine sistematica
sul fenomeno della presenza di tale oggetto nel contesto funerario
(per cui n. 10): trattazioni più o meno approfondite sulle possibili
valenze detenute dall’astragalo deposto in tomba sono in Pottier
1886, p. 210-215; Pottier, Reinach 1887, p. 215-220; Hampe 1951;
Kurtz, Boardman 1971, p. 208; Bruneau 1970, p. 527; Chavane 1975,
p. 186; Amandry 1984, p. 375-378; Sebesta 1993; Robinson 1942,
p. 197-198; Reese 1992, p. 127-139; Gilmour 1997, p. 167-171;
Erickson 1998, p. 838-840; Bechtold 1999, p. 237-238; Parlama,
Stampolidis 2000, schede di catalogo nr. 313, p. 311-312, nr. 402,
p. 364; Papaoikonomou 2006, p. 246-247; tra gli interventi più
completi – con ampia bibliografia precedente – si segnalano, in anni
recenti, Elia 2010a, p. 311-319; Hermary et al. 2010, p. 169-170.
7 Significative in questo senso appaiono le osservazioni formulate
in relazione ad una tomba tarantina ritenuta pertinente ad un individuo
di età non adulta “… come mostrerebbero gli astragali …” (Maruggi
1997, scheda di catalogo nr. 77, p. 284-285); “per la presenza di questi
ultimi e materiale ceramico di piccole dimensioni … si può pensare
ad una o più deposizioni infantili” per un sepolcro della stessa area
funeraria (scheda di catalogo nr. 83, p. 304-306; inoltre, schede di
catalogo nr. 104; p. 318-324; nr. 39 p. 216-217, per cui cfr. anche
Drago 1940, p. 341-342, dove non si rileva alcuna indicazione circa
l’identificazione di individui non adulti in occasione del rinvenimento
e dell’esplorazione del sepolcro); in tal senso anche Dell’Aglio 1991,
p. 32: “la presenza di giocattoli (terrecotte figurate e astragali)
definiscono immediatamente l’età del defunto”. L’indiscusso valore
probante riconosciuto a tali “indicatori” emerge con maggiore
evidenza dalle considerazioni espresse circa il rinvenimento in
tombe riconducibili ad individui adulti: in tali contesti gli astragali
sono percepiti come un’“anomalia” nella composizione del corredo,
determinata dalla contestuale deposizione di un giovane defunto non
rilevata in fase di scavo (“la relazione allegata al rapporto di scavo
parla solo di un individuo adulto, mentre il rinvenimento … degli
astragali lascerebbe supporre anche la presenza di un inumato in
età infantile”: Maruggi 1997, scheda di catalogo nr. 13, p. 170-175;
404
Il progredire della ricerca, nondimeno, ha gradualmente messo in luce l’“ambiguità” semantica
dell’astragalo – frequentemente impiegato come offerta
funeraria anche in relazione a defunti adulti – rivelando
l’infondatezza di tale assunto interpretativo.
Particolarmente significativi in questo senso sono
risultati i dati emersi dall’area funeraria di Locri Epizefiri,
ben nota in letteratura per l’eccezionale messe di rinvenimenti, imputata ad una vera e propria “astragalomania”
dei suoi abitanti 8. Il recente riesame della documentazione inerente la necropoli di Locri 9 ha permesso, infatti,
di confutare quanto sostenuto in passato (Hampe 1951,
p. 16; Id. 1976, p. 198), rivelando un’associazione tra
astragali ed individui defunti prima di aver raggiunto
l’età adulta solo nel 47% dei contesti 10; il restante 53%
dei sepolcri documenta, dunque, l’uso di questo arredo
funerario in relazione ad adulti, attestato peraltro per
tutto l’arco di frequentazione della necropoli (fig. 6) 11.
in questo senso anche Colivicchi (F.) – Catalogo del Museo Nazionale
archeologico di Taranto, III.2. alabastra tardo-ellenistici e romani
dalla necropoli di Taranto. Materiali e contesti. Taranto, Scorpione
Editrice, 2001, scheda di catalogo nr. 9, p. 115; Lambrugo 2005, p. 82).
8 Hampe 1951, p. 16. Già all’indomani della prima campagna
di scavo condotta nel 1910, Paolo Orsi rilevava l’inusuale presenza
di astragali nella necropoli locrese: “… è da notare come nessuna
necropoli abbia dato in tanta copia, come questa di lucifero, gli
astragali …” (Orsi 1911, p. 25); i rinvenimenti effettuati nel corso delle
campagne successive confermarono allo scavatore “la predilezione
singolare …” dei Locresi “… per questo oggetto simbolico” (Orsi
1912, p. 17). Al termine delle esplorazioni, condotte sino al 1915,
furono raccolti almeno 8800 esemplari: il dato si riferisce al lotto di
sepolture edite nelle relazioni preliminari curate da Orsi (Orsi 1911,
Id. 1912, Id. 1913, Id. 1917) a cui si aggiungono i dati ricavati dai
taccuini relativi alle campagne del 1913 e 1914, oggetto di studio
in Elia 2001, e le informazioni relative ai contesti inediti acquisite
attraverso l’analisi dei documenti d’archivio della Soprintendenza
Archeologica della Calabria. La cifra, di per sé eccezionale, risulta
ancor più singolare considerando che tali attestazioni sono da riferirsi
a ca. il 10% del totale dei sepolcri indagati.
9 Lo studio analitico dei contesti e del vasto dossier degli astragali
locresi è in Carè 2000-2001 (il riesame integrale dei contesti indagati
dall’Orsi e in occasione di esplorazioni più recenti è in Elia 2001;
Id. 2010a): l’analisi della documentazione offerta dalla necropoli
locrese ha costituito il pretesto per avviare un’indagine sistematica
sul fenomeno i cui risultati sono già editi in Elia, Carè 2004, cui si
rimanda per ogni approfondimento relativo ai singoli sepolcri.
10 Tali sepolcri sono ulteriormente distinguibili, inoltre, in tombe
di infanti e tombe di “giovani” o “giovanetti”, corrispondenti
rispettivamente al 30% e al 17%: ricordo a questo proposito che
per l’area funeraria locrese non sono disponibili analisi paleoantropologiche per via del mancato recupero dei resti ossei; pertanto
le valutazioni espresse in merito alla distribuzione di questa classe
di materiali in relazione alle diverse classi di età sono fondate sulle
osservazioni scrupolose e circostanziate espresse dallo scavatore
(sulla validità di tali osservazioni si veda Cerchiai 1989, p. 293).
11 La diffusione degli astragali a Lucifero si registra all’incirca in
tutto il periodo di frequentazione della necropoli – tra la metà del
VI sec. a.C. e l’età ellenistica – mostrando una particolare incidenza
in sepolture databili nel corso del V sec. a.C. (Elia, Carè 2004, p. 79).
L’ASTRAGALO IN TOMBA NEL MONDO GRECO: UN INDICATORE INFANTILE?
Fig. 1. Oinochoe attica con raffigurazione di giocatori (da: Brückner 1920, p. 5).
Benché il complesso funerario di Lucifero rappresenti un unicum nel panorama delle realtà interessate
da questo costume rituale in tutto il mondo greco 12, la
deposizione di astragali in tombe di individui adulti
non risulta, tuttavia, una specificità del rito locrese; al
contrario, i ritrovamenti di Atene, Olinto nella Grecia
continentale 13, Rodi, Samo, Thera nelle isole egee 14,
Myrina in Asia Minore 15, Apollonia Pontica 16, Siracusa
e Taranto in ambito coloniale 17, ecc., depongono a favore
12 Nonostante il progredire delle ricerche sveli la vasta incidenza
di tale costume funerario nel mondo greco, le valutazioni formulate
dallo scavatore all’indomani delle campagne locresi rimangono
sostanzialmente valide; attualmente non è noto, infatti, alcun altro
contesto che mostri una distribuzione di astragali così ampia e
diffusa: l’unico complesso comparabile con la necropoli locrese è
rappresentato dall’area sacra dell’Antro Coricio presso Delfi per cui
si rimanda ad Amandry 1984; Poplin 1984.
13 Atene: Kovacsovics 1990, p. 18-19, tomba 20; Olinto: Robinson
1942, p. 48, tomba 231; 65, tomba 314; p. 87, tomba 422.
14 Rodi: Jacopi 1929, p. 218, tomba CCVIII; Id. 1931, p. 113,
tomba XXXI; p. 304-305, tomba CLXXV. Samo: Hampe 1951, p. 16,
n. 28; Thera: Dragendorff 1903, p. 120; Hampe 1951, p. 16, n. 29.
15 Pottier, Reinach 1882, p. 429-431, tombe I-II; Iid. 1887, p. 216.
16 Panayotova 2007, p. 107; Hermary et al. 2010, p. 145; 169-170.
17 Siracusa: Orsi 1925, p. 189, tomba 13 (allo stato attuale della
ricerca, la deposizione di astragali tra gli elementi della suppellettile
di una pratica piuttosto diffusa 18 e confermano il carattere “indistinto” di questo costume rituale.
Anche in tali aree funerarie, infatti, la presenza del
piccolo osso tra gli elementi della suppellettile non
risulta di norma connessa in maniera esclusiva ad una
funebre rappresenta un costume rituale estremamente raro nelle
necropoli siciliane: in tal senso già Orsi 1912, p. 17; per le singole
attestazioni Carè 2006, p. 146-147). Taranto: De Juliis 1984,
nr. LXXXV; Maruggi 1997, scheda di catalogo nr. 13, p. 170-175
(a proposito della diffusione del fenomeno nelle necropoli tarantine,
e più in generale nell’Occidente greco, si rimanda alla n. 8 in cui si
evidenziano i caratteri della documentazione disponibile che ostacola
una valutazione obiettiva dei dati). A Pantanello, viene attribuito ad
un individuo adulto sulla base delle dimensioni anche il sepolcro 186
(Carter, Hall 1998, p. 420): a tal proposito è opportuno segnalare,
tuttavia, che i dati emersi dalle ricerche più recenti testimoniano come
la definizione dello spazio destinato ai defunti non sia strettamente
connesso alla classe d’età, pertanto, le dimensioni del sepolcro non
possono considerarsi necessariamente indicative della statura del
defunto (in merito all’affidabilità di tale strumento diagnostico ed
alle difficoltà insite nella definizione di una misura discriminante tra
adulti e non adulti si rimanda alle osservazioni formulate in Elia,
Meirano, c.s., in relazione alle necropoli greche d’Occidente).
18 Altri rinvenimenti sono registrati, inoltre, a Derveni, in
Macedonia (Themelis, Touratsoglou 1997, p. 203) e in contesti
indigeni ellenizzati dell’Occidente (Bianco 1996, p. 162-168). Altre
attestazioni relative ad aree funerarie dell’Egeo orientale sono state
segnalate nell’intervento di O. Mariaud in questo volume.
405
BARBARA CARÈ
componente specifica, bensì trascende le differenze di
età 19. È evidente, dunque, come contrariamente all’opinione accolta in letteratura, l’astragalo non possa essere
ritenuto un indicatore privilegiato ai fini dell’individuazione delle tombe di infanti e adolescenti o, quantomeno,
che la sua funzionalità a fini interpretativi debba essere
verificata all’interno di ciascun “sistema necropoli” 20.
In merito al legame preferenziale tradizionalmente
riconosciuto tra gli astragali e la dimensione pre-adulta,
dal quadro della distribuzione di questa offerta funeraria emerge, inoltre, un ulteriore aspetto che si presta ad
interessanti considerazioni, ovvero il carattere episodico della presenza di tali oggetti nelle tombe di giovani
defunti. Nelle necropoli caratterizzate dall’adozione di
questo costume, infatti, la deposizione dell’astragalo in
genere non sembra caratterizzare in maniera significativa
il rituale funerario tributato a infanti e adolescenti; ed
anche tra i contesti che restituiscono un maggior numero
di attestazioni, l’incidenza di tali oggetti all’interno del
corredo risulta relativamente circoscritta 21 (i cospicui
rinvenimenti locresi contraddistinguono ca. il 29% dei
sepolcri riconducibili a defunti in età pre-adulta 22).
È lecito, dunque, chiedersi se tale azione rituale non
sia il frutto di una scelta intenzionale e simbolica, dettata da una motivazione diversa e più complessa della
semplice predilezione per questo passatempo 23, chiave
di lettura che molta fortuna ha avuto in passato, ma
19 Ad esempio, Atene: Kunze-Götte et al. 1999, p. 21, nr. 44; p. 33,
nr. 81; Kovacsovics 1990, p. 15, nr. 75; Parlama, Stampolidis 2000,
p. 298-304, tomba 1010; p. 304-312, tomba 1099; Rodi: Jacopi 1929,
p. 163-164, tomba CLXIV; p. 213-216, tomba CC; Jacopi 1931,
p. 174-175, tomba LXXVI; p. 275, tomba CIL; Laurenzi 1936, p. 57,
tomba XIII; Olinto: Robinson 1942, passim; Myrina: Pottier, Reinach
1882, p. 409; Iid. 1887, p. 81, 96, 100; Apollonia Pontica: Hermary et
al. 2010, p. 99, sp. 313; p. 107, sp. 334; p. 109-110, sp. 339; Siracusa:
Orsi 1895, p. 154, sep. CCCL; Taranto: Graepler 1997, p. 257,
tomba 14; p. 257, tomba 15; p. 261, tomba 43; p. 278, tomba 172;
p. 282, tomba 197 (cfr. n. 13-17 per le tombe di individui adulti nei
singoli contesti).
20 Un’attenta verifica si impone del resto – come suggerito dalle
ricerche più recenti – anche per altri oggetti tradizionalmente ritenuti
indicatori delle classi pre-adulte: un’analisi critica è in Muggia 2004.
21 Ad Olinto la presenza di tali oggetti in tombe di individui
giovani raggiunge il 12%; a Rodi i contesti con astragali raggiungono
il 3% ca. (necropoli di Jalisso). A Pantanello e Caulonia, dove la
diffusione di tali oggetti risulta attestata prevalentemente in relazione
alla componente pre-adulta, i contesti con astragali rappresentano
rispettivamente il 6% e il 10%.
22 I dati quantitativi si riferiscono al lotto di 922 sepolcri analizzato
sistematicamente in Elia 2001.
23 Gli astragali sono stati in genere interpretati, infatti, come
giocattoli deposti nella tomba a perpetuare il ricordo delle attività
ludiche preferite in vita dal giovane defunto o garantirne il
divertimento nell’oltretomba: tra tanti, Jacopi 1931, p. 18; Hampe
1951, p. 15; Robert 1968, p. 230-231 e n. 3; Bruneau 1970,
p. 527; Karageorghis 1970, p. 228; Chavane 1975, p. 187-188;
Papaoikonomou 1981, p. 259-260; D’Amicis 1984, p. 73.
406
Fig. 2. Cratere a figure rosse con raffigurazione di giocatori
(da: Hampe 1951, p. 22).
che allo stato attuale delle conoscenze appare del tutto
semplicistica e riduttiva 24. In anni recenti, del resto,
altre proposte sono state avanzate in alternativa a questo modello interpretativo, nel tentativo di decifrare in
maniera più convincente il “message muet sur le défunt”
(Papaikonomou 2008, p. 683) veicolato da tale offerta
funeraria.
24 Sulla questione Elia, Carè 2004; inoltre, Carè 2010; Elia 2010a,
p. 314-317. È utile precisare, tuttavia, che tale modello interpretativo
risulta coerente con quanto sostenuto dalle fonti che sembrano
legittimare per l’osso, in relazione alle classi pre-adulte, una valenza
strettamente connessa alla sua natura di strumento di gioco: sulla
base dei numerosi documenti letterari ed iconografici che dall’età
classica all’età ellenistica associano gli astragali agli individui in
giovane età (n. 2 e figg. 1-5) è evidente, infatti, come, tra le molteplici
valenze attribuite all’osso nel mondo antico, sia essenzialmente
quella ludica a competere alle classi pre-adulte; piuttosto rare
risultano le testimonianze circa un diverso uso dell’astragalo da
parte di infanti e adolescenti (anth. Pal., IX, 158). All’attività
ludica – presumibilmente caricata di un significato simbolico –
sono a mio avviso da ricondurre anche le numerose raffigurazioni
di fanciulli chinati al suolo che lanciano astragali alla presenza
di divinità o dinanzi a simulacri; tali immagini, frequentemente
riprodotte come tipi monetali (BMC Ionia, p. 87, 396, nr. 391; Lydia,
p. 64) sono, in genere, troppo semplicisticamente interpretate come
scene di consultazione oracolare (Bouché-Leclercq 1879, p. 405;
Halliday 1913, p. 207; Picard 1929, p. 126): è il caso, ad esempio,
di una moneta di Tarsos (BMC Lycaonia, p. 80) su cui è effigiata
una fanciulla chiaramente dedita al gioco della pentelitha. Sono ben
riconoscibili, infatti, i cinque astragali necessari per il gioco e del
tutto eloquente è il gesto della mano.
L’ASTRAGALO IN TOMBA NEL MONDO GRECO: UN INDICATORE INFANTILE?
Alcuni Autori, ad esempio, hanno evidenziato il
ruolo simbolico dell’astragalo in relazione allo status
pre-nuziale della defunta 25 – ruolo che trova un preciso
riscontro nella consuetudine di deporre nei santuari le
piccole ossa, insieme ad altri giocattoli, a segnare un
passaggio di status 26 ovvero l’abbandono dell’età della
fanciullezza e l’ingresso nell’età adulta 27; alla fase di
transizione sancita dall’unione matrimoniale sembrano
alludere, in effetti, anche le numerose raffigurazioni di
gioco – spesso fortemente caratterizzate in senso erotico 28 – che vedono coinvolte figure femminili 29 in età
25 Torelli 1984, p. 137; Russo 2002, p. 64; Redfield 2003, p. 328
(il quale ritiene gli astragali nelle tombe locresi “connected with love
and marriage”). Un’analoga valenza semantica in ambito funerario
viene proposta, inoltre, per i cosiddetti “phormiskoi”, intesi come
riproduzioni fittili dei contenitori per astragali (Brocato, ZharaBuda 1996, p. 86) oltre che per le statuette raffiguranti giocatrici di
astragali (Jeammet 2003, p. 164: “quand la figurine était déposée
dans la tombe d’une adolescente, le jeu symbolisait peut-être le
destin contrarié de la future épousée, morte avant l’heure”).
26 CVa Copenhagen 6, tav. 271, 1.
Inoltre, IG, VII, 2420; anth. Pal., VI, 309; IX, 318; in Anthologie
grecque, VI, 276, la passione per il gioco degli astragali connota l’età
dell’adolescenza in antitesi alla vita da sposa che la fanciulla sta per
intraprendere (per cui Brulé 2007).
27 In tal senso sono interpretati gli astragali deposti nel santuario
di Athena Ilias a Lavinio in Torelli 1978, p. 147 (non sembra trovare
riscontro attualmente l’offerta di astragali nel santuario locrese di
Mannella segnalata dall’Autore: a tal proposito si rimanda ad Elia,
Carè 2004, p. 84, n. 75). La dedica in qualità di balocchi da parte
di giovani in occasione delle nozze è, inoltre, una delle ipotesi
formulate per spiegare la straordinaria messe di astragali rinvenuti
nell’Antro Coricio: Amandry 1984, p. 492 cui si rimanda anche per
l’ampia sintesi ricca di bibliografia in merito alla diffusione degli
astragali nei contesti votivi (per altre attestazioni vedi Carè 2006,
p. 147, note 45-46; inoltre, Simon 1986, p. 379-383; Bignasca 2000,
p. 76; Grasso 2008, p. 142).
28 In tali raffigurazioni la pratica del gioco – trasferita evidentemente
in una dimensione simbolica – si compie alla presenza di figure di
Eroti, al cospetto di Eros o di Afrodite (per questo aspetto, Carè 2006,
p. 146). La connotazione erotica degli astragali è già evidenziata in
Hampe 1951; Kurke 1999, p. 293; Ferrari 2002, p. 15; Redfield 2003,
p. 325; sul tema si segnala, inoltre, il contributo di A. Hermary in
questo volume.
Anche i dati archeologici sembrano documentare un nesso tra gli
astragali e la sfera erotica, insolitamente accentuato in relazione
alla componente pre-adulta: 69 astragali ricorrono in una tomba
ateniese pertinente ad un infante in associazione a una lekythos su
cui è effigiata una scena orgiastica che “clearly had nothing to do
with the age of the deceased” (Baziotopoulou-Valavani, TsirigotiDrakotou 2000, p. 271). Due astragali fittili fanno da corollario ad
una scena di accoppiamento tra un Satiro e un mulo – unita alle
immagini di Dioniso e di un Satiro a simposio – su un vaso plastico
attico a figure rosse proveniente dalla necropoli di Monte Saraceno
di Ravanusa e pertinente presumibilmente ad un individuo defunto in
giovane età (Fiorentini 2003, p. 339).
29 Un’esclusività di genere per questo tipo di offerta funeraria
è, tuttavia, contraddetta dai ritrovamenti (per cui Elia, Carè 2004,
p. 79; Carè 2006, p. 150, n. 68). Anche nel repertorio figurativo
l’oggetto non sembra detenere una specificità sessuale, sebbene nei
documenti di ambito funerario esso risulti particolarmente diffuso in
adulta o sul limitare dell’adolescenza, offerte dai documenti iconografici 30.
Ma se tale proposta interpretativa ben si presta alla
decodificazione del valore sotteso alla deposizione
degli astragali nelle tombe di infanti e adolescenti 31,
essa risulta difficilmente applicabile ai rinvenimenti
effettuati nei sepolcri di defunti in età avanzata, in
relazione ai quali risultano, invece, maggiormente
confacenti altre proposte esegetiche, in base alle quali
la deposizione dell’astragalo nel sepolcro potrebbe
costituire una prerogativa degli addetti alla pratica
astragalomantica – forma di consultazione oracolare
largamente diffusa nel mondo antico 32 – o di personaggi
impegnati in mansioni rituali legate al culto di specifiche divinità 33, oppure, ancora – sulla base del celebre
passo di Clemente Alessandrino che annovera gli astragali tra gli “inutili simboli dell’iniziazione” 34 – la spia
associazione con la sfera maschile (Beschi 1978, fig. 3; Hampe 1951,
p. 16; Papaiokonomou 1989, fig. 1; Kallintzi, Papaikonomou 2003,
fig. 3; in tal senso anche Bergemann 1997, p. 83. Si veda, inoltre,
Beschi 1978, p. 9-10 per l’ampia diffusione del tipo del “giocatore”
nei contesti votivi).
30 Nella scena ritratta su un uovo a figure rosse “protagonista
è afrodite che, affiancata da eros, vince in una sorta di gioco di
abilità la madre ed avvia verso il futuro marito una fanciulla”
(Bottini 1992, p. 67; altre raffigurazioni sono segnalate in Carè 2006,
p. 146, n. 33 dove si evidenzia un’evocazione insistente della sfera
muliebre documentata, oltre che dalla raffigurazione di fanciulle
direttamente impegnate nel gioco, dalla rappresentazione in maniera
pressoché esclusiva del gioco della pentelitha, forma di passatempo di
pertinenza prevalentemente femminile; alla stessa modalità di gioco, a
mio avviso, rimanda anche la scena riprodotta sulla pelike proveniente
dalla tomba A di Derveni: Themelis, Touratsoglou 1997, p. 145-146).
31 Come è stato già segnalato (Carè 2006, p. 149, n. 65) in alcuni
contesti funerari dell’Occidente greco, nell’ambito di sepolcri
pertinenti a defunte in giovane età la presenza di tali oggetti si
associa in effetti ad altri attributi ritenuti evocativi della sfera
nuziale (Taranto: De Juliis 1984, p. 375; Graepler 1997, p. 14, 257;
Lipari: Bernabò Brea, Cavalier 1994, p. 108-110; Pantanello: Carter,
Hall 1998, p. 275; Burn 1998, p. 616; Carter 1998, p. 184, 188;
un interessante termine di confronto è offerto, inoltre, dalla tomba
70A della necropoli del centro indigeno ellenizzato di Vassallaggi:
Pizzo 1998-1999, p. 264-268).
32 Brocato, Zhara-Buda 1996, p. 87: “si potrebbe ipotizzare che
praticanti della divinazione utilizzassero durante i riti phormiskoi
con astragali e che questi poi venissero deposti nelle loro tombe
in forma simbolica” (sulla valenza divinatoria degli astragali
ancora fondamentali sono i contributi di Bouché-Leclercq 1879;
Halliday 1913; Amandry 1984).
33 Si veda Hermary et al. 2010, p. 170 per l’ipotesi di un uso
funerario dell’osso connesso ad individui di sesso femminile legati
al mondo di Afrodite (sul legame tra l’astragalo e la dea anche
Carè 2006, p. 146, n. 34).
34 “e non è inutile menzionarvi come oggetto di biasimo i simboli
inutili di questa iniziazione: l’astragalo, la palla, la trottola, le mele,
il giocattolo rotante e rombante, lo specchio, il vello” (Clemente
Alessandrino, Protrettico II, 18; trad. it. G. Colli, Milano, 1977).
407
BARBARA CARÈ
Fig. 3. Anfora attica a figure rosse con giocatori di astragali presso la tomba (da: Neils, Oakley 2003, p. 173, cat. 114).
Fig. 4. Pisside a figure rosse con giocatrici di “pentelitha”
(da: Hampe 1951, p. 22).
408
Fig. 5. Moneta da Tarsos con giocatrice di “pentelitha” (da: Baumann (H.)
– Pflanzenbilder auf griechischen Münzen. Monaco, Hirmer, 2000, p. 16).
L’ASTRAGALO IN TOMBA NEL MONDO GRECO: UN INDICATORE INFANTILE?
35
30
25
20
15
10
adulti
giovani
5
bambini
0
VI secolo a.C.
V secolo a.C.
IV secolo a.C.
Fig. 6. Locri Epizefiri, necropoli in c.da Lucifero: distribuzione cronologica dei sepolcri con astragali in relazione alle diverse fasce di età.
oltre 500 astr.
sepolcri di defunti in età pre-adulta con astragali
400-500 astr.
sepolcri con astragali
201-400 astr.
101-200 astr.
51-100 astr.
11-50 astr.
2-10 astr.
1 astr.
0
10
20
30
40
50
60
Fig. 7. Locri Epizefiri, necropoli in c.da Lucifero: sepolcri con astragali suddivisi sulla base del numero degli esemplari rinvenuti.
409
BARBARA CARÈ
dell’adesione del defunto a forme di religiosità di tipo
misterico 35.
L’accentuata variabilità che contraddistingue tale
fenomeno rituale – più volte rilevata (Carè 2006, p. 150;
Ead. 2010, p. 462-463; Elia 2010a, p. 317) – legittima,
in effetti, la ricerca di un modello esegetico articolato 36,
anche in ragione dell’ampio spettro semantico detenuto
da tali oggetti nel mondo antico 37. Allo stato attuale della
ricerca, tuttavia, la realtà archeologica non ha ancora
permesso di cogliere, nelle dinamiche di rappresentazione funeraria messe in atto con la deposizione degli
astragali, peculiarità specifiche che possano tradursi
inequivocabilmente in un diverso valore semantico
dell’offerta in relazione alle varie classi di età. Nelle
numerose necropoli indagate, infatti, i molteplici modi
di distribuzione che connotano i sepolcri degli individui
defunti prematuramente si mostrano in genere totalmente conformi a quelle adottate nei sepolcri dei defunti
adulti (Carè 2006, p. 150), suggerendo l’inopportunità
di disgiungere i diversi rinvenimenti nell’analisi di tale
costume funerario.
In questa prospettiva, particolarmente interessanti
sono i dati emersi dall’indagine sul complesso funerario
locrese, la cui eccezionalità – più volte sottolineata –
risiede non soltanto nello straordinario numero degli
esemplari rinvenuti, ma anche nell’alta concentrazione
all’interno delle singole tombe, oltre che nella particolare cura mostrata nella distribuzione di tali oggetti nello
spazio sepolcrale (Elia, Carè 2004).
Variabile è la consistenza numerica dei rinvenimenti rintracciabili all’interno dei sepolcri, dove la
collocazione di un unico astragalo si alterna alla più
diffusa deposizione di nuclei più o meno consistenti,
costituiti da poche a molte decine di esemplari 38; sia
35 Tale proposta è stata avanzata per le sepolture di Spina in
Malnati 1993, p. 169; discussa è invece l’interpretazione degli
astragali deposti nella tomba A di Derveni, in associazione al celebre
papiro, per cui si rimanda a Themelis, Touratsoglou 1997, p. 205
(agli astragali viene riconosciuto un valore simbolico riconducibile
a culti e credenze salvifiche anche in Tondo 1991, p. 209-215;
Hoffmann 1997, p. 112. Per il rinvenimento di astragali in santuari
destinati a culti di natura misterica si veda Guthrie 1952, p. 124).
36 Per altre proposte interpretative si rimanda a Papaikonomou 2006,
p. 246-247 (dove si suggerisce di vedere nell’astragalo, come
sostituto dell’animale, un oggetto funzionale a richiamare
simbolicamente nella tomba il compagno di giochi dell’infanzia);
Risquez, Garcia Luque 2007, p. 162 (in cui i 300 esemplari deposti in
una tomba femminile in area iberica sono ricondotti ad un sistema di
contabilità associata all’attività tessile); sul problema si veda, inoltre,
Robert 1968, p. 231, n. 3.
37 Un’approfondita disamina delle diverse valenze semantiche
dell’astragalo è in Carè 2000-2001.
38 Si tratta di cifre particolarmente frequenti a Lucifero, ma
documentate anche in altre realtà funerarie: tombe con oltre un
centinaio di esemplari deposti sono note, ad esempio, ad Atene
410
pur eccezionalmente, le tombe locresi documentano,
inoltre, raggruppamenti di diverse centinaia e addirittura di migliaia di astragali e sono attualmente prive di
confronto in tutto il mondo greco: il quadro della distribuzione delineato dalle sepolture di defunti pertinenti
alle diverse fasce di età non mostra differenze sostanziali sotto questo aspetto (fig. 7); anche le manifestazioni
più inusuali del fenomeno, come i nuclei di migliaia di
esemplari 39 o l’attestazione del singolo rinvenimento 40,
appaiono ugualmente documentate 41.
Altrettanto mutevole è il quadro relativo alla disposizione degli astragali nello spazio sepolcrale offerto dai
contesti locresi, nell’ambito dei quali a tali oggetti non
sembra essere assegnata una collocazione preferenziale.
Essi risultano disposti, infatti, sia all’interno che all’esterno del contenitore funerario 42; anche qualora lo stato
di conservazione dei resti ossei permetta di valutare con
precisione il rapporto spaziale con il corpo del defunto,
non è possibile discernere uno schema distributivo ricorrente: analogamente a quanto emerso in relazione al
numero degli esemplari deposti, dunque, anche l’ampio
ventaglio di soluzioni messe in atto per la distribuzione
degli astragali – frutto di scelte certamente intenzionali
e simboliche – è ugualmente rappresentato nelle tombe
di individui pre-adulti e di defunti in età avanzata,
(Parlama, Stampolidis 2000, p. 311-312, tomba 254), a Myrina (Pottier,
Reinach 1887, p. 215, tombe 6, 27); ad Olinto (Robinson 1942, p. 48 ,
tomba 233), ad Apollonia Pontica (Hermary et al. 2010, p. 99).
39 Ricordo, a titolo esemplificativo, il sepolcro 709, di adulto, in
cui “dal piede destro alla mano 936 astragali messi in due, poi tre,
poi quattro file, quasi a formare un panneggio” (Elia, Carè 2004,
p. 78) e il sepolcro 1013 – pertinente ad un giovinetto – in cui 829
astragali erano “divisi circa 500 dai piedi alle mani, da queste agli
inguini circa 200 e il rimanente fino al petto … al piede destro
14 astragali impiombati … e 159 erano sparsi sopra le tegole”
(Orsi 1917, p. 104).
40 La presenza di un unico esemplare è accertata, infatti, in almeno
un sepolcro riconducibile ad un individuo defunto prematuramente
(Carè 2000-2001, sep. 698) e ricorre ripetutamente in tombe riferibili
a defunti in età matura (ibid., sepp. 634; 971, 1336).
41 Anche l’adozione dell’astragalo quale unica forma di arredo
funerario sembrerebbe rappresentare un costume diffuso e non una
pratica riservata ad una particolare categoria: risulta attestata, infatti,
in contesti pertinenti alle diverse fasce d’età (6 sepolcri di individui
adulti: sepp. 518, 634, 864, 925, 1012, 1281; 5 di giovinetti: sepp. 440,
653, 735, 1007, 1132; 4 di bambini: sepp. 917, 1042, 1155, 1343).
42 Questa particolare ubicazione – che non costituisce comunque
una specificità del rito locrese (cfr. Pottier, Reinach 1887, p. 215;
Orsi 1925, p. 189, tomba 13; Robinson 1942, p. 117, tomba 596;
Chavane 1975, p. 188; Kovacsovics 1990, p. 19, tomba 20) – appare
tanto più significativa alla luce dell’eccezionale presenza di oggetti del
corredo fuori dal contenitore funerario in questa necropoli (per questo
aspetto si vedano le osservazioni formulate in Elia, Carè 2004, p. 79).
In diverse aree funerarie, la presenza di astragali è frequentemente
registrata nelle aree esterne alle sepolture, destinate allo svolgimento
di pratiche sacrificali (Reese 1992, p. 130; Themelis, Touratsoglou
1997, p. 60; Panayotova 2007, p. 124; Papaikonomou 2008, p. 697).
L’ASTRAGALO IN TOMBA NEL MONDO GRECO: UN INDICATORE INFANTILE?
comprese le sistemazioni più insolite ed accurate delle
piccole ossa, disposte a formare una sorta di ‘cordone
protettivo’ intorno al cadavere, a parti di esso o ad altri
elementi del corredo (fig. 8) 43. Ricordo che per Locri,
proprio in relazione a tali caratteristiche, sono state
richiamate di recente le proprietà magiche proprie degli
oggetti legati al caso ed alla sorte, oltre che in generale
a quelli destinati a vaticini ed oracoli, come è, per l’appunto, l’astragalo (Elia, Carè 2004, p. 85-86; Carè 2010;
Elia 2010a, p. 316): tali proprietà possono aver fatto di
queste piccole ossa potenti e preziosi amuleti deposti
come veri e propri cordoni apotropaici, trascendendo
distinzioni sessuali e differenze d’età 44.
Sensibili differenze emergono, invece, analizzando la
documentazione relativa alle diverse categorie di individui pre-adulti: i dati quantitativi mostrano una tendenza
prevalente a riservare ai defunti più giovani la deposizione
di nuclei piuttosto ridotti di esemplari. Lotti di astragali
inferiori alle cinquanta unità caratterizzano infatti oltre
il 70% dei contesti pertinenti ad individui defunti nei
primi anni di età; sfuggono a questa tendenza, invece,
i sepolcri degli adolescenti, dove risultano frequenti le
concentrazioni più elevate di astragali (113 esemplari
caratterizzano, ad esempio, il sepolcro 1227; 114 risultano essere alloggiati nel sepolcro 632; oltre 1000 sono
deposti nel sepolcro 1013 45). Per gli adolescenti, dunque,
43 Ricordo la deposizione 1108 in cui si rinvennero “dal piede
alla mano destra 56 astragali … dal piede alla mano sinistra altri
58…” (Orsi 1917, p. 106) e la tomba 865 in cui si contarono disposti
“… dalla mano destra, contornando il braccio, la spalla, il cranio
e terminando alla spalla sinistra, 479 astragali” (Orsi 1913, p. 40);
ma l’esempio forse più rappresentativo è la deposizione 348 (fig. 8)
destinata a due individui adulti sepolti con ca. 1400 astragali: “ il
cranio di destra era circondato da una quadruplice aureola di
essi, i quali poi scendevano, coprendo tutto il costato sinistro, ed
in doppio ordine lungo la gamba sinistra, passando sotto il piede
corrispondente e sotto quelli dell’altro scheletro, risalivano lungo
la gamba ed il braccio sinistro, recingendo la testa in doppio ordine
(Orsi 1912, p. 11). La collocazione di tali oggetti è, in genere, un
dettaglio trascurato in bibliografia (sullo scarso interesse rivolto
a questa classe di materiali rimangono sostanzialmente valide le
considerazioni espresse in Amandry 1984, p. 352); tuttavia, si ha
notizia per alcuni contesti di peculiari sistemazioni che dimostrano
un’uguale cura: un centinaio di astragali, ad esempio, fu rinvenuto
sotto il cranio in una tomba esplorata all’inizio dell’800 ad Atene
(Hampe 1951, p. 16, n. 31); in una tomba del centro ellenizzato
individuato presso Serra Orlando, in Sicilia, 77 astragali erano
“distribuiti lungo il cadavere cremato in posto (Orsi 1915, p. 233);
45 astragali di un sepolcro di Caulonia erano distribuiti “lungo tutto
il torace” (Orsi 1914, col. 930, sep. 93).
44 Sulla base dei dati acquisiti si può escludere per questa classe
di materiali una specificità di genere, sia in relazione ad infanti e
adolescenti sia nell’ambito della sfera adulta (per questo aspetto vedi
Elia, Carè 2004, p. 79).
45 Per i singoli contesti: Carè 2000-2001, sep. 1227; Orsi 1913,
p. 17-19; Id. 1917, p. 104.
sembrano messe in atto soluzioni più vicine alle tendenze
tipiche delle tombe di adulti, dove raggruppamenti di tale
entità risultano maggiormente documentati 46.
Le analogie che coinvolgono adulti e adolescenti
rivelate dalla deposizione degli astragali 47 sembrano
emergere, inoltre, anche dall’analisi dell’articolazione dei
corredi. La composizione degli arredi associati agli astragali non sembra riflettere combinazioni preferenziali con
elementi dalle particolari caratteristiche funzionali, né
schemi associativi ricorrenti 48; tuttavia – per tutto l’arco
di frequentazione della necropoli – nelle sepolture destinate ad adulti e giovinetti le piccole ossa si inseriscono
frequentemente in un’ampia ed accurata selezione di
oggetti 49 dal particolare pregio intrinseco o dalla spiccata
pregnanza semantica 50, destinati all’evocazione di attività
esclusive quali la cura della bellezza, la pratica atletica
e conviviale (Elia, Cavallo, 2002, p. 12-14; Elia 2010b,
p. 413-414) 51. Si tratta di sepolcri che emergono manifestamente nel panorama generale – caratterizzato da
un “rito sobrio e severo” (Orsi 1913, p. 51) – rispetto
Grossi raggruppamenti sono registrati nei sepolcri 986: 190 astragali
(Carè 2000-2001, sep. 986); 1367: 110 astragali (Orsi 1917, p. 164).
Un lotto contenente più di 100 esemplari ricorre in un solo contesto
riconducibile ad un defunto in età infantile (Carè 2000-2001,
sep. 1101: 216 astragali).
46 Oltre ai già ricordati sepp. 348 (n. 43) e 709 (n. 39), segnalo
a titolo esemplificativo i sepolcri 587 (508 astragali: Orsi 1913,
p. 9-11), 826 (379 astragali: Orsi 1913, p. 33-34); 865 (479 astragali:
Orsi 1913, p. 38-40).
47 Il dato è concorde con quanto emerso in varie relazioni presentate
in questo Convegno.
48 Per il rapporto con altri oggetti tradizionalmente connotati in
senso infantile vedi Cerchiai 1982, p. 290-296 (su questo tema si
veda, inoltre, il contributo di C. Scilabra in questo volume).
49 Solo un limitato lotto di sepolcri, pari al 4,5% dei contesti, ha
restituito corredi costituiti da un elevato numero di oggetti: Elia,
Cavallo 2002, p. 12.
50 Allo studio analitico di tali reperti ed all’analisi delle problematiche
connesse alla produzione delle diverse classi di materiali sono stati
dedicati, in anni recenti, vari contributi cui si rimanda: Elia 2002; Elia,
Cavallo 2002; Meirano 2002; Meirano 2004; Elia 2010b.
51 In tali sepolcri si concentrano manufatti di elevato pregio come,
ad esempio, strumenti musicali (sepp. 1013, 1101, 1149, 1290: cfr. Elia
2010b, tab. 2), contenitori per unguenti e olii profumati (sepp. 348, 587,
865, ecc.: cfr. Elia, Cavallo 2002, p. 15), oggetti di ornamento (sepp.
348, 587, 739, 849, 1241, 1465, ecc.: cfr. ibid., p. 11, n. 114), vasellame
ceramico ed instrumentum metallico destinato al consumo del vino
e allo svolgimento di pratiche di commensalità (sepp. 739, 1101,
1149, 1290, ecc.: cfr. ibid., p. 15; Meirano 2002; Elia 2010b, tab. 2).
L’associazione con oggetti del tutto esclusivi riguarda soprattutto
le tombe in cui la presenza degli astragali appare particolarmente
enfatizzata, sia in relazione alla peculiare distribuzione che al numero
degli esemplari deposti, sebbene non sia possibile riconoscere una
perfetta correlazione tra il numero degli rinvenimenti attestati e
l’articolazione del corredo: la presenza di piccoli nuclei non si associa,
infatti, esclusivamente a corredi quantitativamente poco articolati;
parallelamente la presenza di consistenti nuclei di astragali non appare
strettamente connessa ad una maggiore articolazione del corredo.
411
BARBARA CARÈ
Fig. 8. Locri Epizefiri, necropoli in c.da Lucifero: collocazione degli astragali dei sepolcri 348 (a sinistra) e 587 (a destra).
Elaborazione da Orsi 1912, fig. 10; Orsi 1913, figg. 9-10.
alla maggior parte dei contesti coevi, per i quali è stata
proposta l’appartenenza ad un ceto di ampie possibilità
economiche che, attraverso un complesso sistema di simboli, esplicita il proprio prestigio sociale.
Allo stato attuale delle conoscenze non sembra
opportuno spingersi oltre con le proposte interpretative, estendendo univocamente all’astragalo il ruolo di
“indicatore di rango” 52; certo è suggestiva l’ipotesi che
anche quest’offerta funeraria – la cui presenza risulta
talvolta fortemente enfatizzata – partecipi alla proiezione simbolica dei valori sottesi alla composizione
di tali corredi di particolare rilevanza, forse in quanto
caricato anch’esso di una peculiare valenza semantica
connessa al percorso formativo o al contesto culturale
degli individui sepolti 53. Probabilmente non è casuale,
52 L’ipotesi è stata recentemente proposta da A. Muggia in relazione
alle tombe di Spina sulla base della relazione tra questi strumenti di
gioco e l’ideologia conviviale (Muggia 2004, p. 219-220; vedi n. 53).
53 Il gioco degli astragali rappresenta una forma di intrattenimento
tipica della palestra (Plat., Lys. 206e) e del simposio (n. 3; una
rassegna di testimonianze che collegano il gioco all’universo
conviviale è, inoltre, in Carè 2000-2001, p. 88); in tal senso anche
Kurke 1999, p. 293. Cfr. Baziotopoulou-Valavani, TsirigotiDrakotou 2000, p. 271 a proposito della tomba 1099, contenente
412
inoltre, che anche in altre aree funerarie la deposizione
degli astragali si rintracci limitatamente a sepolcri
in cui caratteri del tutto peculiari concorrono a simboleggiare uno status elitario, a prescindere dall’età
del defunto: ad esempio, 93 esemplari si associano
ad un’ampia selezione di contenitori di importazione
– allusivi alla pratica del banchetto – che qualificano il fanciullo deposto in una tomba tarantina degli
inizi del V sec. a.C. come membro della compagine
27 astragali: “the illustration on the aryballos and on a black-painted
alabastron reveal the tender age of the dead man and his ‘gymnasium’
upbringing”; inoltre, Papaikonomou 2008, p. 697 dove a proposito
della necropoli di Abdera si rileva come gli astragali, in funzione
di indicatori di genere, si associno allo strigile nelle sepolture di
fanciulli di età superiore ai 6 anni “pour qui l’éducation du citoyen
a commencé”; anche a Locri gli astragali sono frequentemente
associati allo strumento del palestrita (sepp. 348, 559, 1101, 1106,
1501, ecc.) – presente a Lucifero in un limitato numero di contesti –
richiamo alla qualificata ed esclusiva formazione culturale della
classe dominante (per la valenza semantica di quest’oggetto e per
la sua diffusione cfr. Elia 2010b, p. 413); ricorrente è, inoltre, la
presenza nei sepolcri con astragali di oggetti afferenti all’universo
simbolico del simposio (vedi n. 51; tra i vari documenti segnalo, a
titolo esemplificativo, l’esclusivo utensil stand della tomba 739 per
cui si rimanda a Meirano 2002).
L’ASTRAGALO IN TOMBA NEL MONDO GRECO: UN INDICATORE INFANTILE?
aristocratica (Dall’Aglio 1991, p. 18-19); un astragalo
in oro è tra gli oggetti di accompagnamento di una
donna presumibilmente adulta, deposta in una tomba
tarantina di età ellenistica, che affida ad un ampio set
di ornamenti e gioielli l’esibizione del proprio prestigio
e ruolo sociale 54; un unico esemplare in osso completa
il ricco corredo della giovane sepolta nel sepolcro 95
di Pantanello 55, la cui elevata estrazione è affermata
dall’articolazione del corredo, oltre che dai manufatti
esclusivi prescelti 56.
Per concludere, in merito alla valenza da attribuire
alla presenza dell’astragalo nello spazio sepolcrale il
54 De Juliis 1984, nr. LXXXV (in tal senso anche D’Amicis 1984,
p. 84: “l’ostentazione dello stato sociale è sottolineata non solo
attraverso la qualità e la quantità degli oggetti del corredo, ma
anche dalla struttura stessa della sepoltura” ).
55 Carter, Hall 1998, p. 275 (a proposito di tale contesto si
vedano le osservazioni formulate nel contributo di D. Elia in questo
volume); anche negli altri sepolcri della necropoli la deposizione di
astragali si associa a manufatti del tutto esclusivi che rimandano alla
pratica atletica (Carter, Hall 1998, p. 329-330, t. 264; p. 420, t. 186;
Erickson 1998, p. 836).
56 Numerosi sono i possibili termini di confronto in Occidente: a
Caulonia 4 dei 6 sepolcri con astragali – datati tra la fine del VI e il corso
del V sec. a.C. – sono designati come i più ricchi della necropoli e riferiti
dall’editrice ad una compagine con ampie possibilità economiche, sia
per la presenza di un numero più elevato di oggetti di corredo sia per
la concentrazione esclusiva di manufatti d’importazione: Palomba 2004,
p. 422). Non mancano analogie nei centri indigeni ellenizzati: un astragalo
in gesso alabastrino è deposto nella tomba femminile 70A di Vassallaggi
– databile nel III quarto del V sec. a.C. – che ha restituito uno dei corredi
più articolati e preziosi dell’intera necropoli (Pizzo 1998-1999, p. 371);
12 esemplari in osso si registrano nel sepolcro 227 di Chiaromonte, “una
delle ultime attestazioni di individui di alto rango” della comunità locale,
sepolto nel corso del V sec. a.C. con una ricca serie di oggetti, attraverso
cui viene esibita la completa adesione a modelli ideologici greci, con
l’evocazione insistita della pratica elitaria del simposio e degli ideali della
paideia e dell’atletismo (Bianco 1996, p. 162-168; Russo 2002, p. 61).
quadro emerso dalla realtà locrese offre, dunque, un
ulteriore indizio della complessità di questo aspetto del
costume rituale che si esplicita attraverso un sistema di
segni estremamente variabile, anche all’interno della
stessa realtà funeraria. Parallelamente all’ampio spettro
semantico detenuto nella vita quotidiana e nelle pratiche
religiose del mondo antico, gli astragali sembrano rivelare anche in ambito funerario una pluralità di valenze
che credo li affranchi definitivamente dal ruolo di indicatori infantili, designandoli più propriamente come
indicatori “polisemici”, significanti ideologie e valori
profondamente diversi.
* Desidero esprimere la mia riconoscenza agli organizzatori del
Convegno per avermi offerto l’opportunità di presentare questa
relazione; il mio particolare ringraziamento va anche al Prof. Diego
Elia per la costante disponibilità e i molteplici spunti di confronto e
discussione circa la necropoli di Lucifero e, in particolare, i contesti
funerari con astragali.
Abbreviazioni
anth. Pal.: antologia Palatina
BMC: British Museum Catalog of Greek Coins
BWPr: Berliner Winckelmann Programm
CVa: Corpus vasorum antiquorum (Union académique
Internationale)
Da: Dictionnaire des antiquités grecques et romaines
(Daremberg, Saglio, Pottier)
eaa: enciclopedia dell’arte antica
HWPr: Hallischer Winckelmann Programm
IG: Inscriptiones Graecae
Syll.³: Sylloge Inscriptionum Graecarum, editio tertia.
413
Abbreviazioni bibliografiche
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Amandry 1994: AMANDRY (P.) – Astragalo. EAA, Suppl. 1971-1994, vol.
II, p. 492-494.
Backe-Dahmen 2008: BACKE-DAHMEN (A.) – Die Welt der Kinder in der
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Baziotopoulou-Valavani, Tsirigoti-Drakotou 2000: BAZIOTOPOULOUVALAVANI (E.), TSIRIGOTI-DRAKOTOU (I.) – Kerameikos Station. In:
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L’amour des jeunes garçons dans la Grèce classique :
à propos d’un astragale inscrit d’Apollonia du Pont
Antoine Hermary
Abstract. around the middle of the 4th century BC, an
astragalos-shaped askos bearing the graffito
was deposited, with other objects, in one of the numerous burials found in the necropolis of apollonia Pontica
(Sozopol, Bulgaria). The adjective refers to the charm of
the deceased boy or adolescent, as is shown by some
“pederastic” inscriptions of the same period found at
Thasos-Kalami. It is very possible that the young charming person was indeed a boy aged between 12 and 14.
The astragalos is an offering suitable for this age-group,
and the literary evidence (of Plato and others) combines
with numerous attic vase-paintings to show that loving
relations with boys twelve to fourteen years old were
very common and thoroughly acceptable in the educative system of ancient Greece.
L
es fouilles dirigées par Ivan Venedikov
entre 1946 et 1949, puis à partir de 1992 par
Krastina Panayotova, ont montré l’importance
des nécropoles de la colonie milésienne d’Apollonia,
aujourd’hui Sozopol, en Thrace pontique. Les tombes
mises au jour au lieu-dit Kalfata, au Sud de la ville
antique, constituent actuellement, pour l’époque classique et le début de l’époque hellénistique, l’ensemble
funéraire le plus important sur la côte occidentale de la
mer Noire. Les sépultures d’enfants découvertes dans
les années 2002-2007 ont été étudiées par A.-S. Koeller
et K. Panayotova lors de la première table ronde EMA
(Koeller, Panayotova 2010), puis par A.-S. Koeller
dans le volume qui a rendu compte des recherches
effectuées en commun, dans ces mêmes années, par l’Institut archéologique bulgare et le Centre Camille Jullian
(Koeller 2010). Ces deux publications s’appuyaient sur
le résultat d’études anthropologiques réalisées par Anne
Keenleyside et Anne Richier, mais, faute d’indications
fiables, ne pouvaient guère tenir compte de l’abondante documentation issue des fouilles plus anciennes
(Venedikov et al. 1963), même si, parmi les 800 tombes
publiées alors, 61 avaient été identifiées comme des
tombes d’enfants : celle qui est examinée ici ne fait pas
partie du lot, mais mérite de retenir l’attention, dans le
cadre du programme de recherche EMA, à cause d’un
des objets déposés auprès du défunt.
La sépulture, qui porte le numéro 290 dans la publication de Venedikov, a été fouillée en 1949 dans le « secteur
2 » de la nécropole de Kalfata : il n’est malheureusement
pas possible de situer précisément cette zone sur le plan
qui a été dressé lors des fouilles plus récentes (Hermary
et al. 2010, pl. 2). On constate, grâce au dessin fourni
dans la publication de Venedikov et al. (1963, p. 31, fig.
20), que cette tombe à fosse se trouvait dans une partie du secteur qui n’était pas très densément occupée.
La tombe 297, toute proche et de même orientation, est
nettement plus ancienne (Venedikov et al. 1963, p. 34 :
3e quart du Ve s.) et la tombe à tuiles 206, mise en place
au-dessus d’elle, avec une orientation différente, a été
datée de la fin du IVe s. (ibid., p. 29). La description de la
sépulture 290 dans la publication de 1963 est sommaire :
« Tête au N.-E. Les objets du mobilier funéraire étaient
alignés des deux côtés du squelette, probablement le
long des parois d’un cercueil en bois dont il ne restait pas
de traces » 1. Dix-huit objets avaient été déposés près du
défunt : sept lécythes aryballisques, dont trois à figures
rouges, deux à vernis noir et deux à décor réticulé ; trois
coupes, trois coupelles et un bol à vernis noir ; une lampe
à vernis noir ; deux petits « supports » en verre (diamètre
supérieur 3,5 cm, inférieur 2,1 cm), dont la fonction est
difficile à déterminer ; enfin, un vase plastique à vernis noir, en forme d’astragale, portant un graffito. Seuls
quelques-uns de ces objets ont fait l’objet de notices
séparées et sont reproduits dans les planches 2, mais la
date que propose Venedikov, vers le milieu du IVe s. av.
J.-C., est certainement exacte.
L’askos plastique à vernis noir, dont l’anse et l’embouchure manquent, est en forme d’osselet (fig. 1) 3. Dans son
état actuel, il mesure 8,5 cm de long, 4,3 cm de haut et
4 cm de large. Il porte, sur un des longs côtés, l’inscription
, soigneusement gravée après cuisson, mais
1 Ibid., p. 34. Cette traduction du bulgare, ainsi que celles qui
suivent, sont extraites d’une traduction d’ensemble du catalogue des
tombes de Venedikov et al. 1963 faite par Atila Riapov.
2 Il s’agit des lécythes à figures rouges (voir ci-dessous) et
des « supports » en verre (Venedikov et al. 1963, p. 310 n° 997,
pl. 163-164).
3 Je remercie Maria Reho de m’avoir envoyé de nouvelles photos
de l’objet, qui est conservé au Musée Archéologique de Sofia.
417
ANTOINE HERMARY
418
à l’envers par rapport à l’embouchure du vase. Th. Ivanov,
qui a étudié la céramique mise au jour dans les fouilles de
1946-1949, écrit que le vase est de production attique et
transcrit l’inscription
, mais ne la commente pas 4.
Il propose la date de 360-350 et, pour le type du vase, renvoie à un exemplaire conservé en Pologne 5. Un fragment
d’un autre vase de même forme, trouvé dans un foyer
rituel, est répertorié ensuite (ibid., p. 213 n° 524).
Les indications données dans la publication de 1963
ne permettent pas de déterminer l’âge du défunt enterré
dans la fosse, mais elles indiquent au moins que le
squelette devait être relativement bien conservé et qu’il
n’était pas de très petite taille, car, dans ce cas, Venedikov
aurait parlé d’une tombe d’enfant. Ce personnage était-il
un adulte mature, un adolescent ou un enfant d’un âge
avancé (environ 12-14 ans) ? Dans ce dernier cas, il
concerne le domaine d’étude de notre programme EMA,
dans lequel la limite supérieure de « l’enfance » a été
fixée autour de 14 ans. Un élément important est, en tout
cas, apporté par l’inscription que porte l’askos-astragale,
car elle montre que le personnage à qui il a été offert
était de sexe masculin.
La présence de ce graffito – pourtant unique en son
genre – n’a jamais attiré l’attention des chercheurs.
Il semble, en fait, que le vase lui-même ait été ignoré
dans les études sur les askoi de même forme, ou sur
les astragales en général, jusqu’à un article de Krastina
Panayotova sur les « astragalos-shaped askoi » de la
nécropole d’Apollonia (Panayotova 2008) : elle publie
à cette occasion trois exemplaires à vernis noir mis au
jour en 2003 et 2005 dans des foyers rituels extérieurs
aux tombes (ibid., fig. 2-4) et mentionne l’askos de la
tombe 290, sans commentaire sur l’inscription 6. Cet
article a fait l’objet d’une notice bibliographique dans
le « Bulletin archéologique » de la Revue des Études
grecques (123, 2010, p. 187 n° 154) : l’objet qui nous
intéresse y est mentionné, mais l’inscription est transcrite avec une erreur sur la dernière lettre (
).
Le texte est simple, mais difficile à traduire. On
peut hésiter, pour la forme verbale, entre une première
et une troisième personne du singulier de l’imparfait du verbe être : au milieu du IVe s. av. J.-C., il est
cependant peu probable que l’on ait affaire à un objet
parlant (« j’étais… »), tel qu’on en connaît à l’époque
archaïque : la troisième personne paraît donc plus
vraisemblable, ce qui ne change pas le sens général
de l’inscription. Le mot
peut-il être compris
comme un nom propre plutôt que comme un adjectif ?
et ses dérivés sont beaucoup plus
rares au masculin qu’au féminin et, surtout, l’expression n’aurait guère de sens : « Il était [j’étais] Hédys »
peut difficilement être l’équivalent de « Il s’appelait [je
m’appelais] Hédys ».
Il est beaucoup plus normal d’interpréter le mot
comme l’adjectif
au nominatif singulier : il qualifie le personnage auquel on a offert le vase, et l’usage
de l’imparfait montre que celui-ci est décédé. La difficulté est de trouver la bonne traduction du mot, dont
le sens général, selon son étymologie, est « qui plaît »,
« agréable ». Dans les textes littéraires, il s’applique plus
souvent à des objets qu’à des personnes, qui sont alors
plutôt des adultes. Pour l’époque qui nous intéresse,
l’adjectif est utilisé à plusieurs reprises, dans les dialogues de Platon, dans l’expression
qui appartient
au vocabulaire de la conversation et ne caractérise pas
physiquement ou moralement l’interlocuteur : elle est traduite « Tu m’amuses… » dans l’édition CUF (« Budé »),
mais on pourrait aussi proposer « Tu es plaisant… » 7.
L’épigraphie livre, pour cette même époque, peu de témoignages complémentaires. Un exemple intéressant est
cependant fourni par l’épigramme funéraire d’un jeune
Thébain, Theogeitôn fils de Thymochos, mort à Athènes
probablement vers le milieu du IVe s. av. J.-C. : « Les os
et la chair du charmant (hédys) enfant (païs) c’est la terre
qui les renferme, mais son âme est allée dans la demeure
des pieux … » (Vérilhac 1978, n° 194 ; CEG II, 545).
Dans ce cas, comme dans d’autres, il est difficile
de définir l’âge de « l’enfant » et de savoir si le terme
s’applique à son caractère, à son aspect physique, ou aux
deux à la fois. Le témoignage d’inscriptions gravées sur
des rochers du site de Thasos-Kalami, vers le deuxième
quart ou le milieu du IVe s. av. J.-C., est plus significatif (Garlan, Masson 1982). Il s’agit d’« acclamations
pédérastiques » (58 au total) qui vantent la beauté, le
charme et la grâce d’un ensemble de jeunes gens, donc
leur pouvoir de séduction. Parmi les adjectifs utilisés
pour qualifier ces beaux garçons, kalos vient en tête
(douze occurrences), suivi d’hédys (huit occurrences),
les autres adjectifs utilisés plus d’une fois étant eucharis,
« plein de grâce » (quatre occurrences), chrysos, « en
or », c’est-à-dire beau et précieux comme l’or (trois
occurrences) et euprosôpos, « au beau visage » (deux
fois). Yvon Garlan et Olivier Masson ne commentent pas
8
l’adjectif
, mais, dans ce contexte, on est amené à le
4 Ivanov, in Venedikov et al. 1963, p. 213 n° 523, pl. 113.
5 La référence précise manque dans la publication : il s’agit du vase
publié dans CVa Pologne 1, pl. 46, 8 (ancienne collection Pourtalès).
6 Ibid., p. 104, fig. 1 (photos de la publication de 1963). Les accents
et les esprits ont été omis dans la transcription de l’inscription.
7 Voir par exemple République II, 527D, avec, dans l’édition Loeb
(p. 173 n. 2), les références aux autres occurrences.
8 Ils évoquent simplement (p. 17) la banalité de cette appellation,
« du moins dans les œuvres littéraires », ce qui ne paraît pas être le
cas pour les enfants ou les jeunes gens.
L’AMOUR DES JEUNES GARÇONS DANS LA GRÈCE CLASSIQUE
traduire par « charmant ». Ainsi, le jeune Aétès est décrit
comme
« dans
l’éclat du jeune âge, au beau visage, charmant, plein de
grâce » (ibid., p. 6 n° 13, fig. 5) ; Nikénôr est, lui,
et
, « charmant et beau » (ibid., p. 12 n° 52).
Sur la céramique attique de la fin du VIe et du Ve s.
les acclamations peintes avant cuisson en l’honneur des
jeunes gens (et des jeunes filles) sont beaucoup plus
simples, puisque seul l’adjectif kalos est utilisé. L’une des
inscriptions qui vantent la beauté féminine mérite d’être
signalée. Elle figure sur un stamnos à figures rouges
attribué au groupe de Polygnotos (vers 440 av. J.-C.) 9 :
sur la face principale sont représentées, près d’un loutérion, trois femmes entièrement nues et une petite
servante ; l’une des femmes est désignée par l’inscription Hédisté kalé « Hédisté est belle ». Le nom choisi
– l’adjectif hédys au superlatif – est significatif : il insiste
sur le « sex appeal » du personnage 10. La connotation
sexuelle du mot est clairement exprimée dans un passage
des Nuées d’Aristophane (v. 1068-1070). Dans le débat
qui oppose le Raisonnement Juste et le Raisonnement
Injuste, le premier affirme que Pélée put épouser Thétis
grâce à sa tempérance ; l’autre lui répond : « Mais elle
eut vite fait de le planter là, car il manquait de fougue et
de charme (
) pour passer
une nuit blanche sous les couvertures ; une femme aime
en effet être ravagée » 11. On trouve ici les deux faces de
ce qui – aux yeux du personnage – constitue la séduction masculine, la violence et la grâce, celle-ci liée, sans
aucun doute, à la jeunesse de l’homme.
Il faut maintenant prendre en compte le support de
l’inscription, un vase en forme d’astragale. Je n’insiste
pas sur la question de l’usage et de la signification symbolique des astragales naturels, traitée ici en détail par
Barbara Carè et abordée dans plusieurs autres contributions. Même si c’est une offrande très fréquemment
attestée dans les tombes d’enfants, elle est loin de se limiter à la fonction ludique le plus souvent mise en avant.
Les vases plastiques de cette forme sont bien connus dans
la céramique attique ; ils proviennent le plus souvent de
9 aRV2 1052, 19 ; Matheson (S. B.) – Polygnotos and Vase
Painting in Classical Athens. The University of Wisconsin Press,
1995, p. 175, pl. 150, et p. 291. Le vase est conservé à Boston.
10 S’agit-il d’une hétaïre ? On note que, sur un psykter du célèbre
Euphronios, une des hétaïres nues s’appelle agapa, « Amour » :
aRV2 16, 15 ; euphronios, peintre à athènes au VIe siècle avant J.-C.
Catalogue d’exposition. Paris, Musée du Louvre, 1990, p. 33 n° 33,
fig. p. 167.
11 Je me sépare ici des traductions données par H. Van Daele dans
la CUF (« car il n’était pas fougueux ni bien réjouissant ») et par
P. Thiercy dans la collection de la Pléiade (« il n’était pas fougueux,
tiens, ni agréable compagnon »).
contextes funéraires, sans que l’on sache à quel type de
défunt ils étaient associés. La plupart d’entre eux sont,
comme les exemplaires d’Apollonia, des askoi à vernis noir, sans décor, dont l’anse est parfois ornée d’un
« nœud d’Héraclès » ; il ne semble pas qu’on leur ait
consacré une étude particulière, mais on dispose de listes
partielles 12, auxquelles il faut ajouter les exemplaires
d’Apollonia cités plus haut. Une petite série, limitée
semble-t-il à quatre objets 13, est décorée dans le style
à figures rouges. Deux d’entre eux montrent le jeune
dieu Éros, dans un cas debout, jouant de la lyre (fig. 2) 14,
dans l’autre en vol, tenant deux rinceaux végétaux (avec
l’inscription Timarchos kalos) 15. L’association d’Éros
aux osselets est connue par d’autres représentations 16,
mais le lien entre l’astragale et le monde de l’amour est
indiqué sous une forme plus originale sur un astragale en
stéatite conservé au musée de Bâle, qui est plus récent 17 :
sur une face est figuré un personnage féminin nu de face,
accroupi, dont les jambes écartées laissent voir le sexe
entrouvert, à la manière des représentations de Baubô ;
sur une autre est représenté Éros debout jouant de la lyre,
sur une troisième un personnage en chitôn court, la main
posée sur la bouche, qui marche vers la gauche. Pour
ce qui concerne la tombe d’Apollonia, le décor de deux
des lécythes aryballisques à figures rouges est notable :
l’un (Venedikov et al. 1963, pl. 31) montre un Éros assis
entre deux femmes (fig. 3), l’autre (ibid., pl. 43) un Éros
debout devant une femme. Même si la statistique porte
12 Hampe (R.) – Die Stele aus Pharsalos im louvre. 107.
Winckelsmannsprogramm, Berlin, 1951, p. 31 n. 9 ; Meirano
2004, p. 93 n. 6. Deux exemplaires proviennent d’une tombe
particulièrement importante de Tanagra, en Béotie, datée de la fin
du Ve s. av. J.-C. : Semni Karouzou, qui l’a publiée (Une tombe de
Tanagra. BCH, 95, 1971, p. 109-145), indique à juste titre que les
très nombreux vases (138) associés au défunt ont été « commandés
pour une destination funéraire ». L’étude de cet ensemble serait à
revoir dans cette perspective, de même que les noms de kalos qui
figurent sur les lécythes à fond blanc, dont l’usage est (normalement)
uniquement funéraire (quelques indications dans Buffière 1980,
p. 138-139).
13 En raison de l’ouverture pratiquée sur un des côtés, ils ont
souvent été interprétés comme des boîtes à astragales (discussion
dans Meirano 2004, p. 93 n. 27).
14 aRV2 965 ; Greifenhagen 1957, p. 26, fig. 20. Vers 460-450.
15 aRV2 264, 67 (Groupe de Syriskos, vers 480-470) ; Greifenhagen
1957, p. 26, fig. 19 ; LIMC, Eros n° 97. Au-dessus est figuré un lion
en arrêt. Je remercie Joan Mertens pour les photos reproduites ici.
16 Sur une intaille en calcédoine du IVe s. av. J.-C. deux astragales
sont figurés sous le dieu, très enfantin, qui joue avec une oie : Boardman
(J.) – Greek Gems and Finger Rings. Londres, J. Murray, 1970, p. 294,
pl. 604 (noter ibid., p. 285, fig. 238, une bague en argent montrant un
astragale à l’intérieur d’une couronne). Voir aussi, pour une époque
beaucoup plus récente, LIMC, Eros n° 775 (monnaie d’Aphrodisias).
17 Bignasca (A.) – Passione e destino. Intorno ad un nuovo
astragalo all’Antikenmuseum di Basilea. Numismatica e antichità
Classiche (Quaderni Ticinesi), 30, 2001, p. 73-84, qui date l’objet de
l’époque impériale.
419
ANTOINE HERMARY
Fig. 1. Vase en forme d’askos d’Apollonia du Pont. Sofia, Musée Archéologique. Photo du musée.
Fig. 2. Vase en forme d’askos. New York, Metropolitan Museum of Art, inv. 40.11.22. The Metropolitan Museum of Art,
Harris Brisbane Dick Fund, 1940. ©The Metropolitan Museum of Art.
420
L’AMOUR DES JEUNES GARÇONS DANS LA GRÈCE CLASSIQUE
Fig. 3. Lécythe aryballisque de la même tombe que l’askos fig. 1.
D’après Venedikov et al. 1963, pl. 31.
Fig. 4. Coupe attique à figures rouges, vers 480. Paris, Louvre,
G 278. D’après Metzger (A. et H.), Sicre (J.-P.) – La beauté nue.
Quinze siècles de peinture grecque. Paris, Phébus, 1984, p. 47.
Fig. 5. Karchésion à figures noires. Boston, Museum of Fine Arts,
inv. 08.292. D’après Boardman, La Rocca (n. 27), p. 80.
421
ANTOINE HERMARY
sur un nombre de sépultures limité, faute de diagnostics
anthropologiques ou d’autres critères significatifs, on
remarque, en effet, que les lécythes aryballisques à décor
figuré ont été principalement découverts, à Apollonia du
Pont, dans des tombes de femmes et d’enfants (Hermary
et al. 2010, p. 180-182).
Le contenu de l’inscription et l’objet qui la porte
semblent donc aller dans le sens d’une « acclamation
amoureuse » pour un garçon qui peut aussi bien être
un enfant (ou un « pré-adolescent ») impubère, âgé
de 12-14 ans, qu’un adolescent de 15-18 ans, avant la
poussée de sa première barbe, donc un païs ou un meirakion, pour reprendre la distinction établie par Socrate
à propos du jeune Charmide 18. Un autre dialogue de
Platon montre que la première hypothèse est tout à fait
plausible. Le Lysis raconte en effet la rencontre entre
Socrate, qui se promène entre l’Académie et le Lycée, et
les jeunes Ktésippos et Hippothalès : celui-ci est amoureux du petit Lysis qu’ils vont trouver à la palestre, où
sont réunis enfants et adolescents (païdes et neaniskoi) à
l’occasion de la fête des Hermaia ; après avoir pris part
aux cérémonies religieuses, les enfants, en tenue de fête,
jouent aux astragales, et parmi les spectateurs figure
Lysis (206 d-e). Les questions que lui pose alors Socrate
montrent qu’il appartient bien à la catégorie des enfants,
soumis à l’autorité d’un pédagogue, privé par ses parents
de toute activité adulte et puni comme un petit : on peut
penser qu’il a environ douze ans, et que son amoureux
Hippothalès est encore un adolescent 19. D’autres textes
confirment que c’est bien l’âge des premiers éromènes :
à Sparte, parvenus à l’âge de douze ans, « les garçons de
bonne renommée trouvaient des érastes qui s’attachaient
à eux » (Plutarque, Vie de lycurgue, 17, 1) ; pour le
poète Straton, le pouvoir de séduction commence alors,
et s’accroît chaque année : « Douze ans, bel âge qui
m’enchante ! / Mais l’enfant de treize ans a beaucoup
plus d’attraits ! / Avec deux fois sept ans / vous avez une
fleur des amours plus exquises » (anth. Pal., XII, 4).
La documentation figurée confirme que l’expression
« amour des enfants » 20 est dans certains cas tout à fait
18 Platon, Charmide 154 b : ce beau garçon était encore un païs
avant le départ de Socrate pour les opérations militaires au Nord de
l’Égée (il participe à la bataille de Potidée en 432), il est maintenant
un meirakion, d’une taille et d’une beauté admirables.
19 Ainsi chez Buffière 1980, p. 566 : « Lysis est l’enfant-roi,
timide, modeste et charmant : qu’il n’ait guère que douze ans, on
le voit à certaines de ses répliques : quand il assure, par exemple,
que sa mère lui taperait sur les doigts s’il touchait à ses fuseaux.
Et cet âge de douze ans est, nous le savons par ailleurs, le premier
âge pour susciter l’amour. Hippothalès, qui éprouve pour Lysis un
amour véritable, mais n’a pas encore fait agréer ses hommages, est
un garçon de quinze à dix-huit ans ».
20 À la fin du VIe s., Théognis (v. 1345 et 1357) emploie le
verbe paidophilein et le substantif paidophilès, puis Aristophane
422
justifiée. Sur un bon nombre de vases attiques à figures
noires et, surtout, à figures rouges la différence de taille
entre l’éraste et l’éromène marque en effet sans aucun
doute l’écart entre un adulte et un garçon pré-pubère 21.
Sur ces documents, attestés principalement entre la fin
du VIe s. et le milieu du Ve, l’éraste est tantôt un homme
barbu, donc un citoyen adulte, tantôt un jeune homme 22.
Dans le premier cas l’expression de l’amour peut être
relativement retenue, comme sur le médaillon d’une
coupe à figures rouges d’environ 480, où l’on voit, dans
un intérieur marqué par une colonne et une chaise, un
homme vêtu du chitôn et de l’himation embrassant un
garçon, lui aussi vêtu : l’intensité de l’affection s’exprime
alors par l’échange des regards et la main que chacun
pose sur la tête de l’autre (fig. 4) 23. Mais sur d’autres
vases les deux personnages sont nus et l’homme touche
le sexe du jeune garçon : ainsi sur un « karchésion » à
figures noires de Boston (vers 520-510) qui porte sur
les deux faces le même type de scène (et à chaque fois
l’inscription kalos), avec toutefois la différence que sur
une des faces le petit touche le menton de l’adulte et que
sur l’autre il lui saute littéralement au cou (fig. 5) 24 ; sur
le médaillon d’une coupe à figures rouges attribuée au
Peintre de Brygos (vers 480) – dans un contexte désigné
comme un gymnase par le strigile, l’aryballe et l’éponge
suspendus dans le champ – l’homme, en érection, touche
le sexe d’un garçon qui pose sa main droite sur la nuque
de l’éraste et tient un sac à osselets dans l’autre (fig. 6) 25.
Quand l’éraste est imberbe et donc probablement,
comme dans le Lysis, un grand adolescent, on trouve
la même attitude amoureuse – corps placés l’un contre
l’autre, échange des regards, lèvres rapprochées 26 –,
(Acharniens 265) et Platon (Banquet 192b) le substantif paiderastès ;
le mot paiderastia apparaît dans le même dialogue de Platon (181c).
21 De façon plus générale, les « courting scenes » homosexuelles
représentées sur la céramique attique ont été étudiées en détail par
Beazley (J.D.) – Some attic Vases in the Cyprus Museum. Oxford
University Committee for Archaeology, 1989 (D.C. Kurtz éd.), p. 4-25.
22 Sur une péliké du Musée National d’Athènes, le garçon,
entièrement enveloppé dans un manteau, est courtisé par un barbu et
par un jeune homme : aRV2 564, 29 ; eros Grec. amour des Dieux
et des Hommes. Catalogue d’exposition Paris et Athènes, 1989-1990.
Athènes, Ministère de la Culture, 1989, p. 166-167 n° 94.
23 aRV2 407, 16 (P. de Briséis) ; Villanueva-Puig (M.-Ch.) – Images
de la vie quotidienne en Grèce dans l’antiquité. Paris, Hachette,
1992, fig. p. 39.
24 Vermeule 1969, p. 10, pl. 5 ; Dover 1978, fig. B598 ; Dierichs
2008, p. 104 fig. 73.
25 aRV2 378, 137 ; Boardman 1975, fig. 260 ; Dover 1978,
fig. R520 ; Dierichs 2008, p. 105 fig. 74.
26 Ainsi sur le médaillon d’une coupe de Gotha (aRV2 20 ;
Boardman 1975, fig. 51 ; Dover 1978, fig. R27 ; Schnapp 1984,
fig. 117) ou sur une amphore du Louvre (aRV2 31, 4 ; Dover 1978,
fig. R59), toutes deux datées autour de 500.
L’AMOUR DES JEUNES GARÇONS DANS LA GRÈCE CLASSIQUE
avec parfois l’indication d’attouchements sexuels 27. Sur
le médaillon d’une coupe à figures rouges de la fin du
VIe s., le jeune garçon se presse contre un jeune homme
qu’il regarde amoureusement, et tient un cerceau, indice
complémentaire d’un âge enfantin 28. Sur d’autres vases
l’éraste, plus souvent semble-t-il barbu que juvénile,
offre un cadeau à l’enfant, en général un lièvre 29.
Dans tous ces cas l’éromène, qui arrive à peine à
l’épaule de l’éraste, n’a certainement pas plus de douze
ou treize ans. Ce type de représentation n’est cependant
pas limité à la céramique attique. Une stèle funéraire
découverte à Rhodes, qui, comme un certain nombre
des peintures de vases évoquées précédemment, date
de l’époque du style sévère, montre en effet un enfant
tenant un coq, debout contre un grand jeune homme vers
lequel il lève amoureusement la tête ; la différence de
taille est encore plus frappante que sur les vases, car le
petit garçon arrive à peine à la hauteur de la poitrine de
l’éraste (fig. 7) 30.
27 L’exemple le plus frappant est fourni par une coupe signée par
Peithinos (aRV2 115, 2 ; vers 500) : sur le médaillon intérieur sont
figurés Thétis et Pélée, sur la face A quatre couples formés par des
érastes imberbes et de jeunes garçons, sur la face B trois couples
hétérosexuels (voir Reeder [E.D.] éd. – Pandora. Woman in Classical
Greece. Baltimore, Walters Art Gallery, et Princeton University
Press, 1995, p. 341-343, fig. 106 ; Stewart [A.] – Art, Desire and the
Body in ancient Greece. Cambridge University Press, 1997, p. 157,
fig. 95-97 ; photo de détail en couleur de la face A dans Boardman
[J.], La Rocca [E.] – Eros in Greece. Londres, J. Murray, 1978, p. 93).
28 Dierichs 2008, p. 106 fig. 75. Comparer l’image de Ganymède
sur toute série de vases attiques à figures rouges de la première moitié
du Ve s. : LIMC, Ganymedes, p. 156-158, pl. 78-82 ; voir aussi Neils
(J.), Oakley (J.H.) – Coming of age in ancient Greece. Images of
Chilhood from the Classical Past. New Haven et Londres, Yale
University Press, 2003, p. 215 n° 15.
29 Le thème du don du lièvre a été étudié en détail par KochHarnack (G.) – Knabenliebe und Tiergeschenke. Ihre Bedeutung
im päderastischen erziehungssystem. Berlin, Gebr. Mann, 1983 :
voir surtout p. 66-77, fig. 3, 4, 7, 8, 11-12 et 14. Je m’en tiens ici
à quelques exemples. Avec un éraste barbu, voir Schnapp 1984,
fig. 113 (aRV2 284, 3), 115 (aRV2 459, 4 : le garçon s’appelle
Hippodamas) et 116 (aRV2 348, 4) ; Hommes, Dieux et Héros de la
Grèce. Catalogue d’exposition, Rouen, Musée départemental des
Antiquités, 1982, n° 74 (aRV2 465, 84 : Makron). Avec un jeune
homme : Schnapp 1984, fig. 114 (aRV2 471, 196 : Makron, avec
l’inscription Hippodamas kalos). Je ne peux commenter en détail ici
les inscriptions qui, sur des vases de Douris et Makron, vantent la
beauté du jeune Hippodamas, dans des contextes divers.
30 Kaninia (E.) – An early fifth-century BC grave stele from Rhodes.
In : Jenkins (I.), Waywell (G.B.) éds., Sculptors and Sculpture of Caria
and the Dodecanese. Londres, British Museum, 1997, p. 144-149,
fig. 259-262 ; Marketou (T.), Papachristodoulou (I. Ch.) – Rhodes.
In : Vlachopoulos (A. G.) éd., Archaeology, Aegean Islands. Athènes,
Melissa Publishing House, 2006, p. 369 fig. 570. Pour B. Holtzmann
(la Sculpture grecque. Une introduction. Paris, Librairie Générale
Française, 2010, p. 200), « Il s’agit d’un tout jeune garçon, dont la
taille est minimisée pour souligner sa dépendance », mais il n’y a
pas de raison de supposer qu’il s’agit d’un petit esclave : c’est en fait
la taille du jeune homme (1,83 m), certainement le défunt, qui est
Après le milieu du Ve s. av. J.-C. le thème de l’amour
homosexuel disparaît de la céramique attique 31, mais,
sur un mode comique et caricatural avec Aristophane,
puis, comme on l’a vu, chez Platon, les textes littéraires
apportent d’autres témoignages. Pour ce qui concerne
le IVe s., on peut ajouter à cette documentation certains
modes de représentation d’Éros : tout au long du Ve s.,
le jeune dieu de l’amour est figuré comme un adolescent
plutôt athlétique, mais les types créés par Praxitèle
insistent sur l’aspect gracile et très juvénile du personnage, tendance encore accentuée, dans la deuxième
moitié du siècle, par l’Éros archer de Lysippe, à l’allure
enfantine (LIMC, Eros, p. 880). L’adjectif
convient
alors aussi bien au dieu qu’aux jeunes Thasiens vantés
par les graffitis ou au défunt de la tombe d’Apollonia.
Dans le cadre de notre programme EMA, on ne
pouvait éviter d’évoquer cet aspect de la perception de
l’enfant dans la Grèce antique. La base de données sur
les sépultures d’enfants apporte cependant peu d’informations sur les pratiques funéraires et le mobilier liés à
cette classe d’âge. Le fait qu’une grande partie de notre
documentation soit fondée sur des fouilles qui n’ont pas
donné lieu à des études anthropologiques en est en partie
responsable : par prudence, beaucoup d’archéologues ont
restreint la catégorie « enfant » à des sépultures ou des
restes osseux de petites dimensions (Hermary, Satre, à
paraître). Mais quand on dispose de diagnostics anthropologiques fiables, on constate – ce qui est par ailleurs
rassurant – que la mortalité des « grands enfants » est
relativement faible : dans la nécropole de Kalfata à
Apollonia du Pont, sur les 121 squelettes étudiés par Anne
Keenleyside (2010), seuls trois individus appartiennent à
la tranche d’âge des 11-13 ans, et un aux 13-17 ans.
J’avais terminé mon intervention au colloque en soulignant l’intérêt d’un programme de recherche sur la
« pédophilie » dans le monde antique : les guillemets
sont ici nécessaires, car les paidophilai grecs ne sont pas
des pédophiles au sens moderne du mot 32. Les exemples
exceptionnelle ; on peut attribuer au garçon, qui mesure 1,30 m, un
âge de douze ou treize ans.
31 « The great age of erotic vase-painting was therefore at an
end half a century before the birth of Plato and the earliest plays
of Aristophanes… When the evidence of Attic literature becomes
abundant, erotic vase-painting is already severely prohibited »
(Dover 1978, p. 7).
32 Sans parler du terme « pédéraste », qui a pratiquement disparu
de notre vocabulaire. Je cite à titre historiographique un passage
de Buffière 1980 (p. 13), qui s’était intéressé aux enquêtes sur
l’homosexualité moderne, à partir du célèbre « rapport Kinsey »
et d’autres recherches : « Dans la masse des homosexuels, les
pédophiles ne représentent qu’une infime proportion : une enquête
faite à Londres en 1960 n’en a décelé que 3 sur 127 homosexuels
interrogés. Les vrais pédérastes, eux, sont attirés par des adolescents
423
ANTOINE HERMARY
Fig. 6. Coupe attique à figures rouges, vers 480. Oxford, Ashmolean Museum, 1907.304. D’après
Metzger (A. et H.), Sicre (J.-P.) – La beauté nue. Quinze siècles de peinture grecque.
Paris, Phébus, 1984, p. 165.
donnés plus haut montrent que la violence et l’attirance
pour les très jeunes enfants n’ont rien à faire ici. Il s’agit
de sentiments amoureux dans le cadre de pratiques
éducatives et sportives principalement centrées sur le
gymnase, où se côtoient grands enfants, adolescents et
jeunes adultes. La question n’est pas de savoir si cet
« amour des garçons » aboutissait ou non à des rapports
sexuels (normalement interdits), mais de constater que
c’est le plus souvent, sur les vases comme dans les
textes – dont le Lysis est un bon exemple – le sentiment
amoureux à l’égard d’un garçon de la « bonne société »
qui est mis en évidence,. Un dernier exemple, qui
date lui aussi de la grande période de l’iconographie «
pédophile », le montre clairement. Une stèle funéraire
trouvée à Akraiphia, en Béotie, datée vers 520-510,
montre en effet un garçon solidement bâti tenant un coq
de la main gauche et respirant une fleur, et l’inscription
nous apprend que le monument, sculpté par Philourgos,
a été érigé par Pyrrhichos pour Mnasitheios, « en
dont la fourchette d’âge va de 12 à 18 ou 20 ans : elle était la même
dans la Grèce antique, nous le verrons plus loin en détail ».
424
Fig. 7. Stèle funéraire de Rhodes. D’après
Marketou, Papachristodoulou (n. 30).
témoignage d’une profonde affection (philémosyné) »33.
Bien que l’inscription de l’astragale d’Apollonia soit
plus laconique, il est probable qu’elle exprime la même
démarche et des sentiments comparables à l’égard d’un
enfant mort avant l’adolescence.
Abréviations
ARV2 : BEAZLEY (J.D.) – attic Red Figure VasePainters. Oxford, Clarendon Press, 1963.
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Classicae, VIII vol. Zurich et Munich, puis Zurich et
Düsseldorf, 1981-1997.
33 Andreiomenou (A. K.) – Notes de sculpture et d’épigraphie
en Béotie. I. La stèle de Mnasithéios, œuvre de Philourgos : étude
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II. Types de tombes et traitements du corps des enfants. actes de la
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425
La fouille du Boubasteion d’Alexandrie :
présentation préliminaire
Mohamed Abd El-Maksoud, Ahmed Abd El-Fattah, Mervat Seif El-Din
Abstract. Rescue excavations conducted in 2009-2010
by the Supreme Council of antiquities under the supervision of Dr. abd el Maksoud, have produced surprising
results of great importance by revealing the existence of
a sanctuary dedicated to Boubastis and by underlining
the popularity of this goddess in alexandria over the long
term (from the first wave of immigration to the Roman
period). Prior to this discovery, no-one had supposed
the existence of a sanctuary dedicated to Boubastis in
alexandria. Furthermore, the offerings to the goddess
shed new light on the population of alexandria at the
beginning of its existence.
L
es fouilles d’urgence menées en 2009 et 2010
par le Conseil Suprême des Antiquités, sous
la supervision du Dr. Abd El-Maksoud, ont
livré des résultats d’une grande importance. En révélant
l’existence d’un sanctuaire de Boubastis, en soulignant
la popularité du culte de cette déesse à Alexandrie sur
la longue durée (de la première vague d’immigration
jusqu’à l’époque romaine), elles ont créé la surprise :
jusqu’au moment de la découverte, personne ne supposait l’existence d’un temple dédié à Boubastis à
Alexandrie ; de plus, les formes que prend le culte de
la divinité donnent un nouvel éclairage sur la population d’Alexandrie au début de son existence. L’intérêt
de cette découverte justifie pleinement une présentation
rapide des données, dont il faut souligner le caractère
préliminaire. Nous reviendrons tout d’abord sur le
contexte archéologique, dont nous rappelons qu’il est
lié à des fouilles de sauvetage ; nous insisterons dans
un second temps sur les trouvailles, avant de présenter
quelques hypothèses dans une dernière partie.
Localisation de la fouille
Cette fouille de sauvetage a été menée sur un terrain
appartenant au Ministère de l’Intérieur (Sécurité centrale) et a duré trois mois (de novembre 2009 à janvier
2010). Cette parcelle se situe entre les rues principales
de Soliman Yousri et d’Ismail Fahmey et s’inscrit dans
le quartier de Kôm el-Dikka (fig. 1-2), qui correspond
au Paneion évoqué par Strabon (XVII, 1, 6-12) 1. À
l’Ouest de notre chantier se trouve le site archéologique
de Kôm el-Dikka, fouillé par la mission polonaise, qui
a notamment mis au jour des thermes, des auditoria 2,
un édifice théâtral 3, des bâtiments urbains et des villas 4. En 1990, des sondages d’urgence ont été menés
par Ahmed Abd El Fattah dans un terrain appartenant au
Ministère de l’Intérieur 5, situé à l’Est de notre parcelle.
Si l’on reporte l’emplacement du chantier sur le plan
de la ville antique dressé par Mahmoud-Bey El-Falaki 6,
il se place entre les rues L’2 et L’3 et R3 et R4, exactement au Sud-Est du Paneion (fig. 3), que Strabon
présente comme une colline artificielle. À l’Ouest du
Paneion, on construisit, lors de l’Expédition d’Egypte,
1 Adriani 1963-1966, p. 225 ; Fraser 1972, vol. II, n. 210-212 ;
Tkaczow 1993.
2 Derda (T.), Markiewicz (T.), Wipszycka (E.) – alexandria.
auditoria of Kom el-Dikka and late antique education. Varsovie,
Rafala Taubenschlaga, 2007.
3 Kolataj (W.) – Recherches architectoniques dans les thermes et le
théâtre de Kôm el-Dikka à Alexandrie. In : Grimm (G.), Heinen (H.),
Winter (E.) éds., Das römische-byzantinische Ägypten. Mayence,
Philipp von Zabern, 1983, p. 189-194.
4 Rodziewicz (M.) – les habitations romaines d'alexandrie à
la lumière des fouilles polonaises à Kôm el-Dikka, alexandrie, III.
Varsovie, Editions scientifiques de Pologne, 1984 ; Kiss (Z.) – Fouilles
polonaises à Kom el-Dikka (1986-7), alexandrie, VII. Varsovie,
Centre d’Archéologie méditerranéenne de l’Académie polonaise
des Sciences, 2000 ; Kolotaj (W.) – Imperial Baths at Kom el-Dikka,
alexandrie, VI. Varsovie, Centre d’Archéologie méditerranéenne de
l’Académie polonaise des Sciences, 1992 ; Majcherek, (G.) – Notes
on Alexandrian habitat. Roman and Byzantine houses from Kom
el-Dikka. Topoi, 5, 1995, p. 133-150.
5 Abd El-Fattah (A.) – A Preliminary Report on Archaeological
Works Carried on a Hellenistic Site at Kom El Dikka. Bulletin de la
Société archéologique d’alexandrie, 48, 2009, p. 25-49.
6 El-Falaki (M.) – Mémoire sur l’antique alexandrie, ses faubourg
et environs découverts, sondages, nivellements et autres recherches.
Copenhague, Bianco Luno, 1872 ; Arnaud (J.-L.) – La restitution d’un
réseau viaire antique à l’épreuve du dessin informatisé, Alexandrie.
In : Empereur (J.-Y.) éd., alexandrina 3. Le Caire, IFAO, 2009
(Études alexandrines, 18), p. 373-399, pl. 12.
427
428
Mer
N
Méditerranée
Chatby
Port
Est
Mancheyya
Kôm el-Dikka
Port
Boubasteion
Ouest
Moharram Bey
Attarine
0
500
1000
mètres
DAO C. Shaalan, CEAlex, Janvier 2012.
Fig. 1. Localisation du site du Boubasteion. C. Shaalan (CNRS).
MOHAMED ABD EL-MAKSOUD, AHMED ABD EL-FATTAH, MERVAT SEIF EL-DIN
Anfoushi
LA FOUILLE DU BOUBASTEION D’ALEXANDRIE
un fort au sommet de la colline, qui prit le nom de « Fort
de l’Observatoire », puis de « Fort Crétin » 7. Notre site
est situé 50 mètres à l’Est du sondage exécuté par M.
Rodziewicz dans la Rue du Théâtre de Kôm el-Dikka 8.
D’après M. Rodziewicz, les plus anciennes constructions
hellénistiques dans la partie orientale de Kôm el-Dikka
remontent au IIIe s. av. n. è.
Présentation des principaux vestiges
À partir de novembre 2009, à la suite d’une prospection géophysique, qui indiquait la présence de structures
archéologiques, quelques sondages ont été menés sous
la direction du Dr. Abd El Maskoud, puis une fouille
en extension a duré jusqu’à la fin du mois de janvier
2010. Les différents vestiges que nous avons pu mettre
en évidence sur ce chantier s’inscrivent dans une vaste
fourchette chronologique et définissent des phases différentes les unes des autres dans leur fonctionnalité (fig. 4).
Au Nord-Ouest du terrain, à un niveau bien supérieur
à celui des vestiges du temple (fig. 5), une citerne a été
découverte, creusée directement dans le rocher et liée à
l’extérieur à des canalisations 9. De plan quadrangulaire,
elle est composée d’un espace de stockage et d’un puits
reliés par un couloir. Les parois de la cuve étaient couvertes d’un enduit hydraulique et les parois internes du
puits étaient creusées d’encoches pour permettre l’accès
à l’intérieur de la structure. On note aussi, plus près des
fondations du temple, un puits rectangulaire maçonné
qui devait sans doute appartenir à une sakieh (fig. 6).
L’étude du matériel de comblement permettra de dater
son abandon. On rappelle pour mémoire la sakiek peinte
sur les parois d’une tombe de la nécropole occidentale 10,
ainsi que les diverses sakieh trouvées à Alexandrie dans
7 Sauneron (S.) – Les collines d’Alexandrie. In : Villes et légendes
d’Égypte. Le Caire, IFAO, 1983, p. 199-225 ; Benech (Chr.)
– Recherches sur le tracé des murailles antiques d’Alexandrie. In :
Empereur (J.-Y.) éd., alexandrina 3. Le Caire, IFAO, 2009 (Études
alexandrines, 18), p. 401-445, notamment p. 404.
8 Rodziewicz (M.) – Un quartier d’habitation gréco-romain
à Kôm el-Dikka (Sondage R. 1970-1973). Études et Travaux, IX,
1976, p. 170-210, notamment p. 170 et 172 ; Id. – Nouvelles données
sur le quartier de Kopron a Alexandrie. Études et Travaux, XI, 1979,
p. 80-89.
9 Similaire à la citerne du Sérapeum, voir Hairy (I.) – Une nouvelle
citerne sur le site du Sarapeion. In : Empereur (J.-Y.) éd., alexandrina
2. Le Caire, IFAO, 2002 (Études alexandrines, 6), p. 29-37.
10 Venit (M.) – The painted tomb from Wardian and the decoration
of Alexandrian tombs. Journal of the american Research Center in
egypt, 25, 1988, p. 71-91 ; ead. – The painted tomb from Wardian
and the antiquity of the saqiya in Egypt. Journal of the american
Research Center in egypt, 26, 1989, p. 219-22.
les fouilles du CEAlex 11 et à Marea 12. Pour l’instant, la
plus ancienne sakiek connue a été mise au jour à Péluse,
dans un contexte de la fin de l’époque ptolémaïque/début
de l’époque impériale 13.
Dans la partie Sud du terrain (fig. 7-8), ont été mises
au jour des fondations en grands blocs de calcaire, montrant l’existence d’un bâtiment de grande taille. Les
documents archéologiques trouvés associés à ces fondations indiquent qu’il s’agit des vestiges d’un sanctuaire
dédié à Boubastis, à date haute, probablement à la fin du
IVe s. ou au début du IIIe s. av. n. è., et encore en activité
à l’époque impériale. Certains de ces objets (figurines,
plaques de fondation, bases de statue inscrites) portent en
effet des dédicaces effectuées à la déesse Boubastis. Qui
est Boubastis ? D’après les auteurs grecs et romains et la
documentation papyrologique, le nom grec de la déesse
« Chatte » Boubastis et en même temps de la ville (Tell
Basta) tire son origine du nom du temple, Pr Bastt, « la
maison de Bastit » (Quaegebeur 1990 et 1991). Selon
Hérodote (II, 137), qui s’inscrit dans une vieille tradition grecque d’assimilation, Boubastis/Bastet 14 est celle
qu’en langue grecque on appelle Artémis. Boubastis
est donc assimilée à Artémis. Les deux divinités possèdent en effet les mêmes caractères et fonctions, liés à
la maternité, à la naissance, à la protection des enfants
(Kahil 1994, p. 286-287). De l’élévation du temple ou
des bâtiments qui lui étaient associés, il ne reste rien,
si ce n’est quelques éléments architecturaux en calcaire,
en marbre et en granit rose, non en place : fragments
d’ordre égyptien et grec (dorique, ionique et corinthien). En revanche, on a découvert une grande quantité
d’objets de genres variés répartis entre quatre dépôts de
nature différente, l’un lié à la construction du sanctuaire,
les autres constitués lors du nettoyage du sanctuaire pour
des raisons inconnues à un moment incertain, qui livrent
des informations essentielles sur le site.
11 Gonon (Th.) – Puisage de l’eau : la Sakieh de Terra Santa. In : Du
Nil à alexandrie, Histoire d’eaux, Catalogue d’exposition Neuchâtel
2009-2010. Alexandrie, Harpocrates Publishing, 2009, p. 404-416 ;
Hairy (I.) – Les machines de l’eau en Égypte et à Alexandrie. Ibid.,
p. 550-567, notamment p. 558-562.
12 Babraj (K.), Szymanska (H.) – Saqiyah. In : Marea vol. 1.
Byzantine Marea excavations in 2000-2003 and 2006. Cracovie,
Musée archéologique de Cracovie, 2008, p. 85-99.
13 Bonnet (Ch.), Abd El Samie (M.) – L’ensemble martyrial de Tell
El-Makhzan en Égypte. Genava, 53, 2005, p. 281-305, notamment
p. 284-288 ; Bonnet (Ch.), Carrez-Maratray (J.-Y.) – Le Temple
des Faubourgs de l’Antique Péluse et l’église tétraconque de Tell
el-Farama (Égypte-Nord Sinaï). Genava, 57, 2009, p. 135-158,
notamment p. 139-140.
14 Kees 1952 ; Otto 1975 ; Leitz 2002.
429
N
430
Fig. 2. Localisation du site du Boubasteion, sur la carte 1/5000e IGN-SFS de 1978 (pl. E6). C. Shaalan (CNRS).
Boubasteion
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100
200 m
MOHAMED ABD EL-MAKSOUD, AHMED ABD EL-FATTAH, MERVAT SEIF EL-DIN
stade
municipal
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université
d'Alexandrie
0
100
Fig. 3. Positionnement du Boubasteion sur le réseau viaire antique proposé par Mahmoud Bey el-Falaki. J.-L. Arnaud, DAO N. Martin-C. Shaalan (CNRS).
200 m
LA FOUILLE DU BOUBASTEION D’ALEXANDRIE
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431
MOHAMED ABD EL-MAKSOUD, AHMED ABD EL-FATTAH, MERVAT SEIF EL-DIN
Fig. 4. Vue générale de la fouille depuis l’Est (cliché M. Abd El Maksoud).
Fig. 5. Vue de la citerne d’époque romaine depuis le Nord
(cliché M. Abd El Maksoud).
432
Fig. 6. Vue du puits de la sakieh depuis l’Ouest
(cliché M. Abd El Maksoud).
LA FOUILLE DU BOUBASTEION D’ALEXANDRIE
Fig. 7. Vue rapprochée du bâtiment depuis l’Ouest (cliché M. Abd El Maksoud).
Les dépôts
Le premier dépôt (fig. 8 n° 1 et fig. 9), au fond d’une
tranchée sableuse, a livré 434 figurines de chats (384 en
terre cuite et 50 en calcaire) ; il comprenait également
des statuettes représentant des enfants : trois têtes en
calcaire (deux filles et un garçon), six statuettes complètes ou fragmentaires en calcaire, une en marbre ;
deux figurines de jeunes garçons en terre cuite. Ces deux
catégories composent le gros du matériel. On ajoutera
trois tanagréennes, une base de statue en calcaire et une
monnaie avec la tête d’Alexandre le Grand au droit,
datée de 300-261 av. J.-C., et le pied d’un perirrhanterion en calcaire. Enfin le dépôt comprenait des plats,
des vases de céramique comme un lécythe aryballisque
(fig. 10), à fond arrondi, décoré d’un treillis de lignes
noires et de points blancs, daté de la première moitié
du IVe s. av. J.-C. 15, ainsi qu’un cratère (fig. 11) et une
amphore proto-rhodienne datée de la fin du IVe s. ou du
début du IIIe s. av. n. è. 16.
Le deuxième dépôt (fig. 8 n° 2) ne comprend, contrairement au premier, que des statuettes en calcaire, sur une
épaisseur importante comme le montrent les étapes de la
fouille (fig. 12-14). On y a mis au jour 109 statues et fragments de statues de chattes ; une tête d’enfant (garçon) ;
25 statues complètes et fragmentaires d’enfants (garçons
et filles) et, au fond du dépôt, des plats en céramique de
fabrication locale (fig. 14).
Le troisième dépôt (fig. 8 n° 3) a livré 13 statuettes
de chattes en calcaire de très grandes dimensions, des
statuettes et torses d’enfants en calcaire.
Le quatrième dépôt est un dépôt de fondation. Il
contenait sept plaques de fondation fragmentaires en
faïence verte / bleu clair, inscrites en langue hiéroglyphique, en grec ou bilingues. Elles mentionnent une
série de monuments (naos, temenos et autel) dédiés par
15 Venit (M. S.) – Greek Painted Pottery from Naukratis in
egyptian Museums. Indiana, Eisenbrauns, 1988, p. 111 n° 393, pl. 82.
16 Empereur (J.-Y.) – Les amphores complètes du musée
d’Alexandrie : importations et productions locales. In : Empereur
(J.-Y.) éd., Commerce et artisanat dans l’alexandrie hellénistique et
romaine. Athènes, EFA, 1998 (BCH Suppl. 33), p. 393-399, fig. 1.
433
MOHAMED ABD EL-MAKSOUD, AHMED ABD EL-FATTAH, MERVAT SEIF EL-DIN
3
2
1
Fig. 8. Plan de la fouille avec l’emplacement des dépôts. A. Nashed (Conseil suprême des Antiquités).
434
LA FOUILLE DU BOUBASTEION D’ALEXANDRIE
Fig. 9. Vue de l’emplacement du premier dépôt
(cliché M. Abd El Maksoud).
la reine Bérénice II, la femme de Ptolémée III Évergète,
à la déesse Boubastis. Avec les plaques de fondation se
trouvait aussi un lot constitué de petits vases à parfum en
céramique, complets ou fragmentaires.
Présentation des figurines et statuettes
Les chattes
Les nombreuses représentations de chattes trouvées
dans le premier dépôt sont en terre cuite et en calcaire.
Les figurines en terre cuite mesurent entre deux et vingt
centimètres. Il s’agit dans tous les cas de chattes couchées sur une base, la tête tournée vers le spectateur, mais
trois types principaux se distinguent. Le premier type est
le plus répandu (fig. 15a-b). La chatte domestique est
représentée allongée sur un socle bas, une simple plaque
rectangulaire, peu épaisse. Sa queue revient devant la
cuisse droite et recouvre la patte arrière. La patte avant
droite est posée sur un petit canard. Le revers est bien
traité. Dans le deuxième type (fig. 16a-b), la chatte baisse
la tête vers un canard qu’elle tient captif de sa patte antérieure droite. Dans le troisième type (fig. 17) la chatte est
seule ; ce type présente une pâte caractéristique beige
chameau et se distingue par la dorure qui couvre toute la
statuette de la chatte et lui confère un aspect divin.
Toutes ces figurines sont fabriquées au moyen de
deux moules, ce qui est très révélateur d’une technique
grecque. Les figurines sont tirées en deux parties, la face
et le revers, avec les bases creuses, qui étaient jointes
avant la cuisson. On voit clairement les empreintes
des artisans qui ont pressé l’argile avec les doigts dans
les moules. Ce procédé facile permet de fabriquer des
quantités de figurines identiques. La découverte dans la
fouille de nombreuses pièces de même type, provenant
des mêmes moules, mais avec parfois des traits moins
nets et des retouches, indique l’emploi prolongé de ces
moules. Le fait qu’on trouve des exemplaires de même
type, mais de dimensions très différentes, révèle que
plusieurs générations ont été tirées des mêmes prototypes et renvoie à des ateliers locaux 17. Il ne s’agit là que
d’observations préliminaires : l’étude précise des séries
n’est pas encore achevée, car il faut d’abord restaurer les
ensembles de matériel fragmentaire. La pâte est locale, en
argile nilotique ; de couleur brun-rouge à brun, elle com17 Voir les contributions dans Muller 1997.
435
MOHAMED ABD EL-MAKSOUD, AHMED ABD EL-FATTAH, MERVAT SEIF EL-DIN
prend du quartz, du mica jaune plus ou moins abondant
avec des inclusions visibles en surface. L’ouverture de la
base était suffisante pour prévenir l’éclatement de l’objet
pendant la cuisson. Une intense polychromie animait les
figurines, dont les couleurs sont posées après la cuisson.
Même si cette polychromie n’est que très partiellement
conservée, on constate que le rouge/rose était fréquent,
de même que le noir, le jaune et le bleu. Comme dans
la grande plastique en calcaire ou en marbre, certaines
des figurines étaient dorées. Les canards présentent des
vestiges de couleur bleue, blanche ou rose. On supposera, selon un schéma bien connu en Égypte ancienne
et analysé en détail par P. Ballet (2002) et C. Boutantin
(2003, p. 83), que les ateliers qui produisaient ces figurines étaient proches du sanctuaire.
Les statuettes en calcaire, de dimensions très variées,
montrent les chattes couchées sur une base mince, la tête
tournée vers le spectateur (fig. 18). La plupart présentent
des traces de peinture, notamment sur les yeux.
Les chattes du deuxième dépôt sont toutes sculptées
en calcaire. Elles suivent globalement les mêmes attitudes que celles du premier dépôt, mais on trouve aussi
quelques exemplaires qui reprennent des images purement pharaoniques de la déesse chatte : l’animal est assis
sur son arrière-train, les pattes antérieures tendues, il est
quelquefois accompagné de trois chatons (fig. 19a-c) :
un chaton debout de profil entre les pattes antérieures et
deux de chaque côté, dont un tète sa mère. Sur cette dernière pièce, il est d’autant plus intéressant de noter que,
sur la partie antérieure du socle, est gravée une inscription grecque, peinte en noir. Une autre statue de chatte
(fig. 20), peut-être enceinte, a l’allure d’un sphinx, mais
le travail très sommaire, sans l’indication des détails
anatomiques, rend cette interprétation incertaine.
Le troisième dépôt comprend treize exemplaires de
chattes soit seules, soit accompagnées de leur petits. Un
exemplaire, lui aussi de tradition égyptienne, montre la
chatte assise sur son arrière-train. La tête de l’animal est
courte et ronde, le museau est allongé, les cuisses stylisées (fig. 21). Sur un autre exemplaire, le félin féminin
est couché, les pattes antérieures complètement allongées vers l’avant, avec le milieu et l’arrière du corps
surélevés pour marquer la dilatation du ventre. La forme
des oreilles est plutôt arrondie (fig. 22). La présentation
naturaliste de cette chatte indique qu’il s’agit d’un animal
domestique 18. Elle porte une inscription grecque gravée sur la base : ΦΙΛΙΞΩ : ΒΟΥΒΑCΤΙ : ΕΥΧΗΝ :
ΕΠΙΤΥΧΟΥCΑ, « Philixô (a dédié cette statuette) à
Boubastis en remerciement pour la réalisation du vœu ».
Fig. 10. Premier dépôt : lécythe aryballisque, inv. 160. H. 4,6 cm ;
diam. de la base 2,2 cm (cliché A. Pelle [CNRS]).
Fig. 11. Premier dépôt : cratère, inv. E 129. H. 21 cm ; diam. de
l’embouchure 25 cm, de la base 10 cm (cliché A. Pelle [CNRS]).
18 Dunand 1986, p. 59-84 ; Dolzani 1989 ; Ginsburg et al. 1991.
436
LA FOUILLE DU BOUBASTEION D’ALEXANDRIE
Fig. 12. La découverte du deuxième dépôt (cliché M. Abd El Maksoud).
Fig. 13. Le deuxième dépôt : deuxième phase de fouille (cliché M. Abd El Maksoud).
437
MOHAMED ABD EL-MAKSOUD, AHMED ABD EL-FATTAH, MERVAT SEIF EL-DIN
Fig. 14. Le deuxième dépôt : troisième phase de fouille, détail des vases en céramique (cliché M. Abd El Maksoud).
L’origine de la représentation d’une chatte, seule ou
avec ses chatons, doit être cherchée dans la tradition pharaonique, illustrée de la manière la plus évidente par le
mobilier en bronze 19. On note aussi quelques exemples
de sculptures de chats, de production égyptienne, mais
sans relations avec les représentations de type pharaonique, comme un chat capturant un oiseau conservé au
musée du Caire (Edgar 1903, p. 32 nos 27519-27520,
pl. XVII ). D’autre part, G. Wagner 20 a publié une pièce
très proche des nôtres, conservée actuellement au Musée
Égyptien du Caire et mentionne, à cette occasion, une
série de neuf dédicaces à Boubastis découvertes dans le
Delta (Tell Basta, Schedia, Kôm Tugala, Alexandrie). Il
faut aussi signaler un groupe de chattes en marbre ou en
calcaire, conservé au British Museum 21, qui reste inédit ;
sa provenance est incertaine : Boubastis ou Naucratis.
On notera qu’aucun parallèle n’existe en terre cuite et
que tous présentent des attitudes différentes dans le
détail de celles que nous rencontrons dans la découverte
alexandrine. Le type de la chatte capturant un oiseau se
19 Roeder 1956, p. 344, § 444, p. 351-352, § 457 (exemple d’une
statuette en faïence offerte à l’occasion du nouvel an), p. 352-353,
§ 458, p. 354-355, § 460, p. 355-356, § 461, p. 356-357, § 463.
20 Wagner 1983, voir aussi Quaegebeur 1990, p. 29.
21 Je voudrais remercier P. Higgs et R. Thomas pour m’avoir
montré ces statues dans les réserves du département gréco-romain.
Les deux responsables croient, selon la notice de W. Fl. Petrie, que ce
groupe de chats vient de Naucratis.
438
rencontre aussi hors d’Égypte. Il est ainsi représenté sur
une mosaïque de la Maison du Faune à Pompéi. Klaus
Parlasca suggérait, il y a plus de quarante ans, qu’il fallait
probablement faire venir le prototype iconographique
d’Alexandrie 22. W. Daszewski, F. Zevi et M. Bergmann
ont soutenu cette hypothèse 23, mais sans ajouter d’autres
exemplaires. Les chattes découvertes lors de la fouille
du Boubasteion confirment l’hypothèse de Parlasca.
Les enfants
La deuxième catégorie d’ex-voto comprend des statuettes d’enfants de type, de facture et de canons grecs.
Elles ont été trouvées avec les statuettes de chatte. Il
s’agit de garçonnets et de fillettes, en calcaire, exceptionnellement en terre cuite (deux pièces) ou en marbre
(deux pièces). Les statuettes ont été sculptées dans un
22 Parlasca (Kl.) – Hellenistische und römische Mosaiken
aus ägypten. In : la mosaïque gréco-romaine II. 2e Colloque
international pour l’étude de la mosaïque antique (Vienne, 1971).
Paris, Picard et CNRS, 1975, p. 363-369, notamment p. 365, pl. 74.
23 Dazsewski (W. A.) – Corpus of Mosaics from egypt. Mayence,
Philipp von Zabern, 1985, p. 99, pl. 46b ; Zevi (F.) – Die Casa Del
Fauno in Pompeji und das Alexandermosaik. RM, 105, 1998, p. 21-65,
pl. 10-17, notamment pl. 16, 1, p. 36 ; Bergmann (M.) – Zu den
Tempelfassaden im Eingang der Casa Del Fauno. In : Pirson (F.), WulfRheidt (U.) éds., austausch als Impuls architektonischer Innovation.
Kolloquium vom 28-30. 4. 2006 in Berlin, als 65. Geburtstag von adolf
Hoffmann. Mayence, Philipp von Zabern, 2008, p. 117 fig. 4-5.
LA FOUILLE DU BOUBASTEION D’ALEXANDRIE
seul bloc, mais quelques têtes isolées devaient être rapportées sur un corps (dans un autre matériau ?). Les
enfants présentent des attitudes variées : ils sont assis ou
debout, nus ou vêtus, les cheveux courts ou mi-courts.
Ils tiennent un animal ou deux, qui se révèlent être des
chattes et des oiseaux. On en présentera ici une sélection.
Une statuette unique combine une figure de petit
garçon en marbre encastrée dans une base en calcaire
(fig. 23). Elle montre l’enfant assis, jambe droite pliée et
posée sur le sol, jambe gauche pliée et relevée. Il prend
appui sur le sol de la main droite, l’autre main est posée
sur le genou gauche. Le garçonnet aux formes dodues,
très adoucies, est nu, à l’exception d’une draperie enroulée autour du bras gauche et de bottines peintes en ocre
rouge. Les cheveux sont courts et bouclés. De multiples
traces de peinture subsistent, rouge/orange clair sur les
cheveux et les bottines, rouge/violet sur le vêtement et
noir sur les yeux et les sourcils. Le socle porte sur sa
face principale une inscription grecque tracée à la peinture noire : ΦΟΡΜΙΩΝ ΕΥΧΗΝ : « Phormion (a dédié
cette statuette à Boubastis) en ex-voto ». On reconnaît
ici l’attitude traditionnelle des temple boys, comme on
en trouve en Cyrénaïque 24, à Chypre 25 et au Levant 26
entre le Ve et le IIIe s. av. n. è.
Une autre statue de très jeune garçon en calcaire
(fig. 24), assis sur une base rectangulaire, a des traits
souriants et une pose naturelle, attestée dès l’époque
classique sur les vases attiques à figures rouges 27. La
jambe gauche est appuyée sur le sol, la jambe droite
relevée, le pied posé à plat. Il tient de la main droite un
oiseau serré contre sa cuisse, un objet indistinct de la
main gauche. Les formes dodues renvoient à la petite
enfance (2-3 ans), la stéphanè à pointe centrale et dorée
24 Information orale de François Queyrel sur le mobilier des
fouilles d’André Laronde.
25 Beer (C.) – Cypriote “temple-boys”: Some Problems. In :
Acts of the 2nd International Congress of Cypriote Studies, Nicosia,
1982. Nicosie, Society of Cypriot Studies, 1985, p. 385-390 ; ead.
– Comparative Votive Religion: The Evidence of Children in Cyprus,
Greece and Etruria. Boreas, 15, 1987, p. 21-29 ; Yon (M.) – Les
enfants de Kition. In : Tranquillitas. Mélanges en l’honneur de Tran
Tam Tinh. Québec, Université Laval, 1994, p. 597-609.
26 Dunand (M.) – Le temple d’Echmoun à Sidon. Bulletin du Musée
de Beyrouth, 26, 1973, p. 7-25 ; Stucky (R.A.) – Die Skulpturen aus
dem eschmun-Heiligtum bei Sidon. Griechische, römische, kyprische
und phönizische Statuen und Reliefs vom 6. Jahrhundert vor Chr.
bis zum 3. Jahrhundert nach Chr. antike Kunst Suppl. 17, 1993,
p. 83-87, p. 89-90 et p. 98 fig. 98-119, fig. 137-147 et fig. 186-187.
27 Allusion aux Anthestéries voir Deubner (L.) – attische Feste.
Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1956, p. 114 ;
Hirsch-Dyczek (O.) – les représentations des enfants sur les stèles
funéraires attiques. Varsovie et Cracovie, Sumptibus universatis
iagellonicae, 1983, notamment fig. 11 et 12 ; Simon (E.) – Festivals
of Attica. Madison, University of Wisconsin Press 1983, p. 94.
et les traces de dorure 28 sur le corps suggèrent que cet
ex-voto renvoie à un évènement exceptionnel, comme
le passage d’une classe d’âge. On note la richesse de la
polychromie : bleu pour l’oiseau, rouge foncé sur les
cheveux et les lèvres, noir sur les pupilles des yeux.
Deux figurines en terre cuite présentent un très jeune
enfant nu, allongé sur son vêtement qui couvre la base
(fig. 25). Il serre contre lui des deux mains un canard
ou une oie. Sur l’un des deux exemplaires, on voit
des traces de peinture rouge/brune sur les cheveux ; le
second exemplaire est acéphale.
Ce type d’enfant assis et accroupi est très commun :
nous pouvons citer de nombreuses représentations sur la
céramique attique à figures rouges 29 qui évoquent la fête
des Anthestéries.
Les fillettes offrent une égale variété de types. Une
statue de fillette (fig. 26) est exceptionnelle par sa polychromie dont on voit l’aspect lors de la découverte. Elle
est assise sur une base, les jambes repliées, tenant un
oiseau dans la main droite et posant sa main gauche sur
un chaton. Elle est vêtue d’un chiton à ceinture haute
et cordelettes qui passent sous les aisselles, manches
courtes et encolure lâche en V. Une large stéphanè à
pointe dorée, signe de fête comme pour le jeune garçon
précédent, couronne la tête. Les cheveux sont courts
et bouclés, séparés au milieu du front. Les pieds sont
chaussés de bottines rouges. La polychromie accentue
et souligne les détails des vêtements et du visage. Les
plis fins du chiton sont peints en rouge foncé, rendus en
zigzag, tandis que le large pli central qui descend du haut
jusqu’au bas, est violet foncé avec, au milieu, un zigzag
noir. Une inscription grecque est peinte sur la base à la
peinture noire,
: « Aristoboulé à Boubastis en ex-voto »
(répétition fautive de la deuxième partie du nom).
28 Sur la dorure, voir en général Bourgeois (B.), Jockey (Ph.),
Karydas (A.) – New Researches on Polychrome Hellenistic
Sculptures in Delos, III : The Gilding Processes. Observations and
Meanings. In : Jockey (Ph.) dir., leukos lithos. Marbres et autres
roches de la Méditerranée antique, études interdisciplinaires. Paris,
Maisonneuve & Larose, 2009, p. 645-661.
29 Van Hoorn (G.) – Choes and Anthesteria, Leiden, Brill, 1951 ;
Parke (H. W.) – Festivals of the athenians, Londres, Thames and
Hudson, 1977, p. 107-124 ; Hamilton (R.) – Choes and anthesteria:
athenian Iconography and Ritual. Ann Arbor, University of
Michigan Press, 1992, p. 205 n° 884 ; Ham (G.) – The Choes and
Male Maturation Ritual in attic Dionysiac cult. Diss. Austin, 1997 ;
Id. –The Choes and Anthesteria Reconsidered: Male Maturation
Rites and the Peloponesian Wars. In : Padwilla (M.W.) éd., Rites of
Passage in ancient Greece: literature, Religion, Society. Londres et
Toronto, Associated University Presses, 1999, p. 201-218.
439
MOHAMED ABD EL-MAKSOUD, AHMED ABD EL-FATTAH, MERVAT SEIF EL-DIN
Fig. 15a-b. Premier dépôt. Chatte en terre
cuite : type 1, face et revers, inv. 11. H. 4,6 cm ;
larg. de la base 9 cm (cliché : A. Pelle [CNRS]).
Fig. 16a-b. Premier dépôt. Chatte en terre
cuite : type 2, face et revers, inv. 34. H. 9,3 cm ;
larg. de la base 3,7 cm (cliché A. Pelle [CNRS]).
Une tête séparée de fillette (fig. 27) devait s’insérer
dans un buste non conservé. Les traits du visage, ainsi
que la coiffure, sont caractéristiques des têtes enfantines
du IVe s. av. n. è. Le traitement est soigné dans les détails,
comme par exemple la fossette qui creuse le menton.
Les yeux sont en forme d’amande, la bouche montre un
léger sourire 30.
Un autre exemplaire montre une fillette debout de
face, appuyée sur un pilier, vêtue d’un long chiton à
manches courtes, ceint à la taille, et d’un manteau long,
tombant des épaules, enroulé autour des hanches et rejeté
par dessus l’avant-bras gauche. Dans le creux du vêtement se tient une chatte avec les mamelles bien rendues
(fig. 28a-b). Dans d’autres exemples, l’animal ainsi dorloté est un oiseau (pigeon) ou bien un petit canard. Ces
types sont mainte fois représentés dans l’iconographie
grecque, comme par exemple sur une figurine en terre
cuite où une fillette tient un lapin 31, ou sur les figurines
du sanctuaire d’Artémis à Brauron 32. La texture gaufrée
du tissu, que l’on trouve notamment à Brauron (Rühfel
1984, p. 185-243, fig. 92a-b), à Agrai (ibid., p. 224 fig.
93 et 226 fig. 94), et à Telmessos en Asie Mineure (ibid.,
p. 235-237 fig. 100a-b), apparaît aussi sur d’autres statues de fillettes alexandrines.
30 Beckel (G.), Froning (H.), Simon (E.) – Werke der Antike im
Martin-von-Wagner-Museum der Universität Würzburg. Mayence,
Philipp von Zabern, 1983, p. 146 n° 66.
31 Tanagra. Mythe et archéologie. Catalogue d’exposition Musée
du Louvre 15 septembre 2003-5 janvier 2004. Paris, RMN, 2003,
p. 225 n° 165.
32 Vorster 1983 ; Rühfel 1984 ; Raftopolou 2000 ; Schlegelmilch
2009 ; Lundgreen 2009.
440
Fig. 17. Premier dépôt. Chatte en terre
cuite : type 3, inv. E 28. H. 8,8 cm ; larg. de
la base 4,3 cm (cliché A. Pelle [CNRS]).
Interprétation
Le fait que les statuettes des chattes aient été trouvées
avec les statuettes d’enfants éclairent l’interprétation à
donner à ces découvertes. Bastet/Boubastis est une divinité de la maternité et des enfants 33. Comme Artémis 34
et Isis 35, elle a un rôle essentiel dans la protection des
petits enfants, des fillettes futures mères et des mères,
par sa puissance magique 36. Le fait que les figurines
présentent des chattes mères et des enfants (filles et garçons) soulignent que Boubastis protège (chatte-mère)
le nouveau-né, les femmes et les enfants. Elle a notamment la puissance de détruire les animaux dangereux
33 Perdrizet (P.) – les terres cuites grecques d’Égypte de la
collection Fouquet. Nancy, Paris et Strasbourg, Berger-Levrault,
1921, p. 13-15.
34 LIMC II, p. 618-753 (L. Kahil) ; ead. – L’Artémis de Brauron.
Rites et mystère. AntK, 20, 1977, p. 86-98; Pingiatoglou (S.)
– Eileithyia. Würzburg, Königshausen und Neumann, 1981 ; Foley
(H.) – Mothers and Daughters. In : Neils (J.), Oakely (J.) éds., Coming
of age in ancient Greece. Images of Childhood from the Classical art.
New Haven et Londres, Yale University Press, 2003, p. 152 et 200.
35 Dunand (F.) – le Culte d’Isis dans le Bassin Oriental de la
Méditerranée I., Leiden, Brill, 1973 ; Malaise (M.) – Le Culte
d’Isis à Canope au IIIe avant notre ère. In : Tranquillitas. Mélanges
en l’honneur de Tran Tam Tinh. Québec, Université Laval, 1994,
p. 353-370 ; Bricault (L.) – Les cultes isiaques en Grèce centrale et
occidentale. ZPE, 119, 1997, p. 117-122 ; Id. – Bilan et perspectives
dans les études isiaques. In : Leospo (E.), Taverna (D.) dir., La Grande
Dea tra passato e presente. Forme di cultura e di sincretismo relative
alla Dea Madre dall antichità a oggi. Turin, La Rosa, 2000, p. 91-96 ;
voir aussi plusieurs articles sur le culte d’Isis dans Bricault (L.),
Versluys (M.J.) éds. – Isis on the Nile egyptian Gods in Hellenistic
and Roman egypt Proceedings of the IVth International Conference
of Isis Studies, liège, November 27-29 2008. Leyde, Brill, 2010.
36 Dunand 1986 ; Quaegebeur 1991 ; Malek 1993.
LA FOUILLE DU BOUBASTEION D’ALEXANDRIE
Fig. 18. Premier dépôt. Chatte en calcaire, inv. 97. H. 19, 5 cm ;
larg. de la base 6 cm. (cliché A. Pelle [CNRS]).
Fig. 19a-b-c : Deuxième dépôt. Chatte de type égyptien en calcaire,
vue de face et de côté. Inv. 121. H. 36 cm ; larg. de la base 25 cm
(cliché A. Pelle [CNRS]).
Fig. 20. Deuxième dépôt. Chatte de type égyptien, vue de profil.
Inv. 190. H. 16,8 cm ; larg. de la base 48,5 cm (cliché A. Pelle [CNRS]).
Fig. 21: Troisième dépôt. Chatte de type égyptien, vue de face. Inv. 224.
H. 35 cm ; larg. de la base 21,5 cm. (cliché A. Pelle [CNRS]).
Fig. 22. Troisième dépôt. Chatte au postérieur relevé, vue de profil. Inv.
219. H. 16,4 cm ; larg. de la base 18 cm (cliché A. Pelle [CNRS]).
441
MOHAMED ABD EL-MAKSOUD, AHMED ABD EL-FATTAH, MERVAT SEIF EL-DIN
Fig. 23. Premier dépôt. Garçonnet assis, statue en marbre, base en
calcaire. Inv. 151. H. 16 cm ; larg. de la base 16 cm
(cliché A. Pelle [CNRS]).
Fig. 25. Premier dépôt. Garçonnet assis tenant une oie,
terre cuite. Inv. 144. H. 5,7 cm ; larg. de la base 6,5 cm
(cliché A. Pelle [CNRS]).
Fig. 26. Premier dépôt. Fillette assise, calcaire, inv. 147. H. 20 cm ;
larg. de la base 11,6 cm (cliché M. Abd El Maksoud).
Fig. 24. Premier dépôt. Garçonnet assis, calcaire,
inv. 154. H. 35 cm (cliché A. Pelle [CNRS]).
442
LA FOUILLE DU BOUBASTEION D’ALEXANDRIE
(ainsi les serpents). Elle facilite les accouchements (une
épigramme de Nicarque fait mention de Boubastion
comme déesse de l’accouchement). La chatte est aussi
connue comme un symbole de fécondité, comme le rapporte Hérodote (II, 60 et 156). Les figurations de sexes
(féminin et masculin) trouvées dans les fouilles renvoient clairement à cet aspect. De façon significative, les
déesses qui symbolisent la maternité et la protection de
la famille sont aussi présentes sous forme d’amulettes
en faïence, trouvés sur le site. Les chattes représentées
ne sont pas des images divines, mais sont associées à la
déesse Boubastis. Au total, on est frappé de l’importance
revêtue par Boubastis, en tant que chatte/mère, dans les
offrandes de ces familles de la première génération de
Grecs installés à Alexandrie 37.
L’archétype des figurines d’enfants est à chercher du
côté des nombreuses statues d’enfants dédiées à Artémis,
dans son sanctuaire de Brauron en Attique, datées autour
de la fin du IVe et du début du IIIe s. av. J.-C. 38, mais
aussi à Agrai, Lilaia et en Asie Mineure. Les différences
résident dans les animaux que les enfants tiennent : on
trouve à Brauron essentiellement des lapins, des oiseaux
(pigeons), des canards, des porcelets ; à Alexandrie, les
chattes et les oiseaux dominent. De manière générale,
les chats sont peu nombreux dans l’iconographie classique grecque. On les trouve certes attestés dès la fin du
VIe s., par exemple sur une base de statue où un groupe
de jeunes aristocrates excite un chat contre un chien 39, et
sur une unique stèle funéraire d’époque classique 40. Ils
sont relativement peu nombreux sur les vases 41 et rares
dans les sculptures en ronde bosse 42. Leur présence en
37 Thompson (D.J.) – Families in Early Ptolemaic Egypt. In :
Ogden (D.) éd., Hellenistic History: New Perspectives. Londres,
Duckworth, 2002, p. 137-156.
38 Themelis (P.G.) – Brauron : Guide to the Site and Museum.
Athènes, Éd. Apollon, 1971 ; Nielsen (I.) – The sanctuary of Artemis
Brauronia. Can Architecture and Iconography help to locate the
settings of Rituals? In : From artemis to Diana. The Goddess of Man
and Beast. acta Hyperborea, 12, 2009, p. 83-116.
39 Boardman (J.) – Greek Sculpture. The archaic Period. Londres,
Thames and Hudson, 1978, fig. 242. Kaltsas 2002, p. 66-68, n° 95c.
40 Woysch-Méautis (D.) – la représentation des animaux et des êtres
fabuleux sur les monuments funéraires grecs de l’époque archaïque
à la fin du IVe siècle av. J.-C. Lausanne, Bibliothèque historique
vaudoise, 1982, n° 70, pl. 56 ; Kaltsas 2002, p. 148-149 n° 287.
41 Par exemple von Bothmer (B.) – antiquities from the Collection
of Christos G. Bastis. Mayence, Philipp von Zabern, 1987, p. 283
n°165 ; Heilmeyer (W.D.) – antikenmuseum Berlin. Die ausgestellten
Werke. Berlin, Staatliche Museen Preussischer Kulturbesitz, 1988,
p. 118 n° 3; Buitron-Oliver (D.) – Douris. a Master Painter of
athenian Red-Figure Vases. Mayence, Philipp von Zabern, 1995,
pl. 59, n° 89.
42 Vermeule (C.) – Greek Funerary Animals. aJa, 76, 1972,
p. 49-59, notamment p. 58 (datée de 450-300 av. J.-C.) ; Todisco
(L.) – Scultura Greca del IV Secolo. Maestri e scuole di statuaria tra
classicità e Ellenismo. Milan, Longanesi, 1993, p. 90 fig. 180 (datée
de 330-320 av. J.-C.).
nombre dans les figurines alexandrines est tout à fait
exceptionnelle. Si les Alexandrins des premières générations ont choisi de célébrer la mémoire de leurs enfants
grâce à des stèles funéraires où ces derniers tiennent un
oiseau ou jouent avec un chien, se plaçant dans la tradition grecque 43, en revanche, lorsqu’ils ont souhaité
protéger leur enfant à naître ou né, ils ont dédié un exvoto à la déesse Boubastis, en choisissant de représenter
leur enfant avec une chatte ou bien de dédier une chatte
elle-même.
Nous avons mentionné dans le cours du texte la
présence d’inscriptions sur les bases des figurines et
des statuettes, mais, dans la mesure où ces inscriptions
sont le plus souvent peintes et ont pu disparaître, nous
en réservons la publication après un examen photographique approfondi. Nous avons déjà recensé neuf
inscriptions grecques, six sur les statuettes de chattes et
trois sur celles des enfants (une fille et deux garçons).
Elles montrent que les statues étaient offertes comme exvoto (ΕΥΧΗΝ) à la déesse Boubastis. Des dédicace à
Boubastis sont connues en différentes régions du Delta :
Alexandrie 44, Schedia (Kôm el-Giza) et Kom Tugala
près de Damanhour (Behera), Tell Basta ; on en connaît
aussi à Oxyrhynchos et dans le Fayoum (Wagner 1983,
Quaegebeur 1990). Le formulaire est le même : nom du
dédicant, divinité honorée – Boubastis – et ex-voto. Les
dédicants sont soit des enfants, soit un de leurs parents,
pour remercier la déesse et implorer ses bienfaits. Leurs
noms sont purement grecs. Par contraste, dans l’Égypte
pharaonique, les offrandes à Bastet étaient offertes à
l’occasion du Nouvel An pour demander une belle vie,
par l’ensemble de la communauté 45.
En conclusion, on peut affirmer que ces offrandes ont
été effectuées par la population grecque résidant dans
la ville d’Alexandrie, venue de toutes les régions du
monde grec, ou déjà installée en Égypte. On a tendance
actuellement à insister sur le rôle joué par Cléomène de
Naucratis 46 qui, selon Aristote, avait obligé les habitants
de Canope à s’installer à Alexandrie. Les immigrants
étaient parfois des artisans : les plus anciennes statuettes d’enfants ont leurs parallèles les plus proches
43 Schmidt (S.) – Grabreliefs im Griechisch-Römischen Museum
von alexandria. Berlin, Achet Verlag, 2002, p. 14-17, pl. 2-4, et
cat. 28, 37, 43, 47.
44 Fraser 1972, I, p. 190-191 et 323-324.
45 Langton (N.) – Notes on some small Egyptian figures of cats.
Jea, 22, 1936, p. 115- 121, pl. V-VII ; Id. – Further Notes on some
Egyptian figures of cats. Jea, 24, 1938, p. 54-58, pl. III-IV ; Roeder
1956, p. 352-353, § 458.
46 Le Rider (G.), Legras (B.) – Kathaper ek palaiou. Le statut
de l’Égypte sous Cléomène de Naucratis. In : Couvenhes (J.-C.),
Legras (B.) éds., Transferts culturels et politique dans le monde
hellénistique. Paris, Publications de la Sorbonne, 2006, p. 83-101.
443
MOHAMED ABD EL-MAKSOUD, AHMED ABD EL-FATTAH, MERVAT SEIF EL-DIN
Fig. 27. Premier dépôt. Tête rapportée de fillette,
inv. 157. H. 11,8 cm (cliché A. Pelle [CNRS]).
a
b
Fig. 28a-b. Second dépôt. Fille debout portant une chatte, inv. 207. H. 43 cm (cliché A. Pelle [CNRS]).
444
LA FOUILLE DU BOUBASTEION D’ALEXANDRIE
à Brauron ; elles suggèrent l’immigration à date très
haute d’artisans (la pierre est locale) qui ont poursuivi
leurs activités sans modification de l’iconographie des
enfants, mais avec l’ajout d’un nouvel animal. Les statuettes d’enfant portent déjà la dédicace à Boubastis.
Peut-on assigner la même date haute aux plus anciennes
figurines de chattes ? Il est difficile de répondre pour
l’instant, mais il est certain que cette adoption de traditions égyptiennes a dû être facilitée par la présence de
Grecs en Égypte avant l’arrivée d’Alexandre.
Les fouilles ont donc mis au jour un sanctuaire
consacré au culte de la divinité Boubastis, l’équivalent
égyptien d’Artémis, et mis en valeur son importance à
Alexandrie. Le Boubasteion d’Alexandrie prend désormais place à côté de ceux de Tell Basta, Memphis,
Héliopolis et du Fayoum. Les fouilles ont également révélé
qu’Alexandrie a été très tôt impliquée dans le domaine
religieux égyptien. Dès les premières générations (sous
l’influence des Grecs d’Égypte ?), les offrandes pour les
enfants, notamment lors du passage à une autre classe
d’âge, ont été mises sous le signe des chats. Au moment
où se multiplient les recherches sur les enfants dans le
monde gréco-romain, sous la conduite notamment de
V. Dasen 47, ce nouvel éclairage jeté sur le traitement des
enfants, les cultes et rituels liés à l’enfance à Alexandrie
enrichit prodigieusement le dossier.
47 Dasen (V.), Lett (D.), Morel (M.-F.), Rollet (C.) – Dix ans
de travaux sur l’enfance. In : Enfances. Bilan d’une décennie de
recherches, annales de la Démographie Historique, 2001, p. 6-17 ;
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Wagner 1983 : WAGNER (G.) – Une nouvelle dédicace à Boubastis. Annales
du Service des antiquités de l’Égypte, 69, 1983, p. 247-252.
Remerciements.
Tous nos remerciements à l’équipe de fouille : Mohamed Ali Ebtehal Abd El-Samad ; Ahmed Said ; Mohamed
Ragab ; Mohamed Galall ; Amir Fahmey ; Anwar Abd El-Samad ; Fayez Anwar ; Adel Nashed ; Latif Wahba et
Khaled Abu El-Hamed.
446
Marqueurs de tombes d’enfants à Alexandrie :
de nouveaux documents peints
Anne-Marie Guimier-Sorbets
Abstract. This paper studies two unedited painted plaques from the collection of the museum of the
University of alexandria. One shows a young child
playing with domestic animals (a dog, a bird), the other
a seated woman with a baby and a little girl. The exact
provenance of these alexandrine objects is unknown, but
they can be set in the context of a series of markers of
child-graves dating from the late third or early second
century BC. They depict an architectural setting in ‘illusionnist’ form; one can identify a covered area, and then
another open-air space, enlivened by vegetation, where
the dead person is to be found.
P
artie du programme EMA, cette communication se situe dans la continuité de celles
que Myrina Kalaitzi et Marie-Dominique
Nenna ont faites durant le premier colloque, à Athènes,
en 2008 1 : l’une portait en effet sur les marqueurs de
tombes d’enfants en Macédoine, l’autre sur les monuments de même type en Égypte.
Nous étudierons donc deux plaques peintes qui
appartiennent à une série de trois, conservées dans
le Musée de l’Université d’Alexandrie, sous la responsabilité du professeur Mona Haggag. Cette étude
est menée à la demande conjointe de ce professeur et
de Jean-Yves Empereur, directeur du Centre d’Etudes
Alexandrines (CEAlex, CNRS), en collaboration avec
l’équipe de recherche à laquelle j’appartiens. On ignore
la provenance exacte de ces documents, entrés dans
les collections du Musée de l’Université vers 19431944. Ces plaques sont fragmentaires et ont été utilisées
comme marqueur et/ou comme fermeture de tombes en
loculi. La première plaque représente un enfant et son
chien ; sur la deuxième, plus fragmentaire, on voit une
femme assise qui était accompagnée, comme nous le
montrerons, de deux enfants.
Si ces plaques sont fragmentaires, les couleurs
peintes sont relativement bien conservées car ces deux
documents inédits n’ont que très peu vu la lumière du
jour. Toutefois, pour les étudier, nous avons bénéficié
1
EMA I ; Kalaitzi 2010 ; Nenna 2010.
d’une prise de vue haute définition en lumière naturelle
par André Pelle, photographe du CEAlex, de prises de
vue en lumière infra-rouge et ultra-violet, techniques qui
n’ont pas donné de résultats importants pour la lisibilité
des zones altérées. Nous avons aussi bénéficié de traitements numériques pour rendre plus visibles certains
éléments des images, puis pour présenter ces résultats en
effaçant les éléments parasites du fond des scènes figurées. Ces traitements ont été effectués par Alain Guimier,
sur le matériel informatique du CEAlex, puis de l’Unité
de recherche ArScAn.
Plaque à l’enfant et au chien
La plaque de calcaire n° 1345 (fig. 1) est haute de
26 cm, large de 63 cm et son épaisseur varie de 7,5 à
10 cm. Sur la surface, la peinture est conservée sur une
hauteur de 20 cm et une largeur de 50 cm. Elle présente
une composition en plusieurs plans : au premier plan, on
voit un mur écran, de part et d’autre d’une baie encadrée
de deux pilastres. La baie s’ouvre sur un espace dont on
reconnaît les murs latéraux et le plafond, figurés en perspective. À l’arrière, cet espace couvert s’ouvre à son tour
sur un espace à l’air libre comme le montre le fond bleu
ciel. Entre les portes entrouvertes, qui délimitent le fond
de la pièce, on voit un enfant de profil, le bras droit tendu
vers l’avant ; dans sa main, on distingue une forme gris
sombre. Un examen soigneux permet d’apercevoir, sous
le bras de l’enfant, une zone blanche marquée de rouge.
De part et d’autre de la cette zone centrale et au second
plan, on aperçoit des arbres, dont le sommet dépasse audessus de la paroi figurée au premier plan. Sur le côté
droit, deux arbres sont encore visibles, tandis qu’il n’en
reste qu’un seul du côté gauche, dans la partie conservée de la plaque. Sur le côté droit, on distingue en rouge
l’inscription XAIP[E] ; le nom de l’enfant devait être
indiqué de façon symétrique sur le côté gauche, mais la
zone peinte n’est pas conservée (fig. 2).
L’image centrale de l’enfant (fig. 3) avait été altérée
par l’application d’un produit destiné à la conservation
de la peinture, mais qui avait eu pour effet de la dissoudre
et de l’étaler par endroit, brouillant ainsi les contours et
447
ANNE-MARIE GUIMIER-SORBETS
Fig. 1. Alexandrie, Musée de l’Université, plaque 1345, ensemble (cliché A. Pelle, CEAlex).
Fig. 2. Alexandrie, Musée de l’Université, plaque 1345, détail de l’inscription (cliché A. Pelle, CEAlex).
448
MARQUEURS DE TOMBES D’ENFANTS À ALEXANDRIE : DE NOUVEAUX DOCUMENTS PEINTS
Fig. 3. Alexandrie, Musée de l’Université, plaque 1345, détail de l’enfant
(cliché A. Pelle, CEAlex).
Fig. 4. Alexandrie, Musée de l’Université, plaque 1345, détail de l’enfant,
après cache sur le fond (cliché A. Pelle, CEAlex et A. Guimier, ArScAn).
Fig. 5. Londres, British Museum, GR 1922.1-17.1
(d’après Higgs 2001, fig. 152).
Fig. 6. Paris, Musée du Louvre Ma 4203
(d’après Rouveret 2004, p. 87).
449
ANNE-MARIE GUIMIER-SORBETS
Fig. 7. Alexandrie, Musée de l’Université, plaque 1345, ensemble avec traitement LAB (cliché A. Pelle, CEAlex et A. Guimier, ArScAn).
les détails de la figure. De plus, des poils du pinceau sont
restés collés. Des traitements des images numériques
ont permis de voir plus distinctement les restes de cette
figure. Afin de la rendre plus lisible pour la publication,
nous la publions avec un cache semi-transparent qui
occulte partiellement le fond et ses éléments parasites,
sans modifier la figure elle-même (fig. 4).
L’enfant est figuré debout, de profil vers la droite. Les
contours et détails de la tête sont partiellement effacés,
mais on distingue des cheveux mi-longs dans le cou.
Il porte une tunique brun rouge, à manches courtes et
encolure arrondie, qui descend jusqu’à mi-mollet. Sous
la taille, qui ne semble pas ceinturée, on voit une bande
verticale, en dégradé du rouge au blanc. S’agit-il d’une
bande du vêtement, ou du rendu du volume du corps ?
Il est difficile de se prononcer 2. On ne distingue pas
2 La présence d’un dégradé, qui ne semble pas dû aux altérations
de la couleur mais bien à la superposition originelle de couches, nous
fait plutôt penser qu’il s’agit effectivement du rendu du volume du
corps et non de bandes colorées sur le vêtement. Sur la plaque du
British Museum, dont il va être question ci-après, sculptée et peinte,
on a constaté des différences de couleur sur le vêtement (problèmes de
450
les limites d’un manteau, même si le bas du vêtement
« plonge » légèrement vers l’arrière en découvrant la
partie inférieure des mollets de l’enfant sur lesquels sont
entrecroisées les lanières rouges des sandales aujourd’hui
disparues. Les proportions de la tête et du corps, dont
on a représenté les rondeurs, montrent qu’il s’agit d’un
enfant, ce que confirme le type de scène comme nous le
verrons ci-après. En l’absence de nom, il est difficile de
se prononcer sur le sexe de l’enfant, qui semble en bas
âge. La tunique, qui ne va pas jusqu’aux pieds, permet
de penser qu’il s’agit d’un garçonnet, comme les lanières
des chaussures qui font penser à celles des krepides des
jeunes Macédoniens ; au contraire, les boucles de cheveux discernables dans le cou peuvent faire penser à une
petite fille, mais, pour un enfant très jeune, ces éléments
iconographiques ne sont pas très discriminants.
L’enfant tend la main droite en tenant un oiseau gris
par l’aile, au-dessus d’un petit chien blanc, qui saute
pour tenter de l’attraper. L’avant bras gauche semble plié
vers l’avant, mais, dans l’état actuel de conservation,
conservation ?) qui ont été interprétées comme des bandes colorées,
mais il est vrai que le volume du corps y est rendu par la sculpture.
MARQUEURS DE TOMBES D’ENFANTS À ALEXANDRIE : DE NOUVEAUX DOCUMENTS PEINTS
il est difficile de voir ce qu’il tenait de cette main (un
second oiseau ?). Le chien est de profil vers la gauche,
de son corps, dressé à la verticale, on ne voit plus que la
partie antérieure avec les deux pattes fléchies ; il porte
un collier rouge.
Ce type de scène – un enfant jouant avec ses animaux familiers – est bien connu : elle est figurée sur les
stèles grecques depuis l’époque classique, tout particulièrement sur les stèles attiques, et toujours en liaison
avec la tombe d’un enfant, qu’il s’agisse d’un garçon ou
d’une fille. Les animaux familiers tels que les oiseaux et
les petits chiens sont des compagnons traditionnels des
enfants et on les montre volontiers ensemble, l’oiseau
tenu par l’enfant dans une pose statique, ou dans une
scène de jeu telle que celle-ci 3.
Des scènes de ce type ont été figurées sur des marqueurs de tombes en Macédoine, s’inscrivant dans la
tradition attique. Nous n’en mentionnerons que deux
exemples : sur une stèle découverte à Pella et datée du
Ve s. av. J.-C., un garçonnet (Xanthos), de profil vers la
gauche, tient un oiseau au-dessus d’un petit chien ; l’enfant, qui garde les rondeurs de son âge, est nu avec une
chlamyde sur l’épaule, et accompagné d’un jouet à roulettes ; la stèle, de belle facture, est sculptée et peinte 4.
Une stèle peinte provenant de Vergina, très fragmentaire,
montre la partie inférieure de la scène, avec un enfant
(Hérakleidès) de face, au vêtement s’arrêtant au-dessus
des chevilles, tenant vraisemblablement un oiseau dans
la main droite, accompagné de son petit chien 5.
Après Stefan Schmidt, Marie-Dominique Nenna
a repris la série de plaques provenant d’Alexandrie, et
nous renvoyons donc à son étude 6. Nous ne citerons que
deux exemples, sculptés et peints, dont l’iconographie
est proche de celle du Musée de l’Université. Une plaque
surmontée d’un petit fronton, provenant de la nécropole
de Hadra et conservée au British Museum, présente un
3 Parmi d’autres spécialistes, D. Woysch-Méautis a constaté, dans
le domaine funéraire, la fréquence des représentations d’enfants
jouant avec des oiseaux au-dessus d’un chien. Elle s’est interrogée
sur la signification de scènes dont elle souligne le caractère cruel
et qu’elle explique par l’expression du sentiment de la brièveté de
la vie. Cf. Woysch-Méautis 1982, p. 45-46. À propos d’un relief
funéraire conservé à l’École française d’Athènes, B. Holtzmann
avait, préalablement, affirmé : « … le thème des jeunes gens tenant un
oiseau est en effet très courant dans l’iconographie funéraire attique.
Plutôt qu’un symbole de l’immortalité de l’âme, c’est l’évocation
d’un animal familier aux enfants et aux adolescents, à tel point que
si leur présence signifie quelque chose sur une stèle, c’est d’abord
la jeunesse du défunt : il est frappant de constater qu’aucun relief ne
montre un adulte avec des oiseaux » (BCH, 96, 1972, p. 79-81). Cette
opinion nous paraît plus assurée que la précédente.
4 Kalaitzi 2010, p. 330, fig. 2, avec la bibliographie antérieure.
5 Kalaitzi 2010, p. 330, avec la bibliographie antérieure.
6 Schmidt 2003 ; Nenna 2010.
jeune enfant, dans une scène très voisine (fig. 5) : l’enfant, de trois quarts vers la gauche, tient un oiseau de
la main gauche et tend, de la droite, vraisemblablement
un autre oiseau au-dessus d’un petit chien qui tente de
l’attraper. La tunique de l’enfant s’arrête au-dessus des
chevilles. Son sexe a suscité des controverses 7. Sur une
plaque trouvée à Hadra et conservée au Louvre, la fillette, habillée d’un long chitôn à rabat ceinturé, est de
trois quarts vers la gauche et fait le même geste de la
main droite, qui tenait sans doute un oiseau (ou une
grappe de raisin ?), au-dessus de son petit chien, la patte
antérieure gauche levée 8 (fig. 6). La plaque, datée du
début du IIIe s. av. J.-C., est surmontée d’un fronton à
acrotères et porte le nom de la fillette, Antigona, ainsi
qu’un nom masculin, Aristopolis, au nominatif.
Sur la plaque 1345 du Musée de l’Université, le cadre
architectural est rendu avec une économie de moyens
et un savoir faire remarquables (fig. 1). Pour produire
l’effet de l’avancée des pilastres adossés à la paroi, ceuxci sont blancs et encadrés de bandes rouges qui marquent
l’ombre portée sur une faible profondeur ; le rouge est
également utilisé pour suggérer le retrait des panneaux
quadrangulaires des chapiteaux. De même, le volume
du couronnement des parois latérales est rendu par des
bandes colorées : les bandes rouge, bleu clair, blanche
suggèrent les ombres de la mouluration elle-même, tandis
que la bande ocre foncé rend l’ombre de cette saillie
projetée sur la paroi. De tels emplois de la couleur pour
un rendu illusionniste de l’architecture ont déjà été mis
en évidence dans les tombes de Macédoine et d’Alexandrie à partir de la fin du IVe s. av. J.-C. 9 et il n’est pas
sans intérêt de la retrouver, parfaitement maîtrisée, sur
une peinture de petites dimensions et de qualité moyenne.
Le traitement LAB de la photographie 10 permet de
mieux distinguer les lignes ocre foncé qui dessinent, à
l’arrière de l’encadrement de la baie, les parois latérales
de l’espace couvert, ainsi que les caissons du plafond
(fig. 7). Les parois portent les divisions traditionnelles
des murs, comme on les voit dans le style structural en
7 British Museum GR 1922.1-17.1. Pour une description récente,
reprenant la bibliographie antérieure depuis la publication de Breccia,
cf. Higgs 2001 qui donne une provenance erronée pour le document
(Chatby). Voir aussi la mention de la plaque dans Schmidt 2003,
p. 15, fig. 17, et dans Nenna 2010, p. 348-349 ; ces deux auteurs
indiquent à juste titre que la plaque vient de la nécropole de Hadra.
La stèle est datée du IIIe s. par M.-D. Nenna et du IIe s. par P. Higgs.
8 Louvre Ma 4203, Rouveret 2004, n° 24, p. 40-41, 87-88, avec
la bibliographie antérieure. Voir aussi la mention du document dans
Schmidt 2003, p. 14-15, fig. 16, et Nenna 2010, p. 348-349.
9 Guimier-Sorbets 2009, sous presse.
10 La méthode LAB consiste, en utilisant des outils du logiciel
Adobe Photoshop, à décomposer l’image en plusieurs couches, que
des traitements numériques successifs permettent ensuite de modifier
pour en faire ressortir certains éléments.
451
ANNE-MARIE GUIMIER-SORBETS
Fig. 8. Alexandrie, Musée de l’Université, plaque 1346, ensemble (cliché A. Pelle, CEAlex).
452
MARQUEURS DE TOMBES D’ENFANTS À ALEXANDRIE : DE NOUVEAUX DOCUMENTS PEINTS
Fig. 9 (cf. Fig. 8). Alexandrie, Musée de l’Université, plaque 1346, ensemble avec traitement LAB (cliché A. Pelle, CEAlex et A. Guimier, ArScAn).
453
ANNE-MARIE GUIMIER-SORBETS
Grèce, dès la fin du IVe s. av. J.-C. Le plafond est formé
de caissons. De part et d’autre du mort, sont figurées des
portes entrouvertes, comme le montrent les battants qui
ne sont pas disposés symétriquement. Entre des montants
verticaux gris, chaque battant est formé d’un panneau
inférieur gris, d’un panneau médian rouge, bordé de
deux filets blancs, et d’un panneau supérieur à clairevoie, comme on le constate souvent dans les bâtiments
du bassin méditerranéen où les conditions climatiques
font apprécier l’aération (sans parler de l’éclairage).
Si, comme nous le verrons par la suite, ce cadre architectural est empreint d’une valeur symbolique, il n’en
présente pas moins le caractère réaliste des constructions
de la vie quotidienne.
Plaque à la femme
La plaque de calcaire n° 1346 (fig. 8) mesure 51 cm
de haut et 53 cm de large, son épaisseur varie de 8,5 à
9 cm. Elle est très fragmentaire : l’angle supérieur gauche
manque ainsi que toute la partie inférieure, surtout du
côté droit. La peinture est conservée sur une hauteur de
20 cm et une largeur de 50 cm.
Dans un cadre architectural, on voit le buste d’une
femme, de profil vers la droite, le long du montant
gauche. Au-dessus d’elle, on peut lire les trois lignes
d’une inscription peinte en rouge. Au-dessus, une ligne
horizontale grise marque la limite supérieure de la paroi.
À l’arrière plan, le peintre a figuré un espace ouvert où
poussent deux arbres, dont les branches et les feuilles
sont peintes en bleu, comme sur la plaque 1345.
Le cadre architectural est semblable à celui de la
plaque 1345 : on retrouve l’encadrement ocre, souligné
d’un filet rouge qui marque l’ombre portée par sa saillie.
À l’intérieur de cet encadrement, est figuré un espace
couvert, dont on voit les parois latérales et le plafond à
caissons. Cet espace architectural se termine, à l’arrièreplan, par deux portes entrouvertes. Les parois latérales
de la pièce sont animées de lignes grises qui dessinent en
perspective les moulures des parties constituantes, selon
le style structural. Les caissons du plafond, avec leur
fond en retrait, sont plus visibles que sur la plaque précédente, mais la réalisation en est tout à fait comparable.
Le traitement LAB de la photographie permet de faire
ressortir ces différents éléments architecturaux, ainsi que
les lettres de l’inscription (fig. 9). Au-dessus de l’encadrement extérieur, on distingue des lignes grises, rouges
et bleues qui dessinent une file de feuilles doriques,
motif qui a déjà été étudié sur plusieurs plaques et parois
peintes : leur utilisation est un procédé illusionniste pour
figurer le volume de la moulure qui les porte (bec de
454
corbin) 11 ; la présence de ce motif permet de restituer un
fronton peint surmontant cet encadrement architectural,
comme on peut le voir sur toute une série de plaques
peintes de fermeture de loculi ou sur leur pourtour dans
la paroi, reproduisant la façade d’un naïskos 12.
Dans la partie conservée, la figure féminine est de
profil vers la droite ; sa tête est couverte d’un voile de
couleur ocre, bordé de bleu, qui laisse apercevoir les
cheveux en bandeau sur le front, un peu plus sombres, et
un chignon qui gonfle le voile à l’arrière. Sous le voile,
on voit le chiton, bleu violet, dont le décolleté forme
un V. Les contours comme les traits de la femme sont
soulignés d’un fin trait rouge. Le bras droit est parallèle
à la ligne du corps tandis que le bras gauche est avancé,
puisqu’on distingue l’épaule de la femme. Devant sa
poitrine, il reste des traces de peinture rose et rouge dans
une zone effacée. Le long de la limite de la zone dont la
peinture est conservée, on distingue d’autres traces de
peinture rose et rouge, légèrement au-dessous du visage
de la femme. Des photographies fortement contrastées
ont permis de constater la présence de ces zones colorées.
La position de la femme, de profil le long du montant gauche de la baie, permet de restituer une position
assise. De nombreux documents attestent cette composition, nous en citerons deux en comparaison : la plaque du
Louvre Ma 3620, venant probablement d’Alexandrie, et
celle du Musée gréco-romain d’Alexandrie (n° 10229).
La plaque Ma 3620 du Louvre, datée du IIe s. av. J.-C.,
figure deux portes fermées (fig. 10) ; sur un petit tableau
rectangulaire interrompant la partie supérieure de ces
portes, une scène de dexiosis unit une femme assise et
un petit enfant. Les noms des deux personnages sont
inscrits à la peinture rouge au-dessus de chacun d’eux :
Arsinoé au-dessus de la femme assise, Trébèmis au-dessus du jeune garçon (au vocatif) et la mention XAIPETE.
La graphie de l’inscription conduit à penser que les deux
noms n’ont pas été écrits au même moment et que, lors
de l’ajout du second, le verbe a été mis au pluriel 13.
Comme sur la plaque 1346, la femme assise est placée
le long de la limite gauche du cadre et porte un vêtement
très semblable, constitué d’un chitôn violet et d’un voile
jaune safran bordé de bleu.
La stèle en naïskos à fronton triangulaire et acrotères, conservée au Musée gréco-romain d’Alexandrie
(n° 10229), provient de la nécropole de Chatby et a été
datée du IIIe s. av. J.-C. (fig. 11). Le panneau peint, en
léger retrait, figure une femme assise de profil le long de la
11 Guimier-Sorbets 2009, sous presse
12 Guimier-Sorbets, Nenna, Seif el-Din 2001, p. 172-192.
13 Rouveret 2004, n° 26, p. 91-92, avec la bibliographie antérieure ;
voir aussi les remarques de M.-D. Nenna sur l’interprétation de ce
rajout (Nenna 2010, p. 351).
MARQUEURS DE TOMBES D’ENFANTS À ALEXANDRIE : DE NOUVEAUX DOCUMENTS PEINTS
Fig. 12 (cf. Fig. 8). Alexandrie, Musée de l’Université, plaque 1346, restitution (cliché A. Pelle, CEAlex, montage A. Guimier, ArScAn).
455
ANNE-MARIE GUIMIER-SORBETS
Fig. 10. Paris, Musée du Louvre Ma 3620
(d’après Rouveret 2004, p. 91).
limite gauche du panneau, tenant un bébé sur les genoux :
dans une attitude pleine de tendresse, la femme, Isidora de
Cyrène, regarde son enfant qui lui tend les bras. Elle est
vêtue d’un chitôn brun et d’un voile jaune bordé de bleu.
Sur la plaque 1346 du Musée de l’Université, l’inscription peinte en rouge comporte trois lignes :
ΟΜΟΤΙΜΑ ΑΛΕΞΩ
ΘΕΟΔΩΡΟΣ
ΧΑΙΡΕΤΕ
Sans entrer ici dans une analyse onomastique, qui
sera faite dans la publication de la série des plaques,
nous pouvons lire trois noms de personnes : deux
sont féminins ΟΜΟΤΙΜΑ et ΑΛΕΞΩ, le troisième
ΘΕΟΔΩΡΟΣ est masculin, au nominatif. Ces trois
noms sont suivis de la formule classique, au pluriel : il
s’agit des noms de trois morts.
La présence de ces trois noms et des vestiges peints
conduit à restituer la scène suivante : une femme assise
tient un bébé sur les genoux, tandis qu’un autre enfant
est debout devant elle. La présence du bébé se déduit
des restes de peinture devant la poitrine de sa mère, et
de la position de l’épaule de cette dernière, qui ne peut
tendre le bras pour une dexiosis puisqu’il s’agit du bras
gauche. Parmi d’autres, la plaque peinte découverte à
Chatby fournit un parallèle à cette scène (fig. 11). La
présence d’un enfant debout devant la femme se déduit
des vestiges de couleur, au niveau du visage de la femme
assise : il ne peut donc s’agir que d’un enfant, comme
sur la plaque du Louvre Ma 3620 (fig. 10).
Si l’on examine la position des différents éléments
de l’inscription, on voit que les deux noms de la première ligne sont décalés vers les extrémités, laissant un
456
Fig. 11. Alexandrie, Musée gréco-romain 10229
(cliché A. Pelle, CEAlex).
assez grand espace central ; leur position doit s’expliquer par la correspondance avec les personnages peints
en dessous : on aurait donc Omotima, la mère, assise à
gauche, face à Alexô, sa fille qui lui fait face à droite ;
et le bébé sur les genoux de la mère serait Théodôros,
un garçon. Nous proposons une restitution de la position relative des trois figures sur la plaque (fig. 12). Pour
réaliser ce montage, nous avons « emprunté » en les mettant à l’échelle, des silhouettes appartenant à d’autres
documents alexandrins : le bas de la femme assise
vient de la plaque d’Arsinoé et Trébèmis du Louvre 14
(fig. 10), la silhouette de la fille vient d’une stèle sculptée de la nécropole de Hadra, datée du dernier quart du
IIIe s. av. J.-C. 15. Cette stèle en forme de naïskos figure
une scène de dexiosis entre une femme assise et une
jeune fille debout, leurs noms sont gravés sous chacune
d’entre elles, leur ethnique commun étant placé sur une
seconde ligne, au centre.
14 Musée du Louvre Ma 3620, voir la note précédente.
15 La silhouette, de profil vers la droite dans le document original,
a été retournée vers la gauche pour les besoins de la composition :
cf. Schmidt 2003, n° 29, pl. 9.
MARQUEURS DE TOMBES D’ENFANTS À ALEXANDRIE : DE NOUVEAUX DOCUMENTS PEINTS
Fig. 13. Alexandrie, Chantier du Pont de Gabbari, n° GAB97.1019.7.8, restitution (dessin d’après Guimier-Sorbets, Nenna, Seif el-Din, 2001, p. 206, fig. 4.29).
Sur la plaque 1346, l’ensemble de l’inscription
semble d’une seule venue, en particulier la formule
ΧΑΙΡΕΤΕ, inscrite au pluriel dès l’origine, contrairement aux observations faites pour la plaque d’Arsinoé et
Trébèmis, conservée au Louvre (fig. 10). On aurait donc
soit l’ensevelissement simultané de la mère et des deux
enfants, soit un ensevelissement en deux (ou trois) fois
dans un même loculus familial, la plaque correspondant
alors au dernier ensevelissement et figurant le regroupement de la famille dans l’au-delà. D’autres documents
alexandrins montrent une mère assise face à un ou
plusieurs de ses enfants, parmi lesquels une plaque de
loculus trouvée à Hadra, figure une porte fermée à deux
battants en haut desquels se détache un petit tableau :
une femme assise fait face à ses deux enfants venus la
saluer 16.
Les deux plaques du Musée de l’Université d’Alexandrie appartiennent à une même série iconographique : le
mort est figuré dans un type de scène bien attesté, dans
la tradition des stèles attiques, diffusé dans tout le monde
grec, et notamment en Macédoine. Leur particularité
commune réside dans le fait que ces figures sont placées
16 Alexandrie, Musée Gréco-romain n° 20524, cf. Brown 1957,
n° 32, p. 37, pl. XXIII.1.
457
ANNE-MARIE GUIMIER-SORBETS
à l’arrière d’un cadre architectural rendu en perspective,
dans un espace ouvert où poussent des arbres.
La représentation d’une pièce en perspective n’est pas
si fréquente au milieu de l’époque hellénistique, mais on
la trouve sur plusieurs plaques peintes d’Alexandrie :
- Les fouilles d’urgence du Chantier du Pont de Gabbari,
menées par le CEAlex, ont permis de mettre au jour une
fermeture de loculus dont le premier état du décor a pu
être en grande partie restitué (B1.4.B.6) 17. Entre deux
pilastres sculptés dans la paroi, on reconnaît la représentation peinte d’un vestibule, espace couvert, dont
les parois latérales, de style structural, et le plafond à
caissons sont figurés en perspective à l’aide des mêmes
conventions et avec les mêmes couleurs que celles que
nous avons observées sur les plaques 1345 et 1346.
Toutefois, sur le loculus de Gabbari, le vestibule est clos
à l’arrière par une porte à deux battants fermée (fig. 13).
- Sur la plaque d’Helixo, découverte dans la nécropole de Hadra 18, l’encadrement architectural dorique
est sculpté autour d’un panneau peint : une scène de
dexiosis se détache sur un fond bleu clair, tout en se
situant à l’arrière d’un espace fermé dont on voit le plafond à caissons et au moins une – et sans doute deux, à
l’origine – parois latérales, rendus en perspective. Cette
plaque est datée du IIIe s. av. J.-C.
- Le dernier document de la série vient de la nécropole
occidentale de Wardian-Mex 19 : le décor de la plaque
est uniquement peint et on y voit un encadrement formé
de deux piliers doriques soutenant un entablement et un
fronton à acrotères et guirlandes. Au second plan, on
retrouve un espace couvert, dont les parois latérales et
le plafond à caissons sont rendus en perspective, puis
un espace à l’air libre (bleu clair). La limite des deux
espaces est marquée par un linteau à feuilles doriques
et une porte à deux battants, entrouverte. Entre ces battants, le mort est debout sous un baldaquin, textile retenu
en trois points. Présenté dans un naïskos, sous un baldaquin, il a donc atteint son statut de héros 20. On constate
combien ce document, malheureusement détruit à sa
découverte, est proche des plaques du Musée de l’Université, par le rendu illusionniste du cadre architectural
et par l’iconographie.
Le cadre architectural exprime la séparation du mort
du monde des vivants, mais aussi le lieu privilégié,
souvent couronné d’un fronton, dans lequel il réside
désormais comme les dieux et les héros. Au contraire
des plaques de loculi figurant des façades de naïskos
17 Guimier-Sorbets, Nenna, Seif el-Din 2001, n° 10, p. 180-181,
200, 206 fig. 4.29.
18 Adriani 1966, n° 68, p. 115, pl. 38, fig. 136.
19 Adriani 1966, n° 68, p. 115, pl. 38, fig. 135.
20 Guimier-Sorbets 2002.
458
aux portes fermées, il reste possible de voir le mort dans
l’au-delà, et on peut rapprocher les deux plaques de
l’Université et les trois de la série précédente de celles
qui superposent aux portes fermées de petits tableaux
montrant les morts, dans des scènes de dexiosis par
exemple (fig. 10).
En outre, sur les plaques de l’Université, à l’arrière
de ce cadre architectural, les morts sont dans des espaces
ouverts, agréables car suffisamment frais, aérés et arrosés pour que des arbres y poussent. Ces arbres sont
aussi une référence au jardin des bienheureux, ce paradeisos, partie agréable de l’au-delà dans lesquels les
morts jouissent d’une vie outre-tombe particulièrement
privilégiée. De telles représentations près de la tombe
sont l’expression des souhaits que les vivants forment
pour leurs morts et, par leur valeur performative, elles
contribuent à la bonne réalisation de ces vœux. Par leurs
figures végétales, ces plaques se rattachent ainsi à une
série de documents alexandrins datant de la période hellénistique et du début de l’époque impériale 21.
Technique et datation
Par leurs dimensions, même s’il s’agit de documents
fragmentaires, ces plaques peintes pouvaient constituer
des éléments de fermeture de loculi, dans un dispositif
composite, et/ou servir de marqueur peint.
La surface des plaques était régularisée par un
enduit de chaux, blanc, de faible épaisseur, comme cela
a déjà été noté pour les plaques peintes découvertes
dans les fouilles du Chantier du Pont de Gabbari 22. En
l’absence d’analyse ou d’examen avec des appareils
d’investigation, il est délicat de préciser la technique
d’exécution ; la simple observation des couleurs montre
toutefois l’utilisation de pigments naturels (ex : oxyde
de fer) ou artificiels (bleu égyptien) 23.
Les deux plaques présentent de telles similitudes
dans le support, la technique d’exécution, l’utilisation
des couleurs, la conception des scènes en plusieurs plans
et plusieurs espaces fermés puis ouverts, le rendu des
arbres et de l’architecture de la pièce en perspective,
qu’elles doivent être du même atelier, peut-être de la
même main. Il est probable qu’elles viennent du même
endroit et il est regrettable qu’on n’en connaisse pas la
provenance précise.
21 Guimier-Sorbets 2011, sous presse.
22 Guimier- Sorbets, Nenna, Seif el-Din 2001.
23 Cf. Brécoulaki 2006, et aussi les observations faites par
J. Kakoulli à propos des plaques peintes découvertes lors des fouilles
du chantier du pont de Gabbari (Kakoulli 2001).
MARQUEURS DE TOMBES D’ENFANTS À ALEXANDRIE : DE NOUVEAUX DOCUMENTS PEINTS
En l’absence de tout contexte de découverte, nous
ne pouvons fonder une datation que sur des critères
stylistiques. Or, les nombreux parallèles cités pour l’iconographie de ces plaques sont datés des IIIe-IIe s. av. J.-C.
Le parallèle qui nous semble le plus pertinent est le premier état peint de la fermeture de loculus B1.4.B.6, dans
la tombe B1 du Chantier du Pont de Gabbari. Des critères de fouille et la présence d’hydries de Hadra dans la
même salle B1.7 ont permis de dater ce premier état de la
seconde moitié du IIIe s. ou du début du IIe s. av. J.-C.
Cette date nous paraît la plus probable pour l’exécution
des plaques 1345 et 1346 du Musée de l’Université,
par un atelier qui devait en produire de grandes séries
pour répondre à la demande des nombreuses familles
inhumant leurs morts, eux-mêmes toujours plus nombreux, dans les loculi des tombes et nécropoles prévues
pour de larges populations de défunts.
Le soin porté dans le choix de l’iconographie
n’exprime pas seulement le souvenir qu’on voulait
garder des disparus, mais constitue aussi un écho des
croyances eschatologiques des vivants et de l’attention
qu’ils portaient à leurs morts, qu’il s’agisse d’adultes ou
d’enfants, à égalité de traitement.
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Liste des auteurs
Ahmed ABD EL-FATTAH
Ancien Directeur général des sites et musées d’Alexandrie
Mohamed ABD EL-MAKSOUD
Sous-Directeur du secteur d’Égyptologie du Conseil
Suprême des Antiquités
Alexandra ALEXANDRIDOU
Open University of Cyprus
alexandraalexandridou@gmail.com
Gérald BARBET
UMR 5594 ARTéHIS, Université de Bourgogne
fortisarcheo@yahoo.fr
Valérie BEL
INRAP-Méditerranée, UMR 5140-Archéologie des
Sociétés Méditerranéennes, Lattes
valerie.bel@inrap.fr
Hélène BÉNICHOU-SAFAR
CNRS, UMR 8167 Orient & Méditerranée
benisafa@free.fr.
Sophie BOUFFIER
Aix-Marseille Université, Centre Camille Jullian
sbouffier@mmsh.univ-aix.fr
Barbara CARÈ
Università degli Studi di Torino
barbara.care@unito.it.
Véronique DASEN
Université de Fribourg
veronique.dasen@unifr.ch
Bernard DEDET
CNRS, UMR 5140, Montpellier-Lattes
bernard.dedet@montp.cnrs.fr
Céline DUBOIS
Aix-Marseille Université, Centre Camille Jullian, et
Université de Fribourg
cdubois@mmsh.univ-aix.fr
460
Diego ELIA
Università degli Studi di Torino
diego.elia@unito.it
Anne-Marie GUIMIER-SORBETS
Université de Paris Ouest-Nanterre, équipe ArScAn
(Archéologie du Monde grec et Systèmes d’information).
Maison René Ginouvès – Nanterre.
amgs@mae.u-paris10.fr
Antoine HERMARY
Aix-Marseille Université, Centre Camille Jullian
ahermary@mmsh.univ-aix.fr
Stéphanie HUYSECOM-HAXHI
CNRS, UMR 8164 HALMA-IPEL, Université Charles
de Gaulle-Lille 3
stephanie.huysecom-haxhi@univ-lille3.fr
Sandra JAEGGI
Université de Fribourg
sandra.jaeggi@unifr.ch
Zoé KOTITSA
Archäologisches Institut der Universität Würzburg
zoiko@web.de
Solenn de LARMINAT
Aix-Marseille Université, Centre Camille Jullian
solenndelarminat@mmsh.univ-aix.fr
Sébastien LEPETZ
CNRS, UMR 7209-USM 303, Muséum national
d’Histoire naturelle
lepetz@mnhn.fr
Olivier MARIAUD
Université de Grenoble II, Pierre Mendès-France,
CRHIPA
Olivier.Mariaud@upmf-grenoble.fr
Amandine MARSHALL
EHESS-Université de Toulouse II Le Mirail, TRACES
amandinemarshall@yahoo.fr
Valeria MEIRANO
Università degli Studi di Torino
valeria.meirano@unito.it
Manuel MOLINER
Atelier du Patrimoine, Ville de Marseille
mmoliner@mairie-marseille.fr
Marie-Dominique NENNA
CNRS, HISOMA Lyon et Centre d’études alexandrines,
Alexandrie
marie-dominique.nenna@mom.fr
Efstratios PAPADOPOULOS
18e Éphorie, Antiquités Préhistoriques et Classiques
efpapad@helt.duth.gr
Irini-Despina PAPAIKONOMOU
Université de Paris Ouest-Nanterre, équipe ArScAn.
Maison René Ginouvès – Nanterre
idpapai@club-internet.fr
Marcella PISANI
Università degli Studi di Roma Tor Vergata e Scuola
Archeologica Italiana di Atene
samidalimaro@hotmail.com
Carla SCILABRA
Università degli Studi di Torino
carlascilabra@libero.it
Mervat SEIF EL-DIN
Directrice générale en charge de la recherche, Musées
d’Alexandrie.
mervatseifeldin@yahoo.com
Jutta STROSZECK
Deutsches Archäologisches Institut in Athen
jutta_stroszeck@hotmail.com
PUBLICATIONS
DU CENTRE CAMILLE JULLIAN
http://sites.univ-provence.fr/ccj/spip.php?rubrique79
BIBLIOTHÈQUE D’ARCHÉOLOGIE MÉDITERRANÉENNE ET AFRICAINE (BiAMA)
Éditions Errance, Place Nina-Berberova BP 90038, 13633 Arles cedex. http://www.librairie-epona.fr/
La BiAMA prend la suite des Travaux du Centre Camille Jullian
1. Maxence Segard, les alpes Occidentales à l’époque romaine, Développement urbain et exploitation des ressources
des régions de montagne (Gaule Narbonnaise, Italie, provinces alpines), Paris 2009, 288 p.
2. Patrick Thollard, la Gaule selon Strabon : du texte à l’archéologie (Géographie livre IV). Traduction et études,
Paris 2009, 265 p.
3. Grecs et indigènes de la Catalogne à la mer Noire, actes des rencontres du programme européen Ramses
(2006-2008), édités par Henri Tréziny, Paris 2010, 716 p.
4. archéologie de la montagne européenne. actes de la table ronde internationale de Gap (29 septembre-1er octobre
2008), textes réunis par Stéfan Tzortzis et Xavier Delestre, avec la collaboration de Jennifer Greck, Paris 2010, 333 p.
5. Antoine Hermary (éd.), apollonia du Pont (Sozopol) la nécropole de Kalfata (Ve - IIIe s. av J.-C.) - Fouilles francobulgares (2002-2004), 2010, 432 p.
6. Lucien Rivet, Recherches archéologiques au coeur de Forum Iulii - les fouilles dans et autour du groupe cathédral
de Fréjus (1979-1989), 2010, 420 p.
7. Sous la direction de Marc Bouiron, Françoise Paone, Bernard Sillano, Colette Castrucci et Nadine Scherrer, Fouille
à Marseille, la ville médiévale et moderne (ÉtMassa 10), 2011, 463 p.
8. Pierre Excoffon, Ville et campagne de Fréjus romaine. la fouille préventive de « Villa Romana » 2011, 306 p.
9. Sous la direction de Giulia Boetto, Patrice Pomey, André Tchernia, Batellerie gallo-romaine : pratiques régionales
et influences maritimes méditerranéennes, 2011,191 p.
10. Federica Sacchetti, les amphores grecques dans le Nord de l’Italie. echanges commerciaux entre les apennins et
les alpes aux époques archaïque et classique (sous presse).
11. Bernard Dedet, Une nécropole du second Âge du Fer à ambrussum , Hérault, 2012, 288 p.
12. l’Enfant et la mort dans l’antiquité III. le matériel associé aux tombes d’enfants, actes du colloque international
organisé à la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme (MMSH) d’aix-en-Provence, 20-22 janvier 2011,
édités par Antoine Hermary et Céline Dubois, 2012, 461 p.
BiAMA Hors Collection
André Tchernia., Les Romains et le commerce. Naples : Centre Jean Bérard ; Aix-en-Provence : Centre Camille
Jullian, 2011, 439 p. (Études du CJB ; 8)
COLLECTION ÉTUDES MASSALIÈTES (ETMASSA)
1. le territoire de Marseille grecque, actes de la table ronde d’aix-en-Provence, 1985, édités par M. Bats et H. Tréziny,
Université de Provence, Aix-en-Provence, 1986.
2. les amphores de Marseille grecque, actes de la table ronde de lattes, 1988, édités par M. Bats, Université de
Provence/ADAM éditions, Aix-en-Provence/ Lattes, 1990.
3. Marseille grecque et la Gaule, actes des colloques de Marseille et aix-en- Provence, 1990, édités par M. Bats,
G. Bertucchi, G. Congès, H. Tréziny, Université de Provence / ADAM éditions, Aix-en-Provence / Lattes, 1992.
4. Sur les pas des Grecs en Occident. Hommages à andré Nickels, édités par P. Arcelin, M. Bats, G. Marchand,
M. Schwaller, éditions Errance / ADAM éditions, Paris-Lattes 1995.
5. Fouilles à Marseille. les mobiliers (Ier - VIIe s. ap. J.-C.), vol. collectif sous la direction de M. Bonifay, M.-Br. Carre
et Y. Rigoir, éditions Errance / ADAM éditions, Paris-Lattes 1998.
6. les cultes des cités phocéennes, actes du coll. d’aix-en-Provence/ Marseille, juin 1999, édités par A. Hermary
et H. Tréziny, Édisud/Centre C. Jullian, Aix-en-Provence, 2000.
7. Marseille. Trames et paysages urbains de Gyptis au Roi René, actes du colloque international d’archéologie,
Marseille, 3-5 novembre1999, textes réunis et édités par M. Bouiron et H. Tréziny, B. Bizot, A. Guilcher, J. Guyon et
M. Pagni, Édisud/Centre C. Jullian, Aix-en-Provence, 2001.
8. la nécropole de Sainte-Barbe à Marseille (IVe s. av. J.-C. – IIe s. ap. J.-C.), vol. collectif sous la direction de
M. Moliner, Édisud/Centre C. Jullian, Aix-en-Provence, 2003.
9. Olbia de Provence à l’époque romaine, vol. collectif sous la direction de Michel Bats, Édisud/Centre C. Jullian,
Aix-en-Provence, 2007.
10. M. Bouiron et al. (éd.), Fouilles à Marseille. approche de la ville médiévale et moderne, 2011, 464 p. (= BiAMA 7).
Les volumes 1 à 9 sont disponibles en format pdf sur : http://sites.univ-provence.fr/ccj/spip.php?rubrique83, grâce au
soutien du Centre de conservation du livre à Arles (e-corpus).
REVUE ANTIQUITÉS AFRICAINES
CNRS Éditions, 15 rue Malebranche, 75005 Paris - http://www.cnrseditions.fr
Les volumes 1 (1967) à 29 (1993) de la revue sont accessibles sur le portail Persée à l’adresse : http://www.persee.fr/
web/revues/home/prescript/revue/antaf
Dernier volume paru, t. 45, 2009
COLLECTION ÉTUDES D’ANTIQUITÉS AFRICAINES
CNRS Éditions, 15 rue Malebranche, 75005 Paris - http://www.cnrseditions.fr
Derniers volumes parus :
- Liliane Ennabli, la basilique de Carthagenna et le locus des sept moines de Gafsa. Nouveaux édifices chrétiens de
Carthage, 2000.
- François Baratte, Janet Lang, Catherine Metzger et Susan La Niece, le trésor de Carthage : contribution à l’étude
de l’orfèvrerie de l’antiquité tardive, 2002.
- Nadine Labory, Inscriptions antiques du Maroc, 2. Inscriptions latines - Supplément, 2003.
- Hédi Slim, Pol Trousset, Roland Paskoff et Ameur Oueslati, avec la collaboration de Michel Bonifay et Jean Lenne,
le littoral de la Tunisie. Étude géoarchéologique et historique, 2004.
- Sabah Ferdi, Corpus des mosaïques de Cherchel, 2005.
- lieux de cultes : aires votives, temples, églises, mosquées. IXe Colloque international sur l’histoire et l’archéologie
de l’afrique du Nord antique et médiévale (Tripoli, 19-25 février 2005), 2008.
- Jean-Marie Lassère, Maisons de Clupea. exemples de l’architecture domestique dans un port de l’afrique
proconsulaire. les maisons de l’École de pêche, avec une étude de la céramique par Jean Piton, 2010.
COLLECTION ARCHAEONAUTICA
CNRS Éditions, 15 rue Malebranche, 75005 Paris - http://www.cnrseditions.fr
Derniers volumes parus :
14. P. Pomey, E. Rieth (dir.), Construction navale, maritime et fluviale. approches archéologiques, historique et
ethnologique actes du Septième Colloque International d’archéologie Navale - Proceedings of the Seventh International
Symposium on Boat and ship archaeology, Ile Tatihou 1994 (Saint-Vaast-la-Hougue). Paris 1998, 335 p.
15. 2008, l’archéologie maritime et navale de la Préhistoire à l’époque contemporaine, Paris 2009.
16. E. Rieth (dir.) les épaves de Saint-Georges - lyon (Ier-XVIIIe s.) : analyse architecturale et études complémentaires,
Paris 2010. 335 p.
La collection (1, 1977 - 14, 1998) est disponible sur le portail Persée (barrière mobile à 3 ans)
TRAVAUX DU CENTRE CAMILLE JULLIAN
Derniers volumes parus :
21. Techniques et économie antiques et médiévales. le temps de l’innovation, actes du colloque d’aix-en-Provence
(mai 1996), réunis par D. Garcia et D. Meeks, éd. Errance, Paris, 1997, 1 vol., 240 p.
22. Fouilles à Marseille. les mobiliers (Ier-VIIe s. ap. J.-C.), ouvrage collectif sous la direction de M. Bonifay,
M.-Br. Carre et Y. Rigoir (Ét. massa. 5), éd. ADAM-Errance, Lattes/Paris, 1998, 1 vol., 443 p.
23. J. Guyon, N. Nin, L.Rivet, S. Saulnier, atlas topographique des villes de Gaule méridionale. 1, aix-enProvence, Montpellier, 1998 (Supplément 30 à la R.A.N.)
24. B. Sabattini, dir. la céramique attique du IVe siècle en Méditerranée occidentale, actes du Colloque International
d’arles (7-9 décembre 1995), Naples, Centre Jean Bérard, 2000 (= Collection du Centre Jean Bérard, 19).
25. J.-P Morel, C. Rondi-Costanzo et D. Ugolini, éd., Corallo di ieri, corallo di oggi, actes du Colloque International
du Centre Universitaire européen pour les Biens Culturels, Ravello, Italie (13-15 décembre 1996), Bari, Edipuglia,
2000 (= CUEBC, Scienze e materiali del patrimonio culturale, 5).
26. P. Leveau et J.-P. Saquet, éd., Milieu et sociétés dans la Vallée des Baux. Études présentées au colloque de
Mouriès. Montpellier, 2000 (= Suppl. 31 à la R.A.N.).
27. L. Rivet, D. Brentchaloff, S. Roucole, S. Saulnier, atlas topographique des villes de Gaule méridionale 2.
Fréjus, Montpellier, 2000 (= Suppl. 32 à la R.A.N.).
28. P. Lévêque et J.-P. Morel, dir., Céramiques hellénistiques et romaines. III, Paris, 2001.
29. Ph. Columeau, alimentation carnée en Gaule du Sud : VIIe s. av. J.-C.-XIVe s., éditions Université de Provence,
Aix-en-Provence 2002.
30. J.-P. Brun et Ph. Jockey, éd., TeCHNaI. Techniques et sociétés en Méditerranée, Hommage à M.-Cl. amouretti,
Paris, Maisonneuve et Larose, 2001 (MMSH, coll. L’atelier méditerranéen), Aix-en-Provence 2001.
Achevé d’imprimer en octobre 2012 par Corlet Imprimeur
à Condé-sur-Noireau
Dépôt légal : Novembre 2012
Numéro d'imprimeur : 144386
Imprimé en France